VINCERTITUDE DE MESURE
ET SON UTILISATION (PARTIE 6)
> Le choix d’un processus de mesure
Pur Jean-Michel POU, dirigeans fondateur de Delta Muu Conseil,
président dit GIE Quantum Metwork, directeur iechnigue de BEA
Métralogie, membre des eames de normalisation AENOR et ISO,
membre dle College francais de métrofogie
Apres avoir expliqué dans de précédents numéros” les
Ell différentes techniques pour estimer Uincertitude de
mesure, ainsi que Uutilisation de cette derniére dans le cadre de la
déctaration de conformité, cette partie porte sur le choix d'un processus
de mesure.
[Lis cto processus de mesure
2 mettre en aeavre devant une tole
ranee a vérifier dépend de la stratégie
retenue pour expression du besoin,
Lorsque Ie besoin fonctionnel est don
application de la norme NF EN ISO
14253-1 est fortement recommandée, le
risque d’accepter des piéces non
conformes s"élevant en se rapprochant
des limites de spéeifications,
Concernant les tolérances monolimites
un effort ou a un couple
H eaenegee < Ss
i
( |
\ Eee ~
le choix d'un processus
de mesure
| Figure ¢
|
maxi, par exemple), cette strategie
S‘avére également étre le bon choix, La
zone de tolerance est alors infinie (entre
la valeur maxi et Pinfini!) ne faut pas
confondte ce ¢as avee celui des tolé-
rances qui paraissent monolimites mais
qui, en réalité, sont bornées par zéro.
Prenons exemple des défauls de focme
le défaut de eireularité de Valésage doit
ire inférieur i 0,3 jim, ce qui signifie
qu'il doit tre compris entre Oct 0.3 um
maximum, soit une zone de tolérance de
0.3 um,
Données iiaioe
valuation nti
2 cuatteaton des epee
ibs ov crt dos cus
cs Fincotide de mesure)
Nore NF ENY 19005 (un
raven)
4a tolerance minimate
vérifiable.
Figure 2
Ainsi, In bonne question d se poser n'est
ppas de savoir si instrument est conforme,
mais plutét a partir de quelle valeur,
comprise dans notre exemple entre 5 gum
et 5 om, avis — conferme ou non
cconforme ~ change (ef figuee 1).
Fort de cette remargue, une vision alter-
native s‘appuie sur le concept de capa-
bilité en utilisant 1a relation entre
tolérance et incertitude de fagon diffé-
rente
T/Us=C <> T2=CxU
Aiinsi, il est possible de se fixer Pobjectit
évalucr les incertitudes de mesure des
différents processus utilises en évaluant
la participation de chacun des acteurs
(méthode, matitre opérateuts..), puis
den dédaire, sur la base du coetTicient
contractuel, Ia tolérance a partir de
laquelle le processus est apte : la tolé-
rrance minimale vérifiable (cf Figure 2)
[lest noter qu’un instrument le mesure
peut intervenir dans diffézents proces
sus de mesure, ce qui peut conduire &
plusieurs tolérances minimales véri-
Fables, ndaptées & chaque cas suscep-
‘idle de se présenter ! (Exemple en
métrologie dimensionnelle : mesure de
pices cylindriques, de pidces parallélé-
iques, en acier, en aluminium, en
‘atiere plastique...)
Le choix du coefficient
Le detnier probleme & résoudre, dans
Je cas d’une telle stratéxie, est la valeur
de C. Bin effet, le coefficient de capa-
bilité est rarement exprimé, les spéciti-
cations Gtant souvent fixées de fagon
(1) Convéles Esais Mesures n° 7, oni 2004,
1p. 27-29 nS ule IM, pp. 35-28 9°
‘etre 2006, np bla 9° 10, jaar 2005,
PPAPSE WH ee 2005, pp. 35-3,
‘CONTROLES-ESSAIS-MESURES > iC (FT 2005> PAGE a4AUNT
cmpirique. Statacher respecte le cost:
ficient de § proposé par Ia norme
NP E.02-204 peut s'avérer onéreux. I
est alors intéressant & observer les habi-
tudes, en termes de choix de processus
de mesure, des utilisateu
Dans l"indusiie, la régle empirique la
plus souvent appliqué Sait (est) la rege
dite du 1/10, Dans ee systémne, il conve
ait e"utiliser un moyen de mesure dont
la résolution Gtait inféricure ou éxale
au 1/10 de La tolérance. Evidernment,
la résolution ne représente pas fa totalits
de Vineertitude de mesure mais une
partie uniquement, souvent faible par
ailleurs, Néanmoins, ceite régle a sou-
vent permis dassocier des tolérances
rminimales véritiges et des Familles is
ruments de mesure en évoluant au
rytlome des problémes rencontrés jusqu’a
correspondre au besoin réel et satisfaine
les exigenees fonctionnelles du client.
Le pragmatisme néeessaire pour ne pas
cconduite I entroprise sur les chemin de
la surgualité impose de prendre en
compte cette réalité quia fait ses preuves.
est done possible, sur la base des asso~
clations qui donnent satisfaction, de
rechercher le(s) eoetfivient(s) de caps
bilité implicite(s) en vigueur dans !'en:
treprise. Bn effet, il sufiit de réserire les
associations “famille dinstrument
folérances minimales” sous la forme
invertitude moyenne de la famille "ins-
trument —tolérances minimales” pour
cen dédnire le coeiTicient implicite
Cimplicite = tolérance minimale
habituellement yérifigefineertitude
moyenne de Ia famille
Lhonnéteté pousse a avouer que ti
souvent, le evefficient déterming par
cette méthode est plus proche de I que
de 8, quelques fois méme inférieur 1!
Hi convient de voir, dans cos résuliats qui
peuvent paraitre Surprenants de prime
bord, un véritable axe de progrés pour
entreprise. Un coefficient faible signi-
ie qu'il existe une difference importante
entre le besoin exprimé et le besoin fone-
tionnel, différence pouvant isser envi-
sager, a terme, de potentiels gains de
productivit
La technique di
de “la bande de garde”
Lorsqu’il n’est pas possible d'obtenir le
coefficient de capabilite coniractuel
détini entre les cocontractants, et que la
norme NF EN ISO 14253-1 conduit &
des zones de conformité qu'il est éga.
lement diffieile de respeczer, le x8téren-
liel NCSL/ANSL 7540
propose une stratégie alternative. La
technique dite de “la bande de gard
permet de redéfinir la zone de confor-
mité (zone dans laquelle le résultat de la
mesure doit se trouver pour permertre
de déclarer la confermité de Pobjet) de
fagon & garamtir Ie “risque elient” accep
table, En effet, en admettant contrac:
tucllement un coefficient de capabilité
(quel qu'il soit !), le elient aecepte le
risque de se voir fournir des objets non
conformes. A partir de ce risque initial
et du coefficient de capabilité obtenu,
il est possible de redéfinir les born
de la tolérance entre lesquelles Faccord
coniractuel sur ee niveau de risque est
maintent
Le risque elient
‘Une hypothése initiale doit acre posée
pour déterminer le risque client la di
tribution des objets réalisés est normale
ct la spécification est donnée pour un
1 de confiance correspondant, en
sonéral, 495 %, e'est-ii-dire +2 carts
types. I] est possible de faire cette hypo-
these dans le cas dey yrandes séries. En
Distribution
ts obj
Valeur
T
possible
ost at
Figure 34
ot s
Figure 38 |
‘CONTROLES-ESSAIS.MESURES > /VICLET 2005> PAGE 82
effet, le théoréme central limite démontre
que, lorsque la variation d'un phéno-
méne trouve son origine dans une
somme de petits phénoménes, inéper
dants catre eux et en nombre suisant,
celui-ci se distribue normalement. Ainsi,
éalisation cles objets Etant soumise
variations indépendantes et en
nombre suffisant (matiére, milieu,
méthode, main-<’weuvre, moyen), lad
tribution des objets peut etre considérée
‘comme normale ! Cette hypothése ini-
tiale est plus difficilement justifiable
‘ans le cadre, par exemple, des véri
ceations périndiques des instruments de
mesure, méme s'il est parlois difficile
de faire différemment !
Le risque client est ié 4 2 facteurs. Le
premier (of figure 3A) correspond au
risque que objet soit réellement non
conforme, c’est-i-dire en dehors de la
spécifieation. Ce risque se calcul, selon
les proprités de Ia lot normale, par la
formule
oa
= SLet-SL représentent ies limites de la
spécification ;
= Opa Fepresente Pévart type dela sp
eilication : (SL — (-SL))/4 pour une
spécification donnée & 95 %
=m :la valeur optimale de la spécit
cation, cenirée entre -SL et SL:
GL + (SLy2=0;
x : la valeur de objet.
Le second facteur (of figure 3B), cor
respond au risque que ect objet, comple
tenu de Mincertitude de mesure, soit
mesuré dans le spécification suivante
1 (ox?
nN Py
janet Le ee}
0
= yyay Feprésente Meant type de Vt
certitude de mesure ;
=x Ta valeur de Pobjet
=: les valeurs qu'il est possible de
resurer entre SL et SL et qui cond
sent d déclarer Pobjet conforme.
Le risque client (RC), pour une valeur
de objet, se détermine par le produit
de RI et de R2 (RC ~ RI x R2)Deo
Te
en re
oe, co
> 4 0,798 %
45
j 3
28
> 13 (MSA 10.93 03%
48
18
i i
2 {CNOMO < 16 wr) 1.238%
Dans le cas des tlérances centrées (-SL, +SL) la valeur de TLest oblenue dla fapon suivante:
racer de garde x SL
-TL,
i
‘L_ garde
-st
Figure 4 + La bande de garde
En considérant Ia totalité des valeurs
de objet qui peuvent étre hors tolé-
vances (comprise entre J-o;-SLl et ]
SL;-e9[}, le risque elient accepte s°6erit
de la fagon suivante
En considérant ia distribution des objets,
ccontrée sur sa moyenne (an = 0), la rela
tion se simplifie :
Lopplication numérique montre que,
dans le cas d’un coeiTicient de capabi-
Tits pris egal & 4 (Giggge / Og =A) He
risque client est environ égal 40.8%.
La bande de garde
Lorsque le coefficlent de capabilité
contcactuel ne peut tre obtenu, la tech
nique de la bande de garde permet de
respector fe risque client aceepté. Ainsi,
sleonvient de rechercher les nouvelles
limites TL et TL (ef figure 4) entre
lesquciles le risque client est identique,
Bande de
Te garde |
L
malgrs le evetticient non respecté, ce qui
revient A résoudre PSquation suivante
ee
Bvidemment, de tels coefficients deman-
ent des moyeas de caleuls conséquents.
Ainsi, la littérature propose différents
coefficients auxquels j'ui ajoulé ceux
correspondants aux exigerces du MSA
(CF tableau ei-dessus).
Gonelusion
Le lecteur aura compris que la métra-
fogie va bien au dela de la seule pro-
biématique de la gestion des instruments
{trop souvent mise en avant tant par les
auditeurs que par [es prestataires du
domaine), Sous son angle statistique, elle
laisse entrevoir de nouvelles perspec-
dives eréatrices de richesses pour ceux
qui voudront bien dépasser la simple
‘gestion pour une approcke plus scien-
tifique da métier, Cette mutation sera
trés probablement facilitée par Parti-
‘woe enfin !—de la démarche 6 Sigma,
qui commence & investir nos méthodes
‘ef qui s'appuie largement, elle aussi, sur
Jes statistiques.
‘CONTROLES-ESSAIS-WESURES > JU/LLET 2O0E> PAGE