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‘Année 2002 THESE présentée en vue de Tobtention du titre de DOCTEUR de L'ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DE L'AERONAUTIQUE ET DE L'ESPACE SPECIALITE : Signal, Image et Acoustique par Patrick MILLOT Imagerie radar subsurface & haute résolution. Application a la détection de mines ‘Soutenue le 28 novembre 2002 devant la Commission d'Examen : MM. . DEGAUQUE Président - Rapporteur BousQuET CHRISTOPHE DELHOTE PICHOT Directeur de these ‘SAILLARD Rapporteur BERGES Membre invité ‘ORLIAC Membre invite ‘Thise préparée au sein du département FlectroMagnétisme et Radar de l'ONERA-centre de Toulouse. REMERCIEMENTS Cotte thése a &é effectuée au sein du Laboratoire Electromagnétisme et Radar de V’'Office National d'Etudes et de Recherches Aérospatiales, Centre de Toulouse. ge remercie M. Florent Christophe, Directeur Adjoint du Département Electromagnétisme et Radar (DEMR), pour avoir permis la réalisation de cette thése. Je suis aussi reconnaissant & M. Jean-Louis Boulay, Directeur du DEMR et M. Jean-Philippe Parmentier, Chef d'Unité Compatibilité et Détection Electromagnétique, pour Iintéret porté a mes travaux de recherche. J’exprime ma gratitude envers M. Christian Pichot, Directeur de Recherche au Laboratoire Electronique Antennes et ‘Télécommunications (LEAT) de Nice pour avoir accepté I’encadrement de cette these. Son soutien Permanent a été une aide pour moi pendant ces longues années. ze Suis reconnaissant envers M. Pierre Degauque, Professeur & l'Université de Lille, our avoir rapporté le manuscrit et présidé cette thése, ainsi qu’a M. le Professeur Joseph Saillard, Vice-Président de 'Université de Nantes pour avoit rapporté le nancy ee Participé au jury. fami les membres du jury, je remercie M. Michel Bousquet, Professeur & Sup’Aéro, Pour Vintérét porté & ce travail; ainsi que M. Christian Delhote, Responsable des’ Eat Amonts 4 THALES AIR DEFENCE, et M. Pierre Orliac, Ingénieur en Chef de la Délégation Générale 41” Armement (DGA). Je remercie mes collegues André Bergés, Elodie Bachelier et Xavier Ferritres pour leur aide, ainsi que Jot! Besson et Maryse Lopez. pour la partie technique et tout le personnel du DEMR Toulouse. Les personnes qui suivent m’ont aussi aidé A divers titres : Jean-Yves Dauvignac et Enwann Guillanton du LEAT pour la partie conception d'antennes, Jean-Paal Balayssac et Diéthane Laurens de I Institut National des Sciences Appliquées, Laboratoire de Mateaoes ct Purabilité des Constructions de Toulouse, pour les mesures béton, Georges-Edoward wichor de THALES AIR DEFENCE Pour le simulateur GPR et Julien Pommier de I’Université de Toulouse, pour le gradient topologique. Hank Lensen et Peter Frietz m’ont ausel aronde efficacement pour les mesures au TNO. Une partie des travaux est inspirée d'un Plan d’Etudes Amont sur le Radar Subsurface Pour véhicule. Je remercie donc la DGA Pour son soutien. Ames parents, Ama femme Florence, A Blandine, née pendant cette these, A Jacques, Julie et Soléne, TABLE DES MATIERES TABLE DES MATIERES INTRODUCTION. I 1, Introduction au GPR. 2 2. La détection de mines et le GPR. =F 2.1 Problématique de la détection de mines 2.2 La détection de mines par GPR. 10 2.3 Le SAR A visée latérale 1 13 3. Plan de cette étude. CHAPITRE 1 PROPAGATION DES ONDES ELECTROMAGNETIQUES DANS LE SOL. 17 1. Intérét de la gamme UHF pour le GPR. 2, Permittivité complexe des sols et comparaison de différents modéles 2.1 Généralités 2.2 Constante diélectrique des sols réels 2.3 Constante diélectrique des matériaux naturels ou arti 3. Bilan total des pertes électromagnétiques 4, Propagation d’impulsions radar ultra courtes dans le sol iels. RRveoBB CHAPITRE 2 Imagerie GPR a synthése d’ouverture en CHAMP proche 33 1. Introduction 34 2. Algorithmes d’imagerie SAR 2D champ proche («traitement de la migration»)_35 2.1 Algorithme de base de type SAR champ proche dans I'air sous forme temporelle = 2.2 Forme fréquentielle de I’algorithme SAR champ proche 2.3 Synthese d’ ouverture avec balayage d’antenne centré et non centré Seater 2.4 Synthese d’ ouverture en mode bistatique 42 2.5 Echantillonnage d’antenne et résolution 43 pe arcane eee eee a 3. Algorithme SAR champ proche adapté au sol 54 3.1 Principe de 'algorithme 3.2 Simulations du traitement SAR pour une cibleenterrée_ SB 3.3 Lien avec le formalisme des ondes F-k(ou@k)__ 3 TABLE DES MATIERES Chapitre 3 Simulation de Ia réponse d’objets enfouis 1. Modélisation 1D par la méthode des impédances__— 72 1.1 Modale a deux interfaces 1.2 Modale multicouche 2. Le modale optique physique 2.1 Introduction ie eee elena 2.2 Modélisation de la diffraction par un objet enfoul TB. 2.3 Exemples de B-scan simulés validés par un calcul exact (mod8le FDTD) _____84 2.4 Prise en compte de antenne dans la modélisation OT 3. Conclusion sur la modélisation du signal Chapitre 4 DEVELOPPEMENT D’UN OUTIL D’IMAGERIE RADAR SUBSURFACE ____ 1. Description générale de l’outil de mesure développé 2. Antennes 2.1 Introduction au probleme des antennes 2.2 Caractérisation des antennes ETSA, 3. Mesures tests en laboratoire avec le systtmeimageur___— 107 3.1 Image d’une mine en espace libre 3.3 Mesures sur une plaque de béton contenant des armatures métalliques 110 4. Description du traitement du signal associé au moyen de mesure 112 4,1 Traitement du signal cohérent 95 96 ST oT 99 4.2 Traitement d’image 121 CONCLUSION ET PERSPECTIVES. 125 1. Conclusion 126 1.1 Conctusion générale, 126 1.2 Récapitulatif des acquis 127 1.3 Principaux points durs rencontrés 128 1.4 Conclusion sur la détection de mines 131 2. Perspectives 131 2.1 Nouveaux développements en imagerie radar subsurface 2D 131 2.2 Perspectives d’un futur systéme imageur 2.3 Imagerie subsurface tridimensionnelle 2.4 Intérét de la polarimétrie pour le GPR. 2.5 Imagerie subsurface par résolution d’un probléme inverse de diffraction 138 2.6 Perspectives en génie civil, TABLE DES MATIERES. ANNEXE 1 MODELES DE PERMITTIVITE DES SOLS 143 1. Introduction 144 2, Paramétres du sol influant sur la permittivité 144 3. La permittivité du sol sec 146 4, La loi de Debye. 146 5. Le modéle de Hoekstra et Delaney. 147 6. Le modéle de Wang et Schmugge 149 7. Le modale de Dobson. 150 8 Le modile issu des mesures de Hipp 154 9. Comparaison des différents modéles 154 10. Conclusion 158 ANNEXE 2 IMAGES RADAR DE MINES PRISES SUR UNSITEDETEST ____161 1. Introduction 162 2, Résultats de mesure 163 2.1 Conditions de mesure 163 2.2 Présentation de résultats de mesure en sable humide «iG 2.3 Présentation de résultats de mesure dans I’argile 171 2.4 Présentation de résultats de mesure dans la tourbe 171 2.5 Présentation de résultats de mesure dans le bac recouvert d’herbe______—_172 2.6 Présentation de résultats de mesure sur les mines anti-personnel________173 3. Conclusion LISTE DE PUBLICATIONS. INTRODUCTIO! Introduction 1. Introduction au GPR Le radar dit «GPR» («Ground Penetrating Radar» = «Radar & Pénétration de Sol») est un radar impulsions courtes qui est adapté a In pénétration des impulsions @lectromagnétiques dans le sol, Ce radar est aussi qualifié de SFR (Surface Penetrating Radar {0.11) ou bien de «radar subsurface». Le principe de base du GPR est simple: un générateur Glectrique envoie une impulsion rayonnée par I’intermédiaire d’une antenne en direction du sol (figure 1). Cette impulsion péndtre dans le sol od elle est susceptible d°étre réfléchie, au moins partiellement, par un objet. En principe, toute forme de discontinuité de permittivité diélectrique dans le milieu peut eréer une réflexion. Au retour, I'impulsion réfléchie est captée ar une antenne de réception et se traduit en une tension en volt dans un détecteur, Selon le principe de base du radar, Ia mesure du retard de Pimpulsion de tension renseigne sur la distance des objets au radar et permet donc d’effectuer un sondage du sous-sol en profondeur. Signalons cependant que pour cela, le milieu de propagation, en l'occurrence le sol, doit tre au préalable caractérisé du point de vue électromagnétique de fagon & étalonner "échelle distance, Du fait de 'absence de besoin de portée (quelques métres en général maximum, bien que vingt matres aient déja été reportés), les puissances émises par le GPR sont faibles par rapport aux radars conventionnels et peuvent étre générées a l'aide d'un transitoire de tension créte de quelques volts. Cela explique pourquoi Je GPR est autorisé a émettre un spectre trés large qui empidte sur des bandes de fréquence interdites. En fait, les GPR existants ont des fréquences centrales allant de 50 MHz a 2,5 GHz et ily en existe donc pour différentes applications. RADAR Introduction Les principales applications recensées du GPR sont les suivantes: la géophysique: le sondage profond en recherche géophysique -Ia détection de la contamination des sols par les polluants -la prospection miniere et pétroliére l'étude des roches pour le stockage de déchets nucléaires étude des glaciers et de I’épaisseur de glace ou de sol gelé -la cartographie du profil des lacs ou des rivieres Varchéologie le génie civil -l'inspection inteme des cavités et des conduits -le controle non destructif des batiments et de la magonnerie -le contréle non destructif des ouvrages d'art en béton -le contréle non destructif des chaussées le contréle non destructif des tunnels -la détection de tuyaux enterrés ou de cables enterrés en I’absence de plans -la protection civile la détection des caches d’armes ou de cadavres -ln détection des victimes d’avalanche -la détection de mines qui recouvre un aspect militaire et humanitaire Pour le GPR, on distingue les trois modes de mesure dits A-sean, B-scan et C-scan (figure 2): ~en mode A-scan, I'antenne est fixe, on représente alors la réponse a I'impulsion selon un axe temporel, en mode B-scan, \’antenne se déplace selon une ligne droite horizontale. La mise cdte &.céte des A-scan successifs donne une image B-scan bidimensionnelle, -en mode C-scan, !’antenne couvre une surface ligne par ligne. On obtient ainsi une image qui est une représentation tridimensionnelle de la réalité. Ascat [oe | [om] 2: e (2D) et C- Du fait de la diversité de la demande, il existe dans Je commerce de nombreux modeles de GPR. Ces GPR sont généralement portables & main ou sur roulettes. Un odomeétre (capteur de position) sert de mesure de position au cours du déplacement de fagon & pouvoir générer des images B-scan (voir figure 3). impulsion Figure 3; géométrie du B-scan GSSI (basé aux USA et au Japon) est le principal fabricant de GPR au monde. Son GPR est pourvu d'une interface programmable appelée SIR-10. Il fonctionne sur un spectre de fréquence s’étendant de 80 MHz & 2,5 GHz en utilisant des jeux d’antennes différents. Un programme de traitement du signal sophistiqué appelé RADAN (Radar Data Analyser), comprenant différents filtrages est susceptible d’aider & l’interprétation des données. La société anglaise ERA commerci retrouvant des cadavres emmurés pour la police anglaise. Le GPR d'ERA est portable et posside quatre jeux dlantennes jusqu’a 1 GHz (figure 4). La demitre version du GPR posséderait 2,5 GHz de bande passante (améliorations de l'antenne, du temps de montée de Vimpulsion et de l'électronique) et devrait améliorer la détection de mines AP affleurantes. Du fait de Ia technique impulsionnelle employée, le syst#me est néanmoins fondamentalement Jimité en bande passante. ise aussi un GPR qui a acquis une notoriété en Introduction Toika, petite société finlandaise, commercialise un GPR de fabrication artisanale dont le spectre est centré sur 1 GHz. ‘A notre connaissance, seul ces trois GPR cités parmi ceux commercialisés seraient susceptibles de détecter des mines. ure 4: GPRde la Nous allons dans ce travail nous cantonner & I’application subsurface pour des objets peu enfouis (quelques centimétres a quelques dizaines de centimétres de profondeur). Pour cette application, un des défis du GPR est l'augmentation du spectre de l'impulsion vers les fréquences supérieures au GHz. En effet, les GPR dont la fréquence est élevée pénétreront moins profondément dans le sol mais seront plus performants pour détecter des petits objets. A contrario, ces radars seront plus sensibles aux échos parasites venus de environnement de Vobjet recherché, tels la rétrodiffusion par les petites hétérogénéités du sol. De plus, des fréquences élevées transportent plus facilement des bandes de fréquence larges, ce qui est aussi susceptible de délivrer des représentations plus «résolues» ou plus fines. Les GPR utilisent généralement deux antennes (émission/réception) que l'on met en contact avec le sol. D'un point de vue électromagnétique, on peut dire qu'une antenne est couplée au sol & condition que la distance de l'antenne au sol reste inférieure & W/4, A étant la longueur d’onde associée & la plus grande fréquence significative du spectre émis. En effet, dans ce cas, on ne risque plus dinterférence destructive entre le signal réfiéchi par le sol et celui réfléchi par I'antenne. Bien que cela transforme la conception du GPR traditionnel, nous Entreductis avons essayé de nous affranchir systématiquement de cette contrainte d'antenne en couplage sol en surélevant toujours Mantenne au-dessus du sol. La raison principale est que notre champ ¢'application est surtout centré sur la recherche des mines. On peut aisément concevoir Je danger vis & vis de cette application d’ avoir l'antenne collée au sol. De plus, lorsqu'll faut se déplacer, pour faire de limagerie par exemple, ce concept n'est pas trés pratique. Sur des sols iméguliers, on voit aussi mal comment rester & égale hauteur par rapport au sol. Le respect de Ja condition «hauteur inférieure & 4/4» donne un critére de décollage maximum de moins d'un Centimétre & 3 GHz, ce qui est iméaliste. Par contre, le fait détre pres du sol, done prés de la cible quand celle-ci est faiblement enterrée, maximise le bilan énergétique du radar. On minimiserait ainsi les pertes dues & la divergence du faisceau d'antenne. (Les antennes utilisées, de taille forcément limitée par des critéres d'encombrement, sont peu directives aux fréquences auxquelles on travaille en GPR). Pour les cibles enfouies plus profondément, cette divergence du faisceau empéche aussi 'antenne de «pointer» directement vers un endroit précis du sous-sol. C'est en particulier ce probléme que nous nous proposons d'améliorer par le traitement du signal au prix d'une complexité accrue au niveau systéme. Les GPR sont traditionnellement & impulsions courtes & la fois pour des raisons techniques (facilité de générer des composantes basses fréquences) et économiques (on élimine ainsi l'usage de la technologie hyperfréquence). Cependant, ce concept, au moins dans sa version de base, a forcément des limitations spectrales vers les hautes fréquences; autrement dit pour générer des impulsions & flancs raides. II semble qu’a l'heure actuelle l'état de l'art se situe vers 300 ou 500 pico-secondes de temps de montée (environ 2 & 3 GHz de bande de fréquence). Ces fréquences élevées sont de toute fagon défavorisées d'un point de vue énergétique car elles se situent dans la partie décroissante du spectre. Divers autres problémes sont aussi rencontrés (maitrise de Ia forme donde, répétitivité des impulsions, décalages temporels dits «jitters », échantillonnage tempore! de T'impulsion, codt des acquisitions trés rapides). Nous avons étudié la définition d'un GPR & fréquence synthétisée et & saut de fréquence (« FM-CW stepped frequency »), version modeme du radar FM-CW a balayage en fréquence (voir figure 5). La raison principale est que nos recherches se_situent principalement dans le domaine des objets faiblement enfouis od il faut utiliser des fréquences plus élevées que d'habitude en GPR. Une autre raison technique est que nous ne positionnons as, en tant que laboratcire hyperfréquence, sur un créneau de développement de la technologie de 'électronique rapide. Enfin, le saut de fréquence on dépit d'un coft restant levé, serait l'avenir du GPR trés large bande en terme de performance. Pour finir, il est facile, -6- Introduction fu stade des développements exploratoires, de générer de tres larges bandes a I'side d'un analyseur vectoriel de réseaux et de changer la bande de fréquence afin d'explorer l'influence précise de la fréquence de sondage. OOO a Voie E VoieR Le radar A saut de fréquence utilise une bande de fréquence couverte pas a pas, chaque Pas faisant un saut de 8f Hertz. La bande de fréquence impose la résolution en distance et le as en fréquence Ia distance maximum mesurable ou portée. La portée non ambigué étant égale & c/2/8f, le critdre d’ambiguité distance est en général peu contraignant pour le GPR du fait des courtes portées en jeu ce qui autorise donc un relatif petit nombre de fréquences. ‘Tout radar du type FM-CW requiert un traitement par analyse spectrale done par transformée de Fourier dans le cas de signaux numérisés. Le signal hyperfréquence est ramené en fréquence intermédiaire sur deux voies en phase et en quadrature (1/Q). Le signal complexe alors créé (I+jQ) est passé dans le domaine temporel (conversion en retard) par ‘ransformée de Fourier inverse aprés multiplication par une fonction de pondération de facon a réduire les lobes secondaires impulsionnels (rebonds associés & I'impulsion principale). On utilise & profit l'algorithme de IFFT (« Inverse Fast Fourier Transform ») pour effectuer cette transformation du domaine des fréquences & celui des retards. La partie réelle ou imaginaire du résultat a l'allure d'une impulsion courte dans Tespace temporel. On en utilise plutét le module. Depuis plusieurs années maintenant, le traitement IFFT est possible en temps réel sur un simple PC du commerce. A noter que le «zero-padding» (ajout de zéros sur les données -1- Introduction fréquentielles) permet dinterpoler & volonté les résultats temporels et dobtenir une précision trés grande sur les retards dans la limite du rapport signal/bruit. Cette précision dans le cas du GPR & impulsions courtes ne serait atteinte qu’au prix d'un échantillonnage du signal ultra- rapide. 2. La détection de mines et le GPR 2.1 Probléme posé par la détection de mines Un probléme trés important qui se pose actuellement et certainement pour de longues années & la communauté intemationale est Ia détection de mines terrestres posées ou enfouies sous le sol. Ces mines peuvent étre carrément enfouies dans le sol (jusqu’a 30 cm de profondeur), & peine affleurantes ou masquées par de la végétation. Le probléme se pose sur le plan humanitaire et un besoin de dépollution de larges zones minées est crucial. Au plan ‘militaire, les armées modernes elles-mémes sont demandeuses de systémes de détection rapides et efficaces, par exemple pour ouvrir une bréche en cas de guerre. On a estimé & 110 dans un premier temps puis 2 60 millions le nombre de mines abandon dans Je monde et 60 pays sont atteints par ce fléau qui touche au hasard des civils qui sont tués ou subissent de graves blessures des membres inférieurs [0.2]. Les principaux ays touchés sont selon des estimations I'Afghanistan, le Cambodge et I'Angola (peut-étre plus de 10 millions de mines chacun) jusqu'au Koweit, Somalie et Mozambique (8 lui seul 1 million de mines), Les mines les plus répandues sont les mines antipersonnel (AP) qui ont parfois une teneur en métal faible, ce qui les rend trés difficilement détectables lors des opérations de dépollution. Elles sont déclenchées par pression ou par fil pidge. Elles sont posées & la main ou bien parfois disséminées par avion ou par canon. Il existe aussi un besoin de détection humanitaire de mine anti-véhicule pour dépolluer le réseau routier. En effet, si les opérations de déminage, méme trés lentes, sont plutdt sires pour les démineurs, il n'en va pas de méme pour les transports routiers dans les régions minées od de nombreuses vies humaines sont & déplorer. La difficulté du probléme de détection de mines réside dans leur extréme diversité en terme de type, de forme, de matériau de l'enveloppe, d’explosif, de composition inteme et de profondeur d’enfouissement. Ce dernier point doit aussi prendre en compte les mouvements de terrain postéricurs a la pose des mines, comme lors dinondations ou de glissements de terrain. Introduction La matidre de enveloppe est souvent du plastique mais divers matériaux tels le bois, ‘ou méme le carton sont parfois utilisés. Une mine AP sur deux posséde trés peu de métal. Leexplosif peut étre du TNT avec aussi du RDX, PETN, Comp B.... Les mines AC (anti-char) ont généralement un diamétre ou une dimension maximale variant de 10 & 35 cm. Elles peuvent étre enfouies de 0 & 25 cm de profondeur, parfois jusqu’s ‘50 cm de profondeur dans le sable. Les mines AP ont des dimensions de 3 A 20 cm et peuvent aussi étre enfouies jusqu’a 25 cm. Cependant, les profondeurs typiques sont de 0 & 8 cm. La détection actuelle de mines se fait généralement a l'aide d'une sonde que Yon enfonce dans le sol de place en place, rendant la détection trés laborieuse. Avec des démineurs Jocaux utilisant des techniques rudimentaires, il faudrait plusieurs sidcles pour déminer la plandte. Le Génie de I'armée frangaise emploie des chiens de race berger allemand qui sont tits efficaces mais qui se fatiguent vite et dont le nez peut étre leurré par la présence dexplosif réparti sur le champ de mines. Malgré le colt d'un tel équipement, on utilise aussi des détecteurs de métaux, dont on regle le seuil jusqu’a détecter la faible quantité de métal des mines en plastique. Leurs défauts sont les suivants : = ils ne fonctionnent pas sur les sols ferromagnétiques - certaines mines plastiques demeurent non détectables = les débris métalliques peuvent générer des fausses alarmes = Tabsence de pouvoir de localisation fait qu'une grosse masse métallique ou méme une ‘g7osse mine métallique «aveugle» une mine en plastique contenant peu de métal Depuis que les recherches et développements sont engagés au niveau national par les armées et au niveau international en Europe par la Commission Européenne de nombreuses techniques candidates sont étudiées. On peut citer: + les techniques optiques dans le visible. Les yeux entrainés de certains démineurs arrivaient déja a reconnaitre des zones minées. ~ les techniques optiques dans l'infrarouge (IR) thermique, Les caméras IR ont désormais une sensibilité suffisante pour détecter le contraste d’émissivité entre une mine et son environnement. Cependant, les résultats dépendent de 'heure de la journée et ne conviennent pas pour les mines enfouies, méme si des effets indirects de sol remué ont été constatés. De nombreuses fausses alarmes sont & déplorer. Ces développements intéressent surtout le domaine militaire, car on se heurte dans le domaine civil au probléme du cottt de la caméra. Selon un principe équivalent, on citera aussi la radiométrie millimétrique (dite aussi «radar passif>) qui utilise aussi un effet physique basé sur l'fmissivité des corps. Cette technique est moins développée mais présenterait des capacités supérieures & 1TR ou bien lui serait Introduction complémentaire. On retiendra aussi des essais encourageant de détection de mines AP par radiométrie hyperfréquence au DLR (RFA). Divers essais de détection IR activée par micro- onde (chauffage du sol), susceptible de délivrer des images de mines faiblement enfouies sont effectués dans le monde. ~ le GPR que Ion discutera par la suite. C'est le senseur de choix pour les mines enfouies. A son discrédit, on citera le nombre important de fausses alarmes du & son faible pouvoir de discrimination, sa sensibilité & 'humidité du sol et le fait de devoir plaquer 'antenne sur le sol (ou au moins de la placer trés prés de la surface du sol). « les techniques de détection directe de lexplosif : nucléaires, chimiques (nez artificiel), la NQR (Nuclear Quadripole Resonance = Résonance Quadripolaire Nucléaire). la détection acoustique est trés peu étudiée. Les actes du colloque IEE «Detection of Abandonned Landmine » qui se tient une année sur deux & Edimbourg depuis 1996 donnent une bonne idée des recherches en cours [0.3]. 2.2 La détection de mines par GPR Le GPR est un senseur électromagnétique couramment employé en géophysique qui cst au méme titre que le capteur acoustique un bon sondeur du sous-sol. Aussi a-t-on tr8s t6t pensé & employer un GPR pour sonder le proche sous-sol. Il est tres difficile de savoir qui a 4 précurseur dans ce domaine puisquil est probable que les différentes armées ont financé des essais & partir des années 60 pour trouver des munitions enterrées (UXO) ou des mines. Au niveau Communauté Scientifique, les Universités américaines ont certainement effectué des études & finalité militaire dans les années 70 sur la détection par GPR, GPR dont le spectre de impulsion serait centré sur 500 MHz ou 1 GHz. Au début des années 90, le FOA (Suéde) développe un GPR large bande (0,2-2 GHz) avec une antenne de type dipdles croisés [0.4]. La bande effective du systtme est cependant restée longtemps limitée 1 GHz. Ce GPR a 6t6 testé sur le terrain a I'avant dun véhicule. Lidée de base démontrée sur des mesures de mines en espace libre est que le mécanisme de rétrodiffusion par la mine fait intervenir des. réflexions spéculaires mais aussi une onde rampante qui fait le tour de la mine et serait caractéristique de sa géométrie, & condition cependant de bien analyser la trainée» de la réponse impulsionnelle [0.5]. Pour ce faire, le FOA a pendant des années développé des algorithmes de traitement du signal en vue de la classification des cibles en zone de -10- Introduction résonance. Une catégorie d'algorithme extrait de la réponse des poles complexes avec par exemple In méthode SEM (« Singularity Expansion Method ») suggérée par Baum [0.6]. La théorie de Baum qui consiste & considérer des résonances « intemes » et « externes » & l'objet @ ouvert Ia porte a du traitement du signal d’extraction des résonances. Ce type de traitement en. yye de la classification a &té aussi traité en théorie dans notre laboratoire [0.7]. Il est trés Gtudié au plan académique dans le Monde mais rarement mis en pratique a notre connaissance. Les méthodes temps-fréquence (Wigner-Ville, STFT = Transformée de Fourier @ court terme, transformée en ondelettes) ont aussi été étudiées par les Suédois pour la classification des réponses [0.8]. En régle générale, il semble que tout cela soit assez inefficace dans des cas difficiles tels que les sols humides et les environnements complexes (top de « fouillis »: cailloux, débris, inhomogénéités du sol). II se pose ensuite un probléme de calibration fine du GPR et de son antenne, calibration trés délicate en zone proche de Vrantenne. De plus, le développement de bibliothéques de signatures, en admettant que les réponses soient indépendantes du milieu sol, pose un écueil & l'aspect pratique de ces techniques ‘identification. Il faut retenir que quand les mines sont pénétrantes elles-mémes aux impulsions radar, il semblerait en effet que leur épaisseur puisse constituer un discriminant. Cependant, das que les sols deviennent trés humides, la finesse de la réponse disparait et on a de nombreuses fausses alarmes comme des pierres de méme dimension. La société anglaise ERA a aussi travaillé sur la détection de mines par GPR. Elle a été soutenue par les développements de I'armée britannique et a concours au déminage des fles Falkland dans les années 80. Cette société a aussi participé aux développements du FOA. A Vheure actuelle, I'aspect dramatique et médiatisé du probléme des mines ‘antipersonnel a généré un certain engouement universitaire et/ou industriel universel au moins dans tous les pays développés. Il est ainsi certain que des études ev/ou développements de