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ECOLE DES HAUTES ETUDES COMMERCIALES DE MONTREAL AFFILIEE A L'UNIVERSITE DE MONTREAL Limpact d'un changement de régime sur |'évolution de I'nflation en Roumnanie par @ Tanase Daniela Sciences de la gestion Mémoire présenté en vue de |'obtention du grade de maitre és sciences . (MSc. Juillet 2003 © Tanase Daniela, 2003 @ DECLARATION DE L’ETUDIANT ETHIQUE EN RECHERCHE AUPRES DES ETRES HUMAINS Recherche sans collecte directe d'informations Cette recherche n‘impliquait pas une collecte directe diinformations auprés de personnes (exemples : entrevues, questionnaires, appels téléphoniques, groupes de discussion, tests, observations participantes, communications écrites ou électroniques, etc.) Cette recherche n‘impliquait pas une consultation de documents, de dossiers ou de banques de données existants qui ne font pas partie du domaine public et qui contiennent des informations sur des personnes. Titre de ta Tg ene om recherche IMPACT blunt CHAN GEMEWT bez Me es BTA se 3g sua Lies Ae Li Fegri # Rouaane Nom de "étudiant: ZAwAse SAxi/eca Signature Maa. Date eons [OF /22 Direction pédagogique - Jarwer 2001 (U:\Communiqués\DIVERSWSe\Fom - Déclaration de Tétudiant- Non CER doc) REMERCIEMENTS Ma reconnaissance la plus sincére s’adresse a mon directeur Michel Normandin pour ses conseils avisés qui ont contribué a clarifier mes idées. Sa contribution inestimable a la rédaction de ce mémoire mérite que je le remercie du fond de mon coeur. Ma gratitude va aussi a Marie Allard et Désiré Vencatachellum pour leur appui et leur confiance, sans lesquels je n’aurais pas pu continuer mes études. De méme, je remercie a Jacques Raynauld et a Pascale Valéry pour avoir accepté d'étre les lecteurs dans I'évaluation de ce mémoire. Une reconnaissance spéciale s‘adresse & ma famille pour m’avoir encouragée tout au long de mon cheminement académique ainsi qu'a mes professeurs. RESUME Aprés la chute du communisme, en Roumanie, le taux d’inflation a fluctué dans de larges limites et a atteint des niveaux élevés comparativement a d'autres pays d'Europe de l'est. De 1990 a 2002, son niveau est passé de 20% a 317%. Lobjectit de ce mémoire est d'analyser la dynamique de inflation en Roumanie a partir d'un processus de changement de régime, couvrant la période de janvier 1990 a septembre 2002. Notre analyse repose sur la notion que le régime dinflation est inobservable et suit un processus Markovien dordre un. Ainsi, nous considérons deux sources de dynamique. La premiére postule que les probabilités de transition de régime varient dans le temps. La variation est induite par I'inclusion de variables observables retardées. La deuxiéme source de dynamique suppose que les probabilités de transition sont fixes et que Finflation contemporaine dépend de ses valeurs retardées. Nos résultats révélent l'existence de deux régimes d'inflation. Les estimés sont robustes a la sélection des variables observables et aux différentes structures de retard diinflation. Toutefois, les probabilités de transition ne sont pas statistiquement affectées par les retards des variables observables. De plus, le degré de persistance de I'inflation dans le méme régime dépend de la structure de retard. TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS RESUME TABLE DES MATIERES LISTE DES FIGURES LISTE DES TABLEAUX INTRODUCTION CHAPITRE 1 DESCRIPTION DE L'INFLATION CHAPITRE 2 REVUE DE LA LITTERATURE 2.1 Les causes de Inflation 2.1.1 Linflation par la demande 2.1.2 Liinflation par le coats 2.2 Les politiques monétaire et fiscale CHAPITRE 3 3.1 Description des données 3.1.1 Liinflation 3.1.2 La masse monétaire 3.1.3 Le solde budgétaire 3.1.4 Le taux diintérét 3.1.5 Les salaires réels 3.1.6 La produectivité du travail 3.2 Analyse des données 3.2.1 Analyse des statistiques descriptives et de la persistance 3.2.2 Les co-mouvements CHAPITRE 4 4.1 Le modéle 4.2 La méthode d’estimation vi 12 15 21 22 22 22 23 23 23 24 28 31 34 CHAPITRE 5 RESULTATS CONCLUSION REFERENCES a1 49 68 LISTE DES FIGURES Figure 1 : Evolution des taux annuels de croissance Figure 2 : Les autocorrélations Figure 3 : Les co-mouvements Figure 4 : La probabilité que l'économie se trouve dans un état, conditionnellement du taux d'intérét retardé d’une période Figure 5 : La probabilité que l'économie se trouve dans un état, conditionnellement du taux d’inflation 51 53 55 57 58 LISTE DES TABLEAUX Tableau | : L’évolution du PIB et IPC, 1992-2002 Tableau Il: La remonétisation de |'économie, 1994-1996 Tableau Ill : Les statistiques descriptives Tableau IV: Les corrélations croisées Tableau V: Les résultats des estimations du modéle avec r=0 et q=1 Tableau VI: Les résultats des estimations du modale avec r=0 et q=3 Tableau VII : Les résultats des estimations du modéle avec 1=0 et q=6 Tableau VIII :Les résultats des estimations du modéle avec r= et g= Tableau IX : Les résultats des estimations du modéle avec r=0 et 9=1,3,6 Tableau X: Les résultats des estimations du modéle avec les probabilités de transition fixes (q=0 et r#40) vi 59 59 60 61 63 65 66 67 INTRODUCTION La théorie monétaire nous enseigne que |'inflation élevée et volatile peut engendrer des coits. A long terme, une telle inflation affaiblit la capacité de économie de maintenir de conditions propices a l'expansion soutenue et a la création demplois. De méme, elle suscite des incertitudes chez les consommateurs et les investisseurs et érode la valeur des revenus de I'épargne. En Roumanie, aprés la Révolution de décembre 1989, I'inflation a atteint des niveaux tres élevés et a été marquée par des fluctuations importantes. Ces fluctuations suggerent que 'économie a changé souvent de régime. Le but de ce mémoire est de comprendre la dynamique de l'inflation a partir d'un processus & changement de régime. Etonnamment, il n'y a pas d’études qui ont analysé le comportement de I'inflation en Rouranie. Notre méthodologie économétrique repose sur la notion que le régime d’inflation est inobservable et suit un processus markovien dordre un. Dans cet environnement, nous considérons deux sources de dynamique. La premiere postule que les probabilités de transition de régime varient dans le temps. Plus précisément, ces probabilités sont déterminés par des variables observables retardées. Ces variables observables visent a capter des chocs de demande globale, tels que les politiques monétaire et budgétaire, ainsi que des chocs doffre globale, comme la relation productivité-salaire. La deuxieme source de dynamique suppose que les probabilités de transition sont fixes, mais que Vinflation contemporaine dépend de ses valeurs retardées. Les différentes spécifications sont estimées par la méthode du maximum de vraisemblance pour la période de janvier 1991 a septembre 2002. Pour le cas ol! les probabilités de transition varient dans le temps, les résultats suggérent existence de deux régimes. Il y a un régime a faible inflation, dont la moyenne se situe autour de 40%, et un régime a forte inflation, dont la moyenne est d'environ 235 %. Ces valeurs sont comparables aux statistiques descriptives calculées pour chacune des périodes électorales. De plus, ces valeurs sont robustes @ la sélection des variables observables retardées incluses dans la spécification des probabilités de transition. Toutefois, les résultats indiquent que les probabilités de transition ne sont pas statistiquement affectées par les variables observables retardées. Ces résultats vont a l'encontre de I'intuition économique et de analyse préliminaire reposant sur des statistiques descriptives. Pour le cas oli les probabilités de transition sont fixes, les résultats indiquent également l'existence de deux régimes : un régime a faible inflation, dont la moyenne se situe autour de 40 %, et un régime a forte inflation, dont la moyenne est d'environ 230%. Ces estimés sont robustes aux différents structures de retard diinflation. Cependant, le degré de persistance de l'nflation dans le régime a forte inflation dépend du retard d’inflation. Llorganisation du mémoire est la suivante. Le premier chapitre décrit 'évolution de l'inflation en Roumanie couvrant la période qui s’étale de la chute du communisme jusqu’en septembre 2002. Le deuxiéme chapitre présente la revue de la littérature. Les données utilisées sont exposées dans le troisiéme chapitre. Le quatrizme chapitre explique la méthodologie économétrique. Enfin, le cinquiéme présente les résultats empiriques et la conclusion. CHAPITRE 1 DESCRIPTION DE L'INFLATION En général, le moment oi! un pays entre en période inflationniste est difficile & déterminer, sauf si le pays vit des événements historiques remarquables. C'est le cas de la Roumanie, avec la Révolution de décembre 1989 qui a marqué le passage du pays vers une économie de marché. En Roumanie, le taux diinflation a fluctué dans de larges limites et a atteint des niveaux élevés comparativement a d'autres pays d'Europe de lest, et ce, sans égard a la dynamique du PIB (Daianu, 2000) (Tableau |, Figure 1). Cela refléte l'incohérence des mesures macroéconomiques de stabilisation de économie dans ce pays. Dans ce qui suit, nous proposons une description de [inflation couvrant chacune des périodes ou les différents gouvernements roumains se sont succédé. 1.1 De 1990 a 1992 Aprés la chute du communisme, les dépenses excessives du nouveau gouvernement conduit par lon lliescu, un ex-communiste, combinées a des efforts hésitants de réforme économique, au déclin de la production, a la baisse de la productivité et a laugmentation des salaires réels, ont contribué a la hausse de inflation. Ainsi, le taux d’inflation annualisé a enregistré des niveaux records de 200 % a 264,4 % (en novembre 1993). Ces taux ont été attribués aux chocs provoqués par plusieurs facteurs, dont le chaos général qui régnait dans l'économie aprés les événements de décembre 1989, le début du processus de libéralisation graduelle des prix des biens et services, I'élimination des subventions pour certains produits, ainsi que l'accommodation monétaire du déficit quasi-fiscal1 (Fonds monétaire intemational, FMI, 2001). Malgré la situation économique difficile, les efforts de réforme ont été ralentis en faveur de la lutte politique (Poirrot, 1993). Il est a noter que six mois avant les élections de septembre 1992, le taux d'inflation a baissé: il est passé de 221,7 % &200,4 %. 1.2 De 1992 a 1996 Les premiéres élections libres n’ont apporté aucun renouvellement sur le plan politique; lon Iliescu a été réélu président. De plus, le gouvernement a opté pour une politique de transition « 8 petits pas » qui n’a pas réellement porté fruit (Economist Intelligence Unit, EIU, 1998). En 1993, la récession, amorcée la fin du régime communiste, s'est terminée et la croissance économique s'est maintenue jusqu’en 1994, quoique a un niveau faible. A la suite des mesures macroéconomiques de stabilisation prises par le gouvernement de Ion Iliescu, Vinflation a commencé a baisser pour atteindre, en décembre 1994, un niveau de 61,7 %. Aprés le choc introduit par la libéralisation des prix et introduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) le ter juillet 1993, l'inflation a baissé jusqu’a un niveau de 24% en octobre 1995 (EIU, 1998). Pourtant, toutes ces mesures 1 Les défcts quasi-iscaux correspondent aux détcts budgétares ot aux pertes enrayistes par les entreprises tat, Cas demidras sont fnanctes par des prélsgarants «état, qui fnalamant, seront payés par le budge. Une autre source potentele des deficits quasiiscaux peut tre assoce ala subvention des prix de énergie. macroéconomiques de stabilisation n’empéchent pas I'inflation de se maintenir & des niveaux élevés, Six mois avant la date des élections, en novembre 1996, les statistiques montrent la tendance a la hausse de I'inflation, dont le taux est passé de 34,2 % a 47,5 %. 1.3 De 1996 a 2000 Du point de vue politique, la fin de l'année 1996 a marqué un changement total. Le nouveau président élu, Emil Constantinescu, et son gouvernement d'orientation libérale, entreprennent une réforme économique radicale et douloureuse sur le plan social (EIU, 2001). Cette réforme a permis au pays de benéficier de l'appui des organismes internationaux, mais a amené, au début de année 1997, une nouvelle poussée inflationniste qui a atteint 177,4 % en juin. En 1998, la coordination des politiques monétaire et fiscale, l'accélération du processus de restructuration et de privatisation, et les mesures visant a aligner les salaires a la productivité ont contribué au processus de désinflation. Ainsi, le taux dinflation est passé de 66 % en mars a 39 % en avril 1999 (EIU, 2001). Entre 1996 et 2000, impact négatif de la dépréciation de la monnaie nationale sur les prix a 6t6 partiellement compensé par I'évolution favorable du prix du pétrole sur le marché international (en 1998, le prix du pétrole a atteint son plus bas niveau depuis dix ans). Néanmoins, a partir de la deuxiéme moitié de 1999, inflation a monté pour atteindre 56,75 %, en janvier 2000. Six mois avant la date des élections de novembre 2000, le taux d'inflation a connu une légére tendance a la baisse : de 43,9 % en mai, il est passé a 42,8 % en octobre. 1.4 De 2000 a 2002 En 2000, en dépit des progrés enregistrés dans le contréle de inflation, celle-ci a atteint, a la fin de l'année, un niveau de 40,7 % par rapport a une cible de 27 %. Toutefois, le taux d'inflation a toujours été inférieur aux résultats de 1999, qui étaient de 54,8 %. Cette désinflation s'explique par la baisse du taux de croissance des salaires et par la dépréciation du taux de change (EIU, 2001). En 2001, pour poursuivre le processus de désinflation, la Banque nationale de Roumanie (BNR) a réduit de fagon graduelle le taux d'intér qui est passé de 39,9 % en janvier & 30,3 % en décembre. Ce processus a continué pendant la premiére moitié de 2002; ainsi, le taux dinflation a baissé pour atteindre 9,4 %, comparativement a 14,8 % a la méme période de l'année précédente, et cela, en dépit de augmentation du prix de énergie électrique (de 35,6 %) et thermique (de 57,2.%), et du prix du gaz (de 99,6 %) (Organisation de coopération et de développement économiques, OCDE, 2002) Cependant, pour 2002, on prévoit d'autres augmentations qui alimenteront directement linflation, par exemple le prix de l’énergie et les impots indirects. II y a également une forte possibilité que la moisson soit pauvre, ce qui augmenterait les prix des denrées alimentaires dans le demier trimestre. Pour ces raisons, inflation & la fin de l'année 2002 est estimée & 22 % par la BNR. De méme, le FMI a exprimé la crainte que 'augmentation du salaire minimum, prévue pour @ janvier 2003, exerce des pressions sur Inflation. CHAPITRE 2 REVUE DE LA LITTERATURE La revue de la littérature présente les causes qui ont contribué a apparition et la persistance de l'inflation, ainsi que les études qui ont abordé les politiques monétaire et fiscale promues par les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir aprés la chute du communisme. 2.1 Les causes de l'inflation Les études sur inflation dans les économies en transition ont mis en évidence le tle de deux types de facteurs dans la création et la persistance de l'inflation. I s'agit de facteurs reliés aux chocs de demande et d'offre que nous analysons. dans ce qui suit 2.1.1. Linflation par la demande La théorie économique permet d'expliquer comment la politique monétaire agit sur la demande globale et quels sont ses effets sur le taux diinflation. En effet, Vinflation par la demande se fait ressentir lorsque le progrés de Voffre ne suit plus celui de la demande. Elle montre 'écart entre la quantité des biens et des services demandés par le marché et sa capacité productive de satisfaire a cette demande. Ainsi, une po! ique monétaire expansionniste (croissance de la masse monétaire ou des dépenses budgétaires) provoque un déplacement de la courbe de la demande globale vers la droite et donc une hausse des prix. 10 Presque tous les macro-économistes sont d'accord que les changements de la masse monétaire constituent le principal facteur qui affectent Inflation a long terme (Hall et Taylor, 1997). L’inflation est done vue comme un phénomene qui découle de la croissance de la masse monétaire. Par exemple, une augmentation de cette demiére a des effets proportionnels sur l'augmentation nominale des prix, et cause de inflation, En ignorant une limite raisonnable, action dune banque centrale pourrait provoquer une montée incontréolable de Hinflation et déclencher une spirale inflationniste. Contrairement a la masse monétaire, les dépenses budgétaires sont limitées a la contrainte budgétaire elle-méme et ne peuvent done pas mener a une spirale inflationniste. En Roumanie, dans les années 1990, la croissance de la masse monétaire s'est produite sous effet des pressions politiques. En effet, la BNR a été forcée d'ajuster les déficits fiscaux des entreprises d'état en faillite, surtout pour les entreprises du secteur agricole (OCDE, 2002). En 1991, le déclin de Factivité économique (la production industrielle a baissé de 22,8 % par rapport a 1990), l'épuisement des réserves en devises et le début du processus de libéralisation des prix ont oréé un surplus de demande, lequel a déclenché une spirale inflationniste Entre 1992 et 1996, les effets du processus de remonétisation de l'économie se font ressentir étant donné que la masse monétaire a augmenté plus vite que Vinflation. En effet, la masse monétaire a progressé de 138,1%, de décembre 1993 & décembre 1994, et de 71%, de décembre 1994 a décembre 1995 (OCDE, 1998) (Tableau Il). Cette croissance est liée A un événement particulier : u le lancement, en 1994, d'un programme de subvention de I'agriculture qui a conduit a la consolidation des pressions inflationnistes (BNR, 1998). Un an apras les élections de novembre 1996, en raison de la croissance de 88 % du taux d'intérét interbancaire, le taux de croissance de la masse monétaire a augmenté de fagon significative. Cependant, par la suite, il a continué sa tendance a la baisse. Ainsi, en 1998, la masse monétaire était de 48,9 % plus élevée par rapport a celle de l'année précédente. Cette évolution a mis encore en évidence le processus de remonétisation de l'économie, la croissance de la masse monétaire dépassant celle de I'inflation, 40,6 % (BNR, 1998). De plus, nous attribuons a la remonétisation de économie d'autres facteurs dont la dépréciation de la monnaie nationale ainsi que les facteurs ponctuels, par ‘exemple, la privatisation de la Société roumaine de télécommunications Romtelecom (BNR, 1998). Jusqu’a la fin de l'année 2000, le taux de croissance annuel de la masse monétaire est resté inférieur a celui de linflation (38 % par rapport a 41 %) De 2001 et jusqu'a présent, la masse monétaire a connu une légére augmentation par rapport 4 2000. Avec un taux annuel de croissance de 46,2 % en 2001, la masse monétaire a dépassé le taux de croissance de inflation, qui était de 30,3 %. Ce qui atteste la continuité du processus de remonétisation de l'économie nationale (BNR, 2001). Pour toutes les périodes analysées, les statistiques montrent une croissance considérable de la masse monétaire en décembre de chaque année. Une des 12 raisons de cette augmentation est le paiement des primes de Noél, et du troisiéme salaire2 pour les employés de la fonction publique. 2.1.2 L'inflation par les coats La théorie économique permet aussi d'expliquer impact de différents chocs sur offre globale et leurs effets sur les prix. Par exemple, un choc négatif, Cest-a-dire une augmentation des cots de production (hausse des salaires, choes pétroliers), suscite un déplacement de la courbe vers la gauche et donc une hausse des prix. La revue de la littérature abordera la relation entre les salaires et la productivité étant donné 'évolution spécifique de ces deux indicateurs aprés la chute du communisme. Plus spécifiquement, lorsque la hausse des salaires dépasse les gains de productivité, nous assistons a une hausse de l'inflation par les coits. A la suite d'une hausse des salaires, les cots augmenteront, puis il y aura une hausse des prix. Cette hausse risque de provoquer un ralentissement de la production, donc une baisse de otfre, laquelle, & son tour, provoquera une hausse des prix A la consommation et une baisse du pouvoir d'achat. Liinsatisfaction des employés, qui en subissent les conséquences, se fera sentir et, sous la pression syndicale, les salaires augmenteront, II s'agit de la fameuse spirale inflationniste salaires-prix (Guitton et Bramoullé, 1987). 2 Le troisiéme salar est une prime de Nod! accordée aux employés de la fonction publique. 13 En Roumanie, la politique salariale de la fonction publique peut étre qualifi¢e comme étant expansionniste durant les périodes préélectorales (six mois avant la date de élections) ot restrictive en d'autres temps (Pelinescu, 2002). Toutes les périodes ont eu en commun I'indexation salariale. Méme si cette indexation a été en dessous du taux dinflation, faugmentation des salaires n’a pas été accompagnée par une hausse de productivité (pour neutraliser la hausse des salaires), en conséquence les économistes peuvent parler d'une inflation par la hausse des salaires. L’évolution de salaires réels, entre 1990 et 2002, est caractérisée par deux phénomenes : des fluctuations importantes dans le temps et, comme nous lavons déja mentionné, des augmentations pendant les périodes préélectorales. A la suite de la chute du régime communiste et sur le fond de la récession économique, la production industrielle et la productivité ont baissé de 23,7 % et de 24 %, respectivement. Cependant, au début de l'année 1990 et vers la moitié de 1991, le salaire réel a augmenté de 22 % (premier trimestre de 1991 : 3297 lei3; troisieme trimestre de 1991: 4006 lei). La principale cause des augmentations salariales est liée aux mouvements sociaux importants, dont les greves des mineurs de juin 1990 et de septembre 1991, et non a la croissance de la productivité (Poirrot, 1993). Ainsi, le pouvoir d'achat a été soutenu de fagon populiste, le salaire n’étant pas corrélé avec les possibilités réelles de l'économie. Pendant toute cette période de 1990 a 1992, le salaire réel a devancé la productivité, d’oui la hausse de I'inflation. 3 Le eu représente la monnale nationale de la Roumanie; Le - au pre 4 Aprés les élections de 1992 et jusqu’en 1996, les deux indicateurs analysés ont maintenu leur tendance a la hausse. En plus, ces demiers ont beaucoup fluctué; le taux de croissance de la productivité a varié de 0,18 % a 18,84 % et celui des salaires réels de — 47,70 % & 129,69 % (EIU, 1998). Cette conjoncture démontre des problémes au niveau de la stabilisation macroéconomique. Il est 4 noter que les salaires réels ont connu un taux de croissance positif jusqu'aprés les élections de novembre 1996. A partir de 1997, sous [effet du processus d'ajustement du nouveau gouvernement, les salaires réels ont baissé de maniére significative. Ainsi, sur une période de six mois, ces demiers sont passés de 3502 lei en décembre 1996 2331 lei en juin 1997. En effet, en juin 1997, le salaire net moyen n’atteignait que 50% de son niveau en octobre 1990, pour remonter ensuite a 56 % en septembre (OCDE, 1998). Jusqu’a la fin du mandat du nouveau gouvernement, en novembre 2000, le taux de croissance des salaires réels a été inférieur & celui de la productivité A partir de 2000, aprés trois ans de récession, la croissance économique a finalement repris. L'augmentation des salaires réels nets (en moyenne 4,95 % en 2001) et le gel des prix de l'énergie ont soutenu la croissance du revenu réel, laquelle & conduit @ une forte poussée de la consommation (OCDE, 2002). En 2002, la politique salariale a été plus restrictive; le taux annuel de croissance des salaires réels a été inférieur & celui de la productivité du travail et a celui de inflation,

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