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Mémoire : les Triangles roses

À Toulouse, une rue "Pierre Seel - déporté français pour motif d'homosexualité" marque depuis
février 2008 le premier lieu de mémoire de ce type en France.
L'année passée fut marquée en France par d'autres avancées dans le travail de
reconnaissance de la déportation homosexuelle : une plaque rendant hommage à Pierre Seel à
Mulhouse et une autre rappelant les homosexuels déportés à l'ancien camp de concentration
du Struthof.

Pourtant, en 2011, 66 ans après la victoire sur la barbarie nazie, la déportation pour motif
d'homosexualité reste assez méconnue du grand public. Certes, rapportés au total des
déportés par mesure de répression (politiques, résistants, asociaux, etc.) et à ceux, plus
importants encore, de la persécution génocidaire (Juifs, Roms et Sintés), les déportés pour
homosexualité ne représentent qu'une part très faible (bien en deça d'un pourcent des effectifs
concentrationnaires). Ils furent de 5 à 10 000 environ, arrêtés à l'intérieur des frontières du
Reich, mais aussi dans d'autres pays conquis. Leur détention concentrationnaire, motivée pour
les nazis par le danger qu'ils étaient censés représenter pour la perpétuation de la race
allemande, n'en fut pas moins délibérée. Ils furent une catégorie à part entière du système
concentrationnaire qui les affubla d'un signe distinctif : le triangle rose.
Leur déportation ne revet cependant pas un caractère systématique et l'on ne connait
quasiment pas de cas avérés de femmes déportées uniquement pour homosexualité, la loi
allemande ne réprimant que l'homosexualité masculine.
En France, la Fondation pour la Mémoire de la Déportation a pu identifier avec certitude 62
hommes détenus en prisons ou camps de concentration en raison de leur homosexualité.

Très peu de survivants, déportés ou poursuivis pour ce motif, acceptèrent de parler à visage
découvert après guerre. On en dénombre une dizaine, principalement en Allemagne et en
Autriche. En France, on ne connaissait que le témoignage de Pierre Seel (né en Alsace en
1923 et décédé à Toulouse en 2005). S'y ajoute maintenant celui de Rudolf Brazda, sorti de
son anonymat en 2008, à l'âge de 95 ans, pour révéler ses condamnations, puis sa déportation
pour homosexualité au camp de concentration de Buchenwald. Déjà affaibli physiquement,
Rudolf était présent à Toulouse une semaine avant la Marche des Fiertés 2010, à l'invitation
d'Arc-En-Ciel. À cette occasion, il a reçu la médaille d'or de la ville au Capitole. Cette année, il
s'est vu décerner la Légion d'honneur pour récompenser son engagement, la seule fois que
cette distinction honore un ancien déporté pour homosexualité.

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Les « Oublié(e)s » de la Mémoire - Association Civile Homosexuelle du Devoir de Mémoire a


pour vocation de porter la mémoire de la déportation pour motif d'homosexualité. Elle est
reconnue par le Ministère de la Défense, l'Office National des Anciens Combattants et Victimes
de Guerre et la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

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