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de la procédure
applicable par
le Tribunal spécial
pour le Liban
APPLICA BLE PA R LE
–2–
Sommaire
Avant- propos 5
Rappel 8
–3–
4. La mise en état 27
5. Le procès 28
6. La détermination de la peine 30
7. L’appel et la révision 31
–4–
Avant-propos
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–6–
Glossaire des abréviations et des acronymes
Accord Accord entre l’ONU et la République
libanaise sur la création du Tribunal
spécial pour le Liban
Affaire Hariri Affaire concernant l’attentat perpétré
contre l’ancien Premier Ministre Rafic
Hariri et d’autres personnes
Chambre d’instance Chambre de première instance du
Tribunal
Chef de la défense Chef du Bureau de la défense du Tribunal
Commission d’enquête Commission d’enquête internationale
indépendante de l’ONU
Conseil de sécurité Conseil de sécurité de l’ONU
CPI Cour pénale internationale
Greffier Greffier du Tribunal
Juge(s) Juge(s) du Tribunal
Juge de la mise en état Juge de la mise en état du Tribunal
ONU Organisation des Nations Unies
Parties Procureur et Défense
Président Président du Tribunal
Procureur Procureur du Tribunal
RPP Règlement de procédure et de preuve
Secrétaire général Secrétaire général de l’ONU
Statut Statut du Tribunal
Tribunal Tribunal spécial pour le Liban
Tribunaux ad hoc Tribunaux pénaux internationaux pour
l’ex-Yougoslavie et le Rwanda et
Tribunal spécial pour la Sierra Leone
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Rappel
1. À la suite des attentats perpétrés contre l’ancien Premier
Ministre Rafic Hariri et d’autres personnalités publiques libanaises, le
Gouvernement libanais a sollicité le 13 décembre 2005 l’aide de l’ONU
pour la création d’un « tribunal à caractère international ». Suite à
cette demande, le 29 mars 2006, le Conseil de sécurité a donné mandat
au Secrétaire général pour négocier avec le gouvernement libanais la
mise en place d’un tel tribunal (résolution 1664 (2005)). Ce processus
de négociation s’est conclu avec la signature par le gouvernement
libanais et l’ONU, les 23 janvier et 6 février 2007 respectivement, de
l’Accord portant création du Tribunal, auquel est annexé le Statut de
celui-ci. Toutefois, en raison de blocages institutionnels, l’Accord n’a
pu être ratifié par les autorités libanaises.
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6. Le RPP comporte 196 dispositions réparties en neuf chapitres
intitulés : dispositions générales – coopération avec le Tribunal –
organisation du Tribunal – enquêtes et droits des suspects et des
accusés – confirmation des charges et procédure de mise état – procès
en première instance – appel – révision – grâce et commutation de
peine.
* * *
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I. – Les principes directeurs
8. Cinq principes directeurs ont gouverné la rédaction du RPP.
Celui-ci doit simultanément : être conforme aux dispositions
fondatrices du Statut et de l’Accord (1) ; prendre en compte les
exigences les plus élaborées de protection des droits de l’homme (2) ;
refléter, autant que possible, les principaux systèmes de procédure
nationaux, tout en tenant compte, en priorité, de celui du Liban (3) ;
s’inspirer des procédures des Tribunaux ad hoc et de la CPI ainsi que
de leurs évolutions (4) ; et être adapté à la poursuite et au jugement des
actes de terrorisme (5).
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conduire, de façon autonome, les débats à l’audience (art. 18
& 20 du Statut) ;
vii) si l’intérêt de la justice le commande, les éléments de preuve
écrits peuvent être admis (art. 21 du Statut) ; et
viii) le Tribunal peut, dans certaines conditions, prononcer des
jugements par défaut (art. 22 du Statut).
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3. – Le caractère hybride de la procédure
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veillant, bien entendu, à ce que les droits fondamentaux des suspects et
accusés soient pleinement respectés.
19. Dans cette perspective, le RPP envisage, par exemple, tous les
mécanismes nécessaires permettant aux États de coopérer avec le
Tribunal tout en préservant leurs intérêts de sécurité nationale. Ainsi les
États peuvent-ils fournir des informations au Tribunal à titre strictement
confidentiel et sans devoir en révéler la source.
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II. – Les règles de compétence
20. La compétence du Tribunal est dictée par deux principes
généraux : la concurrence et la primauté (1). Elle peut s’étendre à trois
catégories de crimes : l’attentat du 14 février 2005 contre Rafic Hariri
et d’autres personnes (2) ; d’autres attentats survenus entre le
1er octobre 2004 et le 12 décembre 2005 (3) ; et les attentats ayant eu
lieu à toute autre date ultérieure (4).
i) se dessaisir en sa faveur ;
ii) lui transmettre tous les dossiers y relatifs ; et
iii) lui présenter une liste des personnes détenues dans le cadre de
cette affaire.
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23. Sur base de ces éléments et des réquisitions du Procureur, le
Juge de la mise en état doit ensuite décider si ces personnes détenues
doivent être transférées au Tribunal ou remises en liberté.
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ii) l’ONU et le Liban ont accepté la compétence du Tribunal, et
ce avec l’assentiment du Conseil de sécurité.
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III. – Les principaux acteurs de la procédure
Tirant les leçons de l’expérience des Tribunaux ad hoc et de la
CPI et tenant compte, en particulier, de la procédure pénale libanaise, le
RPP confie aux principaux acteurs du procès – à savoir, le Juge (1), le
Procureur (2), le Chef de la défense (3), le Greffier (4), l’accusé (5) et
la victime (6) – tous les pouvoirs leur permettant de jouer au mieux
leurs rôles dans la procédure, selon leurs intérêts respectifs.
1. – Le Juge
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Note.
iv) Les Juges d’instance et d’appel (art. 20, par. 2 & 21 du Statut
& 145 du RPP) : les Juges d’instance et d’appel disposent de
larges pouvoirs leur permettant de diriger les procédures aux
fins qu’elles se déroulent promptement et équitablement. Dans
cette optique, ils peuvent, par exemple : a) interroger eux-
mêmes les témoins avant qu’ils le soient par les Parties ;
b) écourter la durée des interrogatoires et contre-
interrogatoires ; et c) citer à l’audience des témoins et experts
qui ne sont pas appelés à la barre par les Parties.
– 18 –
Notes.
Note.
– 19 –
3. – Le Chef de la défense (art. 13 du Statut & 15, 22 & 57 à
59 du RPP)
– 20 –
5. – L’accusé (art. 98, 144 and 170 du RPP)
37. L’accusé est appelé à jouer un rôle actif dans le cadre de son
procès. En effet, il est autorisé à prendre spontanément part aux débats
judiciaires. Ainsi, outre intervenir en qualité de témoin (devant alors
prêter serment et se soumettre au contre-interrogatoire du Procureur),
l’accusé peut :
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IV. – Le déroulement de la procédure
40. La procédure se déroule en sept phases : l’enquête (1) ; la
confirmation des actes d’accusation (2) ; la comparution initiale et le
plaidoyer de culpabilité (3) ; la mise en état (4) ; le procès (5) ; la
détermination de la peine (6) ; et l’appel et la révision (7). Cette
présentation n’envisage pas le cas de la procédure par défaut qui sera
traitée ultérieurement au point VIII.
Procureur Enquête
Chambre Comparution
d’instance initiale
Plaidoyer Plaidoyer
coupable non coupable
Acquittement Condamnation
Fixation de la
peine
Chambre
Appel
d’appel
Révision
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1. – L’enquête (art. 61 à 67 du RPP)
Caractéristiques
Note.
Déroulement
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du Tribunal depuis mars 2009. Il prend toutes les mesures nécessaires à
cette fin, dont : (i) convoquer et interroger les suspects (après avoir, le
cas échéant, demander leur transfert au siège du Tribunal) et ; (ii) avec,
le cas échéant, l’autorisation du Juge de la mise en état, effectuer des
perquisitions, saisir des éléments de preuve ou délivrer des sauf-
conduits.
47. Pour mener ses enquêtes, le Procureur est assisté par des
enquêteurs et experts. En cas de nécessité, il peut solliciter l’aide des
autorités libanaises ou d’autres États selon les modalités de coopération
fixées avec eux.
Notes.
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ii) L’accusé peut choisir d’assurer lui-même sa défense.
Dans l’intérêt de la justice et de la tenue d’un procès
équitable et rapide, le Juge de la mise en état ou la
Chambre peuvent toutefois imposer un conseil à
l’accusé aux fins de le représenter ou de l’assister de
quelque manière que ce soit. Dans la pratique, il sera
souvent difficile – voire impossible – pour l’accusé
de se défendre lui-même, vu la complexité des
affaires relevant de la compétence du Tribunal et des
procédures applicables devant celui-ci (art. 59, par.
F) du RPP).
Caractéristiques
Déroulement
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Règlement concernant le droit applicable. Avant de rendre sa décision,
la Chambre d’appel doit entendre le Procureur et le Chef de la défense
en audience publique. L’’accusé pourra solliciter le réexamen de la
décision de la Chambre d’appel (art. 176 bis du RPP).
Caractéristiques
Déroulement
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61. S’il reconnaît sa culpabilité sur tout ou partie des crimes qui
lui sont reprochés, les débats ne portent plus à leur égard que sur la
détermination d’une peine. La Chambre d’instance doit s’être toutefois
préalablement assurée de la sincérité et de la validité du plaidoyer. S’il
plaide non coupable, le procès se déroule selon la procédure habituelle ;
les Parties présentent leurs éléments de preuve sur la culpabilité et, le
cas échéant, sur la peine.
Note.
Caractéristiques
Déroulement
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64. Doté des pouvoirs notamment de coordonner les échanges
d’éléments de preuve, de prendre toutes mesures nécessaires aux fins
d’assurer que la procédure ne soit pas inutilement retardée et d’inviter
les Parties à s’entendre sur certains points, le Juge de la mise en état
prépare l’affaire et fait ainsi en sorte qu’elle soit entendue
équitablement et promptement.
Caractéristiques
Note.
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compte de laquelle ils témoignent. Ils doivent prêter serment
avant de déposer (art. 150 du RPP) et, s’ils ne disent pas la
vérité, peuvent être poursuivis pour faux témoignage (art. 152
du RPP).
Déroulement
Note.
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72. Les Juges peuvent appeler à la barre des témoins et experts
n’ayant pas été appelés par les Parties. Les victimes ou leurs
représentants peuvent également citer des témoins et experts (après y
avoir été autorisés).
Caractéristiques
Déroulement
– 30 –
Note.
Caractéristiques
Déroulement
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85. En cas de découverte, dans les délais fixés par le RPP, de
nouveaux éléments de preuve décisifs et qui n’étaient pas connus lors
du procès, les Parties peuvent demander la révision de la
condamnation, de l’acquittement ou de la peine prononcée.
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V. – La participation des victimes
86. Le RPP définit de façon stricte les notions de « victime » et de
« victime autorisée à participer à la procédure » (1). Il détermine avec
précision les modalités de participation de la victime (2) et confie à une
section spécialisée le soin de lui fournir toute l’aide nécessaire (3).
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ii) le Juge de la mise en état peut limiter le nombre de victimes
appelées à participer à la procédure et leur imposer de se
regrouper sous l’égide d’un représentant légal commun ;
iii) n’étant pas, à proprement parler, partie à la procédure, la
victime ne peut citer des témoins à la barre, soumettre des
éléments de preuve, interroger et contre-interroger des témoins
ou déposer des requêtes et mémoires, qu’après y avoir été
autorisée par la Chambre ; et
iv) au stade de la détermination de la peine, et de manière à
préserver les droits de l’accusé, la victime ne peut faire valoir
son point de vue que sur l’incidence des crimes sur sa situation
personnelle. Elle ne peut donc recommander la fixation d’une
peine déterminée.
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VI. – L’administration de la preuve
93. L’administration de la preuve est gouvernée par quatre
principes essentiels (1). En outre, aux fins de garantir la protection des
droits de l’accusé, les éléments de preuve doivent, en principe, être
débattus oralement à l’audience (2). Toutefois, s’inspirant de la
procédure libanaise, pour faciliter la découverte de la vérité, le RPP
admet également la prise en compte d’éléments de preuve écrits (3).
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victimes (ou leurs représentants) peuvent les interroger et les contre-
interroger dans les limites fixées par le RPP. En d’autres termes, les
éléments de preuve doivent, en règle générale, être discutés
contradictoirement et publiquement.
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conformes à ses dires ; et b) accepte d’être contre-interrogé si
l’autre Partie l’exige ;
iv) les déclarations écrites d’un témoin indisponible et les
comptes-rendus de ses dépositions ne sont admissibles que si
les Juges sont convaincus que : a) le témoin est bel et bien
indisponible ; et b) ses déclarations ou comptes-rendus sont
fiables.
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VII. – La coopération internationale
98. Seuls le Liban (1) et les États qui se sont engagés à porter
assistance au Tribunal (2) sont tenus de coopérer avec lui. En revanche,
les États tiers n’ont, en principe, pas d’obligation vis-à-vis du
Tribunal (3). Toutefois, aux fins de surmonter cette faiblesse et de
renforcer la coopération internationale, le RPP envisage différents
mécanismes (4).
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104. Au cas où des demandes d’information, de coopération ou de
dessaisissement leur sont adressés et qu’ils n’y répondent pas, le
Président peut toutefois engager des consultations avec les autorités
concernées de ces États.
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VIII. – Les procédures en l’absence de l’accusé
106. Comme les États tiers ne sont en principe pas tenus de
coopérer avec le Tribunal, celui-ci pourrait se trouver dans une impasse
si des accusés séjournant sur leur territoire n’étaient pas transférés au
Tribunal. Pour remédier à cette situation, deux types de procédure sont
envisagées : les mesures alternatives à la détention (1) et la procédure
par défaut (2).
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109. Par ailleurs, le RPP a explicitement exclu que soient qualifiées
de procédures par défaut les situations où l’accusé n’est pas
physiquement présent au procès mais :
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IX. – La protection des informations
confidentielles et sensibles
111. La poursuite et le jugement d’actes de terrorisme exigent que
le Tribunal puisse prendre toutes les mesures nécessaires aux fins
d’assurer la protection des victimes et témoins appelés à comparaître
devant lui (1) ainsi que des intérêts légitimes des États et des
organisations internationales amenés à lui fournir des informations
sensibles (2). Ces mesures doivent, bien entendu, être prises dans le
respect des droits de l’accusé.
114. Une section d’appui aux victimes et aux témoins est instituée
au sein du Greffe. Elle exerce deux fonctions principales :
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2. – La sécurité nationale (art. 117, 118 et 119 du RPP)
115. Le Juge de la mise en état peut prendre des mesures aux fins
d’assurer la protection des intérêts légitimes de sécurité d’un État ou
d’une organisation internationale. Ce faisant, il doit toutefois veiller à
ce que ces mesures ne portent pas atteinte aux droits de l’accusé. Le
RPP envisage deux cas de figure et propose, pour chacun de ces cas,
des mesures visant à maintenir cet équilibre délicat :
ii) lorsqu’une partie possède des informations qui lui ont été
communiquées à titre confidentiel et que leur
communication est de nature à porter atteinte à la sécurité
d’un État ou d’une entité internationale, ces informations
et leur source ne sont pas divulguées à la partie adverse
sans le consentement de la personne ou de l’entité qui les a
fournies. Deux hypothèses doivent alors être distinguées :
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- la partie qui les a reçues peut alors les communiquer et
les présenter comme élément de preuve ; et
- si ces informations sont présentées comme élément de
preuve au procès, ni le Juge de la mise en état ni la
Chambre d’instance ne peut : ordonner la transmission,
par l’État ou l’organisation internationale concerné,
d’éléments de preuve additionnels ; et aux fins d’obtenir
ces éléments de preuve additionnels, citer comme témoin
un représentant de cet État ou de cette organisation
internationale ou ordonner sa comparution.
b) si l’État ou l’organisation internationale concerné refuse
de consentir à la transmission de ces informations à la
partie adverse :
- la partie qui les a reçues doit informer, de façon
confidentielle, le Juge de la mise en état de : l’existence
de telles informations sans toutefois en révéler le contenu
ni l’origine ; des mesures prises pour tenter d’obtenir le
consentement de l’État ou de l’organisation internationale
concerné ; des raisons qui justifient de transmettre ces
informations à la partie adverse ; et des mesures
compensatoires appropriées à prendre ; et
- le Juge de la mise en état peut ordonner des mesures
dites « compensatoires », dont le retrait d’un ou plusieurs
chefs d’accusation se fondant sur ces informations.
Notes.
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