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HYDROELECTRIQUE
EN ASIE
31 Avril 2011
L’hydroélectricité, énergie renouvelable des
pays émergents ?
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L’énergie hydroélectrique en Asie
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L’énergie hydroélectrique en Asie
soit la combustion de 7532 millions de tonnes de pétrole. Un foyer français consomme 2,75 GWh, et la
France consomme au total 276 millions de tonnes d’équivalent pétrole par heure soit 3.2 millions de
GWh. Ici on prend en compte également l’énergie pour le chauffage et le transport, pas uniquement
pour la production d’électricité. Cela nous donne tout de même une bonne estimation, pour l’énergie au
sens large.
FIGURE 1- EVOLUTION MONDIALE DE LA PRODUCTION D'ENERGIE, PAR MODE DE PRODUCTION (SOURCE : INTERNATIONAL ENERGY
AGENCY, 2009)
Nous allons dans cette étude nous intéresser au cas particulier de l’Asie dans ce secteur, et enfin mettre
en perspective la production d’hydroélectricité en Asie avec celles des autres énergies renouvelables.
C’est en effet l’Asie qui façonne l’avenir du marché de l’énergie mondial ; les installations de production
d’énergie ayant une longue durée de vie. Pour l’instant l’hydroélectricité est très largement la première
source d’énergie renouvelable, à 83%. Mais va-t-elle le rester ? Les prévisions de l’IEA nous disent que
cette part va baisser. Pourquoi ? Le cas asiatique peut nous éclairer sur la question.
Pour commencer, nous allons identifier les besoins et les ressources énergétiques asiatiques, en mettant
l’accent sur le fort potentiel hydroélectrique.
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L’énergie hydroélectrique en Asie
demande d’électricité par personne, se ressent de manière accentuée sur le marché de l’électricité. Les
gouvernements, face à ce défi, souhaitent limiter la croissance démographique, qui devient un obstacle
au développement. En effet, elle en dilue les bénéfices par tête et augmente les coûts des infrastructures
nécessaires pour soutenir cette croissance.
Quelles sont les prédictions démographiques à moyen terme, jusqu’en 2050 ?
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En 2050, la distribution de population mondiale sera la suivante (selon les prévisions du SASI
group (Sheffield) et de Mark Newman (Michigan))
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Cette hausse démographique a et aura des répercussions directes sur les besoins énergétiques des
populations. Selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), la consommation mondiale d'électricité
augmente deux fois plus vite que la demande d’énergie primaire, et le continent asiatique est le premier
moteur de cette consommation. En 2006, la consommation d'électricité en Asie était la suivante :
A titre de comparaison, si, en 2050, chaque habitant de la région Sud-Est de l'Asie consommait
la moitié de l'énergie consommée aujourd'hui par un Européen, cette région du monde aurait besoin à
elle seule de toute l'énergie actuellement consommée par le monde entier ! La comparaison avec un
Américain serait encore plus édifiante puisqu'il consomme en moyenne deux fois plus d'énergie qu'un
Européen.
1) Les avantages
L'hydroélectricité présente des avantages certains. L'énergie hydraulique est propre et naturelle.
Il n'y a en effet aucun dégagement de gaz à effet de serre, ni de production de déchets toxiques. La
technologie sous-jacente est connue et fiable. Elle est de plus peu onéreuse. Le rendement des
installations hydrauliques est également un facteur clé puisqu'elles sont en moyenne capables de
transformer 90% de l' énergie de l'eau en énergie mécanique.
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Les installations hydroélectriques présentent aussi l'avantage de limiter les crues. Les barrages
permettent de maitriser l'alimentation en eau des populations en capturant l'excédent d'eau en période
d'abondance, et en la délivrant en période de sécheresse. Les récoltes de riz sont dès lors mieux
maitrisées en évitant la sécheresse des cultures.
Il s'agit par ailleurs d'une alternative au charbon, réputé pour son impact néfaste sur
l’environnement. L'augmentation de l'usage de l'électricité a en effet engendré une hausse de la
demande de charbon. La Chine par exemple, a consommé 40% de la production mondiale de charbon
en 2008, selon l'Agence Internationale de l'Energie. Le charbon a permis d'assurer 65 % de l'énergie
primaire consommée en Chine, et 80 % de sa production d'électricité. Il est pourtant nécessaire de
réduire les dommages environnementaux causés par la Chine durant les dernières décennies, comme
l'affirme le Directeur général de WWF International, James Leape : « L’Empreinte Ecologique moyenne
par tête en Chine a récemment franchi le seuil considéré comme viable sur un niveau mondial moyen ».
On peut également citer l'avantage touristique d'un barrage en termes de lacs et de stations
balnéaires.
Il n'est pas évident de donner un ordre de grandeur du coût d'un barrage hydroélectrique car les
conditions de mise en œuvre peuvent varier significativement d'un site à un autre. Par ailleurs, les
spécialistes français d'EDF affirment que le temps de retour sur investissement d'un barrage
hydroélectrique est de 10 ans environ. A titre d'exemple, la construction du barrage chinois des Trois
Gorges avait couté 50 milliards de dollars. D'une hauteur de 185m pour 2km de long, il génère une
puissance de 18 200 MW d'électricité soit l'équivalent de 10 centrales nucléaires, grâce à 26 turbines
de 700MW chacune.
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Les ressources hydroélectriques du continent asiatique sont indéniables, comme l'illustre la carte
ci-dessous :
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L'une des ressources essentielles du continent asiatique est le fleuve Mékong. C'est le fleuve le plus long
d'Asie du Sud-Est. Il traverse ou longe six pays : la Chine, le Myanmar, le Laos, la Thaïlande, le
Cambodge et le Viêt-Nam. Les enjeux hydroélectriques sont considérables : le Mékong peut
potentiellement produire 58 000 MW d'électricité par an. Le Laos – appelé le « Château d'eau » de la
région – et le Cambodge détiennent respectivement 50% et 34 % du potentiel hydroélectrique total du
fleuve, suivis par le Viêt-nam et le Myanmar.
En Chine par exemple, la quantité totale de ressources hydriques est d'environ de 2 812,4
milliards de m3, soit 5,8% de celles du monde, ce qui classe la Chine au sixième rang mondial des pays
ayant les plus grosses ressources en eau. Plus de 50 000 cours d’eau ayant une superficie de bassin
versant supérieur à 100 km2 sont comptabilisés en Chine, parmi lesquels 1 500 ont un bassin versant de
superficie supérieure à 1 000 km2. Le premier fleuve d’Asie et troisième fleuve du monde, le Yangzi
(Changjiang) est situé sur le territoire chinois. Il existe de fortes disparités de ressources en eau à
l'intérieur de la Chine, comme le montre la carte suivante. Cela n'empêche pas la Chine d'être le leader
incontesté de l'énergie hydroélectrique, comme nous allons le voir dans le prochain paragraphe.
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La moitié des plus grands barrages de la planète sont situés en Chine. La Chine veut augmenter
sa capacité de production de 50% à 300 gigawatts d'ici 2015. C'est en tout cas ce qu'a révélé le
douzième plan quinquennal « vert ». La Chine veut créer une «décennie en or» pour le secteur
hydroélectrique du pays. «Cela signifie que chaque année, l'équivalent d'un nouveau barrage des Trois
Gorges sera ajouté en Chine au cours de la prochaine décennie», a déclaré Shao Minghui, analyste chez
China Securities Post. Le barrage des Trois Gorges, situé à Yichang dans la province du Hubei, est le plus
grand du monde.
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En 2009, 14% de toute l’électricité produite dans le pays le plus peuplé au monde était
d’origine hydroélectrique. En 2010, les investissements de la Chine dans le secteur des énergies propres
ont progressé de 39% par rapport à 2009, atteignant 54,4 milliards de dollars en 2010.
L’investissement chinois représente plus de 27% de la part des investissements du G20.
La Chine est la première constructrice de barrages dans le monde. Elle reste le leader de
l'hydroélectricité même en dehors de son territoire, puisque les entreprises chinoises sont en train de
construire plus de cent barrages dans une quarantaine de pays. Il s'agit principalement de pays
asiatiques et africains. Huot Pongan, vice-ministre cambodgien de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie:
« Nous n’avons pas assez d’électricité. La Chine va se charger de ce travail pour nous. Nous n’avons pas
les moyens d’exploiter nos mines et nos minerais. La Chine, si ». La Chine a également remporté un
contrat de 2 milliards de dollars en Iran pour la construction d'un barrage hydroélectrique dans le Sud-
Ouest de l'Iran. C'est la compagnie chinoise Sinohydro qui s'en chargera.
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D'autres pays asiatiques, comme le Laos, tentent de tirer profit de leurs ressources hydriques. Le
Laos étant au carrefour de la Thaïlande, de la Chine et du Vietnam, l'exploitation des ressources
hydriques du Mékong est un atout géostratégique indéniable. La carte suivante représente l'ensemble
des barrages construits au Laos. Nous verrons au prochain paragraphe que le Laos revend une grande
partie de sa production hydroélectrique à ses voisins thaïlandais et vietnamien.
Au Cambodge, le chantier d’un premier barrage d'une puissance 246 MW sur la rivière Tata a
débuté en mars 2010. Le projet a été confié à l'entreprise chinoise China National Heavy Machinery
Corporation pour un montant de 540 millions de dollars. Un autre chantier a été entrepris en avril 2011
sur la rivière Russei Chrum Kraom par la compagnie chinoise China Huadian Hong Kong Limited. La
puissance du barrage est estimée à 338 MW et son coût à 496 millions de dollars. Une trentaine de
projets similaires sont en préparation au Cambodge. Il s'agit d'un enjeu crucial pour ce pays car seuls
20% des ménages cambodgiens ont un accès fiable à l’électricité. Les écarts de tarif entre la ville et la
campagne sont impressionnants, l'électricité est en effet presque quatre fois plus cher dans la campagne
cambodgienne.
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Les projets de barrages sur le Mékong sont nombreux, mais les problématiques
environnementales – explicitées dans la dernière partie de ce mémoire – ont tendance à reculer le début
des travaux.
Dans le cadre du projet des 11 barrages construits sur le Mékong, l'un d'entre eux serait installé au
Cambodge à Sambor et réalisé par la China Southern Power Grid Company. Sa puissance pourrait
atteindre 2600 MW, et permettrait au Cambodge d'exporter son électricité vers la Thaïlande et le
Vietnam.
Concernant les accords commerciaux d'ores et déjà effectifs, le Laos a signé en 1993 un accord
prévoyant l'exportation vers la Thaïlande de 1 500 MW d'électricité par an à partir de 2010. Cet
accord doit durer 20 ans, et le tarif de revente de l'électricité est très avantageux. Mais la Thaïlande est
dès lors dépendante de l’électricité importée de la République démocratique populaire du Laos... Les
liens entre la Thaïlande et le Laos sont devenus encore plus étroits à la suite du projet du complexe
hydroélectrique de Nam Theun 2 au Laos inauguré en décembre 2010. En effet, ce complexe construit
par EDF contient 4 groupes turbo-alternateurs de 250 MW qui alimentent le réseau électrique de la
Thaïlande, et 2 groupes turbo-alternateurs de 37 MW pour la production d'électricité nationale.
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Le Laos a également conclu un accord d'une durée de 30 ans avec le Laos dans le cadre du
projet de la centrale hydroélectrique Xekaman 1. Elle est située dans la province d'Attopeu au Laos, son
installation va couter 441,6 millions de dollars, et elle sera opérationnelle dès 2015. 80% de la
production d'électricité qu'elle dégagera sera destinée au Vietnam et les 20% restants au pays hôte, le
Laos.
Les barrages sont les plus anciennes sources d’énergie renouvelables, c’est une technologie mûre,
relativement fiable et rentable. Cependant, différents problèmes liés à l’installation de grands barrages
ont fait émerger des polémiques assez violentes : le barrage des trois gorges y est d’ailleurs pour
quelque chose. Maintenant la question des externalités liées aux barrages fait rage, et, malgré tous les
avantages listés précédemment, ces problèmes remettent partiellement en cause les projets
hydroélectriques asiatiques.
Il est entendu qu'on s'intéresse spécifiquement au barrage des trois gorges, dont le gigantisme a
forcément pour conséquence des externalités beaucoup plus grandes que pour d'autres barrages.
Intéressons-nous tout d’abord aux externalités ayant des conséquences directes sur le fonctionnement du
barrage. Ainsi, en amont du barrage, le dépôt de sédiment envase le réservoir et réduit peu à peu son
rendement. Pour le barrage des trois gorges, ce problème d’envasement, mal quantifié, pose un certain
problème : 526 millions de tonnes de sédiments traversent chaque année le barrage, et 8,6 millions se
déposent au fond du réservoir. Malgré les aménagements prévus d'évacuation des sédiments, les
autorités chinoises évaluent une diminution de 8 à 12% de la capacité totale à long terme de la
centrale.
Par ailleurs, toujours en amont du barrage, la création même du réservoir implique d’inonder une vaste
zone. Pour le barrage des trois gorges, cela a impliqué l’inondation de 600 km2 de terres agricoles et
de forêts, et le déplacement de plus de 1.8 millions d’habitants sur plusieurs grandes villes et villages.
En aval, le barrage amène des changements écologiques importants : l’écosystème est bouleversé par
plusieurs phénomènes :
- Le barrage constitue un obstacle à la migration des espèces marines. Ainsi, le barrage des trois
gorges est la cause principale de la disparition ou de la quasi extinction de plusieurs espèces : le
dauphin chinois a disparu en 2006, l’esturgeon est en passe de l’être. La biodiversité est
clairement mise en danger par le barrage.
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- Le barrage réduit grandement la quantité de sédiments sur tout l’aval du fleuve. Ainsi, tout en
régulant les crues (un des objectifs de la construction du barrage) cela conduit le fleuve à creuser
son lit, à éroder les bords du fleuve, terres arables très fertiles et écosystèmes privilégiés de
nombreuses espèces animales et végétales, comme les grues de Sibérie, espèce mise en danger.
L’érosion va par endroits jusqu’à 4km/an.
- Par ailleurs, la faiblesse du débit en hiver aggrave peu à peu la remontée des nappes salées à
l’intérieur du delta du fleuve, modifiant encore plus l’écosystème fluvial, et nécessitant un
drainage du trop-plein de sel. L’actuelle prolifération des mauvaises herbes aquatiques et des
algues peut être imputée au barrage, cela est reconnu par les autorités chinoises.
- Enfin, depuis l’ouverture du barrage, la quantité d’alluvions, fertilisant naturel des terres, a
diminué d’un tiers.
Comme nous l’avons signalé précédemment, la création de la retenue d’eau du barrage a nécessité le
déplacement de plus d’1.8 million d’habitants. Cette opération délicate a été très mal gérée par les
autorités chinoises, ce qui a attiré nombre de critiques nationales et internationales. L’opération de
relogement n’a été accomplie qu’à moitié, sans réelle compensation. Ainsi les 40% de citadins déplacés
ont dû quitter leur maison pour être relogés plus loin dans de grandes barres d’immeubles, sans
compensation financière suffisante d’après les nombreux contestataires. Les 60% de paysans n’ont été
relogé que pour moitié, dans des villages situés au-dessus du réservoir, sur des terres de même
superficie, mais bien moins fertiles, et dans des conditions plus difficiles.
L’inondation de 600 km2 a impliqué l’engloutissement définitif de nombreuses villes, et d’un passé
historique et archéologique énorme : plus de 1300 sites archéologiques sont désormais sous les eaux. Les
autorités chinoises n’ont quasiment jamais prévu de plan de sauvegarde de ces sites.
Tout cela a créé de fortes tensions sociales dans la région, et beaucoup de pauvreté, le tout sans
consultation des personnes concernées. Malgré les avantages certains du barrage en termes de maîtrise
des crues et de navigabilité du fleuve, la population locale peine à recevoir les bénéfices du barrage,
surtout parmi la classe paysanne pauvre. Les nouvelles conditions de navigabilité, qui permettent à des
navires de fret de plus gros tonnage de naviguer, profitent surtout à la grande ville de Chongching, plus
éloignées, à la population ouvrière et plus riche.
Enfin, la construction d’un barrage aussi gigantesque fait peser un gros risque sur toute la population
située en aval. La rupture du barrage provoquerait une gigantesque inondation qui balaierait une
énorme zone d’habitation, faisant potentiellement des millions de victimes et détruisant plusieurs villes,
dont Changsha et Wuhan, comptant plus de 9 millions d’habitants. Ce risque n’est pas nul, d’autant que
le poids de l’eau contenue dans le réservoir fait peser des contraintes sismiques importantes sur le sous-
sol déjà instable, augmentant le risque de séismes. Le barrage a été conçu pour résister théoriquement à
un séisme de magnitude 7, mais différents scandales sur des malfaçons de construction peuvent laisser
penser que cette résistance devrait être revue à la baisse. D’importantes fissures ont été repérées
récemment sur le barrage, apparemment dues à un béton mal calibré.
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Pour faire le bilan de la construction du barrage des 3 gorges, il ne répond même pas à l’objectif
originel de couvrir 10% de la consommation nationale d’énergie. Aujourd’hui sa production correspond
plutôt à 3%, pour une production totale de 85 TWh par an.
Le barrage des 3 gorges, considéré par de nombreux observateurs internationaux comme un des plus
grands échecs de la politique énergétique chinoise, a partiellement modéré l’enthousiasme de nombreux
gouvernements pour l’hydroélectrique, et a conduit à l’union progressive des populations contre les
projets de barrages, de plus en plus mal vus. Les externalités que ce barrage a causées sont en effet
communes à la plupart des grands projets de barrages.
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La construction de grands barrages est aussi vue en Asie comme un signe de développement et une fierté
nationale, vision de plus en plus contestée mais toujours très présente chez les gouvernants.
Malgré les tensions et les problèmes créés par les barrages, la politique ambitieuse d’équipement
hydroélectrique va continuer en Asie, certes avec plus de difficultés qu’avant. Les gouvernements
asiatiques évitent le plus possible de payer les coûts des externalités, via ce que de nombreux
observateurs internationaux qualifient de violations des droits de l’Homme, et la destruction de
patrimoine historique et biologique. Mais la nécessité de répondre aux besoins est la plus grande, et il
est vrai que l’hydroélectricité pollue moins directement que le charbon et le pétrole. Pour autant qu’elle
est une énergie renouvelable, elle entraîne d’autres problèmes.
La question hydroélectrique est difficile, et souvent confisquée par des lobbies divers dans des débats
contestables. Effectivement l’exploitation à grande échelle d’énergies renouvelables a ses externalités,
tout comme d’autres modes de production d’énergie, et il faut faire un arbitrage économique des coûts
afin de trancher. Il n’est pas possible de limiter l’augmentation de la production d’énergie, et il faut
choisir entre les énergies fossiles polluantes, l’énergie nucléaire et l’énergie hydroélectrique.
Les autres énergies renouvelables, trop chères pour les pays en voie de développement, ne sont pas une
alternative possible. Si l’on met la priorité sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ne reste
plus comme options que le nucléaire et l’hydraulique. Or c’est en effet ce vers quoi se dirigent les pays
asiatiques à long terme, en s’appropriant des technologies occidentales.
Il faut bien entendu faire pression sur les pays asiatiques pour qu’ils prennent en compte les externalités
causées par leurs barrages, mais il est hors de question de les décourager d’investir leur avenir dans
l’hydroélectricité. C’est pour eux le seul avenir renouvelable possible, et le chemin vers un
développement non polluant. Ce qu’il convient de décourager, c’est la démesure des projets, qui
augmente les problèmes, les risques et les inconnues. On arrive à la limite des rendements d’échelles, et
mieux vaut plus de barrages plus petits que quelques barrages de la taille du barrage des trois gorges.
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