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CAA Bordeaux 2007 « Dornbusch » fait application du régime de la responsabilité sans faute de l’Etat
du fait des attroupements et rassemblements, pour la 1e fois.
L’originalité est que le texte qui régit cette responsabilité sans faute est une disposition législative
issue du CGCT (al 1 définition large, al 2 possibilité d’action récursoire de la part de l’Etat contre les
communes). Quid de l’application en milieu pénitentiaire d’une disposition du CGCT. Le CAA répond
par l’affirmative en retenant une lecture séparée des 2 articles. Normalement, cette responsabilité
suppose que les personnes qui se réunissent disposent d’une liberté d’aller et venir qui est entamée en
milieu pénitentiaire.
L’impulsion décisive provient du conseil de l’Europe (droits des détenus). C’est grave à la CEDH que
les droits de l’homme ont obtenu un droit de cité dans les prisons. CEDH 1984 « Campbell c/ RU » :
“la justice ne saurait s’arrêter à la porte des prisons ».
L’autre facteur, c’est une action non contraignante, les règles de « soft law » qui proviennent d’une
recommandation du comité des ministres du conseil de l’Europe sur les règles pénitentiaires
européennes adoptées en 2006. (Facteur d’incitation qui a pour objectif de mettre en place une
politique criminelle commune du conseil de l’Europe). Son but est de permettre la réinsertion des
prisonniers de la société civile (préserver la santé physique et mentale, préparer la réinsertion sociale).
C’est un instrument de référence (Réforme de l’isolement carcéral par un décret de 2006 est motivée
par le respect de ces règles pénitentiaires européennes). La CEDH les prend parfois en considération
(CEDH 2006 « Ramirez- Sanchez c/ France » condamnation concernant l’isolement carcéral). Le
DEDH fait figure de prisonnier en matière de protection des droits des détenus (activité législative et
juridictionnelle).
C’est une autorité spécialisée chargée de contrôler les lieux d’enfermement en vue de s’assurer
que les droits des personnes privées de liberté sont respectés. Cela permet à la France de se conformer
à ses engagements internationaux. Cela intervient aussi à un moment où les contraintes sociales sont
très importantes (état de vétusté, manque d’hygiène dans les prisons).
Au 1e octobre 2007, il y a avait 61 000 détenus pour moins de 51 000 places dont 31 000 en maison
d’arrêt (≠ centrale : établissements de peine). Il y a donc un besoin pressant d’amélioration.
C’est une autorité administrative indépendante qui n’a pas de personnalité juridique propre, mais qui
dispose d’une certaine autonomie.
Cela concerne tous les lieux d’enfermement : garde à vue, prisons, établissements de santé
recevant des personnes sans leur autorisation ( hôpitaux psychiatriques par exemple), futurs centres de
rétention de sûreté.
Ses pouvoirs :
Question : quelle est sa place ? était il nécessaire de l’instituer ? Il existe déjà 4 instances qui
sont habilitées à intervenir : HALDE, défenseur des enfants, médiateur de la république, commission
nationale de déontologie et de sécurité (interférences entre elles, mais le contrôleur peut être saisi par
elles).
B/ La rétention de sûreté
1/ Le dispositif législatif
A/ La définition
Le principal grief soulevé par les requérants (60 députés + 60 sénateurs) était tiré de la
méconnaissance de l’a 8 DDHC (principe d’égalité des délits et des peines, dont la non rétroactivité
des lois nouvelles : principe à valeur variable : législative voire constitutionnelle en matière pénale). Ils
qualifient la rétention de sûreté de peine. Par conséquent, si elle s’applique à des détenus antérieurs à
la loi, c’était une application rétroactive, ce qui est interdit. Et à titre subsidiaire, si la rétention de
sûreté n’est pas considérée comme une peine, on doit l’appréhender comme une atteinte d’une rigueur
non nécessaire à la liberté.
La rétention de sûreté constitue une privation de liberté individuelle qui va pouvoir être confrontée à
l’a 9 DDHC, et 66 C.
Le CC concilie d’une part la prévention des atteintes à l’ordre public et la recherche des auteurs
d’infraction et d’autre part l’exercice des libertés constitutionnellement garanties.
Le CC affirme que les mesures non punitives doivent être justifiées par une menace réelle pour l’ordre
public, ainsi que le respect du critère de la rigueur nécessaire.
Jusqu’en 1995, les détenus ne disposaient pas de droit de recours puisque la plupart des décisions dans
ce milieu étaient des mesures d’ordre intérieur. Selon le TC, le juge administratif était compétent pour
connaître des recours formés contre les décisions de l’autorité pénitentiaire. Le CE a décliné la
proposition, et l’a déclaré de mesure d’ordre intérieur, donc non susceptible de recours. Ainsi, il existe
un juge compétent, mais il refuse de connaître du litige (déni de justice)
2 motifs :
- adage « de minimis non curat praetor » : les litiges de faible importance n’intéressent pas le juge.
- Admettre le recours des prisonniers, militaires, forces de l’ordre, remettait en cause l’autorité
hiérarchique nécessaire au bon fonctionnement de l’institution.
Evolution : le JA a fait reculer les frontières de mesures d’ordre intérieur et donc des actes non
justiciables. De 1995 à 2007, il y avait des décisions ponctuelles, mais on ignorait les critères des
mesures d’ordre intérieur.
Il s’agit d’un important revirement de jurisprudence. Pour admettre que ces mesures font grief,
le CE retient dans« Hardouin » que la mise aux arrêts a des effets directes sur la liberté d’aller et de
venir du fonctionnaire en dehors du service. Cette punition aura des conséquences sur l’avancement ou
le renouvellement des contrats d’engagement du soldat. Dans le cadre de« Marie », le CE admet la
recevabilité du recours eu égard à la nature et à la gravité de la mesure.
Par certaines décisions isolées, le conseil d’état avait amorcé cette décision
Revirement de jurisprudence encouragé par la CEDH
Angleterre).
Evolution sociologique notable des milieux pénitentiaires et de l’armée qui se sont engagés à
mieux reconnaître le droit des individus et à s’ouvrir à un contrôle extérieur.
Avant ces arrêts, les mesures d’ordre intérieur en prison et à l’école (CE 1992 : « Kherouaa »)
Critères tirés de la nature et de la gravité de la mesure. Avec une application intéressante par
CE 2003 « ministre de la justice c/ Remli » : arrêt de revirement qui admet qu’un détenu peut contester
la mesure visant à le mettre à l’isolement.
L’intérêt, c’est qu’ils conduisaient à soumettre au CE des actes que le juge n’avait pas encore
qualifié (transfert d’une centrale vers une maison d’arrêt « Bassouar », déclassement d’emploi «
Planchnault »). Les CAA saisies ont retenu des positions diamétralement opposées : juridique pour «
Bassouar » et casuistique pour « Planchenault ».
Solutions retenues au fond par le CE. Dans l’arrêt « Bassouar », le commissaire du gouvernement
souligne le taux d’occupation des maisons centrales et d’arrêt (problème du confort du détenu). Les
centrales sont plus adaptées au développement de la vie sociale du détenu (travail). Compte tenu du
changement de situation, la mesure est considérée comme faisant grief et donc souffre d’une
présomption irréfragable.