You are on page 1of 47
Docteur J. LACAN Sérdinaire du 29 juin 1955 . . fe . Co que je vais vous dire 1A, d'abord, est en préamoule, en merge du séminaire. Ce ne peut étre qu'une perenthése, car nots ne sommes pas 1& pour faire de l' exégtses ¢a se ratteche quand nfme & notre question. Dens cette pénultitme réunien, je vous ai interregé avec un succ’s nélangé; ctest une séence qui a porté dos effets divers dans ies esprits’ de ceux qui y ont pertielp n : my. Stosptreque meintenent vous avec compris quels aval}? ets pour mol le sens et 1a fonction + Of était une fagon dace eorder mon instrument & ce cue jlevais & vous dire la servi & dernidre fois. Stespére que ga n'e pag seulement moi, mais & vous. Mais enfin j'ai reveny - sans n'y arréter sur Llinstant, parce quojdu train oh elieient les choses, si je vous avals suivi sur ce terrain, ge nous surait do: né éncers plus le sentinent d'aberration! - qu'est~-ce que vous ever voulu ne dire, quand vous mlavez dit que le yer verset de Scint~dcen, c'était le ashen — hévreu? eur quot yous fondes-vous pour nla oir dit ga ? méme sfirement moins } x4 Se ee ce uu Le -2- Mors, ne vous troubloz pas, et dites-mol pourquoi vous miavez dit que le verbum était le dobar hébren ? Gulest-ce qui vous permet de le dire, étent donné quo 1'Evangile de Saint-Jem était gertt en Gree ? Eh bien, d'abord, je diral qu'il y aun fait a priort qui nous engege & penser cela y ped (Mujourd'hui, on boucle certains petits comptes. Et je vais vous dire tout & l'heure ce que nous comptons faire). Dabord le sens. Je ne dois pas expliqer le sens de cola ? Ttespsne bien gw ste i He Go ntest done pas gala question que vous posez. Je dirai d'abord cecil... ren D'abord 1a question philologiques celle quiv ous pemet ; de dire...S'41 est bien certaing ue St-Jean a gcrit en rec, 41 n'est pasdu tout obligé qu'il zpnuatk pensSt on Grec, ot 7 que son logos fit le logos babjlonion, par exemple. Vous dites qu'il penseit le dobar hébreu. Dites-mot Pourquoi, ? Parce que ga n'est tout de néme pas la soule fagon de dire, en hébreu. , De dire 7? De dire le quelque chose justement qui eést le sens du sdebar, ; : Logos} oui, évidernent, ce n'est pas le seul motif. Pour résumer le question, je dirat ceci : on/trcuve dens St-Jean eucun concept vraiment platonicien.¢ test un faite Je Pourrais vous le démohtrer. Ce qui ast intéressent, c'est quien général logos... & Aces XXI Qui eat~ce qui vous parle de concepts platoniciens ? La derniére fois, su monent of je miarrétais sur ce verbun on sorme, pour vous dire que le verbum o'était un mot qui “avait été choisi par Saint Jérém ~- si mes souvenirs sont pons, clest lui qui a feit la traduction ~ » Ow Peu importe. Verbum, clest-B-dire le mot que j'ai Elle existait adja. rapproché, dans cette occasion, de l'usage latin, qui nous cat assez inaiqué par l'usege quien fait j par exenple; Saint Augustin dens le De sirnifleatione que nous avons conmenté l'année derniére. En sonme, je faisais une simple allusion 8 une sorte d'axiomatique, préalable mére su fick, méme au fiat de la genése. Je posais une question. Je n'al pes dit que cola réscl; vait. : Mais vous devez miewt sentir maintenant toutes les in- plications que gz a, aprés ma dernibre conférence. 0 était A propos de cela que Je suggérais que le vefbun était peut-8tre quelque chose a'amtérieur & toute parole, méne & le premitre parole de la création, "in principio erst verbun". i fy Et la-dessus, vous me dites, comme une objection, que ulest le dabar hébreu. ‘ Ctost que vousa vez dit "au commencenent était le langage”, vous avez traduit comme ga. A quoi Leslaire a dit : "pss lo langage, meia la parole }* . Chest do cela qtil g'agieselt. Eh jiai ait : "oul clest trés nettement la parole, ct bas le langage"+ D'oh tirez-vous le daber? TL y.a deux questions : atabord, que ce soit le dabar quitl y a sous le lores de Saint-Jeenj ot ensuite que le dabar veutlle dire plus la "parole" qu! autre chose. | ' Mors: treitez ces doux questions. Pourquoi pensez-vous : que clest le debar 7 ; i Pour deux motifs. Le premier, est que c'est une citation implicite tras nette du début de le Sense. 7 fy aéput de a Gendse, nous avons, eu verset 3+ "fiat lux", préciaément; varomBx. Co n'est pas autout dedar, varonSy. Clest méme exactement le contraire.Clest 12 que je veux vous amcnere dh non! Ce n'est pasexectenant le contrd ret Bxpligquez-moi en quoi } TL y a une tradition rabinique, qui a un pew substantivé co Zéme verset de la Genése, en quelque chose comme une entité, si vous voulez, médiatrice entre le Créateur et la eréation, et ce qui serait 1a parole, come il y ata Bagesses Mais ce qui est certain, c'est que dens toute ls ; tradition biblique - ( jtexplique d'ebord un peu le sens, ga va mieux pour montrer pourquot jlinterpréte en ce sens-l& St-Jean ausd ) - mange ebsolunent le concept de batio, de logos ay sens grec. Stest ve que Boutmann a montré par des analyses tres profordes} que par exemple le concept A'univers n'existe pas dans la tradition piblingue, ils — hacen XI a ene ntti A . — -5- ntent pos co sens de monde déterminé of toutes les choses: se produisent par un certain déterminisme; chez eux, manguo sbsolurent co concept de loi fixe, déterminée, mr laqelle tout stenchaine, et co qui est vreiment le sens finalement du concept grec de logos, c'est la rationelité du mondo, le monde qui est done considéré come un tout dens’ lequel tout so produit d'une fagon enchatnée, Logique. Co qui fait aussi la philosophie aristotélicienne, finalement, les quatre causalités, vent ! wi doife liver conment méme le mouvenent se réduit & un ordre statique déterminé. ce Par exemple , les Hébreux disent toujours, au Hen atunivers, 1d somme des choses; ou : le ciel, et la terre, et tout da. Mais ils n'ont jamais ce concept rationnel. Zls ne ponsent pasdans des concepts statiques, des concepts easontia~ Listes. C'est uno cose qui est absente do lour fagin de penser. Est-co que vous croyes, aprés avoir onteniu ma conférence, que je vise - quand je parle d'un ordre symbolique tout & fAlt radical - ce jeu des places, cette conjecture initisle, ce Jou conjecture) primordial, qui est tout & fait é'avant le Aéterminisme, d'avant toute espéce de notion de 1'univers, conme rationalisé, qui est -(si Je puis dire)- le raticnnel avant sa conjonction avec le réel ? Est-ce que vous croyes que test ca que je vise ? Est-ce que ce sont Las quatre causalités, le principe dé raison suffisante et tout le bataclan 7- Nels si vous Gites "au début était le Langage", chest cosre une projéction rétrospective de la rationalité actuelle. Ti ne stagit pas que je le dise. Ge n'est pas mod, c'est Saint-Jean. Sacen 4 Laenn ? Lacen yon, 41 ne le dit pes. Amenez-vous, Pére Bernaort! Parco quion est en train atessayer de démonter la formation philologique de s+... Que les Sénites n'aiont pas fondomentalement 4! inspira- tion & 1e notion d'un univers cusel formé que 1'0, celuf, si yous voulez,dont 1e baton nous donne 1a préparation, dont gristote nous donne perfiitement le systéme fermé, d'accord Otest essentiollement on mouvement et sans lod rationnelle. Par exemple, ce qui arrive dans la nature, efest 1a parole de Dicu qui se réperoute dens la nature.C.ela démontre, si vous voulez, peut-on diro, que clest un univers animiste; n'importe Ctest un univers essentiellement pasédéterminé, pas rationnel, ‘un univers historique, si vous voulez, ok. tout se produit par dos initiatives personnolles. : oul, Mais d'abord.ca ne vout pas dire qu'4i n'est pes rationnel, du moment que c'est la parole qui le module. Je dirai : pas essenticliste. La oh je veux en venir, ctest cedi... Et vous, Pere Bernaert 7 Jal fait de 1'Eoriture Sainte, comme tout le monde | L'eatre jours m'a sorti una rribre-foné‘éu lonos de Saint-Jean, permettant le dsben nébreu.Clest ce qu'on vous enseigne ? 7 Ctest ce qui est dénontré par exemple par des études trés poussées, de pyltmenn, ete... Est-ce que. vous savez ce qu’a fait un certain Burnett 7 out. , : Il a étudié ce permier verset de Saint-Jean avec shenn Kx pesucoup dlattention. C'est un travail dont je vous reconmande in lecture. Jo n'ai ‘pas pu le retrouver depuis que vow m! avez folt cette objection. Mais son souvenir est trés précis, sq conclusion, tout au moins. Il dit que derriare le logos de Saint~ Joon clest le menmra aranéen qu'il faut = pposer. Ctest 1a méne chose que gabar en hébren, c'est le dabar un peu substentifié, rabinique, corme Je vous ai dit.. @atest-ce que vous voulez dire, on disant rebinique 7 La question n'est pas 1a. Clest-d-dire que plusieurs choses ont canduit & ce pre« nior verset. Vous avez certeinement la tradition de le création, de 1a Genése, puis la tendance de la pens$e rabinique 4 I cx- pliquer un peu En tout cas, je vais vous dire une chose. C'est que le Momma est beeucoup plus prés du Vahoxer, c'est la méne recine, Lextzere eat beaucoup plus proche du Yehoner du premier verset do la Genése. 7 Ecoutez, je vais vous dire ce quo jtai regardé, ilya une heure, clest dans le © Genegius sur ce que vout dire lo daber....Clest beaucoup plus prés do «..."duxit, locutus est" au sens de l'inpératif tout & fait incerné. Et mime ga va Jusqu'a la traduction "insiddatus est". Que voulez-vous dire par 12 7 Fae Clest dens le Cosenius; clest-2-dire "engagé}", "séduire"s onfin ga implique précieément tout ce quid y a ds cette pers~ Pective, précisézent, de gauchi, de vieds, de Advis, de edtournd, de corrompu essentiellement dans tout ce quiest une parole, au moment oh elle descend dans l'archi-temporel. ES eee ee eee Lites tasan taten Wkiy En tout cas, dobar est attesté dans... ° Eb ctest toujoure quelque chose & la fots de trds Limité, de tris précis et, comme tel, on fin de compte, “indi diatus est", do qu'il y a de leurrant;de trompeur. Mais non! Pestoujours $ Gtost 1e parole dens gon caractire Jo plus caduque, par rapport & ifamnara. _ on Nont Par example, le tonnerre est le parole de Dieu, ot pas dens 1e sens caduque, ga clest trés note Non, noni Clest un sens dérivé. Mais le promier sens niest pas celui~1a, Mais ga vow nontre vers-quoi il dérive. Ti peut dériver, éviderment, i1 pout dériver. Clest nettement attesté, : eS Que ga existe aussi ? Mais bien ofr ! Mais ga ne prouve Phen, que ca existe aussi } fais ga laisse tout de méne pendm te la question de : savoir. Rien ne nous permet d' identifier co debar avec Lenploz, nettons, en ‘effet problénatique, puisque on s'ya ttache assez, du leroa das le texte gree de Saint-Jean. Fh tout cas, une chose est certaine, qu'il faut exclure, car 31 est totalencnt absent, partout allleurs, le sens plato- nicien de loros. : “Mais ga n'est pas ga que je visais. a Ti no faut pas treduiye per Langage", de toute fagon. @e logos dont 11 s'agit - et je trouve 18° qu'il-ne faut pas négliger 1'irflexion que donne le yverbum latin; xm= — nous Pouvons en faize tout A fot autre chose que la raison des choses, rr meis précisément ce jeu do l'absence et de 1a présence est jxplétement primordial ence sens qu'il donne aéja son dadre «née ou fiat. Car, enfin, le fiot se fait ar un fond ‘de non= fait, d'absolunent antérieur & tout fiat . En d'atres termes, joerc qu’il n'esb pas impensable quo méme le fiat ne soit une chose seconde; mine la parole, méme ld perole eréatrico la plus originells : : Oui. Mhis, je aired qu'on se place 18 au début de L'ordre historiqie temporel; mais on ne va pas, come vous in- simiez, au-dela. Clest une chose absente. . ‘ E Chagie fois qu'on dit : dens le principe, "in principio", on est our quelque chose de compldtement énigmetiqre quend 41 s'agit de la parole Cela mssi Je vous 1'ai indiqué que cet “in principio" en effet a un caractére de mirage, qu'il ne peut pas s'agir - de cette néne rétro-action im gineire qui est indiquée dans le @istique de Manuel von Schenko , que je vous al citéd a ce propos : "qui était evant que Dieu fit méxe tout cela ? Moi!" Ce qui est bien indiquer, en effet, le caractére de mirage. Je ne comprends pas trée bien ce que vous voulez dire maintenent. i Clest-b-dire qu'une fois que les choves sont structunées’ ans une certaine intuition inagineire, elles peraissent étre 1A depuis toujours. Elles ne peuvent née pas Stre resscnties autrenent. Mais c'est un mirage, cela, biensfrt ~ Gest ga votre objection que de me dive qu'il y a une sorte de rétro-action de ce monde constitué dans une sorte de modéle ov dtarchétype qui le constituerait. Kais co n'est pas du -lo- a tout forcément L'archétype. C'est exclu ici cette rétro- action dans un archétype qi serait une condensation. Clest tout & fait exclu. Tout A fait exclu dens co que Je vous enseigne. Et si le Logos platonicien ressemble & quelque chose, c'est aux idées Steraciles. Mas ce dont je vous parlats le derniére fois, en vous pablant d'un certain lengage, ce n'ébait Pas gat Moi, j'ai toujours compris "langage" mr opposition a "parole", comme cette condensation, cette essence ds tout ce quiilya. pee ; Crest un sutre sens du mot "Langege" que jtessayats de ‘ vous faire entendre. 7 An bee. Crest justement ce quelque chose qui peut ser dduire & cette succession d'absences et de prdsences, ou plutdt & cette Perpétuelle simultanéité de la présence sur fond a absence, do L'absence constituée par Le fait qu'une présence peut exis- ter. Gar enfin de compte 41 n'y a pas d'zbusxeg-d! absence Gans le réel. Tl.n'y a d'absence que si vous suggérez qu'il pent 18 y avoir une présence 18 o& il n'y en a pas; c'est-A-dire quelque chose complétement en dehors de lbrdre du réel. Gest sa qui était viss. peer e Dans 1' "in principio...", 41 peut ¥ avoir le mot en tant qu'il orde cette opposition, ce contrastes 11 n! ya plus de non, de contradiction qui 1A ne soit trop particularisée par rapport & cette contradiction originelle du'0 et du le En quod stoppose-t-il & la parole, alors ? Glest qu'il lui fournit ~ a1 on pout dire ~ quelque stten stort Ney XAG el- chose qui est uno sorte de condition radiesle. ° Est-ce que vous voyez ce que je veux dire 7? oui. Mais jo trouve que dons cette condition vous pouvez massi bien dire "parole" que "Langege"; c'est tellement au-deld go cette opposition! ‘ Crest exact) . , Mads ctest 18 ce me je veux vous indiquer, clest que dans le hammer, on le hommer, ou le mmmra...Clest de cette orto de maftre-mot, sif on peut dire, qiil s'agit, et non pas du registre du dabar, qui est en quelque sorte l'orientation légoliste. “Obheoe 7 Yous allez reconsulter Genesius en reatrant. Mais j'ai étudié tous ces textes} car il y a un grend article de Guidem (7) «sees; qui ressemble tous les textes possibles. Ti ne va pasda s ce sens-l&. Je le trouve plus macneé que Cesenius, qui sanz montre.ce que vous dites : dnsidieux. Que le dabar puisse aller jusqu'd"insidistus est", cost indiquer jusqu'é quel point 4i s'infléchit. 1 pat s'infléchir, ouil Come parole mut devenir bavardage. aoe Ctest 1a née chose pour le mot parole en Frengals : ®il perle", clest-é-dire 11 ne fait rien. Ce n'ost pas tout & fait celg, car le dabar n'est pas du tout dans 1é sens du vide. Vous avez un texte Isale, LIII : “La parole de Diew @ escend sur la terre, et clle remonte conme fertilisée". Donc, vous avez nettenent ich le sens de “parole eréatrice", et pas Xkue cr enter! -~12- - v;arole dnoidiouse", et qui correspond & i'aramme,in moma, vn peu substantifié : la parole chargée de vitelité i Vous croyez que c'est le sens de 1'aramme in menmra wie: Yous eee qu'al y a l& le moinére compromis avec la vie : { dcns cette parole ? Nous sommes 14 m niveau de 1'instinct de : rort. 7 i : i Cela vient de cette tendance spéoulative & comprendre un peu co qu'il y a comme intermédiaire entre celui qui parle ot ce quidl produit; ca doit avoir une certaine cons’ tance, et clest le début, si vous voulez, d'une tendance spéculative dens 1a pensée hébratques s : Quoi, le debar ? : ” Le dimnnra. Yous eroyez ? d 7 Oul. Clest la tradition rabinique, née substantification de sagesse, et plusieurs autres choses, et ce que vous retrouvoz plus tard dens. + quia tiché, per l'intormédiaire de cotte substentificaticn, de fsire l'internédiaize avec le loros platonicien. veert A quelle époque epparait Meumre 7 . Ce doit ttre du IIIime siécle. fetan Burnett, nous montre avec des recoupements, dens L'arti- @le dont je vous parle, rar toutes sortes de recouperents moni- festes, 11 met en valeur que Saint-Jean pensait en aranéen. C'est certain. oe TL est mone fort douteux qu'il dt jenais connu quelque chose de le tradition de ....¢?) . Oui. Je ne vois pas pourquoi vous la faites 14 intervenir; EEE ESS EE i eae eet Cece Hee eee eu ee ene e135 - 7 : } eer co que vous appelez la tradition rabinique, cleat au son ! inflexion gnostique. : oul, mi peut venir la -gnose plus tard, qui donne éviden- rent dos enprises & 1a pensée gnostique, wine blest pas en clle-nénes c'est essentiellement une pensée Iégalistique, qi tiche de tout fixer, codifier, + I Vous ne croyez pas que le dabar est pluz prés de cela ? Non, le memnra. : : Het sen fujourd'hut, je vols tre relevse, et jlespere que vous lalloz Stre aussi, avec plus de suecds que la dernibre fois; elest-A-dire que je me suis bien promis d'affirmrr, & la fagon dont notre derniére rencontre s'cpérerait, que jo ne vous fais pas un enseignement ex cathedrs. Car, A la vérité, si la chose peut faire encore doute pour certains d'entre vous, je na jensas pas du tout conforme & notre objet, puisqu'il s agit du langage et de la parole, que je vous apporte ici quelqw chose qui serait en quelque sorte tout fat, affirmé de fagon apodictique, que vous n'ayez qu'a enrogistrer et mettre ensuite dans votre proche. Car, bien entendu, A mesure que les choses vont, 41 y a de plus en plus de langage dans nos poches} e& m@ne quand 41 déborde sur notre cervemu, ge n'y fait pas grande aitfrérence, On pout toujours mettre son moushoir par-dessus. Je crois, mm contrd re, que s'il y a derriére tout discours une vraie parole, elle est esséntiellement fate de cect, que ctest la votre, celle des suditmrs, eutmt et xéme plus que 1 7 Sta SEB ECE EEE EEE EEE EEE EEE le rienne. Et que dms ure matiére comme-1'analyse, pour qui cette question est abs lument prégentedo fagon permanente, dans toute 1a communication analytique/me parait tout & fait exclu que l'enseignement théorique est censée partici r de cette communication eréatrice; ¢ "est-R-dire ‘qe je puisse vrai~ yratent,, 1égitinenent, vous demander, comme je l'd fait a dernitre fois - Ala vérité je ne 1'ei pas fait d'emblée ~ Je vous ai denandé de me poser des quéstions. Etcomne elles stannongeient un peu minces, Je vous ai proposé certain thine; ot Jo vow al dit + comment est-oe que vous ‘comprencz ce qo jfessale d'epprocher concernant le langage et la parcle 7 Laé-desais, 11 s'est en effet formulé des objections valables; ot lo fait qu'elles se sofent arrétées encours d' explication, quielles alent méme pu & certain moment engenérer une certetne confud on, n'a jmais cu aucune ep eco de caractére éécourageant. Cela veut simplenent dire que L'anaiyco est en cours. Comme, depuis, j'ai émis quelques propos gui me semblent do nature & faire un pas de plus dens co qui éteit dans notre. Gtalogue, Ltavant-derniére fois, je vous demande eaujourd'hul,de Mouveau, si yous avez des questions A me poser; c'est-A-dire ai précisément la conférence que j'ai faite, pour autant elle Peut passer pour Stre une espbce de pointe dislectique de tout ce qui est amorcé par le travail de l'année, pour autant quelle ladsse pour vous des questions ouvertes, que quelqies points vous demandent & tre précisés. Eh bien, je vous donne la parole, et Je vous demande - & ceux qui veulent - de me poser des questions. ; ETL A -15- fo leur redemende aujourd'hui & nouveau de s'y risquer, de se risquer dans cet inconnu, dans cette zone ignorée, que nous deverns vraiment, dens l'ep érience analytique, ne jamais oublier ecrne étant notre position de principe. : Bi Je voulae m'exprizer d'une fagon Lapidaire, on jouant un peu sur les mots, je dirais, trés pécisérent, pour ce qui est ¢o feire de la théorie anslytique quelque chose quise donne comme a clest moi qui construis,et vous propose, et vous partez avec ga, c'est bien le cas de le dire, sur cette conception, J§ne voux rien savotr; ce & quot vous pouver égclenent donner son sons plein. : Car enfin si quelque chose, que ce soit plus mécialenent d'un ordre arehétypique et platonteien, suquel vous sever Je fais toutes les réserves, ov que ce soit ‘simplement cette parole, langage ambigu, tout & feit primordial, qui est 18 pour nous donner 1'énergence du syrbolique, 41 ést bin certain que le rapport o& nous sommes vis-d-vis de cette parole, c'est trés exac- toxent de 1a concevoir en donnant & ca son sens plein. ; Bion entendu, pour 1a coricevoir, puisye nous ne pensons tout de méme pas un seul instant que tots soit déja éerit, 1 y @ 14 quclque chose d'assez problénatique; car elle est & le fois le ct pas 18. Bt, comme l'a fait renarquer M. Lefévre-Pontelis, Ioutre Jour, 11 n'y eurelt rien du tout's'il n'y aveit pes de e, pour qu'il y alt quelque sujet pensant. Et c'est pour cela qu chose de nouveau, 11 faut bien évideorment que l'ignorance existe+ Crest dans cette postion que nous somes, et clest pour G& que nous ccnéevons quelque chose. Q:and nous savons quelque XK nn) 7 aéj& nous ne concevons plus rien. chose, Qui est-ce gui prend la parole 7? MH. Marchant, qui a iar d'étre visité par l'esprit 7 fe L'osprit qui me visite en ce moment me ferait plutét protester de tirer des questions. Car, quel intérét en tirerons— nous ? : Th se peut qu'il y 4+ quelque tourhant de mon ciscours, & ma dernitre conférence, qui vous eit parv trop abrupt, élu abrégé, oubdlié, et qui vous empéche de faire 1'enchainement. Ctest & un niveau beeucoup plus élevé, si je puis dire: Nous avons écout4 ici, pendant un certain nombre de mois, un - séminaire dont nous avons chacun tiré ce que nous avons pu. Si nous posons des questions, nous eurons toujours ten- dance & ranener ga & des choses & un niveau plus solide, si l'on wut dire, avec tout ce que cela conporte de nanvaiss et ramener cela & des concepts que nous pourrors croire pouvoir utiliser, alors que justenait 41 s'agit derester un peu suspendu... 7 “s D'un autre c6té, chest qumd néue comme ga que les cnosos finissent per aboutir, Clestk&-dire que vous avez quend réne coin de vous déplacer dans un monde et une pratique, et une technique, qui est tout & feit conceptualiss. Tl s'agit de savoir la place que ga a, de retrouver le perspective. Je trouve qiil est difficile de poser des questions per~ , tinentes sur une conférence que nous avons entendue, sur laquelie nous n'avons pas pu réfléchir. L'mtre jour, quand nous semmes sortis, 11 vous senbleit wet ee . _ eee -li- que notre dernitre rencontre pourrait Stre aéponsée avec fruit @ans des questions. . Ge n'est pas mei mi al parlé de questions. J'ai une question, & propos de votre conférence, la notion de notion, telle que la trisngularité, par exomple, dont vous avez parlé, on tant qu'elle pout Stre ou non reconnue par la nuchine cybernStique. Peut-on dire, alors, que cette notion’ appartient elors, dens 1'éleboration de pensée, s elon vous, & Llordre imaginaire, ou & L'ordre symbolique ? Puisque vous avez parié do l'ignorance, tout & l'heure, j'ai pensé & lteoles de Flug, qui, dans toute la promiére partie de "La docte Agnorance* fait une analyse concoptuslle farmello de ia noticn 46 triongularité, ot il 1a rattache, me senble-t-il, au symbole. Mors, co quiintroduit la cybernétique dans les exps~ Phones agb ybernétique , dans le Feconnitssonce ow non-reeonnais~ sance dlune forme telle que le triangle 28% par conséquent cans L'élaboration de la triangulerité permet-elles.. Je crois que vous feites allusions & ce que jtal dit concernant les difficultés spécieles qu'il y a A formaliser, au sens symbolique du mot, certeines Gestalten, certaines bonnes formés. Or ce n'est pas le triangle que j'ai prix comme exemple, c'est le rond. Ce n'est pes pareil & Tevabrega Dans ce que j'ai dit, je fais allusion qu fait que le machine eybernétique peut ou non reconnaftre, 9 elon se position dens l'espace, une forme, se diriger ou ne pas se difiger. Par exemple si elle pergott ~ c'est une enelogle que jefais~ un rond corze une ellipse, selcn les défornations de la perspective, elle reconnaitrait ou non la forme. Cela implique Gone, dans ee EEE SS eee errr OCT eee Es -16- uot yotre ponsde a vous des questions relatives aux notions elles~ nines, circulerité, ou triangularité. Mors, une confusion s'est introduite chez mol ~ et ches @'outres sussi - nous ne savions plus si, pour vous, une notion tolle que la circularité ou triengularité eppertenalt & l'ordre du cymbolique ou de l'imaginaire, dans ces exp ériences. out ce qui est intuition est beaucou plus pede 1'ime~ ginaire que du synbolique. C'est une question vrainent présente & tout instant, et quie st,beaucoup plus maintenant que jamais, dong 1a pense mathématique que d'arriver A éliminer aussi. radi~ calement que possible tous les éléments intultifs. L'élément intuitif est considéré comme une impureté dans le développenent de la symbolique mathémetique. Je ne ercis ms que Riguet me contredire. Dire que-les mathématiciens y soient pleinement parvenus, dire que les mathénaticiens no réserva t on fin de compte & 1"Antuition une veleur ergatrice, une valour de ent que la source, ca n'est pas dire pour autant quiils consi partie soit régiée. Il y a certains math sticiens qui, en fin de compte, continuent d'attacher & l'intuition une valeur guton ne peut pas éliminer.... Néannoins, le seul fait qu'il persiste dans les mathé- matiques cette aspiration & tout réduire, 4 pouvoir tout réduire dons ung axiome mathématique, prouve qe c'est 14 128 tendence, quiil y a toujours devant elle possibil:té de succés. Ce que vous me dites & propos de la machine. Je crois qué la machine ne peut pes régier le question, bien sir! Mais, observez ce quise passe chaque fois que nous cherchona & mettre Kk eet tenet neta age 7 : machine en état de reconneltre la bonne forme comme telle, geleré toutes les aberrations de la perspective. Enh bien, ectte chose qui, dans 1'dntuitif, est un acte extrémement simple, ear clest ¢a que signifie la théorie gestaltiste, c'est que la ponne forme est quelque chose qui dans 1!inagination est donné ele plus simple, comme co & quoi les diverses tm dent e toujours & se remener} dane la machine, nous ne produtsons: janais un effet fondé sur une simplicité sembleble, c'est toujours par la plus extréme des compositions, et cette fois, dens cat wre, la plus artifioielle; c'est-&-dire. dens un balayege par lu me~ chine, un beleyage ponctuel de 1espace, - ce a'on appelle un scenning ~'qu'on recompose, par des formules correspondantes qui dovionnent d2s lors extr@nenent compliquées, ce guton pourrait appeler la sensibilité de 1a machine & une forne rarti~ culibre. Hf : En d'mtrestermes, les bonnes formes-ne sont pas ce qui donne pour la machine les formule s les plus simples. Vous y Stes? Eh en quelque sorte déjA suffisament mr lA eet Andiqué - ga ne mut Stre qu'indiqué - dans I’ ep érience 1'opposi- tion des versents entre 1'imaginaire et le réel, +Taledcege Jo mo suis mal fait conprendre dane xa question. Le aébat que vous avez évoq! 3, relatif aux origines des mathématiques, entre intuitionnisteset non~intuitionnistes, asAx et retionalistes, est un débat certainement intéressmnt. Ie st ancien. Et 41 est Latérel per report A la question que je pose; Parce que 1a qiestion que je pose a trait 4 1a notion et non Pas & la perception d'un trisngle ou d'un rond. Crest Laboutissement qu'il y a dens 1a notion néme de totangsd este, per exenple, que je vise, moi. : florg. 1a notion de triangulerité, on pourreit reprendre | te toxte auquel gx vous faisiez allusion; jten ai relu cette ce une partie, & propos des maxima et minima. Je ne vois plus trés bien connont Nicolas de Flug aborde la question du trlongle. Jo crofs que le triengle c'est bien plus pour lui le ternoire que le triengle. Ctest en tmt que quelque chose se rapporte & ce dont je pose par mdiation, du troisiine, je crois que clest plus de cela qu'il s'agit que du triangle. sega We ne me révére pas spécialoment A lui. Ge q.til semble c'est que la notion de triangulerité, quelles que soient les positions intuitionnistes ou non= intuitionnistes des mathématiciens, ne pB%¥E¢¢ Stre autre chose que symbolique. Sans aucun doute.

You might also like