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Module : Histoire du sport au Maroc

Professeur : Ahmed MORO


Trinôme : DEHBI Sanaa – MESHOUL Imane – MARZAK Hamza

Historiquement, le sport est-il une activité exclusivement masculine ?

La majorité des femmes ont vécu au moins une fois dans leurs vie la discrimination sportive
que ça soit au niveaux vestimentaire ou compétences et tout ça remonte de l’histoire. Dans la
majorité des cas cette discrimination est à cause des croyances, traditions et culture
patriarcale.
Aujourd’hui même avec l’évolution du sport ainsi que les représentations à propos de la
femme, des populations précises sont confrontées à des discriminations sportives , des
difficultés d’accès sont rencontrées spécifiquement par les femmes issues des minorités
ethniques dans plusieurs sociétés occidentales. Elles sont confrontées à la fois à des freins
représentationnels et cantonnées dans des rôles sociaux qui limitent considérablement leurs
possibilités d’accès aux loisirs, sportifs ou non. Elles assument la responsabilité familiale
comme les autres femmes, mais avec des conséquences personnelles plus importantes. Par
exemple, les femmes étrangères ou d’origine étrangère pratiquent globalement moins que les
femmes majoritaires dans un pays déterminé, mais aussi moins que les hommes minoritaires.
C’est le cas au Royaume-Uni des Asiatiques en général et des Pakistanaises ou Bengalies en
particulier, des Turques aux Pays-Bas, des musulmanes en Grèce  ou en Belgique, etc. Pour
les musulmanes, la difficulté est renforcée par la quasi-impossibilité de sortir de chez elles
seules. Les jeunes filles musulmanes, elles, sont en plus confrontées à l’interdiction de
côtoyer les garçons de leur âge. Dans ce cadre religio-culturel d’immigration, voire de
diaspora. La mixité de l’offre sportive intervient directement comme un interdit rédhibitoire.

Tout le monde fait appel à la catégorie de sexe, de façon privilégiée, pour organiser le monde
social et s’y repérer). Comme toute pratique sociale, les activités physiques et sportives font
l’objet d’un marquage sexué. Le sport, en général, est considéré comme un domaine plutôt
masculin. Il contribue à la formation et à la reproduction de la définition dualiste du physique
féminin et masculin, les femmes étant considérées faibles et les hommes forts, comme un
phénomène naturel . Mais le sport est pluriel et ce terme recouvre une grande diversité
d’activités physiques et sportives : ces dernières peuvent être classées, en fonction de leurs
caractéristiques intrinsèques, en activités masculines, féminines et convenant aux deux sexes
(Fontayne, Sarrazin, Famose, 2001). En s’appuyant sur des travaux antérieurs, Fontayne
(1999) a réalisé une synthèse des éléments qui font que les individus s’approprient
différemment les activités physiques et sportives . Les activités considérées comme plus
propres aux garçons sont, par exemple, le football, le rugby, les sports de combat,
l’athlétisme, le basket-ball, le handball, la musculation, le ski, l’aviron, etc. Les activités
considérées comme plus appropriées aux filles sont la danse, la gymnastique, le patinage
artistique, l’aérobic ou autres activités esthétiques et de non contact. Enfin, les activités
considérées comme convenant aux deux sexes sont le badminton, le volley-ball, la natation,
l’escalade, le tennis, le tennis de table, la course d’orientation, l’acrosport, le golf, la
pétanque, le cirque, etc. De ce fait des questions s’impose  : Quelles sont les origines
militaires du sport ? Comment a été faites la naissance de la pratique féminine ? Le sexisme
existe-t-il dans le domaine sportif  ?

Le sport a été conçu, à l'origine, comme une activité essentiellement masculine, et ce n'est que
très progressivement que les femmes ont pu s'y faire une place, tant dans la pratique de masse
que dans le sport de haut niveau.

Si l’Histoire du sport s’étend sur plus de trois millénaires, les femmes n’en font pourtant
réellement partie que depuis moins d’un siècle. Souvent associée aux droits civiques, utilisée à
des fins militaires, la pratique sportive a toujours, depuis la Grèce Antique, été développée,
encadrée et légitimée par et pour les hommes. De cette Histoire androcentrique ont été construits
sur le temps long des modèles de masculinité et de féminité nourris par l’imaginaire sportif et
valorisés différemment. Des concepts mythifiés encore prégnants aujourd’hui, sur lesquels se
fondent les discriminations de genre et les violences qui gangrènent l’espace sportif moderne.
Proposer une autre version de l’Histoire s’avère alors nécessaire pour déconstruire les fondations
d’un modèle sportif archaïque.

Les valeurs associées de manière contemporaine au sport dans la Grèce Antique représentent un
formidable enjeu mémoriel et politique. Si Coubertin et les pionniers de la fin du XIXe siècle ont
préféré mettre en avant l’universalisme et le pacifisme qu’incarnaient les Jeux Olympiques lors
de leur restauration, il faut souligner un autre aspect du sport grec antique – repris lui aussi lors
des premiers JO modernes en 1896 : l’exclusion des femmes. À Olympie, comme ailleurs au
VIIIe siècle av. J.C, les concours sont strictement réservés aux hommes tandis qu’une femme
entrant dans le Stade Olympique se voit condamnée à mort. Seule la cité de Sparte se démarque à
cette époque en incitant les femmes à pratiquer au même rythme que les hommes le sport. Loin
pourtant d’être une forme d’émancipation des femmes, c’est avant tout un stratagème militaire :
on imagine à l’époque que les mères fortifiées par la pratique sportive mettent au monde des
hommes puissants pouvant garnir les rangs des armées spartiates.

Lorsque les sports modernes émergent en Europe au XIXe siècle, ils sont vecteurs d’idéologies
mêlant intérêts politiques, militaires, géopolitiques et hygiénistes. Dès les années 1840, en
Angleterre, les jeux sportifs de la jeunesse masculine des public schools sont encadrés dans le
but de forger une masculinité bâtie sur l’esprit de conquête. Sont mis en avant dans ces
établissements des idéaux de virilité impérative, de domination physique et de résistance, tant en
métropole britannique que dans les colonies, dans lesquelles on diffuse cette vision masculinisée
des activités sportives européennes. Surtout, sont moqués et tournés en ridicule tous les signes
associés à la féminité, opposés à la doctrine naissante de la « chrétienté musculaire ». C’est le
retour en Angleterre, au milieu du XIXe siècle, à une morale protestante qui utilise le sport pour
apporter des valeurs dites essentielles – et toutes communément associées à la masculinité : la
force, l’honneur, le respect, le fair-play, ou encore le contrôle de soi des « gentlemen sportifs ».

L'organisation du sport moderne, telle que nous la connaissons aujourd'hui, date de la fin du
XIXème siècle. Née en Angleterre, où se constituent les premiers « clubs » sportifs et
s'organisent les premières compétitions, elle se caractérise par le développement de la pratique
du sport de masse et par la professionnalisation des rencontres sportives. L'organisation, en 1896,
de la première édition moderne des Jeux olympiques en Grèce, à l'initiative du baron Pierre de
Coubertin, consacre « l'esprit sportif » mondial défini dans la Charte olympique comme «
exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l'esprit
».

Les femmes en sont totalement exclues. Comme l'a rappelé M. Thierry Terret, co-auteur d'une «
Histoire du sport féminin », l'invention du sport dans le dernier quart du XIXème siècle est une
invention masculine, faite par les hommes et pour les hommes.

Il faut ainsi attendre le début du XXe siècle pour que les femmes commencent librement à
pratiquer certains sports, dont les « sports rois » comme l’athlétisme ou le football. Le premier
match officiel joué par des femmes se tient en France en 1917. Surtout, les « années folles » qui
arrivent sont le théâtre d’une effervescence politique qui consacre l’émancipation des femmes et
qui permet le développement du sport par et pour les femmes. Le roman La Garçonne publié en
1922 par Victor Margueritte, symbole de la fièvre des années 1920, donne une grande place à la
figure de la sportive qui entre dans l’imaginaire collectif.

Et parce qu’elles essuient nombre de refus de la part des institutions, le CIO et Coubertin en tête,
les sportives créent leurs propres institutions et événements sportifs sous la houlette d’une
pionnière du sport pour les femmes : Alice Milliat. Anonyme à sa mort en 1957, oubliée de
l’Histoire, méconnue aujourd’hui, elle est pourtant sans aucun doute une des personnalités qui a
le plus contribué au développement de la pratique sportive dans l’Histoire de France. A. Milliat
et la Fédération sportive internationale féminine inaugurent ainsi les Jeux mondiaux féminins en
1922 à Paris, qui se tiennent également lors de trois autres éditions avant leur disparition en
1934.

Car déjà, au crépuscule des années 1920, recule la condition des sportives : alors que plusieurs
concurrentes du 800 mètres des Jeux Olympiques d’Amsterdam en 1928 s’effondrent de fatigue
à l’arrivée, les commentaires discriminants questionnant les capacités physiques des jeunes
athlètes femme pleuvent dans l’espace médiatique. John Tunis, célèbre commentateur, décrit – et
déforme – la course ainsi : « Sous nos yeux […] se trouvaient onze pauvre femmes, cinq ont
abandonné avant la fin de la course ». Elles n’étaient pourtant que neuf athlètes ce jour-là, et ont
toutes terminé la course.

À la suite de ces pressions médiatiques et politiques, toutes les courses de plus de 200 mètres
sont interdites aux femmes aux Jeux, et ce pour plus de trente années. Les années 1930 et la
Seconde Guerre mondiale ne font que réprimer plus encore cet élan sportif féminin né durant le
premier conflit mondial. La France de Vichy interdit les compétitions féminines de football, qui
ne seront de nouveau reconnues qu’en 1969 par la Fédération française de football. Le modèle
prôné par le pétainisme diffuse lui aussi le sport mais l’utilise comme moyen de contrôle des
corps et mise à distance des femmes.

Les Trente Glorieuses sont, dans leur ensemble, une période où survivent les préjugés sexistes et
les discriminations dans la pratique sportive. Le docteur Éric Alberg, référence nationale et
champion de France de marathon, explique ainsi en 1965 au journaliste d’ORTF qui l’interroge,
qu’il voudrait réserver la pratique de l’athlétisme à « une élite [des femmes], car c’est vraiment
très laid de voir une femme qui n’est pas douée courir sur une piste ». Surtout, ces
discriminations fondées sur le genre dans le sport se transforment, adoptant moins une forme
institutionnelle, au profit d’une forme culturelle plus intériorisée. Le sexisme persiste ainsi dans
le sport en parallèle d’un lent mouvement de démocratisation de la pratique sportive pour tous,
imagée dans la conscience collective par des émissions comme Gym Tonic dans les années 1980.
Désormais, l’image de la sportive est diffusée mais fortement codifiée et influencée par le
marketing, ce qui mène à une sectorisation massive de la pratique sportive féminine.

Ainsi, le plus répandu des récits modernes de légitimation du sexisme dans le sport se développe:
le sous-développement de la pratique sportive féminine vient se heurter à l’absence
d’investissements publics dans ces pratiques. La logique de marché reprend partout ses droits :
les femmes ne génèrent pas d’argent, elles ne doivent donc pas être financées. Un argumentaire,
qui cache néanmoins le cœur du problème : la persistance d’un sexisme, historiquement
construit, véritable fondation de la sous-médiatisation des athlètes femmes dans l’espace public.
Par voie de conséquence, les sportives sont moins payées que leurs homologues masculins
lorsqu’elles pratiquent professionnellement leurs disciplines, et bénéficient d’investissements
publics inférieurs ou sinon encore trop ciblés sur les sports considérés comme « féminins ». Un
rapide détour par l’hégémonie des droits de diffusion télévisuelle dans les sources de revenus des
institutions sportives explique également ce cercle vicieux liant sous-médiatisation et sous-
financement.

À titre d’exemple, les athlètes femmes ne reçoivent aujourd’hui que 4 % de la couverture


médiatique sportive à l’échelle mondiale – selon l’UNESCO –. Surtout, les inégalités salariales
entre femmes et hommes sont encore abyssales dans l’espace sportif, corollaires d’une faible
reconnaissance symbolisée par les fragiles statuts professionnels des meilleures athlètes femmes.
Ainsi, le salaire moyen d’un footballeur de Ligue 1 était, en 2019, de 108 000 euros par mois,
contre 2 500 pour une footballeuse de Division 1 – une moyenne ne prenant même pas en
compte les 40 % des joueuses du championnat ne possédant pas un « contrat fédéral ». Pire, ces
inégalités salariales dans le football cachent encore une autre réalité : malgré leur modeste
reconnaissance, les footballeuses sont largement mieux loties que les sportives pratiquant des
disciplines non olympiques. Dans de nombreux sports, le statut amateur des femmes n’est plus
seulement une réalité, mais une fatalité.

Une telle histoire du sport, abordée sous l’angle des discriminations de genre, pourrait ne
consister qu’en une nouvelle approche de notre passé. Mais cela serait négliger les
apprentissages de cette étude quant aux réalités du présent : l’histoire du sport, brièvement
présentée, tend à déconstruire les préjugés sexistes existant dans le modèle sportif moderne
autant que ce modèle lui-même. Avec l’ambition nécessaire de reconstruire un espace sportif
plus inclusif dans lequel les femmes, tant sur les terrains qu’aux postes à responsabilités, seraient
présentes en plus grand nombre. Avec l’ambition, aussi, d’effacer du langage courant
l’expression « sport féminin », qui matérialise et ancre encore et toujours la connotation
masculine octroyée au terme « sport », dénué d’adjectif.

Le marqueur de sexe est très fréquemment utilisé pour catégoriser les choses et les
activités physiques et sportives n’échappent pas à ce typage sexué. Cet article montre le pouvoir
explicatif des stéréotypes sexués, relatifs à la pratique des activités physiques et sportives et leur
influence sur l’engagement et les performances des filles et des garçons, dans les activités
physiques.

À l’heure actuelle, les mentalités n’ont pas assez évolué pour que les deux sexes
puissent s’investir librement dans toutes les activités physiques et sportives, quelle que soit leur
coloration sexuée. En suite de cette étude, de nombreuses perspectives de recherche sont
envisageables. Mener, à nouveau, cette étude dans quelques années, permettrait de voir si les
perceptions des activités physiques et sportives sont toujours aussi stéréotypées.

Il serait, également, envisageable d’utiliser la même procédure auprès d’adolescents


d’autres pays, afin de mesurer l’effet du contexte culturel. Enfin, le croisement des perceptions
des activités physiques, avec d’autres variables, comme la pratique sportive de l’individu, semble
également pertinent (Lacassagne, Picio et coll., 2006). Des différences sont-elles observables
entre les jeunes sportifs et les sédentaires ? Les individus, qui pratiquent des activités physiques
et sportives aux caractéristiques sexuées, opposées à leur sexe d’appartenance, ont-ils des
perceptions moins stéréotypées ?

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