You are on page 1of 2

THE INTERNATIONAL DIMENSIONS OF AUTHORITARIAN REGIME STABILITY:

JORDAN IN THE POST-COLD WAR ERA

Auteurs : Sean L. Yom et Mohammad H. Al-Momani


Source : Arab Studies Quarterly , Winter 2008, Vol. 30, No. 1 (Winter 2008), pp. 39-60
Publié par : Pluto Journals
URL : https://www.jstor.org/stable/41859035

Résumé : Dans un contexte de démocratisation du régime jordanien, les aides internationales


venant d’occident contribueraient à ralentir cette libéralisation pour maintenir la stabilité
autoritaire. Le cas jordanien permet de souligner ce phénomène, ainsi que de tendre vers la
compréhension de l’impact des influences externes sur la balance des pouvoirs internes.
Celle-ci aurait pour origine l’intérêt des élites internes à se maintenir en place, coïncidant
avec les intérêts externes souhaitant éviter l’émergence des mouvements islamistes profitant
de la libéralisation politique pour prendre le pouvoir par les urnes.

Mots-clés : stabilité autoritaire, aides internationales, libéralisation politique, monde arabe


post-Guerre froide, réformes démocratiques.

Présentation : Sean Yom, spécialiste de la gouvernance au Moyen-Orient, étudie les


politiques autoritaires, les réformes démocratiques, la stabilité et le développement
économique. Mohammad Al-Momani s’intéresse aux conditions nécessaires pour des
négociations effectives lors de conflits en l'appliquant à l’étude du monde arabe. Le texte est
un article s’inscrivant face à travaux étudiant l’autoritarisme arabe par rapport à l’histoire, en
voulant amener la discussion sur le prisme de l’aide internationale. Il se place dans une suite
de travaux étudiant la libéralisation politique de la Jordanie, et au début d'une série d’études
abordant le rôle des aides externes dans la stabilité interne des régimes arabes.

Analyse :
Les auteurs partent du postulat selon lequel la stabilité des régimes autoritaires dans le
monde arabe post-Guerre froide n’est pas seulement due à des facteurs endogènes
historiques, mais aussi exogènes, en étant liée aux intérêts stratégiques de l’occident qui
fournit des aides économiques et militaires. Ils s’intéressent au cas de la Jordanie et tentent
d’y montrer la corrélation entre l’état du processus de libéralisation politique et la quantité
d’aide internationale reçue. Pour cela, ils donnent des preuves empiriques de participation
états-unienne et de l’Europe dans cette stabilité autoritaire, et des liens entre leurs intérêts
géopolitiques dans la région et cette volonté de promouvoir la durabilité du régime. Ils
mettent en avant trois phases dans l’histoire récente de la Jordanie pour le montrer.
La première est de 1989 à 1993, le pays entre en crise économique et ne peut plus
soutenir un gouvernement reposant sur ses ressources financières pour maintenir le budget et
la loyauté des forces sécuritaires, d’autant plus que la politique d’austérité cause des troubles
dans des régions normalement loyalistes. Débute alors un processus de libéralisation politique
pour répondre aux demandes de la société civile. Durant cette période, les aides
internationales sont minces et les conditions du FMI dures pour accepter les emprunts.

1
Mais la deuxième phase commence, lorsqu’en 1994 est signé un traité de paix avec
Israël, il est accompagné d’un flux très important d’aides venant d’occident, ainsi que d’un
important ralentissement jusqu'à l'arrêt complet du processus de démocratisation. Les auteurs
montrent le lien entre ces aides et ce frein par les intérêts qu’auraient l’occident à maintenir
une stabilité autocratique en Jordanie. Le pays est en effet devenu essentiel à la stratégie
pro-Israélienne états-unienne, il n’aurait ainsi aucun intérêt à ce qu’il soit déstabilisé par
l’arrivée au pouvoir par les urnes des islamistes, hostiles au traité de paix et populaires aux
premières élections parlementaires de 1991.
Cette situation est intensifiée dans la troisième phase, de 1999 à 2008, avec la
succession de Abdallah II qui fait fi de ses promesses de libéralisation au profit de réformes
économiques. Les chercheurs montrent que les États-Unis auront un rôle à jouer dans ce
revirement, car avec la guerre contre le terrorisme commencée après 2001, ils ont tout intérêt
à avoir un allié stable. Grâce aux aides internationales redoublées et aux yeux fermés de
l’occident sur la gestion interne, l’élite politique peut museler l'opposition et réprimer les
manifestations contre la politique internationale sans peur de conséquences externes, et ce
avec l'appui des forces sécuritaires dont la loyauté est assurée par leur budget élevé.
Ainsi, Yom et Al-Momani apportent une nouvelle perspective sur l’étude des
autoritarismes arabes qui se retrouvera plus tard avec des articles comme Une politique à
double tranchant : réalités et implications du lien américo-jordanien de Barah Mikaïl qui en
2019, permet de montrer la relative continuité du phénomène. Plus largement, ils parviennent
à montrer que la capacité de la société civile à demander plus de démocratie est insuffisante
si l’élite politique se sent libre d’agir, possède les ressources financières et les forces
coercitives pour faire face aux troubles sociaux. Ils montrent par ailleurs que pour les petits
États manquant de puissance régionale, l’aide externe est essentielle lors de crises internes.

Commentaires :
Cet article permet d’avoir une perspective nouvelle sur la stabilité interne de la
Jordanie, mettant de côté les facteurs déjà étudiés pour faire évoluer la recherche. Ils
parviennent à démontrer un lien de corrélation cohérent entre autoritarisme et aides
extérieures, convaincant ainsi le lecteur d’un réel lien de causalité. Il souffre toutefois d’un
manque de clarté pour mieux appréhender certains mécanismes économiques décrits. On peut
regretter un manque de détails dans la description des répressions de manifestations par
l’armée, laissant dans l’interrogation quant au réel niveau de violence, un indicateur pourtant
important pour comprendre le retour en arrière sur la libéralisation politique. Nos auteurs
entrent par ailleurs dans un biais universaliste classique, plaçant implicitement le modèle
démocratique occidentale comme objectif à atteindre pour le monde arabe.

You might also like