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Dans L'enfer Du Front (Texte de P. Lemaitre, Tableau de C. Schwabe)
Dans L'enfer Du Front (Texte de P. Lemaitre, Tableau de C. Schwabe)
Lemaitre,
tableau de C. Schwabe)
Intérêt du sujet • L'extrait met en scène l'horreur vécue par les « poilus » sur
le front à travers les machinations d'un lieutenant arriviste et sans scrupule.
document ATexte littéraire
Première Guerre mondiale. Albert est un soldat français, sous les ordres de
Pradelle, un ambitieux qui rêve de devenir capitaine. Depuis plusieurs jours,
soldats français et allemands se tiennent tranquilles. Pradelle décide
cependant d'envoyer deux poilus en reconnaissance. On entend trois coups de
feu. Aucun des deux hommes ne revient. Lorsque Pradelle commande à ses
hommes d'aller venger leurs camarades, tout le monde s'élance. Dans sa
course vers les lignes allemandes, Albert découvre les cadavres des deux
poilus…
Albert ne sait pas ce qui lui prend, une intuition, il attrape l'épaule du vieux et
le pousse. Le mort bascule lourdement et se couche sur le ventre. Il lui faut
quelques secondes pour réaliser, à Albert. Puis la vérité lui saute au visage :
quand on avance vers l'ennemi, on ne meurt pas de deux balles dans le dos.
Il enjambe le cadavre et fait quelques pas, toujours baissé […]. Le voici devant
le corps du petit Louis. […] Albert ne voit pas son visage tout maculé de boue.
Il ne voit que son dos. Une balle. Avec les deux balles du vieux, ça fait trois. Le
compte y est.
Lorsqu'il se relève, Albert est encore tout hébété1 de cette découverte. De ce
que ça veut dire. À quelques jours de l'armistice, les gars n'étant plus très
pressés d'aller chatouiller les Boches, la seule manière de les pousser à
l'assaut, c'était de les foutre en pétard : où était donc Pradelle lorsque les
deux gars se sont fait tirer dans le dos ?
Bon Dieu…
Il tente quelques pas, mais plus rien ne marche, ni son cerveau, ni ses jambes,
rien. Tout va trop vite. Je vous l'ai dit, ça n'est pas un rapide, Albert. En trois
enjambées, Pradelle est sur lui. Juste à côté, un large trou béant, un trou
d'obus.
Arrivé au fond de la fosse, Albert roule sur lui-même, à peine freiné par son
barda3. Il s'empêtre les jambes dans son fusil, réussit à se relever et se colle
aussitôt à la paroi pentue, comme s'il s'adossait précipitamment à une porte,
dans la crainte d'être entendu ou surpris. […] Albert lève les yeux. Là-haut,
campée en surplomb au bord du trou comme l'ange de la mort, se découpe la
haute silhouette du lieutenant Pradelle.
Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, 2013.
Musée d'Orsay.
Travail sur le texte littéraire et sur l'image 50 points • ⏱1 h 10
b) À votre avis, pourquoi l'auteur a-t-il choisi de finir cette phrase avec des
points de suspension ? (4 points)
« Ce qu'Albert voit, surtout, c'est son regard clair et direct, au lieutenant. »
« C'est à cet instant qu'Albert comprend qu'il va mourir. Il tente quelques pas,
mais plus rien ne marche, ni son cerveau, ni ses jambes, rien. »
Pierre Lemaitre
Au revoir là-haut
Sujet d'imagination
Sujet de réflexion
Recherche d'idées
Conseils de rédaction
Prolonge l'effet de tension créé par l'auteur. Ne va pas trop vite vers le
dénouement. Exprime bien les sentiments des personnages.
Recherche d'idées
Conseils de rédaction
Seconde partie : cependant, nul n'a le droit de sacrifier les autres pour
arriver à ses fins.
▶ 1. a) « Bon Dieu… » est une phrase nominale : il s'agit d'une interjection.
info +
Une phrase nominale est une phrase sans verbe, constituée d'un nom ou d'un
groupe nominal.
b) Les points de suspension mettent en évidence la prise de conscience par
Albert d'une vérité qu'il ne peut pas encore admettre, tant elle est choquante.
info +
Il y a trois niveaux de langage : familier, courant et soutenu.
« Ce qu'Albert et son camarade voient, surtout, c'est son regard clair et direct,
au lieutenant. »
▶ 4. a) Albert comprend que c'est le lieutenant Pradelle qui a tiré dans le dos
des deux poilus pour faire croire à une attaque des Allemands. Pradelle
souhaitait pousser ses hommes à aller au combat pour venger leurs deux
camarades.
b) Albert découvre tout d'abord que les poilus ont reçu les balles dans le dos :
ce ne peut donc pas être l'œuvre des Allemands qui leur font face. Ensuite, il
lit dans le regard de Pradelle toute sa détermination à le tuer à son tour.
c) La motivation de Pradelle est l'ambition : il aimerait finir la guerre par une
action d'éclat et en retirer de la gloire, pour accéder au grade de capitaine.
Point méthode
1 Attention à ne pas confondre ses, ces et c'est.
Dès son premier coup de sifflet, quand les hommes avaient commencé à
charger, il s'était placé à bonne distance sur la droite, afin d'empêcher les
soldats de dériver dans la mauvaise direction. Son sang n'avait fait qu'un tour
lorsqu'il avait vu ce type, comment s'appelle-t-il déjà, un gars avec un visage
triste et de ces yeux, on dirait qu'il va toujours se mettre à pleurer, Maillard,
c'est ça, s'arrêter là-bas, sur la droite, à se demander comment, sorti du
boyau, il avait pu arriver jusque-là […].
Rédaction
Attention les indications entre crochets ne doivent pas figurer sur ta copie.
Sujet d'imagination
conseil
Tu peux commencer en reprenant la dernière phrase du texte.
[La résignation d'Albert] Albert sent que sa dernière heure est venue, que ce
trou d'obus sera sa tombe. À quelques jours de l'armistice, il est révolté par
une telle injustice. Quelle mort absurde ! Albert se recroqueville contre la
paroi boueuse de l'excavation. Il craint que l'officier ne tire sur lui. Il est fait
comme un rat. La silhouette qui le domine ne manifeste aucune émotion,
impassible, impitoyable. Tout cela pour une médaille, songe Albert, quelle
futilité après la boucherie de ces quatre années, ces millions de poilus morts,
mutilés, défigurés, traumatisés ! Il a envie de lui hurler sa haine, son profond
mépris, mais à quoi bon…
[Un secours inattendu] Soudain, tout s'enchaîne très vite. Albert perçoit un
mouvement brusque : il ferme les yeux. Tout est fini, pense-t-il. Un corps
s'abat à ses côtés ; le visage de Pradelle s'enfonce dans la boue. Au-dessus de
la fosse se découpe une silhouette, bienveillante cette fois, qui tend une main
secourable à Albert et l'extirpe de la fosse. C'est un officier : « Deux de vos
camarades sont venus me prévenir, apprend-il à Albert. Cet homme répondra
de ses crimes devant la cour martiale. »
[Dénouement] Albert regarde s'éloigner Pradelle les mains liées dans le dos. Il
ne ressent aucune joie, juste un sentiment de tristesse profonde et
d'incompréhension devant l'attitude de cet homme prêt à sacrifier ses
hommes pour satisfaire des rêves de gloire bien dérisoires. La guerre va finir,
mais il ne sera plus jamais le même, hanté par le souvenir de ceux qui ne
reviendront pas.
Sujet de réflexion
Il en est de même pour les études : pour réussir un concours, il faut travailler
dur et renoncer à son temps libre. On n'obtient rien sans rien donner.
conseil
Illustre tes arguments avec des exemples précis : cela leur donnera plus de
poids. Tu peux les choisir dans tes lectures, tes cours d'histoire ou encore
dans l'actualité sociale, politique, sportive…
[Conclusion] Il faut donc être prêt à tout pour réussir, mais dans la limite du
respect d'autrui. Nul n'a le droit de sacrifier les autres pour sa réussite
personnelle ou son profit. La fin ne saurait toujours justifier les moyens.