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Cours Introduction a la Science Politique Premiére année Droit Professeur ENNACIRI Khadija Cours introduction & la science politique 7 Khadija “obje " Introduction a la science politique ~ @ Le cours a pour objet I'étude des notions es compréhension de la science politique & savoir I régimes politique, les forces politiques, les partis Participation politique, les politiques publiques ete © I développe les capacités de lire et de comprendre les textes de Politique et de les commenter d'une maniére critique. Les_objectifs pédagogiques du cours Ce cours est destiné aux étudiants de la premiére année drott, il a pour objectifs de: © fournir les connaissances, le vocabulaire de base et les savoirfaire nécessaires d qui souhaite entreprendre des études universitaires en droit et en science politique © de se familiariser avec les réalités qui caractérisent le monde politique contemporain: variété des régimes, institutions, idéologies et cultures politiques, etc, © de développer les habiletés et techniques ayant trait a la lecture efficace des types de textes en lien avec l'actualité politique. Le syllabus du cours © identification de la science politique © Le powvoir politique © Le cadre institutionnel d'expression du politique © les acteurs politiques © Les régimes politiques © Les politiques publiques Cours introduction 6 Ja science politique Pr Ennaciri Khadija Introduction générale histoire des idées politiques fait remonter & sur le problime politique. Bien avant les G temps lointains la r s, les Chinois se és. On s'apergoit nt interrogés de Thistoire des idées politiques qu'au moment des crises{il y a une tnultiplication des véflexionsy des écrits pour cerner le meillewr mode de gouvernement. C'est au moment de changements sociaux brutaux, soudains et inhabituels que se multiplient les réflexions sur le politique en général. Pour les Chinois par exemple, ce fut entre le Ve et le Ille sidcle avant I'ere chrétienne que se sont multipliges les réflexions au moment du passage des royaumes combattants vers la constitution d'un grand Empire. La pensée politique grecque apparait pour sa part au moment out cette civilisation amorce son déclin, Sensible & cette situation, Platon a été l'un des premiers en occident a essayer de proposer une forme « idéale » d'organisation politique. Aristote va continuer cette quéte du meilleur gouvernement possible ‘en s'interrogeant sur la nature des régimes politiques et sur leurs meilleurs exercices. De fait, on se rend compte que la premiere question d'ordre social 4 se poser a &18 politique. If était donc normal et logique que organisation des rapports gowvernanis/gouvernés soit posée comme le premier probleme d résoudre, C'est cette préoccupation qu’on retrouve selon un systéme de réflexion particulier dans la philosophie politique des Anciens (de WVantiquité a ‘Machiavel). Vue sous cet angle, la réflexion sur la politique serait ancienne I- Définition de la science politique La science politique est la discipline qui étudie les phénoménes politiques) Blle est le résultat de l'institutionnalisation progressive d'un ensemble de champs du savoir (droit, économie, histoire, sociologie) lorsque cewx-ci s intéressent plus spécifiquement a [étude du powvoir, si bien que l'on a pu parler pendant longtemps de sciences politiques au pluriel. I! s‘agit done dune discipline se situant au carrefour de plusieurs autres et dont les méthodes d'analyse sont les mémes que celles utilisées par les sciences sociales. La science politique porte sur l'étude (explication, compréhension et action)\des enjew: politiques et socioéconomiques, a léchelle d'un pays comme a l'échelle d'un groupement de pays. La science politique est au carrefour de plusieurs disciplines et fait appel au droit, Vhistoire, @ la sociologie, l'économie et la sur la meilleure maniére dorganiser le communication. + NG loossRe Foose Cours introduction & la science politique Fr Emma € + Elle a une dimension humaine (examiner les rapports dea mise en @uvre, d'une politique) ef une dimension soci (fonctionnement des sociétés ou les conflits dans certaines régions Bx mame Elle porte aussi sur Uétude des evolutions des régimes pol comparative), mais aussi sur le comportement des citoyens dams politique donnée (adhésion, répulsion, participation ow rejet de la vs en fonction de paramitres objectifs (opinion publique, culture politique) Généralement, la science politique est définie comme étant la science de et du powoir. > La science politique comme science de l’Etat Durant des décennies, la science politique a été envisagée comme la « science de I’Ftat » et de son fonctionnement. Il est vrai qu'elle privilégiait fortement les institutions politiques officielles que le phénoméne étatique semblait universel gagnant aussi bien le tiers-monde que les sociétés communistes.| Mais les limites de cette approche se sont vite manifestées {leEtat est une construction historique qui n'a pas toujours existé et qui est mise @ mal par la mondialisation ; d'autres instances exercent un r6le considérable sur la scéne politique comme les partis, les médias, les sociétés de pensée... L'étude des seules institutions étatiques se révélait done insuffisante. > La science politique comme science du pouvoir Dans les années 1950-1960, la science politique a é1é redéfinie comme la «science du pouvoir ». En effet, si l’Etat n'est pas un phénoméne universel, le pouvoir lui I'est. Cette définition correspond @ un élargissement du domaine de la science politique en direction des partis, des élections, des groupes d’intérét et de l'élite. 2- L’objet de la science politique {Elle a pour objet l'étude des phénoménes politiques En fait, les phénoménes ‘politiques se caractérisent par une extréme diversité comme le montre la ‘multiplicité des acceptions du mot politique! Il faut distinguer > la politique (politics) : désigne la vie politique, l'aréne ott les responsables politiques s ‘affrontent pour la conquéte du pouvoir (par exemple, s'engager en politique, faire de la politique) ; » la politique (policy) : renvoie aux programmes d'action mis en place par une institution pour atteindre des objectifs donnés (par exemple, !'Etat qui met en ceuvre des politiques sociales ou encore une entreprise qui définit une politique des ressources humaines) ; Pr Ennacici Khadija Cours introduction 6 la science politique i gouverne, qui 1 le pouvoir. ulation par é n'est par 2 le politique (polity) : l'emploi du masculin renvoie & cel exerce des responsabilités dans /a cité (polis en grec), qui a. Fobjet de la science politique est donc le conflit 2 sa ré Vutilisation du pouvoir. Cela signifie qu'aucun problime de sc nature politique mais que n'importe leguel est susceptible de le devenir pour qe 'un groupe s'en saisisse. Cours introduction & la science politique Chapitre 1 Le pouvoir politique Cours introduction & la science politique 2r Ennaciri Khadija Dans I'absolu, le pouvoir est la ne personne pour Soumettre une autre personne ou plusieurs autres D2 sd adopter ow asf un comportement dont ils ne sont pas pouvoir politique, il s'agit dune form minorité sur la majorité des memb participation (démocratie), soit p. En effet, le pouvoir conjugué,au politique deviant une ; pouvoir puisqu'il s'applique a l'ensemble de la popu Dans sa forme élaborée (stade de la démocratie : participation Vorganisation de la chose publique), le powvoir poli * convaineus, \Pour le ut exercer une ésion et/ou dictature), 12 particuliére de société, tique (au con pouvoir militaire) repose théoriquement sur le dialogue et la co s'exerce par la représentation libre et égalitaire, dans le but d cohésion sociale et le réglement des dissensions sociales par la loi (évi chaos, l'anarchie, la guerre civile). L’Etat est done une structure qui a la charge de faire respecter le droit, en cherchant au mieux maintenir lordre Comme jl n'existe aucune société oi les régles soient automatiquement respectées, I'Etat intervient comme mode d’apaisement et de résolution des conflits. II tente de limiter les clivages de la société. Le propre du pouvoir est d'exercer une surveillance continue sur l’individu. Ce qui caractérise le pouvoir moderne, ce n'est pas d'agir par intermittence, comme le roi jadis sur ses sujets, mais c'est un contréle en permanence. La question n'est plus qui tient les rénes du pouvoir : le président, les juges, les capitalistes. Mais comment s'exerce le pouvoir qui touche chacun de nous, Le pouvoir est omniprésent et universel. Personne n'échappe 4 son emprise. C'est notamment dans « Surveiller et punir » et « La Volonté de Savoir », écrits respectivement en 1975 et 1976, que Foucault déploie cette logique du pouvoir. Le pouvoir se profile comme un « réseau de forces », plutét que. comme laction d'une classe, ou d'un appareil d'Etat. L’expérience du G.1.P révéle @ Foucault combien le pouvoir est partout dans la société et continuel le détenu n'est pas sours & la force au moment oi il est intercepté aprés son crime jusqu'd sa mise en détention. Derriére les murs de la prison, il est obligé de suivre des ordres, il est soumis & une surveillance nuit et jour, 24 heures sur 24, I- La perception wéebérienne du pouvoir politique Selon Max Weber, « le concept de pouvoir est sociologiquement amorphe » c'est-a-dire qu'il est vague, indifférencié, peu rigoureux. Et, en effet, peu de mots sont aussi surchargés de significations et de connotations différentes. Cours introduction & nce pel Pr Ennaciri Khadija Max Weber dé*nit ia politique comme étant « ion du groupement politique appelons aujourd'hui ou Vinfluence que l'on exerce sur cette direction ». L'Etat, détenteur du « monopole de la violence physique siste done « en un rapport de domination » de ype institution. 2 je des rapports de/domination élaborée par Max Weber en distingue trois formes : la domination tra lle, fondée sur le respect di le la société féod: Ta domination ondse sur le caractére exception 1 du chef (ype du sur Vautorité dela loi la domination légale, fo iété moderne). wd peu une « ¢ olitique, qui é du pouvoir done un 2, qui assure partisane et qu'on la vie), Reposant sur | qualités : « la passion ~ Contrairement au savant qui re e trois rationnels, l'homme polit ue agit selon une idéologie, Jugements de valeurs. Selon que l'accent est mis davantage s sur Vidéologie, deux éthiques peuvent étre distinguées : 1 responsabilité, gui prend en compte les conséquences de I'action, la pureté de la doctrine; V'éthique ‘de conviction, qui justifie les moyens par le but idéologique poursuivi, quels qu'en soient les résultats effectifs La violence légitime ? Pour Max Weber La plus utile, et la plus célébre, c'est celle qu'a énoncée Max Weber (1864-1920) fondateur de la sociologie allemande, dans Le Savant et le Politique(1919) : "Le powvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime". La violence légitime c'est la violence qui est reconnue par tous comme légitime, c'est @ dire nécessaire au bon fonctionnement de la communauté. S'il n'y avait pas de violence dite "légitime”, n'importe qui pourrait se faire justice soi-méme tla loi du plus fort, ou encore du "chacun pour soi" régnerait. introduction a la science politique ar “violence”, il ne sa; ie violence symbolique. Veber distingue entre trois Op La domination traditionnelle qui des us et coutumes Historiquement, Max occupé mais pas confié a l'issue dwt Le chef domine en s’appuyant sur son ascendar mystique, ou ses liens avee l'au-dela r C'est la fusion originelle de Vocculte et du politique. Celué qué, dans peut revendiquer un lien queleongue avec Uau-deld, se trouve en mes revendiquer le pouvoir politique, (Cas des de I'Egypre Anti ‘aussi un demi-dieu.. Les royaumes européens : le roi posséd divine, souvent renforeée par des pouvoirs spécifiques etc. .) ‘La domindtion charismatique qui repose sur les qualités exceptionnellede personne, sa vision novatrice duu monde. C'est le "niveau 2” du pouvoir politique : en raison de son comportement éroique, de son charisme, de l'admiration que l'on voue d une personne, celui- ci est considéré comme le chef naturel, spontanément plebiscite Une survivance moderne de cette domination est le moteur du mythe de "homme providentiel » La légitimité Iégale-rationnelle qui repose sur la croyance en Ia légalité des réglements, La, c'est simple, on prend plus compétent, celui qui est & méme de gouverner le pays non pas parce quil impressionne, mais juste parce quil fait bien son ‘avail. Cette domination est condition » par le jeu démocratique et permet & une personnel de doubler son mandat. Exemple: Roosevelt aux Etats-Unis, Churchill, Giscard (qui n'avait pas un super charisme non plus... Ces trois types pewvent se combiner, méme sls sont ordonnés du plus archaigue au plus moderne et souhaitable, Or 'Homme n'est pas encore prét & se o romter de domination Iégale-rationnelle... qui nécessiterait d'abandonner Ia passion et l'irrationnel en politique. Ik Le pouvoir politique chez Michel-Foucault: Le pouvoir crest « la surveillance!» Le propre du pouvoir est di'exercer une surveillance continue Su dividu. La caraciéristique du pouvoir moderne, c'est d'exercer un coniréle en permanence. Cours introduction & Ic science politique Pr Ennaciré Khadlif La question n sexerce ce pouvo Dans « Surveiller et punir- 1975» et « La Volonté de Savoir - 1976», Foucault déploie cette logique du pouvoir qui se profile comme wn « réseau de forces », plus qu'une action de la classe dominante. Il- Pierre Bourdieu et le pouvoir politique Pour Bourdieu, la science politique serait une « pseudo science », car elle n'est qu'une « mystification visant & légitimer la vision dominante de la politique comme lieu de la conquéte du pouvoir et de la production idéologique ». Pour cela, il recommande d’étudier la question politique & travers les conditions sociales de production. Cette réalité sociale est camouflée par un discours politique qui cache la violence symbolique ifiscrite au coeur de la politique. Powoir et violence symbolique Que signifie donc cette approche qui rompt avec les théories politiques traditionnelles ! Bourdieu saisit le champ politique ou le Phénoméne politique, avec les instruments théoriques qu'il a mis en eure spécialement @ cet effet, Dans cette manizre de voir, le paradigme de « la domination culturelle et symbolique » est essentiel. Pour lui, la société est un espace de conflictualité et de lutte pour ! accumulation de capitaux, tant sur le Plan économique, et culturel que politique et symbolique. Pouvoir politique et violence symbolique Aucun pouvoir ne peut perdurer saris une légitimité qui est sa composante centrale. Celle-ci ne recouvre pas seulement ce qui est fondé en droit (légalité) mais aussi ce qui est fondé en raison et en valeur c’est-a-dire selon les valeurs Fondamentales du systéme politique acceptées socialement. Mais un pouvoir n'a pas seulement une légitimité ; il doit posséder aussi une effectivité. La violence d’ordre symbolique engendre des effets de domination. Cette domination se traduit empiriquement par un ensemble de gestes de soumission et d’obéissance. Cependant, d la différence de la violence physique qui produit une obéissance passagére, La violence symbolique chez Bourdieu génére des effets durables. L'obéissance qui en résulte n'est pas déloyale, mais plutét sincére et tenace puisqu’elle est anerée dans les structures cognitives de Vindividu. . La violence symbolique sert & légitimer la domination. Bourdiou affirme dans Esquisse d'une théorie de la pratique qu'elle est méme le principe defficacité de toute obéissance. Elle peut étre définie comme l'ensemble des signes dont I’émission contribue & faire passer une domination assise sur un rapport de forces pour naturelle, et donc légitime. de se demander qui détient woir, mais commel 10 Cours introduction 4 la science politique innaciri Khadija Bourdieu montre que la violence igue 2st insidiewe. Il considére que la violence symbolique naturalise la physique des effets snéiré les re, la violen« produit une obéissance éphém: phéme durables. Elle installe une soumission tal inant structures cognitives du dominé, Bourd conduit l'individu a percevoir le monde d Vordre social est naturalisé, c'est-a-dire que li par les forces de domination est vue comme & idéologique de naturalisation de la domination permet de conforter et de reconduire Vordre existant sans difficulié. Pour Bourdieu, cette légitimation tacite et inconsciente constitue une « méconnaissance » du dominé, qui Tentraine & accepter «un ensemble de supposés fondamentaux [...] que les contingente établie et nécessaire. Ce processus agents sociaux engagent du simple fait de prendre le monde comme allant de soi, c'est-a-dire comme il est, et de le trouver naturel parce qu’ils Tui appliquent des structures cognitives qui sont issues des structures mémes de ce monde » (Réponses, pour une anthropologie réflexive). Ainsi, la violence’ symbolique réussit & faire passer un paradigme politique pour une vérité universelle en diffusant une forme d'ignorance chéz les dominés. Bourdieu déplore notamment que cette manipulation idéologique biaise fortement la concurrence des solutions politiques dans l'opinion publique en survalorisant celles qui sont favorables aux dominants. n Cours introduction & la science politique Pr Ennaciri Khadija Chapitre IT Le cadre institutionnel d ’expression du politique L’Etat 12 Cours introduction & la science politique Section J : VEtat Ce fut le pére fondateur de la sociologie politique, Max Weber, qx clarification décisive. Sa définition de "Etat est resiée wes devenue classique y bompris bien aw de-lé: de la sociologie En surtout V'idée centrale qui a été retenue plut6t que la formulation st un peu complexe. Voici le texte en question : « Nous entendonsipar Ete: be ‘centreprise politique de caractére institutionnel » lorsque et tant ane Girection administrative revendique avec swcc’s dans T'application yéglements, le monopole de la contrainte physique légitime.» (Econom: société, tome 1, chp 1, § 17, p 97). ‘De ce texte fut retenue Vidée que I'Btat en général se définit par le monopole de Ja violence légitime. Cette définition mé te diétre analysée sous deux angles Gabord, un angle statique explicitant les termes utilisés ; ensuite, un angle dynamique analysant ses différentes formes historiques et situant ce concept dans l'euvre de Weber. : $1: Le concept de l’Etat ‘A- Le monopole de la violence ‘Pour-Weber, la politique est plus ancienne que Etat ; ila existé lk cités, puis les Empires et enfin Etat. L’Etat n "est done que la forme historique moderne de la politique. Par ailleurs, la ‘politique est définie par Weber selon le o du moyen et nbn celui de la finalité. La méme idée s‘applique done pour la forme moderne de la politique qu'est UEtat. Ce dernjer ne peut pas étre défini ‘par les finalités car celles-ci sont multiples. I! en résulte une conséquence importante : Weber ne s'intéresse pas aux taches que I'Etat doit accomplir mais seulement & ce qui le singularise par rapport a d'autres formes de groupements, En d'autres termes, Weber ne dit pas que [’Etat doit se cantonner aux taches exigeant la violence. Il ne prétend pas que [Etat doit nécessairement étre un Etat-Gendarme. Méme lorsque VEtat édugue, commerce, distribue des aides, il fonetionne a Uinjonction juridique elle-méme garantie par la contrainte physique. ‘Be L’Ftat moderne et la dynamique de la société ‘La dynamique de la société moderne est caractérisée par Weber comme étant «an processus de rationalisation ». De ce fait, V’Etat en général doit éire décliné selon les étapes du processus de rationalisation. Weber distingue VEtat de la période médiévale et de la renaissance c'est-d-dire au début de son institutionnalisation et |'Etat contemporain dont linstitutionnalisation est B Cours introduction & Ia science politique Pr Ennaciri Khe Premier peut étre appelé «1 Etat patrimonial » Le second «Etat bureaucratique moderne » qui incarne le triomphe de domination légale-rationnelle, Cet Etat moderne, outro le monopole de violence légitime, se caractérise Par deux traits issus de Iq qui Se powsuit et travaille de l'intérieur Iq Figure de l'Etat, Dy coup, différentes formes @ Etats se sont succédées historiquement Weber distingue entre dewx pes d’Etats : ~! Etat de ta pés de son institution Erat », §2: La definition juridique del Etat L Etats identifie & ravers ses éléments constitatifs Les éléments constitutifs Cette definition classique comtient ‘rots éléments : sm élément matériel fle un élément formel (une 14 Cours introduction & fa sctence politique 2r Ennacirt Khadija sd — Un lerritoire Un Etat est délimité par des frontior ss internationalement s. La notion Etats, En ow de frontibre est récente et n'est apparue qu ‘avec la généralisa pratiques, les frontiéres sont reconmues par des accord ‘multilatéraux enregistrés aux Nations Unies. Bawdélimitation spv ou géographique permet de circonscrire une zone d'appli¢ation:des morm puissance publique. Existe-il des Etats sans territoires ? La question particuliérement en cas d'invasion du ter) demeure un cas assez fréquent. Dans ce cas, I'Etat survit-il 21 son territoire ? Par exemple, la Corée fut annexée par le Japon de 1910 4 1945, Ia Pologne qui disparut déja trois fois au XIXe siecle fut partagée entre le Ile Reich et l'Union soviétique en 1939. Plus prés de nous, le Koweit fut envahi toire, d’occupation « par V'lrak. Du point de vue juridique, il n'existe pas vraiment de réponse. Car la question soulevée est du type «le droit peut-il entériner une violation a droit ? ». En réalité, le droit se borne a enregistrer un fait politique, celui de la reconnaissance par les autres Etats d'une situation donnée. Ainsi sil Trak avait durablement occupée le Koweit tet que la communauté internationale ait progressivement accepté cet état de fait, les juristes auraient été conduit 2 voir Te Koweit comme une partie du territoire irakien en droit. Les limites territoriales d'un Etat Du point de vue du dr d'un Etat sont |yles frontiéres terrestres correspondant aux limites paturelles\ou \artificielles) reconnues par les traités internationauxy Par xemple, le traité ‘d’Addis-Abbeba en 1963 a entériné les limites correspondant & la possession de fait des puissances coloniales au moment de conférence de Berlin en 1895. ‘L’'Etat est également propriéiaire de son sous-sol méme. L'Ftat exerce 7 it essentiellement international, les limites territoriales également sq souveraineté sur Vespace aérien lequel se limite a l'espace atmosphérique, Mais la convention de Chicago du 7 décembre 1944 autorise le survol des avions en temps de paix sur tous les territoires nationaux. Les frontiéres maritimes sont, elles, les plus complexes. Dans ce domaine, la limite ‘des eaux territoriales étaient traditionnellement fixée & 3 milles marins correspondant 4 une\portée de canon, La pression des Etats cétiers du « tiers monde » a conduit a repoussé cette limite a 12 milles nautiques\avec la possibilité d’opérer des contréle douanier, sanitaires, fiscaux sur une zone de 12 milles au-dela de Ia limite précédente. Surtout la convention internationale de 1959 a consacré l’existence de zones économiques allant jusqu’a 200 milles des cétes notamment sous la pression des Etats exploitant du pétrole. 5 Cours introduction ¢ la science politique Pr Ennaciri Khadija [b- Une popuiation| L’ensemble des individus assujettis au droit de l'Etat constitue sa population, Juridiquement, en effet, les individus mais aussi les personnes morales, les nayires et les avions sont rattachés d un Etat & l'exception du cas limite des apatrides. Mais la détermination exacte de ce qu’est la population n'est pas simple d’autant que d'autres notions ont interféré comme celle de peuple et surtout celle de nation. Il revient & souligner l'existence de deux ensembles distincts : les ressortissants et les résidents. oh Me «her Les_ressortissants ont acquis la nationalité de I'Ktat par la filiation ou la naturalisation (droit du sang) Les résidents sont toutes les personnes habitant sur le territoire de I’Etat que ce soit temporairement ou durablement. Normalement, les nationaux en constituent !écrasante majorité. Mais les populations étrangéres peuvent constituer des minorités nombreuses et donc des sources de déstabilisation d'un pays. ¢-\Une autorité politique commune | Un territoire et une population ne suffisent pas & définir un Etat. Le territoire comme la population ont besoin d'une unité laquelle provient de ce que l’un et "autre: sont régis par une commune autorité politique. La population et le “territoire sont donc unifiés par un « pouvoir central » méme si les modalités constitutionnelles de son organisation lui conférent une forme fédérale. Reste la question : qu’est-ce qu'une autorité politique commune ? Les éléments formels Exiérieurement, une autorité politique commune se manifeste comme étant un pouvoir de coercition institutionnalisé ou encore un monopole organisé de la contrainte. Les expressions « pouvoir de coercition » ou «monopole de la Contrainte» traduisent l'existence de régles de drojt c'est-a-dire de régles Prescrivant un comportement (d'action ou d’abstention) dont I’inexécution est sanctionnée. En d'autres termes, l'effectivité de la norme dépend ultimement du recours éventuel & Ia violence, @ la force qu'elle soit physique ou plus symbolique (comme dans une saisie). C'est cette garantie contre le refus dobéissance qui distingue le droit de la morale ou l’éthique. Mais ce powoir doit aussi étre institutionnalisé, organisé. Cela implique deux choses : d’une Part, les gowernants n'agissent pas en leur nom et selon leur volonté mais en vertu d'une entité abstraite qu'ils représentent ; d’autre part, ils agissent par le Jeu de procédures et de régles manifestant l'existence d'un cadre juridique, d'un ordre oit les compétences sont réparties et les normes hiérarchisées. 16 duction a la science politique Pu Ennociri Khadija © ta souveraineté Le concept de souveraineté offe wie Premiérement, elle constitue une répon 4 différents problemes. ion de la légitimité du ndre d'une volonté divine pouvoir dans une société moderne qui ou des « décrets de la Providence ». Privé de Dieu, le pouvoir ne peut plus Teposer que sur la force pure ou sur le consentement. La force pure heurte de Sront V'éthique et mine Vobéissance & I'Etat, 4 1a loi, Des lors que le pouvoir S‘incarne dans une personne fictive qu’est l'Etat laquelle n'est que l’expression d'une volonté générale (d'un peuple), le respect du pouvoir est Sacilité. Deuxiémement, elle constitue une réponse & la question de l'ordre juridique. Ce dernier se caractérise par une pyramide de normes auxquelles les acter ot les decisions doivent se conformer. Mais que peut-étre le sommet de la pyramide ? En amont,il faut done une compétence originelle qui pose les régles premiéres, une « compétence de compétence » comme l'appelaient les jurisies allemands du XIXe siécle. Cette compétence revient, dans les sociciés modernes, au sowverain qu‘est le peuple lequel l'exerce par le biais du pouvoir constituant Troisidmement, elle constitue une réponse & la question des régles du jeu dans es relations internationales. é La société internationale se caractérise, en effet, par des inégalités considérables notamment des inégalités de puissance. La souveraineté vient en partie gommer cette donnée en refusant d'officialiser les rapports de forces et les inégalités. En tant qu'il est souverain, chaque Etat est mis/sur le méme ‘pied qu'un autre. IL est aussi considéré comme indépendant si bien que sa signature eneage sa responsabilité sans qu il puisse invoquer un « vice du consentement » résultant de pressions fortes. La souveraineté pose done l'égalité juridique et Vindépendance des Etatssur la scéne internationale afin de stabiliser les relations entre Etats, § 3: les formes de l’Etat L Etat n'est mullement une réalité naturelle mais une construction historique singuliére qui s’est tardivement généralisée. L'Etat a également sa dynamique interne : plus précisément, il est en perpétuelle mutation et sous plusieurs angles ¢ 'est pourquoi il a pris des visages historiques différents, a été traduit dans des organisations politiques variables - A : la forme sociale de l'Etat Les fonctions sociales de I'Etat ont considérablement évolué depuis la fin du AVHle sibcle. On a assisté d'abord & wn processus « d'btatisation de la société » 7 Cours introduction é la science politique Pr Ennaciri Khadija conduit au passage de\I'Etat-Gendarme\a 1 ovidencé, Depuis la crise des années 1970-1980, on @, au contraire, assisté au reflux de I’Etat sous Je coup du régne des doctrines néolibérales. a- L’Etat-Gendarme L'Etat-Gendarme est 1'Etat qui remplit uniquement des fonctions régaliennes lesquelles découlent directement du concept de souveraineté. Ces fonctions sont essentiellement au nombre de quatre + assurer Ia sécurité extérieure par la diplomatie et l'armée ; + assurer la sécurité intérieure par l'ordre public et la police ; + assurer la justice au moyen des régles de droit ; + faciliter les échanges en émettant une monnaie au moyen d'une banque centrale, Cette forme d'état est étroitement lige au régne de la doctrine du libéralisme Economique qui n'a, rappelons-le, aucun lien avec le libéralisme politique, Section 2 ; les régimes politiques’: autoritarisme et totalitarisme Selon le célébre mot de Paul Valéry : « Si 1Etat est fort, il nous écrase ; s'il est. faible, nous périssons » (in Regards sur le monde actuel). La formule met en valeur un paradoxe. Alors qu'il a pour fonction de réguler la société dans son ensemble, le pouvoir d’Etat est constamment soumis dun danger ou plutét é un risque de dérive: celui de générer des déséguilibres, dintroduire du dysfonctionnement. Le régime politique est un concept qui articule d'un cété, le mode dorganisation du pouvoir et d’un autre cété, son mode d'exercice. Il ne sintéresse done pas seulement aux régles relatives au_powoit politique mais aussi aux hommes, & leurs pratiques. A- les régimes non démocratiques = a: Les régimes toraltairés x Core Un A définition = La définition la plus célébre est celle proposée par Carl Friedrich\et appelée le x sundrome en six points ». Selon celle-ci, le totalitarisme se aéfinit par : > une idéologie officielle embrassant la totalité de la vie wun parti unique de masse mettant en wuvre cette idéologie et soumis a la fonté d'un seul homme (un dictateur) tréle policier terroriste au moyen d'une police secréte ir monopolisant les mayens de communication de masse monopolisant les instruments de violence (les moyens de Sours introduction éla science politique Pr Ennaciti Khadi up du réene des doctrines néolibérales, a- L’Etat-Gendarme Valery: « Si V Etat est fort, il noue écrase ; s'il est faible, nous périssons » (in Regards exp le monde actuel). La formule met en & A- les régimes non démocratiques \ z& Les’ régimes fotalitatres; ¥ définition Cours introduction & |a science politique Pr Ennacirl Khadija > un powwoir contrdlant les économiques afin de centralise de l'économie. une recherche effrénée de Uunité. ® & dispa conduit & Vabsorption de iété civile par UE irs politique, économique, sociaux. © La dynamique du systéme conduit donc a une répudiation de la séparation, de Vindividualisation. ® Le pouvoir politique nie alors la fragmentation sociale, l’hétérogénéité. © A chague instant, tout homme qui manifeste une liberté risque de dever «un homme en trop » qu'il convient d’éliminer La portée du concept Si le concept de totalitarisme a des faiblesses réelles, il parait aberrant de vyouloir nier son originalité. Cette notion a un avantage considérable : elle met en valeur une forme inédite de la politique dont la caractéristique centrale est ment étonnante, Pour la premiére fois dans Uhistoire, un une radicalité propr projet politique est institutionnalisé aveo, au cazur de ce projet, la production de force d'un « homme nouveau » qui implique également un « crime de masse » c'est-a-dire une logique de destruction assumée. [bcos régimes autoritaires opposition centrale entr2 totalitarisme et démocratie qui régna aprés-guerre nie fit pas I’unanimité Un grand nombre de pays n’entre ni dans Wane, ni dans Vauire, C’est done largement contre cette opposition binaire que fut forgé le concept de régime autoritaire qui s'inscrit dans une tradition classique. Llautoritarisme désigne la tendance d'une personne abuser de son autorité & Texercer avec rigueur, @ chercher & l'imposer. Synonyme de tyrannie Liautoritarisme est le caractére autoritaire, d'un régime politique qui veut imposer & la société et son idéologie et la toute-puissance de I'Etat. Les rapports entre les gouvernants et les gouvernés sont fondés sur la force et non sur une légitimité démocratique. Le pouvoir, au main d'un sowerain, d'un parti, d'une junte militaire... n'est pas partagé et il n'existe pas de contréle du pouvoir exécutif aussi la négation des droits de V'individu 3 Historiquement, les formes et les mots pour désigner l'oppression ont varié. La forme classique particuligrement grecque fut celle de la trannie ; la forme AW cequi ak Ju ply Tepe une op Mmoewrirhe A’aclrs et chaakeyien cheatinese cd sable Me evatnlicyader ba Pesce eb PEs oles ol! ume Cours introduction & Ia science politique moderne! a celle jdu despotisme. La dictature constitue soe forme Puisqu’elle 4 Rome et existe encore aujourd hui m wn Manifestation de Vautoritarisme dans un régime politique : © Développement de ta propagande, ~© Embrigadement et encadrement de la jeunesse. © réglementation de tous les aspects de la vie sociale et cultur. © Dirigeants cooptés et non élus. © Restriction des libertés d' association, dexpression, d'opinion © Opposants bannis, exilés, emprisonnés, persécut © Absence de respect des droits de "homme Traits de convergence des formes de Vautoritarisme > Une interdiction de toutes activités politiques organisées > Un contréle étroit de la vie politique > Un contréle total de Vappareil d'état et des médias > Un coniréle total de l'appareil d’Etat > Le refus de la compétition électorale Les exceptions : Certains régimes. ont recours @ I’élection sous une forme généralement plébiscitaire soit pour aécéder au Powoir, soit pour s'y maintenir. Malgré tout, le soutien de la population peut avoir effectivement existé : Hitler en Allemagne, Khomeiny en Iran, Napoléon Iet Ill en France... B- Les régimes démocratiques vt Lihomme est un animal politique », écrit Aristote Non seulement il sit en groupe, mais il crée des institutions politiques chargées de gérer lajpolis\ ou cité. Existe-t-il des sociétés sans pouvoir politique ? Certains anthropologues ontobservé des sociéiés sans Etat [Clastres, 1974] ou des sociéiés @ « gouvernement difiis » (Mair, 1962]. Méme les « gouvernements primitifs » (@Evans-Pritchard et Fortes, 1964] sont une forme de pouvoir politique. La « cité » peut étre la ville, l'Etat, Vempire ow, encore, un regroupement d'Etats, comme les Etats-Unis a’Amérique ou l'Europe. L'histoire et Vanalyse comparée nous montrent des formes politiques diverses. Mais, par-delé leur diversité, on peut Identifier des régimes politiques; dont les grands traits se retrouvent dans espace et dans le temps. Des classifications ont été proposées. Elles sont encore utilisées aujourd'hui, méme si, a Vorigine, elles ont traduit, de Ia part de leurs auteurs, un attrait ou une répulsion pour un régime qui lou était contemporain. Toute classification pose la question du « bon » régime 20 ee er me een Cours introduction & la science politique Pr Ennaciri Khadija ae La notion de démocratie et souverai « Démocratie » est un m 2 Zrdtos) au peuple politique qui (démos). Inventée par les Ad porte ce nom, elle apparait ° la cits d'Athénes reverse ses tyrans. A VEpoque, Ia ¢ se comprend donc comme sil ila le powoir du peuple assemblé, qui doit assurer Tinie? général. C'est possibilité pour tous les eitoyens de participer aie différentes institutions de Ia cité “Le gouvernement du peuple, par le peuple, pow le peuple” est la formule célébre d’Abraham Lincoln pour aéfinir la démocratie Cette définition est, en outre, proche de son sens étymologique, démocratie venant di grecldemokratialpowvant étre waduit par Texpresion “pouvoir du peuple” (demo : peuple, kratos : powoir). Ce type de régime se particularise par le fait que le pouvoir y est exercé par le peuple, ou du moins, par ceux dont la qualité de citoyen est reconnue. Ainsi comprise, 1a.déi Poligarchie (gouvernement d'un groupe particulier). La démocratie repose sur une certaine conception de la souveraineté cratie s oppose a la monarchie (gouvernement d'un seul) et @ populaire, La théorie de la “ouveraineté populaire est la base théorique dé la Vemocratie, En effet, toutes les démocraties proclament 416 la souveraineté appartient au peuple. Cette conception a otamment été développée par Jean- Jacques Rousseau dans Le_contrat “social. Selon tui, Je titulaire de la ‘souveraineté, c'est le peuple Teel, cvest a dire l'ensemble des citoyens. Ainsi, chaque citoyen détient we parcelle de souvehaineté : “g'ily a 10 000 citoyens, chague citoyen a pour sa part la dix-milligme partie de Vautorité supréme” L’expression de cette souveraineté passe par wt droit de vote pour chaque citoyen (suffrage universel) et wn mandat impératif qui lie les élus aux électeurs, ses dorniers leur donnant des instructions, \voire méme powvant les révoquer yils estiment que les élus_—_s"écartent de leur _volonté. Cependant, Rousseau Tui-méme reconnaissait ue la démocratie directe était difficilement réalisable : “G prendre le terme dans la rigueur de l'acception, il n'a jamais existé de veritable Démocratie, et il n’en existera jamais”, arguant vnéme qu'elle ne conviendrait qu’ “un peuple de Diets ” La raison qu'il donne gat quil vad l’encontre de Uordre naturel que le grand nombre gouverme et que le petit soit gowverné. Autrement dit, comme Je souligne Philippe Braud a 7 @ Ia science politique ciri Khadija politigue, “le gouvernement est tor Aussi, il convient de distinguer dewx types de > la démocratie directe : le peuple participe activeme powoir législatif (élaboration et vote des lois), mais qu’a “un peuple de Dieux” ; o la démocratie.semi-directe : le peuple désigne ses représentants occasionnellement & la fonction législative par le biais des r d'approbation d une loi), d’un droit de véto populaire (oppos: ou d'un droit d’initiative populaire (droit de proposer des lois) Notons également que Philippe Braud invite également @ se défaire de l'idée que cette fraction puisse étre désignée librement car il existe 1 d importants ffiltrages des candidats & la candidature : le jeu des mid formations politiques ou encore la notoriété ou l'argent sont des élé: prendre en compte dans une élection. Lors de la Révolution francaise, la théorie de la souveraineté nationale a été exer ar une préférée a celle de la souveraineté populaire. Cette théorie implique : o une démocratie représentative: la souveraineté n'est pas exercée directement par le peuple (on parle également de démocratie indirecte) ; © une souveraineté nationale : aux termes de l'art. 3 DDHC, “le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul _ individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément”, ce qui signifie que la Nation, entité abstraite et indivisible, est distinguée de Vensemble des citoyens qui la composent ; o une théorie de la représentation qui considére que la volonté des représentants équivaut & celle des représentés et de la Nation tout entiére ; ils décident de ce que la Nation décide ; © un mandat représentatif : & la différence du mandat impératif, le mandat des représentants émane de la Nation entiére et non pas des citoyens de telle ou telle circonscription. Aussi, ces représentants ne doivent pas étre considérés comme les défenseurs des intéréts particuliers de leurs électeurs (ils ne peuvent recevoir ni d’ordre, ni d'instruction de leur part), ils ne sont d'ailleurs pas responsables devant eux, mais seulement devant la Nation. il est possible de distinguer plusieurs types de régimes démocratiques. Dans tous les cas, ces régimes supposent nécessairement une séparation entre pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire afin que, comme le souligne Montesquieu dans L'esprit des lois, “par la disposition des choses, le pouvoir 22 nce politique PrEnnaciri Khasi Mais il existe plusieurs mantéres d’organiser me parlementaire, il existe une séparation souple des pouvoi Chague powoir s'inscrit dans un systéme qui le rend dépendant des autres. It dispose d'un moyen de pression qui permet d’équilibrer l'ensemble le pouvoir exécutif : il a la possibilité de dissoudre le pouvoir législatif © le pouvoir ‘législatif : il peut renverser le pouvoir exécutif par le vote de motion de censure ou de défiance). 5): Défense et critique de la démocratie athénienne 1a démocratie athénienne a servi de modéle ou de repoussoir, en son temps comme dans les siécles suivants Dans la seconde moitié du V siécle, Hérodote a présenté une classification des régimes politiques en fonction du nombre des gouvernants, Cette classification est toujours utilisée. Lorsqu'un seul commande, c'est la monarchie ; lorsqu'une minorité commande, clest Voligarchie ; lorsque la majorité commande, c'est la démocratie (L'Enguéte, If, 80-82). Hérodote se pose la question du « bon régime », Il oppose la démocratic athénienne, qu'il connait, & la monarchie\perse de Darius. Platon reprend cette classification, mais pour s‘opposer & la gémocratie. On pense qu'il a éerit Politique entre 367 et 361 avant notre fre, apres la condamnation @ mort de Socrate par la démocratie. Pour lui, la démocratie ne peut étre un bon régime : « Pour celui de ia multitude, tout y est faible et il ne peut rien faire de grand, ni en bien, ni en mal, comparativement aux autres, parce que lautorité y est répartie par petites parcelles entre beaucoup de mains » (Politique, 303b). Le seul régime politique authentique est celui d'ume cité higvarchique et— inégalitaire, gouvernée par une classe de gardiens-philosophes, spécialistes de {a politique. Aristote, dans Politique, reprend la division tripartite des régknes, mais, lui, pour défendre la démocratie athénienne. I! introduit un autre critére qualitatif, qui est Vobjectif poursuivi par les gouvernamts : « Quand cet individu, ce petit ou ce grand nombre gowernent en vus de l'avantage commun, ces Constitutions sont droites, mais quand c'est e n vue d e l'avantage propre de cet individu, de ce petit ou de ce grand nombre, ce sont des déviations » (livre IIL, chap. 7, 1279a). Dans le premier groupe figurent la royauté, laristocratie et le gouvernement constitutionnel ou république. Les déviations sont la tyrannie, Voligarchie et la démocratie : « La tyrannie est une monarchie qui vise Vavantage du monarque, l'oligarchie, celui des gens aisés, la démocratie vise Vavantage des gens modestes. » 23 Cours introduction & la science politique Pr Ennaciri Khadija st celui du Politique, que Un gouvernement doit avoir pour but I'« avantage commun d'Athénes, phubt « républicain » que « démocratique ». En an Aigure le recueil de cent cinquante-huit Constitutions grecques es étudiants du Lyeée devaient analyser. De cette comparaiso que l'essentiel d'un régime est qu'il soit modéré, qu'il permette 4 la raison, d'assurer la liberté de tous. B- Les types de régimes démocratiques On peut classer les différents types de régimes démocratiques selon qu’ils privilégient la collaboration des différents powvoirs ( régime parlementaire) ow lew stricte séparation (régime présidenticl). Certains régimes présentent par ailleurs un caractére mixte, a la fois parlementaire et présidentiel, I- Le régime parlementaire Le régime parlementaire se distingue du régime d'assemblée par une plus grande séparation des différents pouvoirs et par l'existence de mécanismes de régulationen. cas de désaccord entre l'exécutif et les assemblées parlementaires Za principale caractéristique de ce régime réside dans Ta nécessité pour Je Gouvernement de disposer de la confiance de la majorité parlementaire : il est done responsable devant elle et doit remettre sa démission s'il ne dispose plus d'une majorité. Pour cette raison, l'exécutif est dissocié entre “le chef de I'Etat et le Gouvernement. Le premier, qui peut étre um monarque, incarne la continuité de !'Btat et ne participe pas a l'exercice du pouvoir en dehors de la nomination die chef du Gouvernement. N’ayant pas, en principe, de réle actif, il est politiquement irresponsable. En revanche, le chef du Gouvernement et ses ‘ministres assument la conduite de la politique nationale sous le contréle des assemblées parlementaires : l'autorité et la responsabilité politiques sont ainsi étroitement liées. Pour cette raison, la plupart des actes du chef de l'Etat doivent étre contresignés par les membres du Gouvernement concernés Le fonctionnement du régime parlementaire implique une étroite collaboration entre le Gouvernement et les assembiées. Les membres du Gouvernement, qui le plus souvent sont choisis parmi les parlementaires, ont accés aux assemblées Le Gouvernement dispose par ailleurs de Vinitiative législative et participe é Vélaboration de la loi. Compte tenu des risques de blocage pouvant résulter de la mise en cause de la responsabilité du Gouvernement ou de la perte de confiance dans l'une des chambres, un pouvoir de dissolution est reconnu au chef de I'Etat ou au chef de 24 Cours introduction & Ja science politique Pr Ennaciri Khadija dissolution mettant de Gouvernement. Le renversement apparaissent ainsi comme dew surmonter les tensions qui pew majorité. La dissolution présen: dlecteurs. 2+ Le régime présidentiel Mis en ewvre par les E: 787, le'régime présidentiel se caractérise par une stricte sépara suvoirs : le pouvoir législatif a le monopole de initiative et la pleine matirise de la procédure législative ; le powvoir exécutif qui dispose d'une légitimité fondée sur le suffrage universel, ne peut etre renversé ; le powoir judiciaire dispose de larges prérogatives. La principale caractéristique du régime présidentiel réside dans le mode de désignation du chef de "Etat, élu au suffrage wniversel direct ou indirect. Je Président jouit ainsi d'une forte légitimité qui fonde les : larges pouvoirs dont il dispose. Il a le pouvoir de nommer et de ré joquer les ministres ef a autorité sur eux. exécutif relevant du seul Président, celui-ci est a la fois chef de l'Etat et chef du Gouvernement, Sa responsabilité politique ne peut étre mise en cause par les assemblées, mais, réciproquement, il dispose de peu de moyens de contrainte a leur égard. En effet, il ne peut pas les dissoudre et dispose seulement d'un droit de veto sur les textes législatifs qui ne lui conviennent pas. Les assemblées parlementaires détiennent_ pour._leur__part _d'importantes prérogatives de législation et de conirdle, Elles ont ainsi la pleine maitrise du vote des lois et le monopole de |'initiative législative. Elles disposent également de moyens d’investigation trés poussés sun le fonctionnement des services relevant de l'exécutif. ; 3- Le régime mixte Ce régime correspond a celui dela Ve République en France depuis introduction de l'élection du président de la République au suffrage universe! direct en 1962. On y retrowe certaines caractéristiques du régime présidentiel : le chef de V'Btat, élu par le peuple, choisit et révoque les membres du Gouvernement, sil dispose d'une majorité parlementaire conforme & ses vues. Le régime mixte emprunte aussi des éléments au régime parlementaire: le chef du Gouvernement est distinct du chef de IEtat et sa responsabilité peut étre mise en cause par la chambre basse (en France, I'Assemblée nationale). Le chef de TEtat dispose du powoir de dissolution et le Gouvernement bénéficie d'importantes prérogatives dans la procédure législative. 25

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