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Analyse économique: Microéconomie

João Montez

Université de Lausanne

Printemps 2019
Qu’avons nous fait la semaine passé?
Nous avons commencé la discussion du choix sous risque:

•Modèle standard: la théorie de l’utilité espérée (TUE)


– Les préférences envers le risque sont reflétées directement
par la courbure de la fonction d’utilité

•Applications de la TUE
- Partage optimal de risque
- Demande d’assurance contre les gros risques: en accord avec
la TUE
- Demande d’assurance contre les petits risques: contredit la
TUE 2
Aujourd’hui
Deux questions:
1. Comment expliquer l’aversion aux petits risques?
•Théorème de calibration (Thaler & Rabin, 2001)
Si l’aversion au risque pour de petits montants était due à
l’utilité marginale décroissante, ceci impliquerait de l’aversion
au risque extrême pour de plus grands montants

➢La théorie de l’utilité espérée n’arrive pas à expliquer


entièrement les préférences envers le risque
➢ Encore Kőszegi & Rabin (2006)!

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Aujourd’hui
Deux questions:
2. Comment expliquer des attitudes envers le risque qui
dépendent des probabilités?

• Quatre tendances envers le risque (Tversky & Kahneman, 1992)


- Relation systématique entre les probabilités de résultat et
les préférences envers le risque

➢Contredit TUE, selon laquelle la courbure de la fonction


d’utilité est l’unique vecteur des attitudes envers le risque

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1. Aversion aux petits risques

• Exemple 1: les individus ont le choix entre:

– CHF 50 avec certitude

ou

– Une loterie qui rapporte CHF 100 avec probabilité p et 0


avec 1-p.

➢ Question: Quelle est la probabilité minimale p pour


laquelle vous acceptez la loterie?

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1. Aversion aux petits risques
Selon la TUE, la probabilité minimale p d’accepter la loterie
satisfait:

u u(m+100)
u(m+50)
Aversion au risque:
u’’(c) < 0 ➔ p > 0.5

Neutre au risque:
u’’(c) = 0 ➔ p = 0.5

Aime le risque:
u’’(c) > 0 ➔ p < 0.5
u(m) c
m m+50 m+p100 m+100 6
1. Aversion aux petits risques

• Distribution du p minimal pour accepter la loterie:


– Vos collègues il y a quelques années (N = 271)
6% sont neutres au risque

82% sont averses au risque

12% aiment le risque

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1. Le théorème de calibration (Thaler et Rabin, 2001)
Quelqu’un reporte un seuil d’acceptation p = 2/3 dans la
loterie précédente et cette réponse est indépendante de
son revenu m
Selon TUE, l’individu accepterait une loterie à pile ou
face dans laquelle on peut perdre CHF 300 ou gagner:
(a) CHF 450.
(b) CHF 10,000
(c) CHF 1 million
(d) Deux fois le PIB actuel de l’union européenne

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1. Le théorème de calibration (Thaler et Rabin, 2001)
En réalité, aucune des réponses n’est correcte.

•Selon la TUE, un tel individu rejetterait une loterie à


pile ou face où on peut perdre CHF 300 ou gagner un
montant inimaginablement grand!

•La raison: si p = 2/3 pour tous les revenus m, l’utilité


marginale décroit géométriquement à une vitesse
impressionnante.
– Si on augmente m de CHF 100, l’utilité marginale décroit
d’un facteur de 1/(2p), ou ¾ pour p= 2/3

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1. Le théorème de calibration (Thaler et Rabin, 2001)

➢TUE: l’aversion au risque pour de petits montants


implique un degré d’aversion au risque improbable pour
de gros montants

➢La théorie de l’utilité espérée échoue comme modèle


descriptif du choix sous risque

➢Besoin d’autres théories qui soient en accord avec les


résultats empiriques => préférences référentielles

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1. Aversion aux petits risques: Kőszegi et Rabin (2006)
Exemple le plus simple de Kőszegi et Rabin (2006)
model des préférences référentielles:
•L’utilité de consommation est linéaire: u(x) = x
➢Neutre au risque sans préférences référentielles
•L’utilité référentielle est linéaire par partie:

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1. Aversion aux petits risques: Kőszegi et Rabin (2006)
• Loterie A: Joue à pile ou face. Gagne G ou perd 50.
– Hypothèse: le référentiel est de ne pas accepter la loterie
A.
– A quoi ressemble la sensation de gagner G?

– A quoi ressemble la sensation de perdre 50?

– L’individu accepte la loterie bien que son référentiel est de


ne pas l’accepter si

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1. Aversion aux petits risques: Kőszegi et Rabin (2006)
•Le modèle de Kőszegi & Rabin peut expliquer l’aversion
au risque pour des montants modestes sans impliquer
un degré d’aversion au risque improbable concernant les
montants plus grands.
•Raison:
– Contrairement à la TUE, le modèle de Kőszegi & Rabin
autorise une autre source d’aversion au risque que la
courbure de u(x).
➢ Le référentiel combiné avec l’aversion aux pertes implique
une aversion au risque qui est indépendante de u’’(x)

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1. Aversion aux petits risques: Kőszegi et Rabin (2006)
Loterie A: Joue à pile ou face. Gagne G ou perd 50.
•Mais si le référentiel est d’accepter la loterie?
•A quoi ressemble la sensation de gagner G si l’individu
s’attend à jouer la loterie? Ambigu:
• D’un côté, un peu neutre, car l’individu s’attend déjà à
gagner avec probabilité 50%.
• D’un autre côté, un peu comme un gain, car l’individu
s’attend aussi à perdre CHF 50 avec probabilité 50%.
➢C’est plus compliqué, mais voici l’intuition:
L’individu renoncerait à l’opportunité de gagner s’il décline la
loterie => moins d’aversion au risque qu’auparavant

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1. Aversion aux petits risques: Kőszegi et Rabin (2006)
Loterie A: Joue à pile ou face. Gagne G ou perd 50.
•Hypothèse: le référentiel est d’accepter la loterie A
•Sensation de gagner:

•Sensation de perdre:

•Sensation de rejeter:

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1. Aversion aux petits risques: Kőszegi et Rabin (2006)

Loterie A: Joue à pile ou face. Gagne G ou perd 50.


•Hypothèse: le référentiel est d’accepter la loterie A
•Accepter la loterie si:

•L’individu renoncerait à l’opportunité de gagner s’il décline la


loterie => moins d’aversion au risque qu’auparavant
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1. Aversion aux petits risques: Kőszegi et Rabin (2006)
Prédictions concernant le choix sous risque dans modèle:

•L’aversion au risque est forte si l’individu s’attend à ne


pas prendre le risque

•L’aversion au risque est faible si l’individu s’attend à


prendre le risque

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2. Attitudes envers le risque qui dépendent des probabilités

Un autre phénomène empirique que TUE ne réussit pas à


expliquer:
• Plusieurs individus jouent à la loterie nationale…
– Petite probabilité de gagner une grande somme d’argent
– Mais, le gain espéré est négatif
➢ Seulement possible si les individus aiment le risque.

• … mais ne participent pas au marché financier.


– Grande probabilité d’avoir gains relativement importantes
– Le gain espéré est positif et plus important que celui d’un compte
en banque
➢ Seulement possible si les individus sont averses au risque.
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2. Attitudes envers le risque qui dépendent des probabilités

• En TUE, aimer le risque nécessite une fonction d’utilité


convexe mais l’aversion au risque une fonction concave
➢ Le fait que la fonction d’utilité est convexe pour les gains très
importants et concave sinon est pas très plausible

• Est-ce la différence en probabilité qui entraîne le


changement des attitudes de risque?
➢ Pas possible en TUE, vu que la courbure de la fonction d’utilité ne
dépend pas des probabilités.
➢ Il existe plusieurs preuves empiriques qui confirment la dépendance
entre les attitudes de risque et les probabilités.

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2. Attitudes envers le risque qui dépendent des probabilités

Exemple 1: les individus ont le choix entre:

– CHF ? avec certitude

ou

– Une loterie qui rapporte CHF 100 avec probabilité p et 0


avec 1-p.

➢ Question: Quelle est le montant ? minimum que vous


préférez a la loterie?

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2. Mesure des préférences envers le risque avec plusieurs loteries

Quatre tendances envers le risque émergent.

Les équivalents certains indiquent que les individus:

1. Aiment le risque pour des gains avec petites probabilités


2. Sont averses au risque pour des gains avec grandes probabilités
3. Sont averses au risque pour des pertes avec petites probabilités
4. Aiment le risque pour des pertes avec grandes probabilités

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2. Les quatre tendances envers le risque

GAINS PERTES
95% chance de gagner CHF 10 000 95% chance de perdre CHF 10 000
PROBABILITE
ELEVEE Peur de la déception Espoir d’éviter la perte
«Effet de AVERSION AU RISQUE CHERCHE LE RISQUE
certitude»
Prime de risque>0, (E(X)-xC > 0) Prime de risque<0, (E(X)-xC < 0)
5% chance de gagner CHF 10 000 5% chance de perdre CHF 10 000
PROBABILITE
FAIBLE Espoir du grand gain Peur d’une grande perte
«Effet de CHERCHE LE RISQUE AVERSE AU RISQUE
possibilité»
Prime de risque<0, (E(X)-xC < 0) Prime de risque>0, (E(X)-xC > 0)

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2. Prospect Theory (Kahneman & Tversky, 1979 & 1992)

Prospect Theory (PT) peut expliquer les quatre tendances


envers le risque.

Elle se base sur ces deux propriétés principales

• Sensibilité décroissante: les changements sont perçus de manière


plus dramatique s’ils ont lieu proche du référentiel
– Dans le domaine des résultats, le référentiel sépare les gains des pertes
– Dans le domaine de la probabilité, la certitude (p=0 et p=1) constitue référentiel

• Aversion aux pertes: les pertes semblent plus grandes que des
gains comparables
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2. La fonction de valeur de la PT: v(x)

En PT, la fonction d’utilité est remplacée par la fonction


de valeur v(x) qui discrimine entre les gains et les pertes

• Le référentiel sépare les


gains des pertes
• La sensibilité décroissante
implique la forme en S de
v(x)
• L’aversion aux pertes
implique que v(x) est plus
raide pour les pertes que
pour les gains
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2. La fonction de valeur de la PT: v(x)

En PT, la fonction d’utilité est remplacée par la fonction


de valeur v(x) qui discrimine entre les gains et les pertes

si
sinon

avec

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2. La fonction de pondération des probabilités PT: w(p)

En PT, les individus transforment les probabilités


objectives p d’après une fonction de pondération w(p)

• Deux référentiels associés


avec certitude
• Sensibilité décroissante
➔ Forme en S de w(p)

➢ Pondération exagérée des


petites probabilités
➢ Pondération sous-évaluée
des grandes probabilités
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Qu’avons-nous fait aujourd’hui?

1. Selon la TUE, les individus devraient être presque neutres


envers le risque lorsqu’ils font face à des choix risqués avec
des montants modestes à modérés
– Cependant, les individus sont en moyenne fortement averses au risque
lorsqu’il s’agit de petits montants

2. Selon la TUE, les préférences envers le risque devraient être


indépendantes des probabilités de résultats
– Cependant, il y a une relation systématique entre les probabilités de
résultat et les attitudes envers le risque (quatre tendances)

➢ Les préférences référentielles décrivent mieux


empiriquement le choix sous risque
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Qu’allons-nous faire?

• Mardi prochain: Série d’exercice 4


– à propos du choix sous risque

• Après les vacances de cours: choix intertemporel


– Epargne et emprunt
– Lisez le chapitre 10 de Varian

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