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Cours Complet Discord
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Contrôle de l’Administration.
I. Le Conseil d’État.
C’est une institution très ancienne. Son origine directe est la Constitution de l’an 8
(1799) qui comportait l’article 52 qui instituait un Conseil d’État chargé de rédiger les
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projets de loi et « de résoudre les difficultés qui s’élèvent en matière administrative ». La
nature de l’institution est assez ambigüe. C’est un organe consultatif et, en matière de
litige, sa nature est très indéterminée. Dès l’origine, il n’est pas conçu comme un juge (il
« résout » mais ne juge pas).
C’est, historiquement parlant, sa première fonction. Elle se traduit par des avis au
profit, au bénéfice, du gouvernement mais également du Parlement depuis la révision
constitutionnelle de 2008. Le Conseil d’État ne statue qu’en droit. Ces avis du Conseil
d’État sont délivrés par les sections administratives du Conseil d’État. Il existe 6 sections
administratives : les sections de l’intérieur, des finances, des travaux publics, sociale, de
l’Administration et la section du rapport et des études. Chacune de ces sections a un
domaine de compétence définit par décrets. C’est une organisation qui permet de répartir
le travail sachant que ces sections s’expriment toute au nom du Conseil d’État. Les avis
formés par le Conseil d’État en section ne sont pas publiés, ce sont seulement des
documents de travail pour le gouvernement (qui peut décider de publier ces avis).
3 remarques :
- il existe des cas de saisine obligatoire du Conseil d’État. Cela concerne d’abord
tous les projets de loi qui doivent être soumis pour avis au Conseil d’État. Cette saisine
obligatoire s’applique également aux décrets de l’article 37 de la Constitution qui sont
des décrets autonomes. Il existe également des cas de saisine facultative. Cela concerne
d’abord les propositions de loi, et plus globalement tout ministre peut saisir pour avis le
Conseil d’État sur une question administrative donnée.
C’est la plus spectaculaire, la plus visible. Cette fonction est aussi la plus récente.
Elle est apparue de manière fortuite, c’est à dire que rien ne laissant augurer du
développement de cette fonction. C’est une suite de faits historiques, d’initiative du
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Conseil d’État qui ont conduit à l’apparition d’une juridiction. C’est une naissance
quasiment accidentelle, une suite de hasards accumulés.
Il y a trois étapes qui, mises bout à bout, ont conduit à la création de cette
fonction. La première est la loi des 16 et 24 août 1790. Elle pose le principe de séparation
des autorités administratives et judiciaires qui consiste à dire que le juge judiciaire ne
peut pas juger l’Administration. Il s’explique d’abord par le fait qu’il n’existait qu’un juge à
l’époque et par le fait que ce n’est rien d’autre que la séparation des pouvoirs. Il existe
néanmoins des litiges administratifs : le principe est alors que l’Administration se juge
elle-même. La loi ne crée pas de juridiction administrative mais elle la rend possible.
La dernière étape est une décision du Conseil d’État du 13 décembre 1889, l’arrêt
Cadot. À cette époque, le Conseil d’État est une vraie juridiction mais la loi de 1872
n’avait pas supprimé le système du ministre-juge (= l’Administration se juge d’abord en
première instance et on peut ensuite saisir le Conseil d’État, le Conseil d’État n’est qu’un
juge d’appel). Avant de saisir le Conseil d’État, il fallait toujours saisir l’Administration
directement. Cadot est un fonctionnaire marseillais chargé de la voirie et son emploi est
supprimé par le conseil municipal et Cadot conteste la suppression en saisissant
directement le Conseil d’État. Logiquement, le Conseil d’État aurait dû rejeter sa requête,
mais il estime que le recours est recevable. On en tire l’enseignement suivant :
l’Administration, depuis cet arrêt, perd tout pouvoir juridictionnel.
Aujourd’hui, au sein du Conseil d’État, c’est une section qui assure la fonction
juridictionnelle : c’est la section du contentieux. Elle est divisée en 10 chambres qui ont
chacune une compétence définie par matière. Les chambres instruisent les affaires et,
ensuite, les jugent. Chaque affaire est jugée par une chambre mais il existe des
formations de jugement plus solennelles : il y a souvent plus de juges et plus
expérimentés. Il y en a trois variétés :
- les tribunaux administratifs : créés en 1953, ils ont succédés aux conseils
de préfecture. Il en existe, à l’heure actuelle, 42 en France dont 11 d’Outre-mer. Ils
sautent en premier ressort et sont juges de droit commun de l’activité administrative.
Territorialement, le TA compétent est celui dans le ressort duquel se trouve
l’Administration dont l’acte est contesté. Il y a des exceptions pour éviter que le TA de
Paris soit encombré.
Il en existe environ 30. C’est par exemple la Cour des comptes, la Cour de
discipline budgétaire ou financière (juge les ordonnateurs), le Conseil supérieur de la
magistrature (CSM), les sections disciplinaires des universités, la Cour nationale du droit
d’asile (CNDA)… La loi qui les crée leur attribue une compétence spécifique. Leur point
commun est que toutes relèvent du contrôle du Conseil d’État par la voie de la cassation.
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SECTION 2 : Le dualisme juridictionnel.
Il arrive parfois que le juge judiciaire juge l’Administration. Le juge judiciaire peut
contrôle l’activité administrative. D’une manière générale, la logique est simple : le juge
judiciaire n’est compétence que par exception en matière administrative, c’est ce qui
résulte d’une décision du Conseil constitutionnel du 23 janvier 1987, Conseil de la
concurrence. Il était question d’une loi dont l’objet était de créer un nouveau droit de la
concurrence qui crée notamment un Conseil de la concurrence qui était une autorité
administrative indépendante dont l’objet était de sanctionner les pratiques anti-
concurrentielles. La difficulté est qu’il y a une sorte de paradoxe, c’est une Administration
donc logiquement ses décisions sont des actes administratifs, mais la matière est
essentiellement commerciale donc plutôt de droit privé. Le législateur n’a pas voulu
choisir et la loi indiquait que les recours contre les décisions du Conseil de la concurrence
relèvent de la Cour d’appel judiciaire de Paris. Précisément, le Conseil constitutionnel
était saisi de la question suivante (question nouvelle) : cette attribution de compétences
au juge judiciaire en matière administrative est-elle conforme à la Constitution ? Existe-t-il
un principe constitutionnel qui permet de définir la compétence des deux juges ? La
réponse du Conseil constitutionnel s’est fait en trois temps :
Le service public de la justice judiciaire est une activité ambigüe. C’est un service
public, or, le droit du service public est le droit public, donc logiquement son juge est le
juge administratif. La justice judiciaire est une justice à part entière, souveraine donc si le
contentieux qu’elle génère, provoque devait relever du juge administratif, on aboutirait à
la situation selon laquelle un juge (administratif) en jugerait un autre (judiciaire). On n’arrive
pas spontanément à dire qui va l’emporter : la dimension de SP ou la dimension
judiciaire. Le droit positif ne tranche pas tout à fait cette ambiguïté. Désormais, la règle de
répartition est la suivante : le juge judiciaire est compétent pour apprécier le
fonctionnement de la justice judiciaire alors que le juge administratif est compétent, lui,
pour apprécier l’organisation de la justice judiciaire. Cette règle de réparation résulte d’un
arrêt du TC du 27 novembre 1952, préfet de la Guyane. Le TC dit que ce qui définit la
compétence du juge et l’objet de l’acte. Ainsi, si l’objet de l’acte est d’assurer le
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fonctionnement quotidien de la justice judiciaire (ex : mesures d’instruction), c’est un acte
judiciaire donc qui relève du juge judiciaire. En revanche, si l’objet de l’acte est
d’organiser la structure du service (ex : décisions de nomination d’un magistrat ou de
sanction d’un magistrat), le TC considère qu’il s’agit d’organiser le service et donc que les
litiges relèvent du juge administratif (ex : décisions du CSM).
Il s’agit avant tout de l’expression d’une tradition juridique en France. L’idée est
que, depuis le début du XIXème siècle, il y a une tradition que le juge judiciaire soit le
gardien des libertés publiques, il est considéré comme tel. En effet, à cette époque, il
était le seul juge véritablement indépendant du pouvoir exécutif (préjugé qu’on avait à son
égard). Cela sous-entend que le juge administratif n’était pas véritablement indépendant,
impartial. Il ne peut donc pas protéger les individus contre le gouvernement car il en est
une émanation.
Il y a d’autres facteurs plus techniques qui expliquent cela. Tout d’abord, cela tient
au fait que le juge administration n’avait que très peu de pouvoir, il n’avait notamment pas
le pouvoir d’adresser des injonctions à l’Administration (il l’a aujourd’hui) : il ne peut pas
donner d’ordre à l’Administration (« il a une gomme, pas un crayon »). Il ne pouvait pas
ordonner que l’Administration cesse de porter atteinte à une liberté fondamentale. De
plus, le juge administratif ne sait pas statuer en urgence (aujourd’hui il peut). En matière
de liberté, ces deux pouvoirs font défaut (« aller vite et frapper fort »). En droit, la
Constitution fonde cette compétence judiciaire à deux points de vue :
- il existe d’abord un article 66 qui est très clair sur le sujet car il confie à
l’autorité judiciaire la garantie de la liberté individuelle
- cette compétence résulte d’un principe fondamental reconnu par les lois
de la République. C’est un principe identifié par le Conseil constitutionnel en 1989 qui dit
que le juge judiciaire est le gardien de la propriété privée immobilière (liberté
fondamentale).
Tout acte administratif qui porte atteinte à une liberté fondamentale, par principe,
doit être jugé par le juge judiciaire. On s’aperçoit que depuis une trentaine d’années, ce
principe, cette compétence de la juridiction judiciaire, se réduit. Trois décisions
témoignent de ce mouvement de réduction de la compétence judiciaire :
En principe, le juge administratif dispose d’un monopole pour interpréter les actes
administratifs et apprécier leur légalité. Lors d’un procès en cours devant une juridiction
judiciaire, une question juridique soulevée par le litige relève de la compétence du juge
administratif, et notamment l’hypothèse de la légalité d’un acte administratif. Par principe,
pour respecter la compétence du juge administratif, dans l’hypothèse où on conteste le
Code de la route par exemple, il faut pratiquer une question préjudicielle : elle ne peut pas
être tranchée par le juge saisi du principal. Celui-ci doit surseoir à statuer et saisir le juge
compétent de la question. Le problème est que ces questions préjudicielles ralentissent
la procédure. Pour éviter cela, le droit positif comporte des nuances. Il faut distinguer
selon le juge compétent :
- cas du juge civil : l’enjeu est moins fort. Le juge civil peut, depuis toujours,
interpréter un acte administratif réglementaire. En revanche, il ne peut pas interpréter un
acte administratif individuel et il ne peut pas non plus interpréter la légalité d’un acte
administratif quelle que soit sa nature. C’est un arrêt du TC du 16 juin 1923,
« Septfonds ». Le défaut de ces règles et qu’elles allongent la durée des procédures. Le
TC a modifié récemment cette jurisprudence par une décision du 17 octobre 2011
« SCEA du Chéneau ». Le TC rappelle le principe selon lequel le juge administratif
dispose d’un monopole pour apprécier la légalité des actes administratifs, y compris par
voie de question préjudicielle. Il se trouve que ce principe doit être combiné avec deux
exigences : la « bonne administration de la justice » qui exige qu’une demande soit jugée
dans un délai raisonnable, exigence en conséquence de laquelle les tribunaux civils
peuvent, sans renvoi, apprécier la légalité d’un acte administratif « lorsqu’il apparait
manifestement aux vues d’une jurisprudence établie que la contestation peut être
accueillie par le juge saisi au principal ». L’idée est que le juge civil peut statuer si la
réponse est évidente. S’il existe une jurisprudence du CE établie (ancienne, canonisée au
GAJA, importante) que ce type d’acte est illégal ou non, le juge civil peut statuer sans
renvoi. La deuxième exigence est le cas particulier du respect du droit de l’Union
européenne. Le respect du droit de l’UE est une obligation pour les États : exigence de
loyauté mais aussi exigence constitutionnelle (article 88-1 de la Constitution). C’est le
principe d’effectivité du droit de l’UE. Le juge national est tenu d’en assurer le respect, y
compris en écartant de sa propre autorité le droit national contraire. Cela veut dire que
dans l’hypothèse où est en cause la conformité d’un acte administratif au droit de l’UE, le
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juge civil doit lui même écarter l’acte administratif français et appliquer le droit de l’UE
sans renvoi au juge administratif. Le but, ici, est le respect du droit de l’UE qui prime sur
tout le reste.
Il a été créé en 1848 (50 ans après les deux autres) par la Constitution de la IIème
République, puis supprimé en 1852 et rétabli en 1872 par la loi du 24 mai 1872. Cette
juridiction doit régler les conflits d’attribution entre les deux ordres et, depuis l’origine, le
principe d’organisation du TC est que c’est une juridiction paritaire, c’est à dire qu’il est
composé pour moitié de membres de la Cour de cassation et pour moitié de membres du
Conseil d’État (4 de chaque). Ils sont élus tous les trois ans, rééligibles deux fois. Le
Président est chois parmi et par les membres qui votent : c’est alternativement un
membre de la Cour de cassation et un membre du Conseil d’État. Ce président remplace
le ministre de la justice qui occupait ce poste jusqu’à la loi du 16 février 2015. Le TC a
récemment fait l’objet d’une refonte, d’une réorganisation par la loi du 16 février 2015.
L’idée est d’augmenter les pouvoirs du TC :
- la première réforme décidée par cette loi est que le président du TC peut
désormais statuer par voie d’ordonnance (décision rendue par un juge unique). Il peut
statuer seul lorsque la solution s’impose avec évidence.
Il existe une dernière procédure, un peu à part, créée en 2015 et mise en oeuvre
pour la première fois en décembre 2019. C’est une action en indemnisation du préjudice
découlant d’une durée excessive des procédures juridictionnelles. Le cas est celui dans
lequel un même litige est soumis successivement aux deux ordres de juridiction car la
procédure l’exige. Par exemple, le contentieux de l’expropriation : c’est une procédure
par laquelle l’Administration prive un particulier de sa propriété privée moyennant une
indemnisation. Cette procédure fait d’abord intervenir le juge administratif qui va vérifier
que la procédure est d’utilité publique, puis le juge judiciaire intervient après en
prononçant le transfert de propriété. Très souvent, ce type de procédure dépasse « le
délai raisonnable de jugement » qui résulte de l’article 6 paragraphe 1 de la CEDH. En cas
de préjudice, au lieu d’agir devant les deux juges, il existe une seule action devant le TC
qui va statuer pour le tout. Le TC, dans ce cas-là, n’est saisi que si le ministère de la
justice a refusé d’indemniser le requérant.
Le juge administratif ne peut être saisi que par des recours qui ont deux éléments
constitutifs :
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- ils sont construits sur la base de conclusions (= ce que veut le requérant).
Par exemple, il souhaite l’annulation d’un acte administratif, une indemnisation…
Statistiquement parlant, les deux branches les plus importantes sont les deux
premières. 80% des recours devant le juge relèvent de ces deux premières branches.
Ce recours a été bâti progressivement par le Conseil d’État. C’est un recours formé
par des particuliers dirigé contre une décision administrative unilatérale et qui tend à
obtenir l’annulation de celle-ci aux motifs qu’elle est contraire à une norme de rang
supérieur. C’est un recours qui se limite à cela. On a tendance à dire que c’est un recours
de moindre juridiction.
C’est une garantie de l’État de droit : son objectif est de soumettre l’Administration
au droit. Pour cette raison, il doit être facile d’accès. C’est le cas.
Cela veut dire qu’il est toujours possible de le former, même sans texte. C’est une
décision du Conseil d’État du 15 février 1950, « Dame Lamotte ». Pendant la guerre, en
France, le préfet applique une loi de Vichy qui précise que le préfet peut réquisitionner les
terres agricoles non cultivées et en céder l’usage à un agriculteur. La loi indiquait que
cette décision du préfet ne pouvait faire l’objet d’aucun recours. Le CE estime que cette
interdiction ne concerne pas le REP qui est toujours possible car il est d’ordre public.
Le juge dit qu’il est recevable contre toute décision faisant grief (notion large). À
travers cette notion, le juge a étendu le champ d’application du REP. Il est possible contre
des actes qui ne sont pas des décisions.
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Le REP, comme toute action en justice, suppose un intérêt à agir. « Pas d’intérêt,
pas d’action ». L’intérêt à agir en matière de REP est défini de manière très large. Il suffit,
en effet, que l’acte contesté, la décision contestée, concerne le requérant, alors même
qu’elle ne le lèse pas, qu’elle ne lui porte pas préjudice. Il suffit qu’il soit concerné pour
avoir intérêt à agir contre celle-ci. L’arrêt Casanova du Conseil d’État de 1901 dispose
qu’un simple contribuable local a intérêt à contester une décision municipale qui
concerne les finances de la commune. Le contribuable est concerné mais pas impacté,
cela suffit comme intérêt à agir.
Le requérant qui forme un REP peut invoquer tout moyen de légalité mais
seulement des moyens de légalité. Cela veut dire qu’il peut soutenir toute contrariété
entre la décision contestée et un élément du bloc de légalité (= toutes les normes
supérieures dans la hiérarchie des normes aux actes administratifs). Il peut aussi estimer
et soutenir qu’il y a une contrariété entre la décision et la Constitution ou un traité.
Ces moyens de légalité sont présentés sous forme de cas d’ouverture du REP. Ces
cas d’ouverture sont au nombre de 5 et regroupent tous les moyens de légalité :
- le vice de forme ou de procédure : une loi de 1979 dispose que les actes
doivent être motivés. C’est illustré par l’arrêt « Dame Veuve Trompier gravier ».
- l’erreur sur les motifs : l’Administration fait une mauvaise application des
textes.
Le juge de l’excès des pouvoirs n’a en réalité qu’un pouvoir, celui d’annuler un acte
administratif. Le juge du REP ne peut prendre que deux types de décisions :
Soit il rejette la demande pour annulation car elle infondée, elle ne comporte pas
de moyens convaincants, soit il est convaincu et il annule l’acte contesté. C’est un juge
de moindre juridiction parce qu’il n’a que ce pouvoir là et pas d’autre. Il y a deux types
mesures qu’il ne peut pas adapter. Il n’a pas le pouvoir de modifier les décisions
administratives contestées devant lui et il ne peut pas adresser d’injonction à
l’Administration. Cela veut dire qu’il ne peut pas ordonner à l’Administration d’agir dans
un sens déterminé car il n’est pas son supérieur hiérarchique mais également il ne peut
pas faire acte d’administrateur, il n’est qu’un censeur (il ne peut que censurer et pas
commander).
Le problème posé est que, très souvent, les jugements en excès de pouvoir sont
décevants. Par exemple, la décision du CE du 26 décembre 1925 « Rodière » : la décision
contestée est la révocation d’un fonctionnaire. Le CE estime que la décision est illégale
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donc il annule la révocation. Dans cette décision, le CE n’ordonne pas la ré-intégration du
fonctionnaire mais il ne le peut pas, il ne peut dire à l’Administration de le ré-embaucher,
logiquement elle le devrait mais ne le peut pas. Le requérant veut retrouver son emploi
mais ne peut pas demander ça au juge. Le juge sanctionne l’illégalité mais ne corrige pas
l’illégalité.
Le REP a donc des vertus et des vices. Il est un outil efficace de l’État de droit ce
qui en est son principal intérêt. Il est dispensé du ministère d’avocat (= il peut être fait
sans recours à un avocat donc il n’est pas cher). Mais il a des inconvénients notamment
deux majeurs :
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A. Le champ d’application des recours de plein contentieux.
Ce sont des recours qui sont très nombreux, il n’y a pas de régime unique. Il y en a
plusieurs types en fonction de la matière en cause. Il y a essentiellement 5 grandes
matières qui relèvent du plein contentieux :
- la responsabilité administrative.
- la matière fiscale.
Tous ces contentieux ont quand même deux points communs. Tout d’abord, le
premier point commun est perceptible au regard de l’intérêt à agir : pour toutes ces
matières, le juge a une conception très stricte de l’intérêt à agir, c’est à dire que le
requérant doit démontrer qu’il a été lésé par l’acte ou le comportement de
l’Administration. S’il ne peut pas le démontrer, il ne peut pas former un recours. Le
deuxième élément est que les recours de plein contentieux sont d’application plus stricte.
Le but n’est pas de garantir le droit mais de réparer une « erreur administrative ». Pour
cette raison, il est prévu que le ministère d’avocat est obligatoire (= on ne peut former un
recours de pleine juridiction que représenté par un avocat) car c’est plus exigeant.
Ces pouvoirs sont étendus. On peut identifier trois pouvoirs qu’a le juge de plein
contentieux :
I. Le procès administratif.
Le second principe est lié au caractère non suspensif des recours contentieux. Il
existe un principe en droit public, une présomption de légalité des actes administratifs.
Cette présomption tient tant qu’un juge n’a pas annulé l’acte. Lorsqu’un requérant
conteste une décision devant le juge, celle-ci continue d’exister mais surtout de
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s’appliquer jusqu’à la fin du procès, tant qu’un juge ne l’a pas annulé. Le but est d’éviter
la paralysie de l’Administration à cause de recours. Ce principe a un défaut majeur qui est
que la décision appliquée même pendant le procès peut avoir des effets irréversibles sur
le requérant. Par exemple, une décision est prise pour réaménager une place en abattant
tous les arbres de la place. Cette décision est présumée légale et pendant le procès tous
les arbres sont abattus. Le procès n’a donc aucun intérêt car les arbres ont déjà été
abattus. il existe un correctif : c’est une procédure de suspension très normée. Elle
résulte de l’article L521-1 du Code de justice administrative. Il crée une procédure qu’on
appelle le référé-suspension. C’est une procédure d’urgence donc le juge statue
généralement en quelques jours qui permet d’obtenir la suspension de l’exécution d’une
décision si deux conditions sont réunies : une condition d’urgence et l’existence d’« un
doute sérieux sur la légalité de la décision ». Le requérant doit faire un effort d’analyse, il
doit dire pourquoi la décision est illégale, il lui suffit d’évoquer un moyen vraisemblable.
Ce référé-suspension est une demande accessoire, c’est à dire que le requérant doit, en
même temps, former un recours au fond : un REP.
- ils comportent toujours des visas qui comportent les textes appliqués par
le juge et les productions des parties.
La première est l’appel. L’appel en droit public est partagé entre les Cours
administratives d’appel, qui sont juges de droit commun, et le Conseil d’État. Une grande
partie des GAJA l’ont été par le conseil d’État juge d’appel et non de cassation. Cet appel
présente des caractéristiques très différentes de l’appel judiciaire. Le juge d’appel est
saisi par l’effet dévolutif de l’appel : il juge une deuxième fois la même affaire. Par
exemple, le requérant ne peut pas changer ses conclusions, développer des moyens
nouveaux. Si un requérant découvre un préjudice dont il n’avait pas connaissance au
moment de la première instance, il ne pourra pas, en appel, en demander l’indemnisation,
il devra former un autre recours.
TITRE 2 : La légalité.
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- seules deux illégalités conduisent à l’annulation du contrat : le contenu
illicite du contrat ainsi qu’un vice d’une particulière gravité, notamment un vice du
consentement. Toutes les autres illégalités ne conduisent pas à l’annulation du contrat
administratif mais à une autre sanction moins lourde (ex : résiliation…). Le juge
hiérarchise les illégalités qui n’ont pas toutes le même effet. Le juge est sensible à deux
arguments : le principe de sécurité juridique qui implique qu’il faut être attentif aux droits
des parties et le principe de continuité du service public.
Ce principe de légalité est conçu de manière pragmatique par le juge : il fait l’objet
d’une application souple, avec un peu de nuance. Les contraintes que la légalité fait
peser sur l’Administration varient en fonction essentiellement de deux paramètres : le
pouvoir d’appréciation de l’Administration et les circonstances d’édiction de l’acte.
Elle rend des actes à deux fins : assurer le fonctionnement des services publics ou
assurer l’ordre public. Il se trouve que dans la définition du contenu des actes, elle
dispose d’une certaine liberté. On peut identifier deux grandes hypothèses :
- le contenu de la décision est imposé par le droit donc elle n’a aucune
marge de manoeuvre. C’est l’hypothèse de compétences liées.
- le contenu n’est pas défini par les textes. C’est le pouvoir discrétionnaire.
A. La compétence liée.
Il faut identifier les compétences liées. Le principe est assez simple : il convient de
se référer au droit applicable à la situation traitée par l’Administration. C’est le principe de
légalité qui permet d’identifier l’existence d’une compétence liée. Si le droit détermine des
conditions précises et prévoit l’édiction en conséquence d’un acte administratif, il existe
une compétence liée.
B. Le pouvoir discrétionnaire.
Il est établi lorsque le droit positif laisse à l’Administration une liberté d’agir dans
un sens ou dans l’autre, c’est à dire que l’Administration peut donner à sa décision le
contenu qu’elle souhaite. Par exemple, c’est le cas lorsque les textes ne fixent aucune
conditions pour l’attribution d’un avantage administratif, d’une promotion. C’est
également le cas lorsque le texte prévoit une condition extrêmement large.
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Le pouvoir discrétionnaire est plus fréquent que l’hypothèse de la compétence liée.
Il faut tout de même apporter deux précisions sur le pouvoir discrétionnaire :
- il ne signifie pas pouvoir arbitraire car les décisions prises dans l’exercice
d’un pouvoir discrétionnaire demeurent soumises au droit. Le juge exerce un contrôle sur
ces décisions.
Remarques :
La différence entre la compétence liée et le pouvoir discrétionnaire ne concerne
qu’un aspect des actes administratifs : les motifs de faits. Dans les deux cas, le juge
contrôle toujours le respect de la compétence, des formes, des procédures et de la loi.
En revanche, il ne vérifie jamais les motifs de fait en cas de pouvoir discrétionnaire. Le
juge se pose la question de savoir si les faits, les circonstances, justifient la décision. Si le
droit donne la réponse, c’est qu’il y a compétence liée donc le juge va vérifier les motifs
de faits (ex : il va relire la copie), mais si le droit ne précise pas ces motifs, le juge va
observer qu’il y a pouvoir discrétionnaire et il ne va pas contrôler les faits.
Ici, le juge ne s’intéresse pas à la hiérarchie des normes pour connaitre la légalité, il
s’intéresse au contexte pratique d’édiction de la décision. Si les circonstances
comportaient une dose de difficultés particulières, une urgence par exemple, le juge peut
se montrer accommodant et neutraliser certaines illégalités. On parle parfois d’une forme
de légalité d’exception (formule journalistique) : c’est l’hypothèse dans laquelle la
nécessité fait loi. On parle plutôt de légalité atténuée.
Ces régimes correspondent à des périodes de crise. Pour être précis, il faut dire
qu’il existe des degrés dans cette idée de crise : il n’est pas nécessaire que la nation soit
en péril pour appliquer ces régimes. On distingue les régimes écrits des régimes
jurisprudentiels.
- l’état de siège : loi de 1849 qui prévoit un décret pris en conseil des
ministres qui transfert les pouvoirs de police administratif à l’autorité militaire dans
l’hypothèse d’une guerre étrangère ou d’une insurrection à main armée.
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- l’état d’urgence : loi du 3 avril 1955 : c’est une loi qui organise la police
administrative : les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence sont des mesures de
police administratives. L’état d’urgence est déclarée en cas de périls imminents résultant
d’atteintes graves à l’ordre public ou en cas d’événements constitutifs de calamité
publique. La loi prévoit un pouvoir totalement discrétionnaire. L’état d’urgence est un
régime civil : les pouvoirs de polices sont conservés par les préfets et le ministre de
l’intérieur. Certaines mesures de police administrative peuvent être adoptées alors
qu’elles seraient illégales à toute autre époque. Par exemple, trois mesures sont possibles
: l’assignation à résidence, les perquisitions administratives (alors qu’elles sont toujours
judiciaires en principe) et les mesures de couvre-feu.
Cet arrêt est fondamental mais ne définit pas ce que sont les circonstances
exceptionnelles. Un autre arrêt est un peu plus explicite : l’arrêt du Conseil d’État du 29
février 1919, « Dames Dol et Laurent ». Ce sont des prostituées qui contestent un arrêté
du préfet maritime de Toulon qui avait décidé d’interdire aux débitants de boissons
d’accueillir les prostituées dans leur établissement et de leur servir à boire, au motif qu’il
émet des craintes pour la santé des soldats et pour les opérations militaires en cours
(espionnage). Les requérantes estiment que le préfet était incompétent car sa décision
aurait dû relever du préfet militaire de la zone de défense. « Les limites du pouvoir de
police ne sont pas les mêmes en temps de paix et de guerre. L’état de guerre est une
circonstance exceptionnelle qui fonde la compétence du préfet maritime ». Cet arrêt
permet d’identifier les circonstances exceptionnelles : elles sont identifiées
souverainement par le juge, il n’y pas de définition écrite. Il s’agit des périodes de guerre,
d’évènements climatiques, des troubles de nature sociale (ex : événements de mai 1968)
On identifie tout de même dans la jurisprudence des critères :
Que contrôle le juge ? Il n’existe pas de texte qui définit les conditions de légalité
des actes administratifs. Le Code civil le fait par exemple pour les contrats. Il n’existe rien
d’équivalent pour les actes administratifs, donc on raisonne en observant la jurisprudence
administrative. Il y a cinq points de légalité que le juge contrôle systématiquement quand
il est saisi de la légalité d’un acte administratif/
L’exemple typique est le REP. Il suppose que le requérant face état de moyens de
légalité. Ces moyens de légalité sont au nombre de 5. Cela veut dire que les actes
administratifs doivent respecter chacun de ces 5 éléments. L’usage est simple : ces
moyens sont divisés en deux catégories : les moyens de légalité externe et interne de
l’acte. Cette distinction ne résulte d’aucun texte, c’est une classification développée par
le juge qui s’impose.
Le juge les examine dans un ordre précis, il pratique l’économie des moyens : dès
lors qu’il relève une illégalité, il achève son contrôle. Par exemple, s’il annule un décret
pour un vice de forme, le pouvoir réglementaire va adopter un autre décret qui aura
corrigé le vice de forme, mais cela ne veut pas dire qu’en cas de deuxième recours le
décret sera sauf, on peut imaginer que lors du deuxième contrôle, le juge va découvrir
une nouvelle illégalité qui était déjà dans le premier, ce qui va annuler le second décret.
Le principe de l’économie des moyens n’empêche pas une annulation antérieure.
Parmi ces moyens de légalité, il faut noter qu’il existe des moyens d’ordre public.
Normalement, le juge n’examine que les moyens que le requérant soulève, mais il existe
des moyens d’ordre public que le juge doit soulever d’office. Ce sont des illégalités
graves. Par exemple, l’incompétence de l’auteur de l’acte est un moyen d’ordre public.
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A. Les moyens de légalité externe des actes administratives.
Les deux sont mêlées. Pour la forme, on se pose la question de savoir si l’acte
respecte les conditions de forme prescrites par la loi, notamment le Code des relations
entre le public et d’Administration. Tout d’abord, toute décision administrative doit être
signée. La seconde condition de forme est la motivation de la décision : l’Administration
est obligée de motiver certaines décisions (par exemple, les décisions défavorables
doivent être motivées).
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- les vices de procédure non substantiels : ils ne sont pas graves. Ce type
de vice n’avait aucune influence sur l’acte, sur la décision.
- l’erreur sur les motifs. Les motifs sont les éléments qui justifient la
décision. Il faut, ici, distinguer deux sous-erreurs :
Le second élément de l’erreur de fait est la qualification juridique des faits. Cela
consiste pour le juge à se poser une question : est-ce que les faits étaient de nature à
justifier la décision prise ? Par exemple, est-ce que la gravité du comportement de l’agent
justifie la sanction qu’il reçoit ? Ce contrôle est née d’une décision du Conseil d’État du 4
avril 1914, « Gomel ». Le préfet refuse d’accorder un permis de construire. Le motif pris
par le préfet est que les travaux envisagés portent atteinte « à une perspective
monumentale ». Cette notion de perspective monumentale est dans la loi. Le juge se
demande alors si le site est une perspective monumentale et si le projet y porte atteinte.
Le juge considère que ce n’est pas une perspective monumentale. Ce contrôle est le plus
important, au moins intellectuellement. En effet, c’est le coeur de raisonnement
administratif. C’est sur ce point que s’exprime le pouvoir d’appréciation de
l’Administration. La compétence liée et le pouvoir discrétionnaire sont identifiables sur ce
plan là.
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* lorsque l’Administration a agi dans un but complètement étranger à l’intérêt
général, par exemple pour favoriser ou léser un administré.
* les mesures de police administratives : elles ne sont légales qu’à condition d’être
nécessaires et proportionnées à l’objectif de maintien de l’ordre (« Benjamin », 1933).
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CHAPITRE 2 : Les sources de la légalité administrative.
On constate une grande complexité des normes : le problème n’est pas de les
identifier, mais d’articuler les différentes sources de droit. La principale difficulté est de
connaitre et d’utiliser les règles de conflit. Il faut ensuite connaitre le rôle du juge
administratif. C’est un rôle majeur car le juge administratif crée une partie de ces sources.
I. La Constitution.
Le droit international est formé de toutes les normes issues de traités entre États
ou bien issues de l’activité d’organisation internationale. La difficulté initiale était celle qui
consistait à dire que les traités internationaux étaient des accords entre gouvernements
souverains et que, par conséquent, ils n’intéressaient que les relations diplomatiques de
l’État. Traditionnellement, un administré ne pouvait pas se prévaloir d’un traité à l’appui
d’un recours dirigé contre un acte administratif.
L’article 55 de la Constitution indique que les traités régulièrement ratifiés ont une
autorité supérieure à celle des lois dès leur entrée en vigueur. Cet article retient un choix
simple qui est la théorie moniste (qui s’oppose à la théorie dualiste) : elle consiste à dire
qu’il n’est pas nécessaire, pour qu’un traité s’applique en France, qu’il soit transposé.
Il faut noter que le droit international est supérieur aux actes administratifs depuis
1952. C’est l’arrêt du CE du 30 mai 1952, « Dame Kirkwood ». Les traités internationaux
s’imposent aux actes administratifs. Un acte administratif contraire à un traité doit être
annulé. Cette supériorité du traité sur les actes administratifs est soumise à quelques
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conditions, essentiellement de forme. Par exemple, il faut que le traité ait été
régulièrement ratifié (le PDR ratifie les traités et pour cela, il doit bénéficier d’une loi de
ratification). D’autre part, il importe, pour que le traité soit invocable, qu’il ait été publié.
La situation du traité par rapport à la Constitution est un débat assez simple, mais
qui comporte des éléments complexes. La Constitution de 1958 prévoit un contrôle de
constitutionnalité des traités, avant leur ratification. A priori, la norme supérieure est la
norme de référence. L’article 54 de la Constitution précise qu’en cas d’inconstitutionnalité
avérée, le traité ne peut être ratifié qu’après révision de la Constitution. Ce que l’on sait
aujourd’hui c’est qu’au terme de la jurisprudence du CE, la Constitution prime sur les
traités contraires. C’est tout d’abord l’arrêt « Koné » du 3 juillet 1996 à propos d’un décret
d’extradition jugé au regard de la Constitution. En l’occurence, il existait aussi un traité
entre la France et le Mali (Koné est Malien) qui prévoyait l’interdiction des extraditions
pour infraction politique mais, en revanche, il n’interdisait pas les extraditions pour mobile
politique en raison d’infraction de droit commun. Au regard du traité, l’extradition est
possible. Le CE décide d’identifier une norme constitutionnelle qui englobe tous les cas
de figure d’extradition politique. Les traités doivent donc être conformes à la Constitution.
À défaut, on écarte le traité et on applique la Constitution. La consécration de ce principe
résulte d’un arrêt du CE du 30 octobre 1998, « Sarran ». Le CE dit que l’article 55 de la
Constitution qui fait primer le traité sur la loi, ne s’applique pas à la Constitution elle-
même qui est la norme suprême de l’ordre juridique français. S’il apparaît que le traité est
contraire à la Constitution, le juge écarte le traité et applique la Constitution.
Questions communes :
- question de l’interprétation des traités internationaux : ils sont très souvent
rédigés en termes très généraux. La question qui se pose est de savoir si le juge
administratif français peut librement interpréter un traité. En faisant cela, il prend le risque
de dénaturer le traité (car le juge n’est pas un diplomate). Il y avait une pratique, en cas
de doute sur le sens d’un traité, le juge administratif renvoyait au ministre des affaires
étrangères la question de l’interprétation. Cette pratique pose une difficulté : elle met en
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cause l’indépendance du juge voire la séparation des pouvoirs car la décision de justice
va dépendre d’une décision du pouvoir exécutif. Dans l’arrêt « Gisti » du 27 juin 1990, le
CE estime qu’il est lui-même compétent pour interpréter les traités internationaux sans
renvoi obligatoire. Il peut renvoyer au ministre mais il n’est pas obligé de le faire, et il n’est
jamais lié par l’interprétation.
Le droit de l’UE est un droit non national mais pas tout à fait comparable au droit
international. Il bénéficie, en droit français, d’un traitement juridique particulier. Le droit de
l’UE comporte deux volets : il repose sur des traités internationaux : le TUE et le TFUE.
Ce sont des traités internationaux ordinaires qui bénéficient de l’article 55 de la
Constitution. Le second volet pose davantage de difficultés : le droit de l’UE repose
également sur le droit dérivé. Ce sont les actes édictés par les institutions européennes.
Les ordres juridiques européens et nationaux sont désormais imbriqués en raison de
l’effet direct du droit dérivé et du principe de primauté de celui-ci. Or, cette imbrication
pose des problèmes de hiérarchie. Les règlements européens définis par l’article 288 du
TFUE sont de portée générale, obligatoire et directement applicables dans les États
membres. Les directives lient les États quant aux résultats objectifs tout en les laissant
libres quant aux moyens et aux formes d’y parvenir. La principale difficulté est de savoir
comment gérer la contrariété éventuelle entre les actes nationaux et les actes de droit
dérivé. Un mécanisme permet de résoudre cette difficulté : le renvoi préjudiciel devant la
CJUE (article 267 du TFUE). On observe depuis les années 1980 une progression : une
justiciabilité accrue du droit dérivé. Le juge administratif français s’efforce d’appliquer le
plus possible le droit dérivé.
Il peut y avoir des conflits entre la loi internationale et le droit dérivé. S’agissant
des règlements européens, ils sont assimilables aux traités eux-mêmes donc bénéficient
de l’article 55 : ils priment sur la loi nationale contraire (arrêt « Boisdet », 24 septembre
1990). Le Conseil d’État a considéré que les directives européennes dont le délai de
transposition est expiré priment, elles aussi, sur la loi nationale contraire. Concrètement,
cela signifie que la loi française votée en contradiction d’une directive européenne doit
être écartée par le juge de sorte qu’il puisse, si on lui demande, directement confronter un
acte administratif à une directive européenne. C’est un arrêt du CE du 28 février 1992,
« Société Rothmans France ». Une directive de 1992 consacrait un principe de liberté des
prix et l’argument était de dire qu’un arrêté fixant les prix du tabac, même pris en
application d’une loi était contraire à une directive. Cette primauté résulté de l’article 55
de la Constitution selon le CE. Là aussi, le CE assimile les directives aux traités. L’État
Français qui adopte une loi contraire à une directive engage sa responsabilité.
Il peut aussi un avoir un conflit entre les actes réglementaires et le droit dérivé. Il y
a une obligation générale de soumission du pouvoir réglementaire national comme local.
Il y a trois cas de figure qui illustrent cela :
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- le cas où le délai de transposition n’est pas encore expiré mais les
règlements édictés compromettent sérieusement le résultat prescrit pas la directive. Dans
ce cas-là, le juge peut décider d’annuler le règlement au regard de la directive. C’est rare.
À part cela, il n’y a pas d’autres exceptions qui subsistent aujourd’hui au principe
d’irresponsabilité de l’Administration.
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La responsabilité administrative est une responsabilité réparatrice : son objet n’est
pas de sanctionner l’auteur d’une faute mais d’obliger le responsable d’un dommage à le
réparer pécuniairement. La responsabilité administrative est, du point de vue de son
objet, équivalente à la responsabilité civile. Les deux se distinguent de la responsabilité
pénale et de la responsabilité disciplinaire qui ne sont pas réparatrices mais répressives.
Certaines fautes des agents ne permettent d’engager que la responsabilité de leur
Administration : les agents ne risquent rien civilement mais cela ne veut pas dire qu’ils ne
pourront pas être sanctionné disciplinairement pas l’Administration.
I. La faute.
L’Administration est une abstraction, elle n’a pas d’existence en elle-même. Dans
la réalité, toute faute de l’Administration est nécessairement commise par un ou plusieurs
agents de l’Administration, identifiés ou non. Puisqu’une faute de l’administration est pas
définition une faute de ses agents, la première faute qu’il faut faire est de distinguer parmi
ces fautes celles qui sont susceptibles de permettre l’engagement de leur responsabilité
individuelle devant le juge judiciaire de celles qui sont insusceptibles d’engager leur
responsabilité individuelle. On distingue les fautes personnelles des agents des fautes de
service.
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A. La distinction entre faute personnelle et faute de service.
Les conséquences de ces fautes sont radicalement différentes. Si c’est une faute
personnelle on doit, en principe, engager la responsabilité personnelle de l’agent devant
le juge judiciaire. Si c’est une faute de service, c’est la responsabilité de l’Administration
que l’on peut rechercher devant le juge administratif. Cette distinction et ses
conséquences résulte de l’arrêt du TC du 30 juillet 1873, « Pelletier ». Compte tenu de
ces conséquences, on s’intéresse principalement à la faute de service car elle donne lieu
à l’engagement de la responsabilité administrative.
Il est difficile de savoir où placer le curseur entre ces deux types de faute (risque
de sentiment d’impunité des agents // risque de trop exposer les agents qui ne font que
leur travail, injustice). Selon le commissaire de gouvernement Laferrière : « la faute est de
service si elle révèle un administrateur, plus ou moins sujet à erreur, et non l’homme avec
ses faiblesses, ses passions et ses imprudences », et inversement pour la faute
personnelle (à propos d’un arrêt du TC du 5 mai 1877, « Laumonnier-Carrol »). La faute de
service est celle qui ne peut pas être détachée de l’exercice des fonctions des agents
qu’il l’ont commise. À l’inverse, la faute personne est celle qui est détachable de la faute
des agents.
1. La faute personnelle.
- la première catégorie est la faute d’un agent qui révèle des préoccupations
d’ordre privé : c’est une faute commise pendant l’exercice de ses fonctions : elle peut
révéler des préoccupations privées mais c’est aussi lorsque l’agent poursuit un intérêt
personnel ou un acte contre un administré.
- la catégorie constituée par des faits qui « eu égard à leur nature et aux
conditions dans lesquelles ils ont été commis revêtent une particulière gravité ».
L’exemple type est l’arrêt du Conseil d’État du 17 décembre 1999, « Moine » dans lequel
le CE décide que le gradé qui a décidé de pratiquer un exercice à balle réelle avec des
appelés a commis une faute personnelle d’une particulière gravité.
Toute faute pénale commise par agent mérite-t-elle d’être qualifiée de faute personnelle ?
Un agent peut parfois commettre une faute méritant la qualification criminelle ou
délictuelle et pour autant ne pas avoir commis une faute personnelle. Bien souvent, ce
sont des crimes ou des délits non intentionnels qui sont concernés. Cela résulte de l’arrêt
du TC du 14 janvier 1935, « Thépaz ». En l’espèce, il y a un convoi miliaire dans lequel
chaque camion est conduit pas un miliaire. Un des camions freine tout d’un coup, le
chauffeur du camion de derrière met un coup de volant sur le côté pour éviter le camion
et renverse un cycliste. Le conducteur du camion est condamné pénalement : pour
autant, a-t-il commis une faute personnelle ? Non, il s’agit plutôt d’une faute de service.
Pour la réparation du préjudice subi pas la victime, c’est l’Administration qui paiera.
Il peut arriver qu’une faute pénale intentionnelle ne soit pas qualifiée de faute
personnelle, mais c’est très rare.
2. La faute de service.
C’est celle qui ne peut pas être détachée de l’exercice des fonctions de l’agent ou
bien une faute anonyme, c’est à dire une faute qui résulte d’une carence ou d’une
mauvaise organisation du service. Elle peut prendre plusieurs formes :
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- la forme d’agissements matériels (ex : travaux mal faits, soins mal
prodigués dans un hôpital public…).
- la forme d’une décision illégale : le fait de prendre une décision illégale est
une faute qui peut mériter la qualification de faute de service. Attention : toute illégalité
est en principe fautive (CE, 26 janvier 1973, « Ville de Paris contre Drian »), mais toute
illégalité ne suffit pas nécessairement à engager la responsabilité de l’Administration,
encore faut-il que l’illégalité commise soit la cause d’un préjudice. Or, si la décision est
entachée d’un simple vice de forme ou de procédure ou d’un vice d’incompétence : elle
n’est pas la cause d’un préjudice si elle est justifiée au fond (CE, 19 juin 1981,
« Carliez » // CE, 18 novembre 2015, « Monsieur B. »).
Une femme vit avec un compagnon violent et le quitte sauf que la violence est
décuplée. Elle pose une première main courante auprès des services de police qui
n’aboutit pas. Elle réitère sa plainte, craignant pour sa vie. La plainte n’aboutit pas et
l’homme finit pas la tuer. La soeur de la victime souhaite engager une action en
responsabilité contre l’État. Devant quelle juridiction et quelle faute faudra-t-il prouver ?
La faute, si faut il y a eu, provient de la justice judiciaire qui inclut la justice stricto sensu
et la police judiciaire. Est-ce une faute qui provient du fonctionnaire de la justice judiciaire
ou une faute qui provient de l’organisation de la justice judiciaire ? S’il y a eu faute, elle
provient du fonctionnement de la justice judiciaire. Il faut ici, prouver une faute lourde
pour obtenir une condamnation.
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Néanmoins, les choses ne sont pas toujours aussi simple. Il y a, entre ces deux
situations extrêmes, toute une série d’hypothèses plus floues, où la faute à l’origine du
dommage ne sera pas purement personnelle ou purement de service. Dans ces cas-là, la
victime a une alternative. Elle a le choix entre engager la responsabilité de l’agent devant
le juge civil ou engager la responsabilité de l’Administration devant le juge administratif.
Elle peut faire l’un ou l’autre. Elle peut même, si elle le veut, engager des actions
différentes devant deux juges différents (sachant que le montant des indemnités versées
ne dépassera pas le montant du préjudice subi).
Il arrive qu’un même dommage puisse trouver sa cause dans deux fautes qui se
sont cumulées pour le produire : une faute personnelle et une faute de service. C’est
l’hypothèse de l’arrêt « Anguet » du CE du 3 février 1911 (affaire du bureau de poste). Le
dommage subit par monsieur Anguet trouve sa cause dans une double faute :
Dans ce cas, la victime a le choix : elle peut attaquer les agents devant le juge
judiciaire car ils ont commis une faute personnelle ou l’Administration devant le juge
administratif car il y a eu une faute de service. Si on appliquer la jurisprudence Pelletier
rigoureusement, il faudrait que la victime engage deux actions pour obtenir la réparation
intégrale, ici ce n’est pas la peine il peut obtenir la réparation intégrale avec une seule
action. C’est une solution favorable à la victime car cela évite d’avoir deux actions et que
cela lui permet d’attaquer la personne la plus solvable. Toutefois, le juge judiciaire a
tendance a être plus généreux que le juge administratif il faut donc faire un calcul : soit on
attaque l’Administration plus solvable devant un juge plus sévère, soit on attaque l’agent
moins solvable devant un juge moins sévère.
Lorsque la faute unique est une faute personnelle, le principe veut que seule la
responsabilité des agents concernés puisse être recherchée devant le juge judiciaire.
Néanmoins, ce n’est pas un principe absolu. Il y a des cas où, alors même que la faute
est unique et personnelle, la victime aura possibilité de préférer rechercher la
responsabilité de l’Administration devant le juge administratif plutôt que la responsabilité
des agents. C’est le cas dans lequel la faute personnelle n’est pas dépourvue de tout lien
avec le service. Selon Léon Blum dans ses conclusions sur l’affaire Lemonnier, « la faute
se détache peut-être du service, mais le service ne se détache pas de la faute ».
Tout d’abord, c’est lorsque la faute personnelle est commise pendant le service
(par exemple, l’affaire Anguet ou encore l’affaire Lemonnier). Dans l’affaire « Lemonnier »
du CE du 26 juillet 1918 (faits : celle qui se prend une balle perdue pendant la fête du
village car le maire refuse de fermer la berge en face), la cause du dommage est la faute
du maire. Cette faute est-elle personnelle ou de service ? Elle est personnelle mais elle
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est commise pendant ses fonctions. Les époux Lemonnier peuvent donc soit engager la
responsabilité du maire soit de la commune.
En gros, une action récursoire est une action par laquelle celui qui a vu sa
responsabilité engagée se retourne contre une autre personne qu’il estime être totalement
ou partiellement le véritable responsable du dommage pour qu’il contribue à la dette.
Jusqu’en 1951, de telles actions étaient interdites à l’Administration contre ses agents.
Concrètement, la victime choisissait d’engager la responsabilité de l’Administration plutôt
que celle de l’agent : elle paye à la place de son agent (totalement dans le cas Lemonnier
et partiellement dans le cas Anguet). Cela revenait à déresponsabiliser les agents qui
avaient commis une faute personnelle et qui n’allaient pas avoir à verser de dommages et
intérêts alors qu’il était responsable. On parle ici de responsabilité réparatrice : le fait que
celle de l’agent ne puisse pas être engagée n’empêche pas que sa responsabilité pénale
soit engagée ou que sa responsabilité disciplinaire soit engagée.
Par exemple, l’arrêt Papon du CE du 12 avril 2002 : Papon a été, pendant la 2GM,
un fonctionnaire du régime de Vichy et occupait notamment un poste à la préfecture de
Gironde au sein du bureau dit des questions juives. La France avait adopté différentes
lois antisémites pour que les juifs soient évincés de certaines professions et pour qu’ils
soient identifiés afin d’être déportés. Le bureau des questions juives avait pour principale
fonction d’arrêter les juifs et de les déporter ensuite. À la libération, pour des raisons
assez obscures, il passe entre les gouttes et finit par devenir préfet de police de Paris. Il
entre ensuite dans le gouvernement (secrétaire au budget). Des descendants de victimes
de déportés, des rescapés des camps et des associations déposent une plainte au pénal
dans les années 1970 contre lui pour complicité de crime contre l’humanité. L’affaire dure
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des années et il est finalement poursuivi au début des années 2000. Il est condamné à 10
ans d’emprisonnement et à 720 000€ de dommages et intérêts. Papon, après sa
condamnation, envoie une lettre au ministre de l’intérieur en disant qu’il a été condamné
non pas pour une faute personnelle mais pour une faute de service afin d’être remboursé
de cet argent. Le ministre refuse donc Papon conteste le refus du ministre devant le juge
administratif. Pour le CE, il y a faute personnelle en raison du zèle de Papon. Mais, s’il a
pu faire cela, c’est parce qu’on lui a donné les moyens de le faire, donc il y a aussi une
faute de service. Ainsi, Papon était fondé à demander à l’État le remboursement partiel.
L’État a remboursé la moitié de la somme. Dans cette affaire, la responsabilité de la
France est reconnue pour des fautes commises par le régime de Vichy pour la première
fois. C’est la fin du mythe Gaullien que la France n’a jamais été Vichy.