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PLAN DU COURS
Introduction générale………………………………………………………………………………….
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Introduction générale
Considérons les phrases suivantes : a) « Parler de Léopold Sédar
Senghor c’est évoquer à la fois le politique et le poète » ; b)- « le Sénégal n’a pas
vocation à être une démocratie consociative car l’enjeu de la construction du
politique ne s’y pose ni en termes identitaires ni en termes religieux » ; c)- « la
politique telle qu’elle se pratique actuellement au Sénégal met à nu des acteurs
égoïstes, incompétents et démagogues : c’est de la politique politicienne » ; d)- « la
politique de santé publique pilotée par Mme Eva Marie Coll Seck a donné des
résultats probants notamment en matière de lutte contre le paludisme et contre la
maladie à virus Ebola ». Le vocable « politique » est employé dans un sens différent à
chaque fois.
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Ces questions peuvent être prises en charge par les pouvoirs publics et faire
l’objet ou non de politiques publiques. Jacques Lagroye entend par politisation le
processus de « requalification des activités sociales les plus diverses,
requalification qui résulte d’un accord pratique entre des agents sociaux
enclins, pour de multiples raisons, à transgresser ou à remettre en cause
la différenciation des espaces d’activités ». Les interactions entre « politique »
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et « social » sont complexes. Jacques Lagroye s’est employé dans des recherches
où il a refusé un « politisme » réducteur (expliquer le politique par le politique) à «
trouver le politique là où l’on supposait qu’il ne peut se nicher » et «
découvrir le social là où l’on pensait trouver le politique ». Les processus de
politisation sont complexes, ils sont rarement maîtrisés par un seul type d’acteurs et
le résultat de démarches et d’entreprises volontaires. Ils sont le produit de rapports
de force entre multiples acteurs. Les gouvernants peuvent qualifier et requalifier un
problème comme politique. Les mobilisations d’acteurs et d’organisations de la
société peuvent politiser une question par le recours à l’action collective ou au
militantisme (exemple le sida dans les années 1980, la souffrance psychologique au
travail aujourd’hui). Les médias, en traitant ou en choisissant d’occulter certaines
questions, peuvent contribuer à la politisation de tel ou tel enjeu. Le jeu politique
n’est pas réductible à la lutte pour la conquête du pouvoir. Il passe par la
lutte pour la définition légitime du politique c’est-à-dire la lutte pour le
droit de définir ce qui est politique et ce qui ne l’est pas. Les acteurs
politiques contribuent à définir des problèmes par le seul fait d’en
proposer le règlement comme l’a montré Gusfield.
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des réponses à des problèmes existants. On désigne par agenda l’ensemble des
problèmes perçus comme appelant un débat public voire l’intervention
des autorités politiques légitimes. L’agenda n’est pas l’expression
spontanée des « demandes sociales » ou de la libre compétition des
groupes sociaux. L’analyse des politiques publiques s’intéresse ainsi à la
mise sur agenda des problèmes et à leur cadrage.
Cette question est très importante. Jean Leca invite le chercheur à se situer parmi
trois modes de connaissance :
v
Encadré n° 1 : Cf. Jean Leca, (entretien avec Sophie Duchesne & Florence Haegel),
« le politique comme fondation », in Espaces Temps, 76-77, 2001. Repérages du
politique. Regards disciplinaires et approches de terrain. pp. 27-36.
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Ces activités sont élevées au rang de l’intérêt général, dans la mesure où elles
visent la coexistence égale et pacifique des individus. Cela signifie que l’intérêt
particulier est subordonné aux impératifs de la cohésion sociale et de l’ordre public,
intérêts supérieurs qui sont visés par l’État. La bureaucratie – qui parachève le
processus d’institutionnalisation de l’Etat moderne – est le bras séculier de celui-ci.
Elle fonctionne en se conformant à des principes cohérents qui ont valeur de
catégories normatives : l’unité, l’égalité et la solidarité. Sur cette base, l’Etat qui se
prévaut d’une autorité morale et politique conférée par la confiance des citoyens –
enjeu crucial pour le gouvernement –, est appelé à administrer les intérêts privés et à
pacifier les rapports civils et politiques.
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A- Un ordre juridique
Les grands juristes du début du XXe siècle nous ont légué une théorie de l’Etat
qui y voit un produit du droit. C’est le cas des juristes allemands et français tels que
Jellinek, Laband et Carré de Malberg. Dans sa Théorie pure du droit, Hans
Kelsen (1881-1973) montre que l’unité des trois éléments constitutifs de l'Etat : la
population, le territoire et la puissance (pouvoir d’injonction et de coercition), est une
donnée du droit. Autrement dit, l’État n’est rien d’autre que l’expression de l’unité
formelle entre une population, un territoire et une organisation politique. A partir de
là, il convient de percevoir l’Etat et le droit non pas comme deux entités séparées
l’une de l’autre mais comme deux moments distincts d’une même totalité. Par
conséquent, la formule « Etat de droit » apparaît comme un pléonasme. Car, tout
Etat est forcément un ordre juridique. Ici la question centrale est de déterminer la
source du droit. H. Kelsen situe la source du droit dans la Constitution. Son
argumentation repose sur le rapport hiérarchique des diverses classes de normes :
lois, décrets, circulaires ministérielles, arrêtés, règlements, etc.
Dans ce rapport, chacune des classes de normes tire directement sa légitimité
dans sa conformité à celle qui lui est directement supérieure, et cela, ainsi de suite.
Les classes de normes légales, formant ainsi une chaîne, sont, de manière nécessaire,
reliées à une norme fondamentale : la Constitution. L’autorité supérieure de celle-ci
résulte de la maxime d’ « obéir aux commandements du constituant ». Il s’agit ici
d’une règle postulée a priori, c’est-à-dire indépendamment de la volonté et de
l’activité des acteurs sociaux. Dans cette approche, le concept État ne se rapporte pas
immédiatement à la coexistence en soi d’un nombre déterminé d’individus sur un
territoire donné doté d’une organisation officielle, mais à la Constitution qui ordonne
dans un espace territorial donné l’activité d’une population. L’État et la Constitution
sont pour ainsi dire identiques.
B- Un pouvoir politique
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A- La loi du monopole
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Les guerres que se livrent les seigneuries féodales créent une situation de
précarité et d’instabilité de l’ordre politique qui frise le chaos. Le souci de prévenir la
violence dévastatrice fait prendre conscience de la nécessité d’instaurer une autorité
pacificatrice capable d’interdire les guerres de conquête et de constituer une armée
permanente. La démilitarisation des seigneuries les plus puissantes est le
préalable indispensable à la naissance de l’Etat moderne ;
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L’autre question forte que pose Norbert Elias est celle des conséquences
politiques et psychiques de la monopolisation progressive par l’Etat moderne des
fonctions de coercition. L’analyse passe ainsi de la sociogenèse de l’Etat à la
psychogenèse. Elias met en évidence, d’une part, la forte corrélation qui existe entre
la construction de l’Etat, la complexification des rapports sociaux, l’élargissement
continu des chaînes d’interdépendance et, d’autre part, le refoulement des violences
privées, la canalisation des mœurs, ce qu’il appelle « le règne de l’autocontrainte » ou
« la maîtrise des émotions », toutes choses qui participent de la « psychogenèse » de
l’individu. C’est à la lumière de ces éléments structurants du politique qu’Elias
montre le rôle crucial de la « société de cour ». En effet, le processus de curialisation
rend compte de la manière dont les différentes strates de la noblesse se livrent à une
compétition à fleurets mouchetés pour rentrer dans les grâces du roi Louis XIV à
Versailles. C’est là que les nobles expérimentent un nouveau style de vie fondé sur
l’euphémisation de la violence et le respect de l’étiquette qui finit par circuler parmi
les autres groupes de la société. Pour Philippe Braud, il faudrait voir dans la
démocratie moderne le couronnement de cette évolution. Ainsi les « compétitions
électorales, les joutes partisanes, les débats télévisés, à l’image des rivalités
sportives, ne sont, en définitive, qu’un mécanisme subtil d’encadrement et
d’apprivoisement des violences sociales, un système hautement ritualisé de
canalisation des émotions ou encore de civilisation des mœurs ».
Cette lecture de Norbert Elias est certes stimulante pour l’analyse mais elle a
cependant quelques limites notamment sa tendance à imaginer qu’une société
humaine politiquement constituée puisse faire l’économie d’une limitation des
instincts guerriers. Par ailleurs, le développement de l’économie marchande, les
figures du sujet et de l’autonomie, de l’altérité et du pluralisme, de la critique et de la
délibération doivent être perçus comme des facteurs constitutifs du projet
démocratique qui charriera, plus tard, l’Etat de droit .
A- L’approche anthropologique
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B- L’approche socio-historique
L’analyse de type « sociogénétique » proposée par Elias peut être rangée dans
cette approche. Elle rend compte du processus historique qui aboutit à l’émergence
progressive de l’Etat en Occident. L’entreprise de construction de l’Etat s’amorce en
France et en Angleterre à partir du XIIIe siècle. Le pouvoir étatique va s’affirmer
contre le pouvoir religieux et le pouvoir seigneurial. Parallèlement, l’Etat apparaît de
plus en plus comme un corps séparé, autonome et distinct de la société civile. Sous ce
rapport, on peut relever quatre processus de mutations du pouvoir politique:
a)- la construction d’une identité politique des individus, autonome de leur
identité religieuse ;
b)- la réduction des multiples liens de dépendance personnelle propres au
système féodal grâce à l’affirmation du pouvoir royal (à partir du XVe siècle sous
Louis XI), puis la transformation du lien d’allégeance dynastique en un lien
d’allégeance nationale avec la Révolution ;
c)- la diversification des institutions politiques et administratives :
émergence des assemblées représentatives et des instances consultatives amorçant la
bureaucratie moderne (accélération du processus sous Louis XIV) ;
d)- la juridicisation des rapports entre gouvernants et gouvernés : ce sont
les grands textes tels que la Petition of Rights (1628), le Bill of Rights (1689) ou
encore les constitutions écrites américaine et française qui enferment le pouvoir
politique dans un statut juridique. La reconnaissance de droits opposables à l’Etat
signe le commencement de la mise en place d’un Etat légal-rationnel.
Deux principales dynamiques résultant des logiques conflictuelles peuvent être
soulignées (ces logiques font émerger des solutions non souhaitées individuellement,
mais qui émergent des engrenages complexes d’intérêts rivaux et interdépendants) :
1)- la dynamique des rivalités entre seigneurs au lendemain de l’empire
carolingien : la concentration du pouvoir se fait progressivement au profit des
vainqueurs jusqu'à son monopole ;
2)- les tendances lourdes à l’expansion économique : au XVIe siècle, la
croissance économique conduit à une différenciation sociale accentuée (noblesse,
bourgeoisie, commerçants, artisans, etc.) et à un nouveau partage du pouvoir
(développement des premières assemblées).
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Dans son ouvrage classique Les partis politiques (1951), Maurice Duverger
distingue deux types de partis selon leur naissance : il s’agit, d’une part, des partis de
cadres (A) et, d’autre part, des partis de masse (B) ; Giovanni Sartori propose quant à
lui une typologie historique (C) ; Otto Kirchheimer propose un type-idéal consécutif
aux mutations sociales et économiques (D) ; Jean Charlot décrit une typologie des
partis politiques français sous la Ve République (E) et William Wright distingue le
parti démocratique du parti efficace-rationnel (F).
Selon Duverger ces partis naissent dans un contexte marqué par l’extension
des prérogatives du Parlement et l’élargissement du droit de vote ; leur sociogenèse
est donc électorale et parlementaire. Avec l’émergence des Assemblées, des groupes
parlementaires se constituent progressivement. L’extension du droit de suffrage est
une nouvelle donne avec laquelle ces groupes sont obligés de composer afin de
conquérir l’électorat numériquement plus important ; d’où la création de comités
électoraux au niveau local. Pour assurer leur cohésion, une administration centrale se
constitue et devient l’état-major du parti ; dorénavant on assiste à l’instauration
d’une véritable spécialisation du travail au sein du parti. Ces partis sont tournés
principalement vers l’élection et cherchent à recruter parmi les notables et les élites
sociales permettant de financer et d’influencer la vie politique. Ils sont assis
localement sur des réseaux de notables et ignorent toute structure hiérarchisée. Ce
sont, par exemple, les partis whigs et tories en Angleterre.
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Ils ont une origine extérieure, c'est-à-dire que leur naissance est liée au
développement de diverses associations telles que les syndicats ou les sociétés de
pensée. Ils sont en quête d’adhérents et de militants issus des classes populaires qui
financent le parti via leurs cotisations. Ils les forment et les promeuvent. Pour cette
raison, ce sont des partis fortement organisés et hiérarchisés : la base est constituée
par des sections locales, coordonnées au niveau départemental par des fédérations,
elles-mêmes dépendantes d’un centre. Ces partis de masse permettent d’encadrer
politiquement les catégories sociales jusqu’alors exclues du droit de vote. Ils ont pour
objet la recherche de l’adhésion formelle du plus grand nombre. Ce sont par exemple
le parti travailliste anglais, issu des Trade-Unions et des sociétés de pensée (la Fabian
Society) ou encore le parti socialiste français. Au sein des partis de masse, Duverger
distingue :
a)- les partis de masse spécialisés : ce sont les partis socialistes ;
b)- les partis de masse totalitaires : ils sont porteurs d’une idéologie
globalisante, mais là encore il faut distinguer les partis communistes des partis
fascistes du fait du recours par ces derniers aux techniques militaires.
Dans son livre Parties and Party System (1976), Giovanni Sartori propose une
typologie historique des partis politiques. Il distingue ainsi quatre types de partis :
1)- les partis d’opinion et de clientèle : forme primitive des partis au début du
régime parlementaire, il s’agit d’un réseau de relations personnelles autour de
quelques leaders (Whigs et Tories) ;
2)- les partis parlementaires : ils cherchent à construire des stratégies autour du
jeu parlementaire afin de former des majorités (partis américains au XIXe siècle) ;
3)- les partis parlementaires électoralistes : ce sont les partis parlementaires
qui ont prolongé leur organisation par un réseau d’entités locales suite à l’extension
du droit de suffrage (partis britanniques à la fin du XIXe siècle) ;
4)- les partis organisateurs de masse : ils ont une origine souvent extérieure aux
partis parlementaires. Leur objectif est l’organisation politique des masses (partis
travaillistes, SFIO, partis communistes).
D- L’idéal-type de Kirchheimer
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questions. Nous verrons d’abord celle de Robert King Merton qui postule que les
fonctions des partis politiques sont à la fois manifestes (structuration de la vie
politique) et latentes (rôle d’assistance) et répondent à des exigences fonctionnelles
du système politique (A) ; ensuite nous exposerons celle de Georges Lavau (B) et
enfin la synthèse de Dominique Chagnollaud (C).
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chantres les plus fervents même s’il est revenu de ses illusions. Selon lui, le titulaire
de la souveraineté, c’est le peuple réel, c'est à dire l’ensemble des citoyens. Ainsi,
chaque citoyen détient une parcelle de souveraineté : « s’il y a 10 000 citoyens,
chaque citoyen a pour sa part la dix-millième partie de l’autorité suprême ».
L’expression de cette souveraineté passe par un droit de vote pour chaque citoyen
(suffrage universel) et un mandat impératif qui lie les élus aux électeurs, ces derniers
leur donnant des instructions, voire même pouvant les révoquer s’ils estiment que les
élus s’écartent de leur volonté. Cependant, Rousseau lui-même reconnaissait que la
démocratie directe était une utopie: « (…) à prendre le terme dans la rigueur
de l’acception, il n’a jamais existé de véritable Démocratie, et il n’en
existera jamais », arguant même qu'elle ne conviendrait qu'à « un peuple de
Dieux ». La raison qu’il donne est qu’il va à l’encontre de l’ordre naturel que le grand
nombre gouverne et que le petit soit gouverné. Autrement dit, comme le souligne
Philippe Braud dans Sociologie politique, « le gouvernement est toujours
exercé par une fraction ». Aussi, il convient de distinguer deux types de démocratie :
a)- la démocratie directe : le peuple participe activement et directement au
pouvoir législatif (élaboration et vote des lois), mais qui ne correspond qu'à "un
peuple de Dieux" ;
b)- la démocratie semi-directe : le peuple désigne ses représentants et participe
occasionnellement à la fonction législative par le biais des référendums (vote
d’approbation à une loi), d’un droit de véto populaire (opposition à une loi) ou d’un
droit d’initiative populaire (droit de proposer des lois). Notons que Philippe Braud
invite également à se défaire de l’idée que cette fraction puisse être désignée
librement car il existe toujours d’importants filtrages des candidats à la candidature :
le jeu des médias, des formations politiques ou encore la notoriété ou l’argent sont
des éléments à prendre en compte dans une élection.
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a) Le régime parlementaire
b) Le régime présidentiel
c) Le régime semi-présidentiel
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Pour cet auteur la démocratie pluraliste répond à quatre principes qui peuvent
constituer autant d'idéaux de la démocratie des pays occidentaux :
1)- la légitimité démocratique : si le pouvoir vient d’en haut, la légitimité vient
d’en bas, ce qui signifie un certain consentement à l’obéissance et un nécessaire
respect des droits individuels ;
2)- la démocratie représentative : le gouvernement du peuple se confond avec le
gouvernement de la majorité ;
3)- le multipartisme : son enjeu est le respect des minorités, du droit de
l’opposition et des droits en matière de liberté et d’expression ;
4)- un Etat impartial.
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b) La démocratie participative
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1)- l’interdiction des activités politiques organisées : les partis, mais aussi les
syndicats, les associations civiques, les comités intellectuels sont interdits, tout
comme les consultations électorales ; l’efficacité de cette mesure dépend néanmoins
de l’importance de la participation politique traditionnelle ou du niveau de violence
auquel recourt le pouvoir pour intimider les éventuels protestataires ;
2)- le contrôle étroit de la vie politique : il passe soit par un contrôle du
pluralisme, soit par l’institutionnalisation d’un parti unique afin de canaliser
l’expression populaire ; certains régimes ne soumettent pas à l’élection le chef
suprême, d’autres truquent les élections ou présentent un candidat unique ;
3)- le contrôle entier de l’appareil d’Etat : l’enjeu est de s’assurer les fidélités de
la base au sommet de l'administration. Certains régimes favorisent les solidarités
familiales, tribales, régionales ou clientélistes (ce qui était le cas dans les monarchies
traditionnelles pré-modernes), d’autres institutionnalisent un parti unique et un
syndicalisme d’Etat (qui jouent le rôle d’outils de sélection des cadres fidèles) ou bien
recourent à l’armée à tous les niveaux de l’administration étatique.
1) - L’autoritarisme patrimonial
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absolu, mais il doit néanmoins transiger avec les ordres sociaux existants. Dans son
ouvrage Traditional Neo-patrimonialism and Modern Neo-
patrinmonialism (1973), Samuel Eisenstadt parle de néo-patrimonialisme pour
rendre compte des régimes du monde arabe (monarchies pétrolières du Golfe)
caractérisés par la faiblesse des contre-pouvoirs. Le Prince décide seul et entretient
une clientèle pour s’assurer le loyalisme de ses soutiens (promotion, privilèges,
prébendes). La sphère étatique et la sphère privée des dirigeants se confondent, d’où
leur enrichissement personnel parfois colossal.
Ce type de régime donne à voir un Etat qui crée et contrôle les corps
intermédiaires et plus particulièrement, les institutions économiques, culturelles et
professionnelles. Une autonomie de façade leur est toutefois accordée laissant
l’impression que le pouvoir bureaucratique se manifeste en dehors de l’Etat. C’est le
cas notamment du régime russe sous l’ère Poutine ou de la Chine post-maoïste.
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Une boutade célèbre dit ceci : « En France tout est permis sauf ce qui
est interdit ; aux Etats-Unis d’Amérique tout est permis même ce qui est
interdit ; en URSS tout est interdit même ce qui est permis !». C’est une
variante d’un dicton populaire allemand qui soutient que : « en démocratie, tout
ce qui n'est pas interdit est permis, sous une dictature, tout ce qui n'est
pas permis est interdit et dans le totalitarisme, tout ce qui n'est pas
interdit est obligatoire ». Tout cela rend bien compte de la dimension totalitaire
spécifique à ce dernier type de régime. En effet, on a affaire à des systèmes politiques
à parti unique où aucune opposition politique n’est admise et où l’Etat tend à
contrôler la totalité des activités de la société. Le concept de totalitarisme a été fondé
au XXe siècle pour distinguer ce type de régime de celui de la dictature.
Contrairement à cette dernière, le système totalitaire ne cherche pas seulement à
contrôler l’ensemble des activités humaines, mais il essaie de s'immiscer jusque dans
la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l'adhésion obligatoire à
une idéologie, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la
communauté. Dans un premier temps on proposera une définition du totalitarisme
(A), avant d’en déterminer les origines possibles en exposant brièvement quelques
théories du fascisme (B).
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1)- sur un « génocide de classe » comparable au « génocide de race » commis par les
régimes nazi et fasciste (selon Stéphane Courtois dans Le livre noir du
communisme, 1997) ;
2)- sur la volonté, propre également au nazisme, de mettre à bas la société bourgeoise
et d’instaurer la puissance d’un parti-Etat, légitimée par un culte du chef et pérennisé
au moyen de la terreur des camps (selon François Furet qui présente néanmoins
une thèse nuancée sur le rapprochement du nazisme et du stalinisme parlant
d’influences réciproques entre des phénomènes comparables mais non identiques).
Il convient de souligner que tous les auteurs n’adhèrent pas à la pertinence du
rapprochement entre le nazisme et le stalinisme ; c’est le cas de Trotsky et de
Castoriadis qui voient dans le stalinisme ni plus ni moins qu’une simple déviation
du communisme. Ian Kershaw soutient que l’après-Staline a ouvert une ère de
rupture avec le culte du chef et rendu anachronique les guerres d’impérialisme racial.
S’y ajoutent d’autres nuances de taille : l’emprise des partis n’était pas similaire dans
les deux systèmes puisque le parti communiste contrôlait plus fermement l’appareil
étatique que le parti nazi ; que la terreur en URSS ne constituait pas un objectif en
soi, alors que la terreur se confondait avec la nature même du parti nazi et que le
système soviétique reposait sur une idéologie universaliste, à la différence de
l’idéologie nazie connue pour exalter la « supériorité de la race aryenne » et
cristalliser l’idée de la nation allemande.
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Les groupes d’intérêt n’ont pas partout la même connotation ; loin s’en faut.
Ainsi Alexis de Tocqueville - De la Démocratie en Amérique (1840), tome 2 –
relevait-il une forte disposition des individus à s’associer : « (…) les Américains de
tous les âges, de toutes les conditions, de tous les esprits, s’unissent sans
cesse. Non seulement ils ont des associations commerciales et
industrielles auxquelles ils prennent part, mais ils en ont encore de mille
autres espèces, de religieuses, de morales, de futiles, de fort générales et
de très particulières, d’immenses et de fort petites (…). S’agit-il enfin de
mettre en lumière une vérité ou de développer un sentiment par l’appui
d’un grand exemple, ils s’associent ». Il observe également que si les Etats-Unis
ont développé une appétence pour l’association dans l’objectif de défendre les intérêts
particuliers, la France s'est inscrite dans un esprit plus interventionniste : « partout
où, à la tête d'une entreprise nouvelle, vous voyez en France le
gouvernement et en Angleterre un grand seigneur, comptez que vous
apercevrez aux États-Unis une association ». Dans une optique rousseauiste,
la France nie toute légitimité aux intérêts particuliers et considère que seule la
puissance publique détient le monopole de l’intérêt général. Ainsi, dès 1791, la loi le
Chapelier interdit les coalitions de patrons et d’ouvriers au motif qu’il ne doit pas
exister d’intérêts intermédiaires entre l’intérêt de chaque individu et celui de l’Etat
afin que rien ne sépare le citoyen de la chose publique (en l’occurrence, l’intérêt de la
corporation). Il faut ainsi attendre la loi Waldeck- Rousseau en 1884 pour que
les syndicats soient autorisés et la loi de 1901 pour les associations.
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faisant pression les uns sur les autres, se formant les uns les autres et produisant de
nouveaux groupes et représentants (les organes et les agences de gouvernement) afin
de négocier les ajustements »;
Ici le constat est qu’aucun groupe ne peut durablement s’imposer face aux
autres car il émerge en permanence de nouveaux groupes d’opposition au groupe
dominant. Il existe un marché politique où l’Etat doit se cantonner à enregistrer les
différents rapports de force entre groupes d’intérêt.
b) la typologie de Schmitter
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Dans son ouvrage Sociologie des groupes d’intérêt (1998), Michel Offerlé
souligne que le préalable pour un groupe d’intérêt est de se faire reconnaître comme
l’interprète légitime de l’intérêt qu’il prétend défendre. Ce travail passe, selon lui, par
quatre étapes :
1)- la délimitation du groupe : le groupe cherche à ce que l’intérêt qu’il défend
soit associé à son identité (exemple : la défense des animaux est assurée par la SPA) ;
2)- la légitimation : le groupe rend légitime l’intérêt défendu et sa prétention à
l’incarner (exemple : un syndicat ouvrier s’appuie sur l’idée qu’il existe un conflit de
classe) ;
3)- la mise en forme de la représentativité : le groupe cherche à représenter
ceux au nom desquels il s’exprime, cette représentativité est la clef de la
reconnaissance statutaire et médiatique ;
4)- la représentation : à travers ses différences internes, le groupe d’intérêt doit
s’efforcer d’incarner la totalité des intérêts qu’il représente dans son programme ou
ses déclarations. Comme le souligne néanmoins Philippe Braud dans Sociologie
politique (2008), la notion de représentativité est aussi fondamentale que fuyante :
« fréquemment, le langage des groupes d’intérêt assène l’équivalence
entre le discours du représentant et les attentes supposées des
représentés ». Cela permet à une frange d’individus mobilisés de parler au nom et
pour le compte de l’ensemble d’une catégorie particulière (par exemple : certains
étudiants qui parlent au nom de tous les étudiants). Si la mesure de la
représentativité d’un parti politique est relativement simple, il suffit de procéder par
sondage ou bien de regarder le résultat des suffrages, elle est plus difficile à
appréhender pour les groupes d’intérêt, notamment parce qu’il existe peu de scrutins
où ils peuvent tester leur audience réelle et parce que chaque groupe fonctionne selon
des règles qui lui sont propres.
Ces formes d’intervention et ces répertoires d'action sont divers et variés. Dans
Sociologie des groupes d’intérêt (1998), Michel Offerlé distingue trois
dimensions essentielles des répertoires d'action des groupes d'intérêt, qui peuvent se
combiner :
1)- le nombre : on montre que l'on s'appuie sur un collectif, à travers une
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manifestation ou un sondage ;
2)- la science (donc l’expertise) : on finance des recherches, organise des colloques ;
3)- la vertu : on en appelle aux valeurs morales, on mobilise des stratégies de
scandalisation.
D’autres auteurs tels Grossman et Saurugger proposent, dans leur livre Les
groupes d'intérêt (2006), une typologie de cinq idéaux-types de répertoires
d'action :
1)- la négociation et la consultation : les acteurs politiques invitent les groupes
d'intérêt à participer au processus décisionnel ;
2)- le recours à l'expertise : elle est le registre montant du lobbying, l'appui de sa
cause sur des données scientifiques est un comportement attendu par les institutions,
notamment européennes, ce qui souligne aussi la dimension de plus en plus
technique des controverses politiques (OGM, changement climatique, etc.) ;
3)- la protestation : il s'agit d'utiliser les lieux publics pour faire connaître les
intérêts de l'acteur ;
4)- la juridicisation : c'est l'utilisation du pouvoir judiciaire pour la défense
d'intérêts, les tribunaux rendant notamment des décisions « qui apparaissent comme
des défenses de l'intérêt général contre certains intérêts spécifiques » ;
5)- la politisation : elle consiste à transformer le groupe d'intérêt en parti politique.
Par exemple, le mouvement écologiste ou le parti politique CPNT (Chasse, Nature,
Pêche et Tradition) sont, à l’origine, des groupes d’intérêt qui sont ensuite intervenus
dans le champ politique.
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Ce qui reste constant c’est que l’objectif des groupes d’intérêt est toujours de
formuler des exigences en vue de faire pression sur les pouvoirs publics pour que
ceux-ci prennent les décisions qui abondent dans leur sens. Ils doivent néanmoins
prendre plusieurs changements dans leur environnement pour adapter leurs
stratégies d'influence. Pour le cas de l’Europe on mettra en exergue la contrainte que
représentent les institutions de l’Union (a), d’une part, et d’autre part, le triomphe de
l’économie de marché qui oblige l’Etat à se retirer et engendre ipso facto de nouveaux
facteurs de mutation du lobbying (b).
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Encadré n°5 : Cédric Polère, « Lobbying : l’influence des groupes d’intérêt s’accroît,
et favorise une transformation de notre modèle démocratique », Centre prospectives
de Lyon, juin 2007.
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