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M2.1 Voyage Dans Le Continuum Eau-Sol-Plante
M2.1 Voyage Dans Le Continuum Eau-Sol-Plante
Toutes les plantes transpirent. Si l’on regarde l'évolution de l'évapotranspiration de la luzerne lors
d’une journée quelconque, on peut voir que l’évapotranspiration augmente en matinée, atteint un
maximum au milieu de la journée et diminue ensuite pour être quasi nulle la nuit. Elle suit la demande
climatique et le rayonnement solaire.
Essayons d’abord de comprendre le mécanisme de transpiration seule. Lorsque l’eau s’évapore depuis
les feuilles de la plante sous l’action de la demande évaporative de l'atmosphère, elle crée une
dépression dans la phase liquide, dépression qui se transmet au continuum d’eau entre les feuilles, la
tige, les racines et finalement le sol. L’eau pénètre par la racine et est transférée à l’intérieur de la
plante dans le xylème qui la conduit à travers la tige jusqu'à la feuille où elle s’évapore. Ce système
connecté est appelé continuum sol-plante-atmosphère. Le transfert de l’eau depuis le sol jusqu’à
l’atmosphère à travers la plante, ou transpiration, répond au principe suivant : l’eau se meut
naturellement depuis un niveau d’énergie potentielle plus élevé vers un niveau de potentiel plus bas.
Quand on parle de potentiel, on fait référence à l'énergie potentielle de l’eau en J/kg ou en J/m³
correspondant à des Pascal. Si vous désirez en savoir plus sur cette notion de potentiel de l’eau,
n’hésitez pas à suivre les liens pour plus d’explication. Dans l’atmosphère, plus l’air est sec, plus
l’énergie potentielle de l’eau en phase vapeur est négative. Dans le sol, plus il y a d’humidité, plus le
potentiel est élevé. On comprend donc aisément que le moteur du mouvement de l’eau dans le
système eau-sol-plante est la différence d’énergie potentielle entre l’atmosphère et le sol.
Pour mieux comprendre ces mécanismes, on peut faire l’analogie entre le mouvement d’eau dans le
système sol-plante et un circuit électrique. Le flux d’eau dans la plante correspond alors au courant
électrique et chaque partie du milieu traversé est représenté par une résistance. Plus la perte de
potentiel est importante, plus la résistance est importante. On voit que la résistance principale au
mouvement de l’eau se passe dans les stomates, ces ouvertures minuscules à la surface des feuilles qui
laissent passer la vapeur d’eau. La plante régule en partie ses pertes en eau en ouvrant ou fermant les
stomates, mais peut aussi influer sur sa capacité à prélever l’eau en diminuant sa résistance au sein des
racines grâce à la croissance racinaire ou l’augmentation de la perméabilité de ses cellules.
Transpiration et évaporation sont difficiles à séparer au sein d’un champ, c’est pourquoi on les
regroupe sous le terme évapotranspiration. L’évapotranspiration dépend des conditions climatiques
et du développement de la plante. L'évapotranspiration maximale dépend de la culture mais aussi de
la saison. Entre juin et août, c’est-à-dire en été dans l’hémisphère nord, on retrouvera donc les
évapotranspirations maximales, correspondant à une demande évaporative maximale. Afin d'estimer
les besoins en eau d’une plante, son évapotranspiration doit être estimée et celle-ci dépendra du type
de plante, de son développement et des conditions météorologiques.
En pratique, on tentera d’estimer tout d’abord la demande évaporative fonction du climat. Pour ce
faire, la FAO propose d'utiliser une variable qu’on appelle l'évapotranspiration de référence, ou ET0.
Cette ET0 correspond à l'évapotranspiration d’un gazon de 12 cm bien irrigué sans aucun stress,
hydrique ou autre. L’idée de cette ET0 est d’avoir une estimation de la demande évaporative de façon
standard, indépendamment du type de plante. Par contre, l’ET0 dépend des conditions climatiques. Des
valeurs de référence en fonction du climat existent, mais évidemment, pour diriger l’irrigation, nous
avons besoin de mesures plus précises. Cette ET0 peut se mesurer directement grâce à une cuve
lysimétrique par exemple, c’est-à-dire une énorme colonne de sol plantée de gazon et déposée sur une
balance pour en suivre le poids. Les lysimètres de référence sont rares. L’ET0 peut aussi être estimée à
partir de la mesure de l'évaporation d’un bac d’eau de référence. Néanmoins, si une station
météorologique est disponible, la façon la plus standard pour estimer l’ET0 est d'utiliser la formule de
Penman Monteith.
L’équation de Penman-Montheit ne dépend que des variables météorologiques. Elle peut donc être
calculée grâce aux données d’une station météo : rayonnement global, humidité de l’air, vitesse du vent
et température de l’air. La FAO propose aussi des mécanismes d’estimation pour des stations météo
moins équipées où certaines variables ne sont pas mesurées. L’équation de Penmann Montheit, sur
laquelle un ensemble d’experts s’est accordé en 1990, dépend : du rayonnement net, de la densité de
flux de chaleur dans le sol, de la température journalière moyenne, de la vitesse du vent à deux
mètres, du déficit de pression de vapeur qui est la différence entre la pression de vapeur saturante et
la pression de vapeur réelle, et finalement de la constante psychrométrique. Toutes ces variables
peuvent être mesurées dans une station météo classique et utilisées dans cette équation avec un pas de
temps journalier, décadaire ou mensuel.
Evidemment, l’évaporation d‘une culture donnée ne sera pas, en général, égale à l'évapotranspiration
de référence. Cependant, on peut lier cette évapotranspiration de référence à celle de n‘importe
quelle culture de manière très simple, en la multipliant par un facteur cultural. Nous étudierons cela
dans une prochaine séquence.