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Extraction Liq-Liq Présnetation Générale
Extraction Liq-Liq Présnetation Générale
Présentation générale
par Gérard COTE
Ingénieur de l’École supérieure de physique et de chimie industrielles de Paris (ESPCI)
Docteur d’État ès sciences physiques
Directeur de recherche au CNRS
Professeur à l’ENSCP (École nationale supérieure de chimie de Paris)
1. Généralités.................................................................................................. J 2 760 - 2
2. Définitions et nomenclature.................................................................. — 3
3. Classification des systèmes d’extraction .......................................... — 4
3.1 Extractions non compensées ...................................................................... — 4
3.2 Extractions par échange d’ions ................................................................... — 6
3.2.1 Extractions par échange de cations ................................................... — 6
3.2.2 Extractions par échange d’anions...................................................... — 7
4. Caractéristiques et contraintes d’un système industriel .............. — 7
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. J 2 763
Voir aussi les articles [P 1 425] du traité Analyse et Caractérisation et [J 6 630] et [J 2 780]
du traité Génie des procédés.
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Constante (thermodynamique) de partage ( K D0 ) [Partition cons- l’extrait à sa concentration sous la même forme dans l’autre phase,
à l’équilibre. Pour un système aqueux/organique, il vient :
tant] : rapport de l’activité d’une espèce donnée A dans l’extrait à
son activité dans l’autre phase, à l’équilibre. Pour un système ( K D ) A = [ A ] org ⁄ [ A ] aq
aqueux/organique, il vient :
KD peut aussi être appelé constante de distribution.
( K D0 ) A = a A, org ⁄ a A, aq . Rendement d’extraction (ou fraction extraite) (E) [Fraction extrac-
ted] : fraction (souvent exprimée en pour-cent) de la quantité totale
Coordinat [Ligand] : entité chimique capable de fournir la partie d’un soluté que l’on retrouve dans l’extrait.
« donneur » d’une liaison de coordination au sein d'un complexe Solvant (en extraction liquide-liquide) [Solvent] : ensemble de la
métallique. Le mot coordinat ne doit pas être utilisé de façon géné- phase liquide dans laquelle un ou plusieurs solutés sont transférés
rale comme synonyme du mot extractant, notamment lorsqu’on a (il est à souligner que le mot solvant ne doit pas être considéré
affaire à des extractants possédant plusieurs sites actifs de coordi- comme un synonyme du mot diluant).
nation (par exemple, cas des extractants chélatants).
Désextraction [Stripping] : opération consistant à faire ressortir le
ou les solutés de l’extrait. Le plus souvent, il s’agit d’un transfert
vers une troisième phase de même nature que la phase d’alimenta- 3. Classification
tion, sans pour autant lui être identique. Dans ce dernier cas, les ter-
mes réextraction et extraction en retour sont aussi parfois utilisés. des systèmes d’extraction
Diluant [Diluent] : liquide ou mélange de liquides dans lequel
l’extractant et le cas échéant le (ou les) modificateur(s) sont dissous.
De manière schématique, on peut remarquer que le transfert d’un
Extractant (ou Extrayant) [Extractant] : composé actif du solvant et soluté d’une phase d’alimentation dans un solvant peut nécessiter
principal responsable du transfert d’un ou plusieurs solutés d’une un transfert réciproque de matière (c’est-à-dire du solvant vers la
phase à l’autre. phase d’alimentation) ou ne pas en nécessiter. On peut ainsi distin-
Extrait [Extract] : phase séparée (souvent organique, mais pas guer deux grands types de processus d’extraction : (i) les extrac-
obligatoirement) qui contient le ou les solutés extraits à partir de tions par échange d’ions et (ii) les extractions non compensées.
l’autre phase. Dans le premier cas, la phase d’alimentation reçoit généralement
une nouvelle espèce ou s’enrichit en une espèce déjà présente
Facteur d'extraction ( D m ) [Extraction factor ou mass distribution parallèlement à l’extraction du soluté, enjeu du procédé, alors que
ratio] : rapport de la masse totale d’un soluté dans l’extrait sur sa dans le second cas, il y a simplement transfert d’une molécule ou
masse totale dans l’autre phase. d’un agrégat d’ions globalement neutre et appauvrissement de la
Facteur de séparation ( α A ⁄ B) [Separation factor] : quotient des phase d’alimentation. En fait, chacun des deux grands types de pro-
rapports de distribution de deux solutés A et B mesurés dans les cessus définis ci-dessus peut faire l’objet d'une classification plus
mêmes conditions : α A ⁄ B = D A ⁄ D B . fine traduisant des situations variées (tableau 2).
Isotherme de distribution [Distribution isotherm] : relation (algé-
brique ou graphique) entre la concentration d’un soluté dans
l’extrait et la concentration correspondante du même soluté dans 3.1 Extractions non compensées
l’autre phase, à l’équilibre à une température donnée.
Lavage sélectif [Scrubbing] : opération consistant à mettre ■ Dans le cadre des extractions non compensées, les extractions
l’extrait en contact avec une nouvelle phase liquide non miscible simples de molécules (extractions du type 1a, tableau 2) correspon-
dans le but de désextraire un certain nombre d’impuretés, mais pas dent à la situation la plus banale dans la mesure où les forces motri-
le soluté principal. ces du transfert sont de nature purement physique et où les solutés
Modificateur [Modifier] : substance autre que l’extractant et le possèdent le plus souvent la même structure moléculaire dans les
diluant entrant dans la composition du solvant et introduite pour deux phases. Industriellement, les extractions simples de molécules
améliorer certaines propriétés du système. sont mises à profit à grande échelle, par exemple pour séparer les
composés aromatiques (benzène, toluène et aromatiques en C8) des
Raffinat [Raffinate] : solution d’alimentation qui a perdu une partie composés aliphatiques (typiquement en C6 et C7) initialement pré-
ou la totalité de ses solutés par transfert dans l’autre phase. sents dans certaines coupes pétrolières.
Rapport de distribution (souvent appelé coefficient de distribu- Exemple : dans le procédé Union Carbide, c’est le tétraéthylène
tion) (D ) [Distribution ratio] : rapport de la concentration totale d’un glycol qui est utilisé comme solvant d'extraction [2]. La régénération du
soluté dans l’extrait (indépendamment de sa forme chimique) à sa tétraéthylène glycol est assurée par une désextraction consistant en un
concentration totale dans l’autre phase. Le rapport de distribution transfert des composés aromatiques considérés dans du dodécane.
est un paramètre expérimental caractérisant l’état d’un système Ces derniers peuvent finalement être récupérés individuellement par
d’extraction à un instant donné, cet état n’étant pas obligatoirement une série de distillations tandis que le dodécane est recyclé.
l’état d'équilibre. Pour leur part, les extractions simples d’agrégats d’ions tels que
Rapport de partage (KD) [Partition ratio] : rapport de la concentra- (Cs+, (C6H5)4B–) ou ((C6H5)4As+, TcO 4Ð ) (réactions du type 1b,
tion d’une substance sous une forme définie unique, A, dans tableau 2) ont une vocation essentiellement analytique.
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* i H + + i NO 3Ð + j TBP + h H 2 O ⇔ ( HNO 3 ) i ( TBP ) j ( H 2 O ) h avec [i, j, h] = [0,1,1], [1,0,1], [1,1,0], [1,2,1] et [2,1,0]
* CuCl x2 Ð x + ( 2 Ð x ) Cl Ð + 2 ACORGA® CLX 50 ⇔ CuCl 2 ( ACORGA® CLX 50 ) 2
* UO 2 ( SO 4 ) 22 Ð + 2 ( R 3 NH + ) 2, SO 42 Ð ⇔ ( R 3 NH + ) 4, UO 2 ( SO 4 ) 34 Ð + SO 42 Ð
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■ Les extractions à l’aide de réactifs solvatants (réactions du type Si l’échange cationique s’effectue avec un ion H+ (c’est-à-dire si
1c, tableau 2) constituent un sous-groupe très important de la l’extractant est utilisé sous sa forme acide) la distribution du métal
famille des extractions non compensées, mais se différencient du entre la phase aqueuse et le diluant dépend généralement du pH,
sous-groupe précédent par le fait que le transfert de matière résulte par contre, si l’échange est intermétallique, la distribution est le plus
cette fois d’une interaction chimique relativement forte et que le souvent indépendante du pH. Les réactions conduisant à l’extraction
soluté possède pour cette raison une structure peu ou prou diffé- d’un métal par échange de cations sont très variées. Une telle diver-
rente dans chacune des deux phases. A ce sous-groupe, on peut rat- sité trouve son origine dans le fait que les extractants présents dans
tacher un certain nombre de composés possédant des groupements le solvant peuvent être plus ou moins auto-associés et plus ou
oxygénés, soufrés ou phosphorés donneurs de doublets électroni- moins ionisés, mais aussi dans le fait que les espèces extraites peu-
ques comme les alcools (butanol, octanol, décanol, etc.), les cétones vent exister sous des formes très différentes (paires d’ions, comple-
(méthylisobutylcétone, cyclohexanone, etc.), les éthers (éther éthyli- xes moléculaires simples, complexes cycliques neutres [aussi
que ou propylique), les esters (acétate de butyle ou d'isoamyle), les appelés chélates], complexes polymétalliques moléculaires, etc.).
amides (butyloctanamide), les sulfoxydes (dioctyl ou diphényl sul-
foxyde), les trialkylphosphates (notamment le tributylphosphate
TBP qui joue un rôle primordial dans l'industrie nucléaire et dont ■ Par exemple, les acides sulfoniques tels que l’acide dinonylnaph-
l’étude des propriétés a fait l'objet de très nombreux travaux [3] à talène sulfonique (HDNNS) sont fortement ionisés et possèdent un
[5]), les dialkylalkylphosphonates (typiquement dibutylbutylphos- pouvoir tensioactif élevé qui les conduit à former facilement des
phonate), les oxydes de trialkylphosphine (par exemple l’oxyde de micelles inverses en phase organique. Pour le HDNNS, la concentra-
trioctylphosphine), etc. Les composés précédents, purs ou dilués tion critique micellaire [J 2 761, § 1.4] dans le n-décane en équilibre
dans un diluant organique, sont capables de solvater les ions (ions avec HCl 0,1 M est de l’ordre de 5 × 10 Ð6 M [13] et son nombre
hydrogène et cations métalliques) et de remplacer plus ou moins d’agrégation (indice x dans la réaction 2a1, tableau 2) dans l’heptane
complètement leurs molécules d’eau de solvatation [6, p. 67, § 2.3]. est voisin de 10 [9, p. 175, 14]. L’extraction des cations métalliques
Par suite, l’extraction passe par la formation de cations plus hydro- s’effectue par échange avec les ions H+ et, ce qui est à noter, c’est
phobes qui s’associent à des anions minéraux ( NO Ð3 , ClO 4Ð , etc.) ou que l’existence de la structure micellaire est globalement conservée
organiques (par exemple picrate) pour donner finalement des enti- au cours de l’extraction, ainsi que le caractère ionique des liaisons.
tés neutres extractibles. L’extraction est favorisée par la basicité de En fait, la taille des micelles peut varier au cours du processus
l’extractant. Elle croît dans l’ordre de la série suivante : alcools, d’échange d’ions. Ainsi, dans le cas du HDNNS en solution dans
éthers, cétones, phosphates (TBP), phosphonates, oxydes de phos- l’heptane, il a été montré que le nombre d’agrégation est multiplié
phine (TOPO). Il est à noter que le comportement des solutions par un facteur proche de deux lorsqu’on extrait des ions tétraméthy-
organiques s’écarte souvent des lois de l'idéalité dans les systèmes lammonium [9, p. 175, 14].
mettant en œuvre les composés précédents [7, 8]. Divers autres pro-
duits tels que les sulfures de dialkyle (sulfure de di-n-hexyle : ■ Pour leur part, les composés organophosphorés acides (HDEHP,
C6H12—S—C6H12, sulfure de méthyle et de dodécyle : CH3—S— PC-88A, CYANEX® 272) qui ont une importance industrielle certaine
C12H25), les sulfures de trialkylphosphine (CYANEX® 471X), les pyri- existent principalement sous forme moléculaire dimère (H2L2), aussi
dines substituées (ACORGA® CLX50), les bibenzimidazoles noté (HL)2, dans un grand nombre de diluants organiques. L’extrac-
(ACORGA® ZNX50), etc., sont aussi considérés comme des réactifs tion des cations métalliques est le résultat de la formation de com-
solvatants par divers auteurs [6, 9]. Ces composés extraient généra- plexes dans lesquels interviennent essentiellement les formes
lement les ions métalliques par formation de complexes moléculai- déprotonées monomère (L–) et/ou dimère ( HL 2Ð ) de ces réactifs
res neutres ayant une stœchiométrie bien définie (par exemple (réaction du type 2a2, tableau 2). Ces formes se comportent comme
PdCl2(sulfure de di—n—hexyle)2, CuCl2(ACORGA® CLX50)2 ou des bicoordinats et se lient donc au métal par chélation. AlL3,
encore Zn2Cl4(ACORGA® ZNX50)2 [10, 11, 12]. Al(HL2)3, Co(HL2)2, Fe(HL2)3, etc., sont des exemples typiques.
■ Enfin, avec les amines qui sont plus basiques que les composés Les formes dimères neutres de ces extractants (H2L2) pourraient
précédents, les ions H+ sont fortement retenus de sorte que les pai- également participer à la coordination du métal par un phénomène
res d’ions formées selon une réaction du type 1d peuvent ensuite de solvatation et conduire à des espèces telles que
jouer le rôle d’échangeurs d’anions selon une réaction du type 2b Ni(HL2)2(H2L2)x(H2O)2 – x avec x = 0, 1 ou 2. Face à la variété des
(tableau 2). situations possibles et souvent faute de données structurales suffi-
santes, la plupart des auteurs préfèrent se limiter à une écriture glo-
bale des réactions d’extraction, comme cela est fait dans le
tableau 2 (réactions du type 2a2). En outre, lorsqu’on cherche à
3.2 Extractions par échange d’ions charger fortement les solvants d’extraction en métal, il arrive que
des complexes métalliques polynucléaires se forment. Par exemple,
En ce qui concerne la famille des extractions par échange d’ions dans le cas de l’acide bis(2-éthylhexyl) phosphorique, les complexes
qui reposent par essence même sur une réaction chimique, il faut suivants ont été identifiés : Zn2L4(HL)2, Zn4L8(HL)2, [15, p. 27, 16],
distinguer les extractions fondées sur un échange de cations (réac- (FeL3)3, (LaL3)600, (YL3)4000 [17]. Dans les situations extrêmes, la
tion du type 2a, tableau 2) et celles impliquant un échange d’anions présence de tels oligomères peut entraîner un accroissement impor-
(réactions du type 2b, tableau 2). tant et gênant de la viscosité du solvant d’extraction. Enfin, il faut
noter que l’extraction de certains cations comme les cations alcalins
par le HDEHP, le PC-88A ou le CYANEX® 272 conduit, à pH suffisam-
ment élevé (pH > 6), à la formation d’espèces micellaires [(Na+, L–)n
3.2.1 Extractions par échange de cations avec n de l'ordre de 13] [18].
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Impuretés Soluté
Soluté
Solution de
Raffinat désextraction
Solution chargée de soluté
de lavage
vierge
Solution de lavage
chargée d’impuretés
Traitement
Traitement de la solution
du raffinat Solution de désextraction Solution de
d’alimentation du soluté désextraction
vierge
Récupération
Autre procédé du soluté
Rejets Rejets
Élaboration du
produit fini
Pour chaque soluté considéré, il existe en général un couple de imposée pour des raisons économiques ou de sécurité de
deux phases permettant de réaliser une séparation optimale vis-à- l'environnement ;
vis de ses impuretés indésirables grâce à des solubilités différentiel- — une bonne stabilité chimique vis-à-vis des milieux réactionnels
les adéquates. Cependant, la nature de l’une des phases (il s’agit de rencontrés au cours des différentes opérations d’extraction, de
fait de la phase d’alimentation) est le plus souvent imposée, ce qui lavage et de désextraction ;
contraint à optimiser uniquement le choix de la seconde phase qui — des caractéristiques physiques fournissant des temps de dis-
joue alors le rôle de solvant. Un bon procédé industriel exige une persion et de séparation des phases après contact acceptables ;
installation économique, fiable, compacte et efficace. Pour satisfaire pratiquement, les solvants industriels présentent des viscosités
à ces exigences, le solvant idéal devra présenter plusieurs des pro- réduites (1 à 3 mPa.s), des tensions interfaciales faibles ou moyen-
priétés suivantes (lorsque toutes ces propriétés ne peuvent pas être nes (5 à 40 mN/m) et une importante différence de masse volumique
réunies, il faut choisir le meilleur compromis du point de vue par rapport à la phase d’alimentation (200 à 300 kg/m3) ;
économique) : — des propriétés favorables :
— une forte capacité d’extraction pour les solutés recherchés, • du point de vue de la cinétique du transfert de masse (mise en
associée à des valeurs élevées des rapports de distribution D (en équilibre après un contact inférieur à quelques minutes) ;
hydrométallurgie, on travaille de préférence avec des valeurs de D • du point de vue économique : produit bon marché et disponi-
de 5 à 50, mais des valeurs voisines de 1 restent encore exploitables ble commercialement ;
si la sélectivité est grande) ; • du point de vue de la sécurité d’emploi : produit à faible toxi-
— une grande sélectivité de l’extraction du soluté A vis-à-vis d’un cité, point d’éclair élevé (supérieur à 55 °C), donc peu inflamma-
autre soluté B, caractérisée par le facteur de séparation α A ⁄ B ; ces ble ou peu volatil, et peu corrosif vis-à-vis des matériaux de
facteurs peuvent atteindre des valeurs de 104 à 106, impossibles à construction courants.
obtenir par d’autres procédés de séparation, comme dans le cas de
En principe, il existe peu de composés chimiques possédant cet
l’élimination des produits de fission de l’uranium irradié par extrac-
ensemble de caractéristiques. On recherche donc le meilleur com-
tion au tri(n-butyl)phosphate ; mais ils peuvent aussi être très pro-
promis ou, lorsque cela est possible, on s’en rapproche en utilisant
ches de 1 comme dans le cas des terres rares pour lesquelles des
comme solvants d’extraction des mélanges composés d’un extrac-
valeurs de l’ordre 1,5 à 5 sont typiques ;
tant, d’un diluant dont le rôle primaire est de modifier les propriétés
— des caractéristiques physico-chimiques permettant une récu-
physiques de la phase solvant (abaissement de la viscosité et de la
pération facile :
masse volumique), d’un (ou plusieurs) agent(s) modificateur(s) dont
• soit du soluté : désextraction par changement de pH, précipita- l’adjonction vise souvent à éviter la formation d’une troisième phase
tion ou cristallisation d’un sel métallique ; [J 2 762, § 2.3] et, le cas échéant, d’un catalyseur destiné à améliorer
• soit du solvant : grande volatilité ou capacité thermique faible la cinétique du transfert de masse [J 2 761, § 2.4].
pour une distillation économique, comme dans presque tous les
procédés de la chimie organique ; En [J 2 762], nous donnons la liste des principaux produits com-
— une solubilité négligeable dans le raffinat : quelques ppm à merciaux (extractants, diluants et modificateurs) entrant dans la
quelques dizaines de ppm, qui éviteront une récupération coûteuse, composition des solvants d’extraction industriels.
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Extraction liquide-liquide R
E
par Gérard COTE
N
Ingénieur de l’École supérieure de physique et de chimie industrielles
de Paris (ESPCI)
Docteur d’État ès sciences physiques
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