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12 Eléments de cadre Nouvelle halle d’exposition, Bale La structure porteuse de la nouvelle halle de la «Foire d’échantillons» de Bale est constituée de poteaux (tubes © 813 mm) et de sommiers liés rigidement de fagon a former des cadres transversaux autostables, Les sommicrs sont des profils composés & Ame pleine, de 25.8 m de portée et 1.6 mde hauteur (avec ouvertures dans I’me), solidarisés avec la dalle en béton coulé sur place (ép. 20 cm) de fagon & composer un profil mixte acier-béton. Les solives sont des poutres a treillis en N de 18.4 mde portée et 1.6 m de hauteur, également solidarisées avec la dalle. Maitre de l’ouvrage : Schweizer Mustermesse, Basel Architecte : Theo Hotz AG, Ziirich Ingénieur : Ernst Basler + Partner, Ziirich ; Griiner AG, Basel Année de mise en service : 1999 Photo Hans Ege, Luzern ELEMENTS DE CADRE 487 12.1 Introduction Nous avons présenté au chapitre 1 le calcul statique des cadres de halle conduisant & la détermi- nation des efforts intérieurs de leurs éléments structuraux, soit la traverse et les montants, Le présent chapitre est consacré au dimensionnement de ces éléments constituant les cadres (fig. 12.1). Nous traiterons en premier lieu les traverses en profil & double té (sect. 12.2), les fermes a treillis (sect. 12.3) ainsi que les montants (sect. 12.4), Une section sera consacrée a I’élément de liaison entre tra- verses et montants, appelé angle de cadre (sect. 12.5) et une autre 4 1’élément de liaison des montants avec la fondation ou I’infrastructure, les pieds de montant (sect. 12.6). Dans chacune de ces sections, on rappelle les principaux types d’éléments utilisés, les efforts intérieurs qui les sollicitent ainsi que les vérifications habituelles de la sécurité structurale et de l’aptitude au service & effectuer. En fin de chapitre, la section 12.7 rassemble quelques exemples numériques de dimensionnement de ces élé- ments de cadre. angle de cadre + traverse en profil a double té ferme a weillis smontant _- pled de montant Fig. 12.1 Eléments de cadre de halle. 12.2 Traverses en profil 4 double té 12.2.1 ‘Types de traverse Les traverses sont les éléments porteurs horizontaux ~ ou parfois inclinés ~ constituant la partie des cadres de halle supportant la toiture et dont nous avons abordé la conception au chapitre 3. Leur fonction principale est de transmettre aux montants les actions agissant sur la toiture. En cas de neeuds traverse-montant rigides, les traverses transmettent également aux montants les forces hori- zontales dues au vent ou aux séismes. Les traverses de cadre en profil double té sont constituées de profilés laminés ou de profils composés a me pleine ou évidée, et de hauteur constante ou variable. La hauteur h des traverses est située entre 1/30 et 1/15 (/ étant la portée de la poutre simple ou la dis- tance entre points de moment nul) et dépend du systéme statique du cadre. Les traverses peuvent comporter des renforcements aux endroits d’efforts maximaux, des appuis latéraux pour empécher le déversement, des ouvertures dans les Ames pour le passage des conduites techniques, des joints de 488 (CHARPENTES METALLIQUES montage, ete. La figure 12.2 donne quelques exemples typiques de traverses de cadre en profil & dou- ble té, Des détails de construction ~ angles de cadre, pieds de montant, joints de montage ~ sont don- nés également au paragraphe 3.2.3 Profilé laminé Profil ajouré Profil composé & Ame pleine Fig. 12.2 Types de traverse de cadre en profil a double té. 12.2.2 Sécurité structurale Efforts intérieurs La traverse d’un cadre peut étre considérée comme une barre indépendante soumise aux efforts déterminés lors du calcul statique du cadre. Ces efforts sont les charges qui lui sont directement appli- quées ainsi que les efforts intérieurs aux extrémités de la barre agissant comme des efforts extérieurs (fig. 12.3). Les sollicitations de la traverse sont les suivantes: + Actions extérieures: = le poids propre de la traverse; — la réaction des pannes comprenant: le poids des panes, le poids de la toiture, les efforts dus au vent (en pression ou en dépression), la neige, la charge utile en cas de toiture accessible; — une charge suspendue éventuelle bb bb Jrrrnen efforts introduits, 1 ] | | & par le montant , it —— 8 — A io at*), An Ba { o } 12.3 Solicitations d'une traverse. ELEMENTS DE CADRE 489 + Efforts aux extrémités — un moment de flexion, ~ un effort normal, — un effort wanchant. Les efforts « extérieurs» ne sont en général pas les mémes a chaque extrémité de la traverse, mMéme pour un systéme symétrique, & cause de la dissymétrie de certaines charges exercées sur le cadre (en par- ticulier les effets du vent). Afin d’éviter la création de moments de torsion, des dispositions de construc- tion doivent étre prises relatives & la transmission des charges, par exemple en supprimant, autant que faire se peut, les excentricités des forces par rapport au plan de la traverse. Les vérifications 4 effectuer relatives a la sécurité structurale comprennent les vérifications de la résistance des sections déterminantes (point de moment maximal, appui, etc.) ainsi que celles du déver- sement pour l'ensemble de la barre. Ces vérifications doivent étre effectuées conformément A la méthode de calcul adoptée pour le dimensionnement du cadre ~ plastique-plastique, élastique-plastique, élastique-élastique ou élastique-élastique réduit — et les sections ou les parties comprimées de la section de la traverse devront satisfaire 4 des conditions d’élancement. Résistance en section Les vérifications de la traverse & effectuer dans le cadre de la sécurité structurale sont les suivantes: + Ip Sler MaSMR/¥R (12.1a) + Ip> ler MaSMp/ yp (12.1b) ainsi que VasVr/7R (12.2) Ma valeur de dimensionnement du moment de flexion MR résistance ultime & la flexion (Mpj, Me 0u Mel ef selon la méthode de calcul adoptée) Mp moment de déversement Ip longueur de déversement ler longueur critique de déversement Va valeur de dimensionnement de l’effort tranchant Vr résistance ultime au cisaillement Déversement Dans le domaine des halles, le probléme du déversement de la traverse ne se pose pas souvent. En effet, dans la zone de moment de fiexion positif, la membrure comprimée (supérieure) est en général maintenue latéralement par des éléments secondaires, tels que des panes (fig. 12.4), pour autant que ces derniéres soient d’ une part solidaires d’un contreventement et d’autre part correctement fixées sur la traverse. Dans ce cas, la longueur de déversement est égale &|'écartement des pannes. Si la longueur de déversement ne dépasse pas la longueur critique de déversement, l'instabilité n'est pas déterminante. Dans la zone de moment de fiexion négatif, I’aile comprimée (inférieure) de la traverse n'est pas tenue et peut déverser. On admet dans ce cas comme longueur de déversement la distance entre l’angle de cadre (point de moment négatif maximal) et le point d’inflexion le plus proche de la traverse (moment nul). Dans cette hypothése, il faut que l’angle de cadre soit lui-méme tenu contre tout déplacement hors du 490 CHARPENTES METALLIQUES plan du cadre par des pannes sabligres ou par des bracons (fig. 12.4(a)). Si tel n’est pas le cas, on peut admettre de ramener traverse et montant dans le prolongement I’un de l’autre et de prendre comme lon- gueur de déversement la distance entre le point d’inflexion précité de la traverse et la section de montant Ja plus proche de l’angle qui soit tenue hors du plan du cété intérieur, comprimé sous moment négatif (fig. 12.4(b)). Hdd 1 4 yy Cee 4 Ma a B Ng Mal mas Ma, mas, Ma, max 4 4 Coupe AA (a) Angle de cadre tenu (b) Angle de cadre non tenu Fig. 12.4 Longueur de déversement pour la vérification d'une traverse de cadre. La figure 12.4 donne un exemple de sollicitations dune traverse de cadre simple, avec les longueurs de trongons a considérer pour la vérification au déversement lorsque les charges transversales agissent dans le sens de la gravité, Au point A, il est admis que I’angle de cadre est tenu hors du plan, alors qu’au point B on présente la modélisation & adopter en cas d’angle non tenu Si la longueur de déversement Ip est supérieure & la longueur critique /,), il faut évaluer la résistance au déversement ou, & défaut, soit renforcer le profil de maniére appropriée pour empécher son déverse- ment, soit disposer des appuis additionnels efficaces hors du plan jusqu’a obtenir Ip < ley Notons encore que la semelle inférieure de la traverse peut également déverser en cas d’inversion des efforts; cette situation peut se présenter lors d’un soulévement de la toiture sous l’action de la dépression due au vent. Lorsqu’on applique la méthode de calcul élastique-plastique ~ la plus pratiquée ~ selon la norme SIA 161, la longueur critique de déversement est donnée par la formule suivante: ELEMENTS DE CADRE 491 lop = 2.7 e[!- 12.3) i[1-5 ( iz: rayon de giration par rapport a I’axe de faible inertie y rapport, pour le trongon examiné, entre le plus petit moment d’extrémité et le plus grand, avec leur signe (= Md min / Md,max) Cette formule est valable pour autant que I’effort normal soit faible (Na / (Npi/ yp) $0.15). Le tron- on central en travée (Ma, min = Ma,max) est caractérisé par une répartition quasi constante des moments (¥= 1.0), conduisant a une longueur critique /¢, = 40 i;. Pour un trongon avec Mamin = 0 2 une extré mité, on a Icy = 81 iz. D'autres valeurs numériques sont données dans le TGC volume 10 (chap. 5). En cas d’effort normal appréciable, il faut tenir compte de Iinteraction M-N. Dans ce cas, la traverse sera vérifiée comme une barre comprimée et fléchie a I’aide des formules d’ interaction du paragraphe 6.3.2 du TGC volume 10. ‘Au cas ott les longueurs de trongon {py sont supérieures a /cy, il faut procéder a la vérification au déversement. Cela revient dire que la résistance ultime & la flexion de la traverse n’est plus égale ala résistance ultime & la flexion de la section (en général Mp), mais elle est limitée au moment de déverse- ment Mp de la section transversale du trongon considéré. Le calcul y relatif est donné au chapitre 11 du TGC volume 10 ainsi que dans la norme SIA 161 A cet égard, on soulignera que la norme SIA 161 conserve l'approche d’une courbe de déversement spécifique alors que l’Eurocode 3 recourt a une formule similaire d une courbe de flambage, mais para- métrée & partir d’un grand nombre de résultats d’essai en déversement. Traverses a inertie variable Nous devons attirer attention sur le fait qu'une traverse a inertie variable (fig. 12.5) ne peut étre traitée directement a partir de ce qui est dit ci-dessus. En effet, les propriétés d’inertie flexionnelle et tor- sionnelle sont variables le long de I’axe de la poutre et la contrainte critique de déversement sous flexion pure — cas servant de référence ~ et la résistance ultime a a flexion ne constituent désormais plus des caractéristiques de section courante. De plus, en présence d’une répartition non uniforme du moment de et Coupe A-A Elévation Fig. 12.5 Traverse a inertie variable. 492 (CHARPENTES METALLIQUES fiexion sur la Jongueur de déversement, la section déterminante ne se situe plus nécessairement & Mendroit du moment maximal. Il faut dés lors faire appel au concept de section de référence; sur ce sujet, différentes approches sont décrites dans la littérature, Une méthode simplifiée [12.1] consiste a vérifier le déversement sous flexion pure d'une traverse — ou dun trongon de traverse — & section en double té bisymétrique et & hauteur d’ame linéairement variable entre les valeurs maximale fia et minimale min, dont les appuis aux deux extrémités sont supposés étre Equivalents & des appuis & fourche, de la méme maniére que celle d’une poutre A section constante. Les caractéristiques équivalentes de 1a poutre a inertie variable sont les suivantes: g = 1z (variation supposée négligeable) (12.4) Neg = lmaxel0.283 + 0.434 6+ 0.283 6 (12.5) Keg = 05 (Kmax+ Kmin) (12.6) I. + moment d’inertie de flexion dans le plan de faible inertie 6 rapport des hauteurs de section (8 = hynin/ imax) h + hauteur d’&me variable linéairement K —: constante de torsion uniforme Si les deux extrémités sont encastrées a la flexion dans le plan de faible inertie, on peut utiliser & la place de (12.5) I'équation suivante: hieq = imax 9 0.34 + 0.40 6 + 0.26 52 (12.7) Les calculs numériques montrent que, pour les sections usuelles, la variation de la hauteur est telle que la hauteur équivalente différe peu de la hauteur moyenne; on peut donc encore simplifier en utilisant heq = 0.5 (max + min ) ‘Traverses composées a me pleine et inertie variable Les traverses composées a ame pleine et inertie variable comportent et inertie variable souvent une me trés mince, ce qui permet de négliger la contribution de la torsion de Saint-Venant a la résistance au déversement et de ramener cette demniére & la résistance au flambage latéral de la semelle comprimée. Pour une répartition uniforme du moment de flexion, le moment critique de déversement élastique (TGC vol. 10, é. 11.12) s’écrit alors sous la forme simple suivante (12.8) ly moment d’inertie de la semelle comprimée autour de son axe vertical Ib longueur de déversement A hauteur d’ame 11.12: €paisseurs des semelles comprimée et tendue, respectivement ELEMENTS DE CADRE 493, Le moment critique de déversement élastique pour une répartition non uniforme du moment de ‘flexion s’obtient en multipliant le moment critique de déversement élastique sous moment uniforme par le coefficient C; donné au paragraphe 11.2.5 du TGC volume 10. Lors du calcul du coefficient d’élancement au déversement, défini par: Mr \ Merb (12.9) la question se pose évidemment de savoir quelle valeur introduire pour Mg puisque la résistance & la fiexion varie le long de la poutre. Des simulations numériques ont montré qu'il est conservateur d’adop- ter la résistance ultime de la section pour laquelle I’état limite de résistance est atteint en premier. La détermination de cette section n'est pas immédiate et n'est pas une caractéristique intrinseque de la poutre; en effet, la position de cette section dépend de la répartition du moment de flexion le long de la traverse, On peut par exemple la rechercher en procédant simplement comme suit: + on trace le diagramme de Ja résistance ultime & la flexion des sections sur la Jongueur de la traverse; + on trace le diagramme des valeurs de dimensionnement du moment de flexion; + on fait croitre ce dernier de maniére proportionnelle; + le diagramme du moment de dimensionnement ainsi amplifié finit par atteindre en un point le diagramme de la résistance ultime a la flexion; ce point détermine la position de la section déter- minante et la valeur Mg recherchée. L’évaluation de la résistance ultime au déversement se poursuit alors comme indiqué @ la section 11.3 du TGC volume 10. ‘Traverse ajourée Dans ce cas, il est recommandé d’en assimiler le déversement au flambage latéral de la semelle com- primée associée & une partie dame de hauteur égale au 1/6 de la hauteur d’4me totale, sans toutefois que cette valeur excéde la distance mesurée entre la face intérieure de la semelle comprimée et le bord le plus proche des ouvertures d’ame. Par ailleurs, ces ouvertures affectent la résistance au cisaillement (voir sect. 10.4 et TGC vol. 10, sect. 5.6) 12.2.3 Aptitude au service Cette vérification consiste & comparer la flache verticale de la traverse avec une fléche limite afin de garantir une rigidité suffisante et un aspect satisfaisant a la structure. Le choix des solicitations & pren- dre en considération pour le calcul des déplacements doit étre effectué sur la base d’une réflexion quant aux conséquences de ces fi@ches sur le bon comportement de la structure. Il en va de méme du choix de la figche limite. La norme SIA 161 propose de calculer les figches, d’une part, avec une action variable de courte durée et, d’autre part, avec les actions qui produisent le plus grand déplacement. Les fla&ches limites respectives des traverses de cadres sont alors de 1/350 et 1/250. L’évaluation du comportement en service s‘effectue & l'aide d’un calcul élastique au premier ordre. Ainsi, pour le calcul de la flache de la traverse d’un cadre, il est possible de superposer celle provenant 494 (CHARPENTES METALLIQUES de la charge extérieure avec celle due aux moments d’extrémité. L’influence de ces moments est évi- demment favorable puisqu’ils correspondent a l’encastrement partiel de la traverse dans les montants. Il faut toutefois rester attentif au fait qu'un effort axial significatif de compression dans la traverse induit un comportement au second ordre de I’élément et contribue aussi 4 augmenter la fléche. Comme le prin- cipe de superposition n’est plus applicable en présence d’effets du second ordre, on peut imaginer de tenir compte de ceux-ci en multipliant la flgche au premier ordre par un coefficient d’amplification du type (1 = Na/ Ner). Si les ouvertures d’me d’une poutre ajourée ne sont pas de faible dimension par rapport & la hauteur — ce qui est fréquemment le cas ~ la fléche sera due en grande partie & la déformabilité en cisaillement de la traverse. A défaut d'un calcul précis, la fléche due & la flexion d'une poutre équivalente de méme iner- tie que la poutre ajourée (au droit des ouvertures) peut étre majorée de 20% (TGC vol. 10, § 5.6.3). Dans un but lié avant tout & l'aspect du cadre, on donne en général une contrefléche a la traverse. On choisit sa valeur égale a la fl&che provoquée par toutes les actions permanentes et une partie des actions variables (Ie plus souvent 50%). La traverse donne ainsi impression de ne pas étre déformée a I’état permanent. En cas de cadre non tenu latéralement dans son plan, il n’est pas rare que le déplacement horizontal du cadre soit déterminant, Pour les cadres de halles, la norme SIA 161 indique une limite de h/150 sous action variable de courte durée, h étant ici la hauteur de la halle. La norme recommande en outre que les déplacements horizontaux des montants supportant une voie de roulement, dus aux actions du pont rou- lant, n’excédent pas 1/300. Notons enfin que le déplacement horizontal d'un montant peut se trouver accentué en cas de traverse brisée (toiture & deux pans) par rapport au cas d’une traverse horizontale de méme portée et également sollicitée, en raison de I’ «effet d’arc» qui s"y développe (§ 14.4.4) Al'égard des déplacements limites verticaux et horizontaux, ’Eurocode 3 est quelque peu moins sévere que la norme SIA 161. Toutefois, la définition des charges de service n'est pas directement comparable. 12.3 Fermes a treillis 12.3.1 Types de ferme a treillis Les fermes A treillis constituent un type particulier d’élément porteur de la toiture des halles (§ 3.2.4), Elles constituent souvent la solution la plus Iégére pour réaliser les traverses des cadres. Elles sont utilisées en général pour de grandes portées, mais peuvent également convenir pour des portées plus faibles (traverses a treillis légeres). Le syst#me statique est le plus souvent une poutre simple ou une poutre encastrée élastiquement (traverse de cadre assemblée rigidement aux montants), quelquefois, une poutre continue (cadre & plusieurs nef). Le choix de la hauteur / du treillis est fonction de la lon- gueur / (J étant la portée de la poutre simple ou la distance entre points de moment nul). Le rapport h/l (h désigne ici la plus grande hauteur de la ferme) est de l'ordre de 1/12 pour un treillis de hauteur cons- tante et de 1/5 4 1/6 pour un treillis de forme triangulaire. L’estimation du poids propre de la poutre peut étre effectuée, en premigre approximation, a l'aide de la régle empirique suivante tirée de la publication SZS C3. Cette regle est applicable aux fermes & teillis écartées de 5 & 6 m supportant une toiture légere en acier $235 soumise A une charge de neige sur la toiture égale & 1.5 KN/m?: ga = 0.85 x (12.10) ELEMENTS DE CADRE 495 8a poids propre du treillis par métre carré de surface de halle [KN/m?] 1 portée de la ferme [m] Pour obtenir une ferme a treillis ayant un poids minimal, on aurait tendance & choisir la section de chaque barre en fonction de Iintensité de I'effort normal auquel elle est soumise. Pour les diagonales et les montants, cela ne pose pas de problémes, encore que I’on fera usage d’un nombre limité de sections différentes, dans un but de rationalisation. Par contre, pour les membrures, un changement de section & chaque neeud n’est pas économique A cause du travail supplémentaire que cela implique. Pratiquement, pour les fermes a treillis légéres ou de faible portée, on adopte des membrures & section constante sur toute ou partie de leur longueur. La solution économique correspond en effet non pas au poids minimal, mais au cotit minimal comprenant matériaux et main-d’ceuvre. La figure 12.6 donne deux exemples typiques de fermes a treillis de halles. Fig. 12.6 Types de ferme a trellis, Dans une ferme a treillis, la liaison entre les différentes barres représente un élément essentiel de la structure. Un soin particulier doit done étre apporté & la conception des nceuds et des assemblages, qui doivent étre simples et facilement réalisables. En effet, le choix des détails de construction a une influence économique déterminante, le codt de la main-d’ceuyre (atelier et montage) représentant plus de la moitié du coat total d’une poutre a treillis. La figure 12.7 montre quelques exemples de neeuds, avec les joints de membrures correspondants, de ferme a treillis: * Construction légere: systéme économique, utilisation rationnelle des comigres du point de vue statique, mais les corniéres doivent étre fagonnées (fente) (fig. 12.7(a)). * Construction tubulaire: les profils creux sont de plus en plus utilisés actuellement; possibilité de réaliser des membrures & section variable, avec un diamétre constant mais en jouant sur I’épais- seur des parois, naeuds soudés (avec ou sans gousset) (fig. 12.7(b)). + Construction & gousset: membrure constituée dun profilé laming, les diagonales sont boulon- nées & des goussets soudés en atelier; systéme pour des treillis fortement sollicités (fig. 12.7(c)). 496 (CHARPENTES METALLIQUES: (b) Construction tubulaire Fig. 12.7 Exemples de nceuds et de joints de membrures de fermes a trellis. Pour autant que les conditions de transport le permettent, les fermes a treillis sont entigrement assemblées en atelier. Dans le cas de structures importantes, on effectue le transport soit de parties de fermes, soit des éléments individuels dont l’assemblage est effectué sur site, généralement a l'aide de boulons. 12.3.2 Efforts intérieurs Rappelons les hypotheses simplificatrices qui se trouvent & la base du calcul des efforts des poutres a trellis + les noeuds sont considérés comme des articulations parfaites, + les axes géométriques des barres sont supposés concourants au naeud oii elles convergent, + les barres sont des éléments rectilignes entre les noeuds, + les charges sont appliquées au droit des noeuds et dans le plan du treillis (le poids propre des bar- res est en général négligé). En adoptant ces hypothéses, on admet que les barres sont soumises uniquement & des efforts nor- maux. En réalité, certains autres efforts vont se produire 4 cause des conditions aux extrémités des bar- res qui ne correspondent pas aux hypotheses précitées. ELEMENTS DE CADRE, 497 Articulations parfaites Pour des raisons pratiques, les barres sont normalement assemblées aux noeuds du treillis de manigre rigide, De la sorte, I’hypothése des articulations parfaites, qui se trouve & la base du calcul statique uti- lisé, est prise en défaut. Le treillis est alors une structure hautement hyperstatique. Toute déformation globale du treillis (fleche de la ferme) provoque une déformation flexionnelle correspondante des barres et l'apparition de moments «secondaires» Il faudrait done substituer une analyse en cadre & celle en structure idéalement articulée. Toutefois, il est courant de négliger ces moments secondaires; il y a plusieurs raisons a cela, En premier lieu, les bar- res de treillis sont généralement suffisamment élancées pour que les moments d’encastrement aux extré- mités des barres restent faibles et que, par conséquent, les efforts normaux restent déterminants pour le dimensionnement (la valeur de ceux-ci n'est par ailleurs pas significativement influencée par une éven- tuelle prise en compte de liaisons rigides, fig. 12.8). En second lieu, la résistance ultime de la poutre & treillis dans son ensemble n'est pas affectée par les moments secondaires aussi longtemps que des phéno- ménes d’instabilité ne deviennent pas déterminants; ceci résulte de la capacité d’adaptation plastique des sections sous effort axial. Pour les poutres & treillis comportant des barres trapues, donc peu élancées, il faut faire preuve de circonspection avant de décider de négliger a priori les moments secondaires 24 i 48 kN asky 48 i 48 i 24 j J ssi 90soa2 } . basi 140 neat wo | WZ + 207 MSH 120:706.3 4 sx3000= 15000 | Poutre& trellis et forces appliquées 177, 00 Nn? Cay +H 100 Nie S 10. Nimm2 Contraintes dues aux moments secondaires Fig. 12.8 Contraintes dues aux efforts normaux et aux moments «secondaires» dans une poutre & treillis (exemple). 498 CHARPENTES METALLIQUES S'il est toléré d’ignorer les contraintes normales dues & ces moments d’encastrement secondaires lor que les sollicitations sont quasi statiques, il n’en est plus de méme en présence de solicitations répétées & cause du danger de ruine par fatigue. Il faut alors évaluer plus précisément la différence de contraintes en tenant compte des contraintes secondaires de flexion, Axes concourants et rectilignes existe un autre type de moments «secondaires», dus aux inévitables excentricités dans la transmis- sion des efforts depuis un nceud vers les barres qui y convergent. En général, on peut assez facilement réduire ces excentricités en disposant les barres de maniére adéquate. II se peut cependant que, pour cer- taines sections, en particulier les cornitres, l’axe géomeétrique de la barre ne coincide pas avec l’axe de trusquinage (fig. 12.9). En espéce, il existe deux possibilités pour aligner les barres: soit faire concou- rir les axes géométriques, soit faire concourir les axes de trusquinage. + Siles axes géomeétriques sont concourants, chaque boulon est sollicité par deux forces F’ et F”, la force due a l’effort normal et la force due a l’excentricité de l’effort normal (12.11) Fv Nex (12.12) Ti Le dimensionnement des boulons doit s'effectuer en considérant la résultante vectorielle de ces deux forces. La barre, par contre, n’est sollicitée par un moment de flexion M = Ne que sur la lon- gueur (n ~ 1) p de l’assemblage et non pas sur toute sa longueur, Si les axes de trusquinage sont concourants, chaque boulon n’est sollicité que par une force longi- tudinale F’ = N/n, oti N est l’effort normal dans la barre et n est le nombre de boulons. Par contre, Ja barre est soumise & un moment de fiexion M = Ne sur toute sa longueur. La premiére solution, avec axes géométriques concourants, est la plus favorable car elle engendre les moments de flexion dans la barre les plus faibles. C’est done celle qu’il faut favoriser dans la mesure du possible. Quant & la deuxiéme solution, avec axes de trusquinage concourants, les moments secondaires dans la barre peuvent généralement étre négligés. Si la barre est tendue, sa fleche diminue, ce qui a pour effet de réduire excentricité de effort normal entre les nceuds du treillis, et ainsi Pimportance des moments secondaires. Toutefois, ceci ne vaut que sous solicitations essentiellement statiques et il y a lieu de renvoyer a la réserve émise plus haut en cas de sollicitations répétées Pour les poutres a treillis dont la section des membrures varie le long de I’axe (fig. 12.10(a)), on place généralement la face extérieure des profils au méme niveau, pour des raisons purement pratiques (facilité de pose des panes) ou d’esthétique. Il en résulte que les axes de ces barres ne sont pas situés dans le prolongement I’un de l'autre. La position des membrures et des diagonales doit étre telle que le systéme de forces soit en équilibre ou que le polygone des forces soit fermé. Si O est le point d’intersec- tion entre I'axe de la force verticale Qyy et l'axe géométrique de la barre horizontale de droite, et en admettant une résultante Ry», paralléle aux efforts normaux dans la membrure, ’équation d’équilibre en rotation autour de O est la suivante: Rm €m=Nsup,m m+1 = 0 (12.13) ELEMENTS DE CADRE 499 _ point de concours des axes de trusquinage ? des comigres be Schéma du neeud Coupe A-A ‘Axes géométriques concourants Axes de trusquinage concourants Fig, 12.9 Alignement des axes géométriques et de trusquinage. Rn 2 résultante des efforts au nceud m ms Emel + excentricités des efforts Rm, et Nsup,m Pat rapport au point O, respectivement Noupym effort normal dans la membrure de gauche On réduit au mieux les moments dus & l’excentricité en plagant les barres de fagon & réaliser ’équi- libre sous les efforts dus aux charges permanentes; en revanche, les moments secondaires résultant des efforts dus & une charge variable agissant dissymétriquement sur la ferme ne peuvent pas étre équilibrés. 500 CHARPENTES METALLIQUES: @ diag, m+ a Naiag, met Natiag, J Nang, Sgr a as Ning. mat Ninf mst &) " Fig. 12.10 Needs de poutre a weillis avec excentricité Pour certains types de profil, en particulier pour les profils tubulaires, des excentricités aux noeuds sont parfois inévitables ou méme souhaitées de fagon a disposer d’un espacement de soudage g suffisant (fig. 12.10(b)). Lors du dimensionnement, on doit tenir compte des moments de flexion qui en résultent, en particulier le moment dans la membrure Ry, € [12.2] [12.3] (voir aussi § 12.3.5). Barres rectilignes, indéformables et sans poids Les allongements et les raccourcissements axiaux des barres sont toujours faibles s’ils sont considé- 16s individuellement. Toutefois, l’efffet cumulé de ces déformations peut étre significatif et détermine la déformée globale du treillis, en particulier sa fléche, Le poids propre des barres disposées horizontalement ou presque induit une flexion transversale qui ne peut pas toujours étre négligée (effet de second ordre pour les barres comprimées, aspect général, etc,). II est par ailleurs recommandé d’éviter l'emploi de barres trés élancées en raison de la possibilité de mise en résonance sous l'effet du vent, La norme SIA 161 recommande que les élancements ne dépassent pas les valeurs suivantes + barre comprimée AK = 200 + barre comprimée sollicitée & la fatigue 2K = 160 + barre exposée au vent (comprimée ou tendue) : Ax = 250 + élément secondaire : AK =250 aK élancement de la barre (Ax = [x /i) Ik + longueur de flambage de la barre (§ 12.3.3) i rayon de giration minimal de la barre ELEMENTS DE CADRE 501 Ces valeurs doivent toutefois étre considérées comme indicatives et le respect de ces limites n’évite pas dans tous les cas une mise en résonance de la barre ou des phénoménes de fatigue dans les assem- blages soudés. Forces appliquées dans le plan et aux neeuds L’excentricité des axes des barres par rapport au plan du treillis doit étre évitée: on la tolére seule ment dans le cas d’éléments secondaires de la structure (barre de contreventement assemblée sur I’aile dun profilé, comigre unique dans un treillis), Dans certains cas (barre formée de deux profilés en U ou de deux corniéres, par exemple), I’assemblage au nceud peut étre sollicité par un moment hors du plan da a lexcentricité u des efforts par rapport au plan de I'assemblage (fig. 12.9). Le moment Nu engendre de faibles efforts de traction N; dans les boulons; dans la plupart des cas, ces efforts peuvent étre négli- gés lors du dimensionnement. Certaines régles de calcul applicables aux sections attachées par une seule aile — cornidre, fer en té, profil U, etc. - imposent une réduction de I’aire nette 4 prendre en considération, telle que cette diminu- tion de section nette correspond, en quelque sorte, & une mobilisation de la section en vue de résister aux moments de flexion négligés. L'Eurocode 3 en particulier permet de prendre en compte cette excentricité, Il donne un effort nor- mal ultime réduit de la section nette des corniéres attachées par une seule file de boulons dans une des ailes comme si elles étaient sollicitées sans excentricité. En régle générale, on adopte des détails de construction qui permettent d’introduire les forces concen- trées aux nceuds des teillis. Si toutefois des forces agissent entre les neeuds (fig. 12.11), il est nécessaire de tenir compte du moment de flexion ainsi induit dans les membrures, qui constitue alors une solic’ tion «primaire». Etant donné que linertie flexionnelle des membrures est en général beaucoup plus éle- vée que celle des montants et des diagonales, on admet que le calcul des moments de fiexion est basé sur le systéme statique d’une poutre continue appuyée aux nceuds du treillis, les montants et diagonales res- tant articulés. Systéme statique Moment de flexion dans la membrure chargée ig. 12.11 Forces extérieures agissant entre les nevuds. 502 CHARPENTES METALLIQUES En résumé, on admet que les traverses de cadre ou fermes & trellis sont soumises & des solicitations de nature quasi statique. Les barres ne sont normalement sollicitées que par un effort normal centré et la ruine du systéme est atteinte lorsqu’une seule barre atteint sa résistance ultime. Cette condition n'est assurément valable que pour des treillis isostatiques intérieurement. Par contre, pour des syst#mes hyperstatiques inté- rieurement, il est possible, dans certains cas, d’envisager une redistribution plastique des efforts intérieurs; on gardera toutefois présent & ’esprit que cette capacité de redistribution se trouve rapidement limitée par Vinstabilité des barres ou par de grands déplacements. Pour les méthodes de calcul des efforts normaux dans les treillis isostatiques ou hyperstatiques, on peut consulter le TGC volume |. 12.3.3 Sécurité structurale Barres tendues La vérification de la sécurité structurale d’une barre tendue consiste & contréler la relation suivante N Nas— (12.14) YR Na valeur de dimensionnement de l'effort de traction Nr: résistance ultime & la traction de la barre YR facteur de résistance La résistance ultime d’une barre tendue est égale a l’effort normal plastique Npy de sa section brute A Nr=Npi= fy A (12.18) Si les attaches de la barre sont boulonnées, on doit considérer également la résistance de la section nette A,, donnée par l’expression suivante Nan = 08 fu An (12.16) fy limite d’élasticité de l’acier tu résistance & la traction de l’acier Barres comprimées La vérification de la sécurité structurale d’ une barre comprimée soumise au flambage consiste & contré- Jer la relation suivante: (12.17) La résistance ultime au flambage Nx, fonction de son élancement Ay Nx =oKA (12.18) x /iest égale a ELEMENTS DE CADRE 503 cK contrainte de flambage Ix: longueur de flambage de Ia barre dans le plan de déformation i rayon de giration de la barre perpendiculairement au plan de déformation Dans le cas d’une ferme a treillis, la longueur de flambage d’une barre dans le plan du treillis est théoriquement égale & la longueur / entre les noeuds puisqu’on a admis que les novuds représentaient des articulations. Pratiquement, il existe toujours un certain encastrement aux noeuds, variant suivant la conception des assemblages. On peut donc, dans de nombreux cas, admettre des longueurs de flam- bage [x inférieures a la longueur théorique / de la barre (TGC vol. 10, fig. 5.31 et tab. 5.32, ou norme SIA 161, tab. 11), Si l'on veut tenir compte d'un effet d’encastrement dans le plan du treillis, deux conditions doivent atre satisfaites: + assemblage de la barre au nceud est capable de reprendre la moitié du moment ultime de la barre, indépendamment de l'effort normal; + les barres adjacentes ne sont pas sollicitées simultanément par les efforts de compression maxi- maux. La premiére condition revient & garantir un certain niveau de retenue élastique. La seconde assure que cette retenue est effectivement mobilisable et ne risque pas d”étre neutralisée par une réponse struc- turale particuliére de l'ensemble des barres convergeant en un méme neeud, Si ces conditions sont rem- plies, on peut admettre des longueurs de flambage [x réduites Pour la vérification au flambage, on ne tient pas compte de la rigidité torsionnelle des membrures si celles-ci sont & section ouverte; on admet que les barres sont articulées et la longueur de flambage [x est égale & la longueur théorique J. Un certain encastrement pourrait étre admis dans le cas de profils creux en raison de leur grande rigidité torsionnelle. Effet d’une faible charge transversale Nous avons vu, dans les hypotheses & la base du calcul des treillis, que le poids propre des barres est négligé et que les forces agissent aux noeuds, En fait il n’est pas rare que certaines barres soient sollici- tées par des forces transversales de faible intensité (par exemple leur poids propre ou la pression du vent). Ces forces provoquent des moments de flexion dont l’influence sur la résistance ultime (surtout la résistance au flambage des barres comprimées) n'est pas toujours négligeable, Selon l'importance des forces et I’élancement des barres, on distingue deux cas: + La charge transversale peut étre négligée (selon la norme SIA 161) lorsque l’excentricité qui en résulte sous charges de service (admise égale a la figche d’une poutre simple de portée 1 = I et chargée des seules forces transversales) ne dépasse pas la valeur limite /x / 3500 Cette regle empirique est basée sur des essais et simulations effectués dans le cadre de I'éla- boration des courbes de flambage de la Convention européenne de la construction métallique (12.4) + Leffet de la charge transversale ne peut étre négligé lorsque l’excentricité qui en résulte dépasse cette valeur limite; on doit alors tenir compte de l’interaction des sollicitations N (effort normal) et M (moment de flexion) et vérifier la sécurité structurale d’une barre comprimée et fléchie (TGC vol. 10, chap. 6). 504 CHARPENTES METALLIQUES Ré tance au déversement Une ferme a treillis peut, a ’instar d’une poutre a profil en double té, étre soumise a un phénomene de déversement, En tant qu’élément dune halle, elle peut étre sollicitée en flexion «positive» sous action des charges permanentes et de neige ou en flexion «négative> lorsque l’effet de soulevement dit 4 la dépression du vent est important par rapport aux charges permanentes. Normalement, la ferme & teillis regoit les charges par I’intermédiaire des pannes. Si ces dernigres sont correctement fixées a la ferme et si, en outre, elles constituent une stabilisation de la membrure de la ferme & laquelle elles sont fixées grace & leur liaison adéquate avec le contreventement de toiture, le déversement peut étre exclu. On doit se préoccuper du déversement de la ferme en trois circonstances (fig. 12.12) a) lorsqu’au montage, sous son seul poids propre (et éventuellement quelques charges additionnel- les de construction), la ferme n'est pas encore dotée de ses éléments de stabilisation définitifs, b) lorsque la membrure supérieure est comprimée mais pas suffisamment stabilisée par les pannes; ©) lorsque, sous l'action d’un soulévement, la membrure inférieure est comprimée. panne de rive \ possibilité de déversement Sous charge de neige possibilité de déversement au montage \ 2 possibilité de déversement fen cas de soulevement montant @ () © Fig. 12.12 Possibilités de déversement d’ une ferme & treillis. Le déversement dune poutre & treillis dans son ensemble ne différe pas fondamentalement de celui d'une poutre & profil en double té et les rgles générales gouvernant le phénoméne physique s’appli- quent par analogie. La topologie de la ferme & treillis et son environnement nécessitent toutefois certai- nes précisions. En ce qui concerne la rigidité torsionnelle de la poutre, on ne considére, pour les membrures & sec- tion massive ou a section tubulaire fermée, que la rigidité en torsion uniforme (de Saint-Venant). Pour Jes membrures & section ouverte, la rigidité en torsion non uniforme (gauchissement) est importante, mais dans la plupart des cas, il est possible, par simplification, de la négliger et de ne considérer que leur rigidité Gk en torsion uniforme. La rigidité en torsion uniforme de l'ensemble de la poutre est alors donnée par la rigidité propre des membrures supérieure et inférieure ainsi que par les barres du treillis ELEMENTS DE CADRE 505 (montants et diagonales), dont le comportement s’apparente & celui d’une Ame pleine équivalente. Des lors, la constante de torsion est donnée par: K = Ksup + King + Kw,eq (12.19) Kup» King: constantes de torsion des membrures supérieure et inférieure, respectivement Kweq constante de torsion de I’ame équivalente, dépendant de la géométrie du treillis (fig. 12.13) et des caractéristiques des barres sup I, su ln, su tm sy mp + + Oy ln yg + ” (a) Teellis en V, cas général (b) Treillisen V symétrique (6) Trellis en N (@) Teeillisen X Fig, 12.13 Définitions pour le calcul de la constante de torsion des treillis. Pour les poutres a treillis & membrures paralléles, la constante de torsion équivalente Ky,eq est don- née par les expressions suivantes [12.5]: + Treillis en V, cas général _cotg 0} + cotg @2 = — 2 Kiweq = 2 a (12.20a) 1, : Jdiag Sin? 8} Ting 2 sin? > + Treillis en V symétrique > Kyw,eq = 2.6K weg Idiag sin* @ cos @ (12.20b) + Treillis en N Tdiag cotg @ Kiyeq = 26K eq eee (12.20¢) Taiag 1 aes. Imont sin? @ + Treillis en X 5 Kiyeq = 5:2(3 + weg ) diag sin? @ cos 0 (12.20d) avec, outre les symboles définis a la figure 12.13 Tdiagy Imont + Moment d’inertie flexionnelle, hors du plan de la poutre, de la section de la dia- gonale et du montant, respectivement Kineg coefficient prenant en compte les conditions d’encastrement des barres de treillis dans les membrures: Ky,eq = LO barres de treillis soudées sur les ailes ou semelles des membrures Kw,eq = 0.8 barres de treillis soudées ou boulonnées sur |’me des membrures 506 (CHARPENTES METALLIQUES Kieq =0.6 barres de treillis liées rigidement & des goussets solidaires de I’me des membrures Kweq =O barres de treillis articulées sur les membrures Les relations (12.20) négligent la rigidité en torsion des barres de treillis parce que leur influence est faible par rapport & leur rigidité flexionnelle. Ceci est évident pour des barres de treillis & section ouverte, On peut étendre cette hypothése simplificatrice aux barres de teillis & section fermée. Le premier cas de déversement (ferme en montage non dotée d’éléments de stabilisation définitifs, fig. 12.12(a)) peut dds lors étre traité par les formules développées dans le TGC volume 10, chapitre 11, moyennant l'utilisation des relations (12.20). Ces formules se basent sur I’hypothése de la conservation des sections droites, ce qui est parfaitement licite tant qu’il s’agit de membrures présentant une faible rigidité en torsion uniforme. Mais lorsque les membrures sont trés rigides en torsion uniforme, les sec- tions droites se distordent fortement par flexion des barres de treillis et la théorie simple du déversement donne alors des charges critiques trop élevées. Pour des poutres & teillis constituées de sections tubulai res, ily a donc lieu de se référer & la littérature spécialisée [12.6] Dans le deuxidme cas de déversement (membrure supérieure comprimée partiellement stabilisée, fig. 12.12(b)), les pannes jouent un rdle stabilisateur qu’il faut évaluer, La membrure supérieure est tenue par un ressort latéral de translation de rigidité ky et par un ressort de rotation de rigidité ky tradui- sant effet des pannes (fig. 12.14). Ressorts de remplacement t { | panne ' ‘ ' Coupe A-A z 2 Fig. 12.14 Membrure supérieure comprimée retenue par les pannes, remplacées par des ressorts latéraux et torsionnels, Des caleuls comparatifs montrent que le support latéral procuré par les panes I’emporte trés rapide- ment sur l'effet de la rigidité EY; de la membrure supérieure. La rigidité rotationnelle kg est & mettre en relation avec la rigidité flexionnelle Elpanne des panes, le systéme statique et ’entraxe ag des pannes ainsi que l’entraxe a des fermes: ELEMENTS DE CADRE 507 + pour les travées intermédiaires de panne E Ipann kg = 4 —pame (12.21) a + pour les travées de rive de panne: E I pany ky = 2 a On admet dans cette vérification que les rigidités des ressorts sont réparties uniformément sur la lon- gueur de la membrure alors que les pannes ont un caractére discret. Par conséquent, il faut également contréler les trongons de ferme compris entre panes; on vérifiera en particulier le flambage entre les nceuds de la membrure comprimée dans le plan et hors du plan de la poutre & trellis. Dans le troisiéme cas de déversement (fig. 12.12(c)), la membrure inférieure, comprimée sous Vaction d’un soulévement, n'est pas tenue latéralement, alors que la membrure supérieure, tendue (membrure entrainée), I’est. La membrure inférieure se comporte done comme la semelle comprimée d'une section en U. On considére qu'elle est posée sur deux appuis simples et sur une fondation élasti- que du module d’appui k/ag entre les appuis (fig. 12.15). Si la rigidité flexionnelle de cette membrure est Elz ing, a valeur de I'effort normal cr Elzinf a 5 R ce qui correspond a une longueur de flambage 4 Elz in Ik = eee “a (12.24) Fig, 12.15 Membrure inférieure comprimée. 508 CHARPENTES METALLIQUES La longueur de flambage est ainsi surévaluée d’environ 10% car elle repose sur I’hypothése que la membrure est soumise & un effort de compression constant alors qu’en réalité la répartition de cet effort est proche de la parabole. La rigidité k d’un ressort latéral ponctuel situé au noeud du treillis est l’inverse du déplacement latéral da & une force horizontale unité appliquée & chaque nevud de la membrure infé- rieure, perpendiculairement au plan du treillis. I convient en outre de rester attentif aux aspects suivants: + Ine faut pas confondre la longueur de la demi-onde //n de la déformée de flambage de la mem- brure en milieu élastique et la longueur de flambage /x, définie comme étant la longueur qu’il faudrait donner 4 la membrure entrainante pour que, libre de tout support intermédiaire et articu- ge & ses extrémités, elle ait la méme charge critique que la membrure posée sur une fondation élastique (fig. 12.15). + In’y ad’effet de rappel élastique que si les barres du treillis (montants et diagonales) sont rete- nues & leurs liaisons avec la membrure tendue, soit par la rigidité torsionnelle propre de la mem- brure, soit par la rigidité flexionnelle des panes. + Au besoin, on peut stabiliser la membrure inférieure comprimée & l'aide de bracons réunissant certains noeuds de cette membrure aux panes correspondantes; la triangulation ainsi formée peut alors procurer a la membrure inférieure un certain nombre de noeuds tenus latéralement. + Sil'entraxe line des nceuds de la membrure n’est pas égal A ’entraxe ag des pannes, la valeur ag a adopter dans les calculs doit étre approchée. Ici encore la vérification du déversement de la poutre & teillis, effectuée avec la longueur de flam- bage obtenue ci-dessus, ne tient pas compte du caractére discret des appuis élastiques. Le flambage de la membrure inférieure entre les neeuds doit encore étre vérifié dans le plan et hors du plan du treillis. 12.3.4 Aptitude au service Déformations Le calcul de la fléche d'une poutre a treillis s'effectue a l'aide du théoréme de la force unité (TGC vol. 2, sect. 12.6): «Le déplacement d'un point d'une structure, dans une direction donnée, s’obtient en calculant, sous l'effet d’une force virtuelle unité associée, le travail virtuel complémentaire interne de la structure, moins celui externe des réactions d’appui». Cette fléche vaut done: my, w Nii (12.25) 2Miz A m nombre total de barres de la ferme & treillis EA; jl; + rigidité axiale de la barre i, d'aire Aj et de longueur J; Ni effort normal dans la barre i sous l'action des forces extérieures Mi effort normal dans la barre i sous l’action de la force unité Ce calcul exige done la détermination des efforts dans les barres pour deux cas de charge (forces extérieures et force unité). Lorsque la poutre & treillis est isostatique, ce calcul peut étre facilement effectué manuellement. Si la poutre treillis est hyperstatique intérieurement, il faut lever I'hyperstati- cité pour le cas de charge de la force unité, celle relative au cas de charge des forces extérieures ayant ELEMENTS DE CADRE 509 déja da I’étre pour obtenir les efforts servant au dimensionnement des barres. Des programmes d’ordi- nateur de calcul statique permettent de calculer la fléche rapidement sans passer par ces opérations Lorsqu’il n’est pas nécessaire de déterminer la fléche avec une grande précision, la poutre a treillis peut étre considérée comme une poutre équivalente en double té. La fléche est alors obtenue en addition- nant la fléche due au moment de flexion et la fiche due a effort tranchant wy +wy (12.26) La premiére contribution, way, est déterminée & I’aide de la théorie classique des poutres fléchies. Par exemple, pour une poutre simple sollicitée par une charge uniformément répartie g, la fl@che vaut wy <3 a M © 384 E Teg (12.27) Le moment d’inertie E [eq de cette poutre équivalente est assuré par les seules membrures dont on néglige linertie propre: 5 5 Teg = Aing Ring + Asup houp (12.28) Ainf:Asup + aire de la section transversale de la membrure inférieure et supérieure, respectivement hing hsyp + distance du centre de gravité de la membrure inférieure et supérieure, respectivement, al’axe neutre de la poutre Quant 4 la denxime, wy elle n'est pas négligeable et doit étre prise en compte soit de manidre for- faitaire (en pour-cent de was), soit en la calculant (§ 14.3.5). Pour les fermes a treillis courantes, de hau- teur constante, a une seule travée et a appuis simples, on peut adopter, pour la contribution due a l’effort tranchant, une majoration forfaitaire de 1/3 de la fléche due au moment de flexion. L’hypothése de noeuds parfaitement articulés a pour effet de surestimer légerement la fléche compa- rativement a celle d’une poutre & treillis & nceuds rigides. Toutefois, pour les poutres & treillis & assem- blages boulonnés, cette hypothése de nceuds articulés est justifiée, car des glissements dans les assem- blages dus au jeu entre la tige des boulons et le trou sont possibles. Comme pour les autres poutres (profilés, poutres & ame pleine), on donne souvent aux fermes & treillis une contrefléche. Pratiquement, une telle contrefleche est réalisée en modifiant la longueur théo- rique des barres (fig. 12.16), 3000, 3000 12.000 Longueurs théoriques des barres Longueurs réelles des barres Fig. 12.16 Contrefitche d'une poutre & treillis. 510 CHARPENTES METALLIQUES Vibrations Pour éviter la mise en vibration indésirable de barres élancées sous I’action des charges variables, et en particulier sous I’action du vent, on limite d’habitude I’élancement Ax = [x / i des barres (compri- mées ou tendues) & une valeur maximale de l’ordre de 250, sous réserve de limitation plus sévére pour les barres comprimées (§ 12.3 12.3.5 Vérification des neuds Une liaison directe (sans gousset) des barres & leur intersection (au nceud) est généralement possible en cas d’assemblages soudés, comme le montre I’exemple de I’attache de deux diagonales en fer cor- nigre sur l’ame d'un demi-profilé en té constituant la membrure (fig. 12.7(a)) ou l’attache tube sur tube (fig. 12.7(b)). Pour certains types d’assemblages boulonnés, une liaison directe peut étre envisagée, mais en général il est souvent nécessaire de prévoir des goussets qui assurent la transmission des forces entre les différentes barres (fig. 12.7(c)). Une utilisation rationnelle des goussets implique: + des dimensions minimales, afin de réduire les efforts «secondaires» dus & l’encastrement des barre: + des angles entre les barres pas trop aigus, afin d’éviter des goussets trop longs, + une forme simple et esthétique. Le gousset doit posséder les dimensions requises pour que les forces puissent étre transmises d’une barre 4 l'autre. Comme la forme du gousset est en général donnée par la disposition des barres, il faut déterminer son épaisseur t. Introduction d’une force dans un gousset est difficile de représenter analytiquement I’état de contraintes & Vintérieur d’un gousset. Pour le calcul, on utilise un modéle basé sur une force concentrée agissant dans le plan d'une paroi (fig. 12.17(a)). Pour simplifier, on admet que la force est introduite linéairement dans le gousset suivant un angle de 30°, On obtient ainsi une largeur efficace (fig. 12.17(b)) bey = 2y tg 30°+p (12.29) sur laquelle la répartition des contraintes est supposée uniforme. Pour un assemblage boulonné, avec I’hypothése que chaque boulon transmet la méme force, la sec~ tion déterminante se situe dans la derniére rangée de boulons. La vérification de la sécurité structurale du gousset doit alors satisfaire les deux conditions suivantes (TGC vol. 10, § 8.5.2) Fr fya Section brute Fastk =f (12.30a) YR YR Fry 08 fu A Section nette: Fast = 4 (12.30b) YR YR A section brute du gousset (A = ber) An + section nette du gousset (Ay = (bey—n do) 1) ELEMENTS DE CADRE Si n nombre de boulons dans la section considérée do diamétre du trou t épaisseur du gousset Pour un assemblage soudé, la section déterminante se situe & l'extrémité des soudures. La vérifica- tion de la sécurité structurale du gousset doit également satisfaire 1a condition (12.304) b ' rot t at ' br Oma # 10-£ in 1 ty ato i (a) Schima de réparition des conrintes (b) Largeureficace Fig. 12.17 Introduction d'une force concentrée dans un gousset. Interaction des efforts dans un gousset L'introduction de plusieurs forces dans un seul gousset conduit & une interaction d’efforts dans des sections situées & une certaine distance de intersection des axes. Le dimensionnement est basé sur lhypothése que, malgré la complexité de I’ état de contraintes dans un gousset, les principes de calcul de la statique des barres sont applicables. On admet que les efforts de réduction agissent au centre de gra- Vité des piéces assemblées ou des goussets. On peut distinguer deux cas, suivant que le gousset fait par- tie ou non de la membrure. + Gousset faisant partie intégrante de la membrure (fig. 12.18): La section A-A (par exemple) est soumise & une force Rq représentant la résultante des efforts agissant d’un c6té de la section. Cette résultante est décomposée en un effort normal Ng, un effort tranchant Vy et un moment dexcentricité Mg = Nq e, oie est la distance entre I’axe de gravité de la membrure inférieure et 'axe de gravité de la section A-A. On peut soit admettre une répartition élastique des contrain- tes (avec superposition des contraintes dues a Ng, Va et Mq), soit utiliser un modele de calcul plastique (TGC vol. 10, sect. 4.6). 512 Coupe AA, CHARPENTES METALLIQUES . 12.18 Gousset faisant partie intégrante de l’ame de la membrure. + Gousset ne faisant pas partie intégrante de Vame de la membrure (fig. 12.19): Dans ce cas, la section A-A est égale a la section du gousset. La force agissant sur cette section est & nouveau la résultante des forces situées d'un c6té de la section, mais la force transmise au noeud dans le gousset par la membrure n’est que la différence des efforts & gauche et droite du nceud. On évi- 4 Nat Wie A ig A a bef feet ttt Fig. 12.19 Gousset ne faisant pas partie intégrante de la membrure ELEMENTS DE CADRE 513 tera de procéder & un changement de section par interruption de la membrure au droit d’un gous- set, auquel cas il serait sollicité par la totalité des forces agissant dans les membrures. La résul- tante Ry vaut dans ce cas: a 1s 3 > Ra = 3(Ning2—Ning 1) + Naiag (12.31) La vérification de la section A-A s’effectue avec les efforts intérieurs suivants: Na = Ra sin Op Va = Rg cos Op (12.32) Ma = Nae Treillis formés de profils tubulaires De par leur forme, les profils creux circulaires ou rectangulaires se prétent aisément au soudage tube sur tube pour la réalisation des assemblages directs sans goussets. Le comportement de ces naeuds dépend des paramétres géométriques et du type de sollicitations. La connaissance de ce comportement est nécessaire pour établir des formules de calcul simples et choisir des détails de construction économi- ques. Les types d’assemblage les plus courants, dont les formules de résistance ultime sont données dans les guides CIDECT [12.2] [12.3], sont les assemblages en T, Y, X, KT, N et K (fig. 12.20). Dans le cas de ces deux derniers types, on différencie entre les assemblages avec et sans espacement g. De plus, dans la majorité de ces types de treillis, on trouve une diagonale tendue et une diagonale comprimée soudées sur la membrure. Des études analytiques et numériques ont permis la mise au point de modéles du comportement des neeuds de profils tubulaires. Toutefois, la complexité du probléme a nécessité de trés nombreux essais d’assemblages isolés afin de quantifier ’influence des différents paramétres. Ainsi, des formules de cal- cul existent pour pratiquement tous les cas d’assemblages soudés plans, pour un certain nombre d’ assemblages spatiaux ainsi que pour des assemblages boulonnés [12.2] [12.3]. Pour les assemblages de tubes carrés ou rectangulaires sollicités par des forces statiques prédominantes, sept modes de ruine ont été identifiés (fig. 12.21) Flexion de la face de la membrure Arrachement de la face de la membrure Traction de la diagonale tendue Voilement local de la diagonale comprimée Cisaillement de la membrure Voilement local des faces latérales de la membrure Voilement local de la face de la membrure. A AWRENE Pour les tubes circulaires, les modes de ruine peuvent étre identifiés par analogie. La ruine par plas- tification y est plus fréquente que la ruine par voilement local. Rappelons que ces types de neeuds sont trés sensibles aux sollicitations de fatigue (TGC volumes 10 et 12) Pour satisfaire les critéres d’ économie et d’efficacité de la construction de treillis en profils tubulai- res, les guides CIDECT [12.2] [12.3] recommandent la procédure de dimensionnement suivante: Si4 (CHARPENTES METALLIQUES K avec recouvrement K avec espacement Fig. 12.20 Types d'assemblage de profils creux circulaires et rectangulaires. calculer les efforts dans les barres en admettant le treillis & nceuds articulés et 4 axes concourants; déterminer les dimensions des membrures, montants et diagonales, en se limitant & un minimum de sections différentes; dessiner les neuds en essayant d’utiliser des assemblages avec espacement (facilité de soudage); ELEMENTS DE CADRE 515 a Fig, 12.21 Modes de ruine d’assemblages tubulaires en K et en N. + vérifier que les limites d’excentricité sont respectées; + calculer les résistances ultimes des assemblages; + procéder aux vérifications de la sécurité structurale (barres et neeuds); + sinécessaire, modifier les dimensions des barres et des assemblages (par exemple en créant des recouvrements); + vérifier leffet des moments dus aux excentricités aux noeuds (interaction M-N); + vérifier la fl&che de la structure, considérée comme un treillis articulé; en cas de recouvrement des barres dans le neeuds, calculer les fléches avec membrures continues et diagonales articulées avec excentricité; + dimensionner les soudures, Needs particuliers Lorsque la ferme est constituée d'une poutre 2 treillis triangulaire a faible pente (fig. 12.22(a)) appuyée sur un montant, l'extrémité de la poutre, composée d'une seule membrure, doit présenter une résistance suffisante de fagon & pouvoir supporter & la fois le moment de flexion My = Rq x et effort tranchant Vq= Rg. Ceci peut exiger un renforcement local sous la forme d’un détail de construction approprié, par exemple un fer plat Si la ferme a treillis prend appui sur la face d’un montant de cadre, l’assemblage doit étre dimen- sionné de maniére & pouvoir transmettre les efforts qui le sollicitent. Dans le cas particulier de la figure 12.22(b), les boulons sont sollicités non seulement par l’effort tranchant Vz, mais également par le moment dexcentricité Mg = Va ém = Na esup- 516 CHARPENTES METALLIQUES Dans certains cas, les membrures de la ferme & treillis forment des cassures au droit des neeuds (pou- tres & hauteur variable). Les efforts de déviation D qui en résultent doivent étre correctement transmis dans le noeud, par exemple & l'aide d’une plaque transversale (fig. 12.22(c)) ou des raidisseurs. = = 71 Nowy ©) Fig. 12.22 Exemples de nceuds particuliers de ferme a treills. 12.4 Montants de cadre de halle Les montants de cadre de halle ont pour fonction le transfert aux fondations des efforts provenant des actions agissant sur le cadre, Ces efforts, introduits par la traverse, sont principalement un effort normal de compression et un moment de flexion, Un montant peut également subir les actions transversales dues au vent sur la fagade ainsi que les réactions d’appui d’une poutre de roulement d’un pont roulant. Ces différents efforts sont représentés & la figure 12. ELEMENTS DE CADRE S17 1 wal : | ) stersinuotuts para nae +] J ers pont eoutan co _ setion du vent = ~ poutre de rovlement =|} | ™ corbeau hy \. montant de cadre 1 scion pou “ Fig. 12.23 Efforts agissant sur un montant de cadre, 12.4.1 Montants de section constante Nous avons vu a la section 11.5 que le dimensionnement des cadres de halle comprend la détermina- tion des efforts intérieurs et les verifications. Nous savons que le cadre, quel que soit son systéme stati- que (& quatre articulations, isostatique, hyperstatique, tenu ou non tenu latéralement dans son plan) peut étre considéré comme la juxtaposition d’éléments structuraux liés entre eux aux noeuds par des assem- blages rigides ou articulés. Nous allons rappeler la vérification de la sécurité structurale des montants en profilé laminé et ne considérer ici que deux cas de sollicitation: I'effort normal de compression centré et Vinteraction entre un effort normal et un moment de flexion. De plus amples détails et d'autres cas interaction sont donnés a ia section 6.3 du TGC volume 10. Montants comprimés Ce cas se présente pour les montants de cadre articulés en téte et en pied, par exemple les montants de cadre & quatre articulations ou les montants intermédiaires de cadres multiples (fig. 12.24). Le prédi- mensionnement consiste & choisir une section correspondant & l’importance de l’effort, & son mode de flambage (selon les deux axes possibles) et aux assemblages prévus a ses extrémités. Un prédimension- nement peut étre effectué a l'aide de valeurs empiriques de I’élancement A x. par exemple une valeur comprise entre 50 et 100. 518 (CHARPENTES METALLIQUES Flambage hors du plan selon Mane faible | Ftambage dans le plan selon axe fort Fig. 12.24 Montants de cadre soumis 4 un effort de compression centré. La résistance ultime au flambage du montant dépend du type de section choisi. En effet, les imper- fections géométriques et matérielles du profil peuvent affecter plus ou moins sa résistance au flambage. La courbe de flambage & adopter dépend donc du type de section (fig. 12.25). La résistance ultime au flambage Nx selon l'axe considéré vaut NK = KfyA = KNpl (12.33) k + coefficient de flambage fy limite d’élasticité de l'acier du montant A: aire de la section du montant Npl_: effort normal plastique ELEMENTS DE CADRE 20 ta lamings a froid fagonnés & froid ____fagonnés & froid | 519 laminés & chaud Fagonnés a chaud aciers $235, $275, $355, ceaissons composés & partir de tles, de Tou de C | £ 1 Tea Aa le 5 30| | | 35 5235 be pe - - 7 100 | 150 | | [200 | 350 | | 300 sums + + , Ht + and foo” |] [ts0 [7 ato [P50] | [ob 35s os | Ht mag [100 150 200 250 sue : fe LL my 50 100 150 200 Fig. 12.25 Courbes de flambage Dans cette expression, x dépend de I’élancement 2.x : AK 7 AK hk Jongueur de flambage i rayon de giration selon I’axe de flambage (12.34) 520 (CHARPENTES METALLIQUES: Le coefficient d’élancement J x est défini comme étant le rapport entre I’élancement 2 et | cement 2 g correspondant & la limite d’élasticité: AK = (12.35) avec (12.36) La vérification doit étre faite en considérant les deux directions de flambage du montant, les lon- gueurs de flambage et les moments d’inertie (ou rayons de giration) étant différents pour le flambage selon I’axe de forte ou de faible inertie: Nky 2 Na ss Ng = NKE (12.37) YR YR Ng + valeur de dimensionnement de l'effort normal de compression yR facteur de résistance Montants comprimés et fléchis Le cas du profilé laminé soumis & une interaction entre un effort normal de compression et un moment de flexion agissant dans le plan du cadre, le flambage hors du plan et le déversement étant empéchés, est choisi ici comme exemple. Les autres cas sont traités en détail a la section 6.3 du TGC volume 10 Les efforts intérieurs de premier ordre (sans imperfections équivalentes) sont introduits comme «charges extérieures» sur le montant considéré comme une barre biarticulée. La charge critique de flambage élastique No, du cadre, et par 1A celle des barres qui le compose, est déduite de la longueur de fiamhage. Cette derniére est obtenne de fagon simplifige & aide de 'abaque de la figure 11.27. La formule d’interaction proposée par la norme SIA 161, incluant les effets de second ordre, a la forme générale suivante Na, 1 OMdmax 2 4 (12.38) Neiyr 4 Nd Mriyr Nor Na: valeur de dimensionnement de l’effort normal de compression Nx résistance ultime au flambage Nor + charge critique de flambage élastique Mamax i valeur de dimensionnement du moment maximal (en valeur absolue), avec son signe Mdymin + valeur de dimensionnement du moment minimal (en valeur absolue), avec son signe MR résistance ultime a la flexion ~_ profilés laminés en double té: Mg = Mp1 — autres barres prismatiques de section constante quelconque: Mp = Mei o coefficient caractérisant la distribution des moments de flexion le long de la barre: Ma.min @ = 06+04———— 2 04 (12.39) Md,max ELEMENTS DE CADRE 521 Rappelons les hypothéses et conditions d’application de la formule (12.38) + La barre comprimée et fiéchie fait partie d’un cadre tenu latéralement. Si ce n'est pas le cas, on prend @ = 1.0 + La barre n'est pas chargée transversalement, Si elle lest, on prend @ = 1.0. + Le flambage hors du plan et le déversement sont empéchés La figure 12.26 donne deux exemples de montants de cadre avec interaction M-N, dans lesquels les valeurs de Mg,min et Md,max & introduire dans (12.39) pour le calcul de « sont mises en évidence. Ma may Ha be ye Ma mar 4 |_4 yey Minin gz hy, Cadre tenu latéralement Cadre non cenu atéralemen’ | OT @=06 Fig. 12.26 Montants de cadre soumis a un effort normal de compression et & la flexion. 12.4.2 Montants composés ‘Types de montant Lorsque les efforts de compression & transmettre sont importants, il est parfois plus économique de réaliser des montants dits composés, par opposition aux montants & section pleine. L’idée de base de la conception des montants composés est de construire une barre comprimée avec un minimum de matigre mais avec une grande inertie (un grand rayon de giration). Pour ce faire, on réunit deux ou plusieurs bar- res semblables, de section constante, appelés membrures, par un teillis ou par des étrésillons. Les mem- brures, paralléles, sont généralement des profilés laminés (fig. 12.27(a)) dont les centres de gravité sont disposés & une distance b. De cette manire, on augmente considérablement l’inertie du montant pour la flexion selon I’axe z (dans le plan des treillis ou des étrésillons) sans pour autant augmenter le poids dacier & mettre en ceuvre. Les membrures peuvent elles-mémes étre constituées de sections composées (fig. 12.27(b) et (c)). Un montant composé se comporte, selon le plan de flexion considéré, soit comme une barre simple, soit comme une barre composée. Ainsi, les montants ayant une section du type illustré & la figure 12.27(a) sont considérés comme une barre simple pour la fiexion selon I'axe y; par contre, ils se com- portent en barre composée pour la flexion selon I'axe z. En revanche, les montants des figures 12.27(b) et (c) agissent de manigre composée pour a flexion selon les deux axes y et z Les treillis situés sur deux faces opposées d'un montant composé seront de préférence en correspon- dance (fig. 12.27(b)) et non pas en opposition (fig. 12.27(c)); de la sorte, la possibilité de flambage par torsion lors de la mise en compression du montant est limitée. 522 (CHARPENTES METALLIQUES LiNG IX <2, fest ia + ie Wi + + {af y y y y Montant trellis Montant a résillons ‘Treilisen correspondance __Treilisen opposition (on fecommande) ® &) © Fig, 12.27 Montants composés & treillis et & étrésillons. Les barres de treillis (traverses et diagonales) sont souvent attachées aux membrures par boulonnage; elles sont supposées articulées & leurs extrémités. Des panneaux de liaison, en forme de croix de contreventement, sont prévus aux extrémités des treillis, c'est-d-dire aux endroits oi le montant est interrompu et dans les sections de raboutage. Le rdle de ces panneaux de liaison est de permettre introduction des efforts extérieurs. Les étrésillons, aussi appelés traverses de liaison, sont habituellement constitués de simples plats de hauteur h et d’épaisseur f, attachés rigidement aux membrures; de la sorte, l’ensemble fonctionne & la manigre d'une poutre Vierendeel, c’est-a-dire par «effet cadre». Les étrésillons sont les plus efficaces vers les extrémités du montant; ils doivent également étre prévus au droit des points d’application de charges transversales et de tout dispositif de maintien latéral. Les bases du dimensionnement des barres composées constituées de deux membrures en profilé laminé reliées par des étrésillons ont été données dans le TGC volume 10 (sect. 6.4). Nous traiterons ici, en parfaite analogie, le dimensionnement des montants & trellis constitués de deux membrures en pro- filé laminé reliées par deux treillis simples, La méthode décrite est celle de I’ Euracode 3 ELEMENTS DE CADRE, 523 Flambage selon I’'axe z de l'ensemble du montant a treillis, Coefficient d’élancement Le coefficient d’élancement du montant a treillis est défini comme suit: (12.40) avec (2.41 (12.42) (12.43) Nol effort normal plastique Nerz + charge critique de flambage élastique du montant supposé indéformable en cisaillement Nerz,y 1 charge critique de flambage élastique du montant & treillis, avec effet de cisaillement Sy rigidité en cisaillement I: moment d'inertie du montant Al aire de la section transversale d'une membrure Cette forme s'explique par le fait que la charge critique de flambage élastique N;,;, » d'un montant A treillis comprimé est sensible & la déformation en cisaillement [12.7] Effet du cisaillement dans le plan des treillis Un montant composé ne peut, contrairement 4 un montant en profilé laminé, étre considéré comme indéformable au cisaillement, La rigidité au cisaillement, notée Sy, n'est autre que l’effort tranchant requis pour produire un déplacement unitaire de cisaillement, Pour un montant a treillis, elle est égale & = 2G Aveq (12.44) G module de glissement de l’acier Aweq + aire de ’ame pleine équivalente d’un plan de treillis n nombre de plans de treillis Les expressions de Ay,eq. correspondant aux types de treillis de la figure 12.13, sont les suivantes [12.5] 524 (CHARPENTES METALLIQUES + ueillis en V, cas général —— FT 12.4: Aw.eg 0385 ; T_) (2450) cotgd; + cotg@, \Agiagt Sin? ; ” Agiag2 Sin? Oy + treillis en V symétrique Aweq = 2.6 Adiag Sin? 8 cos 0 (12.45b) + treillisen N 2.6 Adiag Cotg @ Aweq = (12.45¢) Aadia ey 1 Amon” sin3 8 + trellis en X: on néglige la barre soumise & la compression provoquée par l'effort tranchant ce qui raméne a un treillis en Résistance ultime au flambage Le mode de construction des montants composés nécessite de tenir compte d’une imperfection ini- tiale géométrique dans les calculs. L Eurocode 3 recommande la valeur suivante hm vo = ° * 300 Cette fléche initiale doit couvrir leffet défavorable des contraintes résiduelles et des défauts dexcen- ticité de l’effort normal de compression. On notera qu'elle vaut le double de l’imperfection initiale prise implicitement en compte pour les courbes de flambage européennes. Par conséquent, pour la véri- fication de la résistance du montant au flambage d’ensemble, la valeur du coefficient d’imperfection a (12.46) utilisé dans la représentation analytique des courbes de flambage doit étre majorée de la fagon suivante 6.000 a (12.47) i: a bext @ coefficient d’imperfection majoré iz + rayon de giration pour le sens de flambage dans le plan des treillis ou des étrésillons bese + distance entre fibres extrémes des membrures La résistance ultime au flambage Nx est déterminée avec la relation suivante (12.48) K. : coefficient de flambage du montant & treillis selon I’axe z La vérification du flambage de l'ensemble du montant selon l’axe z ol les treillis ont une influence s’effectue alors avec la relation suivante: ELEMENTS DE CADRE Nk < 2K (12.49) YR Na valeur de dimensionnement de |'effort normal agissant sur l'ensemble du montant & treillis Flambage selon l’axe y de l'ensemble du montant & treillis Le flambage du montant a treillis selon Iaxe y doit étre vérifié en considérant le flambage selon I'axe y des deux membrures sans tenir compte des treillis, ceux-ci n’ayant pas d’influence sur ce mode de flambage. Pour pouvoir utiliser, dans les calculs, l'effort normal N repris par l'ensemble du montant & treillis, on raisonnera de la fagon suivante: + la longueur de flambage /x, des membrures est égale a la longueur de flambage du montant; + inertie fy des montants & treillis de type (a) (fig. 12.27) est égale au double de l'inertie /y) d'une membrure. La résistance ultime au flambage Nxy est déterminée sur la base de I'élancement xy = Ixy /iy. avec le rayon de giration iy = Jy /2 Aj. La courbe de flambage & utiliser est celle correspondant au type de section des membrures (fig. 12.25), avec la relation suivante: Nxy = &y Np = Ky fy 2 Al (12.50) ky: coefficient de flambage du montant & treillis selon I’axe y La vérification du flambage de l'ensemble du montant ueillis selon l'axe y (sans influence des treillis) s'effectue alors avec la relation suivante Nky Nas — (12.51) YR Membrures du montant & treillis Nous admettons que l’effort de compression dans le montant a treillis est transmis axialement aux extrémités des membrures, Celles-ci doivent alors faire l'objet des deux verifications suivantes + Je flambage d'un trongon de membrure entre deux neeuds de teillis, + larésistance en section de la membrure. Le flambage d'un trongon de membrure entre deux noeuds de trellis doit étre vérifié sur les bases suivantes: + Ja longueur de flambage est égale & a longueur /) entre points d’épure des nceuds du treillis (fig, 12.27(a)), + Vinertie & considérer est linertie /, d’une membrure, + la courbe de flambage a utiliser est celle correspondant au type de section et a la direction de flambage de la membrure. 526 (CHARPENTES METALLIQUES La résistance ultime au flambage Nx} peut étre déterminée avec la relation suivante: Nei = «1 Nort (12.52) KL coefficient de flambage d’un trongon de membrure entre deux noeuds de treillis Npi1 + effort normal plastique d'une membrure (N pr) = fyA1) Nous admettons que l’effort normal de compression dans le montant est transmis axialement aux extrémités des membrures. Cet effort est amplifié par les effets de second ordre dus au défaut de recti- tude présumé, la fléche initiale v9, qui constitue un bras de levier pour effort normal, Le moment de flexion © résultant 4 mi-hauteur du montant correspond au moment de flexion de premier ordre Ng v9 multiplié par un coefficient d’amplification: = 1 2 M = Na Yo (12.53) 1- Nerz,v Nq _ : valeur de dimensionnement de I’effort normal agissant sur l'ensemble du montant a teillis, vo: fléche initiale Norz, v: charge critique de flambage élastique du montant & treillis En remplacant Nez, y par sa valeur donnée par (12.41), nous obtenons: M = Na vo (12.54) Au dénominateur de l’expression du moment de second ordre Mest venu s’adjoindre effet de la flexi- bilité au cisaillement sous la forme Nq/ Sy. Ce moment correspond au couple de forces qui a pour effet ’augmenter l’effort normal agissant sur une des membrures et de le réduire sur l'autre. L’effort normal total dans la membrure la plus sollicitée, & mi-hauteur de I’élément, est ainsi obtenu par simple superposition: Na M 5 Nia =—4+ (12.55) 2 b La vérification au flambage d'une membrure entre deux noeuds de treillis se fait alors avec la relation suivante (qui contient la vérification de la résistance en section) Mia s SE (12.56) YR Barres de treillis, Efforts dans les barres Si le montant soumis & la compression centrée était idéalement parfait, c’est-d-dire dépourvu de toute imperfection géométrique, il n'y aurait aucun effort dans les barres de treillis. Le défaut de recti- tude présumé vp constitue un bras de levier pour effort normal de compression Ng. Nous avons vu que ce moment de premier ordre est amplifié par les effets de second ordre dus & la déformabilité & la flexion et au cisaillement. Le moment de flexion de second ordre résultant a mi-hauteur du montant a été ELEMENTS DE CADRE 527 noté Mf En adoptant une déformée initiale affine au mode fondamental de flambage (sinusoide), on obtient une répartition du moment de flexion du type suivant: M(x) M sine (OSX Shim) (12.57) Jim 2 -hauteur du montant La variation du moment selon I’axe x entraine une répartition de I’effort tranchant dM(x) vor = IM). 12.58 &®) dx (12.58) qui présente une valeur maximale en x= 0 et x= iy, ot elle vaut 7 M/ hm. Par simplification, on admet que l’effort tranchant existe avec sa valeur maximale sur toute la hauteur du montant, ce qui per met de déduire les efforts dans toutes les barres du treillis. En particulier, pour un treillis en N, l’effort dans une diagonale de treillis de longueur Ugiag. (fig. 12.27(c)) vaut: ldiag Ndiag.d aM a (12.59) et l'effort dans une traverse du treillis: Nmont.d (12.60) Etant donné que la topologie du treillis est univoque alors que le sens du défaut de rectitude du mon- tant est aléatoire, les efforts Ngiag.d et Nimonsd peuvent étre de traction ou de compression. La vérifi- cation & la traction consiste & contrdler la résistance en section nette alors que la vérification & la com- pression concerne le flambage Assemblages Les liaisons des barres de treillis aux membrures du montant doivent étre correctement dimension- nées pour transmettre les efforts auxquels elles sont soumises, & savoir: + liaison d'une diagonale sur les membrures avec Naiag,q Selon (12.59), + liaison d’une traverse sur les membrures avec Ninonrd Selon (12.60). 12.4.3 Montants & section variable Nous distinguons principalement deux types de montants & section variable (fig. 12.28) + ceux dont la hauteur d’ame varie de manire continue sur la hauteur du montant tandis que les semelles restent de sections constantes, + ceux qui sont constitués de trongons dont V’inertie est constante par trongon mais différe beau- coup d'un trongon a l'autre. Le premier type de montant est généralement réalisé & partir de profils composés & Ame pleine. Leur pied est normalement congu comme une articulation de sorte que le montant est sollicité essentiellement par un effort normal. La téte du montant (angle de cadre) peut étre assemblée rigidement a la traverse et, 528 (CHARPENTES METALLIQUES Section variable Section variable ide manire continue par trongon Fig. 12.28 Montants a section variable. de ce fait, est soumise en plus & un moment de flexion important. Si la section et l'inertie du montant sont adaptées a la variation des efforts & transmettre, on obtient une forme de montant qui présente pra- tiquement une variation linéaire de la hauteur dame. Le deuxime type de montant convient bien lorsque, outre la charge reportée par la traverse en téte du montant, il faut introduire une charge verticale importante 4 un certain niveau du montant. Ce cas est fréquent dans les halles équipées d°une voie de roulement pour pont roulant de forte capacité de levage. Un tel montant est assez souvent encastré & sa base et libre en téte, bien que des situations existent oi les deux extrémités sont assimilées & des articulations. Le montant est done soumis a un effort normal dont Pintensité change brusquement a un certain niveau Nous ne pouvons traiter le dimensionnement de l'ensemble des montants A section variable, tant il est possible d'imaginer de conceptions différentes. Nous nous bornons donc a examiner les deux cas évoqués & la figure 12.28 et renvoyons le lecteur & la littérature spécialisée [12.8] [12.9] pour de plus amples détails sur le sujet. Verification d’un montant a section variable La vérification de la sécurité structurale d’un montant a section variable comprend, comme pour un montant a section constante: + la vérification de la résistance en section, + la vérification du flambage du montant comprimé ou comprimé et fiéchi. La vérification de la résistance en section ne pose pas de difficulté particuliére autre que la définition de la section déterminante. En effet, la variation de la section sur la hauteur du montant a pour effet accroitre le nombre de sections pour lesquelles une vérification est nécessaire. ELEMENTS DE CADRE 529 Quant & la résistance au flambage, la variation de la section souleve principalement le probléme de 'élancement gouvernant les phénoménes d’instabilité: - Nor z Pp Lk = (12.61 TK = ye ) Npl effort normal plastique Ner charge critique de flambage élastique Pour un montant & inertie contindiment variable, done soumis & un effort normal uniforme, "effort normal plastique & considérer est de toute évidence celui de la section d’extrémité ayant l'aire minimale Pour un montant 8 inertie variable par troncon, la section déterminante pour le calcul de Npy peut étre une section intermédiaire La charge critique de flambage élastique s"exprime par: mel i expression dans laquelle il faut définir la valeur de référence du moment d’inertie J pour chaque type de montant 8 inertie variable. La longueur de flambage /x’ peut comprendre l’effet de la variation de l'iner- tie et celui de introduction d’une force & une certaine hauteur du montant, Ci-dessous, des expressions pour Ne, sont données pour trois types de montant, ainsi que des abaques permettant de trouver facile- ment la longueur de flambage [. Moyennant ces ajustements, la vérification est conduite selon les prin- cipes et & l'aide des formules de dimensionnement du TGC volume 10 (chap. 6). Ner (12.62) Montants 4 moment d’inertie variable de fagon continue Considérons un montant constitué d’une ame & hauteur variable et de deux semelles et examinons le flambage selon I’axe fort, c’est--dire dans le plan de lame, correspondant normalement au plan du cadre de la halle, Admettons que le flambage du montant hors du plan du cadre soit empéché par des dis- positions de construction appropriées Le moment d’inertie de la section transversale du montant varie proportionnellement & une certaine puissance de sa distance x A un point fixe O, situé une distance xq de la téte du montant (fig. 12.29(a)).. Ce moment d'inertie peut s'exprimer ains fx\n 10) = Timin| = (12.63) \xo/ Imin + moment d’inertie minimal selon I’axe fart (x = xo) n facteur dépendant de la variation du moment d’inertie le long du montant La valeur n = 2 de l’exposant (variation parabolique du moment d’inertie) représente, avec une pré- sion suffisante, le cas d’un montant constitué de deux semelles de section constante et d’une Ame de hauteur linéairement variable selon x. En effet, le moment d’inertie est dai principalement aux deux semelles dont I’inertie propre est négligée par rapport au terme de transport Le flambage d'un tel montant (biarticulé, de longueur /, de moment d’inertie variable parabolique- ment et soumis & un effort normal uniforme) peut étre ramené A celui d’un montant prismatique de méme longueur ayant un moment d’inertie, dit équivalent, constant sur sa longueur, Ce moment d’iner- tie équivalent Jeg vaut Teg = C Imax (12.64) 530 (CHARPENTES METALLIQUES ++ 0 feo Wy fi\ I + min 1 Pin Inn i 7 . + Imax iy + Imac My 4 i tL Ina i i —t Ina + Ino Inn @ w © Fig, 12.29 Montant moment d’inertie contindment variable C est un coefficient fonction d'un paramétre auxiliaire r {12.9} faisant intervenir le rapport des moments d’inertie extrémes: = 0.08 + 0.92 r (12.65) a (12.66) \ Fnrax Si le montant comporte en outre un trongon d’extrémité de longueur /} & moment d’inertie constant Imax (fig. 12.29(b)), le coefficient C vaut: v 2 C = (0.08 + 0.92r) + (0.3244 y7r 432r)(4) (12.67) Dans le cas d’un montant symétrique possédant un trongon central A moment d’inertie constant Jmrax situé entre deux trongons d’extrémité & moment d'inertie variant paraboliquement de Imax & /min (fig. 12.29(c)), le coefficient C vaut (017+ 033" +05 r) + (062.Vr—162)(4) (12.68) ) Ces expressions du coefficient C sont des approximations soumises a la condition que 1) < 0.5 1. On adopte C= 1.0 pour /j > 0.8 / et on peut utiliser une interpolation linéaire de la valeur C dans le cas ot 1 est compris entre ces limites. Les expressions du coefficient C reposent sur le concept d’élancement équivalent. Elles sont tirées de I'égalité des charges critiques de flambage élastique du montant réel et du montant de substitution moment d’inertie constant [eg respectivement. La charge critique de flambage élastique vaut alors WE leq Ney = ——! (12.69) an ELEMENTS DE CADRE 531 Montant & moment d’ ertie différent mais constant par trongon Dans ce cas de montant comportant deux troncons, le moment d’inertie, constant sur chaque tron- gon, change brusquement d'un trongon a l'autre, l’axe longitudinal ne subissant toutefois aucune dis- continuité 4 l’interface des trongons (fig. 12.30). La charge critique de flambage d'un tel montant s‘obtient généralement par la méthode de "énergie, longue et assez fastidieuse. (a) Montant biarticulé non symétrique fs n=2 n= : (b) Montant encastré-libre ou biarticulé symétrique Fig. 12.30 Montants & moment dinertie différent mais constant par trongon, sollicités par un effort normal centré, et abaques de p pour Ie calcul de la charge critique de flambage élastique. 532 (CHARPENTES METALLIQUES Des abaques tirés des résultats de cette méthode fournissent un facteur p tel que la charge critique de flambage élastique, par référence au moment d’inertie maximal, est donnée par l’expression: (12.70) avec Imax = max[I}; 12] et on = | si le montant est biarticulé et » = 2 si le montant est encastré-libre. Le facteur sans dimension p dépend des rapports fy / fet , 1) /12.. Il traduit linfluence, sur la longueur de flambage d’ une pice de référence & moment d’inertie constant /nax, de 1a variation brusque d’inertie de 1; & 12 et des longueurs sur lesquelles ces moments dinertie existent respectivement. Comme la pice réelle comporte un trongon d’inertie moindre que Jmax, Ia longueur de flambage [x est donc supérieure anl(p< 1.0): nl lg = (12.71) ve. Les abaques de la figure 12,30 fournissent les valeurs de p pour le cas de montants (biarticulés et encastrés-libres) constitués de deux trongons soumis a un effort normal centré. Montants soumis & plusieurs forces de compression en des points différents Le montant a inertie différent mais constant par trongon est particuliérement bien adapté a la trans- mission d’efforts normaux plus importants & la base qu’en téte, |’introduction de la force additionnelle Gtant effectuée dans une section du montant od le moment d’inertie change brusquement (fig. 12.31). Ce probléme est traité par transformation de la différence d’effort normal en une modification de la lon- gueur de flambage du montant [12.9]. Cette longueur de flambage se trouve affectée a double titre: en raison du changement du moment d’inertie d’une part et en raison du changement de I’intensité de effort normal d’autre part, Une approche simple pour la résolution de ce probléme est basée sur I’équa- tion différentielle de la déformée. Cette approche ne fait intervenir que le quotient de cet effort normal Nj par le moment d’inertie /; du trongon correspondant i, La déformée de flambage et, par conséquent, la charge critique de flambage élastique, ne changent pas lorsqu’on modifie les quantités Nj et /j, pourvu que leur quotient demeure constant. of pt ' 4 1) tt yang tag —— 7] j2 hb 14 || eq | | i i | E i = i = | + N T N Ww Fig. 12.31 Montants & moment dinertie et effort normal différents (mais constants) par trongon. ELEMENTS DE CADRE 533 Dis lors, au montant a étudier (fig. 12.31(a)) peut étre substitué un montant prismatique de moment d’inertie constant égal 4/1, chargé de forces Qj telles que l’effort normal Nj,eq dans le montant de subs- titution (fig. 12.31(b)) satisfasse, dans tous les trongons, a la relation de proportionnalité suivante: Ni _ Nic f= ot. (12.72) li a Dans le cas d’un montant deux trongons, la valeur a donner a la force Q2 pour satisfaire cette con- dition est la suivante Ny +N: = Mito, ny bh Le cas du montant prismatique & moment d’inertie constant / = /) chargé des forces concentrées Nj et Q> peut, A son tour, étre ramené 3 celui d’un deuxitme montant de substitution (fig. 12.31(c)) A moment d’inertie variable par trongons mais soumis & une charge axiale de compression Nj. Cette équi- valence s*écrit Q2 (12.73) Ni+Q2_ M (12.74) n leq dou: T2eq = Min (12.75) Ni +Q2 La charge critique de flambage élastique du montant de la figure 12.31 peut alors étre exprimée par: rE N — 2.76) r=p (12. ° (nl)? avec n = 1 pour le montant biarticulé symétrique et n = 2 pour le montant encastré-libre. La valeur de p est fournie par l’abaque (b) de la figure 12.30 & condition d’introduire, & la place de 7) / 72, la valeur Mi /(N1 + Q2) Etant donné le nombre de cas possible, la procédure de substitution peut nécessiter de multiples aba- ques dont on trouvera un éventail plus complet, relatifs & d’autres conditions d’appui et & des montants comportant plus de deux trongons, dans [12.8] 12.5 Angles de cadre 12.5.1 Principes Cette section traite les principes de vérification des angles de cadre, points d’ intersection entre la tra- verse et le montant. Nous avons vu la section 11.2 que les systémes statiques adoptés pour les cadres de halle comportent la plupart du temps soit des angles rigides, soit des articulations. Il est également possible que I'angle de cadre soit un noeud semi-rigide (sect. 13.7). Dans tous les cas, il faut s’assurer que sa conception de détail respecte les hypothéses de calcul ou, dans le cas contraire, adapter le modéle de calcul au comportement réel de l’assemblage. La figure 12.32 rappelle les principes de réalisation des angles de cadre articulés, semi-rigides ou rigides (voir aussi chap. 3, fig. 3.10). La traverse peut étre fixée contre le montant ou posée sur ce mon- tant. Dans le cas des assemblages considérés comme articulés, la traverse est attachée au montant du cadre par simple boulonnage, car il s’agit de transmettre uniquement des efforts normaux et tranchants. 534 (CHARPENTES METALLIQUES Fig. 12.32 Angles de cadre articulé et rigide, Dans ce type d’assemblage, on peut done limiter au maximum le nombre de raidisseur une fabrication simple et économique. Dans le cas des angles de cadres considérés comme rigides, les assemblages réalisés au montage sont boulonnés alors que les joints fabriqués en atelier sont soudés. La solution dans laquelle la traverse est posée sur le montant permet de bénéficier de I'ame la plus épaisse (celle de la traverse) pour réaliser le panneau d’angle fortement sollicité. Cette disposition nécessite cependant des soudures «au plafond» en cas de réalisation au chantier. On pourrait, pour cette raison, opter pour un montant plus long sur Iequel on souderait la traverse; les soudures seraient alors plus faciles réaliser mais la traverse devrait atre étayée pendant cette opération ce qui permet 12.5.2 Angle de cadre articulé Un angle de cadre articulé doit étre 4 méme de transmettre l’effort normal et l’effort tranchant donnés par Ic calcul statique du cadre. En admettant qu'il n'y a pas transmission de moment, I’ assem- blage montant-traverse doit étre capable de supporter une rotation correspondant & la rotation de Vextrémité de la traverse en poutre simple, sans qu’il y ait rupture des moyens d’assemblage. II doit done étre suffisamment souple pour que la rotation de l’extrémité de la traverse soit absorbée par déformation des moyens d’ assemblage tels que corniéres, boulons, plaques, etc. Toutefois, il doit étre congu pour constituer un appui contre le déversement de la traverse, done présenter une certaine résis- tance & la torsion suffisante (appui a fourche) sans que celle-ci géne la capacité de rotation flexion- nelle de la traverse Le dimensionnement d’un angle de cadre articulé consiste 4 vérifier que la transmission de l’effort normal et de l’effort tranchant est assurée. En cas de traverse posée sur le montant (fig. 12.33(a), voir aussi fig. 10.9), les vérifications a effec- tuer concernent introduction d’une force (Ia réaction d’appui) dans un profilé en double té et la reprise de effort horizontal * Introduction de l’effort Vg du montant dans la traverse (§ 10.3.4): la résistance ultime Fp est don- née soit par un critére de résistance (plastification de I’Ame de la traverse), soit par un critére de stabilité (voilement local de |’4me). On admet dans ce modéle que la plaque de téte du montant est suffisamment épaisse (tp > t2) pour que I’effort Vg soit uniformément réparti sur la surface de la plaque. ELEMENTS DE CADRE 535 @ 1m) boulons t 3 [+ +4 * “i | nz boulons ) Hr Fig. 12.33 Vérification d'un angle de cadre articulé, + Reprise de l'effort horizontal Hy par les boulons (TGC vol. 10, sect. 8.4): la résistance d’un bou- lon de diamatre dg est donnée soit par cisaillement des boulons (Vj), soit par pression latérale des pices assemblées (Lp). En cas de traverse boulonnée contre le montant, il faut s’assurer, au moyen d’une succession de vérifi- cations, de la transmission d’un effort tranchant Vq de la traverse dans le montant (TGC vol. 10, sect. 9.3) Avec plaque frontale (nceud semi-rigide, fig. 12.33(b)), les vérifications sont: + Reprise de l’effort tranchant Vq par les cordons d’angle de hauteur a (et de longueur totale lq $150 a selon Eurocode 3). + Transmission de l’effort tranchant par ny boulons cisaillés (simple cisaillement et pression laté- rale) Avec double corniére (articulation, fig. 12.33(c)), les vérifications sont: + Transmission parm boulons sur l’ame de la traverse en double cisaillement ou pression latérale. Dans cette vérification (TGC vol. 10, ex. 9.1), influence de effort Fy = (Va/2) u/ py dai au moment d’excentricité (Vq/2) u peut étre négligé, ce qui n’est pas toujours le cas, surtout si le nombre de boulons est faible. + Transmission par nz boulons sur l'aile du montant en simple cisaillement ou pression latérale. + Cisaillement des corniéres en sections brute et nette par I'effort Vq/ 2. 536 (CHARPENTES METALLIQUES 12.5.3 Angle de cadre rij Un angle de cadre rigide constitue un des endroits od les efforts intérieurs atteignent leur valeur maximale; il doit done étre congu et dimensionné pour transmettre ces efforts. Considérons le schéma de l’angle de cadre théorique de la figure 12.34(a), assurant la liaison entre une traverse et un montant en profilés laminés & double té. On sait que la plus grande partie du moment de flexion sollicitant un tel profilé est reprise par un couple de forces agissant dans les ailes (TGC vol. 10). ‘Aux points A et C de l’angle, les résultantes obliques de ces forces ne peuvent étre équilibrées que par l'intermédiaire de ’ame. Cette derniére est souvent incapable de jouer ce réle, d’autant plus qu'elle doit déja transmettre l’effort tranchant et l’effort normal. La figure 12.34(b) montre deux fagons de résoudre ce probléme. Dans le premier cas, les résultantes sont reprises directement par lintermédiaire d’un raidisseur diagonal. Dans le deuxiéme cas, pour lequel un modéle de calcul plastique est proposé, les ailes des profilés situées a |’intérieur du cadre (intrados) ont été prolongées jusqu’a l’extérieur (extra- dos). extrados intrados ) Fig, 12.34 Schéma et détails de construction d’angles de cadre rigides. Modile de calcul plastique Considérons la zone ABCD de I’angle de cadre, Une étude détaillée, permettant de déterminer le cheminement réel des efforts dans cette zone, est compliquée et, en général, n’est pas justifige. En effet, on est en présence de fortes perturbations et concentrations de contraintes, ce qui peut entrainer des plastifications locales. Des modéles de calcul basés sur un comportement élastique existent, le principe étant de vérifier que la contrainte de comparaison ag reste inférieure & fy/ yr. Toutefois ces modéles négligent la présence des concentrations de contraintes et des contraintes résiduelles. Le modéle de calcul plastique présenté a le mérite d’étre beaucoup plus simple et tout aussi «exact» que le modéle élastique. Rappelons que les conditions d’équilibre doivent étre respectées et que les matériaux constituant I'assemblage doivent présenter un comportement plastique Considérons les diagrammes des moments de fiexion My, des efforts normaux Ng et des efforts tran- chants Vg déterminés a l'aide d'un calcul statique élastique (fig. 12.35(a)), ces efforts étant admis a l’axe géométrique des barres. Isolons I’élément d’angle composé du panneau d’Ame et des quatre fers plats (ailes ou raidisseurs, fig. 12.35(b)). Nous supposons que le cadre formé de ces quatre barres, considérées ELEMENTS DE CADRE 537 ® A B A B + = Ib ba Dp Cc »D c { Elément dangle Barres aniculées Panneau d'éme © Fig, 12.35 Efforts dans un angle de cadre rigide et modele de calcul comme infiniment rigides mais articulées entre elles aux angles, constitue un mécanisme chargé de reprendre les efforts normaux et que I’dme est un panneau chargé de reprendre les efforts tranchants (fig. 12.35(¢)) Nous ramenons les efforts s’exergant aux axes théoriques du neeud sur les bords de I’élément dangle, sans oublier les forces extérieures agissant directement sur 'angle (par exemple la réaction Q de la panne sabliére, fig. 12.35(b)). On a: dans la traverse uM (12.77) (12.78) (12.79) dans le montant (12.80) (12.81) (12.82) 538 CHARPENTES METALLIQUES: Nous allons maintenant appliquer ces efforts de bord de I’angle sur le cadre en fers plats et sur le panneau dame (fig. 12.35(d)), en faisant les hypotheses suivantes + lacharge extérieure Qz est décomposée en deux demi-forces agissant sur les fers plats verticaux; + les moments de flexion sont remplacés par des couples de forces agissant sur les fers plats; + les efforts normaux sont décomposés en deux demi-forces agissant sur les fers plats; + les efforts tranchants sont transmis de I’dme des profilés aux fers plats adjacents. En exprimant I’équilibre des forces agissant sur chacun des fers plats, on peut en tirer les forces de cisaillement agissant entre le panneau d’ame et le fer plat correspondant (le sens des fléches indique une valeur positive des forces, par exemple de A 4B pour Vag) Mr Nt Vag = Me Nt (12.83) AB by 2 Qa Mm Nm = 24, Mn Nm 9, 2. Vow =~ Stet et Ve (12.84) MN Veo = 4 tm 12.85 coe tg ¢ ) G4, Mm Nm (12.86) Le contréle de I’équilibre du panneau (valeurs absolues des efforts) est le suivant: DF, =0 = Vag = Veo (12.87) DA =0 3 Van = Ven (12.88) DM=0 = Vap br = Vap bm (12.89) La résistance ultime au cisaillement du panneau d°ame d’épaisseur dy est donnée par la plus petite des deux valeurs suivantes: Vam = — bm dw V (12.90) Ver = La norme SIA 161 donne, pour certains cas, des valeurs de la résistance Vp basées sur une étude expéri- mentale [publication SZS A4], qui peuvent étre supérieures aux valeurs fournies par (12.90). II est & noter que les raidisseurs BC et CD utilisés pour l'introduction des forces n’améliorent pas la résistance au cisaillement Vp. La vérification de la sécurité structurale de I’angle de cadre consiste alors & s’assurer que: Vm YR Vas = Vcp = ELEMENTS DE CADRE 539 Vev YR Cette vérification permet de déterminer si I’épaisseur dy, de I’Ame du profilé est suffisante. Si ce n'est pas le cas, il faut procéder & un renforcement. Vap = Von < (12.92) Stabilité du panneau d’ame En cas d’ame élancée, il est possible que la résistance ultime au cisaillement du panneau d’Ame soit limitée par un critére de stabilité (voilement). Ce mode de ruine peut étre évité si la condition d’élance- ‘ment suivante, valable pour I'exemple d'un panneau d’ame carré, est respectée (TGC vol. 10, § 12.3.2) beog rk EF ae (12.93) d 1.052 \ fy \fy b la plus grande des deux valeurs byn et by d épaisseur dame dy k coefficient de voilement (k = 9.34 en cas de panneau carré cisaillé appuyé librement sur ses quatre bords) Si les conditions de résistance plastique ou de stabilité ne sont pas satisfaites, il faut soit diminuer les efforts V, soit augmenter la résistance Vp, ou les deux. On peut agir sur les efforts de cisaillement en augmentant la hauteur statique b, ce qui diminue le couple de forces M / b. Un des moyens d’améliorer la résistance au cisaillement Vp de I’me est d’augmenter son épaisseur d. Un autre moyen de renforcer langle de cadre consiste & raidir l’dme. Examinons tour & tour ces différents moyens de renforcement. Renforcement par augmentation de la hauteur statique Un tel renforcement peut se faire par adjonction d’un gousset ou d’un jarret; la réalisation peut prendre des formes trés diverses comme le montre la figure-12.36. On fera dans tous les cas attention aux forces de déviation, concentrées ou réparties, qui résultent des changements de direction des ailes. Il Force de déviation Solution soudée Solution boulonnée Fig. 12.36 Renforcement d’angles de cadre rigides par augmentation de la hauteur statique.

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