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FOLIO ESSAIS
Jacques Commaille
À quoi nous
sert le droit ?
Gallimard
CONNAÎTRE LES SOCIÉTÉS
POUR COMPRENDRE LE DROIT :
AVIS AUX JURISTES
COMPRENDRE LE DROIT
POUR CONNAÎTRE LES SOCIÉTÉS :
AVIS AUX SCIENCES SOCIALES
L’ÉCONOMIE GÉNÉRALE
DE L’OUVRAGE
LA CONSTRUCTION SOCIALE
DU DROIT
É
UN DROIT CONNECTÉ AU SOCIAL
LES SAVOIRS MIS AU SERVICE
D’UNE RAISON IMMANENTE
UNE LÉGALITÉ EN TENSION
PROFESSIONNELS DU DROIT
ET REPRÉSENTATION DOMINANTE
Si nous nous référons aux sociétés dites de tradition civiliste,
la place des professionnels du droit et les représentations qui leur
sont attachées a été pendant longtemps en parfaite adéquation
avec cette représentation sacralisée du droit et des lieux où il était
mis en œuvre que nous avons déjà évoquée. Comme nous l’avons
vu, la « Raison » du droit et ce que j’oserai appeler l’économie de
la gestion concrète de la « Raison » du droit participent d’une
vision du monde inspirée de l’idée de transcendance, d’une
approche de la régulation juridique mais aussi politique du haut
vers le bas. C’est cette représentation du statut et de la fonction
du droit qui s’impose d’abord aux professionnels du droit pour
construire leur identité et la représentation qu’ils s’en font.
Cela vaut pour les « légistes » à qui il appartient de concevoir
la loi, de la produire en mettant en œuvre un « art législatif 5 ».
Les récits sur l’écriture de la loi participent eux-mêmes de cette
représentation du droit à la fois comme « Raison » supérieure,
inspirée et fondée sur un savoir conçu comme une théologie. La
célébration de « l’art juridique », ce n’est pas seulement le souci
d’une esthétique dans l’énoncé législatif, c’est conférer la « force
de la forme 6 » à un droit participant d’un mode de structuration
de la société, d’établissement du pouvoir, de construction de sa
légitimité. Dans un ouvrage précédent, j’avais tenté de montrer
que si le terme d’art est ici revendiqué, c’est que la pratique du
droit est représentée comme exigeant de la grandeur et l’idée de
cette grandeur s’impose grâce précisément à une esthétique de la
forme qui est aussi le moyen de témoigner d’une philosophie de
l’existence, sorte de sagesse suprême où la loi juridique n’est
finalement l’expression que de la loi humaine 7. Le 1er pluviôse
an IX (janvier 1801), lorsque Portalis prononce devant le Conseil
d’État le fameux « Discours préliminaire au projet de Code civil »,
il joue de l’art oratoire pour faire de l’art législatif, c’est-à-dire
accomplir un acte poltique au sens le plus noble du terme 8.
Dans ce cadre, il revient, par exemple aux professeurs de
droit, investis de la tâche de transmettre un savoir juridique
détaché des contingences du social et du politique, d’être les
« interprètes autorisés » de ces « vérités inaccessibles à
l’entendement humain 9 » et de se livrer parallèlement à un travail
d’interprétation des textes et des intentions que ceux-ci portent en
référence aux finalités poursuivies par le « Législateur », cet être
mythique invoqué de façon incantatoire, si présent dans la
rhétorique des professionnels du droit, si propre au « préjugé
formaliste de “l’intention du législateur” et du “vrai sens du
texte” 10 », si « hors-sujet » (irrelevant) sociologiquement.
Ce qui vaut pour les professeurs de droit vaut également pour
les juges à qui ne peut être reconnue la « dimension personnelle
et contingente » des choix qu’ils opèrent et, par conséquent, le
rappel qu’ils « sont soumis aux mêmes limites que les autres
hommes 11 ». Ils ne peuvent être ici que la « bouche de la loi »,
institués comme « grand prêtre » du droit plutôt que comme
agent, disons ordinaire, de son application. Seule une perfection
formelle pourrait être susceptible de restituer toute la noblesse
d’une intervention du juge sur l’humain et le social. C’est bien
pourquoi il peut être avancé que « le comble de l’excellence
judiciaire revient […] à élever le style judiciaire jusqu’à une
esthétique. […] Dans sa rédaction et dans son éloquence, le
magistrat se doit d’être plus qu’un technicien, un artiste ». C’est
alors que « l’œuvre du juriste peut atteindre parfois une
esthétique qui confine à l’art [de telle sorte que, par exemple,] un
rapport sans défaut à la Cour de cassation vaut aussi, par certains
côtés, un poème 12 ».
La référence à l’art est le procédé qui permet de rappeler que
le droit, dans sa formulation et dans son application, est hors du
commun. Pour l’historien du droit et constitutionnaliste Adhémar
Esmein, il appartient aux professionnels du droit de s’en
souvenir : « La souveraineté absolue de la loi la rend indisponible
au juge 13 » et, par conséquent, « il importe à la démocratie
française, à la garantie des droits et libertés individuels, que
[avocats et magistrats] sachent vraiment le droit et aient cet
esprit juridique qui reste fermement attaché à la lettre et à l’esprit
des lois, sans se laisser prendre aux mirages d’une fausse équité,
laquelle n’est le plus souvent que de l’arbitraire 14 », les « mirages
de la fausse équité [traduisant] tout ce que l’idéologie française
rejette [notamment] de solutions empiriques 15… ». Assigné à une
telle mission, il est alors logique que le juge inscrive son « office »
dans ces rituels de justice décrits dans le chapitre I 16. Il importe
également qu’il préserve son apparence afin d’être effectivement
une « généralité incarnée ». L’obsession de la distance que doit
tenir le juge par rapport aux citoyens « ordinaires » participe
logiquement de cette représentation de l’exceptionnalité dans
l’exercice de sa fonction.
Ce qui vaut pour les professeurs et les juges vaut enfin pour
les avocats. Comme le dit un anthropologue : « L’effet d’un droit
jupitérien qui descend vers le justiciable, comme une révélation
qui atteindrait le fidèle » a pour conséquence la représentation
d’un avocat « “vrai croyant” qui adhère par principe à la
transcendance rationnelle du droit, qui en accepte la cohérence et
dont les actions tendront à conforter et à reproduire sa parfaite
architecture 17 ». La représentation de l’avocat se construit en
référence à celle d’une « place supérieure acquise par l’ordre du
droit dans la société 18 ».
Rien n’illustre mieux cette représentation que cet « âge d’or »
de la profession d’avocat qui verra triompher en France « l’esprit
juriste » en symbiose avec un droit conçu comme « technique de
gouvernement », éventuellement contre l’État et « au service du
public 19 ». Le référentiel du droit comme « Raison » inspire ici
l’affirmation de principes généraux et de valeurs fonctionnant
comme autant de façons de célébrer, spécifiquement par rapport
aux juges, l’exceptionnalité de la fonction. Ce que favorise cette
représentation du droit, c’est un avocat, comme « généralité
incarnée », ici aussi suivant une conception holiste, où le tout est
effectivement plus que les parties, mais où l’individu avocat
devient un acteur collectif, un « homme abstrait 20 », gardien, au-
delà de la défense d’individus ou d’intérêts particuliers, d’une
mission comme celle d’être « au service de l’État de droit 21 ». Il
revient à l’avocat notamment d’assurer la défense du public à
travers la défense de la loi, en s’appuyant sur des valeurs et des
principes qui peuvent être ceux de la défense des libertés et des
« droits universels », de la défense des opprimés. Cette
« vocation » s’exprime, en particulier, dans le cadre de la justice,
cette « arène » où la pratique du « pouvoir des mots »,
l’éloquence, est susceptible de procurer du prestige, du pouvoir,
une gloire légitime constituant autant de bienfaits non pas
d’abord pour celui qui en est le bénéficiaire mais pour le corps
professionnel tout entier et les valeurs qu’il représente.
Pour parfaire une telle construction symbolique, deux
attributs exigent d’être particulièrement mis en valeur :
l’indépendance vis-à-vis des pouvoirs et des institutions ; le
« désintéressement ». Ce dernier attribut, constitutif de l’idée de
profession 22, est particulièrement illustratif de la façon dont se
construit symboliquement une identité de corps professionnel.
En effet le « désintéressement » est supposé définir « une
stratégie qui, refusant aussi bien la subordination à l’État que la
soumission au marché, entend se lier au public […] l’économie
[proclamée] de la profession est donc une économie du sacrifice.
Elle l’est pour que règne la confiance et que les avocats puissent
nouer une alliance durable avec le public 23 ».
C’est effectivement bien l’exercice d’un « sacerdoce » que
revendique ce corps professionnel dans ce que furent les plus
grands moments historiques d’une rhétorique visant à l’exaltation
de la fonction au cœur de la vie du droit, comme l’illustre la
citation suivante : « La science de l’avocat, l’éloquence, la probité
ne sont pas une marchandise ; quand le malheur et la pauvreté
les invoquent, elles se donnent libéralement ; elles ne se vendent
pas 24. »
Nous verrons plus loin, de façon significative, comment ces
idéaux proclamés se confrontent avec ce qui compose ce que
j’appelle les pratiques situées.
Ce processus de construction d’une mythologie du droit à
travers spécifiquement la représentation qui est donnée des
professionnels qui le servent – ou que les professionnels
construisent – est indissociable d’une certaine représentation du
politique et d’un rapport particulier au politique. Dans cette face
du modèle de légalité duale, qu’ils en soient les créateurs ou qu’ils
la mettent en œuvre, en inscrivant leur représentation du droit
supposée configurer leurs pratiques dans une conception
pyramidale, du « haut » vers le « bas », les professionnels du
droit, de façon conforme au concept d’homologie structurale,
entretiennent et participent d’une vision du pouvoir identique. En
empruntant aux catégories d’analyse de Max Weber portant sur
les types de domination 25, nous pourrions dire qu’ils promeuvent
une conception charismatique de l’exercice du droit et qu’ils
inscrivent en même temps celle-ci dans le mode de domination
légal-rationnel avec lequel prétendrait encore se constituer la
légitimité du pouvoir politique de beaucoup des sociétés
contemporaines.
Un tel positionnement est susceptible d’avoir deux
conséquences. En contribuant à naturaliser l’évidence d’une
certaine conception de l’exercice du pouvoir, les professionnels
du droit sont en mesure d’occuper logiquement une place
privilégiée auprès de ce même pouvoir. Si l’on se réfère au
modèle pyramidal français où le mythe d’un État central fort est
associé à un pouvoir politique lui-même fortement centralisé, il
apparaît que les professionnels du droit ont eux-mêmes occupé
des positions dans la proximité avec le sommet de cette forme de
régulation politique et que, par conséquent, ils en sont
indissociables. Comme le dit un comparatiste : si le droit est
perçu en France comme dans des pays d’Amérique latine par les
courants critiques comme un pouvoir politique qui doit être
dénoncé et remplacé par un autre pouvoir et un autre droit, cela
découle d’une longue tradition européenne née dans les débuts de
la monarchie absolutiste en France à la fin du XVIIe siècle suivant
laquelle le droit est l’expression de la souveraineté étatique
incarnée par la monarchie 26. Ainsi, les professionnels du droit
n’échappent pas à un paradoxe puisque, revendiquant la maîtrise
et l’autonomie d’une doctrine « formaliste et scientifique » par
rapport au politique, ils sont en même temps les gardiens d’un
droit associé étroitement à un certain type de pouvoir.
Mais la conception mythifiée du droit portée ainsi par les
professionnels du droit a une seconde conséquence possible.
L’adhésion à l’idée d’une « Raison » juridique « purifiée » de ses
potentiels déterminants sociaux ou politiques peut conduire à
l’idée que cette « Raison »-là est en fait la vraie « Raison »
politique en lieu et place de celle portée par les professionnels de
la politique. C’est une tentation à laquelle les légistes sont
prédisposés à succomber. Ainsi derrière le souci affiché de bien
distinguer la mission du professionnel du droit et celle du
politique, transparaît, ainsi que nous l’avions souligné dans un
précédent ouvrage 27, l’opinion chez certains professionnels du
droit que la rationalité juridique porteuse d’universalité est seule
en mesure d’échapper au risque des contingences de la vie
politique. À ce juriste, qui « dirige et ordonne ou tout au moins
dit comment il faut diriger 28 », cela en vertu de la conviction que
« la direction des hommes exige un ensemble de règles générales
et permanentes 29 », s’opposent les pratiques des politiques
soumises aux aléas de la conjoncture, aux contingences de la vie
politique ordinaire. L’intervention du politique dans la
production du droit est soumise aux compromis politiciens, aux
querelles et aux passions partisanes, exposées aux facilités de
l’électoralisme, en un mot intéressée au sens de porteuse
d’intérêts particuliers 30.
LES PROFESSIONNELS DU DROIT
ET LE RÉEL
Les traditions juridiques
Le social
Le politique
LES STRATÉGIES
DES PROFESSIONNELS DU DROIT
L’évocation des influences respectives des traditions
juridiques, des contextes culturels, du social et du politique sur
les pratiques des professionnels du droit ne saurait nous conduire
à adhérer à un schéma déterministe en la matière. Faut-il
rappeler que les professionnels du droit sont des acteurs sociaux
et que les influences que subissent leurs pratiques n’excluent pas
de leur part des stratégies ? Même si ces stratégies sont
susceptibles d’être contrariées sur le long terme par des
tendances lourdes que nous examinerons dans le paragraphe
suivant, elles conservent une force particulière dans la mesure où
la compétence de ces professionnels du droit est fondée sur la
maîtrise de l’instrument juridique. À l’encontre d’une conception
positiviste du droit où il ne reviendrait aux professionnels du
droit que de mettre en œuvre les règles juridiques, de les
appliquer éventuellement en les interprétant, ces derniers sont
effectivement des acteurs au sens où ils sont susceptibles de
développer des stratégies en fonction d’objectifs à atteindre, y
compris des objectifs de nature politique en relation avec des
positionnements proprement politiques. C’est alors logiquement
qu’on peut envisager d’articuler une théorie du droit avec une
théorie de l’action 151.
Dans des travaux précédents, j’avais moi-même tenté de
démontrer combien le travail de doctrine effectué par les
professeurs de droit, au prétexte de commenter les intentions du
« législateur », pouvait en fait aboutir à des interprétations
divergentes, inspirées par des considérations de nature politique
ou idéologique, en fonction d’aspirations éventuellement
opposées à celles qui avaient justifié la conception initiale de la
règle et son institution par le pouvoir législatif 152. Le pouvoir
d’influence d’un tel travail de doctrine est d’autant plus grand que
celui ou celle qui en est l’auteur, en vertu de cette
multipositionnalité déjà évoquée, participe à des réseaux sociaux
qui peuvent être communs avec le personnel politique, lequel
vient parfois lui-même de la sphère juridique. La porosité entre
les deux univers est d’autant plus susceptible de jouer que le
contenu même de la rhétorique doctrinale peut être fait d’un
subtil mélange de technique juridique et d’énoncé de valeur
susceptible d’impliquer l’acteur politique. J’avais pu ainsi repérer
que, dans un article consacré à la réforme de la filiation (la loi du
3 janvier 1972), une professeure de droit avait accompagné un
travail d’analyse de texte relevant d’un pur raisonnement
juridique de considérations constituant jugement même si ces
considérations fortement normatives semblaient découler
logiquement du travail purement technique constitué par le
raisonnement juridique proprement dit 153. Ainsi, la critique
formulée de la loi concernée portait d’abord sur la construction
formelle du texte de loi : « On connaissait de longue date la
méthode, d’ailleurs mauvaise, qui consiste à récupérer un article
devenu vacant pour y insérer une disposition nouvelle. On n’avait
jamais vu jusque-là vider intentionnellement un article de son
contenu, reporter celui-ci dans trois articles nouveaux, avant de
le transférer au chapitre suivant pour y traiter une question
complètement différente 154… » Mais un tel énoncé « technique »
n’était là que pour donner plus de force à une position critique
sur le plan politique, fondée sur un jugement de valeur à portée
générale : « On a dit de ce texte qu’il était une loi d’hommes
vertueux. On ne peut en douter lorsqu’on connaît l’identité de ses
protagonistes. Mais on ne peut manquer aussi de faire une fois de
plus la constatation, combien navrante, que la vertu ne va pas
sans une certaine naïveté 155. »
De même, dans un ouvrage consacré au sens à donner à
l’entrée des professionnels du droit dans la Résistance en France
pendant la Seconde Guerre mondiale, la thèse classique est
rejetée d’un lien de causalité entre positivisme juridique et
soumission au pouvoir des professionnels du droit, en
l’occurrence ici des juges 156. Par exemple, certains de ces derniers
refuseront de présider les tribunaux d’exception au nom de ce qui
leur apparaît comme des valeurs supérieures à celles contenues
par une loi promue par un pouvoir politique sous influence
nazie 157. Il apparaît ainsi que des stratégies sont susceptibles de
s’affirmer en relation avec la défense de valeurs. Les juges sont
ainsi en mesure de faire le choix de promouvoir des visions
stratégiques dans les usages du droit, la loi devenant un
paramètre de l’action avec lequel peuvent « jouer » les
professionnels du droit 158.
Ces analyses illustrent de façon éloquente combien, en
relation avec des contextes politiques, la maîtrise de la ressource
juridique est susceptible de conférer de l’efficacité politique aux
stratégies développées par les professionnels du droit. Mais pour
cela, il convient, pour ces professionnels du droit, de « préserver
les apparences de leur fidélité à la loi s’ils veulent conserver leur
influence et leur légitimité 159 ». C’est ce que feront les magistrats
italiens en imposant la mise en place de pratiques hétérodoxes
pour lutter contre le terrorisme. Ces pratiques leur permettant au
nom de la défense de l’intégrité de l’État de promouvoir un
nouveau modèle d’excellence professionnel 160.
Dans une acception un peu différente, il revient aussi aux
professionnels du droit de se donner les moyens de s’opposer
éventuellement au pouvoir politique en prônant un respect strict
de la légalité face à des pratiques qui la bafouent. C’est ce que
démontre une étude des pratiques des magistrats italiens contre
la corruption d’origine politique dans la mesure où le pouvoir
d’influence des juges sur le politique tient à l’application
rigoureuse des règles 161. Il y a donc « un profit spécifique à
s’identifier purement et simplement avec les règles […] fondé
essentiellement sur l’impartialité et le détachement des juges qui
se bornent à appliquer la loi 162 ». Le pouvoir du juge face au
pouvoir politique tient bien ici à sa capacité à éviter « la
disqualification dans l’espace public par le reproche de partialité
et de poursuite de mobiles non judiciaires 163 ».
Ces rapports subtils au politique que les professionnels du
droit sont susceptibles d’entretenir trouvent une autre expression
avec ces avocats chinois, les « weiquan lawyers », pratiquant le
« weiquan lawyering » (en un mot la protection des droits ou la
protection par le droit) et dont toute la stratégie consiste à s’en
tenir à une approche juridique comme une forme de
dépolitisation nécessaire pour ne pas être soupçonnés de
défendre explicitement la cause de mouvements sociaux ou de
contribuer au développement du débat démocratique. « La
possibilité de réduire la confrontation politique à un conflit de
nature juridique » apparaît ainsi comme une incitation faite aux
citoyens de se mobiliser à travers la recherche de résolution de
problèmes sociaux et comme une sensibilisation à la culture de
l’intérêt général par le droit 164.
Mais le développement de stratégies par les professionnels du
droit ne saurait être lié exclusivement à des enjeux de valeurs.
Ces stratégies peuvent aussi résulter de rapports de pouvoir ou de
défense d’intérêts corporatistes ou institutionnels. C’est ce que
suggère l’exemple de l’influence de professionnels du droit
américains dans l’inscription de la justice au sein du processus de
globalisation. Cette influence, interprétée comme une forme
d’impérialisme juridique, se manifeste notamment par une
volonté de multiplication des forums judiciaires, par la tentative
d’imposition d’une notion comme celle de « judicial comity », si
propre à la culture anglo-saxonne, et qui se donne à voir comme
une modalité exemplaire de ce que devrait être la régulation
judiciaire supranationale de l’activité économique 165 ; par la mise
en place de dispositifs de formation sous la forme de « Global
Law School Programs 166 » ; par la volonté d’exporter vers les pays
du Sud le modèle de formation des juristes nord-américains 167.
Cette stratégie d’influence des professionnels du droit américains
participe de cette culture de la common law inspirée ici par des
visées universalistes sinon impérialistes, comme nous l’avons vu
plus haut, en meilleure concordance avec les enjeux de la
globalisation que ne le serait la culture romano-germanique, les
pays de tradition civiliste, si l’on se réfère notamment à la
Banque mondiale qui semble considérer que la common law est
plus en adéquation avec le développement de l’économie tandis
que le droit romano-germanique serait un handicap 168.
Dans cette stratégie d’influence, il existe certes la volonté
d’avènement d’un « modèle cosmopolite de justice globale »
(cosmopolitan model of global justice), particulièrement promue
par des juristes américains 169. Celle-ci intègre les préoccupations
de lutte contre la pauvreté, la protection des libertés
fondamentales, les interventions humanitaires, la protection de
l’immigration, la promotion du principe de l’égalité dans la
sphère économique et du travail. Elle participe d’une orientation
doctrinale militant pour cette universalisation de la justice qui
serait conforme à un « nouvel ordre mondial ». Mais ce souci de
respect des droits fondamentaux concomitant de la constitution
d’une « société civile mondialisée » (a new global civil society 170)
est indissociable d’un processus économique caractérisé par le
développement d’une circulation mondiale croissante des biens,
du travail, des capitaux, d’une internationalisation du capital et
des structures des entreprises. Cette circulation rendrait
souhaitables, suivant cette doctrine, la mise en place de règles, de
procédures, et, par voie de conséquence, l’avènement d’un
« traitement des litiges dans un cadre mondial » (global
litigation 171). L’influence de ce processus économique serait en
fait prépondérante et caractériserait de façon dominante la
globalisation au point de remettre en cause la subordination de
l’organisation économique au principe de la justice sociale 172.
De même, le recours croissant à la justice dans certains pays,
en l’occurrence le Canada, la Nouvelle-Zélande, Israël, l’Afrique
du Sud, sous l’action conjointe de professionnels du droit (juges
et avocats) et des élites politiques et économiques, loin de
s’inscrire dans un processus de démocratisation, de défense
accrue des droits fondamentaux, aurait pour objectif de préserver
des intérêts hégémoniques menacés par de nouveaux groupes
sociaux. Ces élites perçoivent par exemple la
constitutionnalisation des droits, notamment ceux concernant la
propriété, la mobilité et les droits de l’emploi comme un moyen
de peser sur l’action du gouvernement et de promouvoir un
« marché sans contrainte » (a free market) et un agenda favorable
aux affaires. En un mot, il s’agit de protéger ces élites des
« vicissitudes de la politique démocratique » et de favoriser une
évolution dans le sens d’une efficacité et d’une prédictibilité du
droit et de la justice conforme à la rationalisation du capitalisme
moderne tel que l’annonçait déjà Max Weber 173. Dans ce cadre,
les élites judiciaires et les tribunaux supérieurs au niveau
national chercheraient à renforcer leur influence politique et leur
réputation internationale 174.
L’explication de ce recours croissant à la justice, qui conduit
notamment à parler de « judiciarisation du politique » (ce qui
serait ici un déplacement de l’Exécutif et du Législatif vers le
judiciaire), pourrait aussi tenir d’un activisme des professionnels
du droit eux-mêmes. De ce point de vue, les façons dont ce
phénomène de judiciarisation est présenté ou plutôt représenté
dans la littérature des professionnels du droit est susceptible de
participer de cet activisme. Ce phénomène est de ce point de vue
moins une réalité objectivée qu’une réalité en partie construite
par ceux qui aspirent à en promouvoir l’existence. Il est alors
difficile de faire la part entre ce qui est de l’ordre de la réalité et
ce qui est de l’ordre de l’intention, c’est-à-dire celle d’imposer une
représentation dans le but de perpétuer une conception de la
légalité non seulement comme fondement du pouvoir mais aussi
comme pouvoir. Des travaux ont déjà montré combien les
constitutionnalistes en France avaient investi le Conseil
constitutionnel dans le cadre d’une politique visant à restaurer le
prestige du droit concerné jusqu’à vouloir en faire un droit au
sommet de la pyramide des différents droits 175. Une analyse des
caractéristiques principales de la littérature internationale sur la
judiciarisation révèle ainsi une forte proportion d’auteurs issus
du droit public et soucieux non seulement de souligner l’ampleur
du phénomène de judiciarisation mais également d’en souligner
les vertus du point de vue de la démocratie 176.
Une autre illustration de ces stratégies de pouvoir à l’œuvre
chez les professionnels du droit est représentée par cette grande
constante historique : la volonté de ces derniers de préserver leur
monopole dans la pratique du droit et dans l’exercice de la
fonction de justice ou de le restaurer s’il a été mis en cause ou s’il
est menacé. La stratégie employée de façon récurrente pour
disqualifier l’intervention des « profanes » dans cet exercice du
droit et de la justice est une stratégie de disqualification. Seuls les
professionnels ont la compétence pour assurer cet exercice. C’est
ainsi que les tribunaux de famille sous la Révolution française
verront très rapidement réapparaître les professionnels dans leur
fonctionnement effectif jusqu’à la loi du 9 ventôse an IV
(28 février 1796) qui favorisera les conditions de sa disparition 177.
De même, les jurés populaires ne cesseront d’être la cible des
critiques des juges. Comme le rapportent les historiens, les jurys
populaires font l’objet d’une constante méfiance. Il leur est
reproché de prendre des décisions qui représenteraient dans
certains cas une manifestation naturelle des « mœurs populaires
et, comme telles, “scandaleuses” pour les classes dominantes 178 ».
De même, la justice des prud’hommes, dans la mesure où elle
est une justice paritaire, plus soucieuse « d’équité que
d’application du droit, de conciliation que de jugement », se
distingue de la conception la plus orthodoxe de la justice. Cela
explique alors que, pour certains magistrats, « les prud’hommes
présentent un certain danger pour le justiciable car en se basant
plus sur les faits que sur la règle juridique, qui selon les juges est
identique pour tout, les conseillers risquent de faire de la justice
un instrument ponctuel et arbitraire 179 ».
Une autre illustration de cette stratégie récurrente des
professionnels du droit de préserver leur monopole peut être
donnée avec l’engagement des avocats dans les pratiques de
médiation malgré la volonté des nouveaux professionnels que
constituent les médiateurs de préserver leur autonomie en
assurant la spécificité de la fonction de médiation par rapport à
la pratique du droit 180. De même, en France, comme nous l’avons
vu au chapitre précédent, les Maisons de la justice et du droit
font l’objet de tensions entre la volonté de maîtrise des
« profanes » – représentants de milieux associatifs, professionnels
du social, élus locaux – sur ces nouveaux lieux de justice et les
professionnels du droit (magistrats et institution judiciaire dans
son ensemble) soucieux de les intégrer dans la chaîne judiciaire.
La grande constante est bien ici pour les professionnels du
droit de préserver leur territoire de compétence, leur
« juridiction » (jurisdiction 181) face aux « profanes » ou face à de
nouveaux acteurs sociaux investis d’une fonction dans le champ
juridique sans en avoir la légitimité aux yeux des professionnels
du droit établis. Le prétexte avancé est alors celui d’une
incompétence proclamée et dénoncée ou d’un exercice de la
fonction de justice non conforme au modèle consacré. Par
exemple, en France, les juges de paix ont connu une évolution
historique marquée par l’abandon d’un modèle alternatif de
justice dont ils se prévalaient à la fin du XIXe siècle auquel se sont
progressivement substituées des tentatives d’alignement de leur
compétence juridique sur celle des autres magistrats
professionnels. De même, les juges de proximité, créés en 2002,
se sont vus disqualifiés au nom de l’accomplissement d’un rôle
social de plus en plus rejeté, notamment par un corps de
magistrats dont l’identité professionnelle s’est vue consolidée
autour de la seule maîtrise du droit, justifiant une limitation de
toutes « formes de juridictions profanes 182 ».
À L’AVENIR, UNE PROFESSION
PARMI D’AUTRES ?
Les pratiques des professionnels du droit et leurs
transformations s’inscrivent dans des tendances lourdes
auxquelles sont exposées l’ensemble des professions. Même si la
construction de leur identité spécifique s’est faite autour du droit,
comme d’autres professionnels, plus que d’autres professionnels,
ils sont de plus en plus confrontés à des « pratiques
prudentielles » marquées par l’incertitude et la délibération
excluant l’idée de « maîtrise systématique 183 ». Ils sont dans
l’obligation de rompre avec une définition de leur travail « qui
n’est plus la déclinaison d’une règle figée » et de rechercher « de
nouveaux types de légitimités professionnelles 184 ». De même, ils
sont soumis à la contrainte croissante de rationalisation, de
recherche d’efficacité économique, de l’économie comme valeur
prééminente, autant de facteurs qui s’imposent par
l’intermédiaire du nouveau management public. Ils sont pressés
d’assurer l’inscription de leurs pratiques dans la dynamique
capitaliste, cela dans un cadre de plus en plus internationalisé qui
modifie les conditions de la pratique et expose celle-ci à des
formes nouvelles de concurrence.
La transcription de ce changement chez les professionnels du
droit est illustrée par la managérialisation de la justice pour les
juges, par la consécration du « barreau d’affaires » et du succès
du modèle du « cabinet de conseil juridique » (law firm) chez les
avocats ou encore par les transformations de la formation au
droit telle qu’elle se manifeste en France par la mise en place de
filières de formation qui concurrencent sinon tendent à
marginaliser les facultés de droit traditionnelles 185. Si la
formation au droit devient un enjeu stratégique au niveau
international 186, c’est d’abord parce que s’affirme, au-delà des
cultures juridiques, une « conception instrumentale du droit,
soumis à des injonctions d’utilité et d’efficience sociales 187 ». En
l’occurrence, il s’agit de favoriser une « acculturation normative,
en l’occurrence à l’idéologie capitaliste, par l’entremise du droit
économique et la figure des avocats d’affaires 188 ». Dans cette
perspective, une nouvelle pédagogie, inspirée par les attentes des
cabinets d’affaires, est mise en œuvre, ayant pour référence
l’« étude de cas » (case studies) pratiquée dans les « écoles de
droit » (law schools) américaines, tournée vers la pratique du
droit où « plutôt que de concevoir la légalité comme prescriptive
et autoritaire, les enseignants apprennent aux élèves à la manier
de manière stratégique dans un contexte de négociation plutôt
que de coercition 189 ». De façon significative, en référence à
l’esprit traditionnel de l’enseignement du droit dans un pays de
tradition romano-germanique comme la France 190, ce qui s’opère
ainsi c’est « un déplacement d’un savoir sur ce qu’est le droit vers
une connaissance de ce que font les juristes 191 ».
Cette « entrée » par la formation au droit contribue ainsi
particulièrement au dévoilement des mutations dans lesquelles
s’inscrivent les professionnels du droit et des logiques qui les
caractérisent au-delà de la rhétorique qu’ils utilisent ou des
représentations qu’il en donnent eux-mêmes. Rien ne l’illustre
mieux qu’une analyse, participant d’un nouveau courant de
recherche aux États-Unis : le « nouveau réalisme légal » (new
legal realism 192), des façons dont se fait dans les « écoles de droit »
aux États-Unis l’apprentissage de « penser comme un lawyer 193 ».
Une approche linguistique des interactions enseignants-élèves, de
la documentation pédagogique, des entretiens avec les acteurs
concernés permet ainsi de mettre en lumière, sous l’apparente
neutralité du droit, l’influence idéologique qui est à l’œuvre pour
rendre adéquate la formation des professionnels du droit avec
« l’esprit du capitalisme ». Finalement, dans le prolongement
d’une célèbre analyse consacrée à l’enseignement du droit dans
les « écoles de droit » américaines, supposées assurer la
reproduction et la préservation des hiérarchies universitaires et
professionnelles en même temps que celles des hiérarchies
sociales avec l’initiation aux structures de pouvoir 194, la finalité
serait bien ici d’occulter la dimension sociale (liée à la
stratification sociale) et politique (liée à l’exercice de la
domination) que comporterait toute activité juridique.
Mais toutes ces évolutions auxquelles sont particulièrement
exposés les professionnels du droit vers la recherche d’une plus
grande adéquation, en l’occurrence avec les exigences du marché,
ne sauraient masquer qu’elles s’inscrivent dans un contexte
général de diminution du pouvoir et de l’autonomie des
professionnels en général 195. Le constat de la vulnérabilité
croissante de ces professionnels tient notamment à deux causes
principales. La première résulte d’un « recul de la confiance du
public » à leur égard 196, qui s’explique notamment par
« l’élévation du niveau d’éducation et de la capacité d’accès à
l’information des citoyens, qui ont réduit l’asymétrie cognitive
entre le professionnel et son client » et par le « développement de
mouvements de contestation des autorités 197 » (qui est convergent
avec le « déclin des institutions 198 »). On en trouve l’expression à
la fois dans la perte d’autorité du juge et de ses décisions,
concomitante de celle de l’institution de justice à laquelle il
appartient, ou dans la défiance à l’égard de l’avocat à la mesure
de son relatif désinvestissement par rapport au Public 199.
De façon plus générale, moins que la question de la perte de
pouvoir, ce qui serait en jeu, à travers notamment l’imposition
croissante de normes de « bonnes pratiques », le risque de
standardisation des pratiques et de technicisation du travail,
concernerait la perte d’autonomie de réflexion des professionnels
et « la contribution collective des professionnels, à travers leurs
débats, à la construction de problèmes publics 200 ». Si l’on se
réfère aux inquiétudes manifestées au sein même de la
magistrature sur la capacité de ce corps professionnel à
désormais penser la justice 201 ou à celles rapportées sur l’identité
professionnelle des avocats et sur la cohérence de leur corps
professionnel 202, le constat paraît valoir particulièrement pour les
professionnels du droit.
Ces craintes avancées pour les professions en général
débouchent alors sur des interrogations de nature plus politique :
« Le recul de l’autonomie de réflexion des professionnels et la
technicisation de leur travail sont susceptibles d’entraver leur
contribution à ces débats sociaux sur la hiérarchie des finalités de
leur activité […]. Ce serait alors la capacité de réflexion de la
société sur les modalités de traitement de problèmes singuliers et
complexes qui serait en jeu : les transformations en cours de la
figure du professionnel […] participeraient ainsi plus
généralement du recul du politique, tout en l’alimentant 203. » À la
mesure de la relation particulière entretenue par les
professionnels du droit avec le politique et du rôle qu’ils sont
susceptibles de jouer dans sa légitimation, la nature des questions
posées ici par le devenir des professionnels relève bien alors de
« questions fondamentales sur la démocratie 204 ».
DEUXIÈME PARTIE
LE BOULEVERSEMENT
DES CONTEXTES DU DROIT
LES CONCEPTIONS DES TERRITOIRES
LOGIQUES D’INTÉRÊT
ET DE POSITIONS SOCIALES
L’INTERNATIONALISATION
ET L’ÉCHELLE DES TERRITOIRES
206
Le droit et la justice comme gestionnaires du social
LA VARIABLE « TEMPS »
passé 24 », rappelant ainsi que le droit doit être un « pont » entre
25
la possibilité issue du passé et la possibilité pour le futur ou,
comme le considérait un théoricien du droit, que « le droit vise à
ouvrir la meilleure voie pour un futur meilleur tout en préservant
une juste croyance dans le passé 26 ».
La volonté de maîtrise du futur peut alors être consacrée
jusqu’à considérer que « la valeur fondamentale du droit est la
prospective […]. Si le droit a un sens, c’est de nous offrir un
projet de société future et de contribuer, par les méthodes qui
sont les siennes, à le réaliser 27 ». Il s’agit bien de remplir la
« promesse » contenue dans « l’idée de droit ». C’est effectivement
cette « promesse » que suggère, le 9 août 1793, Cambacérès,
comme porteur de cette représentation linéaire du droit, si
présente depuis l’époque des Lumières, en soumettant son projet
de Code civil. Pour Cambacérès, ce projet « comme une éclatante
aurore est l’annonce d’un beau jour [avec des dispositifs
juridiques] porteurs des promesses de la liberté et du bonheur
pour le peuple 28 ». Nous sommes proches ici du « temps
prométhéen », représentation exaltée de la première face du
modèle de légalité duale, constituant un de ces temps juridiques,
un « temps conscient et volontariste », marqué par une « tension
vers l’avenir 29 ». Le statut exceptionnel du droit n’est ainsi pas
mieux révélé que par ce « temps prométhéen » ou encore ce
« temps des fondations » exaltant le pouvoir du droit. Ces
conceptions du temps renvoient « à un événement fondateur du
pouvoir politique, tel qu’un mandat divin, une révolution ou un
contrat social 30 ». Une telle vision est somme toute conforme à
une représentation évolutionniste du temps propre au XIXe siècle.
Pour Émile Durkheim lui-même, le passé détermine le futur et le
sens de toute activité humaine dans le présent est fondé sur une
référence au passé laquelle détermine le futur 31.
Le droit doit aspirer à instituer le temps, à en maîtriser la
temporalisation en s’appuyant sur le passé, les traditions (« la loi
inscrite dans des traditions 32 »), pour imaginer le futur 33. Comme
le considéraient les auteurs du Code civil, « la perpétuité est dans
le vœu de la loi. Elle est l’essence même de la justice si l’on se
réfère à cette recommandation de Benjamin Constant : « Restez
fidèle à la justice, qui est de toutes les époques […] et confiez au
passé sa propre défense, à l’avenir son propre
accomplissement 34. »
De ce point de vue, la perception a priori négative du social
dans la sphère de la production du droit comme dans ses mises
en œuvre s’explique probablement en partie parce que celui-ci
implique une temporalité contradictoire et, par là, menaçante par
rapport à cette représentation du droit conforme à la première
face du modèle de légalité duale. Comme le disait Georges
Ripert : « La direction des hommes exige un ensemble de règles
générales et permanentes 35. » Suivant cette logique du
raisonnement, tous ceux qui mettent en valeur le changement ou,
plus simplement encore, le constatent, constituent une menace
pour un tel statut du droit dépendant d’une conception statique
de ce qui doit être. Ils contribuent ainsi à cette mythologie du
« déclin du droit », attribué par les défenseurs du droit
dogmatique « identifié à un fixisme de droit naturel 36 », aux
tenants de l’évolutionnisme et du changement. Il faut alors
rappeler la diatribe adressée à la sociologie suggérant que celle-ci
était coupable d’observer la réalité et d’en rendre compte : « La
responsabilité [du déclin du droit] doit être imputée surtout aux
sociologues » dans la mesure où ces derniers « ont dénoncé le
statisme du droit pour défendre l’idée d’une évolution nécessaire.
Pour l’affirmer, ils ont éclairé ce qui change et caché ce qui
demeure 37 ». En fait, ici « le droit est la formulation de l’ordre
social établi. En assurant la représentation d’un ordre futur, il est
la défense du présent, il s’impose implicitement à l’avenir 38 ».
La représentation d’un droit mythifié emprunte à celle de la
culture justifiant cette façon « de neutraliser l’idée de progrès et
le dynamisme de l’histoire, et d’affirmer [le bien-fondé d’une]
puissance extra-temporelle 39 ». Le temps du droit est
paradoxalement ici un temps « détemporalisé », et ainsi
conforme à l’idée de transcendance et en opposition au temps
profane. Cette représentation du temps du droit est en fait
conforme au « temps intemporel de la dogmatique juridique […]
destiné à suggérer la vérité permanente des principes évoqués et
les mettre ainsi à l’abri de tout contexte qui pourrait en relativiser
la portée 40 ». Nous sommes dans cet « éterni-temps » comme
temps religieux 41. « La dogmatique […] s’attache à un objet
arrêté, figé dans l’instant de la positivité. » La pensée juridique
serait porteuse d’une réticence à l’idée de changement pour deux
grandes raisons : « 1. la prodigieuse survie du droit romain dans
les sociétés occidentales, survie qui semblait venir de l’éternité
même de la raison ; 2. la force des doctrines du droit naturel,
avec tout ce qu’elles empruntent de pouvoir persuasif à la religion
ou à la métaphysique pour placer le droit hors du temps 42. »
Il est alors logique que soient dénoncés tout à la fois le
changement et ceux qui l’observent. Il en découle une ignorance
assumée des causes de ce changement, de cette « accélération du
temps », celle-ci tellement perçue ici comme une menace. Une
telle représentation du droit est, par voie de conséquence, en
rupture avec la « modernité capitaliste [où] tout ce qui avait
solidité et permanence était déjà en voie de dissolution et de
métamorphose […]. Les principes d’augmentation de la
croissance et de l’accélération inhérente au système économique
capitaliste […] imprègnent la culture et déterminent la structure
de la totalité des formes d’existence et de société dans la
modernité 43 ». L’avènement de l’économie capitaliste et les
valeurs de l’économie ont progressivement envahi la sphère
politique et relativisé la place de l’État en même temps que sa
vision du temps long associée à l’exercice de son pouvoir qu’il
imposait 44. « L’économie capitaliste est prioritairement soucieuse
du présent ou du futur, pas de la longue durée du passé […], le
capitalisme incite le peuple à devenir attentif aux satisfactions
immédiates ou aux attentes immédiates. Mais il n’y a pas de place
pour des considérations temporelles portant sur le passé qui est
considéré sans intérêt pour une existence réussie 45. » « L’examen
de l’ethos capitaliste […] révèle une transformation du rapport au
temps 46. » Par exemple, Max Weber analyse « l’impératif
catégorique de l’éthique protestante et de l’ethos capitaliste […]
de bannir systématiquement la perte de temps. » Émile Durkheim
associe le rythme trop élevé des transformations sociales et son
rapport avec l’anomie qui se répand dans les sociétés modernes.
Georg Simmel fait de « l’expansion de l’économie monétaire
moderne à la fois la cause et l’expression de l’accélération
sociale 47 ».
Le caractère central de la permanence, de l’immobilité du
temps dirai-je, dans les représentations « juridistes » s’illustre
ainsi dans la force mise dans la dénonciation de tout ce qui la
menace, de ce qui en est le contraire. Le phénomène d’« inflation
législative » est ainsi vilipendé car il est susceptible d’engendrer
une véritable « insécurité juridique » : « La loi n’a plus de nos
jours la signification qu’elle avait jadis. Ce n’est plus, dans
beaucoup de cas, cette maxime de conduite universelle qui était
solennellement proclamée à l’intention des générations
futures […] ; mais un simple procédé de gouvernement, une
façon pour l’État de donner ses ordres, dans le présent, à un
groupe plus ou moins étendu de sujets 48 », en pratiquant « un
simple pilotage à vue [comme manifestation d’une] temporalité,
présentée comme programmée [mais qui se] ramènerait le plus
souvent à l’improvisation 49 ».
Dans toute la rhétorique sur le droit confrontée à la question
du temps dans le cadre des changements des sociétés modernes,
c’est bien l’idée de permanence qui domine. Il n’y a pas ici
d’alternative parce qu’il n’y a pas véritablement de représentation
affirmée de temporalités juridiques où serait assumée la vision
positive d’un droit connecté ou immergé dans le social. L’idée de
l’urgence, de l’immédiateté, de l’ajustement flexible au
changement, à la conjoncture est a priori disqualifiée car elle est,
pourrait-on dire, contre nature. Par exemple, toutes les formes de
mises en œuvre du droit conçues à partir des besoins exprimés
par les citoyens « ordinaires » du traitement d’un problème dans
l’immédiateté (les consultations juridiques, les « boutiques de
droit », etc.) sont exposés au préjugé « juridiste » de n’être pas
nobles.
Plus généralement, j’ai pu constater que la culture des juges
dans ses fondements, au même titre qu’elle peut être réticente à
l’idée de proximité, l’est à l’idée de soumission aux temporalités
« ordinaires » du social. En effet, à l’inverse de l’idée commune
suivant laquelle leur fonction de mise en œuvre du droit devrait
les inciter à préférer l’instantanéité, ils peuvent valoriser,
explicitement et fortement, envers et contre tout, la lenteur
comme une sorte d’attribut nécessaire d’une telle temporalité,
associé à la représentation qu’ils ont de ce que doit être
l’accomplissement noble de leur mission. C’est, par conséquent,
une temporalité faite de la lenteur de la pratique elle-même et de
l’adaptation de la justice au changement social qui est prônée.
Suivant cette logique, l’opinion récurrente et quasi universelle
formulée par les citoyens sur les rythmes de la justice, sa lenteur
figurant dans toutes les enquêtes comme l’un de ses principaux
défauts 50, c’est-à-dire la critique adressée par les justiciables aux
usages institutionnels du droit, n’est en aucun cas recevable. Il y a
là une revendication qui est incompatible avec une vision de
l’activité juridique dont Montesquieu avait fourni la justification
en considérant que « les longueurs […] de la justice sont le prix
que chaque citoyen donne pour sa liberté […] [et que] dans les
États modérés, où la tête du moindre citoyen est considérable, on
ne lui ôte son honneur et ses biens qu’après un long examen 51 ».
Comme nous le dit en écho un haut magistrat : « Il semble qu’il
est propre à ce rythme d’être lent pour s’accorder à celui de
l’évolution 52. » Suivant cette vision du monde, il est alors légitime
de revendiquer une sorte d’intemporalité, de vanter les mérites du
statu quo, comme autant de vertus de sagesse propres à assurer le
respect à l’égard de la justice, propres à préserver sa
« grandeur 53 ».
À travers cet exemple des juges, il se confirme donc que ce qui
vient de la société et qui s’exprime à travers des aspirations à
d’autres temporalités juridiques ne peut en rien être reçu comme
une alternative assumée positivement. Cela est perçu comme une
contestation des temporalités juridiques consacrées et, par
conséquent, comme une menace pour la « Raison » du droit.
Cette représentation « juridiste » dominante du temps se
donne à voir dans les rapports de pouvoir entre spécialités
juridiques. Par exemple, la revendication contemporaine d’un
droit constitutionnel, quand ses locuteurs visent à l’énonciation
a-temporelle des « bases sociales et philosophiques de la
communauté nationale », participe d’une volonté d’imposer à la
société une expression juridique particulière d’une méta-Raison.
Mais, du même coup, l’objectif est, en jouant de la ressource
d’une temporalité hors du temps, de promouvoir au plus haut
dans l’échelle des valeurs des spécialités juridiques une branche
du droit qui a longtemps souffert d’être disqualifiée précisément
par les autres branches du droit au nom du fait qu’elle était
asservie aux temporalités politiciennes 54.
Suivant la même logique, dans la hiérarchie des valeurs
propres à la culture juridique, le droit social est moins « noble »
que le droit civil ou, dans les activités judiciaires, faire du social
c’est, dans une certaine culture de l’institution, abaisser le juge à
être une assistante sociale, dans l’urgence. Il ne s’agit pas
d’interpréter de telles perceptions, comme cela est fait
communément, en considérant que les professionnels du droit
auraient une propension « naturelle » à être plus réactionnaires
que les autres professionnels. Plus que dans d’autres domaines
juridiques, produire ou appliquer des règles sur le social, c’est
précisément se soumettre aux temporalités imposées par la
gestion de la contingence. Comme une simple illustration de cette
représentation des temporalités juridiques différentielles suivant
les matières juridiques, retenons ici cette réflexion d’un
magistrat : « Je fais aussi un peu de civil, surtout en matière de
filiation et d’adoption. Là, tout est différent. On met beaucoup
plus de temps à s’approprier, à comprendre un dossier parce que
là c’est vraiment du droit 55. » Par conséquent, la perception
négative du social dans la sphère de la production du droit
comme dans ses mises en œuvre s’explique en partie au moins
parce que ce domaine impose une temporalité contradictoire et
par là menaçante par rapport à une conception majestueuse du
temps juridique au fondement d’une conception disons classique
de la culture juridique.
Pour les autres branches du droit qui fondent leur statut sur la
référence prioritaire au temps long, le droit social est ainsi
particulièrement illustratif d’une incompatibilité, je dirais par
essence, des temporalités juridiques par rapport aux temporalités
sociales. Au droit qui tient d’abord son statut et son pouvoir
d’ordonnancement de la société par sa vision du long terme, par
celle de sa permanence, le droit social est par trop inscrit dans un
contexte historique qui serait marqué par une « crise du temps »
où « perdent […] de leur évidence les articulations du passé, du
présent et du futur 56 ». Ce qui peut être perçu ici comme une
menace à laquelle serait plus encore exposé le droit social, c’est la
disparition du « régime d’historicité » de la modernité et
l’avènement d’un autre régime marqué par le « présentisme 57 ».
Celui-ci correspond à « cette montée d’un présent omniprésent
[…] comme si le présent, celui du capitalisme financier, de la
révolution de l’information, de la globalisation, mais aussi de la
crise actuelle absorbait en lui les catégories (devenues plus ou
moins obsolètes) du passé et du futur 58 ». Dans ce régime, « le
présent est devenu l’horizon. Sans futur et sans passé, il génère,
au jour le jour, le passé et le futur dont il a, jour après jour,
besoin et valorise l’immédiat […]. [Finalement,] il n’y a plus ni
passé ni futur, ni temps historique 59 ». C’est ainsi un
« écrasement du temps dans l’immédiat » qui s’observe
entraînant un « brouillage des temporalités 60 ». La tendance est
de se gérer dans l’instantané en se tournant vers un personnage
politique convoqué pour satisfaire l’exigence de traitement des
questions dans le court terme, dans « l’urgence ». Il reste au
gardien du droit « noble » à déplorer « les passe-droits de
l’urgence 61 » ou à considérer que le droit s’expose
dangereusement à être « soluble » dans le social 62.
Ce bouleversement historique des temporalités sociales dont
le droit social est un miroir apparaît bien aux antipodes de ce qui
est au fondement des valeurs de la culture juridique, que ce
soient celles qui inspirent le droit romano-germanique ou la
common law (pour cette dernière avec la culture du
« précédent 63 »). Par exemple, pour Portalis, prestigieux
rédacteur du Code civil de 1804 : « L’essentiel est d’imprimer aux
institutions nouvelles ce caractère de permanence et de stabilité
qui puisse leur garantir le droit de devenir anciennes. » Ce à quoi
est exposé le droit dans les représentations « juridistes » dont il
est paré, c’est bien au risque d’une « désynchronisation » face aux
changements économiques, sociaux et culturels et aux nouvelles
formes de la régulation politique : « Le discours politique,
l’économie, la science, la technique iraient trop vite pour
permettre une gestion politique et une régulation juridique des
changements sociaux. L’économie, la science et la technique
d’une part, le droit et la politique de l’autre auraient cessé de
“marcher du même pas” et se seraient donc désynchronisés 64. »
Rien ne le montre mieux que l’inadéquation des « outils
juridiques traditionnels » face à la globalisation d’où résulte le
développement, que j’ai évoqué dans le chapitre précédent, de la
soft law, des procédures d’arbitrage ou de médiation ou encore le
déplacement du Législatif vers l’Exécutif y compris au niveau
supranational 65. L’obsession de la rapidité contribue à la
métamorphose déjà évoquée dans cet ouvrage d’un droit comme
référence à un droit comme simple instrument de gestion. Il s’agit
de réagir au plus vite « aux exigences de la situation », y compris
en inscrivant les usages du droit dans des « stratégies de
bricolage 66 ». Le droit d’instituteur devient de plus en plus un
droit d’entérinement et l’autorité qu’il est censé porter est de plus
en plus absorbée dans cette « modernité liquide » dont parle
Zygmunt Bauman 67.
Ce choc des temporalités provoque effectivement des effets de
grande ampleur sur les représentations des acteurs de la sphère
juridique. La pression croissante des temporalités sociales sur les
temporalités juridiques est propre à nourrir ce pessimisme qui
apparaît comme une grande constante dans la rhétorique
juridique et qui s’exprime, comme nous l’avons déjà vu, en termes
de « déclin du droit » ou encore de « généralisation de l’insécurité
juridique » provoquée par le fait de « privilégier les intérêts du
présent 68 ».
Face à ces manifestations de ce que Jean-François Lyotard
qualifiait de « postmodernité 69 », à ce qu’il considérait comme
« la fin des grands récits », ce qui est en jeu, c’est une exigence de
redéfinition de l’économie du juridique et de ses principes
fondateurs. Si l’on admet que « notre société est à la fois mal à
l’aise avec le temps et mal à l’aise avec le sens 70 », quelle peut être
désormais la mission du droit dans la mesure où il a précisément
pour vocation d’inscrire le sens dans des textes ? Ce que
perçoivent particulièrement les gardiens d’une orthodoxie
juridique, c’est le risque d’une destitution relative de la place que
le droit devrait occuper au même titre que les institutions
chargées de sa mise en œuvre dans la régulation des sociétés. La
diatribe d’une des figures françaises de la pensée juridique 71
témoigne éloquemment de cette perception d’une menace
grandissante sur le droit et son statut à l’égard du social et du
politique. Il est question de la « désinstitution » ou encore de
« dé-Référence » pour dénoncer une évolution qui menace la
« Raison » du droit et consacre la « dé-Raison des sociétés 72 ». Il y
a dans cette réaction la volonté de remettre de la permanence là
où l’accélération du temps du droit est perçue comme participant
de sa disqualification. On retrouve alors le leitmotiv d’une pensée
juridique pour laquelle le « social » constitue une menace pour
l’intégrité du droit, sa cohérence, ses principes fondateurs. Ceux
qui entretiennent le « culte » du « Social » pour en faire le
« signifiant suprême » sont les ennemis du droit. Il n’y a plus
alors, dans la filiation de Georges Ripert et pour revenir à cette
vitupération à laquelle je me suis déjà référé, qu’à dénoncer
« l’envahissement du sociologisme » auquel sont exposées
certaines facultés de droit, comme une manifestation exemplaire
d’un « scientisme dé-structurant », oublieux de « la constitution
généalogique des sociétés » et porteur d’une conception
« managériale de la régulation étatique », vecteur d’un
« Management généralisé 73 ».
Dans ce contexte de désenchantement, où pointe la menace
que la référence nostalgique à un passé mythifié ne constitue que
la seule justification de la volonté de le conserver farouchement
dans le présent et de l’imposer à tout prix dans l’avenir, il ne reste
qu’à faire le constat que la « vitesse de circulation de la règle
s’accélère au point de lui faire perdre prise sur le corps social : les
textes se bousculent, sont abrogés ou modifiés avant d’avoir été
appliqués ». Même « l’ouverture du futur […] est liée à sa radicale
imprévisibilité » et « fait défaut un discours largement
mobilisateur qui pourrait tracer quelques perspectives
d’avenir 74 ». La conclusion s’impose alors pour la pensée
juridique : « Prométhée semble désormais condamné à
progresser à vue 75. » Sous « l’empire de l’éphémère » comme le
clamait Hamlet : « Le temps est sorti de ses gonds 76. »
Le bouleversement de l’activité juridique comme
manifestation d’une remise en question de grande ampleur du
statut du droit en tant qu’instrument privilégié dans la régulation
des sociétés crée un malaise d’autant plus profond au sein du
monde juridique que la maîtrise perdue du temps du droit
signifie un affaiblissement de son pouvoir, entraînant
l’affaiblissement par rapport au pouvoir politique de ceux qui en
sont les gardiens. La « Raison » du droit et ce qu’elle porte de
temporalités, au-delà dirons-nous des temporalités ordinaires,
ancrées dans le passé, riche de la conscience vive de la
« constitution généalogique des sociétés », maîtresse de la gestion
du présent et en mesure de se projeter vers l’avenir, manifestait
son aspiration à être une science du politique, « la vraie science
du politique 77 », la seule qui puisse servir de « référence à la
programmation historique d’un peuple 78 », qui a la capacité d’être
ainsi une méta-Raison. Elle ne serait plus, dans cet esprit, que
l’instrument gestionnaire d’un présent sans vision.
La conception sous-jacente d’une temporalité d’exception
constituait une nouvelle manifestation de cette ambition
consistant à n’être pas simplement le serviteur du politique mais
celui qui conçoit l’instrument juridique, sa rationalité propre, les
contraintes de la légalité, comme autant de garanties au service
de l’action politique et de sa légitimité. Comme nous l’avons déjà
vu, le « légiste » se défie du politique et des intérêts qu’il poursuit
ou auxquels il se soumet, de sa sensibilité particulière aux
temporalités sociales dont sa réussite ou même sa survie
dépendent. C’est en cela qu’il se pensait comme détenteur d’un
pouvoir spécifique par rapport au politique. L’imposition qui lui
est faite de nouvelles temporalités est logiquement perçue comme
une remise en cause de ce pouvoir.
LES TEMPORALITÉS
EXTRA-JURIDIQUES
Les temporalités politiques
Les temporalités sociales
LES MUTATIONS
CONTEMPORAINES
DE LA LÉGALITÉ
LA CRISE
DE LA RÉGULATION POLITIQUE
LA RECONFIGURATION
DE LA RÉGULATION JURIDIQUE
L’EXIGENCE DE PROCÉDURALISATION
L’EXIGENCE DE DÉLIBÉRATION
L’EXIGENCE DE PARTICIPATION
CE QUE LE DROIT RÉVÈLE
DES MUTATIONS SOCIALES
CE QUE LE DROIT RÉVÈLE
DES INCERTITUDES DE L’ORDRE POLITIQUE
Le droit suggère dans son intention, dans les façons dont il est
formulé, dans ses formes, dans ses rituels d’énonciation, l’idée
d’un volontarisme. Or l’analyse des processus de sa production, de
ses mises en œuvre révèle qu’il peut n’être qu’une résultante, celle
de l’influence de jeux politiques, d’un travail d’interprétation,
depuis la doctrine jusqu’aux mises en œuvre effectives, lequel
sous des dehors savants est susceptible de dissimuler des
appropriations différentielles, d’ordre éthique ou même
idéologique. De ce point de vue, ce qu’on pourrait considérer
comme le passage d’un « Droit » au droit a beaucoup d’analogie
avec ce déplacement évoqué dans l’ouvrage de la notion de
politique publique à celle d’action publique, de telle sorte qu’à
l’examen, ce qui se donne à voir comme l’expression forte d’un
volontarisme politique ou étatique peut n’apparaître finalement
que comme « la résultante en partie imprévisible de contraintes
additionnées 10 ».
INTRODUCTION
À
21. Jacques Caillosse, « La sociologie politique du droit, le droit et les juristes » [À
propos de L’Année sociologique, 59 (1) et (2), 2009], Droit et Société, 77, 2011, p. 189-
206.
22. Ces épistémologies sont notamment sollicitées par la recherche féministe.
Voir : Nancy C.M. Hartsock, « The Feminist Standpoint : Developing a Grounding for a
Specifically Feminist Historical Materialism », in Diana Tietjens Meyers (éd.), Feminist
Social Thought. A Reader, New York, Routledge, 1997, p. 1-16 (1re éd. 1983), cité par
Laure Bereni, Sébastien Chauvin, Alexandre Jaunait et Anne Revillard, Introduction
aux Gender Studies. Manuel des études sur le genre, Bruxelles, De Boeck, 2008, p. 217.
23. Jean-Guy Belley, « Une sociologie républicaine. L’esprit des lois de la famille
selon Jacques Commaille », Revue canadienne Droit et Société, vol. 10, no 2,
automne 1995, p. 201-221.
24. Steven Lukes et Andrew Scull, Durkheim and the Law, Oxford, Martin
Robertson, 1983.
25. Ibid.
26. Marcel Mauss, Œuvres, t. III, Cohésion sociale et divisions de la sociologie,
Minuit, coll. Le Sens commun, 1969, p. 12-13.
27. Talcott Parsons, « The Nature of American Pluralism », in Theodore Sizer
(éd.), Religion and Public Education, Boston, Houghton Mifflin, 1967.
28. Alan Hunt et Tarso Genro, « Approche marxiste du droit », in André-Jean
Arnaud (dir.), Dictionnaire encyclopédique de théorie et de sociologie juridique, Paris,
LGDJ, 2e éd., 1993, p. 360.
29. Martine Kaluszynski, « Le mouvement “Critique du droit”. D’un projet
contestataire mobilisateur à un impossible savoir de gouvernement », in Xavier Dupré
de Boulois et Martine Kaluszynski (dir.), Le Droit en révolution(s). Regards sur la
critique du droit des années 1970 à nos jours, Paris, LGDJ-Lextenso éditions, coll. Droit
et Société, série Recherches et Travaux, 2011, p. 33.
30. Liora Israël, L’Arme du droit, Paris, Presses de Sciences Po, coll. Contester,
2009, p. 26.
31. Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard,
coll. Tel, 1993 (1re éd. 1975).
32. Gilles Deleuze, « Post-scriptum sur les sociétés de contrôle », in Pourparlers
(1972-1990), Paris, Minuit, 1990, p. 229-247.
33. Ibid.
34. Michael Hardt et Antonio Negri, Empire, Paris, 10/18, 2004 (1re éd. 2000).
35. John Crowley, « Usages de la gouvernance et de la gouvernementalité »,
Critique internationale, no 21, 4/2003, p. 52-61.
36. « Kafka qui s’installait déjà à la charnière de deux types de société a décrit dans
Le Procès les formes juridiques les plus redoutables : l’acquittement apparent des
sociétés disciplinaires (entre deux enfermements), l’atermoiement illimité des sociétés
de contrôle (en variation continue) sont deux modes de vie juridiques très différents, et
si notre droit est hésitant, lui-même en crise, c’est parce que nous quittons l’un pour
entrer dans l’autre » (Gilles Deleuze, « Post-scriptum sur les sociétés de contrôle »,
op. cit.).
37. Catherine Colliot-Thélène, « Pour une politique des droits subjectifs : la lutte
pour les droits comme lutte politique », L’Année sociologique, no 1, vol. 59, 2009, p. 236.
38. Pierre Guibentif, Foucault, Luhmann, Habermas, Bourdieu. Une génération
repense le droit, Paris, LGDJ-Lextenso éditions, coll. Droit et Société, série Sociologie,
2010.
39. Ibid., p. 73.
40. Márcio Alves da Fonseca, Michel Foucault et le droit, Paris, L’Harmattan, 2013,
p. 68. L’auteur fait ici référence à des analyses de Michel Foucault dans son ouvrage :
Histoire de la sexualité, t. I : La volonté de savoir, Paris, Gallimard, coll. Tel, 1998,
vol. 11, p. 112 (1re éd. 1976).
41. John Crowley, op. cit., p. 57 (l’auteur fait ici référence à Michel Foucault, Dits
et écrits, t. IV : 1980-1988, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 2001, p. 728-729).
42. Mauricio García Villegas, « On Pierre Bourdieu’s Legal Thought », Droit et
Société, 56-57/2004, p. 57-71.
43. Pierre Bourdieu, « La force du droit… », op. cit., p. 3-4.
44. Ibid., p. 3-19.
45. Ibid., p. 8. Ces opérations de dissimulation de ce qui serait la nature réelle du
droit se retrouve chez d’autres auteurs. Ainsi André-Jean Arnaud en entreprenant une
analyse structurale du droit vise à dévoiler ce que le droit cache : l’institution de règles
du jeu social au profit des « classes bourgeoises » (Essai d’analyse structurale du Code
civil français. La règle du jeu dans la paix bourgeoise, Paris, LGDJ, 1973) ; de même
Michel Foucault pour qui la technique juridique a d’abord une fonction de
dissimulation de la domination (Histoire de la sexualité, t. I : La volonté de savoir,
op. cit.).
46. Pierre Bourdieu, « Les juristes, gardiens de l’hypocrisie collective », in François
Chazel et Jacques Commaille (dir.), Normes juridiques et régulation sociale, Paris, LGDJ,
coll. Droit et Société, 1991, p. 95.
47. Michel Foucault, Histoire de la sexualité, t. I : La volonté de savoir, op. cit.
48. Pierre Bourdieu, « La force du droit… », op. cit., p. 13.
PREMIÈRE PARTIE
LA CONSTRUCTION SOCIALE DU DROIT
1. Laurent de Sutter, Oliver Wendell Holmes Jr., Paris, Dalloz, coll. La Voie du
droit, série Tiré à part, 2014, p. 17-20.
2. François Ost, Shakespeare. La Comédie de la Loi, Paris, Michalon, coll. Le Bien
commun, 2012, p. 48.
I
LA REPRÉSENTATION « JURIDISTE »
DOMINANTE DE LA LÉGALITÉ
É
8. Mauricio García Villegas, Les Pouvoirs du droit. Étude comparée de théories
socio-politiques du droit, Paris, LGDJ-Lextenso éditions, coll. Droit et Société, série
Les Petits Manuels, 2015 (voir particulièrement le chapitre II de l’ouvrage : « L’efficacité
symbolique du droit. Au cœur d’une sociologie politique du droit »).
9. Ibid.
10. Jacques Commaille, L’Esprit sociologique des lois. Essai de sociologie politique
du droit, Paris, PUF, 1994.
11. Jacques Commaille et al., Le Divorce en Europe occidentale. La loi et le nombre,
Paris, Éditions de l’INED, 1983. Voir également sur cet aspect de l’importance du
symbolique : Joseph Gusfield, La Culture des problèmes publics. L’alcool au volant : la
production d’un ordre symbolique, Paris, Economica, 2009.
12. Jacques Commaille, Les Stratégies des femmes. Travail, famille et politique,
Paris, La Découverte, coll. Textes à l’appui, série Sociologie, 1993. Dans le même esprit,
voir : Murray Edelman, The Symbolic Uses of Politics, Chicago, Chicago University
Press, 1985 ; Amy G. Masur, « Les mouvements féministes et l’élaboration des
politiques publiques dans une perspective comparative : vers une approche de genre
dans l’étude de la démocratie », Revue française de Science politique, 2009, 59 (2),
p. 325-350. Voir également : Jacqueline Laufer, L’Égalité professionnlle entre les femmes
et les hommes, Paris, La Découverte, coll. Repères, 2014.
13. Michael W. McCann, Rights at Work. Pay Equity Reform and the Politics of
Legal Mobilization, Chicago, The University of Chicago Press, 1994.
14. Pierre Legendre, L’Amour du censeur. Essai sur l’ordre dogmatique, Paris, Seuil,
coll. Champ freudien, 1974.
15. François Ost, « Jupiter, Hercule, Hermès : trois modèles du juge », in Pierre
Bouretz (dir.), La Force du droit, panorama des débats contemporains, Paris, Esprit,
1991, p. 242.
16. Pierre Legendre, « Préface à la deuxième édition », in Ernst H. Kantorowicz,
Mourir pour la patrie et autres textes, Paris, Fayard, 2004, p. 10-11.
17. Nicole Arnaud-Duc, « Ordre dogmatique », in André-Jean Arnaud (dir.),
Dictionnaire encyclopédique de théorie et de sociologie juridique, op. cit., p. 188.
18. Ibid., p. 188.
19. Pierre Legendre, L’Amour du censeur…, op. cit., p. 197.
20. Maurico García Villegas, Les Pouvoirs du droit, op. cit.
21. Dominique Schnapper, L’Esprit démocratique des lois, Paris, Gallimard, coll.
NRF essais, 2014, p. 133.
22. Antoine Vauchez, Démocratiser l’Europe, Paris, Seuil, 2014, p. 82 (l’auteur se
réfère ici à Ernst H. Kantorowicz, « Mystères de l’État. Une conception absolutiste et
ses origines médiévales (bas Moyen Âge) », in Mourir pour la patrie et autres textes,
op. cit., p. 93-125.
23. Ernst Kantorowicz, Les Deux Corps du Roi, Paris, Gallimard, 1989 (1re éd.
1957), p. 80.
24. Ibid.
25. Mais nous verrons que ce mythe peut ne pas seulement servir le pouvoir : il
peut être utilisé pour concourir aux luttes contre le pouvoir, par exemple dans ce qui a
été appelé une « politique des droits » (Politics of Rights). Voir : Stuart Scheingold, The
Politics of Rights. Lawyers, Public Policy, and Political Change, Ann Arbor, The
University of Michigan Press, 2e éd., 2004 (1re éd. 1974).
26. Alain Supiot, L’Esprit de Philadelphie. La justice sociale face au marché total,
Paris, Seuil, coll. La République des idées, 2010.
27. Ibid., p. 9.
28. Ibid., p. 24-25.
29. Ibid., p. 74.
30. Ibid., p. 119.
31. Ibid., p. 111.
32. Ibid., p. 113.
33. Ibid., p. 91.
34. Jacques Chevallier, L’État post-moderne, Paris, LGDJ-Lextenso éditions, coll.
Droit et Société, série Classics, 4e éd. 2014 (1re éd. 2003), p. 101.
35. Letizia Gianformaggio, « Droit naturel », in André-Jean Arnaud (dir.),
Dictionnaire de théorie et de sociologie juridique, op. cit., p. 198.
36. Jacques Chevallier, L’État post-moderne, op. cit., p. 101. L’auteur fait référence
dans cette analyse à l’ouvrage de François Ost et Michel van de Kerchove, De la
pyramide au réseau. Pour une théorie dialectique du droit, Bruxelles, Publications des
Facultés universitaires Saint-Louis, 2002.
37. Pierre Legendre, L’Amour du censeur, op. cit.
38. Ibid., p. 6.
39. Ibid., p. 104.
40. Jacques Commaille, L’Esprit sociologique des lois. Essai de sociologie politique
du droit, op. cit. (voir notamment p. 22-27).
41. Jean Carbonnier, Essais sur les lois, Paris, Répertoire du notariat Defrénois,
1979, p. 235.
42. Jacques Commaille, « La construction d’une sociologie spécialisée. Le savoir
sociologique et la sociologie juridique de Jean Carbonnier », L’Année sociologique, no 2,
57, 2007, p. 275-299.
43. Jacques Commaille, L’Esprit sociologique des lois, op. cit., p. 212.
44. Charles de Gaulle, Mémoires d’espoir. Le renouveau, 1958-1962, Paris, Plon,
p. 140.
45. Louis Assier-Andrieu, Le Droit dans les sociétés humaines, Paris, Nathan, coll.
Essais & Recherches, 1996.
46. Francine Soubiran-Paillet, « Quelles voix(es) pour la recherche en sociologie
du droit en France aujourd’hui ? », Genèses, no 15, 1994, p. 152.
47. Ibid., p. 151.
48. Claire de Galembert, Olivier Rozenberg et Cécile Vigour (dir.), Faire parler le
Parlement. Méthodes et enjeux de l’analyse des débats parlementaires pour les science
sociales, Paris, LGDJ-Lextenso éditions, coll. Droit et Société, série Recherches et
Travaux, 2013.
49. Voir notamment : Robert Jacob, « De la maison au palais de justice. La
formation de l’institution judiciaire », Justices, 2, juil.-déc. 1995, p. 19-23.
50. Voir, par exemple, la thèse de Laure-Estelle Moulin, L’Architecture judiciaire en
France sous la Ve République, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 2006 ; ou l’ouvrage
de Linda Mulcahy, Legal Architecture. Justice, Due Process and the Place of Law,
Abingdon, Routledge, 2011.
51. Robert Jacob, « De la maison au palais de justice… », op. cit., p. 19.
52. Antoine Garapon, Bien juger. Essai sur le rituel judiciaire, Paris, Odile Jacob,
1997 ; David Marrani, Rituel(s) de justice. Essai anthropologique sur la relation du temps
et de l’espace dans le procès, Bruxelles, EME & InterCommunications, coll. De Lege
Ferenda, 2011.
53. Association pour l’histoire de la justice, La Justice en ses temples, Poitiers,
Brissaud – Paris, Errance, 1992.
54. Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard,
1975.
55. Judith Resnik et Dennis Curtis, Representing Justice. Invention, Controversy,
and Rights in City-States and Democratic Courtrooms, New Haven – Londres, Yale
University Press, 2011.
56. Cité par Robert Jacob et Nadine Marchal-Jacob, « Jalons pour une histoire de
l’architecture judiciaire », in La Justice en ses temples, op. cit., p. 60.
57. Robert Jacob, La Grâce des juges. L’institution judiciaire et le sacré en Occident,
Paris, PUF, 2014, p. 497.
58. Marie Bels, Les Grands Projets de la justice française. Stratégies et réalisations
architecturales du ministère de la Justice (1991-2001), Thèse de doctorat en architecture,
Université Paris-Est, 2013.
59. Linda Mulcahy, op. cit.
60. Luc Boltanski, L’Amour et la Justice comme compétences, Paris, Métailié, 1996.
61. Jean-Claude Farcy, Magistrats en majesté. Les discours de rentrée aux audiences
solennelles des cours d’appel (XIXe-XXe siècle), Paris, CNRS Éditions, 1998, p. 141.
62. Cité par Marcel Rousselet, Histoire de la magistrature française des origines à
nos jours, Paris, Plon, 2 vol., 1957.
63. AN, B 723 – CBB 2002.
64. Jacques Lagroye, « La légitimation », in Madeleine Grawitz et Jean Leca (dir.),
Traité de science politique, t. I, Paris, PUF, 1983, p. 419.
65. Xavier Rousseaux, « Le moment révolutionnaire », in Frédéric Chauvaud (dir.),
Le Sanglot judiciaire, Grane, Créaphis, 1999, p. 71-86.
66. Robert Jacob, Images de la justice, Paris, Le Léopard d’or, 1994.
67. Jean-Claude Farcy, op. cit.
68. Linda Mulcahy, op. cit.
69. Ernst H. Kantorowicz, « Mystères de l’État… », op. cit., p. 105.
70. Jacques Commaille, Territoires de justice. Une sociologie politique de la carte
judiciaire, Paris, PUF, 2000.
71. Ibid.
72. Marie Bels, op. cit.
73. Annette Fierro, The Glass State. The Technology of the Spectacle. Paris, 1981-
1998, Cambridge – Londres, MIT Press, 2003.
74. Judith Resnik et Dennis Curtis, op. cit. ; Marie Bels, op. cit.
75. Linda Mulcahy, op. cit. ; Laurence Dumoulin et Christian Licoppe, Justice et
visioconférence : les audiences à distance. De la genèse à l’instrumentalisation d’une
innovation, Paris, LGDJ-Lextenso éditions, coll. Droit et Société, série Recherches et
Travaux, 2014.
e
76. Antoine Garapon, « Imaginer le palais de justice du XXI siècle », Notes de
l’IHEJ, 5 juin 2013.
II
DU DROIT RÉFÉRENCE
AU DROIT RESSOURCE :
LA DUALITÉ DE LA LÉGALITÉ
III
CE QUE SONT ET CE QUE FONT
LES ACTEURS DU DROIT
1. Les acteurs d’une régulation juridique, ce sont d’abord bien évidemment les
juristes. Mais la formule est trop générique. Elle qualifie plus une compétence qu’une
activité. Nous lui préférerons celle de professionnels du droit eux-mêmes, plus
conforme aux « legal professions » dont parle la littérature anglophone et qui permet
effectivement de mettre l’accent sur l’idée de profession. Faire le choix de cette notion
de profession, c’est aussi se donner les moyens ici spécifiquement de considérer
l’aspiration de non-professionnels, de « profanes » à contester le monopole des
professionnels du droit à agir avec le droit.
2. Ce que démontrent classiquement des analyses sur les institutions remettant en
cause leur pouvoir homogénéisant. Voir, par exemple : Jacques Lagroye et Michel
Offerlé (dir.), Sociologie de l’institution, Paris, Belin, 2010.
3. Martin Shapiro et Alec Stone Sweet, On Law, Politics and Judicialization,
Oxford – New York, Oxford University Press, 2002.
4. Yves Dezalay et Bryant Garth, « State Politics and Legal Markets », Comparative
Sociology, no 10, 2011, p. 43.
5. Jean Carbonnier, Essais sur les lois, op. cit., p. 234.
6. Pierre Bourdieu, « La force du droit… », op. cit.
7. Jacques Commaille, L’Esprit sociologique des lois…, op. cit., p. 212 sq.
8. Ibid., p. 212.
9. Jacques Lagroye, op. cit., p. 414 et 419.
10. Pierre Brunet, « Argument sociologique et théories de l’interprétation :
beaucoup d’interprétation, très peu de sociologie », Université Paris Ouest Nanterre,
multigr., 2014.
11. Liora Israël, « Conseils de sociologues. Bruno Latour et Dominique Schnapper,
face au droit », Genèses, 2/2012, p. 147-148. L’auteure se réfère ici au juge américain
Benjamin N. Cardozo qui fut notamment juge à la Cour suprême américaine et à son
ouvrage Nature of the Judicial Process, New Haven, Yale University Press, 1921
(trad. fr. : La Nature de la décision judiciaire, Paris, Dalloz, coll. Rivages du droit, 2011).
12. Alain Bancaud, La Haute Magistrature judiciaire entre politique et sacerdoce ou
le culte des vertus moyennes, Paris, LGDJ, coll. Droit et Société, 1993, p. 221-222.
13. Cité par Louis Assier-Andrieu, L’Autorité du passé. Essai anthropologique sur la
Common Law, Paris, Dalloz, 2011, p. 237.
14. Ibid., p. 237.
15. Ibid., p. 237.
16. Antoine Garapon, Le Gardien des promesses. Justice et démocratie, Paris, Odile
Jacob, 1996.
17. Louis Assier-Andrieu, Les Avocats. Identité, culture et devenir, Paris, Gazette du
Palais / Lextenso éditions, 2011, p. 76-77.
18. Ibid., p. 19.
19. Lucien Karpik, « Lawyers and Politics in France, 1814-1950 : the State, the
Market, and the Public », Law & Social Inquiry, vol. 13, no 4, Fall 988, p. 732.
20. Hippolyte Taine, Les Origines de la France contemporaine, Paris, Hachette,
1875, cité par Louis Assier-Andrieu, Les Avocats…, op. cit., p. 38.
21. Louis Assier-Andrieu, Les Avocats…, op. cit., p. 18.
22. Talcott Parsons, « The Professions and the Social Structure », Social Forces,
o
n 4, vol. 17, p. 457-467.
23. Lucien Karpik, Les Avocats. Entre l’État, le public et le marché, XIIIe-XXe siècle »,
Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque des sciences humaines, 1995, p. 90-91, p. 160. Voir
également du même auteur : « Le désintéressement », Annales. Économies, sociétés,
civilisations, no 3, 1989, p. 733-751.
24. Ernest-Guillaume Cresson, Abrégé des usages et règles de la profession d’avocat,
Paris, L. Larose, 1896, p. 133, cité par Anne Boigeol, « De l’idéologie du
désintéressement chez les avocats », Sociologie du travail, no 1, janvier-mars 1981, p. 78.
25. Julien Freund, Sociologie de Max Weber, Paris, PUF, coll. Sup, 1968.
26. Mauricio García Villegas, « On Pierre Bourdieu’s Legal Thought », Droit et
Société, no 56-57/2004, p. 67.
27. Jacques Commaille, L’Esprit sociologique des lois…, op. cit. (voir notamment
p. 22-27).
28. Georges Ripert, Les Forces créatrices du droit, Paris, LGDJ, 1955, p. 27.
29. Ibid., p. 2.
30. Jacques Commaille, L’Esprit sociologique des lois…, op. cit., p. 26.
31. Lawrence Friedman, The Legal System. A Social Science Perspective, New York,
Russel Sage Foundation, 1975.
32. L’expression « sociological jurisprudence » renvoie à une théorie du droit où la
décision du juge tend à être située par rapport à la société dans laquelle elle s’inscrit. Il
s’agit d’un courant de théorie du droit qui s’oppose au formalisme juridique.
33. Oliver Wendel Holmes, The Common Law, Boston, Little, Brown & Co, 1881,
p. 1.
34. Louis Assier-Andrieu, Les Avocats…, op. cit., p. 78.
35. Ibid., p. 78.
36. Frédéric Audren et Jean-Louis Halpérin, La Culture juridique française…,
op. cit. Remarquons néanmoins que les auteurs s’attachent dans cet ouvrage, à l’opposé
d’une conception monolithique de la culture juridique française, à démontrer
« l’extrême variété et les profondes transformations des cultures juridiques qui ont
elles-mêmes accompagné les évolutions complexes de l’ordre juridique français »
(p. 14).
37. Mauricio García Villegas, « On Pierre Bourdieu’s Legal Thought », op. cit.,
p. 57-71.
38. Martin Shapiro, « Juridicialization of Politics in the United States »,
International Political Science Review, vol. 15, no 2, 1994, p. 101-112.
39. Donald L. Horowitz, The Courts and Social Policy, Washington, The Brookings
Institution, 1977.
40. Christopher E. Smith, Courts, Politics and the Judicial Process, Chicago,
Nelson-Hall Publishers, 1997, 2e éd., p. 16-17.
41. Herbert Jacob et al., Courts, Law and Politics in Comparative Perspective,
New Haven – Londres, Yale University Press, 1996, p. 78.
42. Henry R. Glick, Courts, Politics and Justice, New York, McGraw Hill, 1983,
p. X.
43. Talcott Parsons, « The Law and Social Control », in William M. Evan (éd.),
Law and Sociology. Exploratory Essays, III, Glencoe, Free Press, 1962, p. 56-72.
44. Louis Assier-Andrieu, Les Avocats…, op. cit., p. 72.
45. Dans les pays anglophones, le terme « lawyer » est utilisé fréquemment pour
désigner la profession d’avocat. Toutefois, son sens est plus général dans la mesure où il
peut être appliqué à toute personne qui pratique le droit, cela dans différentes
fonctions. Ces fonctions auxquelles est accolé le terme de « lawyer » peuvent varier
suivant les pays anglophones concernés. Voir David S. Clark (éd.), Encyclopedia of Law
and Society. American Global Perspectives, vol. 2, Los Angeles – Londres – New Delhi –
Singapour, SAGE Publications, 2007, p. 930-937.
46. Aude Lejeune, « Les professionnels du droit comme acteurs du politique :
revue critique de la littérature nord-américaine et enjeux pour une importation en
Europe continentale », Sociologie du travail, no 53, 2011, p. 220.
47. Austin Sarat et Stuart A. Scheingold (éd.), Cause Lawyering. Political
Commitments and Professional Responsabilities, Oxford – New York, Oxford University
Press, 1998 ; Austin Sarat et Stuart A. Scheingold (éd.), Cause Lawyering and the State
in a Global Era, New York, Oxford University Press, 2001 ; Austin Sarat et Stuart A.
Scheingold (éd.), The Worlds Cause Lawyers Make. Structure and Agency in Legal
Practice, Stanford, Stanford University Press, 2005. Voir également la présentation en
français des travaux de ce courant par : Liora Israël, « Usages militants du droit dans
l’arène judiciaire : le cause lawyering », Droit et Société, no 49/2001, p. 793-824.
48. Stuart A. Scheingold, The Politics of Rights…, op. cit., p. 148.
49. Liora Israël, « Usages militants du droit… », op. cit., p. 795-796.
50. Liora Israël, « Cause Lawyering », in André-Jean Arnaud (dir.), Dictionnaire de
la globalisation, op. cit., p. 58. Cet auteur fait notamment référence à la thèse soutenue
dans l’ouvrage : Yves Dezalay et Bryant Garth, La Mondialisation des guerres de palais.
La restructuration du pouvoir d’État en Amérique latine, entre notables du droit et
« Chicago Boys », Paris, Seuil, 2002.
51. Brigitte Gaïti et Liora Israël, « Sur l’engagement du droit dans la construction
des causes », Politix, vol. 16, no 62, 2003, p. 22.
52. Stuart Scheingold, The Politics of Rights, op. cit., p. 153.
53. Malcolm F. Feeley et Edward L. Rubin, Judicial Policy Making and the Modern
State. How the Courts Reformed America’s Prisons, Cambridge – New York, Cambridge
University Press, 1998.
54. Sur la sensibilité à l’appartenance sociale ou ethnique, voir par exemple :
Nicolas Herpin, L’Application de la loi. Deux poids, deux mesures, Paris, Seuil, 1977 ; sur
l’influence des représentations sociales des juges en ce qui concerne les appartenances
sociales, culturelles, de sexe, voir par exemple : Émilie Biland, Céline Bessière et
Aurélie Fillod-Chabaud, « Résidence alternée : la justice face aux rapports sociaux de
sexe et de classe », Lien social et politiques, no 69, 2013, p. 125-143 ; Le Collectif Onze,
Au tribunal des couples. Enquête sur des affaires familiales, Paris, Odile Jacob, 2013 ;
Émilie Biland et Gabrielle Schütz, « Tels pères, telles mères ? La production des
déviances parentales par la justice familiale québécoise », Genèses, no 97, 4/2014, p. 26-
46 ; sur l’influence des systèmes de valeurs des juges, voir par exemple : « La justice
dans la gestion du social », Droit et Société, no 81, 2012, p. 281-380 ; sur l’influence de
variables structurelles comme la maîtrise ou l’expérience du procès du côté des
justiciables, voir : Marc Galanter, « Pourquoi c’est toujours les mêmes qui s’en sortent
bien : réflexions sur les limites de la transformation par le droit », Droit et Société, no 85,
2013, p. 575-640 [1re éd. : « Why the ‘Haves’ Come Out Ahead : Speculations on the
Limits of Legal Change », Law & Society Review, 33 (4) 1974, p. 95-160].
55. Pierre Bourdieu, « Les juristes, gardiens de l’hypocrisie collective », in François
Chazel et Jacques Commaille (dir.), Normes juridiques et régulation sociale, Paris, LGDJ,
coll. Droit et Société, 1991, p. 95-99.
56. Julie Fette, Exclusions. Practicing Prejudice in French Law and Medicine, 1920-
1945, New York, Cornell University Press, 2012.
57. Voir en particulier : Yves Dezalay et Bryant Garth, La Mondialisation des
guerres du palais, op. cit.
58. Yves Dezalay et Bryant Garth, « State Politics and Legal Markets »,
Comparative Sociology, no 10, 2011, p. 38-66. Même s’il semble décroître aux États-Unis
et au Royaume-Uni où il s’est d’abord développé et si plus d’un tiers des avocats
français exercent encore en solo. Voir : Louis Assier-Andrieu, Les Avocats, op. cit.,
p. 161.
59. Louis Assier-Andrieu, op. cit., p. 56.
60. Martin Shapiro et Alec Stone Sweet, On Law, Politics and Judicialization,
op. cit., p. 155.
61. Julie Allard et Antoine Garapon, Les Juges dans la mondialisation. La nouvelle
révolution du droit, Paris, Seuil, coll. République des idées, 2005, p. 43.
62. Yves Dezalay et Bryant Garth, La Mondialisation des guerres du palais, op. cit.
63. Jacques Commaille, « Justice et globalisation », in André-Jean Arnaud (dir.),
Dictionnaire de la globalisation, op. cit.
64. Ibid.
65. Ugo Mattei et Luca G. Pes, « Civil Law and Common Law : Toward
Convergence », in Keith E. Whittington, R. Daniel Kelemen et Gregory A. Caldera (éd.),
The Oxford Handbook of Law and Politics, Oxford, Oxford University Press, 1998,
p. 267-280.
66. Louis Assier-Andrieu, L’Autorité du passé…, op. cit., p. 247.
67. Julie Allard et Antoine Garapon, Les Juges dans la mondialisation, op. cit.,
p. 54.
68. Pierre Legrand, « Les systèmes juridiques européens ne convergent pas »,
International and Comparative Law Quarterly, 1996, 45, p. 62, cité par Louis Assier-
Andrieu, L’Autorité du passé…, op. cit., p. 245.
69. Louis Assier-Andrieu, L’Autorité du passé…, p. 191.
70. En référence à l’historien du droit et constitutionnaliste Adhémar Esmein cité
par Louis Assier-Andrieu, L’Autorité du passé, op. cit., p. 237.
71. On trouvera une analyse de ces rapports des professionnels au marché et au
pouvoir dans : Pierre Tripier, Claude Dubar et Valérie Boussard, Sociologie des
professions, Paris, Armand Colin, coll. U, 2011.
72. Jean-Louis Halpérin, Histoire des droits en Europe de 1750 à nos jours, Paris,
Flammarion, coll. Champs, 2004, p. 334, cité par Louis Assier-Andrieu, Les Avocats.
Identité, culture et devenir, op. cit.
73. Herbert Jacob et al., Courts, Law and Politics in Comparative Perspective,
New Haven – Londres, Yale University Press, 1996.
74. Louis Assier-Andrieu, Les Avocats…, op. cit., p. 111 ; voir également Herbert
Jacob et al., op. cit.
75. André-Jean Arnaud, Les Juristes face à la société du XIXe siècle à nos jours, Paris,
PUF, 1975, p. 212.
76. Xavier Dupré de Boulois et Martine Kaluszynski (dir.), Le Droit en
révolution(s), op. cit.
77. Liora Israël, « Une critique du droit en actes. Engagements et pratiques des
juristes de gauche dans les années 1970 », in Xavier Dupré de Boulois et Martine
Kaluszynski (dir.), op. cit., p. 47.
78. Frédéric Audren, « L’histoire à contre-courant. Discipline et indiscipline dans
la section d’histoire du droit (1970-1990) », in Xavier Dupré de Boulois et Martine
Kaluszynski (dir.), op. cit., p. 63.
79. Ibid., p. 64.
80. Ibid., p. 55.
81. Ibid., p. 66.
82. Nader Hakim, « Droit privé et courant critique : le poids de la dogmatique
juridique », in Xavier Dupré de Boulois et Martine Kaluszynski (dir.), op. cit., p. 83
(citation elle-même rapportée par Pierre Legendre, « Méditation sur l’esprit libéral. La
leçon d’Édouard de Laboulaye, juriste-témoin », Revue du droit public et de la science
politique, no 1, 1971, p. 96).
83. André-Jean Arnaud, Les Juristes face à la société…, op. cit., p. 157.
84. Christian Revon, « Les usagers et les professionnels de la justice. Autour des
pratiques de la boutique de droit du XIXe », Actes, no 15, 1977, cité par Liora Israël,
« Une critique du droit en actes… », op. cit., p. 44-45.
85. Sur toutes ces questions soulevées par la médiation, voir, notamment : Étienne
Le Roy, « Médiation : mode d’emploi », Droit et Société, no 29, 1995, p. 39-55 ; Gilda
Nicolau, « Éprouver le droit, instituer la vie ? Médiation et cadre judiciaire »,
in Christoph Eberhard et Geneviève Vernicos (dir.), La Quête anthropologique du droit.
Autour de la démarche d’Étienne Le Roy, Paris Karthala, 2006, p. 311-331 ; Jean-Pierre
Bonafé-Schmitt, La Médiation pénale en France et aux États-Unis, Paris, LGDJ-Lextenso
éditions, coll. Droit et Société, série Classics, 2010 ; Michèle Guillaume-Hofnung, La
Médiation, Paris, PUF, coll. Que sais-je ?, 2012, 6e éd. ; Jacques Faget, Médiation. Les
ateliers silencieux de la démocratie, Toulouse, Érès, 2010 ; Camila Silva Nicácio,
Médiation et émergence du droit. Pour un paradigme de la complexité juridique, Thèse en
droit de l’université de Paris Panthéon-Sorbonne, 2012.
86. Christopher E. Smith, Courts, Politics and the Judicial Process, op. cit., p. 185-
186.
87. Jean-Pierre Nandrin, op. cit., p. 12.
88. Louis Assier-Andrieu, « La cité doit-elle produire la société ? Cohérences
institutionnelles et politiques de cohésion sociale à Perpignan », in Louis Assier-
Andrieu et al., Éléments d’analyse de la politique de la ville à Perpignan, Perpignan,
ICRESS, mars 1997, multigr., p. 12.
89. Louis Gruel, ibid., p. 131.
90. Louis Assier-Andrieu, « La cité doit-elle produire la société ?… », op. cit., p. 93.
91. Ibid., p. 133.
92. Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, Paris, Gallimard, 1961,
t. I, p. 404 (1re éd. 1835), cité par Louis Assier-Andrieu, Les Avocats…, op. cit., p. 120.
93. Xavier Rousseaux, Le Sanglot judiciaire, op. cit.
94. Carol J. Greenhouse, « Courting Difference. Issues of Interpretation and
Comparison in the Story of Legal Ideologies », Law and Society, 22, 4, 1988.
95. Jerold S. Auerbach, Justice without Law ? Resolving Disputes without Lawyers,
op. cit., p. 40.
96. Patrick Pharo, Le Sens de la justice. Essais de sémantique sociologique, Paris,
PUF, coll. Sociologies, 2001.
97. François Dubet et al., Injustices. L’expérience des inégalités au travail, Paris,
Seuil, 2006.
98. Luc Boltanski et Laurent Thévenot, De la justification. Les économies de la
grandeur, Paris, Gallimard, 1991.
99. Patrick Pharo, Le Civisme ordinaire, Paris, Librairie des Méridiens, 1985. Du
même auteur : Politique et savoir-vivre. Enquête sur les fondements du lien civil, Paris,
L’Harmattan, 1991.
100. Patrick Pharo, Le Civisme ordinaire…, op. cit., p. 104.
101. Louis Pinto, « Du “pépin” au litige de consommateur. Une étude du sens
juridique ordinaire », Actes de la recherche en sciences sociales, no 1, vol. 76, 1989, p. 65-
81 ; Christian Bessy et Olivier Favereau, « Institutions et économie des conventions » et
« Qu’a-t-on appris sur les institutions ? », Cahiers d’économie politique, no 44,
printemps 2003, p. 119-164.
102. Luc Boltanski, L’Amour et la justice comme compétences, op. cit.
103. Isabelle Astier, « Présentation », dossier « Les magistratures sociales », Droit
et Société, no 44/45, 2000, p. 85-155.
104. Alexis Spire, Étrangers à la carte. L’administration de l’immigration en France
(1945-1975), Paris, Grasset, 2005.
105. Ibid., p. 358.
106. Ibid.
107. Ibid., p. 364.
108. Sylvain Laurens, Hauts fonctionnaires et immigration en France (1962-1981).
Socio-histoire d’une domination à distance, Thèse, EHESS, 2006.
109. Michael Lipsky, Street-Level Bureaucracy. Dilemmas of the Individual in Public
Services, New York, Russel Sage Foundation, 1980.
110. Voir par exemple : Jean-Marc Weller, « Une controverse au guichet : vers une
magistrature sociale ? », Droit et Société, no 44-45, 2000, p. 91-109 ; Vincent Dubois, La
Vie au guichet. Relation administrative et traitement de la misère, Paris, Economica, coll.
Études politiques, 3e éd., 2010 (1re éd. 2008) ; Luc-Henry Choquet et Isabelle Sayn,
« Droit de la sécurité sociale et réalité de l’organisation : l’exemple de la branche
Famille », Droit et Société, no 44-45, 2005, p. 111-125 ; Jacques Commaille, Misères de la
famille, question d’État, Paris, Presses de Sciences Po, 1996.
111. Jean-Gabriel Contamin, Emmanuelle Saada, Alexis Spire et Katia Weidenfeld,
Le Recours à la justice administrative. Pratiques des usagers et usages des institutions,
Paris, La Documentation française, coll. Perspectives sur la justice, 2008.
112. Claire de Galembert, recension de l’ouvrage de Jean-Gabriel Contamin et al.,
Le Recours à la justice, op. cit., Droit et Société, no 77, 2011, p. 214-218.
113. Sur cette question, voir particulièrement : Lauren B. Edelman, « Legal
Ambiguity and Symbolic Structure : Organizational Mediation of Civil Rights »,
American Journal of Sociology, no 97, 1992, p. 15-67 ; Robin Stryker, « Dispute Impact
and the Quota Debates : Law, Labor Market, Sociology, and Equal Employment
Practices », The Sociological Quarterly, 42/1, 2001, p. 13-46 ; Jérôme Pélisse,
« Judiciarisation ou juridicisation ? Usages et réappropriations du droit dans les
conflits du travail », Politix, no 86, p. 73-96.
114. Luc Boltanski et Laurent Thévenot, op. cit. ; Vincent-Arnaud Chappe, « La
qualification juridique est-elle soluble dans le militantisme ? Tensions et paradoxes au
sein de la permanence juridique d’une association antiraciste », Droit et Société, dossier
« De la critique du capitalisme à la réalisation de la démocratie par le droit ? », no 76,
2010, p. 543-567.
115. René Sève et Iannos Papadopoulos, « La conception américaine de la
justice », Philosophie politique, no 9, 1998, p. 96.
116. À l’Assemblée nationale, M. Thouret, au nom du comité de constitution, en
vue de l’institution de la justice de paix, justifiera ainsi cette exclusion et cette
suppression : « Le comité s’est attaché d’abord à exclure les praticiens non seulement
de l’instruction des affaires portées en la justice de paix, mais encore du premier acte
par lequel les procès s’introduisent, et même de la faculté de représenter des parties en
vertu de leurs pouvoirs particuliers. Sans cette précaution, dont l’intérêt se fait sentir
sans effort, la pureté et la simplicité de l’institution ne pourraient pas être garanties
d’une altération prochaine » (Augustin-Charles Guichard, Code de la Justice de paix,
p. 26-27).
117. Titre II « Des juges en général » des lois sur l’organisation judiciaire du
16 août 1790 : art. 2, « La vénalité des offices de judicature est abolie pour toujours, les
juges rendront gratuitement la justice, et seront salariés par l’État » ; art. 3, « Les juges
seront élus par les justiciables » (Jean-Baptiste Duvergier, Collection complète des lois,
décrets, ordonnances et règlements et avis du Conseil d’État, Paris, 1825-1900, vol. 1,
p. 310-311).
118. Jacques Commaille, « Les formes de justice comme mode de régulation de la
famille, questions sociologiques posées par les tribunaux de famille sous la Révolution
française », in La Famille, la Loi, l’État. De la Révolution au Code civil, textes réunis et
présentés par Irène Théry et Christian Biet, Imprimerie nationale, Centre Georges-
Pompidou, 1989, p. 274-289.
119. Dominique Vernier, Jury et démocratie…, op. cit.
120. Mona Ozouf, « Esprit public », in François Furet et Mona Ozouf (dir.),
Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, Flammarion, 1988, p. 508-519.
121. Pierre Lascoumes, « L’illégalisme, outil d’analyse », in Rémi Lenoir (dir.),
Michel Foucault. Surveiller et punir : la prison vingt ans après, Paris, CREDHESS, 1996.
122. Pierre Rosanvallon, La Légitimité démocratique. Impartialité, réflexivité,
proximité, Paris, Seuil, 2008.
123. Ibid., p. 271-272.
124. Louis Assier-Andrieu, Les Avocats…, op. cit., p. 98.
125. Laurent Willemez, « Engagement professionnel et fidélités militantes. Les
avocats travaillistes dans la défense judiciaire des salariés », Politix, vol. 16, no 62/2003,
p. 164. Voir également sur cette fonction de passeur des professionnels du droit entre le
social, le juridique et le politique : Vincent-Arnaud Chappe, L’Égalité en procès.
Sociologie politique du recours au droit contre les discriminations au travail, Thèse,
École normale supérieure de Cachan, 2013.
126. Daniel Mouchard, Être représenté. Mobilisations d’« exclus » dans la France des
années 1990, Paris, Economica, 2009.
e e
127. Lucien Karpik, Les Avocats. Entre l’État, le public et le marché, XIII -XX siècle,
op. cit.
128. Lucien Karpik, « Lawyers and Politics in France, 1814-1950 : The State, the
Market, and the Public », op. cit., p. 713-715.
129. Ibid., p. 735.
130. Ibid., p. 722.
131. Yves Dezalay et Bryant Garth, La Mondialisation des guerres du palais, op. cit.
132. Louis Assier-Andrieu, Les Avocats…, op. cit., p. 729. D’autres auteurs
montrent également en quoi la condition de professionnels du droit peut
particulièrement favoriser l’accès à des positions politiques ou comment des
professionnels du droit prospèrent « à l’ombre du pouvoir d’État ». Voir notamment :
Yves Dezalay et Bryant Garth, La Mondialisation des guerres du palais, op. cit.
133. Yves-Henri Gaudemet, Les Juristes et la vie politique de la IIIe République,
Paris, PUF, 1970.
134. Terence C. Halliday et Lucien Karpik (éd.), Lawyers and the Rise of Western
Political Liberalism, Oxford – New York, Oxford University Press, 1997 ; Terence C.
Halliday, Lucien Karpik et Malcolm M. Feeley (éd.), Fighting for Political Freedom.
Comparative Studies of the Legal Complex and Political Liberalism, Oxford and Portland
Oregon, Hart Publishing, “Oñati International Series in Law and Society”, 2007.
135. Terence C. Halliday, Lucien Karpik et Malcolm M. Feeley (éd.), op. cit., p. 12.
136. Richard Abel, « Lawyers for Liberalism : Axiom, Oxymoron, or Accident ? »,
Books on Law, Book Reviews, nov. 1998, p. 9-15
137. Richard Abel, « Contesting Legality in the United States After September 11 »,
in Terence C. Halliday, Lucien Karpik et Malcolm M. Feeley (éd.), op. cit., p. 361-399.
138. Zühtü Arslan, « Reluctantly Sailing Towards Political Liberalism : The
Political Role of the Judiciary in Turkey », in Terence C. Halliday, Lucien Karpik et
Malcolm M. Feeley (éd.), op. cit., p. 242-243.
139. Ibid., p. 243.
140. Lisa Hilbink, « Policising Law to Liberalise Politics : Anti-Franquist Judges
and Prosecutors in Spain’s Democratic Transition », in Terence Halliday, Lucien
Karpik et Malcolm M. Feeley (éd.), op. cit., p. 403.
141. Gad Barzilai, « The Ambivalent Language of Lawyers in Israel : Liberal
Politics, Economic Liberalism, Silence and Dissent », in Terence Halliday, Lucien
Karpik et Malcolm M. Feeley (éd.), op. cit., p. 247-277.
142. Daniel M. Brinks, « The Legal Complex and the Response to Police Violence
in South America », in Terence Halliday, Lucien Karpik et Malcolm M. Feeley (éd.),
op. cit., p. 310.
143. Yves Dezalay et Bryant Garth, La Mondialisation des guerres du Palais, op. cit.
144. Daniel M. Brinks, op. cit.
145. Carlo Guarnieri, « Lawyers and Statist Liberalism in Italy », in Terence C.
Halliday, Lucien Karpik et Malcolm M. Feeley (éd.), op. cit., p. 439-461.
146. Timothy Tackett, Par la volonté du peuple. Comment les députés de 1789 sont
devenus révolutionnaires, Paris, Albin Michel, 1997, p. 293.
147. Lucien Karpik, « Lawyers and Politics in France, 1814-1950… », op. cit.
148. Yves-Henri Gaudemet, Les Juristes et la vie politique de la IIIe République,
Paris, PUF, 1970.
149. Gilles Le Bègue, La République des avocats, Paris, Armand Colin, 2003.
150. Guillaume Sacristie, La République des constitutionnalistes. Professeurs de
droit et légitimation de l’État en France (1870-1914), Paris, Presses de Sciences Po, coll.
Droit, 2011, p. 251.
151. Liora Israël, Robes noires, années sombres. Avocats et magistrats en résistance
pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris, Fayard, 2005.
152. Jacques Commaille, L’Esprit sociologique des lois…, op. cit. Voir également :
CURAPP, La Doctrine juridique, Paris, PUF, 1993.
153. Michèle-Laure Rassat, « Propos critiques sur la loi du 3 janvier 1972 portant
réforme du droit de la filiation », Revue trimestrielle de droit civil », 72, 2, avril-
juin 1973.
154. Ibid., p. 13.
155. Ibid., p. 15.
156. Liora Israël, Robes noires, années sombres…, op. cit.
157. Ibid.
158. Mark Osiel, « Dialogue with Dictators : Resistance in Argentina and Brazil »,
Law and Social Inquiry, 20, no 2, Spring 1995, p. 481-550.
159. Ibid., p. 505.
160. Antoine Vauchez, L’Institution judiciaire remotivée. L’institutionnalisation
d’une « nouvelle justice » en Italie (1960-2000), Paris, LGDJ, coll. Droit et Société, 2004.
161. Antoine Vauchez, « La magistrature dans l’espace public. Éléments pour une
analyse du rôle politique des juges dans l’Italie contemporaine », Magistrature et
politique, 2/2001, ENS Éditions, p. 71-87.
162. Ibid., p. 82.
163. Ibid., p. 82.
164. Fu Hualing et Richard Cullen, « Weiquan (Rights Protection) Lawyering in an
Authoritarian State : Building a Culture of Public-Interest Lawyering », The China
Journal, no 59, January 2008, p. 111-127.
165. Anne-Marie Slaughter, « Judicial Globalization », Virginia Journal of
International Law, vol. 40, 1999-2000, p. 1102-1124 ; du même auteur : « A Global
Community of Courts », Harvard International Law Journal, 44/1, 2003, p. 191-219.
166. Anne-Marie Slaughter, « Judicial Globalization », op. cit.
167. Yves Dezalay et Bryant Garth, La Mondialisation des guerres de palais…,
op. cit.
168. The World Bank, Doing Business in 2004. Understanding Regulation,
Washington – Oxford, The World Bank International Finance Corporation / Oxford
University Press, 2003. Voir également Jean-François Gaudreault-DesBiens, « La
critique économiste de la tradition romano-germanique », Revue trimestrielle de droit
civil, 4, 2010, p. 683-704.
169. Laurence R. Helfer et Anne-Marie Slaughter, « Toward a Theory of Effective
Supranational Adjudication », Yale Law Journal, vol. 107, 1997-1998, p. 273-391.
170. Stanley Hoffmann, « World Governance : Beyond Utopia », Daedalus, 132/1,
2003, p. 27-35.
171. Anne-Marie Slaughter, « Judicial Globalization », op. cit.
172. Alain Supiot, L’Esprit de Philadelphie, op. cit. ; Amartya Sen, L’Idée de justice,
Paris, Flammarion, 2010.
173. Ran Hirschl, Towards Juristocracy. The Origins and Consequences of the New
Constitutionnalism, Cambridge (Mass.) – Londres, Harvard University Press, 2004.
174. Ibid.
175. Bastien François, « Une revendication de juridiction. Compétence et justice
dans le droit constitutionnel de la Ve République », Politix, no 10-11, vol. 3, 1990, p. 92-
109.
176. Jacques Commaille et Laurence Dumoulin, « Heurs et malheurs de la légalité
dans les sociétés contemporaines. Une sociologie politique de la “judiciarisation” »,
L’Année sociologique, no 1, vol. 59, 2009, p. 63-107.
177. Jacques Commaille, « Les formes de justice comme mode de régulation de la
famille… », op. cit.
178. Élisabeth Claverie, « De la difficulté de faire un citoyen : les acquittements
scandaleux du jury dans la France provinciale du début du XIXe siècle », Études rurales,
juillet-décembre 1984, p. 95-96. Notons ici, dans le cadre de la longue histoire entre
justice professionnelle et justice populaire, que la possibilité d’appel pour les procès de
cours d’assises, introduite en France par la loi du 15 juin 2000, a redonné du poids à la
référence juridique par rapport aux critères de jugement des jurés.
179. Pierre Cam, Les Prud’hommes : juges ou arbitres ? Les fonctions sociales de la
justice du travail, Paris, Presses de la FNSP, 1981, p. 69.
180. Andrew Abbott, The System of Professions. An Essay on the Division of Expert
Labour, Chicago, The University of Chicago Press, 1988.
181. Ibid.
182. Antoine Pélicand, Des juges profanes. Juges de paix et juges de proximité au défi
de l’intégration judiciaire, Thèse de doctorat en sociologie, Université de Nantes,
14 octobre 2013.
183. Florent Champy, La Sociologie des professions, Paris, PUF, coll. Quadrige
manuels, 2009.
184. Thomas Le Bianic et Antoine Vion (dir.), Action publique et légitimités
professionnelles, LGDJ-Lextenso éditions, coll. Droit et Société, série Politique, 2008.
185. Christophe Jamin, La Cuisine du droit. L’École de droit de Sciences Po : une
expérimentation française, Paris, LGDJ-Lextenso éditions, coll. Forum, 2012.
186. James R. Maxeiner, « Integrating Practical Training and Professional Legal
Education », in Jan Klabbers et Mortimer N.S. Sellers (éd.), The Internationalization of
Law and Legal Education, Dordrecht, Springer, 2008, cité par Myriam Aït-Aoudia et
Rachel Vanneuville, « Le droit saisi par son enseignement. Présentation du dossier »,
Droit et Société, no 83/2013, p. 9.
187. Myriam Aït-Aoudia et Rachel Vanneuville, op. cit., p. 15.
188. Émilie Biland et Liora Israël, « À l’école du droit : les apports de la méthode
ethnographique à l’analyse de la formation juridique », Les Cahiers de Droit, no 3-4,
vol. 52, sept.-déc. 2011, p. 619.
189. Ibid., p. 651-652.
190. Ce dont une analyse des manuels de droit porte témoignage : Anne-Sophie
Chambon (dir.), Histoire des manuels de droit. Une histoire de la littérature juridique
comme forme du discours universitaire, Paris, LGDJ, 2014.
191. Ibid, p. 632.
192. Voir, par exemple : New Legal Realism Symposium, Law & Social Inquiry,
o
n 4, 2006.
193. Elizabeth Mertz, The Language of Law School. Learning to ‘Think like a
Lawyer’, Oxford – New York, Oxford University Press, 2007. Voir la présentation et les
commentaires sur cet ouvrage : Liora Israël « L’apprentissage du droit. Une approche
ethnographique », rubrique « À propos de… », Droit et Société, no 83/2013, p. 179-192.
Sur cette question de la formation au droit, voir également l’histoire des facultés de
droit en France dans : Frédéric Audren et Jean-Louis Halpérin, La Culture juridique
française…, op. cit.
194. Duncan Kennedy, L’Enseignement du droit et la reproduction des hiérarchies.
Une polémique autour du système, Montréal, Lux éditeur, coll. Lettres libres, 2010
(publication originale : « Legal Education and the Reproduction of Hierarchy :
A Polemic Against the System », Journal of Legal Education, 32, 1982, p. 591-615).
195. Florent Champy, Nouvelle théorie sociologique des professions, Paris, PUF,
coll. Le Lien social, 2011.
196. Ibid., p. 210.
197. Ibid., p. 210.
198. François Dubet, Le Déclin de l’institution, Paris, Seuil, coll. L’Épreuve des
faits, 2002.
199. Ce que laisse suggérer, au moins sous forme de risque, l’analyse en la matière
de Louis Assier-Andrieu, Les Avocats…, op. cit.
200. Florent Champy, op. cit., p. 214.
201. Jacques Commaille et Benoist Hurel, « La réforme de la justice française. Un
enjeu entre instrumentalisation et démocratie », Droit et Société, 78/2011, p. 391-404.
202. Louis Assier-Andrieu, Les Avocats…, op. cit.
203. Florent Champy, op. cit., p. 256.
204. Ibid., p. 256.
DEUXIÈME PARTIE
LE BOULEVERSEMENT
DES CONTEXTES DU DROIT
IV
LES TERRITOIRES DU DROIT
É É
257. Jacques Commaille, « De “l’État-Juriste” à “l’État-Manager”. La réforme de la
carte judiciaire française de 2008 : un nouveau modèle d’action publique sans droit ? »,
op. cit., p. 105.
258. Jean-Pierre Gaudin, Critique de la gouvernance. Une nouvelle morale
politique ?, La Tour d’Aigues, L’Aube, 2014, p. 181.
259. Ibid., p. 13.
260. Pierre Rosanvallon, L’État en France de 1789 à nos jours, Paris, Seuil, 1990.
261. Bruno Jobert, « Modes de médiation sociale et politiques publiques : le cas
des politiques sociales », L’Année sociologique, 40, 1990, p. 163.
262. Jacques Commaille, Territoires de justice…, op. cit.
263. Le décret simple n’est pas pris après avis du Conseil d’État mais seulement
avec l’avis du Comité technique paritaire des services judiciaires.
264. Jacques Caillosse, « Quel droit la gouvernance publique fabrique-t-elle ? »,
op. cit., p. 463-464.
265. Daniel Mockle, La Gouvernance, le Droit et l’État…, op. cit., p. 199.
266. Ibid., p. 11.
267. Ibid., p. 7-8.
268. Jacques Caillosse, La Constitution imaginaire de l’administration, Paris, PUF,
coll. Les Voies du droit, 2008, p. 273 et 317.
269. Patrice Duran, « L’impuissance publique… », op. cit., p. 10.
270. Lewis A. Kornhauser, L’Analyse économique du droit. Fondements juridiques
de l’analyse économique du droit, Paris, Michel Houdiard, coll. Les Sens du droit, 2010,
p. 103.
271. Pierre Legendre, Le Désir politique de Dieu. Études sur les montages de l’État et
du droit, Paris, Fayard, 1988, cité par Jacques Caillosse, La Constitution imaginaire…,
op. cit., 292.
272. Daniel Mockle, op. cit.
273. Ibid., p. 105.
274. Jacques Commaille, L’Esprit sociologique des lois…, op. cit.
275. Daniel Mockle, op. cit.
276. Pierre Lascoumes et Patrick Le Galès, « Instrument », in Laurie Boussaguet,
Sophie Jacquot et Pauline Ravinet (dir.), Dictionnaire des politiques publiques, op. cit.,
p. 332. Les auteurs font ici référence aux analyses de Bruno Jobert (dir.), Le Tournant
néolibéral en Europe, Paris, L’Harmattan, 1994.
277. Xavier de Larminat, Hors des murs. L’exécution des peines en milieu ouvert,
Paris, PUF, coll. Partage du savoir, 2014 ; Jean Danet, op. cit.
V
LES TEMPORALITÉS DU DROIT
VI
L’ORDRE POLITIQUE
VII
L’IDÉAL DÉMOCRATIQUE
ABADIE, Pauline N32
ABBOTT, Andrew N180
ABEL, Richard N136, N137, N168
ADDICOTT, Jeffrey F. N80
AGRIKOLIANSKY, Éric N69, N153, N162
AGUESSEAU, Henri François d’ 134, 264
AÏT-AOUDIA, Myriam N186, N187
ALBROW, Martin N2, N134, N55
ALLARD, Julie N61, N67, N156, N135, N3
ALTER, Karen J. N90
ALTHUSSER, Louis 31
ALVES DA FONSECA, Márcio N40, N78, N81, N83, N4
AMSELEK, Paul N18
ANGELL, Alan N94, N173
APTER, David E. N43
ARCHIBUGI, Daniele N49
ARCY, François d’ N54
ARENAS, Luis Carlos N129
ARENDT, Hannah 284, 317, 357, N93, N170, N61
ARNAUD, André-Jean N1, N28, N45, N17, N35, N14, N26, N95, N50, N63,
N75, N83, N91, N14, N17, N47, N60, N64, N68, N71, N167, N168,
N48, N60, N61
ARNAUD-DUC, Nicole N17
ARSLAN, Zühtü N138
ARTHURS, Harry N32
ASSER, W.D.H. N111
ASSIER-ANDRIEU, Louis N45, N4, N22, N24, N25, N13, N17, N20, N21, N34,
N44, N58, N59, N66, N68, N69, N70, N72, N74, N88, N90, N92,
N124, N132, N199, N202, N112, N115, N119, N39, N63, N78, N87,
N89, N181, N65
ASTIER, Isabelle N103
ATTAR, Mohsen al N80
AUDREN, Frédéric N92, N36, N78, N193, N7
AUERBACH, Jerold S. 125, N66, N95
AVERY, Michael N17
AZOULAI, Loïc N22
BACQUÉ, Marie-Hélène N44
BADIE, Bertrand N157
BADINTER, Robert N64
BAILLEAU, Francis N239
BAILLEUX, Antoine N141
BAIOCCHI, Gianpaolo N147
BANASZAK, Lee Ann N150
BANCAUD, Alain N12
BARREAU, Hervé N8
BARTHE, Yannick N27
BARZILAI, Gad N141
BASTARD, Benoît N116, N124, N127, N129, N137
BAUDOT, Pierre-Yves N222
BAUMAN, Zygmunt 255, N67
BEC, Colette N226, N7
BÉCHILLON, Denys de N173, N179
BELLEY, Jean-Guy N14, N23, N27, N31, N33, N34, N35, N48, N50, N59,
N64, N86, N62, N2, N69
BELLOT, Céline N230, N123
BELS, Marie N58, N72, N74
BENHABIB, Seyla N14
BENTHAM, Jeremy 58, 353
BERENI, Laure N22
BERGMANN, Werner N141
BERNARD, Nicolas N178
BERNHEIM, Emmanuelle N206, N230, N233, N121, N122, N164
BESSIÈRE, Céline N54
BESSIN, Marc N4, N55
BESSY, Christian N73, N101, N44, N95, N141
BEZÈS, Philippe N240
BHUIYAN, Md. Jahid Hossain N80
BIET, Christian N118
BILAND, Émilie N54, N188
BLACKSTONE, William 107
BLONDIAUX, Loïc N26
BOCOCK, Robert N72
BOIGEOL, Anne N24
BOLTANSKI, Luc N60, N98, N102, N114
BONAFÉ-SCHMITT, Jean-Pierre N85
BONNAFOUS-BOUCHER, Maria N33
BORGETTO, Michel N207, N209
BORRILLO, Daniel N136
BOSSY, Thibault N3
BOUCKAERT, Geert N240
BOULLÉE, Étienne-Louis 58
BOURDIEU, Pierre 30-33, 88, 91, 114, 279, 286, N7, N16, N43, N46, N48,
N101, N6, N55, N110, N223, N16, N108, N142, N145, N172, N182,
N188, N13
BOURETZ, Pierre N15
BOUSSAGUET, Laurie N3, N162, N167, N276, N38, N40
BOUSSARD, Valérie N71
BRANDEIS, Louis D. 69
BRAUDEL, Fernand 244, 268, N21, N107
BRINKS, Daniel M. N142, N144
BRODIE, Ian N108
BRUNET, Pierre N10
CADIET, Loïc N248
CAILLOSSE, Jacques N9, N21, N173, N176, N179, N187, N264, N268, N271,
N139
CALDERA, Gregory A. N65
CALLON, Michel N27
CAM, Pierre N179
CAMBACÉRÈS, Jean-Jacques-Régis de 245
CANNON, Mark W. N51, N197
CARBONNIER, Jean 20, 314, N13, N41, N94, N5, N24, N36, N42, N48, N98,
N99, N152, N53
CARDOZO, Benjamin N. N11
CARTUYVELS, Yves N228, N239, N128
CASSESE, Sabino N188
CATTO, Marie-Xavière N5, N65
CAVROIS, Marie-Luce N50
CEFAI, Daniel N180
CHAMBON, Anne-Sophie N190
CHAMBOREDON, Jean-Claude N16
CHAMPEIL-DESPLATS, Véronique N64
CHAMPY, Florent N183, N195, N200, N203
CHAPPE, Vincent-Arnaud N114, N125, N160
CHAUVAUD, Frédéric N65, N6
CHAUVIN, Sébastien N22
CHAZEL, François N46, N99, N101, N55, N53, N10, N26
CHECA, Sofia N147
CHELLE, Élisa N208, N215, N217, N251, N252, N120, N163
CHEMILLIER-GENDREAU, Monique N152, N167
CHÉROT, Jean-Yves N55, N56, N58, N60, N69, N93, N100, N53
CHESNAY, Catherine N230, N123
CHESNEAUX, Jean 260, N60, N70, N80, N84, N90, N151, N157, N189
CHEVALLIER, Jacques N34, N36, N164, N88
CHIAPELLO, Ève N44
CHOQUET, Luc-Henry N110
CHOWDHURY, Tareq M.R. N80
CLAM, Jean N49, N103
CLARK, David S. N45, N62
CLAVERIE, Élisabeth N178
COLLIOT-THÉLÈNE, Catherine 377-378, N37, N186, N7, N13, N125, N4, N71,
N27
COLSON, Aurélien N30
COLSON, Renaud N128
COMAN, Ramona N73
COMMAILLE, Jacques N1, N13, N17, N19, N46, N10, N11, N12, N40, N42,
N43, N70, N64, N99, N101, N7, N27, N30, N55, N63, N110, N118,
N152, N176, N177, N201, N12, N15, N16, N53, N90, N162, N165,
N206, N213, N216, N227, N239, N247, N256, N257, N262, N274, N52,
N93, N121, N180, N55, N72, N77, N93, N103, N116, N124, N131,
N133, N136, N139, N164, N166, N33, N1, N14, N16
CONANT, Lisa N95
CONSTANT, Benjamin 246, N34
CONTAMIN, Jean-Gabriel N111, N112
CORTEN, Olivier N74, N3
COSLOVSKY, Salo N2
COUSO, Javier A. N94, N173, N174
COUTU, Michel N32
COX, Rachel N230, N232
CRESPO BANCO, Maria Claudia N19
CRESSON, Ernest-Guillaume N24
CROWLEY, John N35, N41, N70
CUIN, Charles-Henry N15, N16
CULLEN, Richard N164
CURTIS, Dennis N55, N74
DALLE, Hubert N50
DAMON, Julien N218
DANET, Jean N239, N277, N125, N132, N136
DANTE ALIGHIERI 270
DAUMIER, Honoré 60
DAVIS, Kevin N73
DE ANGELIS, Massimo N102
DEBRÉ, Michel 161-162, N4, N5
DEDEK, Helge N25, N39
DE LEEUW, Magdalena N25
DELEUZE, Gilles 179, N32, N36, N81, N39
DELMAS-MARTY, Mireille 374, N63, N89, N52, N57, N58
DELPEUCH, Thierry N18, N73, N44, N95, N123, N141
DE MUNCK, Jean N31
DESROCHES, Dominique N179, N186
DE WAELE, Jean-Michel N73
DEWEY, John 368, N1, N36
DEZALAY, Yves N4, N50, N57, N58, N62, N131, N132, N143, N167, N154
DIDRY, Claude N3, N31
DJELIC, Marie-Laure N57, N65, N75, N78, N82, N84, N105, N106
DOMAT, Jean 323
DOMINGO, Rafael N51
DUBAR, Claude N71, N3, N15, N173
DUBET, François N97, N198, N1
DUBOIS, Christophe N2
DUBOIS, Vincent N110
DUFOUR, Alfred N61
DUFOURNET, Hélène N51
DUGUIT, Léon 19, N11
DUMOULIN, Laurence N18, N75, N176, N227, N118, N72, N77, N93, N103,
N123, N139
DUPONT, Christophe N30
DUPRÉ DE BOULOIS, Xavier N29, N76, N77, N78, N82
DUPRET, Baudouin N162
DURAN, Patrice N91, N15, N158, N160, N171, N177, N178, N181, N184,
N185, N188, N219, N220, N221, N269, N6, N11, N15, N126, N128,
N16
DURKHEIM, Émile 22, 26, 241, 245, 248, 281, 285, 311, N72, N52, N11,
N12, N150
DUVERGIER, Jean-Baptiste N117
DWORKIN, Ronald N26, N84
EBERHARD, Christoph N39, N85
EDELMAN, Lauren B. N113, N94
EDELMAN, Murray N12
EHRLICH, Eugen 69, 72, N13, N28
ELIAS, Norbert 242, N10, N17, N20
ELSTER, John N14
ENGEL, David M. N147, N25
ENGLE MERRY, Sally N16
EPP, Charles R. N81, N112, N114
EPSTEIN, Lee N204
ERALY, Alain N31
ERBÈS-SEGUIN, Sabine N169, N170
ESMEIN, Jean Hippolyte Emmanuel Esmein, dit Adhémar 99, N70
EVAN, William M. N43
EVANS-PRITCHARD, Ambrose 279
EVRARD, Aurélien N3
EWICK, Patricia N21, N72
FAGET, Jacques N85
FALK MOORE, Sally N26
FARCY, Jean-Claude N61, N67, N57
FASSIN, Éric N136
FAVEREAU, Olivier N101
FAVRE, Pierre N15
FEELEY, Malcolm M. N53, N134, N135, N137, N138, N140, N141, N142,
N145, N189, N237, N255
FELIX, Catherine N180
FEREJOHN, John N195, N99
FERLIE, Ewan N240
FERREIRA, António Casimiro N212
FERRERAS, Isabelle N31
FERRY, Jean-Marc N68
FETTE, Julie N56
FEUILLET, Brigitte N19
FIELD, Stewart N128
FIERRO, Annette N73
FILLIEULE, Olivier N69, N153
FILLOD-CHABAUD, Aurélie N54
FITZPATRICK, Peter N104, N114, N79
FOUCAULT, Michel 29-32, 58, 86, 207, 276, 288, 380, 383-384, N31, N40,
N41, N45, N47, N54, N78, N80, N135, N79
FOUILLEUX, Ève N25
FOURNIER, Bernard N100
FOYER, Jean N4
FRANÇOIS, Bastien N175, N54, N2
FRASER, Nancy N43
FRENCH, Rebecca R. N6
FREUND, Julien N25
FRIEDMAN, Lawrence M. N31, N111, N116, N120, N130
FROUVILLE, Olivier N66, N67
FRYDMAN, Benoît N55, N56, N58, N60, N69, N93, N100, N53, N72, N75,
N79
FU Hualing N164
FURET, François N120
GABORIAU, Simone N93, N109
GAGNÉ, Natacha N230, N138
GAGNON, Alain-G. N20
GAÏTI, Brigitte N51, N148, N18
GALANTER, Marc N54, N165
GALEMBERT, Claire de N18, N48, N44, N112
GARAPON, Antoine N52, N76, N16, N61, N67, N71, N156, N133, N78, N39
GARCÍA VILLEGAS, Mauricio N42, N6, N7, N8, N20, N12, N18, N19, N26, N37
GARDELLA, Édouard N180, N184
GARTH, Bryant N4, N50, N57, N58, N62, N131, N132, N143, N167, N154
GAUCHET, Marcel N97, N171, N6
GAUDEMET, Yves-Henri N133, N148
GAUDIN, Jean-Pierre N170, N258, N70
GAUDREAULT-DESBIENS, Jean-François N168, N21
GAULLE, Charles de 54, N44, N56
GAUTNEY, Heather N132, N137, N139, N140, N147, N49
GEERTZ, Clifford 76, 279, N43
GENRO, Tarso N28, N167
GEORGE, Tracy E. N204
GÉRARD, Philippe N126, N152, N178
GERRY-VERNIÈRES, Stéphane N175
GHOSH, Amitav N127
GIANFORMAGGIO, Letizia N35
GIDDENS, Anthony 278, N156
GILLMAN, Herbert N203
GIRAUD, Olivier N30
GIZBERT STUDNICKI, Tomasz N82
GLICK, Henry R. N42, N9, N18, N201
GOLDMAN, David B. N25, N33, N152
GOMEZ, Pierre-Yves N32
GOULD, Carol C. N140
GRAMMOND, Sébastien N230, N138
GRAMSCI, Antonio 190, N109
GRAWITZ, Madeleine N64, N88, N9, N58
GRAY, Andrew N241
GREENHOUSE, Carol J. N65, N94, N23, N159, N166
GRIFFITHS, John N25
GROSDIDIER, Jean N1
GROSS, David N44, N81, N83
GROSSIN, William N149, N160
GROSSMAN, Joel B. N231
GRUEL, Louis N53, N89
GUARNIERI, Carlo N145, N98
GUATTARI, Félix N81
GUGLIELMI, Gilles J. N47
GUIBENTIF, Pierre N38, N77, N80, N84, N59, N71
GUICHARD, Augustin-Charles N116
GUILLAUME-HOFNUNG, Michèle N85
GURVITCH, Georges 72-73, 293-294, 377, N51, N63, N13, N69
GUSFIELD, Joseph N11, N44
HAARSCHER, Guy N68
HAAS, Peter M. N3
HABERMAS, Jürgen 196, 302, 316, 359, 368, 372, N76, N133, N14, N16, N69,
N12, N39, N50
HAKIM, Nader N82
HALBWACHS, Maurice 285, N175, N176
HALL, Stuart N72
HALLIDAY, Terence C. N134, N135, N137, N138, N140, N141, N142, N145
HALLUIN-MABILLOT, Estelle d’ N161
HALPÉRIN, Jean-Louis N92, N36, N72, N193, N7
Hamlet (personnage de Shakespeare) 257
HARCOURT, Bernard E. N77
HARDT, Michael N34
HART, Herbert 91, N134
HARTOG, François N56, N58, N133
HARTSOCK, Nancy C.M. N22
HASSENTEUFEL, Patrick N163, N164
HAYEK, Friedrich 50
HAYES, Graeme N18
HEGEL, Georg Wilhelm Friedrich 386
HELD, David N48, N49
HELFER, Laurence R. N169
HENNEBEL, Ludovic N56, N53
Hermès (divinité) 84
HERPIN, Nicolas N54
HERRERA, Carlos Miguel N100
HILBINK, Lisa N140
HIRSCHL, Ran N173, N196, N97, N109
HIRSCHMAN, Albert O. 218, 270, N214, N43
HOFFMANN, Stanley N170, N70
HOLMES, Oliver Wendell 106-107, N33
HONNETH, Axel N41
HOOD, Christopher N240
HOROWITZ, Donald L. N39, N198, N202, N205, N91
HOUTZAGER, Peter N153
HUGHES, Owen E. N245
HUISING, Ruthanne N2
HUNEEUS, Alexandra N94, N173, N174
HUNT, Alan N28, N21, N167
HUREL, Benoist N201, N256
ILHANA, Daniela N91
INNERARITY, Daniel N179, N186
ISAMBERT, François N53
ISRAËL, Liora N30, N69, N11, N47, N49, N50, N51, N77, N84, N151, N156,
N188, N193, N1, N234, N129, N144, N145, N148, N149, N152, N165,
N18
JACOB, Herbert N41, N73, N74
JACOB, Robert N49, N51, N56, N57, N66, N63, N63, N7
JACOBSSON, Bengt N57, N78, N84
JACQUOT, Sophie N3, N162, N167, N276
JAMIN, Christophe N185
Janus (divinité) 96
JAUNAIT, Alexandre N22
JEAN, Jean-Paul N50
JENKINS, Bill N241
JHERING, Rudolf von 86, N74, N75
JOBERT, Bruno N8, N165, N261, N276, N116, N31
JOERGES, Christian N43
JOHNSEN, Jon T. N117
JORDANA, Jacint N89
Jupiter (divinité) 375
KAFKA, Franz N36
KALUSZYNSKI, Martine N29, N76, N77, N78, N82, N93, N33
KANT, Emmanuel 52, 179, 242, 281, N79
KANTOROWICZ, Ernst H. 49, 62, N10, N16, N22, N23, N69
KARPIK, Lucien N19, N23, N127, N128, N134, N135, N137, N138, N140,
N141, N142, N145, N147, N140
KATOVICH, Michael A. N9, N31
KELEMEN, R. Daniel N65
KENNEDY, Duncan N40, N194, N94, N142, N87
KERCHOVE, Michel van de N36, N99, N62, N27, N29, N74, N126, N129, N152,
N178, N2, N66
KLABBERS, Jan N186
KOPFF, Rainer N104, N107
KORINE, Harry N32
KORNHAUSER, Lewis A. N270
LABRÈCHE, Diane N21
LAFORE, Robert N207, N209
LAGROYE, Jacques N64, N2, N9, N88, N9, N58, N2
LAÏDI, Zaki N155
LALLEMENT, Michel N149, N194
LANGER, Maximo N134
LANTAGNE, Isabelle N230, N138
LANTZ, Pierre N170
LARMINAT, Xavier de N277, N131
LASCOUMES, Pierre N3, N6, N88, N90, N121, N164, N166, N167, N180, N276,
N102, N181, N27, N117
LAUFER, Jacqueline N12
LAUGIER, Sandra N86, N18, N26
LAURENS, Sylvain N108
LE BÈGUE, Gilles N149
LE BIANIC, Thomas N184
LE BOURHIS, Jean-Pierre N88
LECA, Jean N64, N88, N9, N58
LEFRANC, Sandrine N34, N91, N93, N97, N33
LE GALÈS, Patrick N164, N166, N276
LEGENDRE, Pierre 49, N6, N14, N16, N19, N37, N96, N82, N271, N71, N77,
N78
LE GOFF, Jacques N31
LEGRAND, Pierre N68
LEJEUNE, Aude N68, N46
LENOBLE, Jacques N35
LENOIR, Rémi N121
LÉPINARD, Éléonore N25
LE ROY, Étienne N85
LEVI-FAUR, David N89
LÉVI-STRAUSS, Claude 279
LÉVY-BRUHL, Henri 19, N12
LI Peilin N42
LICOPPE, Christian N75, N118
LIJPHART, Arend N30
LIKOSKY, Michael N152
LIPSKY, Michael N109
LOBO DE SOUZA, Ielbo Marcus N68
LOCKE, John 27
LUKES, Steven N24
LYNN, Lawrence E. N240
LYOTARD, Jean-François 255, N69
MACAULAY, Stewart N85
MAESSCHALCK, Marc N35
MAINE, Henry Sumner 353
MANIN, Bernard N40
MANSBRIDGE, Jane N14
MARCHAL-JACOB, Nadine N56
MARCOU, Gérard N26
MARIE, Jean-Bernard N60
MARRANI, David N52
MARTIN, Claude N124, N131, N166
MARTIN, Gilles N49, N103
MARTUCCELLI, Danilo N210
MARX, Karl 66-67, 312, 353, N181
MASUR, Amy G. N12
MATTEI, Ugo N65
MAUSS, Marcel 27, 242, N26, N12
MAXEINER, James R. N186
MAZEAUD, Pierre N4
MBILINYI, Marjorie N153
MCADAM, Doug N46
MCCANN, Michael W. N13, N154, N13, N15, N16, N18, N20
MCLAUGHLIN, Danielle N17
MEDEMA, Steven G. N94
MEDJAD, Karim N44
MEHTA, Pranap Bhanu N96
MERCURO, Nicholas N94
MERRYMAN, John Henry N18
MERTZ, Elizabeth N193
MEYERS, Diana Tietjens N22
MEZGHANI, Ali N161, N187
MICHAUT, Françoise N17, N19, N20
MICHEL, Hélène N105
MINCKE, Christophe N126
MIRABEAU, Honoré-Gabriel Riqueti, comte de N6
MISHRA, Pankaj N128
MOCKLE, Daniel N176, N242, N250, N265, N272, N275, N47, N76
MONTESQUIEU, Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de 57, 107, 226,
250, 375, N51, N1
MORAVCSIK, Andrew N39
MORGAN, Glenn N105
MORIN, Edgar 312
MÖRTH, Ulrika N84
MOUCHARD, Daniel N126, N146, N147
MOUHANNA, Christian N129
MOULIN, Laure-Estelle N50
MULCAHY, Linda N50, N59, N68, N75
MUNGER, Frank W. N25
MURNANE, Ciaron N80
MUTUA, Makau N126
NAFTALI, Patricia N92, N135, N12, N15
NANDRIN, Jean-Pierre N49, N58, N87
NEGRI, Antonio N34
NELKEN, David N14
NEWMAN, Peter N94
NICOLAU, Gilda N85, N24
NOREAU, Pierre N50, N114, N115, N138, N172, N28
O’BRIEN, David M. N51, N197
OCQUETEAU, Frédéric N54
OFFERLÉ, Michel N2, N2
OGIEN, Albert N86, N18, N26
OLIVER, Dawn N72, N119
OLLITRAULT, Sylvie N18
OSIEL, Mark N158, N127
OST, François N2, N15, N36, N71, N94, N98, N99, N62, N228, N5, N14,
N27, N28, N29, N32, N38, N40, N49, N61, N63, N68, N74, N76, N79,
N93, N101, N103, N126, N129, N152, N163, N171, N175, N178, N2,
N66
OZOUF, Mona N120
PAPADOPOULOS, Iannos N52, N115
PARKINSON, John N14
PARSONS, Talcott N27, N22, N43
PASSERON, Jean-Claude N16
PAULIAT, Hélène N93
PEDERZOLI, Patrizia N98
PÉLICAND, Antoine N182
PÉLISSE, Jérôme N73, N113, N44, N95, N183, N141
PERRIN, Jean-François N17, N60, N64
PES, Luca G. N65
PFERSMANN, Otto N60
PHARO, Patrick N96, N99, N100, N42
PIERSON, Paul N1
PINTO, Louis N101
POLANYI, Karl 188
POLLITT, Christopher N240
POMADE, Adélie N68
PORTALIS, Jean-Étienne-Marie 98, 254
POTTE-BONNEVILLE, Mathieu N15
POUND, Roscoe 69
Prométhée (personnage mythologique) 257
PROSSER, Tony N72
PUREZA, José Manuel N87
RANCIÈRE, Jacques 395
RANGEON, François N26
RASSAT, Michèle-Laure N153
RAVINET, Pauline N3, N162, N167, N276
RAWLINGS, Richard N72
RENARD, Didier N173, N179
RENDTORFF, Jacob Dahl N33
RESNIK, Judith N55, N74, N40, N119
REVILLARD, Anne N22, N222
REVON, Christian N84
REYNAUD, Jean-Daniel N73
RHEE, Cornelis Hendrik van N111, N112
RICŒUR, Paul 285, N177, N41
RIGAUX, François N27
RIPERT, Georges 246, 256, N28, N35, N37
ROBERT, Cécile N227, N139
ROCA I ESCODA, Marta N134
ROCHER, Guy N30, N32
RODRÍGUEZ-GARAVITO, César A. N70, N87, N102, N123, N129, N148, N153,
N121
ROMAN, Diane N71
ROMANO, Santi 72, 174, N29
ROSA, Hartmut N19, N43, N64, N86, N96, N100, N105, N139, N153, N169,
N172
ROSANVALLON, Pierre 232, N122, N211, N260, N3, N4, N42, N74, N84, N86,
N87, N25, N29, N40
ROSENBERG, Gerald L. N200, N92, N156
ROTHMAYR-ALLISON, Christine N244
ROULAND, Norbert N26, N45
ROULLEAU-BERGER, Laurence N42
ROUSSEAU, Jean-Jacques 48
ROUSSEAUX, Xavier N65, N1, N93
ROUSSEL, Violaine N87, N89
ROUSSELET, Marcel N62
ROZENBERG, Olivier N48
RUBIN, Edward L. N53, N189, N237, N255
RUEDA, Pablo N174
RUSIMBI, Mary N153
SAADA, Emmanuelle N111
SABBAGH, Daniel N11
SACRISTIE, Guillaume N150
SAEZ, Guy N54
SAHLIN-ANDERSSON, Kerstin N57, N65, N75, N78, N82, N84, N105, N106
SAILLANT, Francine N66
SAINT-PIERRE, François N50
SAINT-SAËNS, Isabelle N15
SAKRANI, Raja N126
SALAS, Denis N79
SAND, Inger-Johanne N43
SARAT, Austin N47
SARKOZY, Nicolas 230
SASSEN, Saskia 168, 189, N28, N35, N36, N43, N45, N108, N143, N144,
N145, N149, N151
SASSIER, Monique N142
SAURUGGER, Sabine N123
SAVIGNY, Friedrich Carl von 68, N89, N65
SAYN, Isabelle N110
SCHEINGOLD, Stuart A. N25, N41, N44, N47, N48, N52, N24
SCHIFF BERMAN, Paul N40, N41, N47, N49, N74, N77
SCHIJMANN, Emilia N14, N56
SCHJOLDEN, Line N94, N173
SCHNAPPER, Dominique N21, N5, N22, N57, N106, N8, N26
SCHOENAERS, Frédéric N2
SCHÜTZ, Gabrielle N54
SCULL, Andrew N24
SEGRESTIN, Denis N29
SEIDLE, F. Leslie N241
SELLERS, Mortimer N.S. N186
SEN, Amartya N172
SEROUSSI, Julien N141
SÈVE, René N52, N115
SFEZ, Lucien N10
SHAFFER, Gregory N27
SHAKESPEARE, William 40
SHAPIRO, Martin N2, N4, N3, N38, N60, N1, N85
SIEDER, Rachel N94, N173, N174
SILBEY, Susan S. N1, N21, N72, N143, N1, N2
SILVA NICÁCIO, Camila N85, N46
SIMMEL, Georg 248, N44
SIMOULIN, Vincent N180
Sisyphe (personnage mythologique) 376
SIZER, Theodore R. N27
SLAUGHTER, Anne-Marie N165, N166, N169, N171
SMITH, Christopher E. N61, N67, N40, N86
SMITH, Myriam N137
SMITH, Neil N139
SMOLEJ, Mirka N117
SOMMIER, Isabelle N69, N85, N153
SOUBIRAN, Francine N46, N54
SOUBIRAN-PAILLET, Francine N46
SOUSA SANTOS, Boaventura de N23, N24, N70, N73, N87, N102, N117, N118,
N123, N124, N129, N135, N146, N148, N153, N158, N50, N121, N8
SPENCER, Herbert 353
SPIRE, Alexis N104, N111
STELMACH, Jerzy N82
STIGLITZ, Joseph 185, N92
STONE SWEET, Alec N2, N4, N3, N60, N238, N80, N85, N101, N102
STRICKLER, Yves N248
STRYKER, Robin N113, N225, N7
STUMPF GONZALEZ, Rodrigo N64
SUE, Roger N7
SUGARMAN, David N97
SUPIOT, Alain N26, N172, N96, N101, N103, N185, N73
SUTTER, Laurent de N1, N2, N81
SYLVESTRE, Marie-Ève N230, N236, N123
TACKETT, Timothy N146
TAINE, Hippolyte N20
TAMANAHA, Brian Z. N23, N25
TARDIF, Julien N180
TATE, C. Neal N98
TEUBNER, Gunther N24, N43
THÉRY, Irène N118
THÉVENOT, Laurent N98, N114
THIBAULT, Françoise N19
THOEMMES, Jens N180
THOURET, Antony 60-61, N116
TOCQUEVILLE, Alexis de 108, 124, N92
TONG Wu N3
TÖNNIES, Ferdinand 67-68, N11
TRIPIER, Pierre N71
TROCHEV, Alexei N113
TRUCHON, Karoline N66
TULLY, James N20
UMUBYEYI, Liliane N32
UTRIZA, Ayang N162
VALLINDER, Torbjorn N98
VAN CAMPENHOUDT, Luc N2, N45
VANDERLINDEN, Jacques N26
VAN HOECKE, Mark N5, N38, N40, N68, N79, N82, N129
VANNAHME, Joachim-Fritz N172
VANNEUVILLE, Rachel N186, N187
VAN PRAAGH, Shaun N25, N39
VAN WAEYENBERGE, Arnaud N72, N75
VAUCHEZ, Antoine N22, N160, N161, N234, N41, N78, N20, N21, N23
VERNICOS, Geneviève N39, N85
VERNIER, Dominique N50, N119
VIGOUR, Cécile N48, N246
VION, Antoine N184
VIRALLY, Michel N22
VRANCKEN, Didier N210, N2
WACQUANT, Loïc N223
WALLERSTEIN, Immanuel N152
WALLET, Élisabeth N172
WALZER, Michael N68
WEBER, Max 18, 43, 88, 103, 147, 161, 169, 248, 300, 322, 377, N10, N2,
N34, N186, N8, N26
WEIDENFELD, Katia N111
WELLER, Jean-Marc N110
WHITTINGTON, Keith E. N65
WILLEMEZ, Laurent N125, N105, N157
WOEHRLING, José N100, N138, N172
ZANDER, Hartwig N3, N6, N181
ZASK, Joëlle N37, N38
ZOLLER, Élisabeth N47
Éditions Gallimard
5 rue Gaston-Gallimard
75328 Paris
http://www.gallimard.fr
DU MÊME AUTEUR
LES STRATÉGIES DES FEMMES. Travail, famille et politique, coll. Textes à l’appui,
1993.
LA POLITIQUE DE LA FAMILLE (avec Pierre Strobel et Michel Villac), coll. Repères,
2003.
LA FONCTION POLITIQUE DE LA JUSTICE (dir. avec Martine Kaluszynski), coll.
Recherches, série Territoires du politique, 2007.