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CROISSANCE RADIOACTIVE
Les expressions mathématiques présentées dans ce chapitre sont généralement applicables à tous les
processus dans lesquels la transition du noyau père au noyau fils, i.e. le processus de décroissance
radioactive, est gouverné par des chances statistiques. Cette chance de désintégration est équivalente
au degré d’instabilité du noyau père. Chaque nucléide radioactif a son degré spécifique d’instabilité
qui, comme nous allons le voir, est exprimé par la demi-vie associée à ce nucléide.
La radioactivité d’un échantillon est plus compliquée si il comporte deux ou plusieurs composants,
coe: (i) dans le cas d’un mélange d’activités indépendantes, (ii) si un type spécifique de nucléide
montre deux modes de décroissance, appelés décroissance multidirectionnelle, et (iii) si nous nous
intéressons à une série de désintégration radioactive dans laquelle les noyaux fils sont radioactifs.
Tous ces phénomènes seront discutés séparément.
dN = λN⋅dt (6.1)
et
λ=
(− dN / dt ) (6.2)
N
ou N est le nombre de noyaux radioactifs, -dN/dt la décroissance (négative) de ce nombre par unité de
temps, et λ est donc la probabilité de désintégration par noyau et par unité de temps. Cette constante
de désintégration λ est spécifique pour chaque mode de désintégration de chaque nucléide.
La radioactivité ou taux de désintégration est définie comme le nombre de désintégration par unité de
temps:
A = −dN / dt = λN (6.3)
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Chapitre 6
Par intégration de cette relation et application des conditions aux limites, qui sont au tout début, t = 0
et N = N0, nous obtenons:
N = N0e−λt (6.5)
A = A0e−λt (6.6)
T = (1/λ)ln(A/A0) (6.7)
Les relations des Eqs.6.5 et 6.6 indiquent le taux suivant lequel le nombre originel de noyaux
radioactifs (N0) et la radioactivité originelle (A0) décroissent avec le temps (Fig.6.1).
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Equations de Décroissance Radioactive
A partir de quoi :
ln 2 0.693
λ= = (6.9)
T1 / 2 T1 / 2
La vie moyenne d’un nucléide est la somme des temps de demi-vie d’un nombre de noyaux donnés
(avant qu’ils ne se soient tous désintégrés) divisée par le nombre desdits noyaux. Pendant l’intervalle
de temps dt, un nombre dN de noyaux se désintègre. Ils ont « existé » pendant une période t, ce qui
correspond à un temps de vie global, pour dN noyaux, de:
t⋅dN = t⋅λN⋅dt
L’intégration pour tous les noyaux (N) donne la période de demi-vie (temps):
1 ∞ ∞
− λt ⎧ t − λt ∞ 1 ∞ − λt ⎫
τ= ∫ t ⋅ λ N ⋅ dt = λ ∫ t ⋅ e dt = λ ⎨− e + ∫ e dt ⎬
⎩ λ λ0
0 0
N 0 0 ⎭
(6.10)
⎧ 1⎛ 1 ∞ ⎞⎫ 1
= λ ⎨0 + ⎜ − e −λt 0 ⎟⎬ =
⎩ λ⎝ λ ⎠⎭ λ
A titre d’exemple, la vie moyenne d’un noyau de 14C avec T1/2 = 5730 ans est de 8267 ans. Ainsi λ =
1/8267, ce qui signifie que l’activité d’un échantillon décroît de 1‰ en environ 8 ans; l’activité d’un
échantillon de 3H (T1/2 = 12.43 a), quant à elle, diminue de 5.6% par an.
A titre d’exemple de la relation entre l’activité spécifique d’un échantillon et la concentration d’un
noyau radioactif, nous allons calculer l’activité spécifique en tritium (3H) d’une eau contenant un
atome de 3H pour 1018 atomes d’hydrogène (équivalent à 1 UT = Unité Tritium – cf. Chapitre 8):
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Chapitre 6
ou:
λ = (ln2)/T1/2 = (ln2)/12.43 a (1 year = 3.16 × 107 s)
N = 2 x 10−18 × (G/M) × A (G/M = nombre de moles)
23
A = nombre d’Avogadro = 6.02 ×10 /mol
M = poids moléculaire = 18.0
pCi = pico-Curie = 10-12 Curie = 3.7 × 10-2 dps = 0.037 Bq
Comme autre exemple, nous pouvons calculer la concentration en 14C d’un carbone, ayant une activité
spécifique de 13.56 dpm par gramme de carbone (en AD 1950) (voir activité 14C standard, Chapitre 8):
14
C 13.56 × 5730 × (3.16 × 10 7 ) × 12
= 23
= 1.2 × 10 −12 (6.12)
C 60 × ln 2 × (6.02 × 10 )
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Equations de Décroissance Radioactive
λtotal = λ1 + λ2 (6.13)
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Chapitre 6
Dans ce contexte, nous pouvons nous limiter à un seul élément de cette chaîne de décroissance
multiple: la relation entre une activité père et fils. Les relations d’un deuxième et plus haut niveau on
été traitées par ailleurs (voir les livres de Friedlander et al. et de Faure).
Le noyau père décroît en accord avec les équations de la décroissance radioactive traitées dans cette
partie:
dN1
A1 = − = λ1 N1 (6.15)
dt
et
La quantité de noyaux fils est fonction de deux processus: (i) la décroissance radioactive et (ii) la
croissance radioactive par décroissance des noyaux pères, respectivement:
dN 2
= −λ 2 N 2 + λ 1 N 1 (6.17)
dt
N2 =
λ1
λ 2 − λ1
0
( )
N1 e −λ1t − e −λ 2t + N 2 e −λ 2t
0
(6.18)
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Equations de Décroissance Radioactive
A2 = λ2N2 =
λ2
λ 2 − λ1
0
(
A1 e −λ1t − e −λ 2t ) (6.19)
Le dernier terme représente la décroissance des quantités de noyaux fils présents au temps t = 0. Il est
évident que le rapport entre λ1 et λ2 est le facteur principal qui détermine l’évolution de l’activité fille
dans le temps. Nous allons maintenant brièvement rappeler les trois différents cas relatifs à ce rapport.
λ1 << λ2
L’Eq.6.16 décrit correctement l’activité père au cours du temps, vu que l’Eq.6.19 se transforme en
(
A 2 = A1 e −λ1t − e −λ 2t
0
) (6.20)
ou pour λ1 = 0,
(
A 2 = A 10 1 − e − λ 2 t ) (6.21)
A 2 = A 10 e − λ1t = A 1 (6.22)
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Chapitre 6
Fig.6.4 Relation entre les radioactivités d’un noyau père (ligne droite) et fils quand le noyau père
décroît infiniment doucement comparé au noyau fils (demi vies de ∞ et 0.8 heures,
respectivement), i.e. le cas de l’équilibre séculaire. La ligne supérieure représente la
somme des activités père et fils.
λ1 < λ2
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Equations de Décroissance Radioactive
Fig.6.5 Relation entre les radioactivités d’un nucléide parent et d’un nucléide fils, quand la demi-
vie du parent est plus grande (mais pas infinie) que celle de l’élément-fils (demi-vie de 8
et 0.8 heures, respectivement): cas de l’équilibre transitoire. La ligne épaisse montre la
somme des activités parents/fils.
La croissance de l’élément-fils après une activité nulle au temps zéro se produit maintenant suivant
l’équation 6.19. Un état stationnaire est atteint après un temps suffisant pendant lequel l’activité de
l’élément-fils est plus importante que celle de l’élément père, comme on peut s’y attendre. La figure
6.5 montre l’évolution de chacune des deux activités.
λ2 λ2
A2 = A10 e −λ1t = A1 (6.23)
λ 2 − λ1 λ 2 − λ1
6.6.3 NON-EQUILIBRE
Ici, le temps de demi-vie de l’élément-fils est supérieur à celui de l’élément-père :
λ1 > λ2
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Chapitre 6
Fig.6.6 Relation entre les radioactivités d’un nucléide père et d’un nucléide fils, quand la demi-
vie du fils est plus grande que celle de l’élément-père (demi-vie de 8 et 0.8 heures,
respectivement) cas du non-équilibre. La ligne droite est la fonction semi-logarithmique
de l’activité de l’élément-père. La courbe supérieure correspond à l’activité totale du
mélange.
Finalement, après un temps suffisamment long, seule l’activité de l’élément-fils restera, puisque
l’activité de l’élément-père disparaît à un taux plus élevé:
λ2
A2 = A10 e −λ 2t (6.24)
λ1 − λ 2
Après un période de tmax l’activité de l’élément-fils atteindra une valeur maximale pour:
2
dA 2 − λ 1λ 2 0 −λ1t max λ2
=0= A1 e + A10 e −λ 2 t max
dt λ 2 − λ1 λ 2 − λ1
ou
1 λ
t max = ln 2 (6.26)
λ 2 − λ1 λ1
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Equations de Décroissance Radioactive
L’insertion de l’équation 6.25 dans l’équation 6.19 montre qu’au moment où ce maximum est atteint,
les éléments père et fils sont équivalents (Fig.6.6).
λ2 = 0
Ceci peut être illustré par deux exemples, (i) l’accumulation de 40Ar lors de la décroissance de 40K
dans les roches (Fig.6.2) et (ii) l’accumulation de 3He dans l’eau pendant la décroissance de 3H. Nous
prendrons ce dernier processus comme exemple pour calculer l’âge de l’échantillon à partir de
l’activité résiduelle de l’élément-père et le taux d’accumulation du produit-fils.
En partant de la relation générale de l’équation 6.18 ou 6.19, nous pouvons simplement corriger pour
λ2 = 0 et l’absence d’une quantité originelle de l’élément-fils (une condition difficile pour une
application avec succès des méthodes de datation mentionnées):
N 2 = N 10 (1 − e − λ1t ) (6.27)
où la quantité de gaz accumulée (V en litres STP) est reliée au nombre d’atomes N2 par:
N2
V= 22.4 L
6 × 10 23
Puisque, à la place de l’activité originelle de 3H, l’activité après une période de temps inconnue est
connue (doit être mesurée), N10 dans l’Eq.6.27 doit être remplacé par N1, et subséquemment, N1 par
l’activité (A1=λN1), de telle sorte que:
6 × 10 23 A A
V = N1e λT (1 − e −λT ) = 1 e + λT (1 − e −λT ) = 1 (e λT − 1)
22.4 λ λ
1 ⎛ λ ⎞
T= ln⎜⎜ 2.7 × 10 22 V + 1⎟⎟ (6.28)
λ ⎝ A1 ⎠
Cette méthode de datation −spécialement appliquée en océanographie, mais plus récemment en
hydrologie (Schlosser et al., 1998)− fait très fortement appel aux techniques expérimentales
(spectrométrie de masse), puisque la quantité de 3He produite est extrêmement faible. Ceci est montré
ici par l’exemple d’un litre d’eau avec une activité 3H actuelle de 100 TU et qui, sur une période de 20
ans, a accumulé une quantité de 5.1×10−10 mL STP (0°C et 1033 hPa) de 3He.
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Chapitre 6
dN
= P − λN (6.29)
dt
λN = A = P (1 − e − λt ) (6.30)
Quand le temps approche de l’infini, un état stationnaire est atteint dans lequel la production et la
décroissance du radionucléide sont équivalentes. Ainsi, à t = ∞:
Amax = P (6.31)
Ceci est montré en Fig.6.7, qui représente l’évolution de la radioactivité dans le temps, de la même
façon qu’en Fig.6.4.
Le temps nécessaire pour produire certaines fractions de l’activité maximale atteignable est
maintenant:
A = 1/2 P = 1/2 Amax après une demi-vie
A = 3/4 P après une période de temps = 2T1/2
A = 7/8 P après 3T1/2, et ainsi de suite.
Ceci signifie qu’après 3 périodes de demi-vie, l’activité maximale est pratiquement atteinte.
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Equations de Décroissance Radioactive
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