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> INTRODUCTION 1
15 w Le climat
LA MACHINE CLIMATIQUE
PRÉVOIR LE CLIMAT : MODÉLISATION
L’EFFET DE SERRE
L’ÉTUDE DES CLIMATS DU PASSÉ
L’ÉVOLUTION DU CLIMAT
ET DE L’ENVIRONNEMENT
© StockTrek
LA MACHINE CLIMATIQUE 4
La Terre et le Soleil 5
Des facettes multiples 6
L’atmosphère 7
L’océan 10
Les interactions
océan-atmosphère 12
Le rôle de la biosphère
continentale 13
Le rôle de la cryosphère 14
Le rôle de la lithosphère 14
© S.Renard/CEA
© P.Bazoge/CEA
« Le climat concerne les modifications
»
des conditions météorologiques intégrées
sur l'ensemble du globe.
Introduction
Au préalable, il faut distinguer Sous le nom de climat, on distingue
l a météorologie de la climatologie. deux notions différentes. La plus
La météorologie est l’étude et la classique, celle apprise dans les cours
prévision des phénomènes atmosphé- de géographie, résulte d’une approche
riques sur des périodes courtes et pour spatiale : la Terre est découpée en zones
des espaces géographiques limités. climatiques en fonction des condi-
Les informations traitées sont donc ponc- tions météorologiques qui y règnent aux
tuelles. La climatologie étudie les familles différentes saisons. L’autre acception du mot
de conditions météorologiques susceptibles climat correspond à une approche tempo-
d’affecter les différentes régions sur des relle globale : on s’intéresse aux modifi-
périodes de temps longues. Elle fait appel cations des conditions météorologiques
aux diverses sciences de la nature : géogra- intégrées sur l’ensemble du globe et sur le
phie, géologie, physique, chimie… long terme (30 ans). C’est dans ce deuxième
sens qu’il faut le prendre dans le présent
livret, qui a pour objet la compréhension du
fonctionnement du climat global.
La machine
climatique
© Photodisc
ATMOSPHÈRE
1 JOUR / 10 ANS
CO2, CH4, 03
1 MOIS / 109 ANS
H2O H2O
ÉQUATEUR
PÔLE
Transfert d'eau
GLACE EAUX DE SURFACE
1 MOIS / 10 ANS 1 MOIS / 10 ANS Transfert de carbone
EAUX PROFONDES
10 ANS / 1 000 ANS
Atmosphère, hydrosphère, biosphère temps d’évolution très différents, journée pour l’ozone troposphérique
et cryosphère interagissent sans comme indiqué sur la figure. Les à la décennie pour le méthane, et au
cesse par des échanges de matière gaz à effet de serre, naturels ou siècle pour le dioxyde de carbone.
et d’énergie. Mais les phénomènes émis par l’homme, ont des temps
dont elles sont le siège ont des de résidence très variables, de la
L’ATMOSPHÈRE
La Terre est entourée d’une enveloppe gazeuse, voyant vers l’espace une partie de la lumière
l’atmosphère. L’essentiel des phénomènes solaire. La stratosphère est stratifiée en tem-
atmosphériques affectant le climat a lieu dans pérature, d’où son nom.
la troposphère, la couche au contact de la
surface. La stratosphère joue aussi un rôle au
niveau du bilan radiatif, en situation nor-
Bilan de la quantité d’énergie male par l’absorption
reçue (du Soleil) par rapport à des UV par l’ozone,
la quantité d’énergie réémise
(vers l’espace). Puissant gaz à effet de
serre formé naturellement
dans la stratosphère et
mais aussi en présence présent dans la troposphère
© StockTrek
ALTITUDE PRESSION
(km) (mbar)
THERMOSPHÈRE
100 0,001
MÉSOPAUSE
0,01
80
MÉSOSPHÈRE 0,1
60
STRATOPAUSE
1
40
10
STRATOSPHÈRE
20
TROPOPAUSE 100
TROPOSPHÈRE
0 1000
-80 -60 -40 -20 0 20 40 60 80
TEMPÉRATURE
(°C)
La troposphère est marquée par une forte leurs longs parcours océaniques. Ils conver-
variation verticale de températures, due au fait gent dans la zone équatoriale où leur apport
que l’essentiel des transferts thermiques qu’elle en mouvement, en chaleur et en humidité,
reçoit provient de la surface terrestre, qui la procure à l’air l’énergie nécessaire pour se soulever
lui transmet : par convection humide jusqu’à la tropopause
• par conduction thermique et transport de Mouvement vertical de l’air à 15 km d’altitude,
dû à une inhomogénéité
matière ; de température et donc de
générant des
• par rayonnement infrarouge que certains densité. précipitations
constituants de la troposphère vont absorber Liquides : pluies, brouillards.
en grande partie ; intenses. À 15 km d’al- Solides : neige, grêle.
• par échange thermique lors des changements titude, ces masses d’air largement asséchées
d’état de l’eau : celle-ci reçoit de l’énergie de divergent vers le nord et le sud pour finir, vers
liaison lorsqu’elle s’évapore à la surface des 30° de latitude, par redescendre et donc se
océans et la cède à l’air lorsqu’elle se liquéfie réchauffer et voir leur humidité relative dimi-
en gouttelettes ou se condense en cristaux de nuer fortement, ce qui explique la présence des
glace. grands déserts dans les deux hémisphères. Les
La troposphère est brassée par un système alizés sont déviés vers l’ouest par la « force de
de vents dont le moteur est thermique. Son Coriolis » (voir encadré), qui traduit le fait que
fonctionnement est très conditionné par la rotation le mouvement se fait sur un corps en rotation.
de la Terre, et notamment par son relief.
Les autres latitudes sont aussi le siège de
La circulation atmosphérique cellules de convection (voir schéma) :
Les alizés sont des vents très réguliers venant cellules de Ferrel1 aux moyennes latitudes,
du nord-est dans l’hémisphère Nord et du sud- cellules polaires2 aux hautes latitudes. Dans
est dans l’hémisphère Sud. Très chauds, très les moyennes latitudes, ces diverses cellules
secs à l’origine, ils se chargent d’humidité sur sont à l’origine des vents d’ouest de surface
La circulation océanique
La salinité et la température de l’eau varient
d’un point à l’autre. Les masses d’eau cir- VARIATION DE LA MASSE VOLUMIQUE
DE L'EAU AVEC LA TEMPÉRATURE ET LA
culent dans l’océan mondial en se mélangeant
SALINITÉ
très peu les unes aux autres. De ce fait, leur
température et leur salinité évoluent très La salinité de la mer est approximativement de
lentement et servent aux océanographes pour 35 grammes par litre.
tracer la provenance de ces masses d’eau. 1 035
L’eau océanique est entraînée dans de grands
courants qui mettent en jeu une énergie
cinétique considérable. L’essentiel de cette 1 030
énergie se trouve dans les courants de surface S=
(généralement moins d’un kilomètre d’épaisseur), 40
1 025
dont le moteur est le vent. Chaque grand bassin
MASSE VOLUMIQUE KG/M3
Est
and du
enl ant
Courant
t
du Groenland ue
GroCour
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Ouest
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Courant d-
A
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d'Alaska Courant or an o
du Labrador ntN ur hiv
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Co
Dérive Nord- am Dérive Nord
Pacifique Stre
Courant Gulf Pacifique
de Californie Courant t
Courant Courant des Canaries Régime alterné an vo Courant
Équatorial Nord Équatorial Nord de Mousson our shi Équatorial Nord
C uro
Contre-courant Équatorial Contre-courant K
biq du
ue
Équatorial
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Courant Équatorial Sud Courant Équatorial Sud
Mo oura
Courant
C
Équatorial Sud
Bré nt
sil
du oura
Courant
de Humboldt Courant Courant Courant
Courant des Aiguilles Australien Australien
C
Courant profond
froid et salé
Courant chaud
de surface
Le rôle de la biosphère
continentale
La végétation est à plusieurs titres un acteur
de la machine climatique.
Une surface couverte de végétation absorbe
beaucoup plus le rayonnement solaire qu’un
sol nu. Selon le type de végétation et selon
la saison, ce rôle radiatif sera plus ou moins
marqué.
La végétation joue aussi un rôle important
dans le cycle de l’eau, qu’elle absorbe pour sa
croissance, et qu’elle rejette par évapotrans-
piration. Il y a 6 000 ans, les populations
sahariennes pratiquaient l’élevage et la pêche,
comme le révèlent les gravures rupestres ; il a
été montré que la pluviosité de cette période
du Sahara vert aurait été impossible sans la
présence locale de végétation.
Le cycle annuel fait de la végétation un
consommateur de dioxyde de carbone en
période active (photosynthèse) et un émetteur
de dioxyde de carbone par respiration en période
de repos végétatif. Actuellement, l’absorption
© Photodisc
de CO2 l’emporte largement sur l’émission :
la végétation constitue ce que les spécialistes
appellent un puits de carbone.
Siège d’un processus d’absorption Sous l’effet du
et de stockage de dioxyde de réchauffement La végétation pourrait donc devenir, au moins
carbone.
climatique, son localement, une source de CO2.
rôle de puits pourrait être contrebalancé par Enfin, la végétation joue également un rôle dans
la décomposition de la litière. En outre, sa le cycle de l’azote, dont les oxydes sont des gaz
capacité à absorber le CO2 diminue dans des à effet de serre (ou leurs précurseurs) et dans
conditions climatiques chaudes et sèches, l’émission de divers composés réactifs et gaz
comme lors de la canicule de 2003 en Europe. à effet de serre.
Prévoir le climat :
la modélisation
© CEA
© P.Bazoge/CEA
La question des météorologues est de savoir
quel temps il fera à un endroit et à un instant
donnés. Compte tenu du caractère chaotique de
l’atmosphère (les équations qui rendent compte
de son fonctionnement sont loin d’être linéaires,
une variation faible des conditions initiales peut
modifier considérablement l’évolution à venir),
on ne peut pas déterminer le temps qu’il fera
de façon fiable au-delà de quelques jours.
Dans ces conditions, il n’est pas nécessaire
de s’intéresser aux phénomènes à évolution
lente pour les prévisions météorologiques : le
plus long terme visé actuellement concerne la
Il existe de grandes différences entre les modèles météorolo-
prévision saisonnière. giques et les modèles climatiques.
Le climat peut être défini comme la distribution
des conditions météorologiques possibles à une les modèles de climat doivent inclure tous
époque éventuellement très éloignée et dans les phénomènes et calculer sur des périodes
une région donnée. La question n’est plus de longues ; ainsi, même avec les configurations
savoir quel temps il fera mais quel temps il informatiques les plus puissantes (mises à dis-
pourra faire, avec quelle probabilité et quelles position des chercheurs par le CCRT au centre
évolutions possibles. Les lois qui régissent le CEA / DAM Ile-de-France), ils sont contraints
fonctionnement de la machine climatique sont de calculer avec des pas de temps allant de
les mêmes, mais on ne peut plus ignorer les 15 à 30 minutes et des résolutions spatiales
composantes du système à temps d’ajustement dégradées (de 10 à 30 km horizontalement et
long. C’est la première grande différence entre de quelques mètres à quelques centaines de
les modèles météorologiques et les modèles mètres verticalement) par rapport aux modèles
de climat. météorologiques.
La puissance limitée des ordinateurs est la
cause d’une deuxième différence : les modèles
météorologiques, qui ne considèrent qu’un
nombre restreint de phénomènes sur un inter- “Une variation faible
valle de temps assez court, peuvent travail-
ler sur un grand nombre de points d’espace des conditions
avec des pas de temps courts. À l’inverse, atmosphériques initiales
Fragmentations de temps, de
l’ordre de l’heure, de la semaine,
peut fortement modifier
de l’année…
l’évolution à venir.”
Écart de température
L’estimation de la température global est relativement bon. Sur tés anthropiques dans le dérè-
moyenne du globe apparaît en le schéma de droite, les modèles glement climatique, caractérisé
noir. Sur le schéma de gauche, ne tiennent plus compte que des par une hausse considérable des
elle est comparée à différents causes naturelles et sont inca- températures moyennes.
modèles qui tiennent compte des pables de reproduire les résul-
causes naturelles (volcanisme, tats des mesures des dernières
activité solaire) et celles dues décennies. On comprend ainsi (Figures extraites du rapport
à l’activité humaine. L’accord le rôle prépondérant des activi- Giec 2013).
ÉQUATIONS CLIMATIQUES
Un modèle de climat se compose d’un modèle physique partiments : atmosphère, océans, continents, avec
plaqué sur une grille horizontale et verticale adaptée leurs composantes propres. Puis il faut lui prescrire les
à la résolution numérique des équations du système perturbations apportées par l’activité humaine ; enfin,
climatique. Il doit prendre en compte tous les com- il faut faire interagir tous ces éléments.
DÉFORESTATION, ÉMISSION
UTILISATION DES SOLS DE CO2
DE POLLUANTS
ÉMISSION
L’effet de serre
ANNÉES
ÉNERGIE SOLAIRE…
L’équilibre climatique (état stationnaire) est tenu de l’albédo moyen de la Terre (30 %
obtenu quand le bilan énergétique global est Pouvoir réflecteur. environ), on peut calculer
nul : la quantité d’énergie reçue du Soleil que, en l’absence d’autres
est égale à la quantité d’énergie émise vers phénomènes, ce sont donc 235 W/m2 qui
l’espace. Actuellement, 1 368 W/m2 atteignent seraient absorbés. La Terre se comporte comme
le « sommet de l’atmosphère », ce qui correspond un corps noir, qui rayonne de l’énergie sous
en moyenne globale à 342 W/m2 au sol. Compte forme électromagnétique avec une intensité
342
235
107
Réfléchi par les nuages,
les aérosols et Fenêtre
l'atmosphère 40 atmosphérique
30
77
Émis par 165
67 l'atmosphère
Absorbé par
l'atmosphère
Gaz à effet
de serre
24 78 Énergie de
changement
d'état 324
350
Réfléchi par 168 40
la surface
30
Transfert
Absorbé par thermique Évapo- Rayonnement de Absorbé par
la surface transpiration la surface la surface
L’atmosphère est très transparente l’énergie solaire arrivant vers la Terre Certains gaz présents en faible
pour la lumière du Soleil : malgré la est absorbée par les continents et les quantité dans l’atmosphère (vapeur
présence des nuages, près de 60 % océans qu’elle réchauffe. d’eau, dioxyde de carbone, méthane)
de l’énergie lumineuse arrivant absorbent le rayonnement infrarouge :
vers la Terre atteint la surface du Une partie de cette énergie est seulement 10 % du rayonnement
globe, qui en réfléchit une faible restituée, essentiellement sous émis par la surface s’échappe
partie. Globalement, la moitié de forme de rayonnement infrarouge. directement vers l’espace.
1896
Le physicien et chimiste suédois
combustibles fossiles pour aug-
menter la concentration de dioxyde
de carbone dans l’atmosphère
a u ra i t d e s c o n s é q u e n c e s
plus importante de nourriture pour
une population accrue…
Cet optimisme était possible à
une époque où l’on n’avait qu’une
Svante Arrhénius donne à l’effet bénéfiques : un climat de la Terre compréhension très sommaire du
de serre sa description actuelle. plus égal, une croissance stimulée fonctionnement de la machine
Il suggère même que brûler des des plantes et donc une production climatique.
variant très fortement avec la température riques qui absorbent le rayonnement infrarouge
(loi de Stefan-Boltzmann). Pour rayonner tellurique.
235 W/m2, la surface de la Terre devrait avoir
une température moyenne globale de - 18 °C, …ET GAZ À EFFET DE SERRE
peu propice au développement de la vie telle La composition de la basse atmosphère,
que nous la connaissons. légèrement variable selon le lieu, est donnée
La température réelle à la surface est de dans le tableau ci-dessous :
+ 15 °C, ce qui apporte la preuve expérimentale
de l’existence d’un effet de serre naturel. À
15 °C (288 K), la Terre émet un rayonnement COMPOSITION DE L’ATMOSPHÈRE AU VOISINAGE
DE LA SURFACE TERRESTRE (0 À 25 KM).
infrarouge dont le maximum d’intensité se Les valeurs correspondent à une atmosphère sèche.
situe à une longueur d’onde de 10 µm. Dans la
(En bleu, les gaz à effet de serre - chiffres 2013)
gamme de longueurs d’onde de ce rayonnement
infrarouge tellurique, un certain nombre de gaz GAZ FORMULE ABONDANCE
présents à l’état de traces dans l’atmosphère CHIMIQUE (en volume)
l’absorbent. L’atmosphère, qui est transparente
Diazote N2 78,084 %
à la quasi-totalité du rayonnement solaire
Dioxygène O2 20,946%
incident, se comporte donc comme un absorbeur
qui piège une part importante du rayonnement Argon Ar 0,934 %
tellurique. Ainsi réchauffée, elle se comporte Dioxyde de carbone CO2 0,0395 %
aussi comme un corps noir, qui va rayonner de Néon Ne 0,001818 %
l’énergie sous forme infrarouge. À cause de sa Hélium He 0,000524 %
température plus froide, l’atmosphère va rayonner Méthane CH4 0,0001745 %
moins d’énergie que la surface. Et comme Krypton Kr 0,000114 %
elle la rayonne de façon isotrope, la moitié Dihydrogène H2 0,000055 %
du rayonnement réémis De façon égale dans Monoxyde d'azote NO 0,00005 %
va l’être en direction de la toutes les directions. N2O
Oxyde nitreux 0,00003 %
surface de la Terre. Il va donc
Xénon Xe 0,000009 %
y avoir piégeage de l’énergie entre l’atmosphère
Ozone O3 0,000004 %
et la surface, et donc un réchauffement de la
Eau (vapeur) H2O 0à4%
surface.
Ce fonctionnement rappelle celui d’une serre1 :
le verre laisse entrer le rayonnement solaire
1. En réalité, ce n’est pas l’opacité bien réelle du verre
incident mais piège l’énergie à l’intérieur de aux infrarouges qui est responsable du piégeage d’énergie
la serre. C’est cette similarité qui a donné le dans la serre, mais l’obstacle que met le toit à toute fuite
nom de gaz à effet de serre aux gaz atmosphé- d’air chaud par convection.
CONCENTRÉ
ÉVOLUTION DE LA CONCENTRATION ATMOSPHÉRIQUE EN CO2
depuis 1980 à l'île d'Amsterdam et depuis 1992 à Mace Head D'ATMOSPHÈRE
420
. Mace Head (Côte Ouest de l'Irlande - Vent d'Est) À l’augmentation moyenne
Concentration atmosphérique en CO2 (ppm)
410 - Mace Head (Côte Ouest de l'Irlande - Vent d'Ouest) continue se superpose en
- Île d'Amsterdam (Océan Indien) Irlande une oscillation due
400 à l’activité saisonnière de la
végétation, très importante
390 à ces latitudes de
l’hémisphère Nord.
380
330
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
AÉROSOLS
On appelle aérosols les suspensions ou de forêt) produisent des aérosols comme un parasol sur le rayonnement
de fines particules dans l’atmosphère. carbonés tandis que les rejets solaire qu’ils peuvent absorber
Ils peuvent être d’origine naturelle ou atmosphériques de soufre pro- ou réfléchir. Ainsi, les aérosols
anthropique. duisent des aérosols de sulfates. stratosphériques provenant de
La plupart des aérosols restent l’éruption du Pinatubo ont causé une
dans la troposphère moins d’une baisse de la température du globe de
semaine. Ils peuvent être transportés 1/2 degré pendant les deux années
jusqu’à des milliers de km. Ensuite, qui ont suivi l’éruption. Mais certains
ils tombent sur Terre par gravité ou aérosols contribuent à l’effet de
par lessivage de l’atmosphère par la serre en absorbant le rayonnement
pluie. Leur répartition géographique infrarouge tellurique.
étant très disparate, leur effet sera
donc essentiellement local.
On appelle forçage radiatif la puissance additionnelle du rayonnement total, solaire et infrarouge, reçue par la
surface de la Terre, par rapport à une situation de référence (ici 1750). Différentes causes sont ici inventoriées.
Les niveaux de confiance sont notés F (faible), M (moyen), E (élevé) et TE (très élevé).
Tableau extrait du rapport du Giec 2013.
L’ozone troposphérique, qui disparaît par en fonction de leur composition, de leur altitude
réactions chimiques, a un temps de résidence et de la réflectivité du sol. Les composés, qui
très variable en fonction des conditions modifient la capacité oxydante de l’atmosphère,
atmosphériques, mais il ne dépasse pas vont avoir un effet indirect sur l’effet de serre
quelques semaines. Le méthane a un temps de en agissant sur la production de gaz comme
résidence de dix ans ; le dioxyde de carbone de l’ozone ou en modifiant l’élimination de gaz
plus d’une centaine d’années ; l’oxyde nitreux comme le méthane. Ainsi, le monoxyde de
et les CFC de l’ordre du siècle également. carbone CO détruit les radicaux hydroxyle OH
De fait, beaucoup de composés injectés dans qui sont les agents destructeurs du méthane.
l’atmosphère contribuent à l’effet de serre, L’injection de CO dans l’atmosphère va donc
même si ce ne sont pas eux-mêmes des gaz à inhiber l’élimination du méthane dont l’effet
effet de serre. Les aérosols (voir encadré page de serre perdurera plus longtemps.
23) contribuent à l’effet de serre directement
L’étude des
climats du passé
© C.Morel/Our Polar Heritage
vivant.
• dans les concrétions (stalagmites) lentement • les concrétions des grottes renferment
déposées dans les cavernes ; les minéraux qui ont précipité lors de leur
• dans la glace empilée année après année sur formation…
les continents des hautes latitudes (Groenland,
Antarctique) ; Un dépôt se déchiffre comme un livre, page
• dans les plus hauts massifs montagneux par page, c’est-à-dire couche par couche. La
(Andes), là où la glace ne fond pas l’été. croissance de ces dépôts est parfois conditionnée
Pour les époques plus récentes, on analyse par la météorologie, avec une saisonnalité
aussi la croissance des arbres, dont les carac- marquée. C’est le cas de la glace, des coraux,
téristiques sont enregistrées dans les cernes parfois des concrétions.
annuels. Tant que la marque de cette saisonnalité n’a
pas été effacée, elle permet de dater les signaux
Le climatologue trouve dans ces archives que l’on recueille aux différentes profondeurs.
naturelles ce qui s’y est déposé : Au-delà, il faudra faire appel à des méthodes
• dans les sédiments, ce seront les coquilles, plus indirectes pour établir la chronologie des
squelettes… des animaux aquatiques, les grains événements mesurés en différents sites du
de pollen, les minéraux insolubles ; globe.
• dans les glaciers continentaux (polaires ou
alpins), outre la glace, il trouvera les particules
qui ont pu se déposer ou l’air qui a été empri-
sonné ;
Écart en deutérium
de glace des stations antarc-
tiques Vostok (en rouge) - 410
et Dôme C (en bleu). Ces
(°/00)
mesures donnent accès aux - 440
paléo-températures et consti-
tuent un « thermomètre iso- - 470
topique ».
Les courbes du bas montrent
rapport à l'actuel (m)
Niveau de la mer par 0
le niveau de la mer déter-
miné à partir des composi-
tions isotopiques en 18O des
foraminifères benthiques
des sédiments marins. Deux 120
ensembles de mesures dif-
férents sont représentés (en 200 400 600 800
bleu et en rouge pointillé)
pour montrer l’incertitude Âge (103 ans)
sur les valeurs.
ENTRE CHAUD ET FROID de voir, comme cela a été découvert dans les
Grâce aux forages profonds au Groenland et bulles d’air emprisonnées dans les carottes de
en Antarctique et aux nombreuses mesures glace de Vostok, à quel point la température et
sur les sédiments marins, il a été possible les concentrations atmosphériques en CO2 et
de remonter aux conditions climatiques de la CH4 sont corrélées.
quasi-intégralité du dernier million d’années. Mais aucune de ces périodes, chaude et froide,
Le paléothermomètre isotopique nous montre n’est calme. L’analyse des carottes glaciaires
que le climat a oscillé avec une périodicité et océaniques a mis en évidence des soubre-
d’environ 100 000 ans entre deux états : un sauts rapides dans le climat des hautes lati-
état froid, celui des grandes glaciations dont tudes. L’interprétation qui a été faite de ces
la dernière a eu son paroxysme il y a 21 000 événements est que des débâcles d’icebergs
ans, – et un état chaud comme celui qui prévaut ont amené d’énormes quantités d’eau douce
actuellement, généralement de courte durée. dans l’Atlantique Nord, perturbant gravement
La dernière période chaude aussi longue que la circulation océanique. Des événements simi-
la nôtre remonte à 400 000 ans, époque com- laires pourraient se produire dans l’avenir si le
parable, pour le cycle orbital de la Terre, à la réchauffement global s’accompagnait de pré-
situation actuelle. Les grandes glaciations ont cipitations très importantes ou de fonte brutale
pour cause première la variation de la répartition des calottes glaciaires : il n’est pas exclu que
géographique et de l’intensité de l’insolation cela perturbe suffisamment la circulation océa-
tout au long de l’année. Cette variation est tou- nique pour déplacer vers le sud la limite nord de
tefois loin de suffire pour produire les grands la dérive Nord-Atlantique (cf. carte des courants
changements observés. Les rétroactions, et océaniques de surface, page 11) qui amène à
particulièrement celles des gaz à effet de serre l’Europe les eaux chaudes du Gulf Stream et
ou celles venant du fort albédo des calottes compense partiellement ou totalement les effets
enneigées et de la banquise, jouent un rôle locaux du réchauffement climatique global.
amplificateur considérable. Il est remarquable
Réchauffement récent
Optimum climatique médiéval
10
0.5
0.0
-0.5
1 Équinoxe d’automne 3
Soleil
Solstice d'été
Terre
Précession
2
Trois types de modifications, – enfin, l’axe de rotation de la
22° pseudo-périodiques, affectent la Terre a également un mouvement
25°
23°30 position de la Terre par rapport au de précession (périodes 19 000 et
Soleil : 23 000 ans), sur un cône dont le
sommet est au centre de la Terre.
– l’excentricité de l’ellipse, qui varie Ce mouvement entraîne un déca-
avec deux pseudo-périodes de lage de la position des équinoxes
100 000 et 413 000 ans, et solstices sur l’ellipse, avec pour
conséquence une modification des
– l’inclinaison de l’axe de rotation de contrastes entre les saisons.
la Terre sur le plan de l’écliptique,
qui varie entre 22 et 25° avec une Ces diverses fréquences sont les
période de 41 000 ans ; fréquences dominantes des varia-
tions du climat au cours du dernier
million d’années.
L’évolution du
climat et de
l’environnement
© C.Morel/Our Polar Heritage
© Nasa
l’observation quotidienne de la quasi-totalité de
la surface du globe. Pour des observations de
phénomènes limités à une zone géographique
donnée (exemple : la mousson), les satellites
auront des orbites spécifiques. Outre les satel-
lites météorologiques, des satellites dédiés à
l’observation de l’environnement et au suivi
d’acteurs du climat (nuages, rayonnement
solaire et tellurique, aérosols, gaz à effet de
serre…) ont été lancés pour la communauté
scientifique.
Si beaucoup de données météorologiques
peuvent être mesurées par satellite, il se pose
néanmoins le problème de la répartition ver-
Gaz à effet de serre : CO2, CH4, N2O and CFC Augmentation de l'ozone troposphérique
Les gaz à effet de serre dont le temps de résidence par bande de latitude et par continent. Les aérosols,
dans l’atmosphère est long sont bien mélangés. Une qu’ils soient terrigènes ou carbonés, ne voyagent pas
mesure par bande de latitude suffit à connaître leur beaucoup avant que la plus grande partie ait été éliminée
forçage. L’ozone troposphérique qui a un temps de de l’atmosphère. Il faudra donc les mesurer au voisinage
résidence plus court n’a pas le temps de s’éloigner autant de chaque source. (Figure GIEC)
de ses sources. Il faudra donc au moins une mesure
composition de l’atmosphère, les spectromètres Pour une connaissance fine limitée géogra-
automatiques… En outre, les météorologues phiquement, des programmes de mesures
font des mesures quotidiennes par ballons récurrentes existent, qui peuvent utiliser des
sondes pour avoir la répartition verticale de transports existants : les mesures de température
paramètres météorologiques. de la mer sont effectuées quotidiennement par
À titre indicatif, l’Organisation météorologique nombre de bateaux marchands, tandis que des
mondiale gérait en 2013 quelques 11 000 mesures atmosphériques sont installées à bord
stations à terre, 4 000 stations embarquées sur d’avions de ligne.
des navires, 1 200 bouées dérivantes en mer, Enfin, l’étude de phénomènes particuliers
plus de 1 300 radiosondes attachées à des peut donner lieu à des campagnes multi-
ballons-sondes, 3 000 stations à bord d’avions, instrumentées, dont les plus importantes se
3 satellites placés sur des orbites polaires et 6 font à l’échelle internationale.
sur des orbites géostationnaires.
Citons par exemple la campagne AMMA qui a nement ont été clairement observées depuis
étudié la mousson africaine et dont la plupart le XXe siècle :
des observations ont eu lieu en 2005. Autre • la température moyenne a augmenté de
exemple de campagne dédiée au climat : le 0,75 °C, cette augmentation étant plus forte
projet CHARMEX (Chemistry-Aerosol Mediter- la nuit que le jour. La diminution de l’écart
ranean Experiment) démarré en 2010. Il a pour jour/nuit va dans le sens de ce que produirait une
but d’observer et de comprendre la dynamique augmentation de l’effet de serre ;
atmosphérique et climatique du bassin méditer- • le niveau de la mer s’est élevé de 15 cm ;
ranéen, pour prédire l’habitabilité de la région • le volume de la banquise a diminué de 50 %
à l’échelle du prochain siècle. au cours des 35 dernières années.
© P.Sciare /C EA
© A.Mazaud/CEA
© P.Bazoge/CEA
Le Marion Dufresnes au large de l’île de la Possession, lors Des analyses au sol sont un complément indispensable aux
de la campagne océanographique Indien Sud. mesures par satellites, ici sur l'île Amsterdam.
Pour estimer comment évoluera le climat au est certain que le réchauffement sera maximal
cours du XXIe siècle et au-delà, il n’est pas aux hautes latitudes, comme on l’observe déjà
possible de simplement extrapoler à partir des dans l’Arctique, avec pour conséquence vrai-
climats passés : on ne connaît pas d’analogue semblable le dégel massif du pergélisol et le
dont les caractéristiques astronomiques et dégazage du méthane Sol gelé en permanence.
environnementales soient suffisamment qu’il séquestre. Au ni-
proches de l’actuel. Il est donc nécessaire de veau pluviométrie, le Bassin méditerranéen est
faire appel à la modélisation. globalement menacé d’une aridification accrue.
Comme on l’a vu, la modélisation du climat
est imparfaite : la machine climatique est Mais l’ampleur des phénomènes et leur
complexe, les phénomènes en jeu sont souvent répartition géographique dépendront beaucoup
encore mal connus et difficiles à modéliser de de la façon dont l’humanité gérera l’accumulation
façon réaliste. Même si la recherche avance des gaz à effet de serre. Les simulations des
et que des progrès sont faits chaque année, climats du futur font donc nécessairement
l’inévitable limitation des ressources de calcul appel à des scénarios de développement socio-
oblige à des approches simplificatrices, qui ne économiques de la société et de ses émissions
prennent pas en compte la finesse de certains de ces gaz.
phénomènes. Chaque modèle cherche à apporter Les impacts environnementaux des changements
ses propres solutions à ces divers écueils. Il climatiques à venir donnent lieu à des
en résulte des disparités de résultats que les prédictions souvent pessimistes. Toutefois,
climatologues investiguent dans de grands faute d’une connaissance suffisante des
programmes internationaux d’inter-comparai- rétroactions du système, il est difficile
son. aujourd’hui de prédire l’importance et la
Un certain nombre de résultats sont robustes fréquence des événements effectivement
et se retrouvent avec tous les modèles. Ainsi, il susceptibles de se produire.
© Photodisc
L’ACTION INTERNATIONALE ET LE 5e RAPPORT DU GIEC
L’évolution du climat et de l’environ- réduction globale des émissions de En 2009, la conférence de Copen-
nement global a suscité l’organisation ces gaz, de 5,2 % en moyenne en hague visait à réduire de moitié les
d’importantes actions. 2012 par rapport à 1990, pour les émissions de gaz à effet de serre en
À la demande du G7 et sous l’égide pays de l’OCDE et les pays de l’Europe 2050 par rapport à celles de 1990,
des Nations unies, un groupe de scien- de l’Est (dont la Russie). L’objectif de pour ne pas dépasser une augmenta-
tifiques internationaux, le Giec, a été réduction pour l’Union européenne est tion moyenne de 2 °C en 2100 par
mis en place en 1998. Ce groupe de 8 %. rapport à l'ère pré-industrielle.
intergouvernemental d’experts sur
l’évolution du climat (en anglais La conférence de Bali (2007) a engagé À Stockholm, en Suède, le 27 sep-
IPCC : Intergovernmental Panel on des actions d’adaptation au change- tembre 2013, les membres du Giec
Climate Change) synthétise les tra- ment climatique. Cette même année, ont adopté le premier volet de leur
vaux et recherches réalisés à travers le prix Nobel de la paix a été décerné 5e rapport, consacré aux « éléments
le monde sur ce sujet et édite tous les conjointement à Al Gore et au Giec physiques du climat ». Sa rédaction
5 ou 6 ans un rapport sur l’état des pour leur action en faveur de la prise a impliqué des scientifiques auteurs
connaissances en matière d’évolution de conscience des risques liés à l’évo- du monde entier, parmi lesquels 17
du climat. lution du climat. français dont 8 chercheurs du Labo-
ratoire des sciences du climat et de
Au Sommet de la Terre de Rio de En Europe, les 27 ont adopté en 2008 l’environnement (LSCE Institut Pierre
Janeiro (juin 1992) a été signée la l’ambitieux « Paquet Énergie-climat » Simon Laplace - CEA/CNRS/UVSQ).
Convention-cadre des Nations unies qui fixe, d’ici à 2020 : 20 % de gain Une étude qui confirme et précise
sur les changements climatiques, qui en efficacité énergétique, 20 % de l’ampleur du changement climatique
adopta l’objectif d’une stabilisation réduction de leurs émissions de gaz provoqué par l’accumulation des gaz
des émissions de gaz à effet de serre. à effet de serre par rapport à 1990, à effet de serre.
20 % d’énergies renouvelables dans
À la Conférence de Kyoto (décembre la consommation énergétique totale www.ipcc.ch
1997) a été signé le protocole de de l’Union européenne.
1 w L’atome
2 w La radioactivité
3 w L’homme et les rayonnements
4 w L’énergie
5 w L’énergie nucléaire : fusion et fission
6 w Le fonctionnement d’un réacteur nucléaire
7 w Le cycle du combustible nucléaire
8 w La microélectronique
9 w Le laser
10 w L’imagerie médicale
11 w L’astrophysique nucléaire
12 w L’hydrogène
13 w Le soleil
14 w Les déchets radioactifs
15 w Le climat
16 w La simulation numérique
17 w Les séismes
18 w Le nanomonde
19 w Énergies du XXIe siècle
20 w La chimie pour l’énergie
www.cea.fr
ISSN 1637-5408.