Supplément au journal du vendredi 15 avril 2022

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tournai
jazz
Hooverphonic With Orchestra, Sal La Rocca ft. Stephane
festival
Belmondo, An Pierlé, Hiromi, Stephane Tsapis, Toine Thys,
Kyle Eastwood ft. Hugues Coltman, Thomas De Pourquery,
Royal Band of the Belgian Navy, B.J.O. “Toots 100th”,
Michel Herr Tentet, Philip Catherine, B-Wappy Machine,
Guy Verlinde, Glass Museum, Esinam, Ibrahim Maalouf,
Aka Moon, Bai Kamara Jr & The Voodoo SNiffers, Ayo, Sevan,
Robin McKelle, André Manoukian, Erik Truffaz,
Jacky Terrasson, Roberto Fonseca, Avishai Cohen, Charles
Pasi, Lubiana, Kimberose, J.M.O, West Music Club, Otomachine…

2022
22 avril · 08 mai
www.tournaijazz.be - www.maisonculturetournai.com

www.royalbands.mil.be

www.tesse.be

tournai

10123242
 ANNIVERSAIRE

Pour fêter ses 10 ans,

le festival
fait coup double
Né en janvier 2012, le Tournai Jazz Festival
n’a cessé de grandir.
Pour ses dix ans, il va prendre de l’épaisseur,
avec un programme dédoublé.
François Descy

«D
ès nos débuts en
2012. nous avons
voulu nous ouvrir
à un public le plus
large possible. Pas
à un public de niche, ni élitiste, alors que, et
à tort, c’est souvent cette image-là que
véhicule le jazz. Dix ans plus tard, nous
avons gardé le cap, en privilégiant une
ambiance familiale et festive. Je pense en
particulier au concert que donnera Thomas
de Pourquery le 30 avril dans le Magic
Mirrors, lieu convivial s’il en est : il nous
fera chanter et danser ! Maintenant, on
aura aussi droit à des musiciens qui
demandent d’être à l’écoute. Je pense par
exemple au contrebassiste belge Sal La
Rocca et à son quintet… »
Tel est le message que Geoffrey Bernard,
fondateur et président du festival,
voudrait faire passer aux festivaliers. Au
passage, il se réjouit que l’on vienne de
plus en plus loin pour planter sa tente à
Tournai, le temps d’un concert, ou de
tout un festival. « Cette année, des gens
viendront de Suède, du Danemark et d’Israël
pour le concert d’Hiromi », a-t-il appris.
Comme par magie,
un Magic Circus
et un Magic Square
vont venir s’ajouter
au « Vieux »
Magic Mirrors.
Comines, un club de jazz de la région
particulièrement dynamique, qui pro-
pose une programmation très variée
tout au long de l’année.
Secundo, une participation de la section
communication de la Haute école libre
du Hainaut, dont plusieurs étudiants
proposeront quotidiennement des échos
du festival dans les colonnes de ce
journal, mais aussi sur les réseaux SAMEDI 30 AVRIL
sociaux.
Tertio, les groupes qui animeront la
soirée du mercredi seront mis au défi Kyle Eastwood fait s
d’interpréter un Frit’jazz Hymn créé
dans le cadre du 10e anniversaire, et
décliné dans les différentes langues de Laure Watrin
l’Eurométropole lilloise : le français, le

Lors du festival 2019 (il n’a pas eu lieu
en 2020 et 2021), Tournai avait ac-
cueilli un total de 10 000 spectateurs !
Des nouveautés durables
Dix jours de concerts donc (au lieu de
cinq), de sorte qu’il a fallu mettre les
petits plats dans les grands. Trois
chapiteaux seront installés sur la plaine
des Manœuvres, le centre-ville ne se
prêtant pas à une manifestation d’une
telle envergure : un Magic Mirrors de
800 places, un Magic Circus de 1300
places (une telle jauge est nécessaire
quand on veut rentabiliser certains
artistes) et, entre les deux, un Jazz
Square qui accueillera vingt concerts
gratuits, des bars, un restaurant avec
menu trois services, des food trucks…
Pointons trois autres nouveautés qui,
elles, devraient être pérennisées.
Primo, un partenariat avec l’Open Music
2 Vendredi 15 avril 2022
picard et le néerlandais, voire le west
vlaams…
Qui a dit que le jazz était une musique
froide, figée et sèche ?
» Le Tournai Jazz Festival est une organisa-
tion de l’ASBL Tournai Jazz Festival Associa-
tion, en collaboration avec la Maison
de la culture de Tournai, la Ville de Tournai,
le Conseil de développement de Wallonie
Picarde, l’OpenMusic ASBL de Comines
et le Fifty one Club de Tournai.
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-
Bruxelles et d’Hainaut Culture.
GE O F F R E Y BE R N A R D ,
P
ink Panther, Skyfall, Taxi Driver… Avec son projet
Cinematic, le musicien Kyle Eastwood livre des re-
prises inédites des plus grandes musiques de film.
Accompagné par son quintet et la voix de Hugh
Coltman, il célèbre en quelque sorte un héritage familial.
Parce que oui, chez les Eastwood, le septième art et le jazz
ont une place de choix. Fils de l’acteur et réalisateur, Clint
Eastwood, Kyle n’a pas complètement suivi la trace de son
père, bon, brute et truand à la fois sur le grand écran. Clint
Eastwood à Paris Match : « Je n’ai jamais eu l’intention d’en
faire un acteur. Je n’ai d’ailleurs jamais poussé un de mes huit
enfants dans le métier, je les ai encouragés à suivre leurs dé-
sirs. »
Après avoir suivi deux années d’études en cinéma et être
passé devant la caméra notamment aux côtés de Meryl
Streep (1995), l’aîné de la famille décide de se concentrer
sur sa véritable passion : la musique. Sachant jouer de plu-
sieurs instruments, il se perfectionne en tant que contre-
bassiste. « J’ai grandi en écoutant des disques de jazz ou de
blues dont mes parents étaient fans. J’ai pensé qu’il serait fabu-
leux de pouvoir revisiter et interpréter certaines musiques de
films de mes compositeurs préférés. J’ai voulu sélectionner des
thèmes que la plupart des gens reconnaîtront, mais aussi des
moins connus et qui peuvent être adaptés pour un quintet de
jazz. »
En 1998, il signe un contrat avec le célèbre label Sony et
sort son premier album From there to here. En 2004, son
 AGENDA
Vendredi 29 avril
Magic Circus
21 h HOOVERPHONIC
WITH ORCHESTRA
« Cette année,
des gens viendront
de Suède,
du Danemark
Hooverphonic
et d’Israël pour Magic Square
le concert 17 h 30 & 19 h 45 MORNING
d’Hiromi. » CALL JAZZ BAND
Magic Mirrors
18 h 30 SAL LA ROCCA
QUINTET, avec Stéphane
Belmondo
22 h 30 AN PIERLÉ
QUARTET
samedi 30 avril
Magic Circus
18 h HIROMI THE PIANO
QUINTET
21 h 30 KYLE EASTWOOD
“CINEMATIC”,
avec Hugh Coltman
Magic Square
11 h 30 ZACOUSTIX
13 h 15 L’EAU A LA BOUCHE
(GAINSBOURG)
15 h YALYA
HIR O M I Magic Mirrors
16 h 15 STÉPHANE TSAPIS –
LE TSAPIS VOLANT
son « Cinematic »
Tsapis volant
19 h 45 TOINE THYS –
OVERSEAS
23 h THOMAS DE
POURQUERY SUPERSONIC
dimanche 1er mai
Magic Circus
17 h ROYAL BAND
OF THE BELGIAN NAVY :
TRIBUTE TO SNARKY
PUPPY, avec Frank
Le cinéma et le jazz, un héritage familial Deruytter
20 h 30 TOOTS THIELEMANS
père et sa fille le rejoignent sur Paris Blues. Dans un style
100E ANNIVERSAIRE
modern-jazz, arrive dans les bacs Now. Entre 2009
et 2016, le musicien enregistre cinq albums, puis présente Magic Square
deux années plus tard, In transit. 11 h 30 JAZZ MUSIC
Kyle Eastwood ne se fait pas qu’un nom dans le jazz. Il ORCHESTRA
compose également les bandes originales pour huit réali- Quand Big Ben
sations de son paternel dont Mystic River (2002), Million rencontre Big Band
Dollar Baby, Lettres d’Iwo Jima, Gran Torino et Invictus. 13 h 15 CONSERVATORY
Depuis plus d’une vingtaine d’années, le contrebassiste JAZZ BAND
partage sa vie entre Paris et Los Angeles. « Ça me plaît tou- 21h45 ARNAUD GHYS DJ
jours autant malgré les grèves ! (rires) », avait-il confié à un SET, avec Samuel Ber
magazine français en 2020.
SAMEDI 30 AVRIL
THOMAS DE POURQUERY
Saxophoniste-
chanteur de 44 ans,
le Français Thomas
de Pourquery sem-
ble venir d’une au-
tre planète.
Comme un Martien
Un projet Supersonic
qui, après avoir
choisi la Terre comme seconde résidence aurait préféré la
Lune pour laisser s’éclater son énergie d’extraterrestre. Et
que dire de son groupe appelé Supersonic, assemblé en
2011, dont les musiciens « apparaissent depuis longtemps
sur des projets qui font exploser les frontières entre jazz,
rock progressif, pop ouvragée, funk psychédélique, musi-
que électronique, africaine… » Sur l’astre tournaisien, le
sextet proposera son projet Back to the Moon dont le
morceau Yes Yes Yes Yes a été écouté en boucle par l’as-
tronaute Thomas Pesquet lors de son récent séjour dans
la Station internationale… Spécialisée ou pas, la presse
est unanime pour saluer le nouveau voyage musical du
groupe. Jazz Magazine : « Un disque conçu comme une
odyssée, à savourer d’un seul tenant, alternant morceaux
instrumentaux, introductions et transitions improvisées à
l’étrange beauté, chansons portées par la voix solaire du
saxophoniste-chanteur-compositeur-acteur superstar. »
Les Inrockuptibles : « Radieux album d’une formation
flottant librement dans la nébuleuse du jazz cosmique.
Thomas de Pourquery explore un univers musical en per-
pétuelle expansion – quelque part entre jazz, pop, chan-
son, rock et bande originale de film. » Télérama : « Une ré-
union d’énervés, jouant du jazz avec une énergie rock,
n’oubliant jamais d’être mélodiques et accessibles, et
dont les nappes de synthés vous submergent par vagues
sans que vous y preniez vraiment garde. » F.D.
VENDREDI 6 MAI
BAI KAMARA JR
Sorti en 2020, Salone est le
dernier projet en date de Bai
Kamara Jr, chanteur/guita-
riste originaire du Sierra
Leone mais installé à Bruxel-
les depuis de très nombreu-
ses années. Salone signifie
Sierra Leone en dialecte cré-
ole… « Ce disque – mon 6e en
-
solo – me permet enfin une
plongée dans mes racines africaines », raconte-t-il, tout en
se disant « autant européen qu’africain ». En 2001, il avait in-
titulé l’une de ses chansons Downtown Saint Josse… Bai Ka-
mara Jr n’a pas que de bons souvenirs des réalités africaines.
Le blues, qui à l’origine est la musique des esclaves noirs,
sonnait comme une évidence pour lui « permettre d’expri-
mer mes sentiments et mes inspirations musicales ». Et
d’ajouter que si le blues est d’abord une musique triste, elle
est parfois aussi empreinte de beaucoup d’humour. Habitué
des festivals, Bai Kamara Jr a accompagné Vanessa Paradis,
écrit pour Vaya con Dios… Présenté comme un « activiste »
– il s’est beaucoup démené pour les réfugiés, les malades
d’Ebola… – l’ancien étudiant en gestion d’entreprise sera ac-
compagné d’un groupe appelé « The Voodoo Sniffers », du
nom de ces types qui, au Sierra Leone, « reniflent les bara-
ques pour dénicher les mauvais esprits »… F.D.
Vendredi 15 avril 2022 3
 DIMANCHE 1ER MAI
Philip Catherine :
« Avec Toots, c’était
toujours simple… »
Toots Thielemans, Brussels Jazz Orchestra,
Grégoire Manet : Philip Catherine préface
l’hommage à Toots Thielemans,
qui aurait eu 100 ans le 29 avril 2022.
Interview : François Descy
« L’
oiseau guitariste a
de très nombreuses
heures de vol – il a
participé à son
premier enregistre-
ment en 1961 ! – mais il reste très difficile à
attraper. » Le management de Philip
Catherine le dit « très occupé », notamment
par la préparation d’une tournée en
Allemagne. Avec Jean-Jacques Vanden-
broucke (Open Jazz Comines), nous avons
finalement réussi à le capturer et à le
coincer dans la cage dorée du château de
Thoricourt, quelques heures avant un
concert donné dans le cadre du Printemps
musical de Silly, où il devait présenter son
nouveau projet, appelé Pourquoi. « Pourquoi
Pourquoi ? Ne me demandez pas pour-
quoi… », nous lance-t-il, rigolard. Le ton
est donné…
Combien de fois avez-vous joué
avec Toots ? Quels souvenirs
en gardez-vous ?
J’ai joué de très nombreuses fois avec lui, et
j’ai notamment participé à l’enregistrement de
trois de ses disques, dont un dès 1972. En
concert, je ne jouais généralement que deux
ou trois morceaux. Avec lui, cela se passait
toujours de façon simple. Par exemple, il disait
« on va jouer My Funny Valentine », et
c’était parti… Désolé, mais je n’ai pas de
choses très intéressantes à raconter…
Vous avez quand même bien
l’une ou l’autre anecdote…
Il plaisantait tout le temps… Je l’ai rencontré
à l’hôpital à la fin de sa vie. Il avait beaucoup
maigri. Il a ouvert sa chemise de pyjama pour
me montrer son torse. « On dirait un
xylophone », se marra-t-il… Oui, il aimait
bien rire, raconter des blagues ! Il en avait de
bonnes. Je me souviens par exemple de
l’histoire du pingouin qui rentre dans un bar
et qui demande au barman : est-ce que vous
n’avez pas vu mon père ? Et le barman lui
répond : à quoi ressemble-t-il ?
Il savait être sérieux, quand
même ?
Oui. Jeune, il adorait les maths, et c’est
peut-être ce qui lui a enseigné la rigueur.
4 Vendredi 15 avril 2022
« C’était un musicien
assez complet.
Rigoureux et
émotionnel à la fois.
Et qui aimait bien
rire… »
Victime d’un accident cardio-vasculaire dans
les années 1980, qui lui laissa tout le côté
gauche paralysé, il a fini par retrouver toutes
ses facultés à force de courage et de travail.
Rigoureux donc, mais aussi émotionnel…
C’était un musicien assez complet.
Bref, c’était un vrai Belge
des Marolles…
… mais aussi un vrai Américain, car il a
longtemps vécu au États-Unis. Il était très
business, dans le sens qu’il prenait soin de ses
affaires, histoire de montrer qu’il ne fallait pas
trop lui marcher sur les pieds…
Le Brussels Jazz Orchestra partici-
pera à l’hommage rendu à Toots.
Vous connaissez bien le BJO…
Oui. J’ai par exemple enregistré un disque
avec eux – Meeting colours – avec beaucoup
de compositions à moi… C’est un formidable
orchestre, avec rien que de bons musiciens.
Beaucoup de discipline ! Beaucoup de con-
certs ! Avec une programmation qui change
tout le temps ! DIMANCHE 1ER MAI
L’harmoniciste Grégoire Manet
aussi sera de la partie à Tournai.
On dit de lui qu’il est le successeur Deux pianos pour un p
de Toots…
C’est possible… Je sais en tout cas que Toots
S
l’aimait bien. Pour ma part, j’ai joué une fois i Philip Catherine participera à l’hommage rendu
avec lui, voici environ deux ans, au festival de à Toots Thielemans, il donnera aussi, le même
Middelheim à Anvers… jour, un concert, en quintet, avec deux pianos
(Bert Van den Brink et Nicola Andrioli), une dou-
ble bass (Federico Pecoraro) et une batterie (Bruno Cas-
telucci). Alors que de nombreux artistes viendront à
Tournai pour défendre leur dernier disque en date, le
guitariste bruxellois viendra avec son projet Deux pianos
qui avait ébloui tout le monde lors de sa présentation à
Flagey, en 2017, dans le cadre du 75e anniversaire de
Philip Catherine. « Je ne cherche pas à être différent des au-
tres, ce serait idiot, mais j’ai plusieurs projets en route, et
c’est celui-là que j’avais envie de jouer à Tournai… »
Philip Catherine était présent au tout premier Tournai
Jazz Festival, en 2012, en même temps que Toots Thiele-
AV E C J.J. VA N D E N B R O U C K E
mans, et on aurait dû le revoir l’an dernier, dans le cadre
 AGENDE
MERCREDI 4 MAI
dimanche 1er mai
Magic Mirrors GLASS MUSEUM EN AVANT 1 RE

15 h 15 MICHEL HERR
POSITIVE TENTET
Michel Herr et son tentet
18 h 45 PHILIP CATHERINE
QUINTET “TWO PIANOS”
Mercredi 4 mai
Magic Square
14 h 30 JEUNESSES
MUSICALES, ateliers
et animations
17 h BANDA ANCHA
Magic Mirrors
16 h JARABE DORADO
CONCERT Le p’tit Bal
Latinos pour les Chiquitos !
(Goûter inclus !)
18 h 30 THE B-WAPPY
MACHINE Frit’jazz Pass 15 €
(3 concerts + frites
+ fricadelle + sauce)
20 h 15 GUY VERLINDE
& THE ARTISANS
OF SOLACE, Frit’jazz Pass
15 € (3 concerts + frites
+ fricadelle + sauce)
Le premier Frit’jazz voit le
jour le 8 février 2017. Com-
posé du pianiste Antoine
Flipo et du batteur Martin
Grégoire, le duo instrumental
tournaisien Glass Museum
est au programme, un an
après s’être mis en mouve-
ment. Leur univers musical à
Antoine et Martin
la fois énergique et fragile fait
mouche. Antoine et Martin sont face à face, dans une sorte
de duel complice qui impressionne. Deux, leur premier al-
bum, sort en 2018. Puis, juste avant la pandémie, c’est Reyk-
javik qui émerge, glacé et volcanique. Le duo met son isole-
ment à profit pour se retirer dans les Ardennes et produire
un Reflet marqué de « techno minimale, de breakbeat, de
jazz et de deep house qui affluent dans des contrées irri-
guées par la vague néoclassique ». Composé de huit mor-
ceaux, l’album sortira ce 29 avril. Et, le 4 mai, c’est la pre-
mière fois qu’il sera joué sur scène, avant de partir en
tournée. « Ça reprend comme il faut, on ne nous a pas ou-
bliés… » constate Martin Grégoire, rassuré. Pour son « re-
tour aux sources » à Tournai, le duo se produira en… trio,
avec le contrebassiste bruxellois Brieuc Angenot. « La pré-
sence d’un troisième musicien nous apporte un souffle
nouveau sur scène », annonce le batteur. Glass Museum
s’est déjà produit sur scène avec un trompettiste mais la
présence de Brieuc Angenot pourrait s’inscrire dans la du-
rée. « Nous sommes dans une phase de transition et nous
pensons rester à trois pour la suite. Brieuc faisait partie de
notre entourage et, très vite, il nous a donné l’impression
d’avoir toujours été membre du groupe, tant humainement
qu’artistiquement, sachant que l’humain est très important
dans notre démarche. Brieuc nous apporte aussi sa con-
naissance assez poussée de la musique électronique, du
classique et du jazz… » F.D.
»La soirée est organisée en partenariat avec l’Open Music
Comines.

VENDREDI 6 MAI

ROBIN MCKELLE, ELLES, ELLES

Toots Thielemans et Philip Catherine,
deux légendes belges du jazz.
presque octogénaire
d’un Tournai fête jazzer la musique, sorte d’alternative au
festival annulé pour cause de pandémie. Le guitariste ne
put finalement pas être présent, à cause d’une sciatique,
consécutive à une chute à vélo.
« Depuis lors, je ne fais plus de vélo – j’en faisais beaucoup –
car je me suis pété l’épaule, mais j’essaie de rester en forme,
je fais un peu de yoga, explique-t-il, alors que nous lui de-
mandons s’il prend soin de sa santé, lui qui reste hyper-
actif à quelques mois de son 80e anniversaire. Et je ne
fume plus depuis une quinzaine d’années, alors que j’avais
commencé à 27 ans, pour en devenir tout de suite accro… »
Prêt, donc, à rester sur scène jusqu’au bout, comme le fit
Toots ? « Je ne connais pas l’avenir mais j’aime beaucoup ce
qu’à écrit un ami sur une récente carte d’anniversaire, disant
que j’étais entré dans une catégorie de gens trop vieux que
pour mourir… C’est bien, non ? » F.D.
Guy Verlinde et ses artisans
I must have that man (Je veux avoir cet homme). C’est le
22 h GLASS MUSEUM
titre d’un single sorti le 3 mars dernier et qui se trouvait, un
Frit’jazz Pass 15 €
peu oublié, sur la piste bonus d’un album de Robin McKelle
(3 concerts + frites
sorti en 2010. La musique avait été composée par Duke El-
+ fricadelle + sauce) lington, une légende du jazz. Mais les femmes ne sont ja-
Jeudi 5 mai mais très loin dans l’univers de notre chanteuse améri-
caine. Les paroles de I must have that man avaient été
Magic Circus
écrites par Dorothy Fileds, tandis que le dernier album de
20 h 15 IBRAHIM MAALOUF McKelle – Alterations (2020)– est un recueil de chansons
écrites par des songwriters féminines : Amy Winehouse,
Adèle, Billie Holiday… Si Robin convoque la pop sur son
dernier opus, elle est avant tout une chanteuse de jazz
soul : sa voix de contralto « qui peut tout se permettre » est
puissante, expressive, sensuelle, énergique, tantôt éraillée,
tantôt veloutée. Cela à l’image d’un tempérament, géné-
reux, qui se manifeste sur scène, même si Alterations est
marqué par « une ambiance jazz feutrée, intime et déli-
cate ». Comparée à Ella Fitzgerald lors de ses débuts, Ro-
bin McKelle se rapproche davantage, aujourd’hui, d’une
Ibrahim Maalouf
Aretha Franklin, d’une Tina Tuner, d’une Janis Joplin, tou-
Magic Square tes femmes à l’âme puissante. À Tournai, elle sera accom-
17 h ZARA GUILI pagnée d’un piano, d’une basse et d’une batterie. F.D.
Magic Circus
18 h 30 ESINAM
21 h 45 AKA MOON
OPUS 111
Vendredi 15 avril 2022 5
AGENDA VENDREDI 6 MAI

Ayo : un sixième opus « royal »

Vendredi 6 mai
Magic Circus
21 h AYO
Magic Square
17 h 30 SEVAN Celle qui se désigne
Magic Mirrors
comme « la fille à la
19 h 15 BAI KAMARA JR
& THE VOODOO SNIFFERS guitare » se recentre
22 h 30 ROBIN MCKELLE
sur sa voix maternelle.

Laure Watrin

C
omparée à Tracy Chapman pour son
timbre chaud, Ayo (« Joie » en dialecte
Robin Mckelle yoruba) ou plutôt Joy Olasunmibo
Samedi 7 mai
Ogunmakin est la révélation folk-soul de
l’année 2006. Son premier disque, certes
Magic Circus produit par le mentor de Norah Jones, Jay Newland,
16 h ANDRÉ MANOUKIAN est entièrement composé par ses soins. Il s’appelle
18 h 30 ERIK TRUFFAZ Joyful comme le surnom qu’on lui a attribué. Ses
tubes Down on my knees et And it’s supposed to be love,
deux complaintes mélancoliques, lui permettent
d’acquérir une renommée internationale. L’album
résonne comme un écho aux blessures de la chan-
teuse, notamment de son enfance meurtrie. Née en
Allemagne d’une mère tzigane accro à l’héroïne et
d’un père nigérien aimant, mais jugé inapte à s’occu-
per de ses enfants, Ayo attrape le virus de la musique
Éric Truffaz entre foyers d’accueil et orphelinats. Adulte, elle
21 h 30 ROBERTO mène une vie cosmopolite entre Londres, Paris et
FONSECA New York. Sa musique porte la trace de ses voyages
Magic Square
autant que de ses chagrins, ses espoirs et ses bon-
heurs avec la naissance de ses deux enfants en tête.
11 h 30 THE CHICKIES
Son second opus sorti en 2008, Gravity at last, en
13 h 15 LES BREW JO Y OL A S U N M IB O OG U N M A K IN
témoigne. L’album chante l’amour d’une mère et
BROTHERS
15 h & 17 h 30 ROSEBUD
d’une femme comblée. Puis en 2011, Billie-Eve, est
un jeu de mots entre
Magic Mirrors Believe et Eve, le prénom de sa fille. Deux ans plus
20 h JACKY TERRASSON tard, cette personnalité simple et sincère étonne en
23 h AVISHAI COHEN’S
BIG VICIOUS
rappant aux côtés de Youssoupha. En 2017, elle SAMEDI 7 MAI
démarre la playlist de l’album qui porte son nom de
scène par Paname, en hommage à Paris, sa ville de
Samedi 8 mai
Magic Circus cœur. Jacky Terrasson : « 5
16 h 30 CHARLES PASI
20 h KIMBEROSE
« Royal » n’est plus dédié
qu’aux reprises Laure Watrin
Magic Square À la croisée du blues, de la soul, du folk, du jazz et de

«P
11 h 30 BIG BAND la musique minimaliste, Royal a été concocté en
des élèves du Jamaïque. À la base, il devait être l’un de ces disques
Conservatoire de reprises. « J’étais de plus en plus nerveuse. Je n’avais
13 h 15 JFC BIG BAND pas le sentiment que c’était ce que je devais faire, je me
15 h WEST MUSIC CLUB disais que les gens allaient penser que je n’avais plus
“50 ANS”
d’idées et que j’essayais de capitaliser sur le succès de
Magic Mirrors mon premier album en reprenant mes propres chansons »,
18 h 15 LUBIANA a-t-elle indiqué lors d’une interview accordée à BFM.
21 h 45 OTOMACHINE Quatre jours avant l’enregistrement, elle décide
d’interpréter de nouvelles compositions. « Quand j’ai
dit à mon manager que je n’allais pas faire ces reprises, il
a dit : Dieu merci. J’avais assez de nouvelles chansons
pour faire en un album. » On retrouve tout de même
plusieurs morceaux adaptés d’autres artistes comme
Né quelque part de Maxime Le Forestier, Throw It Away
d’Abbey Lincoln et Fool’s Gold de Lhasa.
Otomachine « J’avais assez de nouvelles
chansons pour en faire
un album. »
6 Vendredi 15 avril 2022
ourquoi 53 ? Tout simplement parce que j’aurai
conçu et enregistré ce 15e album au cours de ma
53e année et qu’à cette occasion, j’ai voulu faire
un disque qui me ressemble vraiment. C’est un
âge pour un homme où l’on se sent dans une forme de maturité,
en pleine possession de ses moyens, avec en plus un léger recul sur
la vie qui permet une certaine lucidité. Avec ce disque, j’ai eu envie
de me livrer totalement, de prendre des risques, tout en assumant
mon parcours, mes choix artistiques, ma vie et mon âge ! » À
l’occasion de ses trente ans de carrière, le pianiste franco-
américain Jacky Terrasson s’offre une discographie avec des
compositions originales. Jusqu’à présent, il s’est toujours plu
à déconstruire les reprises de standards. Avec 53, l’artiste a
fait le choix d’un format de prédilection : piano-basse-batte-
rie. Dans les années 90, certains se souviennent certaine-
ment de son trio considéré comme l’un des meilleurs avec le
bassiste Ugonna Okegwo et le batteur Leon Parker. Hormis
un arrangement solo de Lacrimosa (Requiem de Mozart) et
son titre Résilience en hommage à sa mère disparue, inter-
prété en duo, les quatorze autres morceaux diversifient les
ambiances en trois rythmiques. À la guitare basse, Géraud
Portal rejoint à la batterie, Ali Jackson, sur quatre plages
légères (The Call, Alma, La part des Anges et Kiss Jannett for m),
une bluesy (Blues en femmes majeures) et une plus groovy
 JAZZ SUR LA VILLE
» à son image
samedi 16 avril
18 h NINA WANTS JAZZ
TRIO, à l’ancien Sarma
vendredi 22 avril
20 h 30 GUILLAUME
BARRAUD, au Conservatoire
samedi 23 avril
20 h EVE BEUVENS,
en concert privé
Dimanche 24 avril
16 h ALLERIA !
PINO DANIELE PROGETT,
à l’ancien Sarma
20 h DUO LIPO,
en concert privé
Duo Lipo : Elia et Lorenzo
Jeudi 28 avril
20 h IGOR GEHENOT TRIO,
en concert privé
samedi 30 avril
11 h QUAND LE JAZZ
ACCUEILLE LA POÉSIE,
avec Stéphane Tsapis
et Jean-Louis Cousseau,
au Conservatoire
samedi 7 mai
10 h & 14 h MASTERCLASSES
avec Jacky Terrasson
et Stéphane Mercier,
Ayo se livre sans fard et chante l’amour, au Conservatoire
la fidélité, l’espoir, et la foi. Elle dénonce
l’injustice avec toujours la même fraîcheur.
« 53 », l’âge de raison Stéphane mercier
8 avril-7 mai
Expositions de HUGUES
ADAM (Sarma), de JEAN-
CHARLES THIBAUT,
le photographe du festival
(au Conservatoire), d’YVES
DRUART (pastels et fusains,
à l’Office du tourisme),
d’ARNAUD GHYS
(photos, au Magic Square)
Film « MINGUS ERECTUS »
(à l’Office du tourisme, les
15e album en trio
samedis 30 avril et 7 mai,
(This is mine). Sylvain Romano (Quintet des frères Bel- 10 et 14 h)
mondo) et Grégory Hutchinson sont réunis par l’énergie
(Mirror, Jump, Babyplum et What happens au 6ème) et la ten- Conférence « LES ENRAGÉS
DU SWING »
dresse (Nausica). La paire Thomas Bramerie et Lukmil
(au Conservatoire,
Perrez interviennent sur deux titres (My Lys et Palindrome)
samedi 30 avril à 13 h)
et une version du poème Enivrez-vous de Baudelaire.
L’influence du jazz moderne est évidente. On ne doit donc
pas s’étonner si entre parenthèses, Stéphane Belmondo, un
habitué du Tournai Jazz Festival, est l’un de ses amis de lon-
gue date. Ensemble, ils ont joué à l’Olympia en 2015 et enre-
gistré l’année suivante Mother. Mais d’autres sources d’ins-
piration contribuent aux spécificités du style de Jacky
Terrasson, comme la chanson française. Il a d’ailleurs colla-
Jean-Charles Thibaut
boré avec Charles Aznavour.
SAMEDI 7 MAI
AVISHAI COHEN (TROMPETTE)
L’Avishai Cohen trompet-
tiste est né à Tel Aviv en 1978
huit ans après l’Avishai Co-
hen contrebassiste, que l’on
découvrit à Tournai lors du
festival de 2014. Comme
pour éviter toute confusion,
il intitula son tout premier
album The Trumpet Player…
A. Cohen © r. Cifarelli
19 ans et 10 disques plus
tard, il a bien affirmé son identité, marquée par une admi-
ration sans bornes envers Miles Davis, dont le jeu était lui
aussi « bâti autour du silence »… Avishai Cohen défendra
son projet Big Vicious mais on imagine, même s’il n’a pas
travaillé pour cela avec les mêmes musiciens, qu’il fera
aussi la part belle à son petit dernier, Naked Truth sorti le
25 février dernier. Big Vicious est présenté comme « une
expérience de mélange des genres, fait de backbeats
rock et d’improvisations de jazz, provenant de plusieurs
sessions, qui fonctionne aussi bien dans un petit club
sombre que sur la scène d’un festival ». Né en Israël mais
ayant étudié la musique aux États-Unis, où il s’est installé
voici 20 ans, notre trompettiste au « classicisme post-
bop » revendique sa double identité nationale, en même
temps qu’un devoir d’engagement. Voici ce qu’il disait à
Jazz Magazine durant l’été 2020 : « Qu’il s’agisse de
Trump ou de Netanyahu je les trouve l’un comme l’autre
beaucoup plus inquiétants et dangereux que le corona-
virus. Ce qu’il faut que l’on combatte dans nos pratiques
artistiques, c’est cette politique de manipulation des
masses par la peur que de nombreux gouvernements po-
pulistes partout dans le monde sont en train de mettre en
œuvre… » Tant sur un plan artistique que politique, Avis-
hai Cohen est quelqu’un qui n’a pas froid aux yeux ! F.D.
DIMANCHE 8 MAI
LUBIANA : LA KORA LUI VA BIEN
Avec sa voix d’or, Lubiana,
joueuse de kora belgo-came-
rounaise, tisse un fil rouge en-
tre les mélodies ancestrales
de ses origines africaines et la
pop occidentale actuelle. À
Tournai, elle présentera son
projet Beloved, un premier al-
-
bum enregistré l’an dernier.
Sa maîtrise des rouages du studio lui vient de Self Love, bel
EP d’introduction, comprenant cinq chansons. Écrin de pop
solaire, Beloved – qui signifie « bien aimé » – convoque la
soul, le folk, le R’n’B et les mélodies africanisantes. Il est déjà
loin le temps de ses études de musique à Louvain et son ex-
périence de The Voice en 2011… Au cœur de ses chansons,
on trouve toutes sortes d’amour : l’amour sensuel, filial,
l’amitié, l’amour d’une culture, d’une terre, des souvenirs.
L’amour de soi également. « Lubiana instaure le discours
d’une féminité sacrée, puissante », dit-on d’elle. Un discours
qui se retrouve dans ses influences, parmi lesquelles Ballaké
Sissoko et Sade. Des hommes ont également compté dans
son parcours et l’ont encouragée à manier la kora, comme
Salif Keïta et Youssou N’Dour. Issue de la culture africaine
occidentale, la kora est une harpe, l’un des instruments pré-
férés des griots. Principalement jouée par des hommes, elle
a jeté son dévolu sur Lubiana. Et inversement. F.D.
Vendredi 15 avril 2022 7
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