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Quand le prix d’achat d’un VR ne tient plus...
Comme plusieurs consommateurs, un couple de la région de Baie-Comeau, au Québec, a signé I'an
dernier un contrat pour l'achat d'un véhicule récréatif. Un an plus tard, avant que le VR ne soit livré,
le prix a bondi de prés de 50 000 $. Pourtant, il est illégal d’augmenter le prix d’un bien aprés la
signature d'un contrat, selon l'Office de la protection du consommateur.
Hélene Leblanc et Jean-Pierre Dupuis ont signé un contrat en vue de l'achat d'un VR au prix de 118 000 $.
PHOTO: RADIO-CANADA
Yvan Lamontagne
le 12 avril 2022
A leur retraite, Héléne Leblanc et Jean-Pierre Dupuis se sont dit qu’un VR motorisé serait le véhicule parfait pour
découvrir le Canada et l'est des Etats-Unis. Ils ont les moyens d’en acheter un tout neuf, a un prix qu'ils jugent
acceptable. En février 2021, ils signent donc un contrat avec Roulottes Lévesque pour un VR 2022, construit aux
Etats-Unis, au prix de détail de 135 670 $, taxes comprises.« Pour nous, on peut dire que c’était une bonne affaire parce que ¢a tombait dans notre
budget. »
— Jean-Pierre Dupuis
Toutefois, six mois aprés la signature du contrat, le représentant de Roulottes Levesque, de la région de Québec,
annonce au couple que le prix de détail du véhicule sera plus élevé que celui stipulé dans le contrat.
«I! nous a dit : "I va sdrement y avoir une augmentation de prix. Ca va étre sdrement comme
15-16 000 $."»
— Héléne Leblanc
Le couple Leblanc-Dupuis a traversé toute une gamme d’émotions depuis achat de son VR.
Comme bien d'autres consommateurs qui ont contacté La facture et qui font affaire avec divers commercants, le
couple se demande comment un concessionnaire peut exiger une hausse de prix alors que son contrat d’achat
est signé en bonne et due forme.
La clause 5 écrite au verso du contrat interpelle les Leblanc-Dupuis. Elle indique en résumé que toute
augmentation du prix du véhicule récréatif par le constructeur sera ajoutée au prix du présent contrat et sera 3 la
charge de l'acheteur.Selon le porte-parole de I'Office de la protection du consommateur (OPC), Charles Tanguay, la clause qui ouvre la
porte a cette augmentation est illégale, si on se fie aux différents articles de la Loi sur la protection du
consommateur. Et I'avocat qui représente I'Association pour la protection des automobilistes (APA), Hubert
Lamontagne, est du méme avis.
«Ilya article 11.2, qui spécifie exactement que c'est interdit aux commercants de monter le
prix unilatéralement. Un contrat qui a été signé par les deux parties doit étre respecté, qu'on soit
au Québec ou 4 I'extérieur de la province, au Canada. »
— Hubert Lamontagne
Le conseiller juridique de 'APA, Hubert Lamontagne, estime que les consommateurs doivent exiger le prix établi dans le contrat.
La direction de Roulottes Lévesque a refusé de nous accorder une entrevue. L’entreprise utilise le contrat type
de Association des commergants de véhicules récréatifs du Québec (ACVRQ). Nous lui avons demandé une
entrevue et elle a refusé elle aussi.
L'ACVRQ conteste la position de 'OPC au sujet de la clause 5. Elle nous écrit que cette clause existe depuis plus
de 20 ans dans les contrats et qu'elle n'a jamais fait l'objet d'une décision défavorable. «II s'agit d’une clause ol!
les deux parties, le consommateur et le concessionnaire, acceptent que le prix de vente soit ajusté advenant le
cas d'une augmentation, par le constructeur, du prix du véhicule récréatif..»
Le rédacteur en chef du magazine Camping Caravaning, Paul Laquerre, connait bien les rouages de cette
industrie. II ne jette pas la pierre aux concessionnaires puisque, selon lui, c'est le constructeur qui estentigrement responsable de ces hausses soudaines.
« Ilya beaucoup de facteurs qui expliquent cette hausse. Tout d'abord, la pénurie de piéces, les
délais de livraison que les fabricants doivent encourir. Ces véhicules récréatifs, pour la plupart,
sont fabriqués aux Etats-Unis, en Indiana, un Etat ow Ia loi de la protection du consommateur
est pratiquement inexistante. Donc, les constructeurs font ce qu'ils veulent. »
— Paul Laquerre
ne
Paul Laquerre, rédacteur en chef du magazine « Camping Caravaning », ne jette pas la pierre aux concessionnaires.
Toutefois, selon le porte-parole de I'OPC, le consommateur signe un contrat avec un commergant qui s’entend
sur le prix avec son client. Et ce n'est pas le probléme de ce dernier si le constructeur augmente ses prix.
« Je suis indignée. Ga ne me rentre pas dans la téte. »
— Héléne Leblanc
Et ce n'est pas fini : le concessionaire vient d'annoncer au couple Leblanc-Dupuis que le prix final, en incluant
les taxes, atteindra presque 50 000 $ de plus que le prix inscrit au contrat.
« Ce n’est plus dans notre prix. Si on met tout sur le VR, il reste dans la cour. €a ne va pas Ia! »
— Jean-Pierre DupuisHéléne Leblanc et Jean-Pierre Dupuis ont décidé de faire appel & un avocat qui a déposé en Cour supérieure une
demande introductive selon laquelle le prix indiqué au contrat doit étre respecté et que le véhicule qu’ils ont
choisi ne doit pas étre vendu a un tiers jusqu’a ce qu'un jugement final soit rendu.
Hélene Leblanc et Jean-Pierre Dupuis se sont dit qu'un VR serait le véhicule parfait pour découvrir le Canada et les Etats-Unis.
Précision
Dans une version précédente de ce texte, on pouvait lire que les parties en étaient venues a une
entente confidentielle vendredi dernier. Cette entente ne tient plus, mais des discussions sont
toujours en cours.
N'oubliez pas que si vous avez payé un prix plus élevé que le prix inscrit dans le contrat, vous pouvez toujours le
contester devant les tribunaux.
Le reportage d'Yvan Lamontagne et de Claude Laflamme est diffusé a La facture le mardi 419 h 30 et
le samedi 4 12 h 30a ICI Télé.