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Liberté Des Prix v06122021 VF
Liberté Des Prix v06122021 VF
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Thème de recherche :
« Liberté des prix ».
▪ Groupe de travail :
BESRI NOURA ELHADEQ SOUHAIL AMARTINI MERIEM EL AJAJE SALMA OUASTA ZINEB
Sommaire :
Introduction : ............................................................................................................................................ 3
Partie 1 - Le cadre juridique relatif à la liberté des prix et de la concurrence au Maroc : ....................... 5
Chapitre 1- La loi n°104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence : ................................. 5
Section 1. Le champ d’application de la loi n°104-12 relative à la liberté des prix et de la
concurrence :.................................................................................................................................... 5
Section 2- Les différentes dispositions et les obligations de la loi n°104-02 relative à la liberté
des prix et de la concurrence : ......................................................................................................... 6
Section 3- Les pratiques anticoncurrentielles : ................................................................................ 7
Section 4 - Exemples de cas de pratiques anticoncurrentielles : ................................................... 11
Chapitre 2 - La loi 20-13 sur le conseil de la concurrence : ............................................................... 13
Section 1 - La lutte contre les pratiques anticoncurrentielles avant la loi 104-12 : ...................... 13
Section 2 - Le conseil de la concurrence, missions et attributions : .............................................. 15
Section 3 - Le Conseil de la Concurrence et le recours à la sanction ............................................. 19
Partie 2 - Etude de cas concernant la réglementation des prix des tests de dépistage du virus SARS-
CoV-2 ...................................................................................................................................................... 21
Chapitre 1- Rappel des faits : ............................................................................................................ 21
Chapitre 2 - Avis du conseil de la concurrence : ............................................................................... 24
Conclusion : ............................................................................................................................................ 27
Bibliographie : ........................................................................................................................................ 28
Introduction :
La légitimité de la concurrence réside dans le fait que cette rivalité profite au bien-être
social, lui-même, renvoyant à la notion de l’intérêt public.
La concurrence est donc légitime mais peut dans certaines mesures devenir un acte
déloyal par l’utilisation de moyens et outils contraires aux pratiques du commerce et
de la bonne foi.
Considérant que le marché est la rencontre de l’offre et de la demande des biens. Si les
conditions de la libre concurrence sont respectées, c’est là que se forment les prix.
Mais, la physionomie du marché ne se présente pas, évidemment, toujours de cette
façon. Plusieurs écueils empêchent son fonctionnement normal et restreignent ses
mécanismes.
C’est ainsi que le législateur marocain par la loi 008-71 du 12 octobre 1971 et puis par
l’élaboration de la loi 06/99 sur la liberté des prix et de la concurrence a initié un long
processus de réformes entreprises depuis plusieurs années visant à moderniser
l’environnement juridique et institutionnel de l’entreprise marocaine. Les dispositions
de cette loi sont conformes aux principes édictés par l’OMC et par la CNUCED. Elle a
été d’abord le fruit d’un choix délibéré, d’une conviction que le libre accès au marché,
la transparence et la loyauté sont des éléments fondamentaux dans l’édification d’une
économie moderne et bien structurée.
Liberté et loyauté de la concurrence constituent donc les deux pôles d’un bon équilibre
des relations économiques.
Ces instruments ont pour objets de définir les dispositions régissant la liberté des prix
et d’organiser la libre concurrence, elles définissent les règles de protection de la
concurrence afin de stimuler l’efficience économique et d’améliorer le bien-être des
consommateurs, elles visent également à assurer la transparence et la loyauté dans les
relations commerciales.
Quelles sont les dispositions apportées par la loi 104-12 sur la liberté des prix et
de la concurrence et la loi 20-13 sur le conseil de la concurrence dans le cadre du
principe de la liberté des prix et de la concurrence? A quel point ces dispositions
et ces mesures sont-elles capables de contrecarrer toutes les pratiques
délictueuses et organiser la liberté de la concurrence pour la protection de
l’intérêt public en maintenant les règles du marché?
Certes avant la constitution de 2011, et avant l’adoption des lois 104.12 et 20.13 qui
réglementent la concurrence au Maroc, la loi 06-99 relative à la liberté des prix et de la
concurrence avait tracé les grandes lignes directrices en matière de concurrence
remodelées 13 ans après.
Cette loi qui a appelé deux observations préliminaires. En premier lieu, sur le plan
substantiel, elle s’est orientée dans une large mesure vers le modèle de l’Union
européenne par la consécration d’un contrôle des pratiques anticoncurrentielles et un
contrôle des concentrations (1). En deuxième lieu, l’une des particularités du droit
marocain de la concurrence, sous l’égide de l’ancienne loi, est le clivage entre deux
autorités de la concurrence : le Premier ministre, qui a un pouvoir décisionnel, et le
conseil de la concurrence qui a un pouvoir consultatif (2).
Dahir n° 1-14 -116 du 2 ramadan 1435 (30 juin 2014) portant promulgation de la loi
n° 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence.
Section 1. Le champ d’application de la loi n°104-12 relative à la liberté des prix et de la
concurrence :
• Toutes personnes physiques et morales qu’elles aient ou non leur siège ou des
établissements au Maroc, dès lors que leurs opérations ou comportements ont
pour objet ou peuvent avoir un effet sur la concurrence sur le marché marocain
ou une partie substantielle de celui-ci ;
• Toutes activités de production, de distribution et de services, y compris celles
qui sont le fait de personnes morales de droit public lorsqu’elles agissent
comme opérateurs économiques et non dans l’exercice de prérogatives de
puissance publique ou de missions de service public ;
• Aux accords à l’exportation dans la mesure où leur application a une incidence
sur la concurrence sur le marché intérieur marocain.
Le principe de la liberté des prix est consacré par l’article 2 de la loi n°104-12, ainsi
les prix des biens, des produits et des services sont déterminés par le jeu de la libre
concurrence. Toutefois, ce principe ne s’applique pas aux biens, produits, et services
dont la liste est fixée par voie réglementaire après consultation du conseil de la
concurrence.
Les modalités de réglementation des prix des biens, produits et services et celles de
leur retrait de ladite liste sont fixées par voie réglementaire.
Dans les secteurs ou les zones géographiques où la concurrence par les prix est limitée
en raison soit de situations de monopole de droit, soit du soutien accordé par
l’administration à certains secteurs ou produits à la production ou à la
commercialisation, soit de difficultés durables d’approvisionnement, soit de
dispositions législatives ou réglementaires, les prix peuvent être réglementés par
l’administration après consultation du conseil de la concurrence. Les modalités de leur
réglementation sont déterminées par voie réglementaire.
Les dispositions des articles ci-dessus ne font pas obstacle à ce que des mesures
temporaires contre des hausses ou des baisses excessives de prix, motivées par des
circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement
anormale du marché dans un secteur déterminé, soient prises par l’administration,
après consultation du conseil de la concurrence. La durée d’application de ces
mesures ne peut excéder six (6) mois prorogeable une seule fois par l’administration.
Le prix du bien, produit ou service concerné peut alors être fixé librement dans les
limites prévues par l’accord intervenu entre l’administration et les organisations
intéressées.
Si l’administration constate une violation de l’accord conclu, elle fixe le prix du bien,
produit ou service concerné dans les conditions fixées par voie réglementaire.
▪ Ententes ou cartels ;
▪ Abus de domination économique ;
▪ Prix abusivement bas.
Ententes ou cartels
L’article 6 de loi 104-12 interdit les accords dont l’objet ou l’effet est de restreindre,
d’empêcher ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché au Maroc;
• Il faut qu’il y ait une forme d’accord ou de pratiques concertées entre des
entreprises ;
• Dont l’objet ou l’effet est de restreindre, d’empêcher ou de fausser le libre jeu
de la concurrence ;
• Et si cet accord est susceptible d’affecter un marché au Maroc.
Les ententes injustifiables sont les violations les plus flagrantes du droit de la
concurrence. Elles nuisent aux consommateurs en faisant augmenter les prix et en
limitant l'offre, rendant ainsi des biens et services totalement indisponibles pour
certains acheteurs et coûteux pour d’autres.
Une action efficace contre les ententes injustifiables est particulièrement importante
d’un point de vue international, puisque les ententes injustifiables faussent le
commerce mondial en créant un pouvoir de marché, du gaspillage et de l'inefficacité
dans les pays dont les marchés, autrement, seraient concurrentiels. Par ailleurs, les
cartels dépendent particulièrement de la coopération internationale pour agir
secrètement au-delà des frontières.
• Des sanctions efficaces, d'une nature et d'un niveau qui dissuaderont les
entreprises et les particuliers de participer à des activités de cartel ;
Des sanctions peuvent être imposées à chaque entité sanctionnée. Pour les sociétés, la
peine maximale s’élève à 10 % du chiffre d'affaires local ou mondial. Un tribunal peut
infliger une peine de prison de deux mois à un an et une sanction pécuniaire de 10 000
à 500 000 dirhams à toute personne ayant participé, frauduleusement, en toute
connaissance de cause, à la conception, l'organisation ou la mise en œuvre d'un cartel
ou d'un abus de position dominante. Le Conseil de la concurrence peut également
imposer d'autres sanctions aux parties contrevenantes, à savoir : la publication des
décisions et sanctions adoptées ; des mesures conservatoires ; des sanctions
pécuniaires journalières en cas de retard dans la mise en œuvre des décisions. (3)
(3) Examens de l'OCDE sur la gouvernance publique : Diagnostic d'intégrité au Maroc : Mettre en œuvre des
politiques d'intégrité pour renforcer la confiance.
« Les offres de prix abusivement bas par rapport aux couts de production, de
transformation et de commercialisation, dès lors que ces offres ou pratiques ont pour
objet ou peuvent avoir pour effet d’éliminer un marché, ou empêcher d’accéder à un
marché, une entreprise ou l’un de ses produits.
L’exception
▪ Qui résulte de l’application d’un texte législatif ou réglementaire pris pour son
application.
▪ Les pratiques dont les auteurs peuvent justifier qu’elles ont pour effet de
contribuer au progrès économiques et / ou technique et qu’elles réservent aux
utilisateurs une partie équitable du profit qu’ en résulte, sans donner aux
entreprises intéressées la possibilité d’éliminer la concurrence pour une partie
substantielle des biens, produits et services en cause. Ces pratiques ne doivent
imposer des restrictions à la concurrence que dans la mesure où elles sont
indispensables pour atteindre cet objectif de progrès.
▪ Les accords d’importance mineure qui ne restreignent pas sensiblement le jeu
de la concurrence, en particulier les accords entre petites et moyennes
entreprises.
Pratiques
Cas Descriptif
anticoncurrentielles
Donc, le Conseil de la Concurrence ne pouvait, selon ses dispositions, que mener des
études sur la concurrentiabilité de certains secteurs et sur l’existence de pratiques
anticoncurrentielles et, ensuite, émettre des avis et des recommandations là-dessus. Il
n’avait aucun pouvoir décisionnel ni de sanction. Il ne bénéficiait également pas de
prérogatives pour mener des enquêtes nécessaires pour bien instruire des affaires en
cause (4).
(4) OUAFAE LAROUSSI, les enquêtes de concurrence, mémoire de DESA, Faculté du droit de Fès, 2009.
Cela faisant, suite à la hausse du prix du lait survenue sur le marché à partir du 15 août
2013, le Ministère des Affaires Générales et de la Gouvernance a saisi le Conseil de la
Concurrence pour lui demander de procéder à une étude du secteur en vue s’assurer de
la conformité de cette augmentation des prix avec les dispositions de la Loi 06-99
relative aux prix et à la concurrence.
Dans un avis rendu dans ce cadre en 2013 (5), le conseil a indiqué : « en principe, la
libéralisation du secteur en 1992 aurait dû engendrer une concurrence libre entre les
opérateurs, notamment par les prix.
Force donc est de constater que le rôle du conseil de la concurrence dans la lutte contre
les pratiques anticoncurrentielles en application des dispositions de la précédente loi
n˚06-99, était insuffisant et très restreint dans la mesure où il ne dépassait pas le
domaine des consultations et des recommandations. Cependant, l’adoption, par le
parlement, à la fois, de la nouvelle loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la
concurrence et de la loi n˚20-13 instituant le Conseil de la Concurrence a renforcé ses
attributions et lui a permis, de jure, de se hisser au niveau d’une institution
constitutionnelle disposant de pouvoirs très étendus.
(5) Avis n˚42/13 concernant la concurrence dans le secteur du lait, In Rapport annuel du conseil de la
concurrence de 2013.
En effet, ces dernières prérogatives ne lui sont pas reconnues qu’après l’entrée en
vigueur, en 2014, des lois 104-12 (7) et 20-13 (8) relatives, successivement, à la liberté
des prix et de la concurrence et au conseil de la concurrence sachant que cette
institution était déjà prévue par la loi 06-99 (9) relative à la liberté des prix et de la
concurrence, remplacée.
(6) L’article 166 de la constitution marocaine, portée par le Dahir n˚ 1-11-91 du 29 juillet 2011, dispose : « le
conseil de la concurrence est une institution indépendante chargée, dans le cadre de l’organisation d’une
concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques, notamment à
travers l’analyse et la régulation de la concurrence sur le marché, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles,
des pratiques commerciales déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole »
(7) La loi n˚ 104-12, portée par le Dahir n˚ 1-14-116 du 30 juin 2014, publiée au Bulletin Officiel n˚ 6280 du 7
Août 2014.
(8) La loi n˚ 20-13, portée par le Dahir n˚ 1-14-117 du 30 juin 2014, relative au conseil de la concurrence.
(9) La loi n˚ 06-99 est la première loi, au Maroc, sur la liberté des prix et de la concurrence. Elle a été apportée
par le Dahir n˚ 1-00-25 du 5 juin 2000, publiée au Bulletin Officiel de 6 juillet 2000.
(10) Sanae EL HAJOUI, « Le nouveau droit de la concurrence au Maroc » Ed REMALD.
(11) Louis-Xavier Huguenin-Vuillemin, Le contrôle des pratiques anticoncurrentielles au sein des marchés de
l’Union Européenne, des États-Unis et du Canada : Perspectives d’un droit antitrust international, Mémoire
présenté à la Faculté des études supérieures en vue de l’obtention du grande de Maîtrise en droit des affaires le
03/09/2003, Université Montréal.
La légitimité de la concurrence réside dans le fait que cette rivalité profite au bien-être
social, lui-même, renvoyant à la notion de l’intérêt public (12).
Premièrement, les ententes s’entendent par accords sur la fixation des prix ou la
répartition des marchés entre des fournisseurs en concurrence sur un marché (15).
Troisièmement, les pratiques discriminatoires ou de prix abusifs sont aussi parmi les
pratiques anticoncurrentielles.
Toutefois, il est incontestable que, pour lutter contre ces pratiques anticoncurrentielles,
il faut doter l’institution, qui s’en occupe, de moyens et pouvoirs nécessaires à cet
effet. Or, les moyens et les outils dont disposait le Conseil de la Concurrence, sous
l’égide de la 06-99, précitée, n’étaient pas de la même importance que ceux dont
dispose aujourd’hui. Avec l’entrée en vigueur des lois 104-12 et 20-13 susvisées, le
Conseil de la Concurrence s’est vu attribué une place de choix parmi des autres
institutions constitutionnelles du royaume.
(12) V, Lionel ZEVOUNOU, le concept de concurrence en droit, Thèse, Université Paris Ouest Nanterre la
Défense, 2010.
(13) et (14) V, Emmanuelle CLAUDEL, ententes anticoncurrentielles et droit des contrats, thèse en droit,
Université de Paris X-Nanterre, 1994.
(15) et (16) V, Lutter contre les pratiques anticoncurrentielles, guide à l’intention des exportateurs des
économies en développement, Centre de Commerce International, 2012.
(17) AZEROUAL BADALLAH BOUDIZE WALID, le Conseil de la Concurrence, mémoire, master Droit des
Contentieux, 2016-2017.
Il est, également, appelé à donner son avis sur les demandes de consultation, telles que
prévues par la loi 20-13 et par la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la
concurrence, et à publier des études sur le climat général de la concurrence sur les
plans sectoriel et national.
Le conseil peut être saisi, pour toutes les pratiques anticoncurrentielles, par les
entreprises ou, pour toute affaire qui concerne les intérêts dont ils ont la charge, par les
organismes mentionnés au dernier alinéa de l’article 5 de la loi 20-13.
Le conseil peut se saisir d’office de toutes les pratiques susceptibles d’affecter le libre
jeu de la concurrence.
Il peut également se saisir d’office des manquements aux engagements pris par les
parties à une opération de concentration économique lorsque l’administration a évoqué
la décision relative à ladite opération, ainsi que du non-respect des règles prévues par
la loi sur la liberté des prix et de la concurrence concernant la notification des
opérations de concentration économique et le respect des décisions prises par le
conseil et l’administration en ce qui concerne lesdites opérations.
Le conseil peut prendre l’initiative de donner un avis sur toute question concernant la
concurrence.
Le conseil peut être consulté par les commissions permanentes du Parlement sur les
propositions de loi ainsi que sur toute question concernant la concurrence,
conformément aux règlements intérieurs des Chambres du Parlement.
Il peut également donner son avis, sur toute question de principe concernant la
concurrence, à la demande des conseils des collectivités territoriales, des chambres de
Le conseil peut être consulté par les juridictions sur les pratiques anticoncurrentielles
relevées dans les affaires dont elles sont saisies. Il ne peut donner un avis qu’après une
procédure contradictoire. Toutefois, s’il dispose d’informations déjà recueillies au
cours d’une procédure antérieure concernant la même pratique, il peut émettre son avis
sans avoir à mettre en œuvre la procédure prévue par ladite loi.
Le conseil est obligatoirement consulté par le gouvernement sur les projets de textes
législatifs ou réglementaires instituant un régime nouveau ou modifiant un régime en
vigueur ayant directement pour effet :
Le conseil recueille l’avis des instances de régulation sectorielle concernées sur les
questions de concurrence relatives aux secteurs d’activité dont elles ont la charge.
Le Conseil peut, le cas échéant, faire appel à leurs compétences et expertises pour les
besoins de l’enquête ou de l’instruction dans un cadre conventionnel.
Les autorités de concurrence peuvent donc intervenir pour obliger les opérateurs
économiques (les entreprises ou les fournisseurs/ distributeurs) à faire ou à ne pas faire
quelque chose. D’intervenir à chaque fois qu’il y a un acte abusif pratiqué par un
opérateur soit par l’injonction (d’interdire de faire ou ne de pas un faire un tel acte
abusif), par la sanction (une amende).
L’injonction peut prendre plusieurs formes : elle peut être sous forme des mesures
conservatoires, ces mesures trouvent leur fondement en droit marocain de la
concurrence et en droit français dans le cas d’urgence justifié par le fait qu’un
préjudice grave et irréparable risque d’être causé à la concurrence, toutefois, ces
mesures ne peuvent avoir de caractère définitif mais elles doivent répondre à une
situation actuelle (18); elle peut également prendre la forme d’une injonction
définitive, et dans ce sens, le droit européen autorise sans ambiguïté les injonctions de
faire et dans ce cas, l’injonction peut prendre la forme d’une mesure corrective
comportementale, ou bien les injonctions de ne pas faire qui consiste à interdire aux
entreprises contrevenantes de poursuivre leur pratique ou à leur demande de s’abstenir
de les mettre en œuvre dans le futur.
Partie 2 - Etude de cas concernant la réglementation des prix des tests de dépistage du virus
SARS-CoV-2
• Entre les mois de mars et juin 2020 : la réalisation des tests Covid-19 a été réservée
exclusivement aux laboratoires publics d’analyses de biologie médicale;
• Le 4 Juin 2020 : l’accès au marché des tests Covid-19 a été ouvert, pour
la première fois, aux laboratoires privés d'analyses biomédicales, à condition de
disposer d’une autorisation spéciale délivrée par le ministère de la Santé conditionnée
par le respect des exigences stipulées dans le cahier des charges établi par ce
département. Ce cahier des charges détaille et précise les conditions de réalisation des
tests Covid-19 par les laboratoires privés d'analyses biomédicales (Circulaire du
Ministre de la Santé n°44 du 4 juin 2020) ;
• Le 12 Septembre 2020 : la version initiale dudit cahier des charges a été revue et
modifiée, permettant ainsi aux laboratoires privés d'analyses biomédicales de réaliser
des tests sérologiques, tout en élargissant le périmètre des bénéficiaires pour
concerner les voyageurs, étudiants et les agents des administrations publiques et du
secteur privé (Circulaire du Ministre de la Santé n°72 du 12 septembre 2020) ;
• Le 23 Août 2021 : tous les laboratoires privés d'analyses biomédicales ont été
autorisés à réaliser les différents tests de dépistage du Covid 19, qu'il s'agisse des tests
de biologie moléculaire, antigéniques ou sérologiques, sous réserve du respect des
exigences des cahiers des charges dans leur nouveau format, joints à la décision du
Ministre (Décision du Ministre de la Santé n°13201 du 23 août 2021).
Ainsi, il apparait évident que la demande croissante sur les tests de dépistage, due à
l'augmentation constante des cas enregistrés des personnes atteintes par le Covid-19,
ne s'est pas accompagnée d'un élargissement suffisant et soutenu de l’offre sur le
marché concerné et ce, en raison des restrictions réglementaires rigoureuses requises
pour accéder au réseau des laboratoires Covid-19 autorisés.
Ces restrictions n'ont pas permis de mobiliser toutes les capacités et potentialités
disponibles dont disposent le secteur privé des laboratoires d’analyses biomédicales,
afin d'élargir au maximum le périmètre de dépistage et de diagnostic des cas de
Covid-19 de manière préventive et limiter, en conséquence, la propagation de
l'infection virale et son exacerbation.
Master Marketing Stratégique, Management Commercial et d'Entreprises 2021-2023 21
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Les restrictions et exigences réglementaires stipulées dans les cahiers des charges,
particulièrement dans leurs première et deuxième versions, et qui visaient, selon les
déclarations recueillies par les services d’instruction du Conseil, à verrouiller les
conditions d'accès au réseau des tests Covid-19, en mettant haut et d’une manière
disproportionnée, la barre des exigences techniques, logistiques et humaines requises,
a exclu un grand nombre de laboratoires privés de ce marché , en autorisant
uniquement dans un premier temps, un nombre réduit de laboratoires qui n'excédait
pas 10 à effectuer ces tests (juin 2020), soit environ 1.6% du total des laboratoires
privés d’analyses biomédicales. Ce nombre est passé par la suite à 17 laboratoires
privés autorisés en aout 2020, à 53 en septembre 2020 (soit 8.8%), à 90 en Janvier
2021 (15%), 100 en avril (16%)
• Au niveau des prix ce qui s’est traduit par l’augmentation des prix
pratiqués par les laboratoires privés d’analyses biomédicales, ou du
moins l’absence de leur baisse malgré la baisse des prix des intrants,
notamment les réactifs et consommables, en plus des baisses des coûts
liées à l’amortissement des équipements, qui n’ont pas été répercutés
par certains laboratoires d'après les déclarations des parties
auditionnées.
A cela s’ajoute le fait que, le marché des tests de dépistage demeure un marché
pertinent de dimension locale plutôt que nationale, eu égard aux surcoûts financiers
associés au déplacement pour effectuer le test dans d'autres régions.
D’autre part, et en dépit des efforts déployés par l’Agence Nationale d’Assurance
Maladie, et les caisses de prévoyance et de protection sociale (CNOPS et CNSS) afin
de déterminer de concert avec les professionnels du secteur une tarification nationale
de référence, sur la base de laquelle les dépenses relatives aux tests de Covid-19
seront remboursés au profit des assurés de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO).
Ce processus de négociation, qui a été couronné en date du 28 octobre 2020 par un
accord avec les professionnels du secteur pour réduire le prix du test RT-PCR dans le
secteur privé de 750 à 450 DH, a connu des perturbations et difficultés administratives
qui ont fait que cet accord n’a pas été mis en œuvre à ce jour.
Or, la situation épidémiologique particulière que connait notre pays nécessite une plus
grande flexibilité et fluidité dans le circuit de prise de décisions administratives afin
de suivre et réagir aux évolutions rapides liées à la propagation de cette pandémie.
Tous ces facteurs ont, d’une part, porter atteinte au pouvoir d’achat des
consommateurs à cause des prix élevés qu’ils ont supporté par rapport aux
prix qui auraient pu résulter d’une concurrence effective sur le marché, ainsi
que les surcoûts supportés par les entreprises et qui affecte leur
compétitivité, obligées de plus en plus à effectuer des dépistages massifs
périodiquement . D’un autre côté, ces facteurs ont permis aux laboratoires déjà
installés de réaliser des surmarges.
A cela il faut ajouter le fait que le caractère élevé de ces prix a privé une grande partie
des citoyens d'accéder à ces services.
Les effets escomptés de cette ouverture sur la structure de l'offre sur le marché et sur
les prix ne pouvant être observées qu’à moyen terme, Le Conseil considère en
conséquence que, malgré cette ouverture conditionnelle, la demande du gouvernement
de réglementer temporairement les prix des tests de dépistage du Covid-19 demeure
justifiée dans le contexte peu concurrentiel actuel du marché.
- S’agissant des prix qui seront fixés : la fixation du niveau des prix des tests de
dépistage du Covid-19 par le gouvernement après consultation de la commission
interministérielle des prix, doit :
• Veiller à ce que le niveau de prix fixé ne donne pas un avantage concurrentiel aux
acteurs déjà actifs sur le marché, du fait que leur présence antérieure sur le marché
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• Le Conseil considère également que la fixation du prix de vente au public doit non
seulement plafonner la marge bénéficiaire des laboratoires privés d'analyses
biomédicales, mais couvrir également par son champs les marges de tous les
intervenants au niveau de la chaine, notamment les producteurs et les importateurs des
réactifs et consommables nécessaires à la réalisation des tests covid-19.
Bien que le prix de ces derniers, va diminuer après la réglementation des prix, mais ils
ne restent pas à la portée d’une large catégorie de citoyens et de familles.
Cependant, il ressort des auditions menées par les Services d’Instruction du Conseil et
de la lecture des dispositions de la décision du Ministre de la Santé susmentionnée,
que la possibilité de réaliser les tests antigéniques ne concerne que les laboratoires
privés de biologie médicale, ainsi que les cliniques privées et les cabinets médicaux.
Les autres professionnels de santé ont été exclus de cette ouverture, contrairement à ce
qui a été adopté dans d’autres pays. Ceci aura pour conséquence de limiter l'accès à
ces tests en raison du surcoût induit par les honoraires facturés par les cliniques
privées ou des médecins traitants en sus des prix des tests.
De même et d’après les auditions réalisées, il a été relevé que la décision précitée
exclue le recours aux autotests de cette ouverture. Or, il a été avéré que dans certains
pays qui ont autorisé ces autotests que ce dernier constitue un moyen important et peu
couteux dans les cas de dépistage collectif au sein des établissements scolaires ou les
entreprises ou encore dans le cas d’usage personnel permettant aux personnes à faible
revenu de détecter de manière précoce l’atteinte du virus afin d'éviter sa
propagation.
Conclusion :
La perfection des textes juridiques ne peut pas, à elle seule, contraindre les opérateurs
économiques, actifs sur le marché marocain, à se conformer aux règles de jeu en la
matière. Il faut que le CONSEIL DE LA CONCURRENCE, avec tous les pouvoirs
dont il dispose aujourd’hui et en tant que régulateur de la concurrence, fonctionne tel
qu’il est prévu par la réglementation en vigueur et qu’il fasse preuve d’une volonté
réelle dans tout ce qui concerne la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles en
usant de ses pouvoirs.
Bibliographie :