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Université Mohamed V de Rabat / Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales

Module :

Droit de la concurrence, de la consommation et de


la distribution

Thème de recherche :
« Liberté des prix ».

▪ Professeur encadrant : Pr. BOUZIT MOHAMMED

▪ Groupe de travail :

BESRI NOURA ELHADEQ SOUHAIL AMARTINI MERIEM EL AJAJE SALMA OUASTA ZINEB

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Sommaire :

Introduction : ............................................................................................................................................ 3
Partie 1 - Le cadre juridique relatif à la liberté des prix et de la concurrence au Maroc : ....................... 5
Chapitre 1- La loi n°104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence : ................................. 5
Section 1. Le champ d’application de la loi n°104-12 relative à la liberté des prix et de la
concurrence :.................................................................................................................................... 5
Section 2- Les différentes dispositions et les obligations de la loi n°104-02 relative à la liberté
des prix et de la concurrence : ......................................................................................................... 6
Section 3- Les pratiques anticoncurrentielles : ................................................................................ 7
Section 4 - Exemples de cas de pratiques anticoncurrentielles : ................................................... 11
Chapitre 2 - La loi 20-13 sur le conseil de la concurrence : ............................................................... 13
Section 1 - La lutte contre les pratiques anticoncurrentielles avant la loi 104-12 : ...................... 13
Section 2 - Le conseil de la concurrence, missions et attributions : .............................................. 15
Section 3 - Le Conseil de la Concurrence et le recours à la sanction ............................................. 19
Partie 2 - Etude de cas concernant la réglementation des prix des tests de dépistage du virus SARS-
CoV-2 ...................................................................................................................................................... 21
Chapitre 1- Rappel des faits : ............................................................................................................ 21
Chapitre 2 - Avis du conseil de la concurrence : ............................................................................... 24
Conclusion : ............................................................................................................................................ 27
Bibliographie : ........................................................................................................................................ 28

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Introduction :

La liberté du commerce et de l’industrie suppose la liberté de la concurrence, soit la


libre compétition entre les agents économique qui offrent des produits ou des services
identiques ou similaires susceptibles de satisfaire une même clientèle.

La légitimité de la concurrence réside dans le fait que cette rivalité profite au bien-être
social, lui-même, renvoyant à la notion de l’intérêt public.

La concurrence est donc légitime mais peut dans certaines mesures devenir un acte
déloyal par l’utilisation de moyens et outils contraires aux pratiques du commerce et
de la bonne foi.

Considérant que le marché est la rencontre de l’offre et de la demande des biens. Si les
conditions de la libre concurrence sont respectées, c’est là que se forment les prix.
Mais, la physionomie du marché ne se présente pas, évidemment, toujours de cette
façon. Plusieurs écueils empêchent son fonctionnement normal et restreignent ses
mécanismes.

La question de la concurrence et de la régulation concurrentielle de l’économie a été


abordée au Maroc dès la fin des années 1980. Avec la mise en œuvre effective et les
premiers résultats de la politique d’ajustement structurel, de la libéralisation, de la dé
régularisation et de l’abandon progressif du contrôle des prix, la nécessité de disposer
d’un outil moderne de régulation de l’économie s’est imposé peu à peu. Le premier
projet de texte traitant de la concurrence date de 1988 et le premier projet
de loi date de 1995. La loi N° 06/99 sur la liberté des prix et de la concurrence qui
fonde le droit marocain de la concurrence a été finalement adoptée en 2000 pour entrer
en vigueur en juillet 2001.

On peut raisonnablement avancer que le Maroc a suivi en la matière un mouvement


universel. En effet on reconnaît de plus en plus à l’échelle universelle qu’un Droit et
une politique effective de la concurrence sont importants pour réguler les marchés des
biens et des services et que le droit et la politique de la concurrence participent à la
croissance et au développement économique. Ils aident les états à réduire la pauvreté, à
lutter contre la corruption et à promouvoir une bonne gouvernance. Le droit et la
politique de la concurrence sont également de puissants moyens pour réaliser une
allocation efficiente des ressources globales de la collectivité, de promouvoir le
progrès technique, d’améliorer le bienêtre des consommateurs, de réguler le pouvoir
économique, etc.

C’est ainsi que le législateur marocain par la loi 008-71 du 12 octobre 1971 et puis par
l’élaboration de la loi 06/99 sur la liberté des prix et de la concurrence a initié un long
processus de réformes entreprises depuis plusieurs années visant à moderniser
l’environnement juridique et institutionnel de l’entreprise marocaine. Les dispositions
de cette loi sont conformes aux principes édictés par l’OMC et par la CNUCED. Elle a

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été d’abord le fruit d’un choix délibéré, d’une conviction que le libre accès au marché,
la transparence et la loyauté sont des éléments fondamentaux dans l’édification d’une
économie moderne et bien structurée.
Liberté et loyauté de la concurrence constituent donc les deux pôles d’un bon équilibre
des relations économiques.

Ainsi, au Maroc, la liberté du commerce est un principe constitutionnel énoncé par


l’article 15 de la constitution de 1996 et confirmé par l’article 35 de la constitution de
2011 qui garantit le droit de la propriété et la liberté d’entreprendre tout en respectant
certaines règles et des formalités particulières à chaque commerce.

Actuellement, les instruments juridiques introduisant les règles de la concurrence


sont :

• La loi 104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence ;


• Le décret n°2-14-652 du 8 Safar 1436 (1er décembre 2014) pris pour
l’application de la loi n°104-12 sur la liberté des prix et de la Concurrence ;
• La loi 20-13 sur le conseil de la concurrence ;
• Le décret n°2-15-109 du 16 chaabane 1436 (4 juin 2015) pris pour l’application
de la loi n°20-13 relative au Conseil de la Concurrence

Ces instruments ont pour objets de définir les dispositions régissant la liberté des prix
et d’organiser la libre concurrence, elles définissent les règles de protection de la
concurrence afin de stimuler l’efficience économique et d’améliorer le bien-être des
consommateurs, elles visent également à assurer la transparence et la loyauté dans les
relations commerciales.

La loi sur la liberté des prix et de la concurrence et celle relative au Conseil de la


concurrence ont été publiées au Bulletin officiel du 24 Juillet 2014.

Quelles sont les dispositions apportées par la loi 104-12 sur la liberté des prix et
de la concurrence et la loi 20-13 sur le conseil de la concurrence dans le cadre du
principe de la liberté des prix et de la concurrence? A quel point ces dispositions
et ces mesures sont-elles capables de contrecarrer toutes les pratiques
délictueuses et organiser la liberté de la concurrence pour la protection de
l’intérêt public en maintenant les règles du marché?

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Partie 1 - Le cadre juridique relatif à la liberté des prix et de la concurrence au Maroc :

Certes avant la constitution de 2011, et avant l’adoption des lois 104.12 et 20.13 qui
réglementent la concurrence au Maroc, la loi 06-99 relative à la liberté des prix et de la
concurrence avait tracé les grandes lignes directrices en matière de concurrence
remodelées 13 ans après.

Cette loi qui a appelé deux observations préliminaires. En premier lieu, sur le plan
substantiel, elle s’est orientée dans une large mesure vers le modèle de l’Union
européenne par la consécration d’un contrôle des pratiques anticoncurrentielles et un
contrôle des concentrations (1). En deuxième lieu, l’une des particularités du droit
marocain de la concurrence, sous l’égide de l’ancienne loi, est le clivage entre deux
autorités de la concurrence : le Premier ministre, qui a un pouvoir décisionnel, et le
conseil de la concurrence qui a un pouvoir consultatif (2).

Chapitre 1- La loi n°104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence :

Dahir n° 1-14 -116 du 2 ramadan 1435 (30 juin 2014) portant promulgation de la loi
n° 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence.
Section 1. Le champ d’application de la loi n°104-12 relative à la liberté des prix et de la
concurrence :

La présente loi n° 104-12 s’applique à :

• Toutes personnes physiques et morales qu’elles aient ou non leur siège ou des
établissements au Maroc, dès lors que leurs opérations ou comportements ont
pour objet ou peuvent avoir un effet sur la concurrence sur le marché marocain
ou une partie substantielle de celui-ci ;
• Toutes activités de production, de distribution et de services, y compris celles
qui sont le fait de personnes morales de droit public lorsqu’elles agissent
comme opérateurs économiques et non dans l’exercice de prérogatives de
puissance publique ou de missions de service public ;
• Aux accords à l’exportation dans la mesure où leur application a une incidence
sur la concurrence sur le marché intérieur marocain.

(1) et (2) Sanae EL HAJOUI, « Le nouveau droit de la concurrence au Maroc » Ed REMALD.

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Section 2- Les différentes dispositions et les obligations de la loi n°104-02 relative à la


liberté des prix et de la concurrence :

Le principe de la liberté des prix est consacré par l’article 2 de la loi n°104-12, ainsi
les prix des biens, des produits et des services sont déterminés par le jeu de la libre
concurrence. Toutefois, ce principe ne s’applique pas aux biens, produits, et services
dont la liste est fixée par voie réglementaire après consultation du conseil de la
concurrence.

Les modalités de réglementation des prix des biens, produits et services et celles de
leur retrait de ladite liste sont fixées par voie réglementaire.

Dans les secteurs ou les zones géographiques où la concurrence par les prix est limitée
en raison soit de situations de monopole de droit, soit du soutien accordé par
l’administration à certains secteurs ou produits à la production ou à la
commercialisation, soit de difficultés durables d’approvisionnement, soit de
dispositions législatives ou réglementaires, les prix peuvent être réglementés par
l’administration après consultation du conseil de la concurrence. Les modalités de leur
réglementation sont déterminées par voie réglementaire.

Les dispositions des articles ci-dessus ne font pas obstacle à ce que des mesures
temporaires contre des hausses ou des baisses excessives de prix, motivées par des
circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement
anormale du marché dans un secteur déterminé, soient prises par l’administration,
après consultation du conseil de la concurrence. La durée d’application de ces
mesures ne peut excéder six (6) mois prorogeable une seule fois par l’administration.

À la demande des organisations ou des chambres professionnelles représentant un


secteur d'activité ou sur l’initiative de l’administration, les prix des biens, produits et
services dont le prix peut être réglementé conformément aux articles ci- dessus
peuvent faire l'objet d’une homologation par l’administration après concertation avec
lesdites organisations.

Le prix du bien, produit ou service concerné peut alors être fixé librement dans les
limites prévues par l’accord intervenu entre l’administration et les organisations
intéressées.

Si l’administration constate une violation de l’accord conclu, elle fixe le prix du bien,
produit ou service concerné dans les conditions fixées par voie réglementaire.

Ainsi la finalité du principe de la liberté des prix est d’observer les


dysfonctionnements qui entachent la concurrence sur le marché interne.

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Section 3- Les pratiques anticoncurrentielles :

Les pratiques anticoncurrentielles interdites par la loi 104-12 sont :

▪ Ententes ou cartels ;
▪ Abus de domination économique ;
▪ Prix abusivement bas.

La loi prévoit aussi un mode d’exemption pour quelques pratiques anticoncurrentielles


qui remplissent certaines conditions.

Ententes ou cartels

L’article 6 de loi 104-12 interdit les accords dont l’objet ou l’effet est de restreindre,
d’empêcher ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché au Maroc;

Cet article contient trois éléments d’infraction :

• Il faut qu’il y ait une forme d’accord ou de pratiques concertées entre des
entreprises ;
• Dont l’objet ou l’effet est de restreindre, d’empêcher ou de fausser le libre jeu
de la concurrence ;
• Et si cet accord est susceptible d’affecter un marché au Maroc.

Les ententes injustifiables (lorsque des entreprises conviennent de ne pas se faire


concurrence) constituent les violations les plus graves du droit de la concurrence. Les
catégories de conduites le plus souvent définies comme ententes injustifiables sont : la
fixation des prix ; les limitations de production ; la répartition des marchés, et la
soumission concertée (la soumission d’offres collusoires). L’interdiction des ententes
injustifiables est de plus en plus considérée comme un élément indispensable d'une loi
nationale sur la concurrence et constitue un objectif politique prioritaire au sein de
l'OCDE.

Ainsi les accords peuvent être horizontaux ou verticaux;

• Un accord horizontal est un accord entre concurrents ou entreprises au niveau


de la production ou de la distribution.
• Les accords verticaux sont des accords entre entreprises opérant à des niveaux
de production différents, par exemple, des accords entre un fabricant et un
grossiste ou entre un grossiste et un détaillant.

Conformément aux meilleures pratiques internationales, la loi marocaine sur la


concurrence interdit les accords anticoncurrentiels, y compris les cartels. Pour pouvoir
appliquer efficacement ces dispositions, la loi 104-12 prévoit également :

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• Des procédures d'enquête pour la détection de telles pratiques ;


• Des sanctions sévères en cas de violation de la loi ; et
• Un certain nombre de mécanismes de procédure, y compris la clémence, le
règlement et les engagements pris par les contrefacteurs.

Recommandations de l’OCDE concernant une action efficace contre les ententes


injustifiables, OCDE :

Les ententes injustifiables sont les violations les plus flagrantes du droit de la
concurrence. Elles nuisent aux consommateurs en faisant augmenter les prix et en
limitant l'offre, rendant ainsi des biens et services totalement indisponibles pour
certains acheteurs et coûteux pour d’autres.

Une action efficace contre les ententes injustifiables est particulièrement importante
d’un point de vue international, puisque les ententes injustifiables faussent le
commerce mondial en créant un pouvoir de marché, du gaspillage et de l'inefficacité
dans les pays dont les marchés, autrement, seraient concurrentiels. Par ailleurs, les
cartels dépendent particulièrement de la coopération internationale pour agir
secrètement au-delà des frontières.

La recommandation de l'OCDE concernant une action efficace contre les ententes


injustifiables, qui a été adoptée en 1998, conseille aux pays de veiller à ce que leurs
lois sur la concurrence dissuadent et mettent fin de façon efficace aux ententes
injustifiables. En particulier, les lois sur la concurrence devraient prévoir :

• Des sanctions efficaces, d'une nature et d'un niveau qui dissuaderont les
entreprises et les particuliers de participer à des activités de cartel ;

• Des procédures d’application de la loi et des institutions dotées des pouvoirs


permettant de détecter de manière adéquate et de remédier aux préjudices dus
aux ententes injustifiables, y compris des pouvoirs permettant d’obtenir des
documents et des informations pour imposer des sanctions en cas de non-
respect.(source : OCDE (1998), Recommandation du Conseil concernant une action
efficace contre les ententes injustifiables.)

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L’abus de domination économique

L’abus de domination économique est interdit sous ces 2 formes, l’exploitation


abusive d’une position dominante sur le marché d’une part, et d’autre part,
l’exploitation abusive d’une situation de dépendance économique dans laquelle se
trouve un client ou un fournisseur ne disposant d’aucune autre alternative équivalente.

L’abus de domination peut notamment consister en refus de vente, en vente liées ou en


conditions de vente discriminatoires ainsi que dans la rupture de relations
commerciales établies, imposer directement ou indirectement un caractère minimum
au prix de revente d’un produit ou d’un bien …

La loi 104-12 réglemente l'abus de position dominante. Conformément aux normes


internationales, elle n'interdit pas à une entité d'obtenir une position dominante ; elle
interdit uniquement l'abus d'une telle position sur le marché marocain. La loi interdit
également l'exploitation d'une situation de dépendance économique dans laquelle un
client ou fournisseur n'a aucune alternative équivalente.

En ce qui concerne le respect de la loi, le Conseil de la concurrence peut infliger des


sanctions pécuniaires (dont l’application ne nécessite pas d’ordonnance judiciaire) aux
parties qui ne respectent pas la loi. Ceci inclut des sanctions non seulement en cas de
violation des dispositions relatives aux accords anticoncurrentiels et abus de position
dominante, mais aussi en cas de non-respect des injonctions ou des engagements pris à
l’égard du Conseil de la concurrence.

Des sanctions peuvent être imposées à chaque entité sanctionnée. Pour les sociétés, la
peine maximale s’élève à 10 % du chiffre d'affaires local ou mondial. Un tribunal peut
infliger une peine de prison de deux mois à un an et une sanction pécuniaire de 10 000
à 500 000 dirhams à toute personne ayant participé, frauduleusement, en toute
connaissance de cause, à la conception, l'organisation ou la mise en œuvre d'un cartel
ou d'un abus de position dominante. Le Conseil de la concurrence peut également
imposer d'autres sanctions aux parties contrevenantes, à savoir : la publication des
décisions et sanctions adoptées ; des mesures conservatoires ; des sanctions
pécuniaires journalières en cas de retard dans la mise en œuvre des décisions. (3)

(3) Examens de l'OCDE sur la gouvernance publique : Diagnostic d'intégrité au Maroc : Mettre en œuvre des
politiques d'intégrité pour renforcer la confiance.

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Pratique des prix abusivement bas

L’article 8 de la loi 104-12 prohibe,

« Les offres de prix abusivement bas par rapport aux couts de production, de
transformation et de commercialisation, dès lors que ces offres ou pratiques ont pour
objet ou peuvent avoir pour effet d’éliminer un marché, ou empêcher d’accéder à un
marché, une entreprise ou l’un de ses produits.

L’exception

Le législateur marocain a prévu à l’instar des autres législations européennes en la


matière, des exemptions aux articles 6 et 7 de la loi 104-12. L’article 9 de la loi 104-12
énumère les cas de pratique ou les dispositions de l’article 6 et 7 ne s’appliquent pas :

▪ Qui résulte de l’application d’un texte législatif ou réglementaire pris pour son
application.
▪ Les pratiques dont les auteurs peuvent justifier qu’elles ont pour effet de
contribuer au progrès économiques et / ou technique et qu’elles réservent aux
utilisateurs une partie équitable du profit qu’ en résulte, sans donner aux
entreprises intéressées la possibilité d’éliminer la concurrence pour une partie
substantielle des biens, produits et services en cause. Ces pratiques ne doivent
imposer des restrictions à la concurrence que dans la mesure où elles sont
indispensables pour atteindre cet objectif de progrès.
▪ Les accords d’importance mineure qui ne restreignent pas sensiblement le jeu
de la concurrence, en particulier les accords entre petites et moyennes
entreprises.

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Section 4 - Exemples de cas de pratiques anticoncurrentielles :

Pratiques
Cas Descriptif
anticoncurrentielles

En 2015, le royaume a libéralisé le secteur


d'hydrocarbures, laissant aux importateurs le soin
de fixer librement le prix des carburants à la pompe.
Depuis, les importateurs de carburants ont
considérablement augmenté leurs marges, selon un
rapport parlementaire publié en 2018. Et surtout, les
Secteur des prix restent quasiment inchangés d'une station à une
Ententes ou
hydrocarbures autre, nourrissant critiques et soupçons d'entente sur
cartels
marocain les prix.
C’est ainsi qu’en 2018, une campagne de boycott
inédite a visé, entre autres, le leader du marché des
hydrocarbures, AFRIQUIA.
Cette campagne de boycott avait accéléré les
travaux du Conseil de la concurrence sur le dossier
des hydrocarbures.

Valve et les 5 éditeurs Bandai Namco, Capcom,


Focus Home, Koch Media et ZeniMax ont restreint
les ventes transfrontières de certains jeux vidéo sur
PC sur la base de la localisation géographique des
utilisateurs au sein de l'Espace économique
européen (EEE), se livrant ainsi à des pratiques
dites de "blocage géographique". Les amendes
infligées aux éditeurs sont d'un montant total de
plus de 6 millions d'euros. « Plus de 50 % des
Européens âgés de 6 à 64 ans jouent à des jeux
Accords ou Valve et à cinq
vidéo. L'industrie européenne des jeux vidéo a le
pratiques éditeurs de
vent en poupe et pèse actuellement plus de 17
concertées jeux vidéo sur
milliards d'euros. Les sanctions adoptées contre les
PC
pratiques de ''blocage géographique'' de Valve et de
cinq éditeurs de jeux vidéo sur PC rappellent qu'en
vertu du droit de la concurrence de l'UE, il est
interdit aux entreprises de restreindre
contractuellement les ventes transfrontières. De
telles pratiques privent les consommateurs
européens des avantages du marché unique
numérique de l'UE et de la possibilité de comparer
les prix afin de trouver l'offre qui leur convient le
mieux dans l'UE ».

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« Facebook poursuivi par l’autorité américaine


de la concurrence pour abus de position
dominante » :
La plainte met en avant des détails sur les moyens
utilisés par la firme pour évincer la concurrence,
concernant en particulier le début des années 2010,
quand le marché de l'internet mobile a émergé.
Abus de
"Facebook manquait de compétences et talents
domination Facebook
techniques nécessaires pour survivre à la transition
économique
vers le mobile".
"Après avoir échoué dans la compétition contre les
nouveaux innovateurs, Facebook les a illégalement
rachetés ou enterrés quand leur popularité devenait
une menace existentielle", en référence à
l'application INSTAGRAM et à la messagerie
WHATSAPP.
« Orange condamné par l’Autorité de la
Concurrence à payer à l'Etat 350 millions
d'euros» :
Selon les opérateurs concurrents (SFR, Bouygues
Telecom et Colt), le n°1 français (Orange) a
appliqué à ses clients ENTREPRISES des « prix
prédateurs », c’est-à-dire des tarifs abusivement
Prix abusivement bas.
Orange
bas L’entreprise, généralement dominante, a fixé en
2008 ses prix à un niveau tel qu’elle subit des pertes
ou renonce à des profits à court terme dans le but
d’évincer ou de discipliner un ou plusieurs
concurrents, ou encore de rendre plus difficile
l’entrée de futurs compétiteurs sur le marché, afin
ultérieurement de remonter ses prix pour récupérer
ses pertes.

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Chapitre 2 - La loi 20-13 sur le conseil de la concurrence :

Le contrôle institutionnel est marqué par l’intervention de l’autorité de la concurrence


dans la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles. Au Maroc, le contrôle de ces
pratiques est assuré par le conseil de la concurrence, dont le statut est régi depuis 2014
par la loi 23-30. Avant la promulgation de cette loi, l’instance qui veille sur
l’application des règles de la concurrence, entre les mains du pouvoir politique, était
la Direction de la concurrence et des prix (DCP). Le Conseil de la concurrence dans
sa version de 2001 purement consultatif peinait à exercer sa mission. Avec
l’abrogation de la loi de 2001 et l’adoption de la loi 104-12, le Conseil se faisant
reconnaître un pouvoir décisionnel, exerce pleinement le rôle d’autorité de la
concurrence.
Section 1 - La lutte contre les pratiques anticoncurrentielles avant la loi 104-12 :

L’énumération des pratiques anticoncurrentielles faisait l’objet des articles 6 et 7 de la


loi n˚06-99 relative à la liberté des prix et de la concurrence. La sanction de ces
pratiques déloyales était prévue par l’article 67 de ladite loi dans sa partie réservée aux
sanctions pénales.

Or, le rôle du Conseil de la Concurrence, dans ce cadre, se bornait seulement aux


consultations et aux recommandations. En effet, l’article 14 de la loi 06-99 disposait :
« Il est créé un Conseil de la concurrence aux attributions consultatives aux fins
d’avis, de conseils ou de recommandations ».

Donc, le Conseil de la Concurrence ne pouvait, selon ses dispositions, que mener des
études sur la concurrentiabilité de certains secteurs et sur l’existence de pratiques
anticoncurrentielles et, ensuite, émettre des avis et des recommandations là-dessus. Il
n’avait aucun pouvoir décisionnel ni de sanction. Il ne bénéficiait également pas de
prérogatives pour mener des enquêtes nécessaires pour bien instruire des affaires en
cause (4).

D’ailleurs, l’article 25 de la 06-99, susvisée, dispose : « Le Conseil de la concurrence


examine si les pratiques dont il est saisi constituent des violations aux dispositions des
articles 6 et 7 ci-dessus ou si ces pratiques peuvent être justifiées par l’application de
l’article 8 ci-dessus. Il communique son avis au Premier ministre ou aux organismes
dont émane la demande d’avis, et recommande, le cas échéant, les mesures, conditions
ou injonctions prévues par la présente section ».

(4) OUAFAE LAROUSSI, les enquêtes de concurrence, mémoire de DESA, Faculté du droit de Fès, 2009.

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Il en résulte que, même si le Conseil de la Concurrence en arrive à constater


l’existence des pratiques anticoncurrentielles prévues par les articles 6 et 7 de la loi 06-
99, il ne lui était permis que, premièrement, d’en émettre un avis à l’intention de
Premier ministre, actuellement appelé chef de gouvernement, ou à celle des
organismes dont émane la demande d’avis et, deuxièmement, d’en recommander des
mesures et injonctions prévues à cet effet.

Cela faisant, suite à la hausse du prix du lait survenue sur le marché à partir du 15 août
2013, le Ministère des Affaires Générales et de la Gouvernance a saisi le Conseil de la
Concurrence pour lui demander de procéder à une étude du secteur en vue s’assurer de
la conformité de cette augmentation des prix avec les dispositions de la Loi 06-99
relative aux prix et à la concurrence.

Dans un avis rendu dans ce cadre en 2013 (5), le conseil a indiqué : « en principe, la
libéralisation du secteur en 1992 aurait dû engendrer une concurrence libre entre les
opérateurs, notamment par les prix.

Cependant, les dysfonctionnements mis en évidence tant en amont qu’en aval du


secteur biaisent la concurrence, ce qui, en l’absence de pouvoir d’enquête au niveau du
Conseil de la Concurrence, appelle les recommandations suivantes (...) ».
Dans cet avis, le conseil de la concurrence a mis le doigt sur l’absence d’un pouvoir
d’enquête et a émis quelques recommandations liées à l’approfondissement de
l’investigation sur les pratiques anticoncurrentielles et à la mise en place des mesures
d’accompagnement de la concurrence.

Force donc est de constater que le rôle du conseil de la concurrence dans la lutte contre
les pratiques anticoncurrentielles en application des dispositions de la précédente loi
n˚06-99, était insuffisant et très restreint dans la mesure où il ne dépassait pas le
domaine des consultations et des recommandations. Cependant, l’adoption, par le
parlement, à la fois, de la nouvelle loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la
concurrence et de la loi n˚20-13 instituant le Conseil de la Concurrence a renforcé ses
attributions et lui a permis, de jure, de se hisser au niveau d’une institution
constitutionnelle disposant de pouvoirs très étendus.

(5) Avis n˚42/13 concernant la concurrence dans le secteur du lait, In Rapport annuel du conseil de la
concurrence de 2013.

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Section 2 - Le conseil de la concurrence, missions et attributions :

Le conseil de la concurrence au Maroc, est une institution constitutionnelle (6)


indépendante dotée de la personnalité juridique, de l’autonomie financière et investie
de larges pouvoirs de décision, d’enquête et de sanction.

En effet, ces dernières prérogatives ne lui sont pas reconnues qu’après l’entrée en
vigueur, en 2014, des lois 104-12 (7) et 20-13 (8) relatives, successivement, à la liberté
des prix et de la concurrence et au conseil de la concurrence sachant que cette
institution était déjà prévue par la loi 06-99 (9) relative à la liberté des prix et de la
concurrence, remplacée.

En 2014, le droit de la concurrence national est renouvelé. D’une part, le statut du


conseil de la concurrence a été redéfini. La loi 20.13 a garanti au Conseil une certaine
indépendance en le dotant de pouvoirs décisionnels, d’enquête et de sanction, tout en
conservant son héritage d’avis et de conseil. Elle lui a reconnu également la
personnalité morale et l’autonomie financière. D’autre part, la loi 104.12 relative à la
liberté des prix et de la concurrence, a apporté d’autres réaménagements : la
consécration des règles de minimis, l’unification du contrôle des opérations de
concentration, le renforcement des garanties procédurales, notamment le secret des
affaires des opérateurs économiques, la clarification des voies de recours auprès des
juridictions compétentes contre les décisions du conseil de la concurrence, la mise en
place des solutions alternatives ou accessoires à la sanction comme la clémence, la
procédure de non contestation de griefs (10).

Donc, la mise en place du Conseil de la Concurrence était édictée par la nécessaire


régulation des opérations économiques qui se font sur le marché marocain et par
l’enjeu de garantir une concurrence loyale, transparente et bénéfique aux
consommateurs.

De même, on peut définir la concurrence comme « la compétition ou la rivalité


d’intérêts entre plusieurs personnes qui poursuivent le même but » (11).

(6) L’article 166 de la constitution marocaine, portée par le Dahir n˚ 1-11-91 du 29 juillet 2011, dispose : « le
conseil de la concurrence est une institution indépendante chargée, dans le cadre de l’organisation d’une
concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques, notamment à
travers l’analyse et la régulation de la concurrence sur le marché, le contrôle des pratiques anticoncurrentielles,
des pratiques commerciales déloyales et des opérations de concentration économique et de monopole »
(7) La loi n˚ 104-12, portée par le Dahir n˚ 1-14-116 du 30 juin 2014, publiée au Bulletin Officiel n˚ 6280 du 7
Août 2014.
(8) La loi n˚ 20-13, portée par le Dahir n˚ 1-14-117 du 30 juin 2014, relative au conseil de la concurrence.
(9) La loi n˚ 06-99 est la première loi, au Maroc, sur la liberté des prix et de la concurrence. Elle a été apportée
par le Dahir n˚ 1-00-25 du 5 juin 2000, publiée au Bulletin Officiel de 6 juillet 2000.
(10) Sanae EL HAJOUI, « Le nouveau droit de la concurrence au Maroc » Ed REMALD.
(11) Louis-Xavier Huguenin-Vuillemin, Le contrôle des pratiques anticoncurrentielles au sein des marchés de
l’Union Européenne, des États-Unis et du Canada : Perspectives d’un droit antitrust international, Mémoire
présenté à la Faculté des études supérieures en vue de l’obtention du grande de Maîtrise en droit des affaires le
03/09/2003, Université Montréal.

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La légitimité de la concurrence réside dans le fait que cette rivalité profite au bien-être
social, lui-même, renvoyant à la notion de l’intérêt public (12).

Le droit de la concurrence est divisé, dit-on, en deux branches. On distingue le droit


des pratiques restrictives et le droit des pratiques anticoncurrentielles (13). Celles-ci
regroupent ce qu’on appelle les ententes et l’abus de position dominante (14).
Néanmoins, la tendance actuelle semble regrouper ces deux branches sous le couvert
des pratiques anticoncurrentielles tout court.

Premièrement, les ententes s’entendent par accords sur la fixation des prix ou la
répartition des marchés entre des fournisseurs en concurrence sur un marché (15).

Deuxièmement, l’abus de position dominante se définit comme des pratiques exercées


par une entreprise en position dominante sur un marché lui permettant de réaliser des
bénéfices colossaux aux dépens des consommateurs et/ou d’exclure des concurrents
potentiels (16).

Troisièmement, les pratiques discriminatoires ou de prix abusifs sont aussi parmi les
pratiques anticoncurrentielles.

En fait, le Conseil de la Concurrence marocain, depuis sa vraie installation (17) s’est


fixé comme objectif de veiller à la bonne application de la loi sur la liberté des prix et
de la concurrence et de lutter contre des pratiques anticoncurrentielles.

Toutefois, il est incontestable que, pour lutter contre ces pratiques anticoncurrentielles,
il faut doter l’institution, qui s’en occupe, de moyens et pouvoirs nécessaires à cet
effet. Or, les moyens et les outils dont disposait le Conseil de la Concurrence, sous
l’égide de la 06-99, précitée, n’étaient pas de la même importance que ceux dont
dispose aujourd’hui. Avec l’entrée en vigueur des lois 104-12 et 20-13 susvisées, le
Conseil de la Concurrence s’est vu attribué une place de choix parmi des autres
institutions constitutionnelles du royaume.

(12) V, Lionel ZEVOUNOU, le concept de concurrence en droit, Thèse, Université Paris Ouest Nanterre la
Défense, 2010.
(13) et (14) V, Emmanuelle CLAUDEL, ententes anticoncurrentielles et droit des contrats, thèse en droit,
Université de Paris X-Nanterre, 1994.
(15) et (16) V, Lutter contre les pratiques anticoncurrentielles, guide à l’intention des exportateurs des
économies en développement, Centre de Commerce International, 2012.
(17) AZEROUAL BADALLAH BOUDIZE WALID, le Conseil de la Concurrence, mémoire, master Droit des
Contentieux, 2016-2017.

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Ainsi, les missions et attributions du Conseil de la Concurrence sont les suivantes :

Le conseil a un pouvoir décisionnel en matière de lutte contre les pratiques


anticoncurrentielles et de contrôle des opérations de concentration économique, telles
que définies dans la loi relative à la liberté des prix et de la concurrence.

Il est, également, appelé à donner son avis sur les demandes de consultation, telles que
prévues par la loi 20-13 et par la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la
concurrence, et à publier des études sur le climat général de la concurrence sur les
plans sectoriel et national.

Le conseil peut être saisi, pour toutes les pratiques anticoncurrentielles, par les
entreprises ou, pour toute affaire qui concerne les intérêts dont ils ont la charge, par les
organismes mentionnés au dernier alinéa de l’article 5 de la loi 20-13.

Il peut également être saisi par l’administration de toute pratique anticoncurrentielle,


ou de faits susceptibles de constituer une telle pratique, ainsi que des manquements
aux engagements pris par les parties à une opération de concentration économique.

Le conseil peut se saisir d’office de toutes les pratiques susceptibles d’affecter le libre
jeu de la concurrence.

Il peut également se saisir d’office des manquements aux engagements pris par les
parties à une opération de concentration économique lorsque l’administration a évoqué
la décision relative à ladite opération, ainsi que du non-respect des règles prévues par
la loi sur la liberté des prix et de la concurrence concernant la notification des
opérations de concentration économique et le respect des décisions prises par le
conseil et l’administration en ce qui concerne lesdites opérations.

Le conseil peut prendre l’initiative de donner un avis sur toute question concernant la
concurrence.

Le conseil peut également recommander à l’administration de mettre en œuvre les


mesures nécessaires à l’amélioration du fonctionnement concurrentiel des marchés.

L’administration doit communiquer au conseil les mesures prises ou à prendre pour


l’application de ses recommandations.

Le conseil peut être consulté par les commissions permanentes du Parlement sur les
propositions de loi ainsi que sur toute question concernant la concurrence,
conformément aux règlements intérieurs des Chambres du Parlement.

Il donne son avis sur toute question relative à la concurrence à la demande du


gouvernement.

Il peut également donner son avis, sur toute question de principe concernant la
concurrence, à la demande des conseils des collectivités territoriales, des chambres de

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commerce, d’industrie et de services, des chambres d’agriculture, des chambres


d’artisanat, des chambres des pêches maritimes, des organisations syndicales et
professionnelles, des instances de régulation sectorielle ou des associations de
consommateurs reconnues d’utilité publique, dans la limite des intérêts dont ils ont la
charge.

Le conseil peut être consulté par les juridictions sur les pratiques anticoncurrentielles
relevées dans les affaires dont elles sont saisies. Il ne peut donner un avis qu’après une
procédure contradictoire. Toutefois, s’il dispose d’informations déjà recueillies au
cours d’une procédure antérieure concernant la même pratique, il peut émettre son avis
sans avoir à mettre en œuvre la procédure prévue par ladite loi.

Le conseil est obligatoirement consulté par le gouvernement sur les projets de textes
législatifs ou réglementaires instituant un régime nouveau ou modifiant un régime en
vigueur ayant directement pour effet :

1 – de soumettre l’exercice d’une profession ou l’accès à un marché à des


restrictions quantitatives ;

2 – d’établir des monopoles ou d’autres droits exclusifs ou spéciaux sur le


territoire du Maroc ou dans une partie substantielle de celui-ci ;

3 – d’imposer des pratiques uniformes en matière de prix ou de conditions de


vente ;

4 – d’octroyer des aides de l’Etat ou des collectivités territoriales conformément


à la législation y relative.

Le conseil recueille l’avis des instances de régulation sectorielle concernées sur les
questions de concurrence relatives aux secteurs d’activité dont elles ont la charge.

Le Conseil peut, le cas échéant, faire appel à leurs compétences et expertises pour les
besoins de l’enquête ou de l’instruction dans un cadre conventionnel.

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Section 3 - Le Conseil de la Concurrence et le recours à la sanction

Les autorités de la concurrence n’exercent pas seulement une mission consultative en


matière de droit et politique de concurrence, mais aussi elles interviennent comme le
gendarme du marché qui veille sur l’application de la loi et sur le contrôle des
comportements des opérateurs économiques.

Les autorités de concurrence peuvent donc intervenir pour obliger les opérateurs
économiques (les entreprises ou les fournisseurs/ distributeurs) à faire ou à ne pas faire
quelque chose. D’intervenir à chaque fois qu’il y a un acte abusif pratiqué par un
opérateur soit par l’injonction (d’interdire de faire ou ne de pas un faire un tel acte
abusif), par la sanction (une amende).

L’injonction peut prendre plusieurs formes : elle peut être sous forme des mesures
conservatoires, ces mesures trouvent leur fondement en droit marocain de la
concurrence et en droit français dans le cas d’urgence justifié par le fait qu’un
préjudice grave et irréparable risque d’être causé à la concurrence, toutefois, ces
mesures ne peuvent avoir de caractère définitif mais elles doivent répondre à une
situation actuelle (18); elle peut également prendre la forme d’une injonction
définitive, et dans ce sens, le droit européen autorise sans ambiguïté les injonctions de
faire et dans ce cas, l’injonction peut prendre la forme d’une mesure corrective
comportementale, ou bien les injonctions de ne pas faire qui consiste à interdire aux
entreprises contrevenantes de poursuivre leur pratique ou à leur demande de s’abstenir
de les mettre en œuvre dans le futur.

Le deuxième moyen efficace d’intervention des autorités de la concurrence, est celui


de la sanction pécuniaire(19). En raison de son effet néfaste, tout comportement
anticoncurrentiel peut justifier que ses auteurs soient pécuniairement sanctionnés. Les
autorités de la concurrence ont donc affiché une certaine sévérité en matière de
sanction pécuniaire et ont renforcé le caractère dissuasif de leur action par l’utilisation
d’outils plus sévères (20).

(18) Etude thématique de l’Autorité de la concurrence, 2009.


(19) L’ autorité de contrôle de la concurrence dans le secteur des télécommunications, L’Agence nationale de
réglementation des télécommunications (ANRT) a condamné l’opérateur historique au paiement d’une amende
qui s’élève à 3,3 milliards de dirhams. Après un examen approfondi des différents éléments du dossier, l’ANRT
a conclu à l’existence, depuis 2013, de comportements cumulés imputés à Maroc Telecom, ayant eu pour effet
d’empêcher et de retarder l’accès des concurrents au dégroupage et au marché du fixe.
(20) J. philippe, « Aperçu des principaux systèmes de sanction des pratiques anticoncurrentielles ».

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Pour résumé, le Conseil de la Concurrence a des pouvoirs de sanction particulièrement


larges, lui permettant d’imposer :

• Des mesures conservatoires visant à remédier aux atteintes graves et


immédiates causées par les pratiques à l’économie du pays, à celle du secteur
intéressé, à l’intérêt des consommateurs ou à l’entreprise plaignante ;
• Une amende administrative pouvant atteindre 10% du CA consolidé le plus
élevé de l’entreprise concernée d’un exercice précédant la mise en œuvre des
pratiques (ou 4 millions de dirhams si l’auteur des pratiques est une personne
physique). Cette amende pourra être doublée en cas de récidive dans un délai de
5 ans ;
• Des injonctions, accompagnées d’une astreinte pouvant atteindre 5% du CA
journalier moyen, par jour de retard dans la mise en conformité ;
• Des mesures de publicité (publication d’un extrait ou de la décision complète
du CC).

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Partie 2 - Etude de cas concernant la réglementation des prix des tests de dépistage du virus
SARS-CoV-2

Le 6 Septembre 2021, le Conseil de la Concurrence a émis son avis n°2/A/2021 du 6


septembre 2021 relatif à la demande émanant du Ministre de l’Economie, des
Finances et de la Réforme de l’Administration, autorité gouvernementale déléguée par
le Chef du Gouvernement chargée de la réglementation des prix et de la concurrence,
concernant la réglementation des prix des Tests de dépistage du Covid-19.

Chapitre 1- Rappel des faits :

• Entre les mois de mars et juin 2020 : la réalisation des tests Covid-19 a été réservée
exclusivement aux laboratoires publics d’analyses de biologie médicale;

• Le 4 Juin 2020 : l’accès au marché des tests Covid-19 a été ouvert, pour
la première fois, aux laboratoires privés d'analyses biomédicales, à condition de
disposer d’une autorisation spéciale délivrée par le ministère de la Santé conditionnée
par le respect des exigences stipulées dans le cahier des charges établi par ce
département. Ce cahier des charges détaille et précise les conditions de réalisation des
tests Covid-19 par les laboratoires privés d'analyses biomédicales (Circulaire du
Ministre de la Santé n°44 du 4 juin 2020) ;

• Le 12 Septembre 2020 : la version initiale dudit cahier des charges a été revue et
modifiée, permettant ainsi aux laboratoires privés d'analyses biomédicales de réaliser
des tests sérologiques, tout en élargissant le périmètre des bénéficiaires pour
concerner les voyageurs, étudiants et les agents des administrations publiques et du
secteur privé (Circulaire du Ministre de la Santé n°72 du 12 septembre 2020) ;

• Le 23 Août 2021 : tous les laboratoires privés d'analyses biomédicales ont été
autorisés à réaliser les différents tests de dépistage du Covid 19, qu'il s'agisse des tests
de biologie moléculaire, antigéniques ou sérologiques, sous réserve du respect des
exigences des cahiers des charges dans leur nouveau format, joints à la décision du
Ministre (Décision du Ministre de la Santé n°13201 du 23 août 2021).

Ainsi, il apparait évident que la demande croissante sur les tests de dépistage, due à
l'augmentation constante des cas enregistrés des personnes atteintes par le Covid-19,
ne s'est pas accompagnée d'un élargissement suffisant et soutenu de l’offre sur le
marché concerné et ce, en raison des restrictions réglementaires rigoureuses requises
pour accéder au réseau des laboratoires Covid-19 autorisés.

Ces restrictions n'ont pas permis de mobiliser toutes les capacités et potentialités
disponibles dont disposent le secteur privé des laboratoires d’analyses biomédicales,
afin d'élargir au maximum le périmètre de dépistage et de diagnostic des cas de
Covid-19 de manière préventive et limiter, en conséquence, la propagation de
l'infection virale et son exacerbation.
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Les restrictions et exigences réglementaires stipulées dans les cahiers des charges,
particulièrement dans leurs première et deuxième versions, et qui visaient, selon les
déclarations recueillies par les services d’instruction du Conseil, à verrouiller les
conditions d'accès au réseau des tests Covid-19, en mettant haut et d’une manière
disproportionnée, la barre des exigences techniques, logistiques et humaines requises,
a exclu un grand nombre de laboratoires privés de ce marché , en autorisant
uniquement dans un premier temps, un nombre réduit de laboratoires qui n'excédait
pas 10 à effectuer ces tests (juin 2020), soit environ 1.6% du total des laboratoires
privés d’analyses biomédicales. Ce nombre est passé par la suite à 17 laboratoires
privés autorisés en aout 2020, à 53 en septembre 2020 (soit 8.8%), à 90 en Janvier
2021 (15%), 100 en avril (16%)

Cette situation a connu récemment une évolution importante, puisque le nombre de


laboratoires agréés a atteint 171, ce qui représente environ 28.5%, et ce après
l’ouverture du marché à tous les laboratoires privés d’analyses biomédicales après la
dernière décision du Ministre de la Santé en date du 23 août mentionnée.

Cette situation a conduit à la création d'une pénurie artificielle au niveau de l'offre,


alors que la demande des tests n’a cessé d’augmenter compte tenu de l'augmentation
croissante des cas infectés par le Covid-19, ce qui a engendré des dysfonctionnements
au niveau du marché des tests Covid-19:

• Au niveau de l’offre et de la qualité des prestations fournies, notamment les


encombrements importants constatés qu’ont connu et connaissent ces
laboratoires privés autorisés du fait de l’affluence croissante des citoyens pour
réaliser ces tests, ce qui augmente, par voie de conséquence, le risque
d'infection et de propagation du virus ;

• Au niveau des prix ce qui s’est traduit par l’augmentation des prix
pratiqués par les laboratoires privés d’analyses biomédicales, ou du
moins l’absence de leur baisse malgré la baisse des prix des intrants,
notamment les réactifs et consommables, en plus des baisses des coûts
liées à l’amortissement des équipements, qui n’ont pas été répercutés
par certains laboratoires d'après les déclarations des parties
auditionnées.

A cela s’ajoute le fait que, le marché des tests de dépistage demeure un marché
pertinent de dimension locale plutôt que nationale, eu égard aux surcoûts financiers
associés au déplacement pour effectuer le test dans d'autres régions.

Ainsi, et même si le nombre de laboratoires privés d’analyses biomédicales, est limité


au niveau national, leur répartition géographique localement réduit davantage les
choix des consommateurs de ces services.

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En fait, le nombre de laboratoires disponibles localement reste très limité en


comparaison avec la demande croissante, ce qui fait que la structure de ces marchés
au niveau local demeure oligopolistique, d’après les éléments de l’instruction, chose
qui ne favorise pas une concurrence effective au niveau des prix entre les laboratoires
privés autorisés à réaliser ces tests par le Ministère de la Santé dans chaque ville et
province. Cela est d’autant plus vrai que la demande sur ces services de dépistage est
captive, que ce soit pour des raisons sanitaires ou légales (voyageurs, employeurs, et
personnel du secteur public et privé, etc.). Tous ces facteurs ont abouti aux
dysfonctionnements constatés au niveau des prix en créant une tension sur la structure
de l’offre, avec comme conséquence le niveau actuel des prix.

D’autre part, et en dépit des efforts déployés par l’Agence Nationale d’Assurance
Maladie, et les caisses de prévoyance et de protection sociale (CNOPS et CNSS) afin
de déterminer de concert avec les professionnels du secteur une tarification nationale
de référence, sur la base de laquelle les dépenses relatives aux tests de Covid-19
seront remboursés au profit des assurés de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO).
Ce processus de négociation, qui a été couronné en date du 28 octobre 2020 par un
accord avec les professionnels du secteur pour réduire le prix du test RT-PCR dans le
secteur privé de 750 à 450 DH, a connu des perturbations et difficultés administratives
qui ont fait que cet accord n’a pas été mis en œuvre à ce jour.

Or, la situation épidémiologique particulière que connait notre pays nécessite une plus
grande flexibilité et fluidité dans le circuit de prise de décisions administratives afin
de suivre et réagir aux évolutions rapides liées à la propagation de cette pandémie.

La non-application de la tarification nationale de référence convenue, même si elle


concerne seulement les bénéficiaires du régime de l’Assurance Maladie Obligatoire
(AMO) a, en l’absence d’un seuil de référence et d’un indicateur pouvant inciter les
laboratoires privés d’analyse biomédicale à aligner leurs tarifs publics sur ce dernier,
contribue, au maintien du niveau élevé des prix appliqués par les laboratoires privés
(environ 700 DH), soit un surprix de 35,7% par rapport au prix de référence
négocié.

Tous ces facteurs ont, d’une part, porter atteinte au pouvoir d’achat des
consommateurs à cause des prix élevés qu’ils ont supporté par rapport aux
prix qui auraient pu résulter d’une concurrence effective sur le marché, ainsi
que les surcoûts supportés par les entreprises et qui affecte leur
compétitivité, obligées de plus en plus à effectuer des dépistages massifs
périodiquement . D’un autre côté, ces facteurs ont permis aux laboratoires déjà
installés de réaliser des surmarges.

A cela il faut ajouter le fait que le caractère élevé de ces prix a privé une grande partie
des citoyens d'accéder à ces services.

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Chapitre 2 - Avis du conseil de la concurrence :

1. En l’absence des conditions d’une concurrence effective entre les acteurs


du marché des tests de dépistage du Covid-19, en raison du nombre réduit
des laboratoires autorisés à effectuer ces tests, et en présence de barrières
réglementaires ne garantissant pas un accès fluide, efficace et équitable aux
différents laboratoires privés d’analyses biomédicales, provoquant ainsi,
comme mentionné précédemment, des dysfonctionnements concurrentiels
du marché qui affectent le processus de formation des prix et ne favorisant
pas leurs baisses, le Conseil de la Concurrence n’a pas d’objections à ce que
des mesures temporaires n'excédant pas six mois soient prises par
l'administration, afin de réglementer les prix des tests de dépistage du Covid-19.

Le Conseil estime, en effet, que malgré la décision d’ouverture conditionnée du


marché à l’ensemble des laboratoires du secteur privé, et qui aurait pu être prise
antérieurement, (cette décision) n’a été prise que le 23 août 2021.

Les effets escomptés de cette ouverture sur la structure de l'offre sur le marché et sur
les prix ne pouvant être observées qu’à moyen terme, Le Conseil considère en
conséquence que, malgré cette ouverture conditionnelle, la demande du gouvernement
de réglementer temporairement les prix des tests de dépistage du Covid-19 demeure
justifiée dans le contexte peu concurrentiel actuel du marché.

Toutefois, le Conseil se réserve le droit, une fois ces mesures temporaires


prises par le gouvernement, de suivre étroitement l’état de la concurrence sur ce
marché, de l’étudier en profondeur, et de prendre toutes les mesures
nécessaires à même d’améliorer son fonctionnement concurrentiel, et ce
conformément aux prérogatives consultatives et contentieuses qui lui sont
dévolues par la Constitution et par les lois régissant la concurrence au Maroc.

2. le Conseil considère que la décision du gouvernement de prendre des mesures


temporaires afin de réglementer les prix des tests Covid-19 doit prendre en
considération les éléments suivants :

- S’agissant des prix qui seront fixés : la fixation du niveau des prix des tests de
dépistage du Covid-19 par le gouvernement après consultation de la commission
interministérielle des prix, doit :

• Garantir un niveau raisonnable de marge incitatif pour encourager l’entrée de


nouveaux acteurs sur le marché, et permettre ainsi de concurrencer les laboratoires
privés déjà opérant sur ce dernier, et ce en vue de créer une nouvelle dynamique et
pression concurrentielle efficace ;

• Veiller à ce que le niveau de prix fixé ne donne pas un avantage concurrentiel aux
acteurs déjà actifs sur le marché, du fait que leur présence antérieure sur le marché
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leur a permis de réduire le coût à travers l’amortissement déjà effectué des


équipements acquis;

• Le Conseil considère également que la fixation du prix de vente au public doit non
seulement plafonner la marge bénéficiaire des laboratoires privés d'analyses
biomédicales, mais couvrir également par son champs les marges de tous les
intervenants au niveau de la chaine, notamment les producteurs et les importateurs des
réactifs et consommables nécessaires à la réalisation des tests covid-19.

- S’agissant de l’élargissement de la base d’offre sur le marché permettant un accès


plus équitable aux tests Covid-19 : le Conseil considère que la lutte contre cette
Pandémie, nécessite l’adoption d’une approche proactive et préventive privilégiant
l’ouverture du marché à de nouveaux entrants en allégeant les conditions d’accès, ce
qui permettra une meilleure accessibilité des citoyens aux tests en les mettant à leur
disposition à un prix approprié qui s’adapte à leur pouvoir d’achat, notamment ceux
qui ne bénéficient pas d’une couverture médicale, sachant qu’à ce jour, que même
pour les populations disposant de cette couverture social ( 10% de la population totale)
la question du remboursement des frais médicaux relatifs aux tests de dépistage du
Covid-19, n’est pas encore tranchée.

Par ailleurs, l'amélioration de l'accessibilité aux tests nécessite également de s’ouvrir


sur d'autres techniques et technologies de dépistage du SRAS- COV-2 qui résultent
d’un processus concurrentiel à l’international entre les laboratoires et industriels, et
qui ont donné lieu au recours aux tests antigéniques, qui bien que jugés moins
efficaces au niveau de la détection des virus, restent une alternative importante en
raison de leurs bas prix, permettant ainsi d’identifier les cas infectés à un stade
précoce, ainsi que d'assurer l'accès au plus grand nombre possible de citoyens dont le
pouvoir d'achat ne leur permet pas de faire des tests RT-PCR.

Bien que le prix de ces derniers, va diminuer après la réglementation des prix, mais ils
ne restent pas à la portée d’une large catégorie de citoyens et de familles.

Le Conseil de la Concurrence prend acte de la dernière décision du Ministre de la


Santé Numéro 13201 du 23 Août 2021 concernant l’autorisation de tous les
laboratoires de biologie médicale relevant du secteur privé à réaliser tout type
d’examens biologiques de dépistage et de diagnostic de l’infection par le Codid19,
qu’ils soient de biologie moléculaire, antigéniques ou sérologiques.

Cependant, il ressort des auditions menées par les Services d’Instruction du Conseil et
de la lecture des dispositions de la décision du Ministre de la Santé susmentionnée,
que la possibilité de réaliser les tests antigéniques ne concerne que les laboratoires
privés de biologie médicale, ainsi que les cliniques privées et les cabinets médicaux.
Les autres professionnels de santé ont été exclus de cette ouverture, contrairement à ce
qui a été adopté dans d’autres pays. Ceci aura pour conséquence de limiter l'accès à
ces tests en raison du surcoût induit par les honoraires facturés par les cliniques
privées ou des médecins traitants en sus des prix des tests.

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De même et d’après les auditions réalisées, il a été relevé que la décision précitée
exclue le recours aux autotests de cette ouverture. Or, il a été avéré que dans certains
pays qui ont autorisé ces autotests que ce dernier constitue un moyen important et peu
couteux dans les cas de dépistage collectif au sein des établissements scolaires ou les
entreprises ou encore dans le cas d’usage personnel permettant aux personnes à faible
revenu de détecter de manière précoce l’atteinte du virus afin d'éviter sa
propagation.

Par conséquent, et au cas où la pandémie de covid-19 continue de se propager,


notamment suite à l’apparition de nouveaux variants, ou en cas d’augmentation du
nombre de cas d'infections, et l'augmentation conséquente de la demande des tests qui
en résulte, et à la lumière des expériences de nombreux pays tels que l'Allemagne,
l'Angleterre, l'Autriche et la France et la suisse, qui ont élargi récemment le cercle des
professionnels de la santé autorisés à réaliser ce type de dépistage et de diagnostic
ainsi que la généralisation de l’autotest pour l’ensemble des citoyens avec un prix
abordable, le Conseil recommande d’étudier sérieusement la possibilité d’élargir
l'éventail des options possibles afin d’effectuer les tests rapides en permettant à tous
les professionnels de santé de réaliser les tests antigéniques ;

En facilitant l'accès des citoyens aux autotests en guise de prévention et de limitation


de la propagation du virus, tout en prenant les dispositions nécessaires pour assurer
leur bon usage.

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Conclusion :

La perfection des textes juridiques ne peut pas, à elle seule, contraindre les opérateurs
économiques, actifs sur le marché marocain, à se conformer aux règles de jeu en la
matière. Il faut que le CONSEIL DE LA CONCURRENCE, avec tous les pouvoirs
dont il dispose aujourd’hui et en tant que régulateur de la concurrence, fonctionne tel
qu’il est prévu par la réglementation en vigueur et qu’il fasse preuve d’une volonté
réelle dans tout ce qui concerne la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles en
usant de ses pouvoirs.

Ainsi, le ras-le-bol des consommateurs marocains, quant à l’augmentation des prix de


certains produits et services, les poussent souvent à mener une propagande de boycott
de ces produits et services. Ces vagues de boycott ont été appuyées et facilitées par
l’utilisation des réseaux sociaux très utilisés par la population marocaine. Sur ce, le
CONSEIL DE LA CONCURRENCE doit veiller à se prononcer sur ces événements
en recourant à des moyens dont il dispose en la matière.

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Université Mohamed V de Rabat / Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales

Bibliographie :

• Sanae EL HAJOUI, « Le nouveau droit de la concurrence au Maroc » Ed REMALD.


• OUAFAE LAROUSSI, les enquêtes de concurrence, mémoire de DESA, Faculté du droit de Fès, 2009.
• Louis-Xavier Huguenin-Vuillemin, Le contrôle des pratiques anticoncurrentielles au sein des marchés
de l’Union Européenne, des États-Unis et du Canada : Perspectives d’un droit antitrust international,
Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures en vue de l’obtention du grande de Maîtrise en
droit des affaires le 03/09/2003, Université Montréal.
• V, Lionel ZEVOUNOU, le concept de concurrence en droit, Thèse, Université Paris Ouest Nanterre la
Défense, 2010.
• V, Emmanuelle CLAUDEL, ententes anticoncurrentielles et droit des contrats, thèse en droit,
Université de Paris X-Nanterre, 1994.
• AZEROUAL BADALLAH BOUDIZE WALID, le Conseil de la Concurrence, mémoire, master Droit
des Contentieux, 2016-2017
• Lutter contre les pratiques anticoncurrentielles, guide à l’intention des exportateurs des économies en
développement, Centre de Commerce International, 2012.
• J. philippe, « Aperçu des principaux systèmes de sanction des pratiques anticoncurrentielles ».
• Examens de l'OCDE sur la gouvernance publique : Diagnostic d'intégrité au Maroc : Mettre en
œuvre des politiques d'intégrité pour renforcer la confiance.
• Avis n˚42/13 concernant la concurrence dans le secteur du lait, In Rapport annuel du conseil de la
concurrence de 2013.
• Etude thématique de l’Autorité de la concurrence, 2009.
• L’ autorité de contrôle de la concurrence dans le secteur des télécommunications, L’Agence nationale
de réglementation des télécommunications (ANRT) a condamné l’opérateur historique au paiement
d’une amende qui s’élève à 3,3 milliards de dirhams. Après un examen approfondi des différents
éléments du dossier, l’ANRT a conclu à l’existence, depuis 2013, de comportements cumulés imputés
à Maroc Telecom, ayant eu pour effet d’empêcher et de retarder l’accès des concurrents au dégroupage
et au marché du fixe.
• L’article 166 de la constitution marocaine, portée par le Dahir n˚ 1-11-91 du 29 juillet 2011, dispose :
« le conseil de la concurrence est une institution indépendante chargée, dans le cadre de l’organisation
d’une concurrence libre et loyale, d’assurer la transparence et l’équité dans les relations économiques,
notamment à travers l’analyse et la régulation de la concurrence sur le marché, le contrôle des
pratiques anticoncurrentielles, des pratiques commerciales déloyales et des opérations de
concentration économique et de monopole »
• La loi n˚ 104-12, portée par le Dahir n˚ 1-14-116 du 30 juin 2014, publiée au Bulletin Officiel n˚ 6280
du 7 Août 2014.
• La loi n˚ 20-13, portée par le Dahir n˚ 1-14-117 du 30 juin 2014, relative au conseil de la concurrence.
• La loi n˚ 06-99 est la première loi, au Maroc, sur la liberté des prix et de la concurrence. Elle a été
apportée par le Dahir n˚ 1-00-25 du 5 juin 2000, publiée au Bulletin Officiel de 6 juillet 2000.

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