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PIERRE lAZAREfF

Pierre Lazareff est le directeur du quotidien de Fronce qui vend le plus


grand nombre d'exemplaires. Il a décidé de donner à la télévï"sion un ma-
gazine de gronde information, Cinq colonnes à la une. Mensuel, ce maga-
zine vo <SOns doute devenir bi-mensuel. Il nous a paru bien d'interroger
répond a'
Pierre Lazareff sur ses conceptions du journalisme télévisé comme sur les
mo~ns de fabrication de son entreprise fastueuse. Il nous a répondu avec
dynamisme, et pourtant ovec modestie. Son ambition est d'imposer un beau
travail d'équipe. dix questions
Cinq colonnes à la une, c'est LA FRANCE A LE JOURNAL VERS UNE
le .grand journalisme à la télé-
vision. C'·est l'œuf de Oh·r isto- LE MIEUX ADAPTE A LA TV PARUTION -
'Phe Colomb. Je ne suis pas sur-
pris que Pierre Lazareff y ait Il a été G.·ouvé injuste qu'il vous soit donné
BI-MENSUELLE
pensé. Ce que je me ~emande, dos moyens refusés au journal TV, ma:is je
c'est comm~mt .quel:q.u'un qui, crois qu'un compromis est ttnterven.u. l'! est en J 'ai regardé les trois
· jusque-là, a coru3acré toute son taou't cas légitime de vous demander si vous pre·m4ers nùméros de
énergie narveuse à l'imprimé, a av.ez réfléchi Mlx moyens d'une infOJ'IIIlation Cinq colonnes à let une.
été, à un moment do~mé, .pola- meilleure, &n général, sur le ·petit écran. J 'ai fait l'éloge >.ie ch•a que
risé par la télévision. num.éro, mais -::haque fois
avec J.a même réserve.
Quelles com;paraiso= pe1tt-onrfaire entr-e ou.n jowr-naJ L'émission est t r op lon-
- Je me S·U.is passionné potw la té- gue.
ZéVision avant qu'eUe existe en Fran- quo.tidiien à trois ·éditions et un -mensuel r Les moyens
ce. J-e l'ai étwdié.e da.ns t01w ];es pays qui doivent ë :re en œuvre ne sont pas l-es mém.es et
du monde, nota'1111n'1Jent aux Etats- les réalisatio,ns qu'ils doivent ,p résentm· ne vewvent, Les critiques c omme les t é-
Unis et en Angleterre. en a1wun ·cas, s-e c01npa1·er. léspectateurs sont pe1<rtag és stw
J'ai dit, d ·epuis lœn.gte1rvps, que je oonsidé1:01is qwe ce sujet.
Passionné de l'in.fO?-mation, com·
'I'Wfl!nt attrais-j.e pu me désin·t&resser ([Jas U·n .sewl pays au monde n'avait tr.ouvé •e?vcor e
Nous ne pouvons pas · cons-
d-e cet extraordi.n.air.e -moyen - qui la fo1·mwle ·d'1t>n jo1trnal tél&visé. Les at~, comme les
Amé1'iicains, o,n t surtout recottrs aux actualités ciné- t?-wi1·e un mag-a;ztr~e équilibré,
n.'ést pas seztlement un moyen de s'il est menstwl, en ·moins de
transmission - mais ila possibi-lité maulgraphiques qui, <làr<bas.• ont disparu des salles powr
quat1·e-~-i.ngt -dix minutes . Les
d'-une é·criture ?~otcuelle, un vocœbu- é tre ewploitées par •la téléviS'iO{I't. Les m&tres, comme
quatre on cinq gr·ands stbjets
laire nettf pour •le jo1.t 1·naliste. les Anglais, fo.n t du jow-nal radio:pho'lllique vi8'1tel en
nécessitent · 1tn qua.1·t d'hettr·e
projeta1~t des ji~ms « à pTopos . d-e » •et rm·ement
r. ht.bCU'l'L. Or il faut auss·i des su-
« SU1' ». jets lé g eTs. C' est une question
C'·est enc01·e la télév·i sion jra.nçaise q11tt présen.te, à de 1·esp·i ration. Si nous faisions
, HONNEUR AUX mon CliVis, ·le jou>-nal le .miettx adœpté à la télé vision. oette émislsio?t dmtx f ois par
Ii! surmonte d.es diffic!dtés dont j'aw1·écie depuis mois, nous ·p ottrriO?tS la rédui1·e
TRAVAILLEURS DE FOND quelq1tes ·mois l' amp.zeur puisque ce sont c-elles ?né. à une heure. C' est une po ssibi-
mes œe Cinq colonnes à la une. lité que nous envisageons sé-
Nous lisons le génériquo, mais Si ·l'équipe du jout·n.al télévisé pouvait dis.p oser, rie1tsement. ·
J.es génériques ne pr()ljettent no?t pas de moye,n s supé1"ieu-1·s, ?nai-s de plus de faci-
qu'une pet'ite lumière. Pouvez. lUés techniques, et su1·tout d-e ' plus d ·e libert é d'ac-
vous donc nous donner .u'ne tion, •le résultat se:rait r.e.mwrquable .
moi.Ueure idée de la répartition UNE MARGE
0 des rôles notamment en ce qu'i
concerne' le •bureau d'idées ?
Oha.qt•e fois q •tt.e no·U>S le ponvons, no1t-s c olùr.b01·.ons
ensemble . Un reyorte1· qui peu-t p01l!r Cinq colonnes DE CHOIX
Pouvons-nous aussi mieux con- à la une .doi t pcnwoi1· tt·ava.j;1];e,· powr· le Jou,r nal et
naître J'équipe ? ComJbien de vice versa. N()'lbS ne sommes pas des émissions con-
ct~n·entes, ?nai.s complémentaires. S'•il y a des lon-gu eurs
personnes en font•elles partie ?
que :nous voyons, je sup-
pose qu'in y a des lon-
Notre trravai-l est un tnwail d'équi- gueuvs qu e vous suppri-
pe. Pierre Du?nayet, Pierre Desgratt-
pes, Igor Ban·è1·e et moi, nous 1'é·u.- NOUS N'AVONS ® m ez ? Sans doute écar-
tez-vous •aussi au départ
nissons f r ·éqtœmm;e:nt. A nos proje·ts de f-ausses ·bonnes idées
s'ajoutent les idées de collabon~teurs PAS MEME UN BUREAU ou des séquences il'réali-
de ,la R.T.F., o·u de nom;b1•eux jo1lr- saibles ?
nrolist.es de Paris ou de p.r o'V\nce . Pouvez-vous indi·quer l'ordre de graJrrde·ur d1u'
Toute idée retenue est discuté-e à bud·get de Oinq colonnes à la. une r Etant On n e peut pas fait ·e d e bons
fond. Nous en 11a1·lons souve:nt avec donné 1& budget total d e Ia télévision, il a été' ?ou1':na'l.LX sans « 1narbre »,
M . d' Arcy qui est d'exce~lent conseil, •beaucoup dit que la qualité de votre magazine c'est-4-dir·e ~Sans ·une cer·taine
et avec Jacques Sal!e.bert, dont la- tient d'3ibord aux dépenses qu'il entraîne. D'où quan.t ité de m;atériel qu'on peut
collabot·ation nous e·&t préci!euse . Puis des j·a:loux. gar·der em ~·éser"Ve ou auq1tel il
nous désignons un respo:nsal>le. I goT faut renoncer·. En vérité, nous
Barrèr.e envisage avec lUi les possi- devr·i ons Jaissm· de côté chaque
bil~tés techniques. Ce qu'on a raconté à ce sujet est g1·otesqae. On -mois plusiettr-s sujets sur les-
Oe q·tti no1ts sœl.IIV-8, c'est la bon11!e nous a dit qu'il n'y avait pas de bwdget p01w nous. J e qnels no1ts aviOns compté, ?nais
volonté - je ·d irai ·méme la fo i - de pen.se do?'IJC que notr•e entreop1·ise s'insm·it dan•s une de 1·éalisation dooevante. Un
cOOcun. Je veux cite1· suwtout les d-eux sé>·ie d e budgets extériettr·s pré-établis. repoTtage n ' est pœs une pièce
assis :a1tts d'Igo1· Ban·ère, J .ea,n Pi/g.n ol Nous n'art)(>nl8 ni bureau, ni secrétaire swr place. de théâtre, il y ent1·e une 11ar·t
et Jean Lallier, sa rp1'odigieuse sm·ipt Igor Barrë?·e accomplit des prodiges pour t1'0UiVer les d'impTévu. 01·, nos pauvr·es
Michèle Bacon, vér~tab·lle secrétai?"e éqtûzles n écessaires p·our· réal:is.e1· no·s émissions. Il y moyens. nous intm·disent l e
gélnéral de la production, les opérar est aidé par le Jourinal TV. En dehCY/'8 de Zui, nous ne cho·i x sw· pièces, pratiquement.
t61trs, les ·monteurs. Tous t1·availlent disposons ·que d 'une équipe. Eflle ne peut pas r·.éa!Vser
sans attcun profit, surrout dans la J'<tj otûe qtte nous n't.t tilis ons,
tous les sujets qui se p·r·ésentent a.tt moment 17oulu. en fin de compte, que l e tie1·s
dernière semaine, des ;nwits entiè1·es
s'ia le fa;ut. Je ne ve" x pas .oubHei JttSqn'à p?·é<S,ent 'rootre rêalisat·eut· lui-me'me - n'est pas ou le qua?·t des sujets que no1ts
dans ce t te équipe Elia-ne Victm· qui payé - pour une obs·cure raison adm.in>str·ative de · avioms· .envi sagés , S1H' lesquels
a la chm·ge de la supe1'Structu1·e d-e << plœfond ». Cet te é·mission - qui envoie des r·epo1·- nous rovions fait emquéteT, pour
l'êmission, ni ma .c ollaboratrice direc· te1·s dans ~s m;ond.e entie1· - ooû te souvent moins lesquels nous avions p1·is d.es
·t e, Janine Davy. chetr · qu'1tne émission dramatiqwe. contacts.

6
"CINQ COlONNES AlA UNE"
qu1 envole des reporters
dans le monde entier coûte
souvent moins cher qu'une
émission dramatique

LAZAREFF
CITE MAURIAC
Comment résu~eriez-vou.s ce
que vous avez a;pp.ris au coUJrs
de vobre apprentissage

D ' abor d il faut tlà, plus en c01·e


q1t'ailleurs, t1·aiter ~~ sujets en pleine
matière humaine. Comme on plonge
les plaq.u es sensibles dans 1~/11 bain Pierre Lazareff se pe1tche sur un texte destiné à cc Cinq colonnes à la une :: en
r év élateur, La 1'V. ,p longe les hommes présence de Jeon d'Arcy, directeur des programmes. (A gauche, Jean Pignon).
et le.s événements dan-s le bain. qui va
.les n~vélm· tels qu'ils n' éta.i ent pas
apparus jusque-là. . gênantes à M. Miàtoyan. Or votre
C' est pour cela que nous nows effO?'- NOUS NE SOMMES PAS propre c ollaborateur ne posait au
çons de sai si1" et ~e mettre en wtlenr chancelier Adenaue·r que ·les ques-
dan-s Cinq col<>nnoo à la une les DES VOYEURS tions compiaJisarutes ·du sparring
·m oments exceptia.ntn~ls qui traduisent pa1·tne1·. Des ta;bous semblent ainsi
mt état â:âme, un état d'esp1·it ou ex- Mes questiOins sont élogieuses en limiter le rayonnement de votre en-
p liquent un p1·oblème. .fiiligra.ne, ::nais je n'ai pas que des tre,prise. Qu'en dites-vous ?
compliments à fa.ire, malheureuse-
No1t.s nous efforçon-s, a1'-8Si, de tra- ment. Je n 'ai p.as appr.éoié du tout
vailler avec les collaborateurs qui
s' ef!rtcent le plu.s po-.ssible de1lant le ® la séquence de ·f ilm sur les d.eux
filles de l'Affaire Lacaze, séquence
L e voy~e de M. Macmill'an avait été
p1"ésenté B?~ f ilms et commenté au journal
sttjet qu'~ls ont à t?-aiter et ne s' impo- apparemm-ent tournée sans leur télé'Visé. N01tS avio-ns espéré pouvoir faire
sent pas en t•edette dans ce sujet en consentement. En pareils domaines, pm·le1· M. Macmilla.n cl son retou,1· à Lon-
etlb d éviant Je sens, en l' écnx-sant.
le siècle est siln~stre. qu'en dites- dn,s et a·vant so:n arrivée à Pari..s. Mais il
vous ? est Ten l ré le ma1·di soir 3 mars. Jacques
Je n 'ai pas besoin d'ajout61" que Nows n ' avons jamais tom·né une sé- Donot l' atte?td.ait pour CLnq colonnes à la
'IWWS voulons faire une émission po- quence de Cinq colonnes à la une sans une à Loncù·es ott le Forei.gn Office avait
pula.i?·e. Comme l' a écrit F1·anço·ÎIS le consentement des personnes qwi y figu- p1·omis d'int61"'1Jenir a1~p1·ès de lui dès son
Mau1·iac : « Il serait vain d'imaginer ·raîent. On a rtû méme renoncer, à cattae a·r rivée pou1· qu'·îl s'ewpl'ique devamt le.s té-
de ceLa, à wro cm·tain nomb1··e de séquen- léspectateu?·s f1·ançais. Or, le -me?·credi 4
un programme idéal à J' usage de ma1·s, M. MacmilZa·n a 1'é1tni ses ministres
beaux esprits, il s'agit de plaire à Pa- ces.
et pa1"lé à la Chambre des Commu,nes, et
·r i.s, à la provjnce et à des Français N ou.s avons dit dans ttne de tLOs séquen- le jeud·i il est pa1·ti pour deux jours en
de tous les milieux ». ce.s die la troisième ~missiom que « no1t.s b ·Za.n4e. No= n'avons donc pas pu l'inter-
n'étions ni des juges ni des (IJI)Ocats », n01t8 vi ewer, à no i:re grand. regret.
sommes encore m.oi'll8 des voyeurs !
L'EVENEMENT J'ajou,te que :nou.s n'QII)ons pas 1·é1t.ss-i
jusqu' ici - mais les pou7'Parl61"S avan-
cent. - à touTner quoi qtte ce s<>it en
FAIT LA LOI Russi-e soviétiqu.e, le gouvernement sovié-
MACMILLAN ET toj,que nom ayant fait d·ire q'Uie la
Pouvons-nous avoir une idée « R.T .F. n'avait pas de jour(IW.lisfle acc1"é-
de vos ·p rojets immédiats ? ADENAUER dité à Moscou ».
@ Comment voyez~vous l'évolu- Qua,•H à M . Miko.y an, il s'est 1"61~du à
tion de Cinq colonnes à la wne r une émissiOn Meet the Press dont l'inté-
au cours des mois qui vien- Dans ses l'UJbriques amtb itieuses, ret cons-is: e à voir si les lions mangeTo,nt
C·inq colonnes à la une est un maga- le OO'm'P.te-wr uu si le do-mptewr dres8e1'a
nent ? zine .p olitique. Pou>r mémoire, nous y . les lions. La personne in t errogée d~t fort
avons rencontré, entre autres, le peu de choses {nf.éressantes, les question.s
No1t8 voulons p1"ofite1· de chaque chan·c elier Ademtauer, M. Mikoyan et ayunt pltta d'intéTIJt que les réponses.
émission pou1· améliorm· la suivante.
le shah d'kan. Cette entreprise est Nous avons pris les passages les pl1t.s in-
donc d'une nouveauté tonique. Mal- téressants de cette séquence Mikoyan.
Mais, dans une ent1·ep1·ise de ce genre, heureusement, la e<>m·position poli-
les événements commandent. Nous tique du sonunaiire, la dernière fois, Pa1· contre, q1tand un interview61" est
travaillons sttr de t1"ès nombreux su- comportait une J.acune centrale. Le reçu pa1· 11irt hom·me d'état im·p orfant
jets dont quelques-uns ne seront pTo- ~ait majeur du mois était .Ja rencont- (comme Georges Penchenier pwr le chan-
gramm és que ·dan8 un ou deux mois. tre Maomillan-Khrouohtohev. Vous celier Adenattm•), il ne s'a;git p.l1t8 là d'un
mais no1t.s résm'1Jon.s la préséance à avez assez d'entregent et de m ·oyens match, mais de faire d·iffe à l'i.nterlocu.
r.eux qui s'imposent en dB1"nière mi-
pour rapporter ·quelque chose de teur - en l'interrogeant avec cowrtoisi.e
smnbla:bles entretiens comme mais habilement - les choses les pltta im-
nute. l'ont fait les deux chaînes anglaises, poTtantes q1m puissent U1·e dites. Les dé-
Nmt.s allons at'-88i t1·ansfonner la. B.B.C. et ·ohaîne comerciale, ou claTat io,ns d1t ohanceli61" étaient si imp o·r-
façon de te1·mine1· et de commenc61"
co.::nme l'a faJit Paris-Match. Néan- tantes que les jowrna1tx du. monde entiB1"
moins, vous les avez ignorés. Dams les ont longueme,nt rep1·oduites. J e vmts
chaque nouvelle séquence. Enfin, votre second numéro, on voyait des rapelle attasi que Georges Pencheni61"
C0'11'11me je V01tS le disais, nous en'Vi- jou>rnalistes am-éricains .rivali.ser à avait c.koisi ses questioons parmi celles
'agoons la parution bimensttelle qui poseraj.t les questions les plus posées pa1· les té!ésrpeotatm.urs.

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