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Chapitre 5

Interférences et cohérence des sources

Les phénomènes d’interférence résultent de la superposition, qui peut être constructive ou


destructive, d’ondes présentant différents écarts de phase.

5.1 Superposition de deux ondes monochromatiques de même


fréquence
Considérons un point de l’espace où deux ondes scalaires (pour les ondes électromagné-
tiques il s’agit de deux ondes de même polarisation) se superposent. L’onde résultante sera :
    
       
(5.1)
si bien que l’intensité pourra s’écrire :
           "!$#&%
(5.2)
   
où et sont respectivement proportionnelles à ' ' et '  ' , et
#(%   
arg  ) arg  (5.3)
#&% 
dénote la différence de phase entre les deux ondes. Notons qu’on aurait pu définir
 
arg ) arg   sans que le résultat final change.
On remarque que l’intensité totale n’est pas la simple somme des intensités individuelles,
mais qu’il faut tenir compte du terme d’interférence qui dépend de la différence de phase entre
les ondes, et l’intensité oscille entre les deux valeurs extrêmes :
- 
*  ),     *. / 0   1   
 + 
 (5.4)
On définit alors le facteur de visibilité 2 par :
 * . / )  *
 +  5  
6
243  *. /   *     (5.5)
+
qui est toujours inférieur ou égal à 1.
46 CHAPITRE 5. INTERFÉRENCES ET COHÉRENCE DES SOURCES

5.1.1 Ondes de même amplitude

On a alors : 7(8:9<;= >?A@(BC8D= >"? E F @(B G HI


(5.6)

5.1.2 Cas de deux ondes planes

Considérons maintenant le cas où les ondes s’écrivent :


J KMLON KAP Q R SAT U VWX"T Y Z J E LON E P Q R S[ U VWX[ Y
(5.7)
K E
où \ et \ sont les phases à l’origine. On a alors :
7(8 EK ; E ;H K E = >? F @(B I
N N E N N
(5.8)

avec @(B F ] EM^ ] K I _ `&;@


L
@ \ (5.9)
] K
L E ^ K
avec ] E\ \\ la différence
K L E L de phaseGc
LDb à l’origine. Bien entendu, les valeurs absolues de
et de sont les mêmes a a a , seules leurs directions sont différentes.

5.1.3 Cas de deux ondes sphériques

DansK le cas
E de deux ondes sphériques provenant des sources ponctuelles situées en deux
points d et d différents, on écrira :
N K P Q R f g T WX"T Y Z N E P Q R f g [ WX[ Y
J KML J E L
eK eE (5.10)
K E
où e et e sont les distances entre le point d’interférence considéré et les sources. L’intensité
E E
résultante est alors : 7(8 N K ; N E ;H N K N E = >? F @(B I
E E
eK eE eK eE (5.11)

avec : @(B F E ^ K I;@ Z @ E ^ K


L L
a e e \ \ \ \ (5.12)
K E ^ eK F ;
E
IE G SiH e et e sont grandes par e e L eK
K rapport
E à la distance entre les sources ( h h$i
e e e e
), on peut remplacer et par dans le dénominateur des équations précédentes. On
aura alors : 7(8 EK ; E ;H K E = >? F @(B I
N N E N N
(5.13)
5.1. SUPERPOSITION DE DEUX ONDES MONOCHROMATIQUES 47

5.1.4 Interférences par division d’amplitude

Les systèmes interférentiels par division d’amplitude sont d’une grande importance pra-
tique. On peut citer : l’interféromètre de Michelson, l’interféromètre de Mach-Zehnder et l’in-
terféromètre de Sagnac.
L’interféromètre de Michelson fournit un exemple simple d’interférence à deux ondes. Une
lame semi-réfléchissante j sépare l’onde incidente en deux ondes d’intensités comparables.
Après réflexion sur les miroirs M k et M l , les deux faisceaux sont superposés en retraversant
la lame séparatrice. On peut faire varier la différence de phase m(n1opn l<q n k des deux ondes
en variant la distance entre la lame séparatrice et un des miroirs. Calculons cette différence de
phase pour un appareil idéal, avec une lame L infiniment mince et ayant les mêmes coefficients
de transmission et de réflexion (50 % et 50 %) quel que soit le sens de traversée.
A la première traversée de L, les deux ondes ont la même amplitude rs (au signe près) et la
même phase n$s . Considérons l’onde (1). Au point M k , l’onde s’écrira:
t
k u v k woOr sx y z{ |"}6~  (5.14)

L’amplitude r € k au point M k est donc égale à l’amplitude r € s au point L multipliée par un


terme de phase:  ‚ƒ u „ n k w , avec n k(o†… u j v k w . Considérons maintenant l’onde réfléchie sur
le miroir M k . En accord avec les résultats du chapitre précédent, l’amplitude sera multipliée
par un coefficient de réflexion ‡ qui dépend de la nature du miroir (pour une réflexion sur un
conducteur parfait, ‡ o q‰ˆ ). L’onde réfléchie sur M k aura donc, au point L, l’amplitude:
t t l
k u j<wo k u v k wM‡ x y z{ |"} ~  oOr s ‡ x y z { |"} ~  (5.15)

Le même calcul pour l’onde (2) conduit à une expression similaire avec u j v l w à la place de
j v k . On a donc, au point d’observation, deux ondes de même fréquence et de même amplitude,
se superposant avec une différence de phase:

m(nŠo
‹Œ m&jŽo0‹ 
Œ   m(j (5.16)


m&jŽo j kq j v l w
‹ u v
(5.17)
est la différence de chemins optiques. Le terme d’interférence dépendra donc de la différence
de distance entre les miroirs et la lame séparatrice.
L’intensité au point d’observation est alors donnée par :
‘ ‘ ‘
o s u<
ˆ ’“ ”• m(n woD– — s “ ”"• l u m(n ˜ w (5.18)
‹ ‹
‘ l
avec s op™ r s ™ . Notons que r s est l’amplitude de l’onde après la lame séparatrice et donc elle
‘ ‘
est la moitié de l’amplitude de l’onde incidente dans l’appareil. Il s’ensuit que s o ˜ – . Il
y š ›
faut noter aussi que selon la nature de la lame séparatrice, il est nécessaire dans certains cas
d’ajouter à m(n un déphasage supplémentaire de .
Œ
48 CHAPITRE 5. INTERFÉRENCES ET COHÉRENCE DES SOURCES

5.1.5 Interférence par division du front d’onde

Les systèmes interférentiels par division du front d’onde les plus connus sont : (a) les miroirs
de Fresnel, (b) le biprisme de Fresnel et (c) les fentes de Young. C’est ce dernier qui est le plus
important pour les applications. Il est constitué de deux fentes de largeur œ éclairées par une
source primaire. Pour que deux rayons issus de deux fentes puissent interférer en un point  ,
il est nécessaire de tenir compte de la diffraction. On obtient alors pour les conditions de la
diffraction de Fraunhofer et pour une incidence normale :

 
ž—Ÿ  Ž¡¢O£ ¤<¥ ¦1§"¨ © ª «A¬ © ª §° ª ±$²"³<´ C
¦ «A¨ © ª «$¬ © ª §"° ª ±$²³ µ"¶¸·&¹ º» (5.19)
§¨ © ª §A¬ © ªp­"®—¯ « ¨ © ª §¬ © ª
­®—¯
et après intégration :
ž‰Ÿ  1¡M¢O£ ¤ Ÿ Š  ¼º$»Š¡¥ ° ª ±²¨ © ª ´ §"° ª ±²¨ © ª µ
sinc œ (5.20)
  ¯ ¯
L’intensité au point sera donc donnée par :
½ Ÿ  1¡ ¹O¾ ½ ¤ Ÿ  ¿¼"ºA»Š¡‰À Á ´ Ã"Ä Ÿ Å&Æ ¡ Ç
sincª œ (5.21)

avec :  
Å&Æ ¹ 
¾ È Å(É
¶ Å&É ¹0Ê
º » (5.22)
  »
½ Ÿ  1¡ d’interférence et la distance entre
où est la distance par rapport au centre du diagramme
le plan d’observation et le plan des fentes. Ainsi se présente sous la forme du produit
d’un terme de diffraction qui dépend de la largeur de la fente œ , par un terme d’interférence qui
  ºA»Š¼
dépend de la distance Ê entre les fentes. Si on a œ(Ë Ê , alors pour de l’ordre de Ê , le
terme de diffraction est pratiquement égal à 1 et on a :
½ Ÿ  Ž¡ ¹4Ì ½ ¤  ÃÄ ª Ÿ Å&Æ ¼ ¾ ¡ O
¹ ¾ ½¤ ŸÁ 
´  Ã"Ä Ÿ Å&Æ ¡ ¡ (5.23)

5.2 Cohérence temporelle

La cohérence spectrale n’est pas parfaite quand la source n’est pas monocromatique. Dans
½ Í Ÿ ·ο· ¤ ¡ comme quasi-monocromatique
un grand nombre de cas cependant, l’onde peut être considérée

· ¤ , qui est proportionnelle à l’énergie fournie par la source entre · et ·—´ · . On écrira :
caractérisée par une distribution d’intensité spectrale , centrée autour d’une fréquence

­
· η ¤ ¡ ¹ ½ ¤—½ Ð Í Ÿ ·&η ¤ ¡
½ÍŸÏ
(5.24)
½ Ð Í Ÿ ·&η ¤ ¡
où est la distribution d’intensité spectrale normalisée, telle que :
¦ ½ Ð Í Ÿ ·Ïη ¤ ¡ ·Ï¹ Á
(5.25)
­
5.2. COHÉRENCE TEMPORELLE 49

5.2.1 Exemples de distribution d’intensité spectrale d’une source

Deux formes simples de distribution spectrales sont la lorentzienne et la gaussienne.

AÑ Distribution lorentzienne

Elle est de la forme : Ò AÖ ÜÝ Þ


Ó Ô Õ Ö&×Ö Ø ÙÚ Û
Õ ÖÏ×Ö Ø Ù ßàOÕ AÖ ÜÝ"Ù ß (5.26)
Û
C’est la forme qu’on obtient pour une source à haute pression, où le temps entre collisions
(donné par á$â ) est très court. La largeur caractéristique de cette distribution est donnée par
Ö&Úäã Ü Þ
Û áâ .

BÑ Distribution gaussienne

Dans ce cas : Ò ã
Ó Ô Õ ÖÏ×Ö Ø ÙÚ å ßï
Ý ÞÏæ¿çèAé ê èAê ë ì í î í (5.27)
æ
et elle correspond à une source à basse pression où la largeur est due à l’effet Doppler (c’est-à-
dire à l’effet de l’agitation thermique). La largeur caractéristique de cette distribution est donnée
Ö&ÚOÝð ñòMæ
par Û .

5.2.2 Durée et longueur de cohérence

Les ondes de fréquence différentes ne donnent pas de termes d’interférence quand on moyenne
la puissance instantanée sur des temps longs. Dans un interféromètre de Michelson on observera
alors : Ò
ÓÏÚOÝMÓ Øó†ô Ö Ó Ô Õ ÖÏ×Ö Ø ÙÕ ã<àõ ö÷ Õ ÖAÙ Ù
Û(ø (5.28)
avec Ý ÞÖ
Õ ÖAÙÚ ÚOÝ ÞÖMû
Û&ø ù Û(ú (5.29)
ûOÚ
où Û(
Ü ú est la différence de marche des deux chemins optiques dans l’interféromètre et
Û(ú ù le temps qui met
Ö laÖ"ü lumière pour parcourir la différence de Õ ÖAÙ marcheÕ Û&
Ö"ü úÙ . Pour deux fré-
quences différentes et on aura des différences de phases Û(ø et Û&ø différentes. Si :
Õ Ö ü Ù× Õ ÖAÙMÚDÝޗûÏÕ Ö ü ×ÖAÙMýþÝ Þ
Û&ø Û&ø (5.30)
alors les franges ne seron pas brouillées.
Si on dénote par :
û äÚ ãÜ Ö
â Û (5.31)
Ö
avec Û la largeur caractéristique de la distribution spectrale de la source, la condition pour
n’est pas avoir du brouillage est :
û¿ýÿû
â (5.32)
50 CHAPITRE 5. INTERFÉRENCES ET COHÉRENCE DES SOURCES

On appelle  la durée de cohérence de la source. En termes de chemins optique on a :


  avec
  
 
 (5.33)
qu’on appelle la longueur de cohérence temporelle de la source.

5.2.3 Degré de cohérence temporelle


En utilisant (5.25) dans l’équation (5.28), on obtient :
            !" #%$  '& ! ( (5.34)

qu’on peu écrire, puisque


      ! est une quantité réelle,
     ) Re *        !,+'-%. / 0 1 2 34( (5.35)

On définit le degré de cohérence temporelle par :


5,6  !          !,+ -%. / 0 7 1 -81 9 : 2 (5.36)

 ; 5 6 ; = >,?  A@ B 6 ! ,
et alors, en posant 5 6 <
    C ) ; ,5 6  ! ; " #%$   &   B 6  ! ! D (5.37)

5.2.4 Visibilité : théorème de Wiener et Kintchine

B 6 !
La fonction cosinus dans (5.37) varie beaucoup plus rapidement en fonction de que ;5 6  ! ;
et que . Les valeurs extrêmes de l’intensité sont donc donnés par :
 EGF H      ) ; 5,6  ! ; ! IJ E . K        ; 5%6  ! ; ! (5.38)

LNM   EGO4FP QH     EE . K R; 5 6  ! ;


On obtient donc le facteur de visibilité :

.K (5.39)

expression qui est connue en optique sous le nom de théorème de Wiener et Kintchine.

5.3 Cohérence spatiale

S   S  !
La cohérence spatiale n’est pas parfaite quand la source n’est pas ponctuelle. Supposons une

S S S
source étendue dans la direction . On définit alors une distribution spatiale d’intensité
proportionnelle à l’énergie fournie par la source entre et . On écrira :
   S  !       S  ! (5.40)

T  U! est la distribution spatiale d’intensité normalisée, telle que :
     S  !8 S    (5.41)
5.3. COHÉRENCE SPATIALE 51

5.3.1 Exemple de distribution spatiale d’intensité d’une source

La plus simple de formes est la distribution rectangulaire :


W V X Y Z[X \ ]_^ `'acbAd pour
Z[efacbG`'gchNZ[XAh Z[e i acbG`'g (5.42)
et 0 ailleurs.

5.3.2 Largeur de cohérence

On supposera que chaque point de la source n’interfère qu’avec lui même (source incohé-
rente). Sur le plan image, on observe alors la somme des intensités associées aux différentes
sources ponctuelles composant la source étendue. Dans un interféromètre du type fentes de
Young on observe, pour une source monochromatique, :
W] g)W e,jk%Z[X W V X Y Z[X \TY ^i l m,n8ao Y Z[X \ \ (5.43)
avec
aco Y Z X \ ] g q p ca rsY Z X \ (5.44)
ca rsY ZTX \ est la différence de marche des deux chemins dans l’interféromètre acrsY ZTX \t]
ZTX uGv wf ZTX u x w . Si y X , la distance du plan de la source au plan des fentes et y la distance

entre les plan des fentes et le plan d’observation des interférences, sont très supérieures à la
z
distance entre les fentes,
arsY Z X \){_Y Z X ` y X iw` y \ z (5.45)
ZTX Z8|X aco Y b\
et
aco Y b | \ différentes. Si :
Pour deux points de la source différentes et on aura des différences de phases

ao Y Z |X \Gfaco Y Z X \ ] g q p Y arsY Z |X \GfacrsY Z X \ \}g'p (5.46)

alors les franges ne seron pas brouillées. D’après (5.45),


acrsY Z[|X \GfacrsY Z X \ peut s’écrire :
arsY Z |X \GfacrsY Z X \G]RY Z |X f~Z X \ z ` y X (5.47)
Si on dénote par
ab la largeur caractéristique de la distribution spatial d’intensité de la source,
alors la condition (5.46) pour n’est pas avoir du brouillage s’écrit :
acb z ` y X)} q (5.48)

Si on défini par :  X ] q X `'acb


y (5.49)


la largeur de cohérence de la source, cette condition s’écrit :
z } X ] q y X ` ab (5.50)
X Y q4€ ab\
X
Notez que dépend des caractéristiques intrinsèques de la source
de la distance y : plus la source est éloignée, plus elle semble ponctuelle.
mais également
52 CHAPITRE 5. INTERFÉRENCES ET COHÉRENCE DES SOURCES

5.3.3 Degré de cohérence spatiale

En utilisant (5.41) dans l’équation (5.43), on obtient :


[‚ ƒ~„G… †) ‡ˆ ‰)Š‹Œ%[ŽA  Ž ‚ [Ž „A ‘,’4‚ ‚ †'“G”'•T„ ‚ [Ž ” –ŽTŠƒ” –„ —8„ ˜ (5.51)

qu’on peut écrire, puisque


[ ‚ TŽ „ est réelle :
T‚ ƒ„ … †) ‡ ˆ ‰)Š Re ™ ‹Œ' Ž   Ž ‚  Ž „,š'›%œ  ž Ÿ   ¡ ¢  £ ¤   ¥T¤ ¦8§T  ¥4¢ ¨ ©G˜ (5.52)

On définit le degré de cohérence spatiale par :

ª Ž ‚ —,„ … ‹ Œ'TŽ   Ž ‚ [Ž „,š ›%œ  ž Ÿ   ¡ ¢ £ ¤ ¨   ¥T¤ (5.53)

alors en posant ª
Ž …<« ª Ž ‚ —8„ « ¬ ­,®G‚ ¯s° ±GŽ ‚ —8„ „ :
[‚ ƒ~„ …²†) ‡³ ‰Š´« ª Ž ‚ —8„ «, ‘%’ ‚ † “4ƒ´—8”'•[–´Š ±GŽ ‚ —,„ „ µ (5.54)

5.3.4 Visibilité : théorème de Van Cittert et Zernike

En fonction de
ƒ , les valeurs extrêmes de l’intensité, pour une distance entre fentes
— don-
née, sont :
 ¶ ¨ £ ‚ —8„ … †' ‡ ‚ ‰Š´« ª Ž ‚ —8„ « „ ·¸ ¶ œ ¹ ‚ —8„ …²†% ‡'‚ ‰A¯ « ª Ž ‚ —,„ « „ (5.55)
On obtient alors le facteur de visibilité :
º»‚ —,„)¼  ¶ ½T¨¾ ¿£ Š ¯ ¶ ¶ œ ¹ <
… « ª Ž ‚ —8„ «
œ¹ (5.56)

expression qui est connue en optique sous le nom de théorème de Van Cittert et Zernike.

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