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MENTALE Santé et santé mentale, une question


anthropologique ?
SANTÉ

Grégory Lambrette, psychologue et psychothérapeute, chargé de cours au Lycée technique des


professions de santé, Luxembourg

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« La personne normale ? désormais pilier de la santé globale de
Cet animal n’existe pas ». l’individu au même titre que son pen-
Fondement occidental d’une vision dant biologique, la « santé mentale »
Jackson D.D., Le mythe de la normalité,
contemporaine de la santé, la défi- in Sur l’interaction, Paris, Seuil, aurait partie liée avec le physique
nition avancée par l’Organisation 1981, 217-224. comme avec le social. Cette combi-
mondiale de la santé (OMS) en expli- natoire de la « santé globale » dont les
cite une lecture positive s’appuyant éléments moteurs seraient en constan-
sur un bien-être physique, psychique Des siècles durant, le primat du bio- te interaction procède toutefois d’une
et social. Toutefois ce bien-être est logique a forgé une représentation conception des choses soumise à
difficile à circonscrire sur le plan phy- mécaniste de l’être humain, tel une l’évolution de nos sociétés et à la vi-
sique et plus encore en matière de entité isolable de son environnement, sion du monde qu’elle semble, parfois
santé mentale. Si le modèle médical et assuré la domination d’un discours bien malgré elle, diffuser2.
fût une source d’inspiration première, « organique » et d’une pensée médi- L’objet du présent texte vise à expli-
son application au champ des troubles cale1 passant essentiellement par le citer notre propre lecture de cette
psychiques montre un certain nombre corps. A l’orée du XXième siècle, l’avè- version trop positive voire utopique,
d’inadéquations. C’est que la patho- nement des sciences humaines et nous semble-t-il, de la santé, en insis-
logie psychique comme la santé men- sociales a postulé que l’humain ne tant sur la notion de « santé mentale »
tale convoquent aussi bien des élé- saurait se réduire à la seule enveloppe (discipline qui occupe le quotidien de
ments socioculturels que la subjec- charnelle et aux organes qu’elle abrite. l’auteur).
tivité. Aussi le bien-être tel que formu- Aussi l’image matérialiste d’une sorte
lé par l’OMS est davantage une as- d’homme-machine a progressivement
sertion à caractère anthropologique et ○ ○ ○ ○
mué en un être multidimensionnel et
politique que scientifique. complexe. Ces dernières décennies les Le modèle médical, une
notions de « maladie mentale » et de source d’inspiration première
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« santé mentale », comme partie d’un
« capital santé » à conserver ou à En dehors des spéculations philoso-
Mots clefs : santé mentale, repré- entretenir, semblent s’être imposées, phiques érigeant d’un côté le Soma et
sentations de la santé, anthropologie. donnant ainsi à voir un construit qui de l’autre la Psyché, l’essentiel du
fait de la santé « un état de complet discours attaché au corps, à ses lois
bien-être physique, mental et social, comme à ses dysfonctionnements,
et qui ne consiste pas seulement en une nous vient d’une médecine laïcisant au
absence de maladie ou d’infirmité ». fil des siècles ses modèles explicatifs
Cette définition, reprise à l’OMS et tout autant que ses pratiques. Reposant
largement adoptée par les instances sur l’efficacité de ses techniques et
publiques, a validé le développement traitements, le discours médical fait
de nouvelles pratiques désormais autorité lorsqu’il est question de
vouées à la « santé mentale », à « la pathologies physiques. Et si cette auto-
promotion du bien-être, la prévention rité n’empêche nullement la cohabi-
des troubles mentaux, le traitement et tation de modèles étiologiques et
la réadaptation des personnes atteintes thérapeutiques parfois antagonistes
de ces troubles ». L’on ne saurait être (ces approches que l’on dénomme
plus englobant et donc moins opéra- parallèles), le corpus médical occiden-
tionnel qu’au travers de ces assertions tal reste le centre de gravité dominant
visant l’une la santé, l’autre la pragma- les savoirs et les politiques relatives
tique sociale devant nous engager sur au monde sanitaire contemporain. Ses
le chemin de la santé mentale. L’asso- principes et ses lois font l’objet d’une
ciation n’est pas innocente. C’est que, large unanimité, même s’ils peuvent

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Santé et santé mentale, une question anthropologique ?
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être soumis au feu de la critique Si la maladie postule une souffrance, processus de guérison. L’effet place-
heuristique. Cette unanimité a légitimé présente ou à venir, qu’en est-il de « la bo, pour ne prendre que l’exemple le
l’édification d’interventions selon un santé » et à plus forte raison de « la plus illustratif, suppose ainsi que la
schéma empirique où l’on retrouve bonne santé » ? Car si les agents mor- guérison, au même titre que la souf-
une anamnèse, une plainte sous forme bides peuvent être objectivés et donner france, appartient au monde du proces-
de symptômes latents ou manifestes, lieu à un consensus social en matière sus mental4 et non plus exclusivement
une exploration clinique menant au de diagnostic et de traitement, la aux seuls faits biologiques. Ainsi, des
diagnostic, l’application du traitement conception de la santé pose davantage facteurs originellement étrangers au
ad hoc, et enfin son évaluation objec- de problèmes. corps médical se sont immiscés au
tive et subjective avec pour finalité soit Qu’est-ce que cette « bonne santé » ? siège même de son autorité.
la rémission, soit la stabilisation soit, Un envers de la souffrance ? Un bien- Notons au passage que le glissement
comme l’on dit pudiquement dans les être extatique dans un corps sans de la notion de « maladie » à celui de
situations à caractère létal, l’améliora- douleur ? Un physique sans revers ? « (bonne) santé » a accompagné
tion de la qualité de vie du patient. La Le débat est vaste et la question loin l’émergence d’un individualisme
pragmatique (re)commande dès lors d’être résolue. Si le savoir médical matériel où il revient à chacun de
aux acteurs sociaux l’occupation de occidental a procédé longtemps d’un prendre soin d’un corps et donc d’un
certaines positions3 et/ou actions afin paradigme reposant sur la dissociation « capital santé de base » sur lequel
de résoudre les problèmes soulevés entre le corps et l’esprit, l’immixtion l’Etat influerait à la manière d’un
par l’émergence du mal identifié et d’une composante étrangère à la seule gestionnaire des risques5. Les plans de
balisé par le modèle étiologique scien- explication biologico-physique a prévention sont ainsi supposés con-
tifique de la médecine contemporaine. troublé le jeu et la compréhension du férer aux individus l’outillage néces-
saire pour tendre vers cette santé
globale aux allures idylliques. La
« bonne » gestion comme la répar-
tition des risques en matière de santé
obéissent toutefois (sur un plan macro-
sociologique) davantage à des logi-
ques de classes (et donc à des détermi-
nants sociaux) qu’à des seuls actes
individuels. Si nous sommes tous
égaux sur le plan de santé, certains le
sont plus que d’autres...

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Santé et santé mentale :
inspiration, évolution,
confusion
Force est de reconnaître que le facteur
humain est à la fois essentiel et indési-
rable pour qui veut faire Science.
Essentiel, car sans lui rien ne se fait,
et indésirable puisqu’il s’agit d’une
variable dont l’irréductibilité grève un
processus heuristique en quête
d’absolu. En effet, en matière de santé

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mentale le consensus théorique voire siècle). Ils font intervenir une notion controversés. Aucun ne fait l’unani-
pratique est bien plus étroit que dans extrêmement floue, à savoir la subjec- mité ni consensus social. Ainsi la
le champ de la santé physique. La tivité. Cette subjectivité est bien psychologie est elle-même un conglo-
tâche est plus ardue pour qui prend embarrassante lorsque l’on veut déga- mérat de théories hétéroclites dont le
pour objet l’être humain en ses compo- ger des modèles théoriques et substrat sinon le paradigme explicatif
santes anthropologiques, sociales, thérapeutiques à caractère universel et réside soit dans l’homme (selon les
psychologiques. Loin d’être invariant à prétention scientifique. Toutes les écoles, ce construct intra-individuel
comme la matière, l’individu relève de données résultant de l’étude de l’être est nommé « psychisme », « boîte
singularités sans cesse changeantes et humain, sur un plan psychologique, noire », « cognition ») soit dans les
interagissantes donnant à voir un être sociologique et anthropologique, re- relations qu’il entretient avec lui-
unique et pluriel à la fois. Alors com- quièrent en effet d’être contextualisées même et avec son environnement
ment générer un modèle exhaustif avec précision sous peine d’être il- (comportements et interactions). Il
permettant de rendre compte de la lisibles et donc inexploitables. On ne apparaît que « La » psychologie (pour
constitution de la personne, de ses saurait appréhender « le corps men- autant que cette réduction conceptuel-
agissements comme de ses dysfonc- tal » comme l’on aborde le corps le ait un sens), loin d’être indépen-
tionnements non plus organiques mais biologico-physique. dante, accompagne au travers de ses
autres ? théories l’évolution de notre société9.
S’inspirant du modèle médical occi- La tangibilité des indicateurs en ma- Pour faire court, si les théories de
dental, la psychiatrie et la psychologie tière de maladie mentale est moins l’énergie (psychique, sexuelle,...) ont
en adoptèrent les logiques d’appré- évidente à cerner qu’au sujet des pa- éclos à l’heure des sociétés industriel-
hension tout en se rendant rapidement thologies physiques. Des pans entiers les, les sociétés de l’information ont
compte d’une certaine inadéquation de de la nomenclature psychopatho- donné naissance aux théories com-
leur usage. C’est que le paradigme de logique révèlent plus d’inconnues que municationnelles.
la maladie mentale procède de pos- de certitudes scientifiques. La diversi- On sait que l’option théorique à
tulats différents. La mécanique physi- té des écoles laisse apparaître un spec- laquelle chacun se réfère détermine
que est distincte de la mécanique tre large de postulats, de prémisses son champ de vision et conditionne ses
psychique. Cette dernière ne saurait se voire d’hypothèses diagnostiques6 sur prises de décision, qu’elles soient
plier aux exigences de la rationalité ce qu’il faut reconnaître comme appar- diagnostiques, thérapeutiques ou
scientifique notamment en matière de tenant au champ de la santé ou de la autres. Et la manière dont nous nous
reproductibilité empirique des résul- pathologie mentale. Il n’est pas même forgeons une connaissance contribue
tats. Le monde de l’« immatériel » d’outils qui fassent l’unanimité. Ainsi à « co-construire » des « réalités so-
pose problème pour qui l’aborde avec le DSM7, célèbre ouvrage servant de ciales » sur base desquelles nous fon-
un paradigme fondé sur le biologique. base diagnostique aux professionnels dons notre action. Ainsi croyant dé-
de la santé mentale, est critiqué pour crire et expliquer des phénomènes,
Si on consulte la littérature, on trouve la fragilité des critères scientifiques nous ne faisons le plus souvent ainsi
dans les définitions relatives à la santé qu’il développe8. Le retrait du DSM- qu’expliciter les limites de notre vision
mentale les éléments suivants, à savoir III de l’homosexualité comme trouble du monde.
une absence de maladie mentale, une mental (en 1974) est ainsi souvent cité Selon nous, la co-évolution de l’hom-
sorte d’équation avec le normal, une en exemple pour démontrer la me et du monde dans lequel il évolue
assimilation avec un certain état de faiblesse des indicateurs révélant une est telle que chaque individu s’adapte
bien-être. Mais cette conception pose pathologie mentale et surtout les à sa manière à son environnement à
également problème. Maladie, norma- facteurs sociaux influant sur le traçage travers la pathologie, la déviance, le
lité, santé mentale sont des construits d’une frontière fluctuante entre la conformisme social et bien d’autres
complexes, hybrides et évolutifs selon santé et le trouble mental. formes encore. La question serait alors
l’espace, le temps et l’angle d’attaque C’est que les modèles explicatifs et de savoir quel processus social, et non
(on n’était pas pareillement « fou » en descriptifs en matière de maladie men- pas quelles réponses individuelles,
Grèce antique qu’au Gabon au 19ème tale comme en santé mentale sont « produit » de la « santé mentale ».

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Santé et santé mentale, une question anthropologique ?
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Reste qu’il est peu aisé de circonscrire diagnostic (ou l’hypothèse étiolo- Si la maladie charrie valeurs et croyan-
le concept même de « maladie men- gique) en érigeant la notion de souf- ces, la maladie/santé mentale en brasse
tale », et à plus forte raison celui de france psychique 12 comme porte plus encore. Lorsque l’on invoque la
« santé mentale », puisqu’il s’agit là d’entrée au traitement. Matérialisant « santé mentale » en référence à
d’une sorte d’abstraction ne répondant ainsi l’immatériel, la souffrance est certains agissements répréhensibles, la
pas à des critères objectifs universel- supposée incarner la pathologie men- morale n’est guère loin. La maladie
les, mais plutôt à des critères subjectifs tale. Sauf que l’on peut souffrir men- serait dès lors un écart par rapport à
localisés, c’est-à-dire relevant d’une talement sans pathologie avérée. C’est une norme de fonctionnement. Le
appréhension occidentale de certaines qu’ici l’on est sujet à des atteintes à concept de « normal » est souvent une
manifestations comportementales10. caractère « subjectif » dont l’objecti- variante du concept de « bon », une
Ainsi si les concepts de maladie et de vation elle-même pose problème. action normale est une action « bon-
santé mentale entraînent à leur suite Maladie, pathologie et souffrance ne », approuvée par la collectivité, en
un cortège de termes appelant des mentale sont comme dans le champ accord avec l’idéal du groupe13.
multiples réalités (rémission, guérison, de la santé physique des choses Si à l’instar de ce qui se passe dans le
soins,...) difficiles à définir, leur évalu- distinctes sur le plan clinique. champ de la santé physique, valeurs,
ation relève dès lors d’une gageure. La souffrance n’est pas un indice croyances, perceptions et représen-
Les études de Roseham11 et de Gof- irréfutable d’une pathologie existante. tations interviennent en matière de
fman l’ont partiellement montré à Aussi si cette souffrance peut légitimer santé mentale à des degrés divers selon
leurs manières. La « thérapie-par-la- l’usage d’une thérapeutique, ce n’est l’appartenance de classe, la biographie
parole » comme le traitement psycho- plus en réponse à un critère diagnostic et la subjectivité de l’individu jouent
pharmacologique restent encore la ou nosographique universellement un rôle déterminant et par là-même
règle et laissent planer un flou artisti- identifié, mais bien plutôt sur base bien plus important dans le champ de
que sur les critères de guérison et de d’une subjectivité exprimant une la santé mentale, et où la relation
rémission qu’ils sont supposés accom- expérience négative de soi et/ou patient - intervenant n’est plus un
pagner voire provoquer. Le patient d’autrui. La subjectivité devient ainsi moyen thérapeutique facilitant le
devient ici juge de sa propre évolution le pilier essentiel d’une souffrance traitement mais parfois le traitement
et de la satisfaction qui lui serait devant dès lors être pris en compte. thérapeutique lui-même.
inhérente. Les professionnels propo-
sent, les usagers disposent. On n’est Si cette notion de souffrance est es-
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cependant pas pareillement perçu sentielle sur le plan clinique, puis-
selon que l’on souffre de trouble qu’elle engage tant le patient que le En guise de conclusion
physique ou de trouble psychique. professionnel de la santé mentale, elle
Marqué par un diagnostic, il arrive ne répond en rien au débat sur le plan La maladie reste dans notre monde
fréquemment qu’un patient traine sociétal. Car comment expliquer que occidental une identité sociale néga-
celui-ci des décennies durant même certaines manifestations aujourd’hui tive, car ce qui est désiré c’est la santé
s’il n’a plus eu d’épisodes « morbi- qualifiées de déviances ou pathologies (Canguilhem14). Etre malade c’est être
des ». Le diagnostic n’est pas « psy- mentales donnent lieux à des actions indésirable, nuisible ou socialement
cho-dégradable » et pèse souvent sur contraignantes (placement en obser- dévalué. Sur le plan physique et plus
l’histoire des patients. vation, isolement, placement en défen- encore en matière de santé mentale car
se sociale, injonction thérapeutique,...) « le fou » est un malheureux, un
suivant que la société se sent plus ou infortuné qui a perdu l’attribut le plus
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moins menacée et y accole un ce con- précieux de l’homme, la raison15. En
Et la souffrance ? cept nébuleux qu’est la dangerosité tous les cas, la maladie est perçue com-
(pour soi et/ou pour autrui) ? Com- me une régression voire une menace
Certaines disciplines ont tenté de se ment expliquer encore la recrudes- de mort16. Mais qu’en est-il dès lors
débarrasser de la tentative normative cence de diagnostics de dépressions, de ce versant positif qu’est la santé ?
(voire pathologisante) qu’est le d’hyperactivités ? La version idéaliste de l’OMS laisse

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planer une confusion rendant son
évaluation impossible. C’est que santé
comme santé mentale sont des con-
cepts fuyants échappant à toute pos-
sibilité définitionnelle exhaustive.
C’est que ces mêmes notions sont
perméables les unes aux autres ; la
santé influe sur la santé mentale et
inversement et engage une dynamique
sociale incontestable17. C’est que l’on
est bien en peine de dégager quels sont
les processus sociaux produisant de la
santé mentale. Les approches clini-
ques (et les théories s’en dégageant)
ont principalement formalisé la patho-
logie au point où l’on a vu émerger ce
que l’on pourrait dénommer de
manière quelque peu triviale des
« théories officielles du malheur ». Et
de penser, à l’instar d’Ehrenberg que
Bibliographie La pratique de l’esprit humain,
la souffrance psychique et la santé
Gauchet M., Swain G., Gallimard,
mentale semblent être l’horizon de
Sociologie de la maladie et de la Paris 1980.
l’individualisme contemporain, com-
médecine, Adam C., Herzlich C.,
me le paradis et l’enfer l’étaient au « Le mythe de la normalité », in Sur
Armand Colin, Paris 2007.
Moyen Age18. Accordant au travers de l’interaction, Jackson D.D., Seuil,
cette définition une primauté au sub- « Ordre biologique, ordre social » in Paris 1981, pp. 264-282.
jectif, elle laisse apparaître un nombre Le sens du mal. Anthropologie, his-
Aimez-vous le DSM ? Le triomphe de
considérable de points aveugles. toire, sociologie de la maladie, Augé
la psychiatrie américaine, Kirk S.,
M., Editions des Archives contem-
Kutchins H., Institut Synthélabo, Paris
Si la maladie demeure une expérience poraines, Paris 1994, pp. 36-91.
1998.
sociale et individuelle négative, la
Sociologie des maladies mentales,
notion de santé telle que formulée par Anthropologie de la maladie,
Bastide R., Flammarion, Paris 1966.
l’OMS relève davantage de l’assertion Laplantine F., Payot, Paris 1986.
à caractère anthropologique, voire La Société du risque, Beck U.,
Souffrances sociales, Renault E., La
politique que d’un énoncé scientifique Flammarion, Paris 2001.
Découverte, Paris 2008.
au sens étroit du terme. Ce modèle
L’ordre psychiatrique, Castel R., Ed
anthropologique de la santé, et par là- « Etre sain dans un environnement
de Minuit, Paris 1976.
même de l’être humain, nous semble malade ? », in L’invention de la
éluder voire dépolitiser le débat sur les Le normal et le pathologique, réalité, Rosenhan D.L., Seuil, Paris
facteurs favorisants l’émergence ac- Cauguilhem G., P.U.F., Paris 1966. 1988.
crue de pathologies dites psycholo-
La société des individus, Elias N.,
giques, qui par ailleurs pourraient être
Fayard, Paris 1991.
appréhendées comme des pathologies Notes
proprement modernes (dépression, « Remarques pour éclaircir le concept
stress, hyperactivité,...). A trop viser de santé mentale », Ehrenberg A., (1) « Le savoir occidental sur le corps
le bonheur, ne finirait-on pas par le Revue française des Affaires Sociales, reste principalement un savoir
manquer ? N°1, Janvier - Mars 2004, pp. 77-88. médical, et que cette connaissance est

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Santé et santé mentale, une question anthropologique ?
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fondamentalement biologique. », préciser qu’il s’agit là principalement


Laplantine F., in Anthropologie de la d’une conception matérialiste es-
maladie, Payot, Paris 1986, p.57 sentiellement occidentale.
(2) « Née de multiples projets, mais (10) Cette réflexion demande toutefois
sans projet, animée par de multiples à être nuancée puisqu’il faut bien
finalités, mais sans finalité », voilà ce reconnaître la nuance culturelle intro-
que serait en effet la société humaine duite par l’ethnopsychiatrie tant sur le
dans son ensemble selon Elias (La plan diagnostic que sur le plan du
société des individus, Elias N., Fayard, traitement.
Paris 1991, p. 107).
(11) Lire « Etre sain dans un environ-
(3) Ainsi pour exemple « le rôle de nement malade ? », in L’invention de
malade se définit d’abord par son la réalité, Rosenhan D.L., Seuil, Paris
exemption des responsabilités habi- 1988.
tuelles... Il est également clair que le
(12) Souffrances sociales, Renault E.,
malade ne peut guérir seul par un acte
La Découverte, Paris 2008.
de décision... ; en retour il a des obliga-
tions. Il doit considérer la maladie (13) Sociologie des maladies men-
comme indésirable et souhaiter « aller tales, Bastide R., Flammarion, Paris
mieux ». » (Sociologie de la maladie 1966, p.80.
et de la médecine, Adam C., Herzlich
(14) Le normal et le pathologique,
C., Armand Colin, Paris 2007, p. 77.).
Canguilhem G., P.U.F., Paris 1966, p.
(4) Pour reprendre l’expression de 74.
Bateson G. : « Métalogue : Pourquoi
(15) L’ordre psychiatrique, Castel R.,
les placebos ? », Bateson G., Bateson
Ed de Minuit, Paris 1976, p.48.
M.C. in La peur des anges, Seuil, Paris
1989, p.93. (16) « Ordre biologique, ordre social »
Augé M. in Le sens du mal. Anthro-
(5) Pour reprendre la thèse développée
pologie, histoire, sociologie de la
au sein de l’ouvrage de Beck, (La So-
maladie, Editions des Archives
ciété du risque, Beck U., Flammarion,
contemporaines, Paris 1994, pp. 36-
Paris 2001.)
91.
(6) Lire l’illustratif exemple de Rosen-
(17) Lire pour exemple l’ouvrage de
han, « Etre sain dans un environ-
Renault, Souffrances sociales, Renault
nement malade ? », in L’invention de
E., La Découverte, Paris 2008.
la réalité, Rosenhan D.L. sous la dir.
Waltzlawick P., Seuil, Paris 1988. (18) « Remarques pour éclaircir le
concept de santé mentale », Ehrenberg
(7) Diagnostic and Statistical Manual :
A., in Revue française des Affaires
ouvrage publié par l’Association
Sociales, N°1, Janvier - Mars 2004,
américaine de psychiatrie.
pp. 77-88.
(8) Lire pour exemple Aimez-vous le
DSM ? Le triomphe de la psychiatrie
américaine, Kirk S., Kutchins H.,
Institut Synthélabo, Paris 1998.
(9) Peut-être d’ailleurs faudrait-il

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