Billions of tiny dots

I fixed this tiny point so long that I saw there the whole universe. Trapped in the asperities of
its shape, I travelled through the mountains of my mind. For hours and years, I concentrated
my forces to discover this place. Convinced of what I was going to find, I sought day after day
the promise of my salvation. Agonizing little by little on the same paths, I felt lost, forever
damned to the dead-end roads. Time brought me no advice, this place could only be made up
of questions. So for years, I wrote my thoughts, inventing the answers I couldn't find in me.
Screaming louder and louder as I wrote, I was angry that I had not figured out who I was.
Turning endlessly in the tiny den of my consciousness, staring at it so deeply that I wanted to
find the world there.

No one had ever told me the world was out there. Or I had been warned, but never heard it, as
if lost in a deaf ear. Lost in the tumult of my own chaos, the image remained blurred. And then
time passed, the moments of my life too. With every step I made into the world, one more
step into my mind. As people came and went, I lost sight of the tiny dot that used to haunt me.
I learned slowly to look elsewhere, to discover the grains of sand which strewed my road. In
each of them I found the colors that have tinted my soul. Millions of crystals difracting the
lights that I could not see. Thanks to them, I finally saw the world I was looking for inside me.

So today, I don't need to scream anymore, to unload the rage I was storing up inside me. My
words no longer carry the weight of my incomprehensions. Alone in the middle of my void, I
was believing that I would have to scream for others to hear me. Now I have learned that my
tiny dot is only an infinitesimal fraction of an endless universe. But with a bit of desire and
agility I can reach out and meet the infinite number of tiny dots that surround me. And the
more I move, the more I let my eyes discover new lights, the more the image of my life clears
up. So today I don't wail anymore, I simply come to see the lights and whisper my words to
them. And if their din allows them to hear me, then maybe they will see my spark.

Des milliards de petits points

J’ai fixé ce minuscule point si longtemps que j’y ai vu l’univers tout entier. Emprisonné dans les
aspérités de sa forme, je parcourais en lui les montagnes de ma conscience. Des heures et de
années durant, je concentré mes forces à parcourir ce lieu. Convaincu de ce que j’allais y
trouver, je cherchais jour après jour la promesse de mon salut. Agonisant peu à peu sur les
mêmes chemins, je me sentais perdu, à jamais condamné aux routes sans issues. Le temps ne
m’apporta nul conseil, ce lieu ne pouvait être fait que de questions. Alors pendant des ans, j’ai
écrit mes pensées en y inventant les réponses que je ne trouvais pas. Criant toujours plus fort
au fil des lignes, j’y mettais la colère de n’avoir découvert qui j’étais. Tournant sans fin dans le
minuscule antre de ma conscience, le regardant de si près que j’y voulais trouver le monde.
Personne ne m’avait dit que le monde était dehors. Ou me l’avait on dit sans que jamais je ne
l’entende, comme perdu dans l’oreille d’un sourd. Perdu dans le tumulte de mon propre
chaos, l’image demeurait floue. Et puis le temps est passé, les moments de ma vie aussi. A
chaque pas foulant le monde, un pas de plus dans mon esprit. Au fil des gens, je perdais de vu
le minuscule point qui avant m’obsédait. J’ai appris peu à peu à regarder ailleurs, à y découvrir
les grains de sable qui jalonnait ma route. En chacun d’eux j’ai trouvé les couleurs qui ont
teinté mon âme. Des millions de cristaux difractant les lumières que je ne voyais pas. Grâce à
eux, j’ai enfin vu le monde que je cherchais en moi.

Alors aujourd’hui, je n’ai plus besoin de crier, de décharger la haine que je stockais en moi.
Mes mots ne portent plus le poids des incompréhensions. Seul au milieu de mon néant, je
croyais qu’il me faudrait hurler pour que les autres m’entendent. Maintenant j’ai appris que
mon minuscule point n’est qu’une part infime d’un univers sans fin. Mais qu’avec un peu
d’envie et de souplesse je n’ai qu’à venir rencontrer l’infinité des points qui m’entoure. Et plus
je me déplace, plus je laisse mes yeux découvrir de nouvelles lumières, plus l’image de ma vie
s’éclaircie. Alors aujourd’hui je ne crie plus, je viens voir les lumières et leur murmure mes
mots et si leur vacarme les autorisent à m’entendre alors peut être verront ils ma lueur.