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REVUE HISTORIQUE Fonpé ex 1876 pan GABRIEL MONOD Cuanurs BEMONT nr Louis EISENMANN Ne gui fatten, we qo ei non endear CINQUANTE-TROISIEME ANNEE TOME CENT CINQUANTE SEPTIEME Sanvier-Avrll 1926 anni 8253 PARIS LIBRAIRIE FELIX ALCAN 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 1928 LES « COLLIBERTI » ETUDE SUR LA FORMATION DE LA CLASSE SERVILE IIL — Les omcinss pv cuLveRTace §4.— Les collibe i a Rome et dans les royaumes barbares. On appelait colliberti, 4 Rome, dds le temps de Plaute?, les affranchis un méme maitre. Le mot n’exprimait, pas seulement une relation de fait. Le souvenir de la servitude jadis soufferte en commun, une pa- reille soumission et de pareils services rendus a Pancien maitre, devenuy Ie patron, souvent des charges collectives imposées par co patron lui- rméme, tout cela eréait entre oes hommes qui avaient regu la Liberté des ‘mémes mains, pour certains au méme moment, des liens a Ia fois juri- diques et sentimentanx, sanctionnés fréquemment par des usages reli- sienx. Les colliberti étaient tenus pour tous égaux, & ce point qu'Ulpien croyait devoir spécifier que, malgré cette égalité de principe, ils n’en étaient pas moins sujets entre eux, le cas échéant, aux obligations de la piété filiale®, Des relations d’affaires — societas lueri quaestus compendii = se nouaient naturellement parmi oux', Un méme columbarium aceueillait leurs cendres. IIs se rendaient les uns aux autres les honneurs funéraires, parfois dans dos formes touchantes : » Entre moi et toi », dit ‘une inseription consacrée par un collibertus & la mémoire de son compa- gnon, « mon coaffranchi religiousoment vénéré, j'ai conscience que jamais nul dissontiment ne séleva... Nous achetimes laliberté dans une 1. Voir Rey, histor, 1. CLV, ps 148. 2 Poon 810. Sur es coliber! antiques, let rnseignements ls plus completa sont fours pr Tamas, dans Vantico cite p. 15, a 1; celle exeslente tude me dispense dindiquer fn dial ls rilrences; voy, ata le Theoutraslnguaelatinar, tL, a mot elibertas eb (Gh, Poin, Reherhes sr le sets wiser chet let Romans dans Nowslle Reswe hist rigueur 899, 1 Dign XXXVI Rey. Histon. GLVII. 2° rase, 5 ee MaRe BLocH ‘méme maison, et jamais rion ne nous eft séparé si ce jour, marqué par ton destin, n’était venu le fairo', » Fréquemment le patron leur faisait ; des legs en commun, soit par pure bienveillance, soit, plus ordinaire- F° ment, sous condition de rendre & son tombeau un culte collectit. Leur F groupo était alors eongu comme une veritable société eivile, un eo pus®. Méme lorsque les logs leur étaient attribués individuellement, il | arrivait que ces parts, a la mort-de chaque hénéficiaire, dussent rovonir | ‘la masse commune, pour étre diviséos & nouveau entre les survivants. I Nile nom de collibertus, ni les usages qu’on vient de décrire ne dis parurent aprés les invasions. Mais ici deux difficultés d’ordre verbal so | présentent, dont il faut débarrasser le terrain avant d’aller plus loin, Collibertus, liberté chrétienne : nous avons vu plus haut comment, au xi® sidele, autour d'une glose anonyme rapprochait oe mot et cette |) idée, Dautres Pavaient fait avant lui. Délivrés du péché par lour com- mun Rédempteur, « appelés par Iui & la liberté », selon les paroles mimes de saint Paul’, los ehrétiens, an gré des &mes pieuses, pou- vaient-ils se donner entro eux un nom plus riche de sens que cclui de coatfranchis? Collibertus pénétra ainsi dans le langage dévot. Qu'l soit mis par Grégoire le Grand dans la bouche de saint Pierre haran- guant un pauvre moine*, ow qu'il serve & quelques cleres de Sainto- Anastasie de Ravenne de qualifieatit religieux pour désigner les autres membres de la communauté’, il équivaut tout simplement & quelque chose comme « frére en Christ ». Rien de plus vain que de chorcher, comme on P'a fait parfois, & éelairer par de pareils textes l'histoire juri- dique du culvertage. Encore ce sens mystique se rattachaitril, par un lien trés clair, & la signification originelle. Nous nous trouvons entrainés beaucoup plus 41.6.1, Lt VI,8,0022855 A: +Talor met snnetesime ml coaliberte, null unguam Aijurgivn fase conssus sum mihi. Testor... i venalicio une domo Uberos vse factor toque lls ungoaun nos divine nisi ts Fatalis dis.» 2 Dig, XXX, 88, $5 5. Ad Gola, V,18.Ct. bid, 1V, 9, & Dialog, 11, 2 (ld. U. Movira, dans lon Fon par la seria Teli, 1924, p. 198) « Conliberte, quar tam ciiussurexist >. Pour les embarnas qua ce passage a vals eux ta “ucteura grea, angl-aazons ov fangai, cs Revue de Linguisiqu romane, Ip, 5, Marni, 1 Papin diplomatic, CXIX, a. 56, Los letet do Féin goth [aienne] 4k Bainte-Anastasi,abandonnant en paiement & un eréancir certains biens de leur tise, ‘Sobligoat & reuonee a ces bens, en leur nom propre et au nom de colivertorum commis trorum nosorum (lige 55; plus bas, arise etgnum dn sons Alacer vel coum bits meis (ligne 100). Le sens religious qu'aévidemment dans oe texte le aot convent ‘emble avoir éehapps jusqu'el aux commentator, ts © continent 0 2a Join do eelle-ci par un quiproquo graphique, véritable coq-&-'ane qui, iaute d’avoir été roconnu, a valu bien des déboires a cortains érudits. Dans le latin classique, liber et libertus représentaient deux notions bien distinetes. Mais, comme les deux mots étaient dapparence assez semblable, il arriva que les éerivains inexperts de lépoque barbare les embrouillérent. parfois. Liberta persona, écrit’ une formule franque, voulant désigner une personne libre. Le méme t parasite so glisse mal propos dans les graphies de plusieurs manuscrits des lois germa- rniques®. A son tour, colidertus tut quelquefois pris dans le sens d? « égal fn liberté », non pas dans la langue familiére, protégée contre cette confusion par la prononciation et les transformations phonétiques clles-mémes, mais dans le latin & la fois artificiel et incorrect des jurisies. De Thommo libre quia vendn eomme eselave un autre homme libro, la loi des Bavarois dit qu’il a livré & la servitude son conlibertus’, Crest. dans les lois lombardes que cet emploi apparait le plus fréquemment; il y est particuliérement. génant, parce que les chartes de méme pays et de méme époque mentionnent, de temps en temps, do vrais collibert, jontends es coatfranchis. On a eu peine 4 eroire que des textos contemporains — a dire vrai de nature ot de langue assez différentes — aient- pu donner au méme mot deux sens aussi complétement opposés; & quels tours de fore ne s’est-on pas livré pour les coneitior! Il faut pourtant s'incliner devant le témoignage des sources. Nous retrouverons tout Pheure les colliberti des charles ‘ot nous n’aurons pas de peine a les reconnaitre pour parfaitement sem- Dlables & leurs homonymes des textes juridiques romains. Quant i la signification attribuée au mot par les Tois, comment s'y tromper? Les lois de Liutprand proscrivent, en cas do proces sur une reprise do gege, do choisir pour fidéjusseur un homme libre, que son conlibertus recon naitra a la fois pour libre et pour digne de foi' ; elles prévoient le eas ob un individu aura déposé des hiens lui appartenant dans la maison d'un de ses conlibertos, « homme libre® »; elles permettent aux scribes de 4. Pormut.Biturienss, 0918 a. Taversem, oa pel se demande si dant va pass da testament do stint Bertrand (@, Basson ot A. Lad iscoporam Cenomannensiam, 1.125) «tam ingens quam liberi et servientes liter’ ne dowrait psn ie her, 2. Lopes Baiwarioram, II, 8; Sazonam, ¢.17 [aus varientes)} Alamannaren, él Lah any p37, cod 9, 2 1. Ta Baisariorum, 63. B. von Schwing, 1X, 4: «Tune Ipse fur yerda. burton suai pro 0, 0d conlibertum suum sort radi. + wae 50.18, 298, mane soon rédigor les cartae selon Ia Joi romaine, méme si la partie qui contracte Vobligation est de droit lombard,ou inversement, selon la loi lombarde, si cette partio est de droit romain, & condition que les conliberti entre Tesquels se nowe la convention le désirent'; elles protagent les conven- tions formées entro conliberti ou entre parents [de quelque condition que soient ceux-ci?]®, L’édit de Rothari fait préter serment au cham- pion accusé de pratiques magiques entre les mains d'un de ses parents ou d’un de sos contiberti®, Ratehis interdit, do représenter autrui en jus- tive quiconque aura comparu inddiment dans la cause de son conliber- tus paiera une amende égale a son propre wergeld, Dans tous les textes qui précddent, la valeur de «co-libre » donne un sens satisfaisant. Pout- tre, néanmoins, dans certains d’entre eux et, en tout cas, dans un autre passage qui reste & citer, faul-il ajouter une nuance : non plus seule- ‘ment « pareillement doué de la liberté », mais « doué de ia méme espéee de liberté », en d'autres termes, parmi les hommes libres de condition égale, Une loi de Ratehis prescrit que lorsqu’un gasindus (vassal) du roi aura été objet dune plainte de la part d'un arimannus — simple homme libre — il devra examinor Ini-méme en premiére instance cos agriefs ;il procédera a cet examen soit seul, soit, s'il ignore le droit, avec Paide « d’autres contiberti» qui sachent juger’. Comment eroire quo ces conliberti ne soient pas pris, eux aussi, parmi les gasindi royaux? La loi se propose expressément, pour objet la protection du gasindus; elle ne saurait soumettre sa cause & dautres que ses pairs. Quoi qu'il on soit de ces variations de détail et de diverses obscurités dans cos textes entre tous difficiles, deux points somblent assurés : fidéjusseurs, pro pridtaires d'objets déposés, contractants, champions, représentants en justice, jtges au tribunal du gasindus, il est impossible Pimaginer quo tous ces gens-la soient uniformément d’ancions esclaves affranchis; il ne Pest pas moins de voir en eux, comme on I'a proposé, les membros do communautés agraires dont rien n’évoque ivi Pidée®. La seule oxpli- ation veaisemblable est celle qu’avait déja apergue Benjamin Gu . ae. 5.6.16, Pour interprétation du text, voy. I, Brunner, Zeugen-und Enquistonsbene, «dans ss Forvhungen sur Geschichte des deutschen und francbtshen Rech, . 191 (47) 5, Cesta thése dy M. Salvo fe eit: voy. notamment p, 199, M. Savio a ele Lort de confondre dans une recherche commune let collier dos las ot et des charles; cen der Sirs, comme on le vera plus lun, seat de tows nts dans ta meme situation que les pers ronnie de mim nom dau le drut romain elasiqu, 1s © coLLIDENTr » 229 ard! : les colliberti des lois lombardes ne sont, aveo un de trop, que des colliberi. Revenons done aux colliberti wi affranchissement. Lo maintien des usages qui avaient fait lunité économique ot juri- dique du groupe collibertal romain apparait clairement, au moins en Italie, On affranchissait, souvent. plusieurs esclaves du méme coup, par testament, soit autrement, Ces manumissions donnaient par fois naissance a de vraies communautés. L'une d’elles, en 797, stipulo que si une des personnes libérées meurt sans laisser de pére, de fils ou filles ou bien de fréres, elle aura pour héritiers ses eoll;Berti®. D’autres, du méme siéele, défendent aux affranchis Waligner leurs terres, sinon entre eux’, Comme nous le verrons plus a loisir dans un instant, les chartes de cette espice ne conféraiont, pas leurs bén6iiciaires I'indé- pendance ; sortis de la servitude proprement dite, ils n’en restaiont pas moins placés sous Pobsegieiam dun seigneur, Nul doute que intérét, bien entendut de celui-ci ne le conduisit & conserver et & renforcor les habitudes de solidarité léguées par la tradition des ages précédente, Aussi bien, la disposition interdisont toute aliénation do terre en debors de ta petite société formée par les sujets d’un méme seigncur se re- trouve-tolle dans d'autres aotes, oit elle ne s'applique point & des aflvanchis : par exemple dans des chartes de pouplemont!. En Ganle,le mot colliberti, sauf erreur, n’est pas altesté a lépoque mérovingienne ; mais comme il réapparait dés la fin du vin siecle et que, par aillours, la langue populaire Pa eonservé et transformé selon ses rigles propres, on np saurait donter qu'il ait vontinué & vivre dans usage. Les textes ne nous montrent pas aussi nettement qu'on Ttalie existence de rapports juridiques entre les coaffranchis. En revanche, des documents trés anciens mettent en lumiére la survivance dune bles, produits @un commun 1, Grae, Patyptyque 'teménon, Pre. p. 262, a. 10, Cest ans Pnlerptation vere Jaqulle paral ineliner M. Volpe, Stulé Siri. X (190th, p= 278 2. ‘2 E. Guttle, 4d historia ABbatiae Cosinenss Acctsbones, pa 1, p20. Ct. wuss un lustament napoitain de 992 (ob los deux coatranchis ne sont ailleurs pas spp eellibert) fit6 par Tamassia, be. it, p 150. 8. Teoya, Col ipl. Langahy IV, no 617 (248), p25; 6 Vp ne 942 (164771). Voy. as ‘hi, TI, 1 48 (730}, an acto tes obseur ot souvent diseuté (a cause de la mention de ‘rote de plturage, wai); xls seciO6 dans A. Dopsch, Die Wirtchatenbwiteng der Kearaingeraeit, 1, tI 942; 2" 6, p. S71. Host egaloment fit mention un afar chick de ton culterte dans le testament de Docibile,ypaie de Gatto, tvrier 906 : Tabula: rium Oasinene, ty 2 1 Voy. par exemple les acts cis par F.Sehneider, Bnatehung von Burgand Lande smeinde in Halen, p. 284-285 el 295, 01. 230 rane BLOCK autre forme do solidarité, née cette fois de devoirs religieux accomplis en commun. Le 31 mars 558, le rectus Cybard, donnant la liberté a 175 esclaves et placant un certain nombre d’entre eux sous la protec- tion de I’église d’Angouléme, prescrit a ceux-ci de se rendre, le jour de la féte de la Chaire saint Pierre, dans ce « temple de Dieu », portours chacun d'un cierge d’otfrande pesant une livre'. Le 27 mars 616, Pevéque du Mans, Bertrand, ft son testament ; selon Pusage, ily stipula Pallranchissement, d’un grand nombro d’esclaves, entre autres de ses esclaves domestiques (famuli), mais non sans imposer & ces demiers une fort curieuse obligation : ils devront, au jour de son anniversaire, venir déposer leurs offrandes sur l’autel de la basilique ott il a fixé son ‘tombeau ; 14, aux ordres sans doute du clergé, chacun accomplira, pour eette journée, Vollice dont il était chargé jadis dans la maison du ‘maitre; puis, le lendemain, Vabbé les réunica en un grand repas®, Le credo avait changé; la tradition des honneurs rendus, en groupe, & la sépulture du patron par ses anciens esclaves ne s’était point perdue. Ainsi des pratiques de toute sorte présorvaient de Voubli on Ttalie et en Gaule le notion du lien collibertal et le nom méme des collibert. ‘Mais il semble bien qu’en méme temps ce nom méme prit une extension nouvelle. Si éBertus tout court a disparu des langues gallo-romenes ou italionne, c'est qu’il fut remplacé dans Pusage par collibertus ; le mot simple cessa d’8tre; le composé a seul survécu, Rien d’anormal dans une pareille substitution, La linguistique romane en offre bien des exemples; dans un grand nombre de noms composés, le sens du pré- fixe, d'abord nettement percu, s'est offacé peu & peu jusqu’a s’éva- nouir complétement’, Bien entendu, Te fait quo beaucoup de Liberté se sentaient vraiment entre eux comme des « coaffranchis » ne put que favorisor ce glissement de sons, élargissement et alténuation i la fois do la signification originelle. Deux actes de donation, Pun de 757 en faveur de Pabbaye de Gorze, Pautre du 12 juillet 764 en faveur de celle de Lorsch, renforment dans la formule de pertinence Pénumération 1 4, Nanglard, Cartuleire de Velie’ Angouléme, n* CXXXV, Lawthenticité de Vactn, attequto par Hiei (Bull. dela Sor, arohilogigue dela Charente, 1206-1996, p31 ot sul.) emble avoir &t#dfnitivement stable pur M. do La Matinee (7b, 19051907, p. 0 ot fur.) obligation atfrandss do luminaire at tombeau da manumiasor se retrouve elles (cf totamment Mareulf Form, 17 #24, eo qu sta dit eedestous, 9. 357, des rede= ‘ances en cig); jo ne rtins ick que las excmples soligaion collective, suas pestendre allows, mime & leur 6rd, btre complet ‘2. Acta ponifcam Censmannensiumy tl G Basson et A, Lede, p. 195-136 5 f,notammoat dans M. Bonnet, Le latin de Grégoire de Toure paragesphe (p22) ate tlé richango do mots composis et do mots simples» urs © coutiEnt » 24 suivante : « cum... litis, ibertis, conlibertis...', » On soit la fréquence des redondances, par emploi de synonymes, dans les formules de cette sorte, Il n'y a pas lieu de douter que das la fin du vine’ sidcle, en Gaule, collibertus ne fut plus guére compris que comme équivalent de liber- tus, Nous voila done amenés & étude de Vastranchissement, § 2. — Les affranchissements au haut Moyen Ages lites, aldions, affranchis cum obsoquio®. Au haut Moyen Age, dans la Gaule franque, dans Italie lombarde et franque, d'innombrables esclaves recurent la liberté. Tout poussait 44 co mouvement : Penseignement de VEglise, qui faisait do Paffranchis- sement une couvre pie et dont la voix s'imposait avee force a Vatton- tion des grands proprigtaires surtout & Pheure oli ils se préoccu- paiont Wassurer, par leurs testaments, & Ta fois Ia transmission de leurs fortuneset le salut do Tours Amos ; les conditions économiques qui, pour dos raisons qu'il serait trop long de seruter ici — le fait seul nous importe et il ost indéniable — rendaient de moins en moins rémunéra~ teur Vemploi largement compris de la main-dcenvre servile. Ces actes de libération, si fréquents, s’opéraient selon des modalités extrémement diverses. Les Germains, dés avant les invasions, avaient développé tout tun droit de Paffranchissement. De mémo, de leur ebté, les Romains. Dans les royaumes barbares, ees deux systémes — celui des Germains ‘variable, au surplus, selon les pouples — eoexistorent, réagissant par- fois Pun sur Pautre. Puis, sous Vinfluence des deux traditions mélées, sous Pempire surtout des besoins ressentis par une société qui s’orge- it selon ses prineipes propres, un droit nouveau, moins disparate, {init par se constituer. Mais ce ne fut. guére avant le x® ou le x1t siécle. 4, A.d'llerbomen, Cartasie de Pabaye de Gorse 05 (unation de Molveon par Peque CChrodegung); Ce principe olin Laurechanense abate diplomatica, 1 ison Lauroshamense, diss Mon. Germ. SS. XX1, p. 42 (donation do Habahelm par ‘Willkwinds ot sn se comte Cancor 120m trouve quelqusfois dans I langue diplomatique como’ (pa exemple, . Marchegsy, Cartataire de Notre Das dx Ronco (Arch Anjo, WI, pe 28), © XXXIV « Uns ‘onservis domi Casti Cbs») dans I ss de serfs du mime anit mot de aolaires qu f'n ron donad dans la langue eulgale ‘h Impose de doaner ft une hibllogmphie de Vasranchissement. La mello expost ‘onsemble reste H. Bronoor, Deatsle Mecteschiche,t 1 2 dy p 142 of su. of $89 at suiv. ¥sjonter pour lal F, Schupfer, J rite privat det popo grmanie, I, Bid ek sv, ot Ald i rman, dats [Enciclopedia giuritiea italian, ty 195; pour les lites, Alaures Kroll, tude sur Pumuttion dev Tier en det fron, Buudes here juridique offers & PP. Gira. 232 Mane wLocH Tusque-la rien de plus complexe, de plus touffu que le régime des affranchissements. Pourtant, dans ce chaos, un grand trait se dégage avec beaucoup de notteté, Si éloignées les unes des autres par lours formes quo soient les différentes sortes de manumissions, elles pouvent sans peine, en ee qui regarde la condition méme des affranchis, se clas- ser en deux grandes catégorics bien tranchées D’une part, le maitre, s'il le désirait, avait la faculté de donner a V'es- lave la pleine liberté, sans restriction aucune. Ce sont les manumis siones sine obsequio, les ingenuitates generales des formulaires de la Gaule franque. Ou bien, au contraire, il pouvait n’accorder qu'une ‘manumissio cum obsequio, une ingenuitas respectualis. Ein co cas, Val- franchi demeurait sous Ia sujetion soit de son ancien maitre, soit d’un nouveau seigneur (souvent une communauté religicuse ov plutét Ie saint que cette communauté était censée représonter) auquel ancien maitre avait remis. Sa situation dans la société était alors légorement différente, selon que la manumission avait eu lieu d'apros un droit gor- manique — au moins les droits lombard et frane— ou conformémont aux régles romaines. Los sociétés franque et lombarde avaient pour l'affranchi rest dans les liens de la dépendance seigneuriale une place, désignée davance. Lombards et Francs, on eflet — ces derniers avec la plupart des peuples appartonant au groupe germanique occidental — n’admet- taiont que par exception les anciens esclaves, méme libérés, dans les rangs des hommes pleinement libres. Ils avaient eréé pour eux une catégorie juridique spéciale, ignorée au contraire des droits goth ot burgonde. Les Franes, comme les Saxons et les Frisons, appelaiont cos gons-a, selon les dialectes, lata ou la{z|za', Les sources latines do la période impériale transerivaiont lacti ou leti (c'est. le nom qu’elles donnent, par analogie, aux soldats germains établis dans Empire sous Ja sujétion des autorités romaines) ; plus tard, au temps des lois bar- bares, on deriva quelquefois encore, dans les textes anciens, tels cor tains manuscrits de la loi saliquo, lei, acti, letones, plus souvent lit, lidi, ltones. Cet i est visiblement le résultat d'une Svolution propre. ment romane de I'e ou ae de la premiére transcription latine ; il ne se retrouve jamais dans les formes germaniques et, il a péntré dans des textes latins rédigés ou copiés en pays allemand, c'est sous l'in- fluence des graphies en usage dans le Gaule franque. Quant aux formes 1. «tits, tas, Steinmeyer et Siovers, Die alihacdeutshen Closeen, tI, ps 85k, La forme v.angl at fe, risonne et, Les © cOLLIRERTI * 233, latinisées aveo ¢ ot gormaniques avec. a — supposé Jong — elles s'ex- pliquent aisément par un germanique *Zét. Le mot simple ne peut tre séparé des composés v. b. a. frilazaa, frilaze, hantlazaa, got. fraléta', altestés dans le sens d’affranchi; il se rattache comme eux a la racine dos verbes gothique létan, v. h. a. liz{zJan, « Inisser, lacher », et a la méme signification qu’eux. Les «liles » — je me sers de la forme cou- ramment adoptée par les historiens francais — étaient done, au propre, des « affranchis? », Pour désigner une elasse analogue, les Lombards se servaiont du mot « aldion », « L’aldion », dit une glose, « est Paf- franchi fait sous condition de certains sorvicos®. » Dans cette nation, il est vrai, au moins aprés loccupation de I'Italie, les aldions, expres- sément assimilés par Charlemagne aux lites!, ne comprenaient pas universalité des affranchis soumis encore & la puissance du maitre : Pédit de Rothari permet, au Lombard de faire de son esclave, par la manumission « aux quatre routes », un homme libre selon le droit duu peuple (julcjree), par consequent de Vélover fort au-dessus de Paldio- nat, tout en le maintenant sous sa protection, son mundium®. Mais on se saurait douter que, en pratique, la plupart des aflranchissements cum obsequio n’aient eu pour résultat de eréer des aldions ; le grand nombre de ceux-ci, olaizoment attest6 par Ies documents, en est une preuve tris sire. Pour passer de 1a condition daldion ow de colle de lite & la liberté veritable, il fallait, un nouvel affranchissement, selon des formes trés solennelles®, 1. Stinmeyer ot Sven, HH, p- 645, 6625 IT, p95 fhantdsze aver ag), 1395 Us, 1 Gar, VU, 2 2, ine aut diymolgie, popes jails par J. Grim, Deutsche Recksaertimer, 208 inl tee le term oriique de Fadjcifv. a h tis (6, ang te, got fu), » pare. “indolent, ure qu'elle souls der ejections eémantiquesévideates, st impossible phoné tiquement,puisu'elle ne ond pas compte de Pacoord des formes Ltilsas el des formes tllemandes, accord qul suppose un dans le gormanique petit. — Daas tout le dévelop, ‘ement qui pride Jo nat guée fait que suite los indications de mon eolague, malt et iat M. 2-1. Livy est son autorité ql ma enbard 8 aventurr sure torrln de a tin- {uistique garments, ob sa competence est bien comaue iva de sl qu'l west pas respon- ble des maladresies expression que aural pu commer. 8. Du Cange, Glover, a mot alive: «Aldi est Uberus eum impositione operaruim factus, » M. Lafond, Bader sur le songe on Poitou, p78, 0.2, signal Pexstence @aons fon Saintonge; J n'ai pa wife be tox eta le fll et exact il devrait peut exe Hquer par Ptabieerent dans co pays de petits groupes ermaniques appartenant & des Peaples (tls que les Lombards ou encore le Bavaro) ayant connu Faldioaat Te Capit, we 98,6. Cf. «aldo et ata», dans Fantuadl, Monument’ Rasennat yp $5, 5, Rahar, ©. 26, BMF, Thibaat, La quanti der Gemeinfeien, dans Reo, histor du droit, 1922, p. 415 ot ‘ui, nie purement ct simplement Fenistence de la clase ile pou fl es ites sont des 234 MARE BLOCH ‘allranchissement n’'était d’aillours pas In seule source du lidismo ot de Valdionat. Lorsque se fut atténuée la rigueur de Vancien droit qui prohibait sous les peines les plus dures Punion do la femme libre aver leselave et que, par suite, il fallut régler Ia condition des enfants issus de parcils mariages désormais entrés dans les moours, on s’avisa parfois que, pour Tour trouver un statu intermédiaire entre Ia liberté de la mére et la servitude du pére, le meilleur moyen était do faire deux des aldions en Italic, en Gaule dos lites’. Par un acte volontaire, Jos hommes libres pouvaient, semble-t-il, passer dans Ie lidisme ou Pal. dionat®. Surtout, & Vorigine, lites et aldions, comparables en cela du moins aux météques athéniens, avaient compté dans lours rangs tous les individus qui, sans étro esclaves, se voyaient interdire l'accis de la ité : a eOt6 des affranchis, los membres des peuples vaincus, ineorporéa 4 PEtat, mais sans étre admis aux priviléges des vainqueurs. Toute trace do cette pratique navait pas dispar Mépoque des invasions. Le wergeld du Romain libre, dans ia loi salique, est égal & celui du lite’, Les lois lombardes le passent sous silence ; c'est pout-dtre qu’elles comprenaient le Romain libre sous le nom d’aldion. Mais sil otait aisé, dans les tarits de composition, de so conformer a antique usage, 'as. similation totale des populations soumises A une catégorio sociale fsolaves, dans une situation économique un peu supériaure A celle de leurs eompagaons do ‘servitude, ef nom point des alfranchis. San8 Oulu entre lei dans une dscassion tr Tonge ‘et pruttite inutile, Jo feral observer que la Cariz Sonica, n* 42 (Formulae, éd Zou, 204), qu assnile Te ttimoninm et le teerasicum sv Formula Biturcenio, ne 9 (1802, 472), qui assim J icneniam 9 lbetniatie. equim, sulealent A les sels § ‘ulne cotta these paradoxale, 4. En Tlie, ds privileges royanx, Pun de Livtprand pour Saint-Antonin de Plaisance (perdu, mais conau par sa confirmation par Hildebrand — Troy, Codie diplomatic 1 DLXVE, 94 mars 744 — ce dernier canis & 30m tour par atch, le & mars 740, Pb 1n* DXGH), autre d’Adotchis pour San-Salvatore de Brescia (i,t. V,n® DOCCCLAX RV, . 17, 72 on 773, 14 nov), angent dans Faldionat les enfants nfs de foramen ives ot Je ‘servi doc0s monastires. Je ne connas pa en Gaede dispositions ofciles de ce ype: Mats ‘nt dans le Plypiygue d rminon, XIKK, 65, a0 suet ds fis dan revue: «S444 lidlquonlms do colons sunt nat.» M. Koel to. ei, p. 158, faute avoir fall approchiement vo: lx textos lombards, 4 vu dans oe passage Lor, ime semble, qu a manque dane terainoloe se pou rgoureus, 2 Pour fo fide efit vee div, west attostd que chet hs isons = Lex Pris X1, 2. Pour Yaldionat, Porro, Codes dipiomaicus Langobard lie, XLI, 6. Pou lo wergeld du ito ef Bruantr, Date Hector t. 1,26, plication, trop ingenieur, quo Bruaner, tI, p. £18, a, donne da wengad ‘ds Romain me semble doveir dire reetée: of. ls obenvatins de Golfcken, dans son dion ‘dela Lot eaiqne, p. 163, de Kroll, le, eit p. 198 ot aul. On sat que To wergeld ne ‘uteras romain (du colo), inférieur selon ia Zoi saligue (XL, 7) & eel du lite (auguat fait seul assim lo posessoreomain), fut lev juagu's exe par le qualribme capi Ini additionael a cette ol (1 urs « COLLIERY » 235, piacée dans un état d’étroite indépendance vis-a-vis de maitres bar- bares était évidemment. incompatible avec les conditions nouvelles criées par P'établissoment des Germains dans I’Empire. La classe des lites et colle des aldions eessdrent, en Gaule et en Italie, de saccrottre ‘par conquéte; mais elles continuérent de se reeruter largement, parmi les personnes affranchies selon le droit frane ou lombard. Un érudit, M. Maurice Kroell, a, il est vrai, voulu démontrer que les lites avaiont été extrémement rares dans la Gaule franque et quills en avaient disparu de bonne heure'. Son argumentation repose essentil- Tement sur le petit nombre de mentions relatives & dos hommes de cotte classe quo, nous ditri, il a rencontrées dans les textes. Mais, outre que son dépouillement n'est pas complet (il a omis, notamment, parmi les polyptyques, celui de Lobbes?, et, parmi les recueils Pactes Pépoque inérovingienne, les Actus pontificum Cenomannensium’, qui confirment, a deux reprises, Pexistance du lidisme dans le Maine), on ne voit pas qu'aucun résultat eertain pit, en tout état de cause, étre obtenu par colle voie. Litus était un mot barbare ; les notaires ne Pemployaient pas yolontiers; souvent ils préféraient le traduire; comme il était naturel, ils le rendaient alors — plusieurs textes on témoignent — par Litertus*. Comment savoir en quels cas co terme, tres général, recou- vrait précisément un lite? Toute statistique nous demeurera toujours interdite. On accordera sans peine & M. Kroell que, selon toute appa- rence, les hommes de cette classe, propre aux droits franes, saxons et frisons, furent plus nombreux dans les territoires oceupés en masso par es nations que dans les torritoires habités, en majeure partie, par une population gallo-romaine, Mais il est sdr que leur nom entra assez pro~ fondément dans la langue des vaincus pour y subir, comme on Ia va, une transformation vocalique originale; i est vraisemblable, vn outre, 4. Dans le méauoit eit eodessu,p.291, 0.3 2. Bd, Warichos, dons Rut de lo Commianin royale Phisee, 1909, p25 (existence de quatre manan ies 4 Leeras, cant, Fontan Byoque, are Chace 1 Ba. Basson et Lode, p 190 (6 sree 649) #8232 (denne 71) (Clo, Cotalogue der ees des évéqus da Many, 0 5 07} Cl. Un diploma de Chselernguo pour Saint-Cati, Diplamata Karolina, n° 79, do ws ps eels Wo Uzpoulemeont systématique,estimant, pour Tes raisons exposes dans Te texte, quil te pouvaltsboutir& des résolatsdignes inet. ‘On remanquers que M. Krvel, toute sigaslont or dane le frtulee de V's Zoumr Tes Tite ne sont mentionais qu'une fas, « omis e'ajodter que le dementia (redevance prope uy lls) Fest a plasiones reprises. ‘Comme a bon mis en lumee aps Wautees auteurs M. Kroll Iubmime, p. 128-429. [Aus exemple cites par MI Kroll ajonter In mony litimonsum = tiboninitats ob (qu Liberetcum atestin pat Pormda Bitirionss, 0 9 o Carta Seroniea, n° 43. ‘hus Stinmeyer et Sievers, Di altoehdetsohen Closer II p. 845 236 Mane RLocH ‘comme on sen rendra compte tout a Pheure, que, on Gaule méme, cette condition @origine germanique fut assez répandue pour laisser des traces dans le droit de l'époque postériouro. Le droit romain du Bas-Empire ne faisait pas des affranchis une classe & part. Souls, une partic d’entre eux, les affranchis latins — Juniani — restaiont étrangers au droit de cité ; mais, dans les derniors sidclos, ils étaient certainement, trés pou nombreux ; lorsque Justinion supprima cote vieille institution, nul doute qu'elle ne fat depuis long- temps moribondo ; sur le droit de Vépoque barbare, elle demeura sans influence', Un manuscrit des Formutes de Tours mentionne encore a la table du reoueil une ingenuitas latina®; mais le modéle d’acte, ainsi annonoé, n’a pas été reproduit. dans le corps du texte ; on le tenait sans doute pour pratiquement inutile. On peut dive que, en régle générale, ‘était titre purement individuol que les anciens esclaves libérés selon les formes romaines, avec réserve de Mobsequinm, restaiont attachés & Jour patron, Tardivement cependant, partir du 1x® sidclo au plus tot, on voit certains actes attribuer des personnes placées dans vette situation, comme tun nom quasi technique, le mot de colon, Nous aurons a revenir tout & Pheure sur cette particularité Que la libération so fat accompli selon les formes romaines ou gér- maniques, les relations de Vafranchi cum obseguio avec son ancien ‘maitre ou Te substitut que colui-cis'était donné, en pratique, ne diffé raiont guére. Cétait un rapport de dépendance, fort étroit ot do nature heréditaire. L’alfranchi et ses descendants aprés Iui demeuraient placés sous la protection, le mundium du patron, et astreints en retour & cos devoirs de soumission et do respect quiexprimait au propre, dans la langue diplomatique du temps, inspirée do modéles romains, le mot méme d’obsequium ; 1a chancellerio pontificale, par une curiouso survi- vance du vocabulaire lo plus archaique de la clientele, disait, dans le méme sens, salutatio®, Uno redevance annuelle, pergue par tate, était le signe le plus ordinaire do cette sujétion ; de régle, ris ancionnement, pour le lite et sans doute aussi pour Paldion, Pusage, comme nous le 1 Pourtin comme ane hiss abc nite oss ou imaantin, et roan wo auteur. Vormnr, Sle Geirang im Ponte das tspeps Hise tak, melp. 24 — pour on ae deer Fatanchomen a sey espana Fepomte tangas, te Fatnchisnon an da dt oman: mob sss asa prow 3 Tapp d ate hyp, dente ais pr es ete qe eo 2, ee ‘éd, Zeumer, p. 184, e. 85. Her Dione RRR Les © couLinentt » 27 verrons, en répandit pou & pou Vobligation jusqu'aux bénéficiaires des ‘manumissions selon le droit romain. En dehors de cette sorte de capi- tation, des charges diverses, variables selon les cas, souvent trés lourdes, pesaiont presque toujours sur l'affranchi, qui générelement continuait {4 cultiver comme tenaneier les terres duu patron, et sur sa postérité; de caractére surtout économique, elles avaient aussi 4 occasion, comine nous le savons déja, un €6t8 religioux ; lorsqu'il y avait acto éerit, cles étaient parfois, mais non de fagon absolument. réguliére, spéci- fiées dans ce document, La force du lien eréé par les affranchisse- ‘ments de cette ospéce, Ie contraste qui les opposait & ceux de Pautre catégorie ressortent ave une particuliére netteté d'une décision prise en 633 par le quatriéme concile de Toléde et connue, & partir de la fin du vine sidclo, par 'Bglise des Gauls. Il s’agisenit. de régler lo droit & ordination. Si « le patron n'a retenu. aucun obsequium », point de difficulté ; Paffranchi est mis sur le méme pied que homme né libre, A ceux, au contraire, qui « n’ont regu 1a manumission que sous réserve d'obseguium », le concile étend interdiction absolue de recevoir les ordres sacrés dont, traditionnellement, Vesclave était frappé ; ear, dit le canon, « ceux-la sont encore attachés & lears patrons par un lien do servitude! », Quelle était la proportion des affranchissoments de 'un et autre 1. Ba Talis, sur Vatranc,aotamment a clude droit germanigque (lon), cs obligae tons pronsiont souvent la form da Vassujettisiemient une corese de message C. Luszato, 1 seet wale grande propria ecesiatishe nei scot 1X 6 X, p. 422, 147, 4 ty 477 Las C08 tumes germaniquts econnaisaient au patron caralas droits sur Vhéelage de Vatranch) dans quss cas exactement? Cest co que Téat des sourcas uo permet gubre de déteminer notamment, oute ler manucls, Zouinet, Ueber die Beerbung der Praigelassenen durch den Fistua nach finkischem Reet, dan Pach sur deutchen sche, t, XXUU (1883), 8, pont lesrapports doce drat avec la mainmorte servile, ebesso6s, 9,200, 0,2. 2. 78 (Mans, t X, eu, 636) « Quicumaue liberia a dominie se petepiunt wt nl: ‘um sibimet obsequium patrons reente, tsi vine sunt, ad eleieats dine bere suscplantur; quit diteta monumisslone absolut aoscuatar; qui vero rtenta obooquo ma ‘uumias st, pro eo quod adie a patrono seritute tonentur obsoxi, aulatenus suat ad feelesiaticum ordinem promovondi ne, quando voluerint eoram domiai, fant ex doris ‘servi. La canon, transmis en Gable par Hispano, Bgure depuis Is fn dv 14 site dans les Arandes coletioas,& pair de P'Anssimo dicate ot de Reginom de Prim, et «6 fnalement ‘cull par lo Dict do Gratien, dist, LIV, «5, D'aules solution avalent auparavant été ropostestoueant Pordinatin des ert: a) dans imterét du patron, ablgation de requir fon consotement avant Fordinatin : enele do Tole de G00, . 1 (Decrt. Gra, dit. LIV, £7); Conele d'Ortans de 548, 6 (Cone api mers, p 102); b) beaucoup as a ‘emént a concle d'EWvire de 305 ou 806, e- 0, dans Fiaéset de Pyle interdiction dor donner les affanchis dont les patrons sont «dans esse = (eest-tdie sans doute lagu, les pateos sat, dans la tat cone, toujours dignés es le nom ae gentle) 238 brane BLocit type? Tout caloul précis, évidemment, est impossible. Mais on pout admettre, sans crainte derreur, que les manumissions eum obsequio étaient, de beaucoup, les plus nombreuses. Non seulement, en effet, les deux traditions, romaine et germanique, mais surtout les conditions du temps présent Jes favorisaient. Cette liberté imparfaite, mioux que Ja véritable, servait les intéréts du manumis le plus souvent, du ma- numisseur presque toujours. Dans une société troublée, rien de plus dangeroux que Fisolement ; or, quel étre plus isolé que lancien esclave, dépourvu de famille légale? Le besoin de se rattacher & une cliontéle était pour lui si imperieux qu’un des droits essentiels que les affranchis- sements sine obsequio roconnaiseent & lours bénéficiaires, c'est, presque toujours, de se chercher un protecteur oit il voudra ; le mattre d'autre- fois n’était-il pas le défenseur Te plus naturel? Une charte lombarde, donnant la parole aux affranchis eux-mémes, es fait s'exprimer en ces termes :« Vulpo, Mitilde, leurs fils, leurs filles et leur deseondance ont dit qu’ils ne voulaient pas des quatre routes et qu’ils se contentaient, pour leur liberté future, de la recevoir sous condition de rester sous la garde, la tutelle et la protection des prétros et. diacres de Sainte-Marie- Majeure do la cité de Crémone'. » Les actes de cette nature sont rare- ‘ment tout & fait sinedres ; on doit eroire, néanmoins, que plus d’une per- sonne placée dans la situation de Vulpo et des siens pensa effective- tment ainsi. Quant aux maitres, vivant dans un milieu ot la fortune, essentiellement terrienne, reposait sur Vutilisation au profit des grands propriétaires des redovances et des servieos fournis par des tenanciers, oit toute puissance avait pour fondement une autorité patrimoniale étenduo sur un trés grand nombre d’hommes, ils ne cédaient si volon- tiers aux raisons do toute sorte — économiques ou religicuses — qui leur conseillaient de se montror généreux de Ia liberté que parce que les rdgles du droit leur permettaiont de retenir les esclaves libérés dans Jour dépendanoe. La pratique de Paflranchissement cum obsequia, qui west, apris tout, que l'une des pices d’un systéme social Lout entier construit sur des relations de sujétion personnelle, explique soulo la disparition progressive de Pesclavage, au sens propre du mot. 4. C.Troya, Colic diptomaic longobands, IV, 2° DCLXXXIM, p. 530 (256, 20 mai, «Ips Valpo ot Mite et i et tle sue cum agaitions soa dleruat quod non rout squatuor vis ot quod content sunt pro pasta Uerate sua ea eondiiene quod manoant In eastoda,tutela et taltione do jundets prombiteris t discos bento Marie Maori tins ivitatis Cemone, § 8. — Les colons : le mot et la chose. Le nom de colon a servi quelquefois, dans Ia Gaule franque, & dési- gnor certains affranchis demeurés sous le mundium du maitre. Par ail- leurs, beaucoup plus tard, des notaires frengais se sont plu a le rap- procher do celui de culvert, Une bréve recherche sur les destingos de ce mot, dans notre pays, sera done indispensable ici, ddt-elle n'aboutir qua déblayer le terrain d’hypothéses inutiles. Chacun sait que sous le Bas-Empire les lois fixaiont héréditairement ‘au sol tous les Lenanciers, qu’ils fussent esclaves ou de condition libre. On appelait généralement ces derniers « colons », On disait aussi, a peu prés dans le méme sens, adscriplitius. Si rigoureux que fit le sort des colons, tr8s proche, & beaucoup d’égards, de lesclavage, ils n'en étaient ‘pas moins des hommes libres, fort soigneusement distingués, & ce titre, des esclaves véritables (servi). Lorsque les Germains pénétrérent en Gaule, un grand nombre de cultivateurs appartenant a celle categorie juridique vivaient sur les terres des riches propriétaires, Que devinrent- ils aprés les invasions? ‘Un rescrit impérial avait superhement promis i la régle qui attachait Jes colons au sol I’ « éternit6? », Bn fait, elle ne parait avoir guére sur- ‘véou aux grands bouleversements du pré-Moyen Age, ni en Orient, ni on Occident. En Italie, Théodorio Pabolit expressémont, pour les es- claves! ; abolition éphémére d’ailleurs, puisque la reconquéte byzan- 4. Cate distinction est plus tard quelque pr obscures dau la legislation impéxal, mais postirieurnent aux événements qui eurent pov effet de ditscher la Gaule de ' Empire; voy. suttout C.J. XI, $8, 2, ees interpolations signalées par A. Pgonil, L'mpét de tation sous le Bas Brive romain, 85, 2.6, 44, XI, 51: Gum per alts provincia... ox a matorbus constituta colonos quodam tats jute detneat...» 8. CL. NA. Constantinescu, Rorme svi ow rire etl? Une hypothe pour eepli- ‘ger ta ‘disparvion du ervage deta labe dane Empire bysantin, dans Académie roumaine, dul deta Seton historique, 1. XU (0924). 4. Bd. Thend, e. Wt. Une controvers s'est doeée autour de ce texte, certains Seats pensant qu'il ne sapptique qu'aux were, apts Patendaut aux colons * vay. en dealer Tie, Ie arguments en fayeur dala premio thse dans Luasat, 1 sri nlc grande pe rid ecesaatichedatione net see. 1X «Xp, 136 ol suiv.; en faveur de Ia sooondo dane B. acca Laffancesone de sere dliagleba nll Bilin nlto Toscana (Prtave di Yo. de 9 tue publié par Tdond. det Lincei Commissione pert Ai dlls Assemble) 24.10 86 ‘allio premilre, CL, dans une lettre @'Athalavie Cassiodore, Far, VIM, 81 Vexpnesson ‘4 principe servos posse meliray guide labore agrorum ad uebn serviiatransferantu ‘Le rétablisemont de ancien droit, en ce qu concert es escaves, parla congue hyeane tine est atesté par Greg, £p, IV, 2 240 MARC BLOCH 5 tino remit en vigueur Vancienne législation encore aftermie et dévelop- péo par los ompereurs orientaux et Justinien Iui-méme. Les colons proprement dits ne semblent pas avoir 6t6 touchds par les dispositions de Pédit de Théodoric, En Gaule, en tout cas, aucune mesure de prin- cipe ne fut prise & leur égard. Ce n’est pas la loi, en ce temps-la bien inopérante, ce sont les conditions mémes de le vie sociale qui devaient amener, en Gaule comme en Ttalie, le reldchement des entraves jadis imposées par le Bas-Empiro & la fois aux propriétaives et aux tenan- ciers', Néo des besoins d'un Etat trés puissant ot liée & tout un systéme juridique qui faisait de la profession et du rang des caractéres héré- ditaires, comment Finstitution romaine du colonat, au sens exact du mot, n’edt-elle pas 6t8 entrainée dans I’Seroulement de cet Ftat ot do ce me? Sans doute voit-on de-ci de-la des propriétaires chercher & renforcer les liens qui devaient maintenir les tenanciers sur leurs exploitations : le 18 janvier 721, Pabbé Wideradus, affranchissant ses serfs et les mettant sous le patronat de diverses communautés reli gicuses, leur interdit d’aller habiter sur d’autres terres que celles sur lesquelles il les a établis ot qu’il a données a oes églises®. Mais que la succession « étemnelle » des cultivateurs libres, de pére en fils, sur les tenures, edt cessé en pratique d’étre assurée, c'est ee dont le Polyp- tyque de Saint-Germain-des-Prés, dans les premiéres années “du 1X siele, nous donne uno prouve extraordinairement frappante. Tl distingue, selon usage, trois catégories de manses héréditaires : ser- viles, lidiles, ingénuiles®, Ces demniers, de toute évidence, avaient été, 4. Suro reichement en Hale, eM. Kowalawky, Dis ockonomieche Entsstiung Europa, { Lynotammontp. 951,421, 42, 486; 6. Lean, fect nelle grande propria eclsiaice, p.t40et sul 2, Purdssus, Diplomats 11, a» DXIV :« Volum etiam wt iagondes que fesimus aut {i antea fcorimus, quanticumque i jaa lea manent quae ad Sanctum Andechium et ad ‘Senctam Keginam et Senctur Ferrelum Yel ad Sanelus Praejetu delegavims,iapactax suru libertatis,suporipss trras pro ingonulscommancant et ali eommanend glam Insbeantpotestatem. » Cr. Zeumor, Pormudae, 9. 426, 8, La ligation du Bas- Empire avait tsi os cert fogs eux eos calons,coupables du méme crime : lot de 374, C.J X1, 53,3. 4. T taut mettre & part les manss «cen » no héréditale, afore pour une duro Aterminge, Ct. Capital, I, ne 295, e 12, avoe le commentaire de Mge Lesh, dans Rerue (Phisoreexlsiastiqu, t. XIV (1913), p. 482. Voyor aussi un ate de pede coasoall le 14 septembre $00 par Sast-Martin de Tours & Gu, « noblo vassal» da eomt-abbe Robert (BL nat, Bale 96, fl. 99 ot sly. ef Mable, Le pancarte noir, n° XXII). Lscte men ‘onne & Martigny-(sor-Loir) (Indre-et-Loire, comm, Fondetis), outee des manste colle niles (au nombre de riz ot domi ot des mansesservls (au nombre de deux) «manabe nas ot medius eons x qulbus habet agambaldus quartam nam per mann firma, et Blac therivspresytor habuit alteaen ot arabe clrias tanot tetany, auonstarius vero tae ns « coLLpEnt » at Porigino, ceux des colons. Si les colons étaient restés fixés & leur glebe, on devrait les rencontrer sur tous les manses ingénuiles et sur ceux-l& seulement, Or, il nen est rion. Beaucoup d’entre eux tiennent des manses serviles ou lidiles; un bon nombro de manses ingénuiles sont aux mains de servi'. Aussi bien ne voit-on pas que la législation earo- Jingienne, si souciouse cependant d'ordre social, se soit jamais préoceu- pée de rappeler, sur ce point, les principes fondamentaux du colonat romain ; personne n'y pensait plus*, Sans doute, beaucoup de familles do colons durent se perpétuer sur leurs tenures : quel intérét auraient- elles ou & los quitter ou les propridtaires a les en chasser? Mais, dans la mesure ot elles pouvaient faire valoir contro les tantatives de dépos- session un droit héréditaire, celui-ci reposa dorénavant non sur une loi de Etat, mais sur eette coutume locale qui devenait peu & peu le fon- dement de toutes les relations & V'intéricur de la seigneurie, et si Io sei- gnour pouvait encore espérer contraindre ses colons, méme en dépit de leur volonté, & demeurer a leur poste — ce qui, en fait, ne lui était vrai- semblablement guére commode—,o'était en vertu de vette autorité & la fois vague et forte qu'il étendait sur l'ensemble des habitants de sa terre. La formule oélebre de la toi de Théodose : les colons « sont les esclaves de la terre sur laquelle ils sont nés? », établissant, par une fie- jon hardie, une relation de dépendance d'un homme vis-avis d'une chose, était beaucoup trop abstraite pour demeurer intelligible & une Spoque qui tendait & ramoner tous les rapporis sociaux & la notion Pune soumission et d'une protection éehangéee d’homme & homme. Pourtant, ily avait toujours des colons : vivant, en tenanciors, sur la terre d'autrui, soumis a la puissance seigneuriale, quion exprimait maintenant par le mot tout germanique de mithium, ils continuaiont etre, on principe, considérés comme de libre condition. Tis prétaient ‘quirtam unam quae fut semper ab initio cenlis». Le rapprochement du manse cesie t de 1h manterme était dda fait parle toxte du capitulate cis ei-dessus Las contrat qui ont ‘dons naesancoaax manses denies Stent anes an Ga on Tale, ‘tion sembat contr, tin ina sous le nom de tot, a out, ds 'époque lombarde, un eae consider Proligomines p88 id © 56, ob certains atteurs ont vu effort your maintenit Ic altache +, était sealament que ls procia en rovendention de facalins, colons ou ser, ae ‘roerontdans en orgie de adividus slams, de fagon 4 permatire la comparaton es taille 43.0.4, XI, 52: «Liet oll condone videantur ingen, evi amen terrae isis eu at sunt wostiment 1 Capit, 1-1, 0°10, 0, 10: Ut ae colowts nee sealinus oras mito possat liu trade Wiones ace, Rey, Thston. CLVIL. 2° ease. 16 ma mane BLocit sorment de fidélité au souverain’. Ils dépendaient, en droit, directe- iment des tribunaux d’Etat : tandis quo Io servus, soupgonné de crimes publics, ne pout jamais étre traduit devant le mallum que par son maitre, le comte, lorsque le prévenu, dans une cause de cette sorte, est un colon, n’est contraint de passer par Vintormédiaire du seigneur que si celui-ci a obtenu un privilege @immunité®, Tls avaient eux-mémes la capacité juridictionnelle : on voit, en juin 857, figurer un certain nombre d’entre eux, comme juges, & edté de « nobles hommes, dans un plaid tenu par le prévot de Saint-Martin de Tours, oi les parties ét des propriétaires du pays et un prétre’, Les inventaires des domaines, qui tantét, comme & Saint-Germain-des-Prés, leur donnent leur propre nom de coloni, tantot, comme sur la plupart des eillae de Saint-Remi de Reims, les recensent sous le nom significatif d'ingenui’, les mettent régulidrement & part des servi. De coux-ci ils estimaient eux-mémos avoir grand intérét a so distinguer, vraisemblablement parce qu’lls se sentaient micux protéxés qu’etix contre Parbitraire seigneurial, en matiére de redevances et, peut-étre, surtout de corvées. En 801, les 4, Capita t1,3028, 0.6." {IL ne 278, cs, ‘ne, Baluze 96, Yo, 32 ft. Mable, Lx pancirte noire, ne CX) : « Tune judicata ‘nt bia mulls aobibus vss ot colonis qui subtustementar inser. » "4. Gudrand, Paiyptygue de Saint Ren, p. xiv. Tolle paral oe également la termiaclogle aa cepitalare de wll ol west nlle past fait mention de oon, mals bien ds ingen qu er fono nut villa nostra common «(525 of. 4). P. Allard, Lev orgins du servage en FPronce,p. 186-48, pense quo les colo y sont compris sous le nom de servis mats sun hyp: ‘hin, fonds sur Ia distintion parca taxla do a population en dewx eases, une sourise ‘aux peines corporis, autre exempts de ce ont ds chlliment, no Gent pas compte du fall {gee les colons nent vue ty a point ce wed droit pal, eoafondus avec ls sere’ (due dapuls Charles le Chau : ct e-destous,p. 268, 6. ‘I semble bien, en ef, ue bs Halts des charges et partienliérement. da services fut temie pour un trait dela condition eolonile, in dépit de Ia Lndanor générale Ta stabilte ex cottuneeslgneusials Ie ervuseontinit& ey consdérs parfoit comme appartenaat i jo pont, qui aut interpreter un eta da Caralaie jor Gautne igus & Slat-Paul de Carmery des bieas dans i ajoute «Hoe verus servos ‘el ancilss superiue nominatas sub condition colonorum constitatastributam ampli ut ‘on raquiratur quam unleulque mansum teneai biduem in hebdomada jj, viaum aut few ‘entuahsextarios vi, pulls ij eam ovis, ramborbum (2) ialer due, earam anam ». Que ‘etlent div cas ols: sub condition eolonoram conatiator? Ie agit olat dalranchise- ‘ments; lor srt atfranchis sont mentionnds & part. Le terme de colon nexprine sens douto tien do plus que la protection cout ote exigencearitraie, qi resort, avec plus de dtl, {4 Pesphoe de eharte de outumes qui suit. — Daas lou lettre & Lous le Geemanique (Cape fh, UIT, a0 297, 0.16) loeErdques du aynode do Quiesy, lui recommandant e'eiter toute ‘oppression, pr lox jude, dex payne de illae royals, seffoweentviiblement de distin: igr Tos abs dont es sem poutront dle victimes de oeux auxquele sont exposts les colons, es © COLLIDER » 23 habitants de Mitry intentent devant le tribunal royal un procés — que @eilleurs ils perdent — contre les moines de Saint-Denis, & seule fin do prouver qu’ils sont colons, non servi, et ne doivent point étre charges du « sorviog inférieur! », Pour la plupart, ces colons de la Gaule franque descendaient — on n’en saurait douter — d'anc8tres déja qualifies ainsi du temps du Bos-Empire, D’autres étaient entrés dans cette con- dition par un acte volontaire?, Enfin, on semble avoir tendu parfois & assimiler aux colons d’antique origine les affranchis cum obsequio, lorsque coux-ei avaient regu leur manumission selon les formes ro- maines. En janvier 876, le prétre Menlodinus, aifranchissant son servus Gaubert et le placant sous Pautorité de Saint-Bénigne de Dijon, déclare en faire « un libre colon’ ». De méme encore, entre 951 et 962, le moine Gibert, donnant Ia liberté & cing servi, qui désormais paieront. un che- vage — signe de dépendance — a Saint-Florent, les fait, dit la notice, passer par la « dans le colonat's, Le Polyptyque de Saint-Germain-d Noleurousement, Ia distinction wast pas peraltomoat aie, Pour Jes sere, te danger "side dans des exigences contrairs 4 a coutume, et, en ce qui touche Is curs, quvon suppesesans douteincomplétement xe pur In doit outer, dans desconvocations un ‘moment «inopportun » (in semporeincongrao). Dour es ealons, la 6iquessermblent provait ‘que es juices proctderont par mayens detours [per dlo aut per mala ingen} es curves ‘ggities om intempestives seront plat obtenues par presion que bratalment imposes Je conjecture da moins que tlle est I signifention dt taot qui est cis ic, {er : precations, Mais dans lo méme paragraph, plus Tala (p $98, . 12) applique tous les habitants des wil royale, san distinction do clase, {Tart Cartons des oi, n* 180 (861, 1 jl, Bacon le 14 saptambre 800, un acte de précare consent par Saint Martin do Tours au « blo vassal» Gal (Bib. ma, Balwee 76 fol, 965 cf. Mabille, Za pancorts noire, XXTI) dating & Morigny-ous-Lii (Inet ‘Loire, comm. Fondotts) non aulement des mansos colonies ou servis (aillenrspraiqu ‘meat non eutivés par suite des invasions mormandes, mals aus des omnes colonine lege vents et das ser 2. Gudrard, Polypeyque de Saint-Romé, axvit, 65. Lat colons « qui addonaverunt » doivent am ehevage, ms vis fort quo elul das eolos a: matte 8.4. Garaiet, Charter bourguignonnen indies (Mem. pve, Aca. desIncriptions, Baie, Amps dete France, LUI), p. 113, n° LVI» Sie W sit igenous Absolut,» 4, Livro Noi do Suit-Florent de Saumur, Bibl. nat, nowy. seg. at, £990, fol 124 Der ait moine& Saint-Henotsue-Loire] sous Tabbé Witadun (361-962). La hatte dit sim- lement : « Quosdam servos quos in sgculo habul, wt Deus propivetor michi ot sanctus Flo ‘elas pro me interodat, ead ad Len ipsias sant ‘dam t Ansbertum et duas lias eus oo tenure ut ab Rode aon snl servi sed colon, servilio deprimantur quam quod igi! eoloak ex solver coneuerva, » La noice qui |e cariulsr, peétde ta chatte (Kartalem) ajoute les deux renseignements suivant 1° i agai de mancipi gli, qu Gibert possédlt par Nita do ss parents; pendant de Tongues années, les rencontra a Seint-Mlrent wa Jour qui 2°Tes nouveau colons payeruat quale deniers «sei factarom promise ut... servitlisnedibus absolutes la colnieio vor et na” denatiorum retione 2h sare BLOCH Prés, parmi les paysans qui cultivent les terres de ’abbaye, mentionne, ‘non comme catui de Saint-Remi de Reims des affranchis de toute sorte (liberti, qui sont peut-stre des lites, chartularii, epistolarii), mais seu- oment des lites, affranchis selon Ie droit franc; eest vraisomblable- ment qu'il rangeait les affranchis du droit. romain parmi les colons’. Ne nous ¥ trompons point cependant. Dés le 1x* sido, cette distine- tion entre les colons et les servi, en dépit des offorts tentés parfois par les colons ewx-mémes pour la rappeler, était devenue bien difficile & sr. On se souvenait, sans doute, que les deux conditions ne devaient pas étre tenes pour semblables, que celle du colon était supérieure, que certains hommes héréditairement appartenaiont & l'une ou a autre, En fait, elles tendaient & se confondre, La législation carolin- giienne, le plus souvent, ne sépare pas & proprement parler les colons des esclaves ; elle se borne a les placer aux premiers rangs de Pesclavage, ‘au-dessus do Ia masse, mais sur un pied d’égalité aveo les esclaves du fiso, cow des églises, ceux qui avaient regu de leur maitre une fonction importante dans sa maison ou sur sa terre, un ministerium — toutes catégories qui formaiont comme une aristooratie servile®, Dans le rap- prochement progressif des deux classes, le régne de Charles le Chauve ‘marque une étape importante : & partir de cette date, les chatiments coxporels, qui caractérisont la condition du serous et que la législation romaino des derniors temps do Empire n’avait étendus aux colons que dans des cas particuliérement graves et nettement. spécifiés, sont officiellement reconnus comme propres aussi a la condition eolonile', faoeret transi. + LYoppostion do cette condition avec Ia servitude est bien manquée par ‘itl laine dea charts: « Mainardam ero fratrem Mainfredt qu adh a cont porte notin perpotua servituteprefato loo reinguo. «| 4. Daj loi Ripuaiee, LXTL, 4, disat 1 i gle sevum suum sributariam au idm fon 2 Capita, £1, 9825, 64 8, Pourle colon fui fo de $1 (C.J, X1, 88,1) sunclol de Gonstenta (C2. TA, V, 19,1), prosrivant do metto au for les eolons Ui fogam meditantur,prenait son observer qu'on leur infigei? sisi un traitement servile, Pour le clon donatit, lit da 442 e616 (C. The (XVI, 5, 52, $5,615, § 8). Pourle colon violatou de sépulture, lol de 44 (oe, Pal, XI, 2), La ligation de Sustinon, qu applique los chitimentscorporels aux colons ups de ‘Pate uns das femmes bres (CJ, VI, 26,4 XI, 48,24, §1 Nov XXL, 17) entre pas tn lgao de compte pour Ia Gaule. On voit par la Pe de sint Cesare (1, 25; 88: rer. meres, UII p. 466) que, aw vi sie es grands propiétaiesexergaknt, en pratique, le droit ‘oeecton corporelle, on seulement sur ltrs etclaves (eres), mas asi sr Tes éngenuia fausse monnaie: Capi lgibus addenda, B18 0 9 (tT 19,619) inka clidoecomponat; i srvas eat, sexagnta fetus aesipiat;» — Rdit do Pits, 35 juin 808 (1, je 16 fava reavokexpsau teste précédent, id d'apris Anais) «Biber ms © COLLIER! » 245 Guérard a fait remarquer depuis longtemps que les mariages mixtes, tres nombreux en ¢e temps, ont largement contribué & la fusion des ‘basses classes', Il faut ajouter que le réglemont: donné aux unions de cette sorte montre, mieux que tout autre signe, & quel point les an- tiques barridres s'étaient effacées. Que faut-il faire — demande un jour ‘au palais impérial un missus — lorsque la colone d’un homme épouse le vervus dun autre? Voici la réponse : « Demande-toi, quand ton serous S'unit a la serve dun autro maitre, ou quand le sereus d’un autre ‘maitre prend pour femme ta propro serve, auguel de vous deux doit »— sans doute selon la coutume locale — « revenir la descendance de ce couple, et, dans le eas qui t’oceupe, suis la méme régle : car il n'y a que deux espéces «hommes, les libres et les servi’. » On ne saurait révor assimilation plus nette du colonat avoe la servitude, La derniére for- mule, il est vrai, par sa regsemblance trop visible avec un dieton ‘élébre de Gaius qu’avait reproduit la Lex Romana Visigothorum, trait ‘une réminiscence livresque’. Mais pour le fond c*était bien des réalités st, x slios componat 5 seevus vel ols nus cum vig vaplt forms auulogues ‘ee. 295, nus. 22. 2° Refus 'upe bonne monnale «pn do caps pour le srs Paes capitnaices de 794 (Lm 28, cdo ot (ae 83, c 2}, de 816-419 (80139, 8) 5 Vit de Ptres, 6 15, eprodult {apets Ansis|co dernier texto, mais, aloutant une fpsslon toucant los madi dp Ia pein, it ut quorumeumque extn et serv pro ha Eanvictiuerins, non cum gross ste sed mui cum ving vapulet; set dsj un pew supsara= ‘vant un eaptuaio de jullot 664 (, 1, n° 274) preside ative de vergos ls «elon ot servis qi auront commis ce dlitau matehs.~3# Voldss cates pondant Fost: eaitulaire probablement de Chariemagae, empereur,conservpae Aas (tT, a° 70,4}: homme ibe ‘aye tos fle Is dommage rt Ie ban roy; Te serous tos fos I dommage ea Hen dt ban, ‘ait ehdtiment corpora; PEait de Ver de eoars 886 (II, n® 89, v5), étondant cate prescription au vol en gncral, en applique la seconde partie as eafomua ut serv» Bn, & propos du erime de fausse mesure (c. 20) ot do eel qui conse vendre Ia livre on pir four plus de 12 tiveos angen (e241 ait de Pltses anus la meine assnlaton scl fi Sarvs de novenibre 53 (J, In” 360, 6.5) roprodit par celal de Quierey {n° 278.2) frdonne do frappar do soxante ep nell qui ara relasé do préter main-frte&Parresta. tion d'un larron; une erative envoyée ax mist en avril 858 (a" 259, . 8) prévot Ie ce ‘ment corpoel es colons coupablos do ime anver [a diepline eeisiastique. Noter que flan Pitas franque des jgement font del coretion corporal alge pt le mare une marque de servitude: Muratori, ncigitates, tI, co. 1015 (296) ot Serigtrer 1,2, 9.398 (85t) sel Luzzato, sero nle grande propre eedesaaishe,p. 12668190. 1. Prolégoméne,p. 391 2 Capit, 1 88, €. 1» Gontinebatur nanque in primo eapitul utrom, ub eolonam servis cuusibetuxorem sosepert, infants llorum petiner debereat ud Mam eoloaam an ‘dll. Consider enim, si propris servastuue altri propelam anellamy ib selaverit ut Sileriasservaspropetus tua prope anellam uxorem aceeperit ad quem ox vobie eorem ‘procretiopertinee dabeat, o tater deat fae; quia nam est ampline mb ibe et serv,» fat tout fat imponile de datar Is text, 8, fae Rom, Vi: Lib Ga, T: Gaius Tastitaionuen libro prima At omnos homies ant libero eso aut servos.» Gl Dig, Vy 8 (Gait Jn , 9) Une la tlere de Sustinen (©. 4, X1, $8, 21) applique sux enfants sae dun mariage ene acrpties ot ser Te prin- Ja solution indiquée par le palais. La olassifi- cation des personnes, & l’époquo carolingienne, devait sa désespérante complexité et son incertitude & une terminologie imposée par la tradi- tion, ou mieux par deux traditions différentes, et imparfaitement adaptéo aux conditions nouvelles. Quand on en arrivait aux problémes pratiques, cette hiérarchio confuse cédait aisément la place & une oppo- sition toute simple entre deux grandes catégories humaines Une fois le 1x° sidele passé, les institutions d’Etat, au regard des- quelles le colon n’avait jamais cossé d’étre traité en homme libre — ser- mont des sujets, justice publique — disparurent ou revétirent défi ivement la forme seigneurialo ; les vieux cadres traditionnels, ot un droit réglementé lui aussi par I'Btat et plus qu’a demi savant avait essayé d’enfermer la sociéts, so brisdrent tout a fait. Das lors, on perdit Phabitude de considérer les colons comme formant une classe juridique distincte, intermédiaire entre la servitude et 1a condition de Phomme pleinement libre. I n’en est plus jamais question a ce titre dans les textes. Cortainement, la plupart entre cux se fondirent dans la classe servile, qui, du reste, malgré cette épithéte — nous aurons a y revenir — représentait un tat fort éloigné de ancien esclavage. De cette mort du colonat, Phistoire du vocabulaire fournit un témoignage parfaite- ‘ment claie. A la différence des mots désignant des conditions vraiment vivantes, servus > serf ou collibertus > culvert, & Ia différence méme du terme général de mancipiam, que le frangais perdit, mais qui se per- pétua, avee l'acception de serviteur, dans le provengal massip?, colonus, en pays gallo-romain, n’a rien donné dans les langues vulgaires. Mais il so maintint, bien entendu, dans le latin des charts, Seule- ment oe fut aveo des sens fort différents, selon les commodités ou les fantaisies des notaires. J’en vois au moins quatre 4A Rome, déja, la signification promiére avait ét8 assez vague : cul: tivateur, surtout cultivateur sur la terre dautrui, par opposition au ie, jusque-ld appliqué aux sus sere, que Yontant sult condition de sa mir, ot inssto& fe propos sur To pou do diféence qui sipare Vascrptie du serous. IL west pas probable ‘qeelle atin ur la dision du pals carolingion, 0, nn contate Ie - Brviaiee Are © ‘ait certainement bien eanaw : et. Max Conrat, Geschihte der Quallen und Literatur des ‘machen Recs im frieren Mitel, p. $3 ot sue. 1 Dés 764, un broillon Pacts, conservé dans Lo achives de Sain-Gall (Wartmanny Ure hundenbuch ter ABici St. Gallen, i In 42), range pari Tes mancipia, avec des ver, des ingen qu habltent une tere. Un ail fausement iséré dans un capital do Louis le ious par un ms. du x site (Capiul t 1,p. 286) déelare que Paffranchie qui aura époust ‘un zerrs ou un colo doit retomberso0s e pouvoir de son aaclon alte. La ligation ger- ‘mani n'appiquait ott gle qua mariage avo le serous (La Alama, e. XY) 12. Gt, outeele dctonnaires, H Hausr, Orire da tompe past bP 43. rs « couuipeart © 247 dominus fundi, mais sans que rien dans le nom Iui-méme définit la relation juridique qui unissait Vexploitant ainsi désigné au propr du sol. Gette aceeption no fut sans doute jamais tout a fait effacée par Ja valeur plus précise que le terme prit par la suite dans le vocabulaire du Bas-Empire, Elle se retrouve a toutes les époques du Moyen Age!, Des actes trés nombreux entendent par coloni tout simplement les ‘tenanciers établis sur la terre seigneuriale, quelles que soient leur condi tion personnelle ou les modalités propres de leurs tenures. C'est ainsi que, en 1060, le comte d'Anjou Geoffroi le Barbu confirme la renoncia- tion faite par son oncle Geofiroi Martel, au lit de mort, des mauvaises coutumes qu'il prélevait sur « les colons des églises*» ; que, en 1091, le chevalier Héliart donne & Cluny » une chéneviére avee le sorf, colon de cette terre? », Inutile daccumuler les exetnples, qu’il serait aisé de rmultiptior & Vinfini!, On traduisait ainsi des mots francais tels que , cette signification tros ginérale fut la seule dont la langue vulgaire conserva quelque trace. Colonus périt sans retour; mais un substantif dérivé, colonica’> coulonge, se maintint ‘on eortaines régions, surtout, semble-L-il, vers le Rhéne ou la Saéne, faves lo sens de tenure. Des coulonges ocoupées par des serfs se ren contrent assez fréquemment dans les textos de ces contrées®, 29 Tout homme, quelle que {nt sa condition, pouvait étre tenancier ; sais le paysan libre — selon la conception médiévale de la liberté — n’était quo cola, puisque, a la différence du serf, placé dans un état de sujétion personnelle, le soul lien qui Vattachait a son seignour était la possession d'une terre dépendant de celui-ci : doit la double significa- tion de mots comme « hte» ow « vilain » désignant tantot tous les habi- tants de la seigneurie, tantbt, plus spécialement, coux d’entre eux qui échappaient au servage. De méme pour colon; le passage un sens & autre était dans ce cas d’autant plus facile que les-notaires instruils 1. Par exemple, Gait, tI 08297, 14 (p. $88,112 eas, p. 242, 0. 8). 2: Livre Noir db Saint Floreat, Hibliothéquo nationale, noaw. sey. lat 4960, fle + Notum face yolumus... uad avunculusngster Gabsfredus. monachilemy habitum suse plons remist ownes malas exactones quae vulg) dicantur consustndings quns imposuerat ‘olniesolesiarum sive quibusibet domination sue divers ois hominis.» B.A. Bernard ot A. Brel, Recueil des cares de Vatbaye de Cluny. V, a 3669; « Una am cavannariten cum sar ipa teree enlon, 1 Gate acceptin générale eet rs frequents dane Hale du haut Moen Age: cf. Calis, tans Arion deta Soild Romana d storia patria |. VII S985), p. 67 P. Vaovat doo. ‘ato romano eFinvasionefombarda, 7; Luzssto, sri nelle grande propriet elsintiche, ptt. 5.61.0, Jeanton, Leer se Cluny, p= 107 seen Bourgogne, p- 22, 0b Guy de Valous, Ledomainede atboye 8, wane pLocH n’ignoraient sans doute pas la liberté premiére du colon romain. En 1179, la chancellerie de Louis VI fait dire aux hommes de Rosny- sous-Bois qu’ils sont non pas serfs, mais « seulement hates et colons » de Sainte-Genevidve'. 3 Voici maintenant un sons exactement opposé au prévédent. De bonne heure, les notaires répugnirent a traduire par servus le mot de serf, courant dans la langue commune ; ils sentaient plus ou moins obscurément que le sereus latin avait été tout autre chose. Ils se mirent ila recherche d’équivalents et pensérent parfois les trouver parmi les termes du vocabulaire juridique romain qui s’étaient appliqués & des conditions différentes & la fois de la pleine liberté et de esclavage : liberti, adseriptti:®, surtout coloni. Lusage de ce dernier mot, semble 614 particulidremont cher, dés lo x° siéele, & la chancellerie dun Lothaire. Le 11 soptembre 814, Louis le Pieux avait accords Pimmunité a Sainto-Croix d’Orléans : « Nous défendons », disait le dipldme, «qu'au- qu'un juge public péndtre... dans les possessions de cette église.. pour exercer une contrainte sur les hommes de cette église, tant ingénus que serfs (servi). » Entre 954 et. 972, Lothaire renouvelle ee privildge; mais Ia formule est modifiée : c Les hommes de cotte église, tant ingé- ‘nus que colons’. » L’antithiso — libros ou ingénus, et colons — se retrouve dans trois autres diplomes du méme prince, dont deux pour Saint-Benoit-sur-Loire ot le troisiéme pour Notre-Dame de Paris*. Au 4, A. Luchoina, Histone dee inatitatons monarchiques (Tl, p= 343, 4179 (probablement veil; te A. Carlie, Philipp 17 ugust: U1: Regete Philipp August von der Geburt, f 61}: « Cam ia nostra prsintia Stsphonus, abbas Sancte Ganovote ot canonie jusdem tceloienssreront omnes do Rodonltco servos esse ecclesi sue, homines id peitus negi- ‘verant, et ese tantum hospteseeleso ot colons oso confess sunt.» 12, Serf dela slab ler, hivior,&, CAXXVI}, notamment p. 297, I agi, dures relativement tafe (aan sites) ‘4. Thilior et 1, Jarry, Cartulaie de Véglie eahidrale de Saine-Croie Orlane, ‘ee XXXIV (Bohmer-Molbocker, ne 1) + Procipanys.. ut nla jodex publics. in fclesins nut loca vel ageos Seu reliquas possesionas quas.. tenet. eee. ad eas a ‘iondas aut homiges pics eclesiae tam ingenvos unm servos super terra isis com ‘manents dltringondos..igroil audeat. + “ils Halphon ot F. Lot, Reowi den ases de Lothave et Louis V, u® XXXL: « Homine ‘sive eccese tam ingenuos quam servos. + Depuls ce moment, les deux formulsires sem- plojnt proeque alteraativemeat = ceul de Louls le Pioux réapparait dans un dipme de Louis V' (Pb, ae LXIX, 99,9 Juin); clui do Lothaire dane bn diglome de Hugues Capet (Carulare de Seine Grois, ne XXXIX, 99, novembre. ‘& Halphen et Lot, ln et, nov 27, 9 58, Pout la prdseace do eae expression cara turitique dane le deraicrdiplime dovritallo amener & moditer Phypothéso dos éiteurs (p.m) Ui inclinent ls ante pour redigg on dehors do Ja ehancellei royale, Le mt elont “appara dja pace oom atendra see’ dans vn diplomo de Carioman pour Sainte-Ce ale e'Urgel: Marea, Marea Aispanira, ea. 812, ne XLIL*« Ut mulls jodex publios andeat @emplols es « coutamERT! © 249 X1® sifole, les chartes ou notices tourangelles et angevines, surtout, celles de Saint-Florent de Saumur, emploient constamment colonilis servitus pour exprimer le servage'. Ainsi colon, synonyme tout & Theure de vilain libre, Pest, devenu ici de serf". Ce sont les jeux hal tuels & ce langage diplomatique, si artificiel et si incertain, oft Yon voit consul désigner alternativement. un comte et un magistrat: municipal, serous tour & tour un serf, un sergent et — dans les régions méditerra- néonnes, oit Vesclavage antique subsistait encore, ou avail repris une nouvelle vie — un esclave, jamulus et cliens toutes les espces imagi nables de dépendants'. 4° Ce qui s'écrivait des serfs ne pouvait gudre manquer de s'6erire des oulverts. Dans des documents de méme époque et de méme prove- nance que coux oii Ie servage s'appelle colonilis servitus, on trouve cotte locution ou d’autres analogues appliquées & la condition culvertile; elles paraissent méme avoir été employées dans ce sens avec quelque prédi- Tection, sans doute en raison de la vague aesonance que loreille des notaires percovait, oomme entre eomte et consul, entre colonus et colli- bertus. Sous Vabbatiat. de Ferri (1® soptembre 1022-28 soptembre 1055), Gui de Thouars vend & Saint-Florent le eulvert Audri, © qui ’étail attaché », ditil, « par la servitude colonile® ». « Je edde », dit en 1035 un certain Marran, « a Saint-Florent un culvert appelé ‘Aleaume... de telle sorte qu’a partir d’aujourd’hui il soit sournis tant & Saint-Florent qu’aux moines selon le droit eolonile’. » Riem ne serait plus vain — tout le développement. qui préeéde Pa snffisarnment mon- tré — que de tiror do ces élégances de style je ne sais quolles conclusions «fnulis tam liberi quam colons igeue loc hoeptaticue... at inferenda aligua exigare Praesomat. 4. 0n tronvars quelques textes comimodément ransemblis daos ls nts de P. Berard, Bruce sur tes eslets flow sere Elise om France, p13; Noy. asst G.d'Rspinay, La ear Ladner ongecing, 9 104105 2. ka traditn de cel eanplol xe matt & travers les sites. Un dos plus waco tas $uviiques sur le servage qui slant. 48 imprimés — le plus aacien peut-Atre—, clu qu’ n- {hone Colombet Mt paraltre on 1578, & Lyon, sinitue Canta wie lume, Trait rare des peronnea de matimort conte e alas ‘3 Cate Incertitade dans Templol de cfonu, mot savant appliqué arbilairement toutes ‘ortes de conditions soclales diférentes, 1 bienentendu générale dans tous les pays ot seat eit Te atin diplomatiqua ef. pour Anglelere ls obsorvations de C. M. Anes, The Od nalich Manor, p. 18 4. Livre Noir de Srint-Florent, now. eq, Int. 1989, fol 19: « Unum maneipiom nomine Hildicum clon ich aeevitate obgexium ;» plu loin: « prdictum ealibertum.» 5 Ibid, fl. 24 v": « Trado quoguesuncto Florent clibertm quendam nome Adeel- ‘mua. ul ab hae di et deinceps tam ipl sanctoFlorentio quam monachis colon jure subi lata ot es debitae servtuts pensum redderecogatur.» 250 mane BLocr sur les origines du oulvortago. Aw temps oi Tes cleres saurmurois s'y adonnaient, colonus et les adjectifs dérivés n’étaiont plus que des mots savants, matériel de théme et non instruments vivants du langage. Il convient de rovenir maintenant & des réalités plus concrétes. § 4. — La destinée des affranchis cum obsequio : origines du servage et du culvertage. Les serfs inédiévaux ont hérité du nom des servi antiques et de cer- tains caractéres de lour condition. De li & concluro quills descendaient presque tous d'anciens esclaves et que leur condition n’était. qu'une forme atténuée do Posclavage, i n'y a, semble-t-i, qu'un pas. Ces deux propositions, & y regardor do prés, souffrent cependant de graves difi- cultés. Au 1x® sito, les servi étaient peu nombreux. Aux xu et x11 siécles, a contraire, avant l’époque — variable selon les régions — des grandes chartes de liberté, les serfs formaient, dane presque toute Ia France du Nord eb du Centre, immense majorité de la population paysanne’. Les domaines de Saint-Germain-des-Prés fournissent, a co sujet, los é16- ments de rapprochements instructifs. Dans le village d’Esmans, en Sénonais*, au temps oit Ie fameux Polyptyque fut rédigé (fin du régne de Charlemagne ou début de celui de Louis le Pieux), il n'y avait point du tont do servi, Au xi sigcle, avant Vaffranchissement qui fut accordé on novembre 1289, le sorvage y pesait sur Nensomble des habi- tants’, A Villeneuve-Saint-Georges*, sur 132 chefs de famille, le Poly- ptyque compte 112 colons, { homme « libre », 5 individus dont Ia condi- tion n'est pas apécifige et soulemont 14 servi; & Thiais', sur 146 chefs de famille, en face de 130 colons, d’un homme « libre », de 3 hotes et d'un homme de condition indéterminée, 11 servi. En 1249 et 1250, les mam missions générales, accordéos a ees deux terres pour les prix, respec vement, de 1,400 et de 2,200 livres parisis, ne nous permettent point de 1. Ainsi quo sufraiont&attestr,.dafeat méme autres moignagos es actes de manu: mission eux mem reet-Marne, cant, Montoeau-Faul-Yonne, 2. Ceat ow que montre une enqubte des environs de 1250 put ‘ute et procs, Appondice, p-295 (les gons da lage comme tant d'autres au ame Lom: ‘valent fit ds diicultés pour avouer lor condition suri; mais Tenquéte eth suet ‘écisio) ot Paste attranchisement de 4289 signalé par dom Bouton, iste de Saint ‘Germain: de Pri, p16 1 Selne-et-Oie, cant, Bossy. Sant -Léger, 5, Seine, cant. Terysur Seno. Mes chiles diféent, pour Is deux villages, de coax de Guitar je no vois pas comment ceuxel ont 616 établs, ar Guithiermos, En Les « coLLMENT! » 21 douter que presque tout Te monde y fiit serf!, I est évident que les ancétres de ces serfs innombrables de la France oapétienne ne sauraient ‘tre cherchés uniquement dans les quelques poignées de servi do la Gaule carolingienne, et que, d’autre part, les colons, lites, affranchis de jadis, ne peuvent avoir eu pour toute deseendance les trés rares vilains libres mentionnés de-ci de-Ia par les textes. L’origine composite de ta classe servile a, dés longtemps, été recomnue. Je ne sais pourtant si Von toujours vu bien clairement oit méne cette observation, Elle nous contraint d’admettre Vexistence dun mouvement social d’une vaste @tonduo : du 1x* au x1 siele, par tne « révolution lente et sourde », isait Guérard?, la plus grande partie de le population des cam- pagnos frangaiss est. tombée ou retombée dans une condition appelée servile. Mais cotte nouvelle servitude était quelque chose de foncidre- ment ditférent de Vancien esclavage. A Pesslavage, le servage médiéval emprunta sans doute quelques traits. D'abord et surtout le nom. Enoore faut-il observer que dés 'époque carolingienne le mot de servitude et tous ses synonymes ou dérivés avaient beaucoup perdu do leur valeur technique. Is n’évoquaient plus guére que Pidéo d’une dépendance particuliérement stroite. Guil- hiermox a admirablement montré l'indistinetion premiére du vocabu- laito de la vassalité et de celui de l'esclavage, ou du servage’. On voit traitor, au x® sidele, de servitus jusqu’a la condition du miles quia regu une abbayo une terre en précairo'. Dans eette évolution, un terme comme servitium, originairement si fort, se dépouilla pour jamais de tout sens spécifiquement servile. Eile seule explique qu'une classe oi les descendants des colons étaient certainement heancoup plus nom- Dreux que ceux des servi ait néanmoins regu son nom des seconds, non des premiers; colon meat sugaéré que la notion, devenue pew intelli gible, d'une relation avec la terre; serf indiquait un rapport person- 1, Gusrard, Pelyplynue @'Teminon, App. a XLot XLI. 2. Proliguméncs, p. 496: » Cette revolution lente of sound, qu ddtroisit les ches des los, dep das et dts sels pour en composer un seul éat-do orsonnes, estate Ie st ‘vate 4, Beau cur ke vizines dele noblest, volo p. 122 6 wiv, Pour FAngleleere angler saxonne, cl FM, Muilend, Domeeday book and beyond, p 325, Ge. Hatkin et G0, Roland, Recueil dex chats de Catbaye de Sisto Malméay, w* 36 {2 octobre 926) Ua mite regoit um manse an précaiv, pours vl, cellos des femme ede ss ‘Jeux ls, vet post Bem onus aliqis da herediboe i pena ervitate conte tion pre Aictoram patrum prepara cupit, neo ali virorum ipsam precariam fist valeat ish Ins qui de ipsa stirpe proces, « 22 MARC BLOCH nol', Du reste, serf n’était, pas soul employé; on disait couramment un individu de cotte condition qu’il était I « homme » de son seigneur. Le Polyptyquo d’Irminon exprimait déja sous cette forme la sujétion personnelle, mais il traitait indifféremment. d? « hommes de Saint-Ger- main » des colons, des lites, des servi, Les descendants de tous ces gons-la seront, en effet, liés au monastére par I’ « hommage de corps » et s'appelleront indistinctement, ses serfs. La ott Pesclavage propre- ment dit se maintint ou réapparut, la langue populaire dut eréer pour cette condition un nouveau mot — celui, précisément, desclave. Pour- tant usage du nom antique pour désigner le serf médiéval fut gros do conséquences ; il contribua & entretenir la notion de Pinfériorité de cette condition ot permit plus tard aux juristes de dangereux rappro- chements aveo les réglos du statut servile, telles que les avait, fixées le droit romain. Dos servi d'autrofois, les formalités et le vocabulaire de Maffranchi sement passiront également aux serfs. De mémo Vincapacité de rece- voir les ordres sacrés. Ici encore, Vextension do cos earactéres & une ‘lasse de dépendants beaucoup plus vaste que Pesclavage est ancionne. A Pépoque franque, semble-t-il, les colons étaient susceptibles d'af- franchissement'. Dés la méme période, nous ’avons vu, la législation coclésiastique tendait & refuser Pordination aux allranchis cum obse- quio*; de méme pour les colons®. 4, Bn Angleterre, un passage dos Lois de Cru (11,20, § 1} montee que pour mieux protiger leurs hommes los pulants aaientintndt Ales fare paste tant pour bees, lant pour ‘eri thers), sans donte dans ce dersur eas pour migux les soustrate Ta juice publique (f Maitland, feet Dos influences de méme sorte ont pt jver en France, 2.1, J. Petot, homage semile, dans ev. histor. da drt, 1927. 3. Concile @Orldans do 538, cite ci-desous, n, 5, Testament de saint Rem, deus ‘88, ror mar, 1. IH, p- 888, L 34, et 339,19 {probablement faux compass pa Mineman, ‘mais instruct pour poqua de co dernioy, Lette digcmae eéaumée par Podoard, Mito ‘Remonsa cols, I, 20 (8S, t. XIU, p. 518,38). Testament des chanoinos Haganon et ‘Adjuloe (28 janvier 818.28 janvier 819), dans Marfbpe, Thesaurus, 1, ol 20s lguent ‘Seiat-Martin do Tours des trees avec leurs lier ontoni — co sont das ultivateurs & roll fruit — eveepo gui a nobis engenaitaten promerucrant; lo texia et allears Vintorpritation itl; les chanoines purlasontladiquer quis ont préoslemment fait de ees hommes des cxlons gue entonarie fecimus; sont-c0dancens seri doat les redevaaoes, &Vorigine pls ‘ou moins aritraires, ont 66 fixes, come dans lo texte eltéch-desus, p. 262, 97). La pratique de Pathanchiwcaent du eslon amb, d’apets wns lntne de Sone Apellinaie — YV, 19 —romonter& la a de Pépoque romaine’ cl. A, Beaten, Mélange dhisoire du droit 1 eiiqu, Droit romain, p. 370 ets. 6 Chases, p29 5. Coneilo Orta de 536, «29 (Cone. evi mero p.Bt) «UE nulls servlib coon rigque condtionious obigatus faxta statute sedi npostalicae ad honoees ecclesantc admittatur, nis rive aut tostamoato aut por tabolas eum legsteme eonstetrt absolutum. ns « continent » 33, D'autres traits, essentiols dans le servage, n'ont pas besoin, pour ‘tre expliqués, que l'on remonte aux précédents fournis par des institu- tions antérieures ; ils découlaient nécessairement de V'existence, entre le seigneur ot son serf, d'un lien de dépendaneo hénéditaire : la justice du seigneur suivant partout le serf; la substitution du seigneur a la Jannille, en certains cas, comme héritier, de méme que dans lexercice do la vengeance privée ; le chevage, expression du mundium seigneu- rial, sur lequel nous aurons & revenir ; interdiction du formariage, seul moyen de prévenir les diffcultés qu’edt amenées attribution d’en- fants nés de parents appartonant a des seigneurs différents, attestée ‘au surplus dés le vi° sigele pour les colons orientaux' et pour ceux de PEglise romaine’, et sous Charles le Chauve pour l'ensemble des man- cipia, colons, certainement, compris*. Mais c'est surtout la nature méme de ce lien si portinemment appelé « hommage » qui nous éloigne de Pesclavage antique : relation d’homme & homme, en effet, réglée par la coutume du groupe, comportant, & travers beauooup dinsubor- dination, d’exploitation et de violences, un échango d’aide et de protec- tion, non le droit de propriété d'un homme sur un étre assimilé & une Ct. ats le texto d ia clloction Wl Abi ets dans Looning, Geschichte des detachon Kichen- recht, 1.1L, p, 282, 0, 8. Mais es texts cones qu'on (rouvers ci-dessous, p. 258, n. 4, oncsrmant Is aseript ensue vont moias lola sve cantentent de subordoaner ur ed. ‘nation Pastentiment dojo de soa oprisontaat, De méme, Léon le Grand (Dirt Gra, dist LIV, c. 24) ae dtendait aux originaré Ventre dans ls ordeva que sav atorization de ‘eur seigneu. Bu drolt romain, la condition d'adsripuiee n'a jamalsconstitue wn empeehe- ‘ment & ordination : voy. notamment Nov. Just, 122, 13, 1, et ef, O. Sete, dans Pauly. Wissow, t.1V, col 805, Nalurlloment, ces fterdotionsétaeat loin dtr toujours obser ‘es on pratique. Un capitulaire raatif aux églses de Putin, de 847-825 (t 1, n° 140, ©, 7h ‘Hows montze qu'on prévoyait a présence, paral es chanolns de Saile-Radogoade, de cols et de servi 4. Noo, CLV, 2. Par ne lle de Gregoire le Grand ; Bp., 1X, 128. Le marigo des paysans (rats) des domains lait, mome on dehors du eas de formaagy, occasion de redevance (Ii, 1,52, . 6). Par contre, i n'y avait eo droit rien qui resem & uae mainmor Parents des coloashivtaint de enor, & condition totefis quis habiassen ‘de TBs (42, p. 65; le texte applique sux conductorer qu sont acrmalement es cor tons); mais la prescription poatifial elloméme prowve que les adilnistratours des do- ‘maines ne reeonnaisslent pas toujours ce doit hérddiaie, Lintrdition du formariage pour les escaves, qu va presque de so, est attest, a Pépoque romaine, & pe prs dane fs memes termes qu'au Moyen Age (eforne aubens >), por un texte de Tertllens 4d usorem, {fs Luan, J sere, . 468, 0,2 tlt, Th 275, c. 38 {avec rifeonens exposes I latte de Grégoire le Grand ‘lige als note prétdento ot & une etre, qu j Went pas, do Léon fs Grand} 4. $ifonen ert le moine Guiman, qui compila ent 1170 ct 1198 «carte» de Ssiat- ‘aust Arras, ls sets, empress 8s disimuler st négliger le pacmont de lou chevage [adant es péviodes de sicurt, «ie tempore vero tribulations et oppresionis divitum ad Patrocinium sincti Vedast et advocaturam abt currant» (ed. Van Driv, ps 477). 254 MARE BLocit chose. Fustel de Coulanges disait que « le servago » n'a « rien de com- mun aver la féodalité » ct Ini est « antériour' », Trop porté & expliquer la société médiévale par son soul paseé, il lui déniait, aisément la puis- sance eréatrice, Benjamin Guérard, au contrairo, pensait. que le sert @tait, on somme, « un vassal du degré inférieur? ». Je ne vois gudre qu'un reproche a fairo & cotte formule : elle est incomplete. Il faudrait ajouter que, a la différence de la vassalité, le servage se transmottait, do génération en génération, en dehors de la volonté de ceux qui y étaient soumis; o’est un de ses caractéres fondamentaux. Pour le reste, Guérard mo somblo avoir touche juste. En méme temps que la vassa~ lité, le servage naquit dans une société qui, devant la dissolution de PEtat et le relachement des attaches clanniques ou méme familiales, inclinait & ne plus sentir comme doués d'une force véritable que ces rapports personnels de sujétion et de défense, ces « honamages » en un mot, plus ou moins modelés sur des institutions anciennes (une colle tivité travaille foreément sur des matériaux et surtout aveo un vocabu- laire fournis par le passé), trainant avoo eux des souvenirs du compa- gnonnage, de la clientele, de Pesclavage, de la condition des atfranchis, mais originaux par 'amalgame de leurs éléments disparates et surtout par Ia nature profonde des liens ainsi créés; parmi ceux-ci, les uns étaient d’ordre supérieur et de caractére contractuel (ingenuili ordine’) — telle, essentiellement, la vassalité, — les autres, servage et culver- tage, comportaient une obligation héréditaire et Vidée d'une sorte de 880. Comment cette foule d’hommes, qui n’étaient pas originairement des servi, entra-Lelle peu peu dans le servage? Quelques-uns y furent précipités un jour, brutalement, par une décision de justice, comme, des 827, cos quatorze affranchis d’Oulx, au Val do Suse, vietimes, devant le tribunal d'un missus, de la prescription trentenaire'. Beau- coup, sans doute, y glissérent insensiblement. Pour un grand nombre, ‘par contre, ce changement d'état fut la suite d’un acte purement volon taire — fentends volontaire en droit, oar on peut oroire qu'en fait il ‘ade soi que Gulmaa mettalt accent volontiers sur ce cOUé-8 du servage allie & stron e mux nuance, 1. ale ale domaine rarel, p. 463. Cl Le trancformations de le royeu $87, 8.1 + Le svago n'a aucun rapport aves (Godalis C's a vile trie de Cues «Servet ensus ‘tala ionumera praedioear horinumque onera ¢ jure roman originem sips estar», ‘ot de Gut Coquile (passage cd dans Ser de la gle, Res. histor, 1. CXXXV1, p 238). 2 Prolégoménes,p. 22. 28. Cast Pexprosson de la ele formule de recammandation, Parma Tar 68 6. Cipoli, Monument Novaliensa, ,n® XXVIM (8 mai 827). LBs « COLLIBERTI » 255, fat le plus souvent imposé par la pression des circonstances ou méme extorqué par la menace — d'un acte, en somme, trés exactement com- parable & une recommandation, avec cette différence toutefois qu'il engageait, en méme temps que celui qui s'y plat, toute sa postérits, Anciennement on se faisait aussi lite on colon, mais plus souvent et, & partir du x° siéele, & peu prés uniquement, servus. Cette pratique re- montait trés haut dans histoire des sociétés germaniques ; elle datait du tomps oit la servitude était, véritablement lesclavage’, Mais elle prit aux x® eb xt® sidclos une extension incomparable. Les documents nous révelent alors Vexistence dun tris grand nombre de donations de soi-méme en servage. Nul doute qu’ils no nous aient, cependant, eon- servé le souvenir que de la moindre partie de celles qui réellement eurent lieu : s’opérant selon des modes formalistes, elles n'appolaient pas forcément intervention de la preave écrite. Elles tenaient une telle plaoe dans Ia vie juridique qu'il se trouva des cleres subtils pour torturer los textos les plus clairs, afin de justifier cet abandon spontané de la liberté par un appel a Ta «loi romaine ». Cette masso dhommes libres, pénétrant dans ce qu’on appelait la servitude, eontribua eertai- nement & modifier 'idée que 'on se faisait de cette condition et ses caraotéres méme. Au début du 1x® sidele déja, on voit de petits proprié taires libres, contractant avee Vabbaye de Saint-Gall, prévoir comme une éventualité presque normale, en tout cas nullement. improbable et, semble-til, point particuliérement odiouse, M'asservissement de leurs descendants‘. Dans cette classe servile d’un nouveau type, les af {ranchis, — lites, adions, simples liberti eum obseguio,— durent former un des éléments les plus importants. Déja plusieurs lextes de Pépoque franquo traitent la condition lidile de servitus® ;o'est le nom, on l'a vu, que donnait a état de Paffranchi cum obsequio, on général, le concile de Toléde dans un canon reproduit par la plupart des collections ita- liennes ou gallo-frangues. I1_y a plus : le statut de ces hommes lies & 4 Ghdesus 204 08 33, 2Les textes sont trop nombroux a typ connus your étr eit i, Pout Is psiode méro ingenng, le plus ancien est sans doute Greg. Tor, ist. rane, VIL, 65: «Sebebant pate pers servi, ut quantulumcamque de alimente porsagerstt. = 8, J, Flach, Le drat romain dane lr share, dans Melange Piting, tf pe S845. IL. Wartmann, Urtundenbuok der Alia St, Galle, 1-1, ® 260 (46 janvier #49, {20 juin 824), ne 287 (41 decom 824 5, Capital, 0°, c 6; Ler Prisionum, XT, 2. Nithard, LV, 2, empole te mot de servile (ans doute et-o expres qu’ ne dit pint sev srierindique une condition asia la servitude, platot que Ie servitude adie) eamane divalent alse, qe les Anne Puldenses (642) reudent par bert ek que les nn, Kantene (64) comprenment sows le nom gentra de 236 mane BLocH ours seigneurs de pare en fils sorvit peut-étre, sur un point, de modéle & celui des non-libres d’age postérieur. Lobligation caractéristique du servage et de la condition culvertite, en France, était le chevage', Rien qui sente moins F'esclave que cette redevance dont le montant, fixé, pour chaque famille, par la couture, échappait absolument a Varbitraire seigneurial. Dés le rx* sidcle, on Ta voit apparattre dans les textes. Elle est payée par des hommes qu'une classification soviale traditionnelle, mais déja périmée, range dans des catégories fort différentes : hommes libres, colons, servi". Il nous est aujourd'hui difficile, peut-étre impossible, de eomprendre pourquoi elle pesait alors sur certaines personnes et Spargnait les autres, en appa- rence de méme condition. Mais visibloment olle traduisait — quelle que fat Porigine promigre de celui qui y était oblig’ — une relation de dépendance étroite vis-a-vis d’un seigneur. Ce n’est pas sans raison qu'au sitole suivant un toxte lorrain qualifie de mundiales (c'est-a-dire placés sous le mundium, la puissance du seigneur) les hommes qui y sont tenus®, De méme sur les terres de Saint-Germain-des-Priés, cer- tains hommes libres sujets au mondebour du monastére (munborati) dovaient chaque année une quantité de cire déterminée', Cette rede- 4, Depuis Ia rédacton du priseat travail, e problime du chevage a été repris par 1M. J. Moosiet du Bist, Le ohef-cne ot la demlibrté dane le elles du Nord avant le dve- lppoment des inattsina wy bsines (Xe-aLLe sider), dans Revue hitrique du dri 927. Tinpowible de disewtr ic, dant Te détal, los résultats de cet important mémuire, On y trouvere plus dan rensignetent qul confirms notre conception do chevage comm ox pression de la protection seigasarisle, Mais pois j, une ols de plus, protester contze ov iberté«? Ou sont fs textes rasdivatx qui Fomploient? *. B. Gusrard, Pulpptygue d'irminon, Prog. p. 692; Plyptyue de Saint-Remi, p. XV ‘Trois formulas d'une collection séaonsis, qu est & pea prés contemporaine dx Polyprygue Irminon (Porm. Senon. oventeres, a2 et 5}, mentionnent sous le pom de cobnitium la ‘xpitation payéa parle colon de upd suum et Ia consideent comme normale pour 5 eon dition, Il est rerarquable que les textos plus ancloas (per exemple, Caviae Senon. 0° 20, ‘i, comme les formbles que je viens de iter, rapportons la rovendiation on justin par Ain Seigneur de ses droits sur un clon) ne font pus allusion a eate eedevanc. "2 A. d'Herbomer, Carnlaie de ebbeye de Gor, n 146 (17 0 984). Ces mundiles ‘élaieat sans douls pas consdénés comme bre, cr leat dit q'ux quo chacun dot es ‘Sx denies « tia si libre ait line». Rapproches de co taxle une notice publde par Van Lekeren, Charest dacumente de Pabbaye de Saint-Pierre au Mon Blandin, a: au ters de i Louis (I ov TIL: 8 décembre #77-5 200 882}, une femme Ire « trbutariam st est cons tilit ‘ut i aaaissinglis proper mundeburdem in consam solveret denaios ot»; ell 32 soumnet en mime temps A Une taxe aur To mariage el une taxe aucossorale. CF, ol-dessous, p.200. 1 olypt, XU 295 of. XH, 9, et AX, 258 (danse doraur eas, Jo munboratue verse une redovanco h argent, mals desiage a luminaire). Caviese survivance de usage de la Tedevance en cine payée on signe da «gande » et «commande » dans ua act [rane-comtots (bu 7 ai 1248 ; Perecot, De Pat el den personnes, 26, t IL, pe a 8 rs « coLLiBERT » BT vanoe en cire deviendra, elle aussi, par la suite, une des modalités du chevage servile. Son caractére originairement religieux ne fait, pointde doute ; ses produits étaient destings & entretenir les ciorges dans Péglise, généralement autour dun saint tombeau. Mais elle répondait aussi & tune nécessité d'ordre économique. Liargont était rare ; c'est pourquoi, le plus souvent, lorsqu’on achetait une marchandise, on évaluait le prix en monnaie, mais on le versait en denrées « apprévides », Le S'appliquait foreément aux charges imposées aux humbles gens. Ils étaient astreints, par exemple, & apporter chaque année « deux deniers, sous forme do ciro ». Parfois ils devaient « denx deniers ou deux jours de travail! ». Qu’il fat payable en argent ou on nature, la signification du chevage restait fonciérement la méme : elle était fort claire. Le che- vage exprimait Pautorité, la protection seigneuriales, la soumission de YP chomme do chef », Mais quelle institution plus ancienno put en don- ner Vidée? TI parait naturel de songer tout dabord & la eapitatio du Bas-Empire romain : @impot d’Etat, elle sorait devenue, par concession ou usurpa~ tion, droit seignourial. Examinons cotte possibilité. Sous le nom com- mun de capitatio — tout le monde est & pou prés d’acoord la-dessus — administration impériale réunissait deux impéts de natures différentes Pun foncier (le mot, caput désignant, en ce eas, une unité cadastrale), Pautre personnel, Le premier est: hors de cause : dans la mesure oii, apris que le fisc eut cessé do Pexiger, il continua de l'étre par le sci- gneur au profit de celui-ci, il ne put. que se fondre dans fa masse des charges réelles qui pesaient sur le manse. Reste a capitation personnelle. ‘Nous savons trés mal sur quelles classes de la population elle portait, Seuls intéressent. notre recherche : 1° les colons ; 2° les esclaves. A lour sujet deux systémes principaux s'affrontent®. Selon certains auteurs, parmi lesquels il sufira de citer Otto Seeck, les colons et les esolaves 4.4, Gare, p.f19, n° 3264, Charts bourguignonnes indie, p. 144, n° VIL: « Duos denarios in oora » EXVE!« Donarios vel ditt,» Ea 264 enor, Hist de Prane, te XUV, 99: « Uaam danariatam care.» Cf Jes exemples cis pour PAliemagne pat A. Mester, Studion sur Goychice der Wachasinighe, dae Minsesche Berge aur Ge ‘chissorschung, N. P.M, 83-8, p.16.Selon la Leadance propre du droit allemand, quia 6 ‘te développer& Vestdime tx division de i soci en eases distinct, lo eroensuals ot fini en Allemagne, par consttuer un groupe juridique & part: A. Melber, To, et, ot om leouvera la bibiographin, et le eowpte-renda de Minnigerods, Pierjabrach, ir Sos nd Wirchafrgeschche, 1916, Ba Francs, to ehevage en cire ox implement, comme le chevage rdinair, une marque de servage proavant lablgation su formariage ot & la malamorte Miser. de Prone, to, si 2. Pour la bibliographic, jo reavoiesmplement & A. Piganial, amp Rey. Histon. CLVI, 2° vase, 9 pation ss 258 Mane BLocit «< chasés », eest-a-dire pourvus de tenures, auraient payé — direote- ‘ment ou par l'intermédiaire du maitre, peu importe ici — les deux impots & la fois : tant pour leur terre, tant pour leur téte ou celle de Jour famille. On pourrait imaginer, a priori, que sous ce second aspect la capitation, se porpétuant et annoxée aux rodevances seigneuriales, edt donné le chevage. Mais cette imagination est démentio par Tes textos. Non seulement, en effet, il n'y a plus & P’époque franque de trace d’un impot d’Etat personnel sur les non-libres’, mais surtout le témoignage des polyptyques est irrécusable : ce nest pas, comme il edt da forcé- ment. arriver @aprés 'hypothase suggérée, Vensomble des tenanciers de Saint-Germain-des-Prés ou de Saint-Remi de Reims, ce n'est méme pas la généralité des paysans habitant une villa donnée, co sont, de- de-la, des personnes de toute classe qui paient le capaticum, comme signe d'une condition qui leur est propre. Si vraiment les colons et les esclaves tonanciers avaient jadis été imposés personnellement, cette forme des charges publiques ou bien disparut: dans le royaume franc ‘ou, du moins, prenant & son tour un earactére réel, ne put plus se di tinguer de autre. Que si Von adopte, au contraire, la théorie de M. Pi- ganial, d'aprés laquelle seuls les esclaves non chasés, faisant partie du matériel d'exploitation des grands domaines, eussent été, péle-méle avec le bétail, recensés par tétes, la suite des événements semble encore plus claire. Cette capitation-Ia, en effet, ee n°était. pas Pesclave, pas plus que le mouton ou le boeuf, qui en était redevable : c’était le maitre, taxé proportionnellement au nombre des t2tes serviles de sa familia, et auquel les esclaves de cette catégorie, n’ayant par définition rien & eux, no pouvaiont rien rembourser. Quand Etat renonga & la récl ‘mer, la capitatio humana aigue animalium disparut purement et sim plement. De toute facon, le systéme fiscal romain ne saurait expliquer le chovage. TI convient de porter notre enquéte d'un autre ef 4. On » quelquefos ru Pexistence dune capitation personals d'Etat st Us non tbr, ‘arépoque méravinginne, aitastée par une forme do Marealf (I, 19}, olla permasion de ‘0 fro ondonner nest accordée 4 un postulant quo « so memoratus le de eaput suum bone ingonuus ese vidotur et in poloptico publio onstus non et» Mats caput comme Pt Bien wt M. F. Thibaut, New. Rev. hitr: dx dro, 1907, p. 68, «ii sano ples, son es Nguré si fraquent aa fis dans Ie latin casslgue (par exemple, Plate, Mere, 152 «Libe- am eaput tbl faciam ») et dans ie latin méroviogien (Formal. Andeca., 69 « Ingenuita- ‘tom capitis eorum +). Lardination ost interdite sit & Peslave, aoit A Vhome averiptus conibus, inert aux eadastres de la capitation once, Ch le c. 8 du conelle de Clchy fe o 6 du conde de Reims (Conca eri mer. 196 et 203) (in des raes textes qut ‘mentionnent expressment an eapitation publique, "Rat de Plies (Cap., UH, n° 273, 34), splcie qh’elle Supplique 8 des howmes Libres. Le Cepia, 10 64,20, et moins prick Lis « counapantt » 239 ‘J'ai déja mentionné la redevanco que les affranchis cum obseguio du droit gormanique, lites ou aldions, payaient, téte pour téte, héréditai- Fement, & leurs patrons. On lappelait, chez les Francs, litimonium! ; ches les Lombards du nom, plein de sens, de mundium', Elle était si caractéristique de Pétat de ces hommes et de leur dépendanee que, selon la coutume franque, "abandon que, par un geste symbolique — to jet du denier —, en faisait le maitre on patron constituait le rite el du plein aftranchissement. Par yoie d'extension, on en vint a Timposer & tous les affranchis lids & un patron, quelle qu’edt 66 Ja forme de la manumission, C’est le idertaticum, le libertinitatis munus des formulaires. Cot impot de la libert6 était da pro patrocinin et def- Jensione atque mundeburdo’, Les rares chartes que nous avons conser- vvées, & partir du 1xe sigcle surtout, on fixent généralement le chitfro; toujours bas, il semble avoir été assez souvent. de quatre deniers, ce qui est un des taux attestés du litimoniam et le taux le plus ordinaire, dans les polyptyques du capaticum, dans les documents postérieurs du chovage servile. Mieux que le colonat, lien purement terrien, la con- dition des alfranchis cum obsequio et, plus ancionnement, des lites, était apte & fournir le type promier, considérablement développé dans la suite des temps, d'une attache héréditaire qui n’était. point lesclavage ; la charge personnelle qui manifestait primitivement Ia soumission au ‘mundium Wun patron sert déja, a Pépoque des polyplyques, d’expres- sion & toute sorte de mundium®. Lorsque, de la grande confusion sociale 1. Les textes da Polyptyque de Sain Germain-des Pris rai limon ne sont pas sans obscures M. Kroel fo. ic, p. 187-185, a er pole en conclre que, sr les tae ‘te Pabbaye, sees les fommes de condition lide, & Vexeusion des hommes, payaient ett lie, explication tourio par Guérard, Prlggoménes,p. 636, me parait Beateoup lus naturelle et je mela erls pas vbranlie pac la dissson de MI. Keoel 2 Le tt, on Tali, appliqué aux aldions ow atx slfeunchis on ginéra,désignstantal, ommie Ie timoniam, une redevanoe annuelle (est la sens que jindique i), tant uns somme, txée pur ln manumission elle-méme, dont I» versoant tne {ois tlt permelina & Yatfranci, st edesire, de se dbareasser, ole rachtant, da muendéum patrol, os actos frangais ne me paaiseat ren offre do pal hese ernie clanse, Ch ate coe deux sign ‘allo, G. Lazzato, servi nelle grand propre setsiniche nei ace TeX. ps 11S 3B, Pérand, Reset de ples curizuss servant & histoire de Bourgogne, p83, 8) 4. Windiqu, sans cherchor & ire complet, quelques excimplesraracterisiques» Cucrark, Cartalire de Saint Bertin, p. 160, n® LXXXVI (aovenibre 838); Peart, Mecuil de pies ‘rious, 59 (sd) eL5 [88; roped. Thévenia, Testes, n° 112); J. Garni, Charts four. suignonnes indies, p. 418, m9 LXXVI (nnvier 876); affranchiseement parle moine Odor {It edessts,p. 202, , 4, La rodevance dane le atcand cas est Pun denier pour le femaos ‘us pour les Hommes; danse triiome, do Joux deniers; dans le prewie, le quatrfmi et ie ‘ingoeme, de quatre deniers, 5. za mots Limonium et cvaticum sont rapprochés at, semble, rll 4 pew pris comme synonyimes pa woe formule du visite {Farm Sale. Merl 8), Un homme 260 Mane BLocH des 1x° et x° sidcles, émergérent enfin des institutions aux arétes plus vives et que la pensée juridique put élaborer & nouveau une terminolo- ie & pou prés stable et plus heureusement. adaptée aux conditions du présent, on avait pris Phabitude de considérer tout homme qui devait son seigneur un paiement « de son chef » comme appartenant & cette condition d’humble dépendancd héréditaire, & laquelle on donnait Aésormais Io nom de servitude, Au 1x® siéele, divers personnages, affranchissant leurs servi, leur font un devoir de verser un chevage & Saint-Etienne de Dijon le jour de la féto du saint. Dés le x® sidcle et au Xi sidele, Saint-Htienne regoit en don des hommes soumis, ce méme jour, & cotte méme charge; mais ces individus sont maintenant qualifiés ‘de servi ou de mancipia'. A Saint-Pierre du Mont-Blandin, le statut des ‘affranchis placés par leur ancion maitre sous le mundium duu monastére sert visiblement de modéle & celui des personnes libres — appelées tribuarii — qui so donnent elles-mémes & cette maison. La ressem- blance ne touche pas seulement lo chovage, de deux deniers de part et autre ; elle s’étend au droit sur les mariages (6 deniers), a la taxe sue- ‘eossorale (12 deniers*). Ces iributarii, en principe, demouraient libres. Is conservérent, en offot, longtemps ce bean titre. La aussi pourtant, la nouvelle classification finit par triompher ; on suit trés nettement l’ap- plication progressive qui, dans le courant du x1® sidcle, se fait & cette condition du vocabulaire do la servitude’. Certainement, les heéritiors afieme, devant ta malas, quest «Done ingeouus sive Salious ». On Tui demande si, & eal {vil reclame comme sera, i'n jamal rnd les servis deslaee 0 payee liimonium, iTripond «quod aee svi noe litmoniam nee mallu cxvatioum aoe ullum obseqalun ef sdebat 4, Pour le promier eat, lrard, Recueil, p. $7 ot 68. Pour J second, J. Garnier, Chaves ourguignonnes indie, . 16, vel 928); p. 188, n° X (953); p- 169, ne XVI (aon), 2, Compsrer notamment pour ne prendre que es acta es plus anions) dans Ven Lokoron, Charest documertr., ano part es n9 25,66, 72, 19, 81, da Tautre les a? 4, 68, 77,80 {2 86 (rol wesc). Cl. Vandetkindor, Los ibutars ow sere Elise, dane Aeadinie te Belgique, Palen del clase des tres, 997, On Observer qn das pls aclens examples ‘de taae nucemorale coon dans Ie royautne franc concerne des aranchis (Lacomble, Nie erheinischon Urtundenbuch,t 1,0 7313 203882 et. n°84 997) ; a mention au n du ‘ecu! de Van Lokeren,touchaat dae femme libre qui wet donnde au monastire, est. & pad bts de mbime date (raga du rok Louis — IT ot HII — # décembre 877-9 a0Bt 683). CE. Yon Bolow, article Strtfal, dant Hoops, Realeikon der gemanicchen Altertumatunde, TV. ‘Woblgation pour ls aranchisdebtanir avant do marae Io consontement du patron — ‘on qt Squivatat sane doute, dans a plupart dos cas, obligation Wacheter cette autorisa- tion — est mentionnée dis S55 dane I ostament. de saint Cybard: ct. La Martiniee, dans Ball So, archi dela Charente, 1306-1907, . 23. "La forme rsorvant Ia bor x retrouve anenee dans des actes de donation de sol sndme do 969 (a0 27} do 1030 (a 128); mala les expressions anita, ancilatm, sri, Les « coLuERT » 264 des nombreux affranchis que nous voyons, dans Jes manumissions de Vage carolingien, assujettis, de génération en génération, au versement annuel de quelques deniers, se trouverent, du fait: méme de obligation ainsi contractée, ranges dans la classe servile. Mais comment ces descendants d’affranchis, retombés dans Ia nou- velle servitude, n’auraient-ils pas gardé parfois quelques souvenirs de Jour origine propre? Au x1® siéele, nous le savons, on rencontre dans Ja France duu Nord et du Centre, en Sardaigne, peut-étre aussi dans MMtalie continentate, dans Espagne du Nord, eortaines familles aux- quelles s’attache héréditairement le nom de coldiberti,en Espagne quel- quefois celui de liberti tout court. Elles ne sont. point tenues pour de condition libre. Rien, dans la vie pratique, ne distingue leurs membres des serfs qui les entourent. Pourtant on a, autour dlles, le sentiment qu’elles ne sont point placées au méme niveau que les familles propre- mont servilos; elles appartionnent, eroit-on, & une lasse supéricure. Cotte notion va s'effagant, parce qu'elle est sans support concret ; bientot elle s'évanouira tout a fait; la fusion sera accomplie. Elle sub- siste pourtant encore & époque qui nous oceupe, tenace et inoxpli- cable comme uno pure réminiseence. Flle n’était plus, en effet, que cela, Tous ces culverts (pour employer le terme frangais) n’étaient autre chose, selon toute probabilité, que la postérité des liberti du haut Moyen Age. Presque confondus déja dans la « servaille», ils #’en distin- guaiont encore par le nom et par le rang. Survivance, surtout verbale, Wages antériours, le culvertage demeurait, au x1® sigcle, comme un témoin, indiquant un des courants qui avaient alimenté la grande classe servile’ IL est certain que, méme dans les régions de culvortage, toutes les familles qui descendaient de liberti cum obsequio ne conservérent point le privilége d'une sorte do supériorité sociale, Nous ignorerons toujours, Jes raisons qui favorisérent les prétentions des unes, ruinérent celles des sw soncontrent do plus on plus tréquemment & parlir do 1084 {aM 108, 155,157, 198, 464, 172,196 19,221,294, 265, ete). Le no 249 (1455, ol! une femme se doane «pe i liberate optineads spas, qua qu'en ait ponsé Van Lokerom (p29, 1), bent de compte’ sagt de albert stern, du slut (te 84 1. Certains ooaments des ay" et anita, srt dans La nigon dela tion dhommes appeliscommendatia, qui smbleat dans une colton volsne du soreage, mais pealdire vingve comme supéricure, puisqu’on vot au temps de Fabbé de Virzon ‘Hlumbauld (1082 envion-{095 environ) une dame, autorisant le mariage d'une seano com manda avee un calvert des moines, preserve que Te partage des enfants aur li & pars ‘gals (Bib. nat, lat 9865, fo 39 we), Sones des desoendants des recormmands » dont Pat the serait devenue héédisie? Sak eommenct a rsembler des exter ce soe, ‘eaireneare 4 aucune solution welt. 62 mane nuoct autres. Mais beaucoup de pays, en Franco ou hors de France, qui avaiont connu Paifranchissement cum obseguia, ne connurent point de culverts, D’ot vient cela? Rien de plus difficile a expliquer que ces divergences. Nous connaissons si mal lévolution des différentes soviétés provinciales, entre P’époque franque et le xn siécle! On peut, néan- moins, tenter quelques réponses, en ne se dissimulant point qu’elles ne sauraient avoir que Ja valeur d’hypothéses, toujours susceptibles tro Sbranléos par la moindre déeouverte documentaire, et dont le seul intérét sera, j'espére, de provoquer Ia discussion et Ia recherche. En France, les descendants daffranchis paraissent avoir néussi & se constituer en classe distincte surtout dans les contrées régies par le droit frame ou soumises a son influence ; la, en effet, cette classe, placée entre la servitude et la pleine liberté, était anciennement reconnue par Ja coutume ; o’était celle des lites, sur la condition desquels on tendait {4 modeler le statu des aflranchis en général. Si le culvertage est absent 1u sud du Limousin et de la région rhodanienne, c'est peut-8tre juo ni les Goths ni les Burgondes n’avaient jamais admis, dans leur higrarchie sociale, eotte catégorio intormeédiaire. Les eulberts arago- nais ou navarrais représentent sans doute une importation francaise, Restent, en pays originairement gothique, les liberti léonais. Les his- toriens espagnols nous diront ee qu'il faut en penser. Quant a Italie péninsulaire ot a PAllemagne du Nord et du Centre (avec laquelle il faut ranger la Flandre, de langue germanique), elles nous fournissent une expérience vraiment craciale. Lit — sauf peut-étre dans certaines régions de I'Italie oit il nest pas impossible que des cul- verti aient existé (nous avons da, on s'en souvient, renoncer & conclure sur ce point) — ce ne fut pas le terme roman désignant les affranchis qui, comme en France, survécut ; ce fut le terme germanique. On trouve des aldions, en Italie, & Pétat sporadique jusqu’en plein xn siécle'. Le cas de Allemagne est plus net et plus instructif encore. En pays franc, saxon et frison, les Iaten, lazzen, étaient. extrémement nombreux & Pépoque barbare. Leur nom se maintint pendant tout le Moyen Age et au dela®, Il continua quelque temps & désigner une classe distinct Pais, en beaucoup de lieux du moins, son sens s’élargit. On prit hal 41, P. Vacsarl, Leffrannsione dei src dalle gla, p. 326199, n. 45 F. Sehupter, I rit risa, 1.1, 3" &a, p. 79; Fedor Schuclder, Die Hecheeraltang in Toscana (Bilisthek dev gh Prowse, Histor nstiats in Rom, XI), pe 202, 2 2, Paroont, lee barrhathonbavaroi,paods dans une sltuation anslogue & cll ds laten, mals bien maine nombreux, oat dispar, comme les colversfrangais — on sce enviton pls tard que coe darsiens ch. A, Jada, Die Barchaten, p10. ENTI » 263 tude dappeler ainsi toutes les personnes qui n’étaiont point de eondi- tion libre, quelle que fat leur origine!, Crest, avec une survie plus longue, Phistoire méme de culvert, qui n’était, & tout prendre, que Péquivalent roman de lazze, ‘Tant il est vrai que, dans toute l'Europe occidentale et centrale, Paige vassalique —du rx® au x1® sidcle — eréa, & Paide d’éléments anciens, des institutions sociales originales, aux- quolles s‘appliquérent, avec beaucoup Whésitations et d'incortitude, de viewx mots. Mare Buoen. 1. Sue es late, lesen allemand, on pout conse, entre autres: Waits, Deutste Perfor: sungegachcke, V2" hy 203 HLA. Litas, Die baerichen Laten im Pareenthume diesen, p. 943 W, Wilh, Die Grunderrckat im Nordvertieutetland, p28. — Sur les looen finan: Warakalig, Plondvscke Reck-and Stategeehiche, tH, 1, p. 66 Wouters, Minoire dee environ de Bruzalles, (II, p. 615; Des Maret, Bnulo eur fa proprite Joncir dana vile da Moyen Age, p.190.— Pout les Pays-as septentrionaux S.J. Foe eu Andoeus, Birogen tot de nederland Rechegechidenis, (11, p26 et sue jp 2 fn. text do 1495, ob laten ont synomyame de horige en eigen len) Ta, Tge, dats ba Wosulewsche Zeisolrf, | XXXM (194), p. 2, 0. 26 (dsnition, dans une coatune de 4379, dos fsicomme gui pleno jar tpropritte sorporiedeben!).— La umm dictaminem da [M®Liudot(Qualon wnt Rrdrterngen2arbayeritchen und deutsch Geschichte, 1X) digo ‘vers 1250 3 Hildesheim, donne, p. 398, deux manunissions de ttner, q’on pout rapprocher {es allroncissomente do culverts des fermlairs fragais du sels prose. H. Aubin, Die Entstehung der Landeshatet nach niederrheinisichen Quelle (fistr. Stadion, be 483), 1.22, n. 296, observe que, ala fin du Moyen Age, dane ks pays asrenans, ke clan sa Wile, partoat oie, porte selon les isu, des noma difeonts; au Nord, cast eau) de Zaten ui st inconnu, par contre, autour de Cologne,

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