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La France n'est pas épargnée par le « burn-out » Quand ils arrivent dans le cabinet du médecin, ces patients disent prati- quement toujours la méme chose «Docteur, je suis vide. Je n’en peux plus...» Sans force et'sans toujours trop savoir ce qui leur arrive. «Chez les personnes atteintes de burn-out, c'est quelque chose de trés frappant. ce sentiment d'étre_vidé, comme », constate le docteur Frangeis-Baumann, généra- liste a Paris. Diorigine anglo-saxonne, ce terme de bum-out s'est peu @ peu imposd en France. Une sorte d'«épuise- ment professionnel» décrit pour la premiére fois dans les années 1970 ar un psychiatre américain, Herbert Freudenberger. «i! avait comparé ce syndrome & un immeuble incendié, dont il ne restait plus que la fagade mais entiérement brilé de lintérieur », explique le docteur Baumann. Un bum-out n'est pas une simple dépres- sion. En général, son diagnostic est établi a partir dé trois grandes carac- teristiques. «Le igne est un eps pesca a au-deld dune fatigue. Le deu- 4 quielles doivent accomplir», deétaille Philippe Douillet, chargé de mission a 'Agence nationale pour 'amélioration des conditions de travail Dans un réflexe d'auto-défense, la victime d'un burn-out va souvent developer un certain désengagement, parfois teinté de cynisme, « Comme il 11'a plus les moyens de répondre aux exigences de son travail, individu va développer un certain nombre didées negatives. Un professeur, par exemple, va décréter que tous Ses étudiants sont des imbéciles, co qui, d'un seul coup, va rendre toutes leurs demandes ilégitimes. Et lui per- mettre de trouver un prétexte pour ne plus avoir a y répondre», explique Didier Truchot, professeur de psycho- logie sociale du travail et de la santé € luniversité de Franche-Comté, a Besancon, [..] «En régle générale, le premier util thérapeutique est l'arrét de tra- vail. C’est important que la personne accepte J'idée quelle doit s'arré- ter pour une durée plus ou moins longue. Ensuite, on peut étre amené simple fatigue. prescrire des antidépre: pour xiéme. est le développement d'une the paTOde IMIS- CSE pout alder certaine_dépersonnalisation face au les patients, en particulier ceux pour travail. Enfin, on retrouve chez les Personnes concemées un trés fort) sentiment_de_non-aseomplissement £1 de perte de sens par rapport a 08 lesquels ne plus aller travailler tous les jours peut se révéler trés anxio- gene’», explique le docteur Bau- mann, qui accompagne souvent cette a brise en charge d'une psychothéra, pie. Comme ses contréres, i soulgng Quit faut aussi et surtout engager avec la personne une réflexion guy Son travail et sur les changements 4 ‘mettre on couvre pour qu'elle puisse y retourner sans se remettre en dan. ger. Cette tache n'est évidemment as simple et dépasse bien souvent les capacités d'action des soignants, Tous le disent, en particulier tes médecins du travail: soignerle bum-out, C'est aussi s'interroger sur les muta- tions? d'un monde du travail of la re- cherche des gains de productivité fat Peser une pression parfois poussée jusqu’a l'absurde, «Le plus terrible, C'est ce sentiment de perte de sens face au travail», constate Odile Cha- Puls, membre du Collectif des méde- cins du travail de Bourg-en-Bresse. «Dans beaucoup de maisons retraite, par exemple, la situa est catastrophique, assure-t-elle de_rentabilité ntes._On ‘chronomeétre les soignants, on leur dit : "Une douche, ce n’est plus six Yninutes mais quatre minutes.” Comment voulez-vous que ceux qui ont choisi ce métier parce quils aimaient les personnes agées ne deviennent pas dingues... » Pierre Bienvault, La Croix, 1/12/2011.

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