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LA MARCHE A LA GUERRE (1936-1939)


Après la Première Guerre Mondiale, l’Europe a été profondément remodelée. Un certain équilibre
semblait avoir été trouvé, conforté par la prospérité économique. Le régime démocratique triomphait partout sauf
en U.R.S.S. et en Italie.
La crise de 1929 rompt cet équilibre. Mis à part l’U.R.S.S., la plupart des pays sont durement frappés.
Bien des démocraties sont incapables de résoudre la crise et de maîtriser les conséquences sociales qui en
résultent. Pour répondre à la crise, les régimes fascistes trouvent une solution à leur propre crise par une
agressivité qui met la paix en danger.
Les événements de 1936 en Europe traduisent toutes ces tensions.

I- L’année 1936 en Europe.


1- Le renforcement des régimes fascistes.
- Ils étendent leurs conquêtes.
* Hitler indisposé par le traité franco-soviétique de 1935 réoccupe militairement la Rhénanie (7 mars
1936) en violation des accords de Locarno. Il décide la construction de la ligne Siegfried. L’année précédente, la
Sarre est rattachée au Reich grâce à un plébiscite qui donne 90% des voix aux partisans du retour à l’Allemagne.
* Mussolini achève la conquête de l’Ethiopie dont Victor-Emmanuel III est proclamé Empereur (mai
1936, général Badoglio). Cette politique de conquêtes coloniales répond aux difficultés économiques. Mussolini
a engagé l’Italie sur la voie de l’autarcie.

- La propagation des fascismes.


* De nombreux pays adoptent des formes de gouvernement de type autoritaire. En 1936, la Grèce avec
le général Métaxas s’inspire du fascisme italien, de même la Bulgarie avec le roi Boris. En Pologne, après la
dictature de Pilsudski (1926-1935), les colonels imposent un régime dur.
* Des partis fascistes se crèent dans les démocraties : les Phalanges en Espagne, l’Union Britannique
des Fascistes d’Oswald Mosley en Grande-Bretagne, les Rexistes de Léon Degrelle en Belgique, Les Croix de
feu du colonel de la Rocque ou le Parti Populaire Français de Jacques Doriot en France etc.

- Ils nouent des alliances.


* Hitler signe en 1936 des traités d’amitié avec l’Autriche (juillet), avec la Roumanie du roi Carol
(août), l’Italie avec la signature de l’Axe Rome-Berlin (novembre), le Japon par le pacte anti-komintern
(novembre).
* La politique française d’entente avec l’Europe centrale(politique de Louis Barthou et de Pierre Laval)
est ruinée. Rien ne s’oppose au réseau d’alliances formé par les dictatures.

2- Les difficultés des démocraties.


- La crise dynastique en Grande-Bretagne.
* Le Royaume-Uni surmonte la crise économique par un repli protectionniste sur le Commonwealth
(politique du conservateur Baldwin).
* Le roi Georges V meurt en janvier 1936. Son fils Edouard VIII abdique en décembre et épouse une
américaine divorcée Mrs Simpson. Son frère cadet lui succède sous le nom de Georges VI.

- La guerre civile espagnole.


* Depuis le début des années 1930, la situation politique en Espagne est confuse. En 1930, le roi
Alphonse XIII se débarrasse du dictateur Primo de Rivera, au pouvoir depuis 1923. Il espère que le soutien des
forces traditionnelles (armée, église, grands propriétaires) permettront à la monarchie de se maintenir. Or les
élections de 1931, sont un succès pour les adversaires de la monarchie. La République est proclamée. En février
1936, les forces de gauche se regroupent (Frente Popular) et gagnent les élections.
* La guerre civile éclate en juillet 1936. L’occupation des terres et des usines, et l’assassinat du chef
monarchiste Calvo Sotelo conduisent à un pronunciamiento militaire dirigé depuis le Maroc par les généraux
Sanjurjo et Franco. Républicains (soutenus par les ouvriers, la petite bourgeoisie et une partie de la
paysannerie) et nationalistes (appuyés sur l’armée et sue la Phalange) se livrent à une terrible guerre civile.
Franco s’empare de Madrid le 28 mars 1939 et se proclame « caudillo ».
* L’Espagne focalise toutes les tensions européennes. Les puissances fascistes (Italie et Allemagne) ne
ménagent pas leurs efforts (armes lourdes, avions, soldats de la Légion Condor). A l’image de Guernica (avril

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1937), l’Espagne sert de banc d’essai pour les troupes et le matériel des dictatures. La France choisit la non-
intervention. L’U.R.S.S. envoie du matériel, des techniciens et des conseillers militaires. Si le Komintern recrute
les Brigades internationales (40 000 volontaires), toute l’énergie de Staline se concentre sur l’élimination des
trotskystes et des anarchistes dont beaucoup sont exécutés par les agents du N.K.V.D.
* La guerre civile espagnole a eu un immense retentissement dans les opinions publiques et a suscité de
nombreuses réactions chez les intellectuels, les artistes (Dali, Miro, Picasso) et les écrivains (Mauriac, Malraux,
Hemingway).

- L’échec du Front populaire en France.


* Après les événements du mois de février 1934, la situation politique en France est tendue. Face à la
menace fasciste, les partis de gauche se rapprochent sous l’influence de trois facteurs : un réflexe de défense
républicaine, les directives du Komintern recommandant la constitution de « fronts unis contre le fascisme », le
reflux de l’anticléricalisme qui apporte de nouveaux soutiens à la gauche.
* Aux élections d’avril-mai 1936 ( thèmes de la campagne « le pain, la paix, la liberté »), le Front
Populaire distance de 160 sièges ses adversaires de droite.
* Dès la fin de 1936, le Front Populaire s’essouffle. L’économie supporte mal le choc des mesures
sociales (les accords Matignon du 7 juin 1936). La fuite des capitaux, dévaluation du franc, hausse des prix
fragilise l’économie française. Les attaques de la presse de droite contre le ministre de l’intérieur, Roger
Salengro conduisent celui-ci au suicide. Les ligues dissoutes par la loi du 18 juin 1936 se reconstituent en partis
politiques (le Parti Social Français remplace les Croix de Feu). L’agitation nationaliste s’exaspère en Indochine,
en Tunisie, au Maroc et en Algérie. La guerre d’Espagne divise les communistes et les radicaux. Léon Blum
démissionne en juin 1937.

- Le cas particulier de l’U.R.S.S. (voir cours précédent)

La passivité des démocraties. Face aux agressions des puissances fascistes, les démocraties se
contentent de protestations verbales. Le pacifisme est répandu dans l’opinion publique (traumatisme de la
Première Guerre Mondiale) y compris dans les milieux dirigeants. La France compte sur la ligne Maginot, le
Royaume-Uni sur son insularité, les U.S.A. sur leur neutralité (isolationnisme).
La méfiance à l’égard de l’U.R.S.S. La politique de Laval de rapprochement ne débouche sur rien de
concret. Les procès de Moscou entretiennent les sentiments antibolcheviques de certains hommes politiques
français (« Mieux vaut Hitler que Staline »).
1936 constitue un tournant dans l’évolution de l’Europe. Le « laisser faire » marque la défaite des
démocraties. A vouloir préserver la paix à tout prix, elles favorisent les ambitions fascistes et la guerre qu’elles
redoutent tant.

II- Le temps des périls (1938-1939).


De mars 1938 à mars 1939, Hitler met à profit la faiblesse des démocraties pour annexer l’Autriche et
dépecer la tchécoslovaquie. La revendication par Hitler du territoire de Dantzig se heurte à la résistance des
démocraties et déclenche une crise d’où sortira le deuxième conflit mondial.
Les agressions d’Hitler obéissent à un scénario immuable comportant trois étapes :
- déstabilisation interne du territoire convoité par une intense agitation des groupes pangermanistes ou pro-
nazis,
- intimidation des dirigeants soumis à des exigences croissantes présentées sous forme d’ultimatums,
- annexion rapide par pénétration des troupes allemandes en vue de la formation de l’espace vital.

1- Vienne et la crise autrichienne (Anschluss, mars 1938).


Les nazis autrichiens dirigés par Seyss-Inquart entretiennent une intense agitation que le chancelier
Schusnigg tente d’endiguer.
En février 1938, Hitler ordonne au chancelier de nommer Seyss-Inquart ministre de l’Intérieur.
Schusnigg annonce un référendum sur l’indépendance de son pays pour le 11 mars. Sous la pression des nazis
(Hitler envoie un ultimatum exigeant l’annulation du référendum et la démission du chancelier), il démissionne.
Le 12 mars, l’Autriche est occupée et l’Anschluss ratifiée à 96% par les populations allemande et
autrichienne. Les démocraties se contentent de protester.

2- Prague et la crise tchèque (septembre 1938-mars 1939).

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Des autonomistes, les Sudètes, dirigés par Konrad Henlein orchestrent des manifestations de masse.
Le 12 septembre 1938, Hitler revendique le territoire des Sudètes, riche région industrielle peuplée de 3
millions de germanophones, avant le 1er octobre, provoquant la mobilisation en Tchécoslovaquie et le rappel des
réservistes en France, en Italie, en Allemagne et en U.R.S.S. La guerre paraît imminente. Le 15 septembre, à
Berchtesgaden, Neville Chamberlain rencontre Hitler et accepte le retour au reich des seules contrées où la
proportion d’Allemands dépasse 50%. Le 22 septembre, Hitler revendique la totalité du territoire des Sudètes.
Pour sauver la paix, Chamberlain et Mussolini proposent une conférence internationale à Munich (29
et 30 septembre 1938). Hitler obtient tous les territoires revendiqués. Les démocraties obtiennent un répit
(« illusion de la paix »). L’U.R.S.S. n’étant pas invitée, entame des négociations secrètes avec Berlin.
La Tchécoslovaquie est un enjeu important pour Hitler. Il vise à abattre un allié privilégié de la France,
doté d’une économie moderne et d’une force militaire non négligeable. Progressivement, la Pologne et la
Hongrie occupent la région de Teschen, et le sud de la Slovaquie. Le 15 mars 1939, les troupes allemandes
entrent dans Prague transformant la Bohème-Moravie en protectorat du Reich. C’est la 1ère fois qu’Hitler annexe
un territoire non allemand.
En avril, Mussolini envahit l’Albanie.

3- Dantzig et la crise polonaise (avril-septembre 1939).


La ville libre de Dantzig peuplée d’Allemands est aux mains de nazis sous la direction de Forster.
En mars 1939, Hitler réclame à la Pologne la cession de Dantzig. Le colonel Beck, au nom de la
Pologne refuse. Les démocraties renouvellent leur garantie à Varsovie tandis que les opinions publiques croient
de plus en plus à une guerre inévitable. Avant d’attaque la Pologne, Hitler resserre ses liens avec l’Italie (Pacte
d’acier du 28 mai 1939). La seule issue possible pour les démocraties serait une alliance avec l’U.R.S.S., mais
une large fraction des opinions publiques lui est hostile. Encouragé par Molotov, Staline qui soupçonne les
Occidentaux de jouer un double jeu et de vouloir détourner les ambitions hitleriennes vers l’Est de l’Europe,
signe le 23 août 1939, le pacte de non agression avec l’Allemagne, valable 10 ans. Un protocole secret prévoit
la reconnaissance des droits de l’U.R.S.S. sur la Finlande, les Pays Baltes, la Bessarabie roumaine et le partage
de la Pologne.
Le 1 septembre 1939, les troupes allemandes envahissent la Pologne. Le 3 septembre, le Royaume-Uni
et la France déclarent la guerre à l’Allemagne.

Conclusion
Devant les agissements des dictatures, les démocraties ont montré leur faiblesse. Mal préparées
militairement, avec des opinions publiques divisées, elles se résignent à une guerre qu’elles n’ont pas vu venir ou
qu’elles n’espéraient pas.

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