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INTRODUCTION : LA RÉSILIENCE PEUT-ELLE PASSER DE LA THÉORIE

AUX PRATIQUES ?

Benoît Lallau, Perrine Laissus-Benoist, Emmanuel Mbetid-Bessane

Éditions de la Sorbonne | « Revue internationale des études du développement »

2018/3 N° 235 | pages 9 à 25


ISSN 2554-3415
ISBN 9791035100827
DOI 10.3917/ried.235.0009
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-internationale-des-etudes-du-
developpement-2018-3-page-9.htm
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Introduction : la résilience peut-elle
passer de la théorie aux pratiques ?

Benoît Lallau
Perrine Laissus-Benoist
Emmanuel Mbétid-Bessane

1. De l’engouement au doute critique


La résilience est, depuis près d’une dizaine d’années maintenant, l’objet
d’un engouement au sein du monde de l’aide. Définie comme la capacité des
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communautés et des systèmes à faire face aux chocs, mais aussi à s’y préparer,
voire à les éviter et s’y adapter sur le long terme, elle possède une ambition
forte, plus encore que la lutte contre la pauvreté et contre la vulnérabilité.
En parallèle, elle est présentée comme une rupture paradigmatique dans
le champ du développement (Chandler, 2012). Elle serait un moyen pour
mieux lier les temporalités de l’urgence et du développement, pour mieux
coordonner l’appui, pour mieux tenir compte des représentations et des
pratiques locales (Olwig, 2012). Elle permettrait donc, in fine, d’accroître le ratio
coûts-bénéfices et la durabilité des effets d’une intervention (Venton et al.,
2012). Parée de toutes ces vertus, elle est sortie de la sphère académique sous
l’impulsion de l’USAID (United States Agency for International Development)
et du DFID (Department for International Development), puis de l’Union
européenne qui en a fait un élément majeur de sa doctrine d’intervention
en 2012. Toutes les institutions internationales et, en conséquence, de
nombreuses organisations non gouvernementales (ONG), de même que des
gouvernements nationaux, proposent désormais leur approche de la résilience.

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Benoît Lallau – Perrine Laissus-Benoist – Emmanuel Mbétid-Bessane

Pour autant, et dès son apparition, cette notion a fait l’objet de nombreuses
revues critiques tendant à la rejeter d’un point de vue théorique. Elle serait : un
postulat néolibéral, pour lequel un individu est toujours capable de faire face et
de se réaliser, quelles que soient les difficultés rencontrées ; conservatrice dans
sa matérialisation, dans la mesure où elle viserait plus à un retour à l’équilibre
et au statu quo ante, donc contradictoire avec son ambition de renforcement
des capacités et de transformation des conditions d’existence et des modes
de vie ; un alibi pour le désengagement de l’aide, car si les populations sont
capables de mobiliser leurs propres ressources pour faire face aux risques
et aux chocs, cela peut justifier une forme de repli et de mise à distance,
en toute bonne conscience ; une nouvelle injonction paradoxale, venue de
l’extérieur, car en même temps que l’on cherche à se désengager, on exige
des populations aidées qu’elles fassent preuve de marques de résilience, par
exemple en termes de cohésion sociale, d’auto-organisation et d’adaptabilité
pour mériter un appui extérieur ; enfin, un nouvel avatar technocratique
du monde de l’aide, car si de nombreux « experts » de la résilience au sein
des organisations internationales et des appareils de coopération s’en sont
emparés, cette notion est très peu appropriée par les autorités locales, les
services nationaux, les fédérations paysannes, etc.
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2. La résilience, faire du neuf avec du vieux ?
Sans méconnaître la force et la pertinence de ces critiques, le point
de départ de ce dossier se veut autre. Nous nous fondons sur un constat
simple : que l’on s’en inquiète ou s’en félicite, la résilience est, dans les
années 2010, incontournable dans les discours et dans les programmes. Sa
mobilisation, ne serait-ce que comme rhétorique, constitue un passage obligé
Revue internationale des études du développement

pour obtenir des financements auprès de nombreux bailleurs nationaux


et multilatéraux. C’est donc désormais l’usage qui en est fait qui doit être
interrogé, et ce, à deux niveaux : comment l’évaluer, concrètement ? Et quel
changement implique-t-elle dans les programmes et dans les politiques qui
s’en réclament ? La première question part de l’idée que, si les populations
des Suds n’ont certes pas attendu la mode de la résilience pour affronter les
risques et les chocs, cette notion peut quand même, peut-être, améliorer
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notre compréhension de ces pratiques locales. C’est l’enjeu de l’évaluation qui


est ici posée, un enjeu auquel tentent de répondre, chacun à leur manière,

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Introduction : la résilience peut-elle passer de la théorie aux pratiques ?

les cinq articles de ce dossier. Les propositions de ces articles font écho aux


travaux menés, avec d’autres chercheurs, par les trois coordinateurs de ce
dossier, dans le cadre d’un observatoire de la résilience en cours de déploiement
dans les campagnes centrafricaines (Lallau et Archambaud, 2018).

2.1. Qu’est-ce que la résilience ?

La première nécessité est évidemment de définir précisément la résilience


pour ne pas s’en emparer uniquement comme une métaphore poétique et
mobilisatrice. Le mot-clé est ici la « capacité » : une capacité à faire face à
des perturbations et qui, selon les cadres théoriques mobilisés, va se décliner
de manières très différentes. En analysant la capacité d’un système socio-
écologique (les pêcheries du Delta Central du Niger) à s’ajuster de manière
permanente, Jacques Quensière, Samba Bocary Tounkara et Alioune Kane
sont les plus proches des origines écologiques de la notion (Holling, 1973).
Isabelle Droy et Patrick Rasolofo n’en sont pas non plus très éloignés, en
étudiant le maintien ou la réorganisation du système que constitue une
filière laitière à Madagascar. Il y a un aspect essentiel : la résilience ne peut
pas être considérée que comme retour à un statu quo ante, mais bien comme
transformation et adaptation. Lise Archambaud et Claire Gondard-Delcroix
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proposent une définition en phase avec l’approche des capabilités qu’elles
mobilisent, donc davantage en lien avec l’autre origine de l’usage de la
notion par les sciences sociales : l’apport de la psychologie. Dans la lignée
des propositions d’Amartya Sen, la résilience est alors une forme d’agencéité,
à la fois une conscience des risques encourus et une capacité à agir pour y
faire face. Enfin, avec la contribution d’Abdoulaye Tapsoba, Françoise Gérard
et William’s Daré, et celle de Laetitia Stroesser, Éric Penot, Isabelle Michel,
Uraiwan Tongkaemkaew et Bénédicte Chambon, la résilience est intégrée
dans des cadres usuels de l’analyse économique des ménages et de leur
gestion des risques : dans la première, elle devient une capacité à maintenir
un niveau acceptable de consommation et de revenu après un choc ; dans la
seconde, elle est la capacité à maintenir le revenu en dépit d’une volatilité
de prix agricoles et assimilée à une robustesse, vieille notion de l’économie
des risques. On voit donc d’entrée la grande malléabilité de la notion, qui
s’insère sans difficulté dans les cadres théoriques existants et dans les cadres
évaluatifs mobilisés par le monde de l’aide (Household Economy Analysis,
Sustainable Livelihoods, etc.). C’est à la fois sa force, qui explique pour partie

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l’engouement qu’elle suscite, mais aussi l’une de ses principales faiblesses.


Il n’est dans ce cas pas de théorie de la résilience possible, elle ne peut
devenir un concept et demeure une simple notion aisément mobilisable.

2.2. Résilient face à quoi ?

La deuxième question à laquelle renvoient ces cinq contributions est


celle du type de perturbation étudiée. Il est deux points en débat ici. Le
premier est de savoir si l’on considère ce que nous appelons l’adversité
comme un ensemble de risques et chocs de différentes natures en interaction
complexe, ou si l’on se concentre sur un risque ou choc particulier, en
tentant d’en mettre en évidence l’impact spécifique sur le système étudié.
Le second est de choisir de se concentrer sur les risques dits « naturels », ce
qui est une tendance répandue dans le monde de l’aide, ou au contraire de
ne pas se limiter à ce type de risques. Concernant le premier point en débat,
seul l’article de Stroesser et al. se focalise sur une unique perturbation, à
savoir les fluctuations des prix d’une production exportable : le caoutchouc.
Certes Archambaud et Gondard-Delcroix se concentrent sur l’impact des
conflits sur les organisations locales, mais en insistant sur la diversité des
manifestations de ces conflits : pillage, insécurité persistante, déstabilisation
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des échanges, etc. Concernant le second point, aucune des contributions
ne se focalise sur les seuls risques naturels, elles mettent davantage en avant
tantôt la diversité des risques encourus, tantôt l’importance des choix de
politiques publiques, qui constituent soit le choc lui-même, soit un facteur
aggravant d’autres chocs. Deux enseignements peuvent être tirés. En premier
lieu, pour donner une réelle portée analytique à la résilience, il convient de
privilégier une approche systémique des perturbations, d’assumer la difficulté
de mettre en évidence des mécanismes clairs de type perturbation-réponse
Revue internationale des études du développement

et de tenter de comprendre les dynamiques des risques et chocs qui se


suivent et se juxtaposent. Sans ce parti pris de complexité, il est permis de
nouveau de s’interroger sur l’intérêt de la notion pour les sciences sociales
du développement. En second lieu, les contributions de ce dossier nous
montrent à quel point il est vain de vouloir étudier la résilience aux seuls
risques naturels, permettant de minimiser la responsabilité, directe ou
indirecte, des politiques publiques, des modèles de développement promus
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par les États et les bailleurs. La résilience, c’est alors aussi, surtout, la capacité
d’affronter des politiques adverses (Lallau, 2016).

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Introduction : la résilience peut-elle passer de la théorie aux pratiques ?

2.3. Les échelles de la résilience

La troisième question que permettent d’aborder les contributions de


ce dossier est celle des échelles auxquelles évaluer la résilience. Autrement
dit qui doit être résilient ? Les définitions institutionnelles tablent sur une
évaluation à plusieurs échelles, depuis la personne jusqu’à un pays, en
passant par le ménage, la communauté, la région. Dans ce dossier, c’est
la commode et usuelle échelle des ménages qui est privilégiée dans trois
des contributions (Tapsoba et  al., Droy et Rasolofo, Stroesser et  al.). Elle
est certes déjà plus complexe, plus complète que l’approche de la seule
exploitation agricole, permettant en particulier d’intégrer la diversité des
risques encourus, mais, dans une approche systémique résilience, par nature
pluri-échelle, elle peut être jugée insuffisante. L’enjeu principal est ici la
prise en compte des interactions entre diverses échelles faisant sens dans le
contexte d’étude, ce que tentent de faire Droy et Rasolofo, en articulant les
échelles du ménage et de la filière lait à Madagascar, et en montrant qu’il faut
distinguer une filière qui semble se réorganiser et le destin des producteurs
laitiers. Dissocier la résilience du tout de la résilience des parties, une vieille
question des sciences sociales… Quensière et al. croisent, quant à eux, les
dynamiques du système des pêcheries et les pratiques des pêcheurs, même
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si ces dernières ne sont que survolées. Archambaud et Gondard-Delcroix
abordent, elles, une échelle originale dans les approches résilience, celle de
l’organisation locale, définie comme structure formelle autogérée. Ce parti
pris a le gros avantage de ne pas tomber dans les travers des approches, très
courantes dans le monde de l’aide, de la « communauté résiliente », tendant
à postuler des capacités de régulation et d’action collective que beaucoup
de ces « communautés » n’ont pas ou plus, dans des contextes perturbés.
Enfin, Stroesser et al. tentent d’articuler l’analyse des ménages à celle de
leurs systèmes de culture, agroforestiers ou non. On voit ainsi la tension
permanente dans cette question des échelles de la résilience. S’il semble
important d’adopter une approche multi-échelles et de mettre en évidence
les interactions entre différents sous-systèmes imbriqués, il convient, par
pragmatisme et souci d’opérationnalité, de limiter le nombre de ces échelles.
Dans le cas de l’observatoire des résiliences en République centrafricaine
(RCA), nous avons ainsi opté pour une approche à deux échelles faisant
sens localement, celle du ménage (que comprennent bien les évaluateurs
humanitaires et sans en méconnaître les évidentes limites) et celle du

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village ou campement pastoral (relativement aisé à aborder dans le contexte


sécuritaire et au regard des moyens disponibles). Le pari de la complexité,
inhérente à la notion de résilience, ne doit donc pas cantonner celle-ci à
demeurer une abstraction non évaluable ; des choix raisonnés sont donc à
faire et à argumenter.

2.4. Les temporalités de la résilience

La quatrième question essentielle est celle de l’horizon temporel de


la résilience. Dès lors que l’on considère la résilience non comme un état,
mais comme un processus – ce qui représente la conception dominante
dans l’abondante littérature récente  –, on est conduit à privilégier une
analyse des trajectoires. Cela revient à accorder une importance à l’histoire.
Il peut s’agir de l’histoire longue, c’est ce que font Quensière et al. On peut
aussi privilégier une histoire plus proche, correspondant davantage à l’objet
étudié. On retrouve là le travail d’Archambaud et Gondard-Delcroix sur les
trajectoires d’organisations locales, le pivot de l’analyse est alors le conflit.
On retrouve aussi le travail de Droy et Rasolofo, qui retrace l’histoire d’une
filière avant et après le choc de la crise politique de 2009 et qui mobilise
les données suivies du réseau des observatoires ruraux. Les méthodologies
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d’évaluation généralement privilégiées par les acteurs de l’aide, de type
analyse économique du ménage, enregistrent des situations à un temps t,
généralement sans suivi, et ne permettent pas la mise en évidence de
trajectoires. C’est ce qui caractérise le travail de Tapsoba et al. au Burkina
Faso. La construction d’une typologie de ménages et non de trajectoires,
pour intéressante qu’elle puisse être, pourra soulever de légitimes critiques
quant à l’emploi du terme de résilience dans la présentation des résultats
du travail. Le même reproche pourrait être fait à Stroesser et al., même si
Revue internationale des études du développement

les auteurs y échappent au moins partiellement en se livrant à quelques


explorations prospectives, grâce à un travail de modélisation. Comme Droy
et Rasolofo, nous pensons qu’un dispositif d’observatoire constitue l’outil
le plus pertinent pour une évaluation de la résilience. L’outil développé en
Centrafrique s’inspire ainsi de l’approche du diagnostic agraire, qui accorde une
large place à l’histoire, en lui ajoutant les inputs plus spécifiques à l’approche
de la résilience (régulation sociale, dynamiques collectives, etc.) et en se
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fondant évidemment sur un suivi dans le temps. Un travail initial permet


ainsi de reconstituer l’histoire du village et d’un échantillon représentatif

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de ménages ; les passages suivants actualisent les données et permettent de


mieux comprendre les trajectoires et les dynamiques à l’œuvre. C’est là une
autre des exigences de la résilience : si on veut l’évaluer de manière fine,
comme processus, cela requiert d’importants moyens, financiers et humains,
et un souci de pérennisation des dispositifs. Une vision de long terme dont
les acteurs de l’aide se montrent rarement capables.

2.5. Les variables d’état

La cinquième question que permettent d’aborder les cinq articles est


celle, très concrète, des variables à mobiliser pour évaluer s’il y a oui ou non
– état ou processus de – résilience. Une fois encore, on peut constater une
grande diversité d’approches. Privilégiant une approche historique longue,
Quensière et al. ne s’embarrassent pas d’une définition précise d’indicateurs,
s’appuyant sur les outils usuels de l’analyse systémique : la mesure des
rétroactions, des redondances des composantes et des fonctions. Il aurait
toutefois été appréciable de trouver dans l’article un peu plus d’illustrations
concrètes de ces outils. C’est d’ailleurs un reproche souvent fait aux analyses
se réclamant des systèmes complexes, celui de manquer, justement, d’une
forme de simplicité qui pourrait les rendre davantage accessibles aux non-
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initiés d’Ilya Prigogine et donc plus aisément duplicables. Dès lors qu’on
raccourcit l’horizon d’analyse, ce qui est le cas des quatre autres articles, il
est impératif d’être plus précis. Archambaud et Gondard-Delcroix tentent
d’évaluer les capabilités collectives, constituées de ressources partagées
et d’agencéité collective. Une notion qui fait débat au sein de l’approche
éponyme, rejetée même par son fondateur Amartya Sen, mais qui ouvre
d’intéressantes perspectives pour analyser les trajectoires des organisations
locales. Remarquons au passage la très grande qualité du matériau mobilisé
pour ce travail, réalisé sur trois terrains post-conflit peu accessibles, qui rend
la lecture de cet article particulièrement stimulante. L’approche de Droy et
Rasolofo se fonde sur la détermination des enjeux locaux à protéger des
chocs et à reconstituer en priorité. Une approche de la résilience en termes
d’enjeux a aussi été développée dans notre travail d’observatoire en RCA. Il
s’agit de déterminer ce qui fait, localement, que certains s’en sortent plutôt
bien face aux difficultés et que d’autres n’y parviennent pas. « S’en sortir ou
pas », cela reste bien entendu à préciser, ce qui oblige à penser à des valeurs
seuils pour nos variables d’état. C’est ce que tentent de faire Tapsoba et al.,

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en mobilisant des seuils usuels en zone sahélienne : le seuil de pauvreté


monétaire et le seuil de consommation du CILSS (Comité inter-États de
lutte contre la sécheresse au Sahel). Mais, parce que le seuil de pauvreté
monétaire est notoirement insuffisant, il est complété par un seuil de sécurité
économique. Cette approche en double seuil renvoie aux approches usuelles
des évaluations humanitaires, articulant un seuil de survie et un seuil de
protection des moyens d’existence (Boudreau, 2008). Pourtant, on peut
regretter que les auteurs n’aillent pas un peu plus loin dans leur analyse et
ne proposent pas une interprétation de leur seuil de sécurité économique
en tant que seuil de résilience, au-delà duquel les horizons s’allongent, les
dynamiques d’accumulation peuvent s’observer, etc.

Enfin, Stroesser et  al. s’appuient, quant à eux, sur les seuls revenus
familiaux. Cette démarche, courante chez les économistes, peut évidemment
se discuter, alors justement que la plupart des évaluations de la résilience
tentent de construire des grilles multidimensionnelles, au sein desquelles le
revenu n’est qu’une composante parmi d’autres (Constas et al., 2014). Mais, en
retour, ces évaluations peinent souvent à être claires sur la distinction entre
manifestations de la résilience et causes de la résilience (ou non), buttant
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sur d’usuels problèmes de circularité.

2.6. Les moyens de la résilience

La sixième question est la suivante : comment parvient-on (ou pas)


à initier et maintenir une trajectoire de résilience ? Trois enseignements
principaux se dégagent des textes, qui ne constituent pas vraiment des
surprises. Tout d’abord, on relève les capacités d’adaptation des populations
face aux perturbations, c’est d’ailleurs l’un des intérêts de l’approche résilience
Revue internationale des études du développement

que d’insister sur le fait que les populations des Suds ne sont ni passives
ni immobiles. Elles savent, par exemple dans la filière lait de Madagascar,
fonctionner en « mode dégradé », c’est-à-dire maintenir l’essentiel (riz,
bœufs de trait) pour la survie en attendant d’éventuels jours meilleurs. De
même, les organisations locales résilientes au conflit sont celles qui savent
s’adapter aux besoins des membres et de leurs nouvelles situations. Ensuite,
deux textes insistent sur les limites de l’appui extérieur : Archambaud et
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Gondard-Delcroix montrent la concomitance entre de faibles capabilités


collectives et l’appui extérieur, s’expliquant par d’usuels effets pervers (priorité

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Introduction : la résilience peut-elle passer de la théorie aux pratiques ?

à la captation de l’aide, accroissement des inégalités, etc.) ; Tapsoba et al.


montrent, eux, que, contrairement à l’idée reçue, le fait d’être inclus dans un
périmètre irrigué n’apparaît pas comme facteur déterminant de résilience, ce
qui interroge sur la pertinence de tels projets. Enfin, un focus est fait dans
trois articles sur la diversification (celle des systèmes d’activités au Burkina
Faso), des débouchés (se sortir de la dépendance vis-à-vis d’un seul industriel
à Madagascar), des systèmes de culture (ne pas dépendre excessivement de
la monoculture d’hévéa en Thaïlande). Bien entendu, il faut éviter d’avoir
une vision trop déterministe de cette diversification, d’en faire un facteur
évident de résilience. Il est des pluriactivités misérables, de repli, de survie.

2.7. La nature de la résilience

Cela nous amène à un dernier questionnement que nous permettent


d’aborder nos cinq textes : ce qu’est ou ce que n’est pas la résilience. Un
premier point clé se dégage des contributions : il ne faut pas confondre
résilience et survie, et l’approche en termes de seuils, évoqués précédemment,
peut ici être d’une grande aide. Par exemple, Tapsoba et al. nous montrent
que très peu des ménages enquêtés se positionnent au-dessus du seuil de
sécurité économique. Il ne faudra donc pas qualifier de résilients des ménages
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peinant à assurer les besoins alimentaires familiaux, obligés à décapitaliser à
chaque difficulté, ne parvenant pas à allonger leurs horizons. Et il faudra se
garder d’idéaliser des capacités paysannes à s’adapter à l’adversité, à fonctionner
en mode dégradé, lorsque ces capacités les cantonnent à la survie. C’est là
un autre danger de l’approche résilience : surestimer les capacités locales,
permettant de légitimer un retrait de l’appui extérieur.

Dans les cinq cas étudiés dans ce dossier, l’appui extérieur, par le biais
de projets de relèvement ou de politiques plus structurelles, demeure
impératif. En revanche, ces textes ne nous disent pas grand-chose sur un
autre danger de la résilience, celui de penser qu’elle serait toujours « bonne »,
« soutenable », que la résilience des uns ne se ferait jamais contre celle
des autres. C’est là un danger qui transparaît beaucoup dans l’abondante
littérature institutionnelle de ces dernières années.

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3. La résilience à l’épreuve du système de l’aide


Puisqu’il est question d’un impératif appui extérieur, venons-en
maintenant à la seconde question qui sous-tendait ce dossier : quel changement
la résilience implique-t-elle dans les programmes et dans les politiques qui s’en
réclament ? Peut-être parce que les programmes revendiquant explicitement
une approche résilience sont encore trop récents pour être pleinement
évalués, ce dossier ne permet pas, par le biais de ses cinq articles, d’apporter
des réponses tranchées à cette interrogation, pourtant essentielle. Depuis les
années 1990, le monde humanitaire a connu plusieurs crises de confiance et
a cherché à se professionnaliser pour prouver et asseoir sa légitimité. Cette
quête s’est traduite par une lecture très gestionnaire, d’inspiration néolibérale,
autour d’un modèle uniforme, qui va parfois développer une indifférence au
terrain, « à ses rationalités, ses motivations, ses compréhensions du monde »
(Hibou, 2012, p. 127). Dernier avatar de ces tentatives de réforme, la résilience
peut-elle réellement changer la donne au sein du monde de l’aide, peut-elle
tenir les promesses qu’elle porte ?

3.1. Les promesses de l’intégration


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Les programmes d’aide s’appuient sur une notion consubstantielle de
celle de résilience : la notion d’intégration. Cette dernière est présentée comme
étant le moyen opérationnel de la fin que constitue la résilience. Cela s’analyse
à au moins trois niveaux liés : celui des dispositifs institutionnels, celui des
horizons temporels de l’action et enfin celui des modalités d’intervention.

Ainsi la résilience s’appuie sur la mise en relation de trois champs usuels


de l’aide : la prévention des catastrophes naturelles (Disaster Risk Reduction, ou
DRR), les stratégies d’adaptation au changement climatique (Climate Change
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Adaptation, ou CCA) et la réduction de la pauvreté (Poverty Reduction, ou


PR) ; des champs jusqu’alors trop – et très artificiellement – cloisonnés. Un
tel décloisonnement peut permettre de mieux correspondre aux situations
des populations, qui vivent et agissent dans un environnement constitué de
risques de diverses natures, et qui peuvent être affectées par différents chocs
sur une même période de temps. Il passe par une meilleure coordination
entre les organisations travaillant dans une même zone et doit ainsi conduire,
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n’oublions pas ce point essentiel, à une meilleure rentabilité des actions


entreprises. Il est vrai qu’il est des synergies évidentes, que ne permettent

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Introduction : la résilience peut-elle passer de la théorie aux pratiques ?

pas toujours de réaliser les dispositifs usuels, leur rigidité et le caractère très
artificiel de leurs frontières. Une rigidité que l’on retrouve généralement
dans les clusters promus par les Nations unies, visant à réunir l’ensemble
des acteurs humanitaires d’un pays par grands domaines, tels la sécurité
alimentaire, le relèvement précoce, la santé, l’assainissement et l’hygiène, etc.
Une catégorisation « en silos » que l’approche de la résilience tendrait ainsi à
bousculer. En deuxième lieu, intégrer, c’est mieux coordonner les actions de
différents acteurs et institutions sur un même pas de temps, mais aussi les
coordonner dans le temps, c’est-à-dire ici mieux relier les différents horizons
de l’action contre la pauvreté, la faim, la vulnérabilité. Ceci n’est certes
pas nouveau (avec l’initiative Linking Relief Rehabitation and Development
dès les années 1990, par exemple), mais cela prend une ampleur nouvelle
avec la montée en puissance de la résilience. Enfin, l’intégration consiste
à mieux contextualiser l’action d’appui, de sortir des « kits » et approches
trop standardisées et dupliquées sur tous les terrains, de s’appuyer davantage
sur les capacités locales.

Ces promesses ont-elles été tenues, sont-elles en passe de l’être ou


peuvent-elles l’être ? Si les articles de ce dossier ne peuvent pas nous apporter
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d’éléments de réponse probants, nos observations, tant en RCA que dans le
monde de l’aide en général, nous amènent à en douter. Certes, la malléabilité
de la notion permet de réinterpréter certaines interventions en vogue à
l’aune d’une approche résilience. Citons la redécouverte d’une forme de
protection sociale non contributive, consistant en l’instauration de filets
sociaux, réactifs ou préventifs. Cette approche, inspirée de la conception de
l’empowerment portée par la Banque mondiale, s’insère sans peine dans un
cadre pro-résilience. Cependant, sur l’essentiel – la dynamique intégratrice
portée par la notion de résilience – peu d’évolutions sont à constater. Il
demeure toujours malaisé de décloisonner l’action, de développer des actions
dites « intégrées », malgré quelques tentatives intéressantes comme celle
des caisses de résilience, portées par la FAO (Organisation des Nations unies
pour l'alimentation et l'agriculture ; voir Lallau, 2016). Il paraît toujours aussi
difficile de relier ces temps de l’urgence et du développement, et de ne pas
retomber dans les effets pervers de l’assistanat, de mettre en dialogue les
« urgentistes » et les « développeurs », notamment du côté des bailleurs.

19
Benoît Lallau – Perrine Laissus-Benoist – Emmanuel Mbétid-Bessane

3.2. La neutralisation d’une notion dérangeante ?

La résilience, notion issue de la science des systèmes complexes, paierait-


elle cette complexité, trop exigeante, trop dérangeante ? Reprenons certains
des points abordés dans la première partie. Il semble que le système de l’aide
n’a pas su clairement répondre aux questions soulevées.

Proposer une définition de la résilience ? Le concept est mobilisé


de manière floue, avec des définitions changeantes, permettant à ce mot
désormais parapluie de dire et faire dire tout et son contraire. La diffusion
de la notion de résilience dans le système de l’aide va obliger ce dernier,
du moins théoriquement, à repenser certaines approches très critiquées en
interne. Certains ont parlé d’un mouvement vers une new humanitarian
architecture (Development Initiative, 2006). Mais, en réalité, la résilience a été
rapidement captée par les différents acteurs du système humanitaire pour
promouvoir leurs agendas particuliers, sans pour autant que leur mandat ne
soit profondément retravaillé, sans que de véritables approches ascendantes
ne soient déployées. Sans définition claire, évaluer l’impact de la notion sur
l’évolution des stratégies de financement est complexe puisqu'aucun de ces
acteurs ne parle de la même chose.
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Une résilience face à quoi ? La compréhension des chocs est encore
limitée. Les manuels ayant formalisé des réponses pro-résilience parlent
d’abord et avant tout de chocs climatiques. C’est aussi le cas des projets
pilotes de recherche-action sur la notion promus par l’Union européenne
(AGIR – Alliance globale pour l’initiative Résilience – et SHARE – Supporting
Horn of Africa Resilience). La résilience appelle à analyser les chocs, les entités
concernées, les intensités perçues ou ressenties du choc, les seuils, les processus
Revue internationale des études du développement

d’adaptation, les capacités de rebond, les potentiels tuteurs de résilience, les


aspirations, etc. Autant de critères nécessitant le suivi de variables lentes,
quantitatives comme qualitatives. Il faut aussi s’intéresser non pas seulement
aux résultats, mais aux processus et interactions pour « réaliser ainsi cette
approche holistique du développement recherchée de manière incantatoire
depuis deux décennies au moins, mais guère réalisée jusqu’à présent dans les
faits » (Gaulme et Girard, 2014, p. 119). La plus grande difficulté ici semble être
No 235  2018~3

de convaincre les bailleurs que l’argent dédié à ce travail d’analyse n’est pas
« gâché », qu’il ne s’agit pas d’une dépense inutile ou superflue.

20
Introduction : la résilience peut-elle passer de la théorie aux pratiques ?

À quelle échelle ? On est passé d’une lecture des besoins selon la vulnérabilité
des sociétés à une résilience des individus. Cela a un impact financier : « Le
passage de la responsabilité étatique de protéger à la responsabilisation
individuelle ou communautaire, est au cœur de la résilience, ce qui ouvre la
voie à des économies de moyens » (Giovalucchi, 2014, p. 120). Une bascule de
responsabilité est aussi visible dans l’injonction à l’intégration faite aux ONG.
Pour mieux soutenir la résilience dans les programmations humanitaires, les
bailleurs appellent à plus d’intersectorialité, de flexibilité, de coordination.
Mais en retour, les compétences des institutions restent organisées en silos,
notamment via les clusters, et les rigidités et la lourdeur administratives des
bailleurs pèsent encore lourdement sur les équipes des ONG.

Quelles temporalités ? Les bailleurs n’ont pas pleinement su intégrer des


financements plus durables en phase d’urgence. Manque de fonds à l’échelle
mondiale, aversion au risque financier que cela pourrait représenter… les
raisons sont multiples. À l’exception notable des Scandinaves et des Irlandais,
une majorité de bailleurs aborde la résilience en période de stabilisation,
voire, pour certains, une fois la stabilité assurée. Or, « parler de stratégie
de résilience dans un environnement stable ne fait pas vraiment sens »
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(Delesgues, 2014, p. 207). Les temporalités restent ainsi très segmentées, avec
les bailleurs de développement arrivant tardivement sur les zones de crise
ou, quand ils sont là, finançant des actions d’urgence eux aussi. Ils poussent
pour des consortiums, officiellement pour plus de couverture technique,
mais qui permettent surtout de simplifier leur gestion contractuelle.

Au final, les cinq articles de ce dossier « résilience en pratiques » sont


assez représentatifs des usages de la résilience au sein du monde de l’aide, de
ses projets, de ses évaluations. On a là une notion qui fait peu l’objet d’une
théorisation spécifique, qui s’intègre assez aisément aux cadres d’analyse
existants, auquel cas elle perd évidemment en portée analytique. Et si ces
articles ne nous renseignent que peu sur l’influence de la notion sur les
pratiques de l’aide, nos propres observations semblent montrer que, si
résilience il y a, c’est celle d’un système qui parvient à absorber sans trop de
peine les perturbations que constituent, un temps au moins, les nouvelles
notions (Laissus-Benoist et Lallau, 2017). Sans réelle capacité à bousculer les
évaluations et les pratiques de l’aide, la résilience risque de n’être, au final,
qu’une énième notion à la mode, dans ce monde de l’aide qui en change
régulièrement, mais qui, lui, ne change pas.

21
Benoît Lallau – Perrine Laissus-Benoist – Emmanuel Mbétid-Bessane

LES AUTEURS

Benoît Lallau
Benoît Lallau est maître de conférences en économie à Sciences Po Lille,
membre du Clersé (Centre lillois d’études et de recherches sociologiques
et économiques – UMR CNRS). Ses travaux portent principalement sur la
vulnérabilité et la résilience des agricultures familiales en Afrique subsaharienne.
Il pilote notamment un projet de recherche visant à déployer un observatoire
des résiliences en République centrafricaine.
A récemment publié
Lallau B., Archambaud L. (dir.), 2018, Observer les crises et les résiliences en
République centrafricaine. Manuel à destination des évaluateurs humanitaires,
version 1, Lille, université de Lille/Agence universitaire de la francophonie,
avril, http://resiliences.univ-lille1.fr/wp-content/uploads/Manuel-Observatoire-
des-r%C3%A9siliences-Avril-2018.pdf (consulté en juin 2018).
Lallau  B., 2017, «  In Search of the Resilient Sahelian. Reflections on a
Fashionable Notion », World Food Policy, vol. 3, no 2/vol. 4, no 1, Fall 2016/
Spring 2017, p. 127-145. DOI : 10.18278/wfp.3.2.4.1.7
Dufumier  M., Lallau  B., 2015, «  Impossible développement agricole en
République centrafricaine ? », Les Cahiers d’Outre-Mer, vol. 4, no 272, p. 535-
555. DOI : 10.4000/com.7647
Lallau  B., Droy  I., 2014, «  Qu’est-ce qu’un ménage résilient ? Concepts,
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méthodes, illustrations », dans Châtaigner J.-M. (dir), Fragilités et résilience :
les nouvelles frontières de la mondialisation, Paris, Karthala, p. 149-170.

Perrine Laissus-Benoist
Diplômée de Sciences Po Lille, Perrine Laissus-Benoist a travaillé près de
dix ans en Afrique centrale comme coordinatrice projets et évaluation pour
différentes ONG. Elle termine actuellement une thèse sur la notion de
performance des projets humanitaires pro-résilience (Clersé – Centre lillois
Revue internationale des études du développement

d’études et de recherches sociologiques et économiques/UMR CNRS). Dans


ce cadre, elle collabore notamment au développement d’observatoires en
République centrafricaine (RCA) et au Lersa (Laboratoire d’économie rurale
et de sécurité alimentaire). Elle coordonne aujourd’hui les programmes RCA
et Tchad de Handicap International.
A récemment publié
Laissus-Benoist P., 2018, dans Lallau B., Archambaud L. (dir.), Observer les
crises et les résiliences en République centrafricaine. Manuel à destination
No 235  2018~3

des évaluateurs humanitaires, version  1, Lille, université de Lille/Agence


universitaire de la francophonie, avril, http://resiliences.univ-lille1.fr/wp-content/
uploads/Manuel-Observatoire-des-r%C3%A9siliences-Avril-2018.pdf (consulté
en juin 2018).

22
Introduction : la résilience peut-elle passer de la théorie aux pratiques ?

Laissus-Benoist P., Lallau B., 2017, « République centrafricaine : une tutelle


qui ne dit pas son nom », 28 avril, alternatives-economiques.fr, https://www.
alternatives-economiques.fr/une-tutelle-ne-dit-nom/00078544 (consulté en
juin 2018).
Laissus-Benoist P., Lallau B., 2017, «  De la résilience à la localisation, ou
comment les slogans ne suffisent pas à réformer en profondeur le secteur
humanitaire », Alternatives humanitaires, no 6, p. 88-99, http://alternatives-
humanitaires.org/fr/2017/11/20/de-resilience-a-localisation-slogans-ne-suffisent-
a-reformer-profondeur-secteur-humanitaire/ (consulté en juin 2018).
Laissus P., Lallau B., 2013, « Résilience spontanée, résilience suscitée. Les
complexités de l’action humanitaire en “zone LRA” (Est de la République
centrafricaine) », Éthique et Économique, vol. 10, no 1, https://papyrus.bib.
umontreal.ca/xmlui/handle/1866/9029 (consulté en juin 2018).
Laissus P., Lallau B., 2011, « Les tueurs de la LRA ravagent la Centrafrique »,
Alternatives internationales, no  53, p.  12, 1er  décembre, https://www.
alternatives-economiques.fr/tueurs-de-lra-ravagent-centrafrique/00071721
(consulté en juin 2018).

Emmanuel Mbétid-Bessane
Emmanuel Mbétid-Bessane est professeur des universités, doyen de la
Faseg (Faculté des sciences économiques et de gestion) et directeur du
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Lersa (Laboratoire d’économie rurale et de sécurité alimentaire) à l’université
de Bangui. Ses travaux portent principalement sur les filières agricoles, les
ressources alimentaires non conventionnelles et la résilience des producteurs
agricoles en Afrique centrale.
A récemment publié
Mbétid-Bessane E., 2015, Crises des savanes centrafricaines et adaptations
des agriculteurs, Riga, Éditions universitaires européennes.
Mbétid-Bessane  E., 2014, «  Déterminants économique et social de la
reconversion des éleveurs Mbororo décapitalisés en Centrafrique », Agronomie
africaine, vol. 26, no 1, p. 81-88.
Mbétid-Bessane E., 2014, « Adoption et intensification du Nouveau Riz pour
l’Afrique en Centrafrique », Tropicultura, vol. 32, no 1, p. 16-21, http://www.
tropicultura.org/content/v32n1.html (consulté en juin 2018).
Lallau B., Mbétid-Bessane E., 2014, « Les familles paysannes centrafricaines
face à la crise politico-militaire dans la région de Damara », colloque « Les
petites paysanneries dans un contexte mondial incertain », université Paris
Ouest-Nanterre, Nanterre, 19-21 novembre.
Mbétid-Bessane E., Havard M., 2013, « Stratégies adaptatives et viabilité des
exploitations agricoles familiales des savanes cotonnières d’Afrique centrale »,
Agronomie africaine, vol. 25, no 2, p. 171-185, https://www.ajol.info/index.
php/aga/article/view/99317 (consulté en juin 2018).

23
Benoît Lallau – Perrine Laissus-Benoist – Emmanuel Mbétid-Bessane

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