You are on page 1of 6

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 23-071-A-50

23-071-A-50

Principes d’obturation des cavités relatifs


à la reconstitution de la région cervicale
et du tiers cervical
J Elias Résumé. – Les pertes de substances au niveau cervical de l’organe dentaire sont d’origine multifactorielle.
JJ Bonnin Dans de nombreux cas, l’obturation de ces zones cervicales n’est pas nécessaire et un traitement
prophylactique suffit ; sinon, de nombreux protocoles thérapeutiques sont envisageables. Les verres
ionomères modifiés et les résines composites sont le plus souvent utilisés pour leur caractère esthétique. Les
résines microchargées ou fluides sont conseillées lorsque l’organe dentaire subit des pressions importantes.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : région cervicale, restauration.

Généralités Les lésions actives présentent une surface avec ou sans cavité, une
coloration jaunâtre ou brunâtre claire, une consistance ramollie,
Les atteintes cervicales des tissus dentaires minéralisés sont collante ou résistante au sondage sous pression modérée et une
fréquemment rencontrées en omnipratique quotidienne. Leur présence de plaque visible.
étiologie est multifactorielle, puisque l’origine de ces lésions peut
Les lésions inactives présentent une surface avec ou sans cavité, une
être traumatique, mécanique ou carieuse. Après avoir éliminé le
coloration brunâtre claire ou noire, une sensation dure au sondage
facteur déclenchant, il convient d’obturer la perte de substance à
sous pression modérée et une surface lisse ou brillante (fig 1A, B).
l’aide du matériau le plus indiqué, à choisir parmi les composites
hybrides, les composites fluides, les verres ionomères et les La maladie carieuse au niveau cervical prend son origine dans
compomères. l’absence d’une hygiène rigoureuse du patient. Celle-ci peut être
aggravée par le port d’une prothèse adjointe partielle, par une asialie
consécutive soit à une xérostomie, soit à la prise de neuro-
Définition leptiques [4]. Le régime alimentaire, par l’ingestion de nutriments
acides et fortement sucrés, les régurgitations d’origine gastrique,
La classification de Mount et Hume [16] décrit le site 3 comme potentialisent le risque carieux au niveau cervical (fig 1C, D, E).
intéressant toutes les lésions dont l’origine est la zone marginale de
la gencive, tant au niveau de l’émail que de la dentine, y compris la
périphérie de la dent. Cela inclut les cavités de classe V de Black [1] LÉSIONS CERVICALES NON CARIEUSES
et s’étend également aux lésions apparaissant sur les surfaces
radiculaires. Il convient de décrire les différents types afin d’aider à déterminer
Ces lésions de site 3 intéressent les portions coronaire, leur étiologie, tout en acceptant que les causes et la pathogenèse des
coronoradiculaire, et radiculaire de l’organe dentaire, lesquelles se lésions cervicales non carieuses (LCNC) sont probablement
situent soit sur les faces vestibulaire, proximale, linguale ou plurifactorielles [19]. L’érosion et l’abrasion ont été indiquées comme
palatine [16]. des causes de LCNC [3].
Cependant, la pression exercée sur la dent semble être un facteur
déterminant dans la pathogenèse des LCNC.
Aspects cliniques
– L’érosion est une perte progressive de tissus durs déterminée par
LÉSIONS CERVICALES CARIEUSES un processus chimique sans action bactérienne [7] . Les lésions
d’origine érosive se caractérisent par un aspect mat, des limites
Cliniquement, les caries débutantes cervicales sont caractérisées par périphériques floues et par une surface qui apparaît nettement
une discoloration brun clair ou jaune de l’émail. Ces lésions précoces
déminéralisée (fig 2A, B).
typiques correspondent à une zone bien définie située à proximité
de la jonction émail-cément. Habituellement, ces lésions carieuses – L’abrasion est une disparition de tissus durs liée à une action
de site 3 s’étendent dans une direction horizontale. Du point de vue mécanique [15]. Les lésions d’origine abrasive ont un aspect brillant
épidémiologique comme du point de vue clinique, il est important et lisse, avec des limites périphériques saillantes. Elles présentent
de faire la distinction entre deux types de lésions carieuses des toujours des stries qui résultent de la direction du brossage (fig 3A,
surfaces cervicales : les lésions inactives et actives. B, C) [21].

– La pression occlusale et les flexions et déformations qu’elle induit


Jérôme Elias : Assistant hospitalo-universitaire. au niveau de l’organe dentaire, provoquent une rupture de cristaux
Jean-Jacques Bonnin : Maître de conférences des Universités.
Faculté de chirurgie dentaire de Nancy, 96, avenue de-Lattre-de-Tassigny, 54012 Nancy cedex BP 3034,
d’hydroxyapatite amélaire de la région cervicale [13]. Ces lésions sont
France. décrites comme étant des abfractions (fig 4A, B).

Toute référence à cet article doit porter la mention : Elias J et Bonnin JJ. Principes d’obturation des cavités relatifs à la reconstitution de la région cervicale et du tiers cervical. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales
Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Odontologie, 23-071-A-50, 2001, 6 p.
Principes d’obturation des cavités relatifs
23-071-A-50 Odontologie
à la reconstitution de la région cervicale et du tiers cervical

1 Lésions cervicales carieuses (cliché JJ Bonnin).

*
A *
B

*
C *
D *
E

4 Lésions cervicales non


carieuses : abfractions (cli-
ché JJ Bonnin).

*
A *
B *
A
2 Lésions cervicales non carieuses : érosion (cliché JJ Bonnin).

Moyens thérapeutiques

PRÉVENTION DENTAIRE INDIVIDUALISÉE


Il convient de prévenir la maladie parodontale par une élimination
non spécifique de la plaque bactérienne. En outre, les fluorures
libérés lors du brossage quotidien avec des dentifrices fluorés, à
partir de bains de bouche fluorés ou à partir de gels fluorés,
*
B
favorisent l’arrêt des caries radiculaires. Les applications topiques
de fluorures sont à utiliser de façon indispensable chez les patients
souffrant de xérostomie ou sous chimiothérapie ou radiothérapie.
Les préparations sous forme de gel contiennent essentiellement des radiculaires. On peut compléter ce traitement préventif en
concentrations élevées de NaF ou de SnFe (1 000 à 12 000 ppm), et prescrivant des formules contenant des concentrations élevées en
permettent de stopper de façon importante les caries coronaires et digluconate de chlorhexidine (1,0 à 5,0 %) [10].

*
A *
B *
C
3 Lésions cervicales non carieuses : abrasion (cliché JJ Bonnin).

2
Principes d’obturation des cavités relatifs
Odontologie 23-071-A-50
à la reconstitution de la région cervicale et du tiers cervical
TRAITEMENT DES HYPERSENSIBILITÉS Cependant, les verres ionomères ont de faibles qualités esthétiques
DENTINAIRES CERVICALES et physiques comparées aux résines composites. Leur finition est
On peut l’expliquer par la théorie hydrodynamique de Branström. difficile à réaliser pendant les premières 24 heures de mise en place,
En effet, l’ouverture des canalicules dentinaires à la surface d’une conséquence de la prise lente du matériau.
dentine mise à nu entraîne un phénomène de micropompage au sein
de ces canalicules.
VERRES IONOMÈRES HYBRIDES
Il convient de traiter initialement l’étiologie, puis d’envisager un
Les propriétés de ces verres ionomères modifiés par adjonction de
traitement de première intention mis en œuvre par le patient avec
résine, sont très proches de celles des matériaux dont ils sont
l’application de dentifrices chargés en sels minéraux (ButtlerProtect)
dérivés. Ils en conservent toutes les qualités en atténuant quelques
et de gel dentaire fluoré (GelKam), ensuite il est nécessaire de
défauts. Le résultat esthétique est amélioré. La finition peut être
poursuivre par un traitement de deuxième intention avec
réalisée dans la séance de mise en place et s’accompagne d’un bon
application topique à l’aide d’applicateurs individuels. En dernier
état de surface [27].
ressort, on doit utiliser un adhésif de dernière génération (Clearfil
Liner Bond System), en respectant le protocole opératoire classique, Les verres ionomères hybrides (CVIH) sont indiqués chez les
en veillant à l’élimination des excès au niveau du sulcus à l’aide patients présentant des polycaries, ou lorsque l’on veut reminéraliser
d’une lame de bistouri. une lésion carieuse débutante. On les utilise également pour des
obturations non travaillantes quel que soit leur volume, en cas
d’absence d’émail cervical. On peut citer : Photac Fill (ESPE), Fuji 2
TRAITEMENT RESTAURATEUR LC (GC), Vitremer (3M).
Celui-ci doit inclure la restauration de la lésion, un équilibrage
occlusal, des conseils de brossage, des avertissements diététiques. COMPOMÈRES
Les indications des restaurations doivent prendre en compte les
considérations esthétiques, la protection des tissus abrasés, la Afin de faire bénéficier une résine composite des qualités d’un verre
prévention de l’accumulation de plaque. ionomère, on adjoint à la résine des particules de verre type fluoro-
ou aluminosilicate, ainsi qu’un acide sous forme déshydratée. Cette
La restauration des LCNC doit se limiter à une thérapie palliative résine est mise en place après interposition d’un adhésif et
lorsque les facteurs locaux inducteurs ont été déterminés et éliminés. photopolymérisée.
Cela n’est possible qu’avec une maintenance et une surveillance
pilotées avec un patient motivé. En effet, il est surtout recommandé Les qualités mécaniques de ces résines sont inférieures à celles des
de prévenir l’aggravation de ces lésions cervicales par l’élimination résines composites, mais elles sont nettement supérieures à celles
des facteurs extrinsèques, par la correction et l’amélioration des des verres ionomères hybrides [23]. Ces résines libèrent de plus du
rapports interdentaires [6]. fluor, mais en quantité plus limitée que les verres ionomères. Leurs
qualités esthétiques sont importantes.
Les premières indications de traitement des LCNC sont :
Les compomères obtiennent des scores de rétention plus faibles que
– la sensibilité dentinaire ; ceux enregistrés pour les CVIH et CVI sur 18 mois. L’adhésion est le
– le caractère inesthétique des pertes de substance ; facteur le plus important pour obtenir une rétention satisfaisante [14].
Les compomères présentent, à moyen terme, le maximum de défaut
– l’accumulation de plaque bactérienne dans ces lésions. d’adaptation marginale. Ceci peut être amélioré par un mordançage
Les complications liées à leur évolution impliquent une obligation des parois cavitaires amélaires périphériques [5].
de restaurer ces pertes de substance. Ainsi, en présence d’une L’adaptation marginale est sûrement conditionnée par la rétraction
exposition pulpaire, d’une santé parodontale fragilisée par de prise du matériau.
l’accumulation de plaque au niveau cervical, et d’une possibilité de
fracture future de l’organe dentaire, il convient de traiter ces lésions. Les compomères sont indiqués pour des obturations de faible
Idéalement, ces restaurations sont réalisées à l’aide de matériaux volume, si l’exigence esthétique est importante.
adhésifs sans préparation mécanique de la cavité. On recommande Dans le cas de petites lésions carieuses, il est possible d’utiliser, en
l’utilisation de verres ionomères ou d’une résine composite couplée alternative aux CVI et/ou aux résines composites, des compomères
à un système adhésif [8] . Cependant, il a été suggéré que la (Compoglass, Dyract) qui présentent l’avantage d’une utilisation
restauration de ce type de lésion diminuerait le module élastique de simple et rapide. Leur adhérence à la dentine est intermédiaire à
la couronne dentaire et la rendrait ainsi plus fragile [18]. Il convient celle des composites et des CVI.
donc de définir les matériaux à utiliser et leurs indications.
ÉVALUATION DES CARACTÉRISTIQUES
ESTHÉTIQUES DES CVIH ET DES COMPOMÈRES
Matériaux Les résines composites photopolymérisables, utilisées avec un
système adhésif de dernière génération, nous assurent le résultat
VERRES IONOMÈRES TRADITIONNELS
esthétique le plus satisfaisant et de plus reproductible [25].
Cependant, cette technique adhésive repose sur plusieurs étapes,
On connaît bien les avantages de ces matériaux : action anticariogène
lesquelles sont consommatrices de temps et susceptibles de poser
par libération de fluor, adhésion aux tissus dentaires sans employer
des problèmes au praticien.
d’adhésifs, bonne étanchéité due à la stabilité dimensionnelle du
matériau. La faible contraction pendant la prise est compensée Les ciments verres ionomères traditionnels sont de nature
rapidement par une imbibition hydrique secondaire. Le coefficient insatisfaisante pour obtenir un résultat esthétique, de par leur
de dilatation thermique est proche de celui des tissus dentaires. En gamme de teinte limitée et leur faible translucidité.
ce qui concerne leurs inconvénients, tout aussi importants, il faut L’apparition récente de verres ionomères hybrides et de
citer une mise en œuvre difficile, des propriétés mécaniques limitées, compomères autorise à penser que nous pouvons les utiliser pour
un résultat esthétique discutable. des restaurations à caractère esthétique [20].
Depuis l’apparition des verres ionomères en dentisterie restauratrice, Un des facteurs déterminants de la pérennité de l’esthétique d’une
on considère qu’ils sont parfaitement indiqués à la restauration des obturation est la conservation de la teinte initiale. Pour ces
classes V. En effet, ils permettent une bonne adhérence à l’émail et à matériaux, après 6 mois de mise en place, l’altération esthétique est
la dentine, relarguent du fluor sur plusieurs mois, sont importante, puis se stabilise.
biocompatibles et possèdent un coefficient d’expansion thermique La première restriction esthétique concerne la petite gamme de
similaire aux tissus dentaires. teinte ; la seconde, le caractère difficilement reproductible des teintes

3
Principes d’obturation des cavités relatifs
23-071-A-50 Odontologie
à la reconstitution de la région cervicale et du tiers cervical
obtenues car les produits s’obtiennent par manipulation de
l’opérateur, lequel mélange le liquide et la poudre : Vitremer 3M. Ce 5 A. 31 : importante lé-
sion cervicale.
problème est amélioré par l’utilisation de produits prédosés et B. 31 : après traite-
conditionnés en capsules (Fuji II LC). Cependant, l’altération de ces ment : association d’un
produits ne les rend pas compétitifs dans ce domaine avec les adhésif de quatrième
résines composites. De plus, les caractères d’opacité et de génération à un com-
translucidité de ces matériaux sont insuffisants, lesquels sont posite microchargé.
aggravés, à moyen terme, par une augmentation de la densité du (clichés JJ Bonnin).
matériau conditionnée par la poursuite de la réaction acide-base.
Ainsi la translucidité varie du fait des différents indices de réfraction
entre la matrice et les particules de verre du matériau [9].
*
A

RÉSINES COMPOSITES :
HYBRIDES ET MICROCHARGÉES
Elles possèdent de bonnes propriétés mécaniques, permettent des
reconstitutions esthétiques, en offrant un vaste choix de teintes. Leur
utilisation est facile, mais nécessite la mise en place d’un système
adhésif selon un protocole rigoureux. Aucune action anticariogène
n’est envisageable aujourd’hui.
Les résines composites photopolymérisables, couplées aux adhésifs
de dernière génération donnent les meilleurs résultats pour les
restaurations à caractère esthétique [25].
Les composites macrochargés sont surtout indiqués pour des *
B
restaurations de volume important en méthode directe ou indirecte.
On remarque qu’une restauration avec un composite microchargé abrasive afin d’éliminer la pellicule exogène acquise ainsi que la
absorbe les forces de flexion plus facilement qu’une restauration plaque bactérienne. Les parois dentinaires ne sont pas traitées
avec un composite hybride. En effet, le composite microchargé a un mécaniquement, sauf si l’éviction de la lésion carieuse n’a pas été
meilleur comportement élastique que le composite hybride suffisante par l’abrasion à l’aide d’une cupule [4]. Ces cavités sont
relativement rigide, et il doit être préféré pour les restaurations des préparées bien entendu sous spray eau/air. Les bords arrondis des
lésions cervicales. Cette caractéristique procure un avantage aux cavités sont limités par un biseau amélaire de 2 mm au niveau
fluides par rapport aux macrochargés, puisque ces derniers peuvent coronaire et par un angle d’au moins 135° au niveau radiculaire.
se décoller pendant une déformation à cause de leur rigidité [8]. Ainsi, seul le bord d’émail a été biseauté à l’aide d’une fraise effilée,
Il est également possible de réduire la rigidité de la restauration par le bord dentinaire gingival demeurant un bord net [12]. Pour les
application d’une résine (liner), suffisamment épaisse et élastique, LCNC, les surfaces à restaurer sont lisses, constituées de dentine
en couche intermédiaire entre l’agent de liaison et le composite de sclérotique non cariée ; les cavités ne sont pas naturellement
restauration. Cette résine joue le rôle d’amortisseur élastique et rétentives et aucun artifice de rétention n’a été réalisé. Il est
présente un potentiel de déformation suffisant pour dissiper ou uniquement nécessaire d’utiliser une cupule chargée d’une pâte
absorber les contraintes, améliorant ainsi l’intégrité marginale et la abrasive afin d’éliminer la pellicule exogène acquise et la plaque
rétention de la restauration [24]. bactérienne. Ce type de restauration est recommandé par
l’Association dentaire américaine (ADA) (1992) dans son protocole
clinique des adhésifs amélodentinaires : avec l’association d’un
ADHÉSIFS adhésif de quatrième génération à un composite microchargé
(fig 5A, B) [26].
Les protocoles d’adhésion actuels reposent toujours sur un
conditionnement des tissus durs, suivi de l’application de la résine ¶ Choix du matériau
adhésive qui est photopolymérisée.
Pour le traitement des LCNC, les approches thérapeutiques sont,
Le concept du mordançage total des surfaces cavitaires a été un pas
dans l’ordre [22] :
décisif pour l’amélioration de l’intégrité marginale et de la longévité
des restaurations composites. Au niveau des surfaces dentinaires, – les CVI recouverts d’une résine composite fluide ;
l’attaque acide élimine l’essentiel des boues dentinaires, ouvre les – le système classique qui utilise un agent de liaison (résine), en
orifices tubulaires et déminéralise superficiellement les zones péri- adjonction avec un composite microchargé ;
et intertubulaires [17]. On cherche ensuite à infiltrer la subsurface
dentinaire par le primaire d’adhésion, lequel permet de maintenir – les CVIH ;
ouvert les espaces interfibrillaires collagéniques. La résine adhésive, – les composites hybrides.
appliquée en couches successives, peut alors s’infiltrer dans les Les restaurations en résine composite macrochargée et hybride sont
canaux du réseau protéique inter- et péritubulaire. La multiplication faillibles plus facilement dans les situations de schémas occlusaux et
des couches de résine permet également d’amortir les contraintes. articulaires défavorables, car les dents sont soumises à des forces de
L’adhésif, après polymérisation, doit assurer l’ancrage et l’étanchéité flexion excessives [2]. On ne peut les utiliser que si la restauration est
de l’obturation. d’un volume important.
Pour le traitement des lésions carieuses, on choisit les CVI et les
compomères.
Modalités opératoires Cependant, lorsque le critère esthétique est important, on préfère un
composite fluide avec un CVI en fond de cavité lorsque la
profondeur de la cavité le permet, sinon on utilise juste un
MÉTHODE DIRECTE
composite fluide couplé avec un système adhésif de dernière
génération (fig 6A, B).
¶ Préparation de la cavité
Les résines composites fluides ne sont indiquées que lorsque
Les dents avec des lésions cervicales à traiter sont tout d’abord l’obturation cervicale est de faible volume, et qu’elle doit suivre la
nettoyées avec une brossette chargée d’une pâte prophylactique déformation de la dent sous pression occlusale.

4
Principes d’obturation des cavités relatifs
Odontologie 23-071-A-50
à la reconstitution de la région cervicale et du tiers cervical
On dispose d’une technique indirecte pour relever ce défi. Après
6 A. 13 : lésions cervica-
préparation des tissus dentaires, une restauration indirecte est collée
les carieuses.
B. 13 : après traite- sur la dent [11].
ment par composite
fluide couplé avec un Ensuite, on procède aux finitions et polissage des limites de
système adhésif. (cli- l’obturation. Ceci permet de limiter le temps de travail en bouche,
chés JJ Bonnin). de contrôler la qualité de l’obturation avant de la sceller.
Initialement, après nettoyage de la lésion, on procède à l’empreinte
de la dent à reconstituer à l’aide de silicone par addition. Ensuite, il
est procédé à la coulée du modèle. Après isolation de celui-ci, on
*
A place par couches successives de 2 mm un composite macrochargé à
photopolymériser sur la copie de lésion. Après photopolymérisation
de la dernière couche, les limites de la restauration sont prépolies,
ainsi que sa surface, à l’aide de fraise à finir diamantée grains fins,
de Soft Lex Pop-on.
La restauration est ensuite séparée de l’empreinte, et nettoyée par
trempage dans un bac à ultrasons, avant d’être essayée en bouche.
La surface dentaire à couvrir est nettoyée par abrasion à l’aide d’une
solution chargée en pierre ponce.
Puis les tissus durs sont traités à l’acide orthophosphorique pendant
15 secondes, rincés, séchés. Deux couches successives de résine de
*
B collage sont appliquées sur ces surfaces ainsi préparées et
photopolymérisées. L’intrados de la restauration est sablé, puis on
Pour le traitement d’un patient jeune, polycarié, la préférence doit lui applique une résine fluide de collage. Enfin, le composite dual
aller aux compomères de par leur capacité à relarguer du fluor et (auto-photo) est mélangé et placé sur la restauration. L’ensemble est
leur facilité d’utilisation. Cependant, il faut limiter leurs indications positionné en situation et photopolymérisé pendant 40 secondes,
au traitement des lésions cervicales de faible étendue, et aux après éviction des excès de scellement. Enfin, on procède au
restaurations des cavités strictement proximales de type slot (cavité polissage et à la finition.
proximale d’accès vestibulaire ou lingual) qui a pour avantage de
conserver l’intégrité des tissus dentaires après élimination de la Afin de permettre un traitement encore plus rapide, il est possible
carie. Le caractère fortement radio-opaque des compomères permet de couler l’empreinte avec un matériau à prise rapide à base de
de détecter d’éventuelles lésions récurrentes. silicone.
Toutes les procédures de restauration sont effectuées sous digue,
avec un clamp ou un fil de rétraction gingivale.

¶ Mise en place et finitions


Conclusion
Les verres ionomères conventionnels sont à finir 7 minutes après
leur mise en place. Il est ainsi recommandé d’obturer l’essentiel des pertes de substances
Le contour final et le polissage se font sous spray d’eau, à l’aide cervicales à l’aide des compomères. Leur caractéristique photo-
d’une fraise à finir diamantée bague jaune, suivis de la série Soft lex polymérisable et leur simplicité d’utilisation justifient l’indication de ce
Pop-on 3M ou du coffret spécial de fraises Komet. matériau. Cependant, leur mauvaise aptitude au polissage et la faible
gamme de teintes disponibles ne satisfont pas tous les critères
esthétiques et prophylactiques actuels. Il convient alors d’utiliser un
MÉTHODE INDIRECTE verre ionomère en fond de cavité, recouvert d’un composite fluide. Cette
Lorsque la taille de la lésion est importante et de plus localisée dans technique limite les risques de microfêlures de l’obturation composite
une zone d’accessibilité limitée, le traitement restaurateur devient tout en permettant une bonne intégration esthétique de l’obturation
un challenge pour le praticien. ainsi qu’un relargage limité de fluor.

Références ➤

5
Principes d’obturation des cavités relatifs
23-071-A-50 Odontologie
à la reconstitution de la région cervicale et du tiers cervical

Références
[1] Black GV. Lectures on operative dentistry and bacterio- [10] Ketjens HM, Schaeken MJ, Van Der Hoeven JS, Hendriks JC. [19] Osborne-Smith KL, Burke FJ, Wilson NH. The aetiology of
logy. Chicago : Blakelee Pinting, 1899 Microflora of plaque from sound and carious root surfaces. the non carious cervical lesion. Int DentJ 1999 ; 49 : 139-143
[2] Braem M, Lambrechts P, Vanherle G. Stress-induced cervi- Caries Res 1998 ; 21 ; 193-199 [20] Sidhu SK, Watson TF. Resin-modified glass ionomer mate-
cal lesions. J Prosthet Dent 1992 ; 67 : 718-722 [11] Knight JS, Sneed WD. Restoration of extensive erosion areas rials. Am J Dent 1995 ; 8 : 59-67
[3] Eccles JD. Tooth surface loss from abrasion, attrition and using an indirect composite technique. J Esthet Dent 2000 ; [21] Toffeneti F. Recessions and noncarious cervical lesions: a
erosion. Dent Update 1982 ; 9 : 373-381 12 : 5-9 soft and hard tissue challenge. J Esthet Dent 1998 ; 10 :
[12] Lasfargues JJ, Pujol F, Nebot D. Évaluation d’un adhésif de 208-220
[4] Fejerskov O, Nyvad B. Pathology and treatment of dental 4e génération associé à un composite hybride à fines parti-
caries in the aging individual. In : Pedersen PH, Loeh H eds. cules. Optibond et XRV, 1996 [22] Tyas MJ. The class V lesion-aetiology and restoration. Aust
Geriatric dentistry. Copenhagen : Munksgaard, 1998 : Dent J 1995 ; 40 : 167-170
238-262 [13] Lee WC, Eakle WS. Possible role of tensile stress in the etio-
logy of cervical erosive lesions of teeth. J Prosthet Dent [23] Uno S, Fiinger WJ, Fritz U. Long-term mechanical charac-
[5] Gladys S, Van Meerbeek B, Lambrechts P, Vanherle G. Mar- 1984 ; 52 : 374-380 teristics of resin-modified glass ionomeres restaurative
ginal adaptation and retention of glass-ionomer, resin- materials. Dent Mater 1996 ; 12 : 64-69
[14] Maneenut C, Tyas MJ. Clinical evaluation of resin-modified
modified glass ionomer and a polyacid-modified resin [24] Van Meerbeck B, Braem M, Lambrechts P, Vanherle G.
glass-ionomer restorative cements in cervical “abrasion”
composite in cervical Class-V lesions. Dent Mater 1998 ; 14 : Evaluation of two dentin adhesives in cervical lesions. J
lesions: one year results. Quintescence Int 1995 ; 26 :
294-306 Prosthet Dent 1993 ; 70 : 308-314
739-743
[6] Grippo JO. Non carious cervical lesions. The decision to [15] Manly RS. The abrasion of cementum and dentine by [25] Van Meerbeek B, Peumans M, Gladys S, Braem M, Lam-
ignore or restore. J Esthet Dent 1992 ; 4 (suppl) : 55-64 modern dentifrices. J Dent Res 1941 ; 20 : 583-595 brechts P, Vanherle G. Three-year clinical effectiveness of
[7] Harty FJ, Ogston R. Concise illustrated dental dictionary. [16] Mount GJ, Hume RW. A revised classification of carious four total-etch dentinal adhesive systems in cervical lesions.
Bristol : Wright, 1987 lesions by site and size. Quintescence Int 1997 ; 28 : 301-303 Quintessence Int1996 ; 27 ; 775-784
[8] Heymann HO, Sturdevant JR, Baynes S, Wilder AD, Sluder [17] Nakabayashi N, Kojima K, Masuhara E. The promotion of [26] Vanherle G, Van Meerbeek B, Braem M, Lambrechts P.
TB, Brunson WD. Examining tooth flexure effects on cervi- adhesion by infiltration of monomers into tooth substrates. Clinical aspects of dentin bonding. In state of the art on
cal restaurations: a two-year clinical study. J Am Dent Assoc J Biomed Mater Res 1982 ; 16 : 265-273 direct posterior filling materials and dentin bonding. Pro-
1991 ; 122 : 41-47 [18] Osborne-Smith KL. Effect of restored and unrestored non ceedings of the international symposium Euro Disney,
[9] Inokoshi S, Burrow MF, Kataumi M, Yamad T, Takatsu T. carious cervical lesions on the fracture resistance of pre- Paris, 1993 : 229-246
Opacity and color changes of tooth-colored restorative viously restored maxillary premolar teeth. J Dent 1998 ; 26 : [27] Wilson AD. Les ciments verres ionomères photopolyméri-
materials. Oper Dent 1996 ; 21 : 73-80 427-433 sables. Chir Dent Fr 1995 ; 771 : 51-52

You might also like