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ae Paetyszit ANTTRINT T e-3E Heureux qui, comme Astérix. ‘ai découvert les aventures dt fier gaulois au large du Panama. Quittant la Polynésie, off Javais passé mon enfance, nous rentrions vers ‘Massalia, pardon, Marseille a bord d'un paque- bot mixte des Messageries maritimes, et la fraversée, sur le bleu-noir da Pacifique, le violet des Caraibes et Atlantique presque vert, durait pres dun mols et demi. Nous étions des gamins et ‘rouvions le temps long. Tournant en rond dans la cabine carrée. ayant eu au passage de Yequateurla sensation de nous éue faits berner (car qui, & dire ‘val, entre les vagues gaufrées, avait apercu cette ligne), ma mere eut Pidée de nous offtir chaque semaine un album d'sAstérix». Dans la coursive, tune étroite boutique vendait des foulards,des jeux de cartes et une poignée d'llustrés dans une vitrine {que le steward, muni dune clé en forme de mint scie, déverrouillait avec gravité. Nous attendions chaque échéance non sans crainte Resteraitildes albums ? Oui. Ce fut done, a fescale du Panama, album «La Serpe d'or, avec son assemblee de druides chenus et farfelus. Puls a Fort-de-France, Astérix et Cléopatres, oft Ia reine d'Egypte ade faux airs Elizabeth Taylor Enfin, a Madére,-Asté: rx chez les Bretons», quand Jolitorax, guerrier #80 british, vient quérir son cousin en Gaule en se riant des «romaines patrouilles. En rade de Mar- seille, bouquet final, alors quiapparait pour la pre- ‘miére fois le chien Idefix (qui faillit se nommer Patracourcix), ce fut le savoureux «Tour de Gale» ‘it nos heros sur la Canebiere n’échappent ni aux ‘coups de chaud de maitre Panix, ni aux embou- teillages des voies romaines. Avouons que. dans nos lectures d'enfance, rien enous enchanta autant que les bondissantes péri- péties de ce drile de «petibonume dela taille d'un, ‘gamin, a la fols cogneur et sympathique, iréduc UUble en toutes choses, tétu comme un Finistérien, Etqul, de case en case, whesitait pas aaller se frot- ter au vaste monde, sans jamais érafler son opti- misme et son ardeur = la Gaule, ses marches, la Mediterranée et fOrient complique... Tout piquait la curiosité de notre guerrier en braies ! Ce que confirmeront les albums suivants qui le méneront et tant pis pour quelques anachronismes chez les Helvétes, es Arvernes, les Grecs, les Hispaniques, les Belges, sur les traces Ulysse, vers les rives du. ‘Nouveau Mond, et ce, 2 pied, en carriole, en char, ‘en barque a voile, en galéte. en cano® indien, plus ‘ard sur un tapis volant, Jusquia aujourd ni avec ce ‘és attendu 35° album (traduit en 25 langues des cette année) chez les tribus pictes, en Ecosse et le Jong du mur d'Hadrien que notre journalist, Jean- ‘Yes Durand, avec endurance d'un centurion, alongé durant cing jours dans la brume et sous la bruine. ‘Comme a chaque fols, les héros gaulois nous centrainent dans un periple de 44 planches, riche en gags. en baffes, en bourre-pifset en jeux de mots (Ah | Tinégalable «II ne faut jamais parler séche- ment aun Numides |) qui sachevera derrigre Fen. ceinte protectrice du village 8 foit de chaume. Pas de hasard !Car Asterix est et reste un bourlingueut, Double d'un sacré casanier. Dans une interview accondée a «Lites, Uerzo avait tenu & rappeler ce principe fondateur de sa série «Nous avions decide ‘quily auraitune aternance dans lesaventures, avec tune histoire située dans le village (ow en Gaule), autre a Yétranger.» Les auteurs avaient fait leur la philosophie du woyage: la connaissance de soi passe niécessairement par le regard de autre, au filtre de sonalterite, comme disentesphilosophes, Au final, ‘ces Armoricains foutraques, qui nous tessemblent ‘unbrin, waurontjamaisautant été eux-mémes ~ si sfarpaifement gaulois, et, par leurs travers, tele ment francais ~ quaptes avoir été se fae vote ail: Jeurs en glissant sur la rampe des longitudes... Par ‘Tontatis, quelle legon de modestie | JEAN-LUG.COATALE, [REDACTEUR EN CHEF ADJOINT {fn GEO VoVAGK 3 PANORAMA str nedacte voyageur Nosheros gus on bout tngu suri cna continents eta une zane de Days LENTRETIEN ‘On ne al pas voyager atric wmpore = Rencontre avec es succeseus Ge Goscny et User, Jan Wes Fem et Der Con LA GRANDE- BRETAGNE Serafrontére de FEcose Reportage aumur Cvngren Guconrlate pays des ites, these cu nouvel Astene LES MENTALITES Le syncome dy vitage gui Une communautesoedce ae reste Foppressetrla ou SI) MAL TE Aster incame un trait fon ‘damental de dente francaise, LA coRsE «ile te plat pas mon le?» Taiseux et susceptibles: ainsi sont gentiment caricatures les Corses dans =Asterix. Mas les auteurs montrent surtout des hommes attaches &leur tere. LAMERIQUE ‘Taube d'un nouveau monde Dans le 22 album, nos heros atteignent un continent nconnu LCoceasion de parte dans les as des premiers emigrants, DEPLIANT:: LES VOYAGES Des navigateurs au long cours Asterix et Obelxsifonnent les routes du grand arg a bord de tous les navies de FAntigut. ° “ La grande odyssée Astérix et Obelix Olympie, Le Caie ou jrusa lem. Nos Gaulos ont Jamaishesite ase nsquer surles routes dumonde. Et chaque ‘voyage mentait bien un album, LES TRADITIONS Les hérters de Panoramix Chaque année, en ule, a plus andenne association de dudes de France celeoee son rite! dans le Firstere. Cet étnous Somes als leur rencontre, [LE PATRIMOINE ‘Attention, sortie de menhirs Ces vestiges se comptent par millers en Bretagne et dans Tesud de la France Un record! Mais Obey est pour rien. 106 vxsncae Ce nce Seat ae tsseeunss Se er pt nn See tevaise tsstons rae ee a GO via > remerciements a. Edtons Albert Rene fence Richaud, Catlin Bera ‘es Leliévre et le Studio 56. Toutes les images d’«Astérix» apparaissant dans cette édition sont lapropété des Editions Albert René. www.asterix.com \ \ 18 Les PEUPLES: VoIsiNs NORVEGE Un caboteur pour le cap Nord Cetafalt cent ving ans aque les navies de a compa. sie Hurtigruten desser vent chaque jour les ports Ge a cdte norvegienne. Une longue rosie vers Fau-dela du cece pole ARE, A VoIR Polars:ecrivain gabonais Janis Otsiemi écrit le roman fair de Lirevile. Expostion Teeuvre longtemps cachée iu photoreporter Sergio Larrain est présentée ala Fondation Carter-Bresson & Pai GEO VONAGE S Ql "easier cor N Si | dat 7, HARMONIE ( CHEZ NOUS / Pepreart ty peri ae Pose Poon revere Perera ea er Poornreras Perot peered etlareine Cleopatre Porte) coer’ peers ce prememt rave Pyotr Pomenin Pyreenton peer ented Brine peer ered bi 4 i Pierre: UM MULL PANORAMA | Lirréductible voyageur ROME UN PALAIS DE CESAR ANACHRONIQUE ag LES GAULOIS REFONT LHISTOIRE A WATERLOO end «On ne fait pas voyager Astérix nimporte ou !» Le 35* album, «Ast chez les Pictes», a été confié a deux nouveaux auteurs, Didier Conrad et Jean- ‘Yves Ferri. Mais Uderzo a gardé un ceil sur tout. GEO Voyage : Embarquer avec Astérix, est un sacré challenge ! ‘Quand ies Editions Albert-René ‘vous ont contactés pour prendre la succession ¢'Uderzo, le cel ‘di vous tomber sur latte Imaginez, on vous appelle un jouret on vous dit que vous faites partie des gens pres sentis pour écrire le 35° album ‘deAstertxe. Le precedent a 66 pu bic huitans plustotet gest vend Apres de 2 millions d'exemplat res en France. Prendre la televe est un sacré defi et on reflechit deux fols avant de sengager! Pourtant, je me suis dit que Faven ture était trop belle. Cela aura te Idiot de ma part de ne rien pro poset. Quand j'ai finalement éte ‘hoist, fai compris que les ennuis, allaient commencer fixe, Cest évidemne sion énorme. Cest bande dessinée la plus connue au monde, avec -Tintine, La plupart des series & succes, tel «Spiro ‘atteignent pas ces tirages-1a ‘Comment fait-t-on pour emprun- ‘tera plume de Goscinny et les pinceaux d'Uderzo, ces deux ‘monstressacrés dela BD ? Tai commence par relire tous les «Asterix», Meme si je les connaissais de pour les avoir de vorés quand jétals enfant, il fal 2 GED HISTOIRE Iait que fe les décortique d'un point de vue professionnel, pour ‘comprendre la facon dont Gos cinny écrivait fe dois reconnaitre {que jeme suis sentiun peu petit a cOte de lui. Goseinny maitrisait Je récit long quilalliait a un re doutable sens du gag De mon cote, je ne devais surtout pas chercher a copier le style d Uderzo, mais A me Yappro prier. La nuance est subtile, mais toute la difficulté est Ia. Fal com. mencé par dessiner les pages ‘comme je le sentais, avec mes souvenirs. Apres chaque page, j ‘comparais avec des planches ‘d'Uderzo numérisées fournies par Féditeur et ecorrigeais Au fur ‘eta mesure, mon dessin est rap. proche dustyled'Uderza. [al peo édé ainsi sur les 44 pages au yon, et la fin, ca ressernblait vraiment. Alors j'ai pu passer toutes les pages encre, cette fois (en partant de a fin et en remon tant vers le début, pour unifier album. Ce processus est long, et ‘comme les delais étaient 1rés, serrés, fai dd prend temps libre et méme, parfois, sur mon temps de sommel Uderzo avait décidé qu’ Astérix ne {ui surviveait pas. Son entourage et {es fans de la BD Font fnalement convaineu. Comment a-t-ll véeu aise les coudées franches ou, au contraire,a-t-l supervisé toutes les étapes de votre travall? Des le depart, il avait te convent quill aurait un droitdere gard sur toutes les vignettes et [pouraitexiger des comrections. Ce ‘quiétat bien normal. Chaque tois {ue etinissais une page aucrayon, je Yenvoyais a Uderza. (nde: Di ‘ler Conrad vita Pasadena,en Ca lifornie). Bt chaque fois, mia squidé Heureusement, parce qu'au debut Jfavais du mai ~ enfin, il serait plus juste de dire que ai eu ddu mal tout le long! ~ a choisir les proportions, & equilibrer les cases.. Uderzo était attentif au moindre detail. Par exemple, le nombre de rayures sur les braies Obelix. 1 arrivait que je me trompe. Il mia aussi fait rajouter tun petit reflet blane cans la pu pille Asterix, une -broutilles qu iavait complétement échappé. Ama décharge, il faut dire que le style de dessin d'Uderzo est tres vivant. Mais, en méme temps il est extrémement descriptf. {1 ny a pas de flou artistique dans sAstérixe, tout est dessine ! Par exemple, si vous faites un pied de Romain, il faut dessiner toute une série de lignes paralléles pour representer les cothurnes, les sandales romaines Bt s dans lune ease, vous avez une armige de Romains qui defilent, faut ewe Un surdoue du crayon Trois talents réunis pour une nouvelle aventure r ‘Unmaltre du art Un sénariste tout-terrain " Jehan P ale a i GEO HISTOIRE 23 Un essai transformé thane doze 908 Lohvecs nest fe psn posh 24 GAO MISTOIRE ‘900 dessiner tous les pieds | Cela peut devenir és long ia auss! révele ses strucse, ses astuces. ‘comme le fait, par exemple, de dessiner ses personnages debout sur le bord inférienr des cases, ‘comme sila vignette était un petit. theatre. Ceest une technigne typi (que d'Uderza, qui fait de tui un illustrateur extrémement lisible. Dans cette nouvelle aventure, Astérix se rend en Ecosse. (Gest un cholx lb de le faire voyager hors de Gaule ? JF: En fait, crest une des ‘ontraintes de la serie, quialterne Tesalbums svillage> et les albums. voyage». Une aventure en Gaul, lune aventure a Tetranger. tant donné que le demier opus, +Le Ciel ful tombe sur la tete», se dé roulalt dans le village dAstérls, nous étions obligés dele remvoyer hors cle nos frontieres, ‘Vous n'aviez pas envie de destina- tions plus lointaines ou exotiques ? D.C. LBcosse, cest une idee de Jean Ywes Asie mlauritbien pha. Le probleme, cest la distance. Et nos Gaulols se déplacent a pied, cen chara boeufs ou en bateau. 1-1-6. -Goscinny tui-méme avait dit dans une interview :-Jeles en vverras bien en Chine, maisil aut que cela reste jouable d'un point de vue temporel Etcest difficile pour la Chine» Bon, fla quand méme fail voyager les Gaulois jusque sur les cOtes Amérique fen usant d'un subterfuge : Asterix cet Obelix sont pris dans une tem péte et leur bateau dérive pen dant un temps inconnu, Uderzo, Ini, a utilisé un tapis volant pour Tes faire voyager jusqu‘en Inde, 2 Ia vitesse d'un avion de ligne. Je ne pouvais pas réemployer ce genre d'astuces. Et puls, Ecosse ‘arrangeait a plus d'un titre abord, ce nest pas le bout du ‘monde, Ensuite, Cest un pays qui ‘me plait beaucoup. Et, pour fini, Astérix n'y avait jamais mis les pleds. 1! s'est rendu en Grande Bretagne dans Palbum «Astérix chez les Bretonse, mais il wétalt pas allé autant au nord. (Quiest-ce qui vous attire ‘isbas, au point de voulor y ‘envoyer Astérix et Obelix ? J-¥.F : Pour quelqu'un comme ‘moi, bercé depuis toujours dans Ja bande dessinée et les récits daventures cestun terraindejeu formidable. Ecosse est un reser: voir inépuisable de légendes. Si vous avea lu +Le Seigneur des an eaux, de R.R. Tolkien, quand ‘vous étie enfant, vous ne pouvez ‘quiétre fasciné par ces paysages de landes. Alors, apres avoir rel ‘quelques récits de ce style pour me remettre dans ambiance, jétaisconvaincu que cela pourrait ‘treun cocktail étonnant de plon. ger Astérix et Obélix dans cette atmosphere de conte celte, Evi ‘demment, je devais trouver un pont, une facon de es faire entrer dans cet univers, ‘Avec plus de trente alburns derriére eux, les deux héros ont ‘deja beaucoup bourtingué. Quel genre de voyageurs sont-is? .C.: Astérix n'est pas vraiment tun explorateur, I ne se rend pas ‘dans un pays pour le visiter, mais, ‘uniquement parce qu'il un but tune mission a remplir. Pour ul, levoyage reste un décor, un cadre dans leque! il va évoluer. Ce qui ‘est certain, Cest qu’ Astérix tout comme Obélix aiment voyager. Ms sont toujours contents de partir, Caller voir ailleurs & quot cela resemble, Une fois sur place, ils se font une joie de de ccouvrir de nouvelles coutumes cet, particuliérement dans le cas, ‘Obelix, de otter des plats re. ‘glonaux ou traditionnels. [CF :Cest vra, le personage Astérix est davantage intéressé paar le but du voyage que par le voyage en lui-méme. I ne perd Jamais de vue son objectif. Au ccontraire dObélix qui, lui, peut dune seconde a Tautre oublier pourquoi ils sont venus. ‘Sion vous suit bien, Obéix est ‘davantage touriste que son ami ? JCP: Effectivement Ia méme parfois des reflexes de touriste bien franchouillard. Par exemple, IMlutartive de ler parce quil a pas de sanglier rOti au menu, ‘comme nos compatriotes sont parfois, un peu trop nostalgiques ‘du steak frites quand {ls sont loin ‘de chez eux. Mals Obelix est aussi Je personnage de la serie qui vit le voyage de la facon la plus fratche et la plus naturelle, Parce ‘qui a toujours un cell neut nee a ) < CITROEN DS4 3,90 beret a eed eet CREATIVE TECHNOLOGIE roa] Dae eR oe ee eae 7 I] Les Pictes sont décrits comme des guerriers couverts de tatouages quise baladenttoutnus 26 GEO MISTOIRE ‘eee sur tout co qui se passe au tourde hui, [lest comme un enfant «que tout étonne. locomotion de 'époque ? [eV F sCestautant phis erédible que certains historiens pensent que les Pictes (ndir: le peuple dun territoire qui deviendra Tcosse) et les Gaulols ont une origine commune. Certains font méme migrer des tribus ganloises ddu Poitou vers "Ecosse. De toute facon, ce sont des cousins. Puisqu’on évoque les Pictes, que sait-on sur eux? D.C: Pas grand-chose, hélas. Le probléme, cestquonatrespeude sources fables, La maigre docu. mentation notre disposition décrit des guerriers couverts deta touages qui se baladent tout nus du matin au soir Fai dd prendre ‘un peudelicence poétique et faire des compromits pour qu'ils res semblent quand méme a des Ecossais dans Falbum, [EVR Texiste un film que per sonnellement, je trouve assez ‘mauivais, -LAigle de Ja Newvieme Légion» un pepham inspirédtuane ¢nigme historique : la supposee disparition d'une armée romaine dans le nord de FEcosse au début ‘dul-sigele apres Jésus Christ. Les Pictes y sont représentés comme des sortes de Peaux-Rouges, des sguerriers étranges, pratiquant des rtuels chamaniques. Cest. bien si, oumé Moi, ce qui nvinteres salt, Cétalt Faspect humoristique Deja, danslemot»Pictes ilyaune sonorte insolite et amusante. On dirait une Invention, un peuple Iimaginaire. Dailleurs, i ya quel- {ques semaines, ayant qu'on ne ‘commence a parler du nouvel, album d'«Astérixs, personne ne connaissait les Pictes, fai comme impression qu'ils vont avoir un regain de popularite alors quis. étaient tranguilles Ta-haut | Pour les paysages, ta faune, la lore de cette région sauvage, de quelle documentation disposiez-vous ? BC, Fal cherche des images sur Inernet et Jean-YWes a eu la gen tillesse de me passer ses albums. de photos petsonnels. Et fal tra vaillé partir de ca, J-V.F Meme sion ne réalise pas une série documentaire, nous ne voulions pas quil y alt des choses trop saugrenues, Par exemple, les rmacareux dessinés sont bien des oiseaux marins que Ton trouve sur Tes cites ccossaises Dans les voyages d/Astris, les ‘noms de la plupart des personnages sont basés sur des jeux de mots. Jolitorax, Périféric, Courdetennis. EnEcosse, cela donne quol? [LF Je ne pouvals pas faire a tement quede céder Ala tradition des calembours, si possible tités parles cheveus,-Asterixs, sansles Jeux de mots, ce nest pas «Aste rixe. Alors évidemment, vousallez Uuouver des blagues avec les «Macs dans cet album. ‘Quand on caricature des peuples trangers, est-ce quily appas toujours un risque aller trop loin ? JWR: «"Astorix *, vaste etalage de clichés et de poncifs chau vins-, Cest un reproche que Gos: ‘cinny a entendu toute sa vie. Il faut se souvenir qu'il disait ini ‘méme que ce qu'il caricaturait, étaient justementlestieux com ‘muns { Dans ses albums, il ne dit pas sregardez comment sont les trangerss, il dit, avec une bonne dose de second degre, stegardez ‘comment vous yoyer les autres, ‘ce que vous dites sur eux», Ce qui permnet deen sorts, cestqutune venture d'Asterix nest pas seu Jement une collection de cliches, Hy a aussi une histoire. Un récit dans lequel Fetranger, que ce soit here Soupalognon y Crouton, le Breton Jolitorax, ou le Viking Kerozen, existe Ila une person nalité, un caractore, etc. Astérix ‘et Obelix vienrient pout lui vent ‘en alde, le sortr «une situation périllense. Au fil des peripéties, des liens d'amitiése nouententre les Gaulois et les autochtones. Daalleurs, au début «Asterix en Corse, on voit le Belge, THelvete, ‘ou encore MTbere debarquer dans le village armoricain pour y cele ‘bret, en toute fraternite, Fanni versalze de la bataille de Gergo Vie avec la tribu d Abraracourcix Parler de bande dessinée chau Yiniste ou franchouillarde, c'est aller un peu vite en besogne. En touteas, ime semble que Fetran ger, dans eAstérixe, nest jamals plus ridicule que te Gaulois. Y a-t-ll des choses que vous auriex allais pas rajouter ‘quelque chose ! étais comble. J-\.F Ce rest pas un gros sacri fice mais, dans mon scénario, Favais prévu un gag avec le hag sis la traditionnelle panse de bre. bis farcie. Pour faire marcher les touristes, les Ecossals samusent parfois a leur raconter qu!l agit ‘dun petit animal qui vit dans les landes. equivalent de notre dahu national. Yavais tres envie exploiter ca, mais apres avoir fait un test autour de moi, je me suis apercu que cela ne fonction halt pas. parce que les gens ne connaissent par le haguis. On ‘touche 13a une des particularités, cessentielles des albums deAste rixe lanécessité declarté.La-pri vate jokes ne marche pas. Pour fii, est-ce qu‘aprés avoir ‘entendu le son des comemuses, {es Gaulois vont apprécer {es chants d Assurancetourix JY. : Vous toucher-la un point sensible de album. Effectivement, ‘on peut dire quilt aun effet cor- emuserdans cetteaventure,.. ‘Propo recut pr CYR GUINET Un objectif pour chaque moment 18-270mm Di Il VC PZD ron représente Se FRONTIERE DE beotialaneerrene (ole ositelcca Cen} héros se rendent au pays des Pictes insoumis. Notre reporter a longé Je mur d’Hadrien qui séparait leur baseline MMi Cente cone t Cod Peer Tus} eater creer Popeereeiaed ree Raptor Petre ones ‘dans Anes See Rane tect prrrccd eid Prt emery eres LA GRANDE-BRETAGNE | Sur Ia frontiere OES PIETES, DES SOLOATS AGUGRRIS ET Perse D Ess) ae oe on 2 - CES RACES OE ASN Oe a es ‘est une muraille de Chine en miniature, Un rempart de pierres coiffé dher: bes folles que le temps et les hommes ont réduit a 1,50 metre de hauteur. Sa nasse grse joue aux mon. tagnes russes surlalignede créte des Whin Sill, un escarpement qui stire au nord-est de TAngleterre. Quand ce pays faisalt par tie de la province romaine de Britannia, Fouvrage rmesurait jusqu’a 6 metres de haut sur 3 metres de large, comme il est dessiné dans le nouvel album Astérix chez les Pictes. Mais notre héros gaulois, nele vitjamais La légende de la vignette ou il appa. rait explique dailleurs tres justement que «bien plustard, Hadrien, le ointain successeur de César, fit édifier un mur de 118 kilometres pour séparer la Calédonie de Empire romain». La construction est entrée dans la postérité sous le nom de mur Hadrien, Elle fixalt la frontiere avee ce qui est aujourd hui lEcosse, alors peuplée de tribus bar Dares que les Romains rfavaient pusoumettre. Ceux. quills redoutaient le plus étaient les Pictes, les Hommes peints» en latin, qui vivaient dans lenord cet Fest de MEcosse. Ils étaient appelés ainsi car ils arboraient des tatouages. Ces fermiers et éleveurs ‘dechevaux et de moutons étaient ausside farouches : En 105, puisen 119 de notre ére, ils détru- plusieurs des forts qui gardaient le nord de Ja Britannia Sibien qu‘en 121, fempereurHadrien. ‘décida c’érigerle fameux mut. Celui-ci défendit a province pendant prés de trois siécles, jusqu’a ce ‘que les Romains ¥en retirent, en Tan 410, De nos jours, ses vestiges s'égrénent encore en Angleterre, de Wallsend, sursacdte est, Bowness: ‘on-Solway, sur sa te ouest. Inscrits au patrimoine ‘mondial de Unesco ils constituent le monument Te plus visite de la région : quelque 300 000 tou- ristes originaires de tous les continents viennent admirer chaque année. Beaucoup arpentent Hadrian's Wall Path, un sentier de randonnée qui bord Fédifice sur toute sa longueus. La partie cen: trale du mur est la mieux conservée. Elle sétend, sur une cinquantaine de kilometres, entre le « oS McNay peers lerelo MLN LA GRANDE-BRETAGNE | Sur a frontiére MLN LA GRANDE-BRETAGNE | Sur Ia fronti@re 38 GEOVOYAGE ‘00 village de Humshaugh et acité d Haltwhistle. En chemin, elle traverse le parc national du Nor ‘thumberland. Cestce segment que fai longe.a pied ‘en une semaine, en compagnie de mes guides, John. Chrisp et Anthony Evans, deux retraités infati gables, employés par le parccomme rangers bené- voles. Chacunason hobby. John, 66anset une barbe blanche deloup de mer, connait par caeurles cham- pignons et les plantes de la contrée. me sourit ‘un air narquois «Vous saver, tout le monde vous raconte des bobards. Le mur, c'est nous, les Pictes, {qui avons construit, pastes Romains EAN-YVES URANO, >» GuipE SUR LES TRACES DES PICTES ‘ALA RENCONTRE DES « HOMMES PEINTS» se Lemusée Pctavia Siue's Brechin almond sner a hstore com=- bors archeologiques et nt es grandes he = peuple, depus Ouvertie week-end entre rovembreet mors. et tous es jours le reste de fan nee. Entrée 325 £ (380 ©), pictovo org.uk DE DROLES DE HUTTES FLOTTANTES ‘Le Scottish Crannog. mmusée baptist «Contec Ferme octobre amors.Le reste de Fomnee. ouvert de WOho17h30.Enuee +8 £ (950.6). wwwcramogcouk POUR ADMIRER LES PIERRES GRAVES ‘Le Meigl Sculptured Stone Museum. i Blargowne, aura isde 380 de cesses Lemusee de Meigle ext {ferme de novertre oma Lereste deTamee, ou vert de 9h 301630, Enirée :3£ (3.60 €) FOUTE LA MAGIE DES. 'S ET DES LACS fle de Skye. Norisenes te Ecosse Pour “ Tabane Je Taburn e prod seul wnt : Unpontowerpemet de Ser-vousde haus ralerlicaporrdeacte Gemanche et meter cr nore este ecsse. are saa dos dese Bie Adclaoncincm — ucetecue tens ques du chateau Ur sées aul jalomentie Lean deformations sures tine dees Mindomceds GouleestThebegement joa de ese murdtaaren — urow dulocsurwww gener en avance Sitcetedice Vattocnesscom Son Siesta. mak ae UNE RANDONNEE ‘posent. en plus, ur 2os.tafee — LELONG DU MUR ste sana ——— LeHadrian’s Wall Path. Informations et reser. ete coset tors srw th Tema dUadhensx sctawalcoun Sliavite 2 om Les Pictes ‘occupalent le rordetTest Ge Ecosse. Les auteurs de a {80 se sone tou- tefosinspees es paysages dette de Sige pe eae LES MENTALITES LE SYNDROME DU VILLA Une communauté soudée qui résiste a l'oppresseur : la tribu d’Astérix incarne un fans une forét de Touest village fonctionne comme une républi- de résistance a une histoire qui le just de la France, un groupe que laique en miniature, explique Funi- fie, présentée comme glorieuse, et qui a de contestataires cam- _versitaire grenoblois. C'est une société vraiment fasciné les pays étrangers» pant dans des huttes auto-organisée qui appuie surunsocle Pour preuve, le basculement qui s'est de fortune tient téte a de valeurs démocratiques et exalte un _opéréapattirdelaSeconde Guerre mon: sFenvahisseurs. Lhis- esprit de résistance.» Au-dela du lieu dlale.Jusquicl notre nation sadressaita toire rappelte celle dun physique, le village gauloisesteneffetun a planete entiére a travers les philo- certain village gaulols, concept fédérateur qui renvole Ala lutte — sophes des Lumieres et les ldéaux de la sauf qu‘elle se deroule du petit contrele grand, deDavidcontre _Révolution. La guerre de 1939-1945 a ‘en 2012 et que ces iréductibles ne sop- Goliath, et que Fon retrowve en France a changé la donne. «invasion allemande posent pas aux légions de César mais 4 tous les niveaux. Des quartiers refusent fut un traumatisme pour le peuple fran- la construction de Faéroport de Notre- de se plier aux diktatse de la ville, des _¢ais, analyse le psychologue Nicolas Dame-des-Landes,presde Nantes Lepa- régions contestent Finterventionnisme Gaillard. Et face & un traumatisme, le ralléle avec Asterix estsiévident queles de Etat. Et au-dela de ses frontieres, malade se crée des moyens de défense» militantsont faitcirculer surinternetun THexagone Joue souvent cavalier seul Ainsi, apres a Libération, ona minoréle tact qui pastiche BD Ony retouvela_contre sx als occidentaux comme rea collaboration et du régime de carte figurant surla page de gardedesal- lorsque Dominique de Villepin. alors mi- iten élaborant un mythe «résis- Farms ma ichievilagerecnichrantest mets des Ataiesctangétes foppestatanclallsts: «Les Francais pour ccemé par des «camps tomains» dontles la guerre en Trak lors d'un discours pro- il, ont voulu continuer de croire quills noms évoquent les promoteursetdéfen- noncéATONU, le 14 février2003, ‘étaient capables de se détiendre seals. seuts du projet: «Petitbonum Ayraults, ‘Sappuyer sur image d'un heros trondeur -Babaorum Valls, -Laudanum Vinci-, Aquarium Gardemobiles.. Ce nest pas {que dans notre pays oitTon fait de fouler un passe impossible a accepter. 1a premiere fois qu'une communauté en la résistance «Partout, '@ire hu-_Dautant que la France daprés-guerre révolte se réclame du héros de papier main cherche a répondre ala question subit deux autres séismes majeurs avec ‘moustachu.Ainsi,en 1980, es habitants fondamentale du ‘qui suis-je" ensoppo- _lesdefaites en Indochine, puis en Algérie de Plogoff avaient imaginé une parodie sant A.cequilrvest pas remarquelepsy-_»Cestdansce contexte de perte de nosco- ‘album Asterix pour protester contre chanalyste Marie-Jean Sauret, auteur de _lonies questné Astérix, en 1959, rappelle Timplantation d'une centrale nucléaire «Psychanalyse et politiques (Pressesuni- le critique de BD Nicolas Rouviére. La sé prés de ce bourg du Finistere ‘ersitaires du Mirai). Mais la France se le proposait une autre mythologie, non ‘Cestasedemandersi,enimaginantun distingue par son histoire. Notre nation plus celle de I France souveraine en son petit noyauderebellesquitésisteencore s'est créée dans la révolte, en s‘élevant empire, maiscelle d'un peuplechampion ef toujours a Tenvahisseur, les auteurs contre le rol, qu tenait son pouvoir de _ de Fanti-Impérialisme» La fiction rejol ‘Asterix rravaientpasmisledoigtsurun Dieu. Lidée rousseauiste dupeuplesou- gnait ainsi la realite, car dans Je meme trait fondamental de Tidentité francaise. verain nousa profondément et durable- temps notre pays 'inventait,sous a hou. Cette these est déferddue parNicolas Rou- ment marqué» Lhistorien Pascal Ory, _lette de de Gaulle, un nouveau role sur le ire, spécialiste dela bande dessinéeet quia signé une biographie de Goscinny. _plan international, celui une nation non autetr dsAstérixou les humieres de la aux éditions Perrin partagecetavis: «La _allgnée, du grain de sable qul enraye lal. Civilisation» (€d, PUF). +Uderzo et Gos- _spécificité de la France, souligne-til est gique des blocs Parallélement, Fespritde ‘inny décriventtine société idéale oii Je de pouvoir adosser ce discours national résistance était valorisé ati niveau local et PLUSIEURS COMMUNES SE RECLAMENT D’ASTERIX ! O 1 pourrait objecter quil n'y a pas _ tel Astérix, Cest aussi tine maniére dere nouvrantchaqueaibum par Ctes-dArmor ny apasde _rochersallanés, aularge du viage unplansommare qusermbie .doute-son lage inspkécehs gauss -un gros unrayen un stuerlevitage magnate desGaulos «Pendant Seconde pete Exactement comme ceux rsterx quelque par enveRos- Guerre, Udeo estvenvicavec qui prolongent pone guy = {off et Sart-Malo, Ue. sonar qucherchat)éehapper Mle: sures cates IN, Un Goscimy mimagnientpas que auServcecy taval oblate Camp de César» ext ndque pres ‘quelques cormmunes revendique- Soulgne-tele ly ansulte passe dela commune, no le de ves Thentleprivege Sworseride des vacances.en fame Hvapas ties de foreations pauses model PourLaurence Merdh- _ eherch 4 ceper es paysages ‘Le suet pourtant. fat per frac responsable defoffcedu dry, maiscega mfuence.=Et que Dabord pace quderz0 Toursme cEmuy.unjolportdes puis souslaloune.yacestols _alasst planer fecoute.Soliate GE GAULO trait fondamental de l'identité francaise. Individuel De 1a, anjourdthul les lans de sympathie pour un fosé Bove, personnifi. ‘cationdT'Astérix, en lutte contre les derives ‘de la mondialisation, ou pour un Arnaud Montebourg, comparé& un sirréductible Gaulois-lorsquil $opposa, en avril 2013, ‘atrachatde Dailymotion, lebijoufrancais ‘duNet, par FAméricain Yahoo! als cette insoumission peut aussi ‘tre percue commeunrepli str soi. ‘Arc-boutée sur ses AOG, son terroir ‘et ses fleurons technologiques (TGV, Ariane ete), la France est accusée parles pays étrangers de se recroquevillerabsur ‘dement suelle-méme Let juin dernier, ‘unarticle du -Wall Street Journals dénon- ‘altainsi notre intransigeance défendre notte exception culturelle, quitte a faire capoter des négoctations deibre-échange ‘entre Union européenne et les Etats Unis portant sur plusieurs milliards de dollars «Plus ou moins confusément, les Francais rejettent la mondialisation, ce ‘monde nouveau, chaotique, quis font pas choist, estime Jean-Pierre Le Gof, 0. ‘Gologue au CNRS et auteur de «La Fin du village (éd, Gallimard) Is eprouventune certaine nostalgie pour le village et ses forts liens collectifs, quis idealisent. Lesociologne pense que ce concept de village-refuge est apparu dans les années 1970. En témoignent deus affiches de ‘campagne de Francois Mitterrand. En. 1968, le candidat de ia gauche & la presi dence pose devant un paysage industriel ‘moderne: un champ cultivé ot se dresse un pyldne électrique, sur fond de chemi- Envers et contre tous image duhameau Asterix cere partes Romains Iistrerat sa fos notre esprit de Febelion et note replace ala ‘mondialisation, un décor bucolique - un petit bourg avec son églse et son clocher-ilustrant Je slogan de «La force tranguilles. «Cette affiche incamelaperte de confiance dans, Je progres technique, constate Jean-Pierre LeGoff,Lasociete faplusde vision dave- niret cherche ses points dancrage dans Te passé. Le village devient un rempart contre le changement, Funiformisation fore¢e et, surtout, individualisme. Des ‘manifestations trés simples, comme la “féte des voisins-lancée en 2000, expr ‘ment ce besoin de retour au collectit» Cette France, quia le sentiment étre ‘cemée et oi monte lefantasme de Tinva- sion étrangére, peut-elle encore souvrir viere,qultenvoie..Alalectured «Asterix, ‘ree, il faut le rappeler, par deux enfants, de Fimmigration (italienne pour Uderza, juive Europe de IEst pour Goscinny). “Cette BD est le lieu d'une réconciliation Joyeuse,affirme Tuniversitaire Ses heros portent im idéal dont on pourrait sinspi- ret: une sorte dethnocentelsme fécond ‘qui reconnaft des différences d'identité mals auss! des valeurs communes entre les peuples. Ce cercle de Gauls of Fon apprend le «vivre ensemble, recoit au tourd'unbanquet les compagnons étran- ‘gers unis contre un meme ennemi»Seuls Jes Romain qui veulent les soumettreet Jeurimposerleurslols, demeurent exclus née dusines En 1981, image estbien dif- sure monde et lu transmettre un mes- de ce village planetaire, . férente:le visagede Mitterrand sedétache sage universe! Oui.affirme NicolasRou- Leo raion par aquitté le port de Boston. Vue dt pont du ferry, la cote est de Cape Cod («Cap aux moruess), dévoile une nature vierge comme au commencement des temps, Battu pales vagues de Atlantique, un cordon {ninterrompu de sable blond frange cette péninsule de 100 kilometres de tong qui savance tel un crochet dans Focéan, au sud-est de TEtat du Massachusetts. En arriere dela plage, des falaises striées de rouge cet de blane cedent peu a peu la place a un mou- tonnementdedunes lunaires.Au-dela, des prairies désertes etd épaisses foréts tissent un camaieu de vert aux tons nuances Est-ce sur cesrives sauvages ‘qui Astérix et Obelix, découvreurs imaginaires de Amérique, ont pris pied au terme de leur «grande traversée* ? Les clrconstances de leur accostage, leur affrontement avec les Indiens, puis les liens amitié quils nouent avec eux, évoquent en tout ‘easl'odyssée des Peres pélerins (Pilgrims Fathers»), ‘quidebarquerent sur ces tes, le novembre 1620. Ces protestants britanniques avaient fui leur pays pour trouver une terre plus tolérante au Nouveau, Monde. La colonie quils y créerent devint le plus ancien établissement habité sans discontinulté jusqu’a nos jours C'est pourquoi ils sont considérés ‘comme les peres fondateurs des futurs Etats-Unis. Ces pionniers partirent du port anglais de Plyinouth, le 16 septembre 1620, a bord du «May: flower, un voilier marchand chargé de cent deux ‘migrants quidevaient s'nstaller en Virginie. Mais ‘comme lesherosdela BD unetempéte les détourna 8 GFOVOYAGE Chaque mos de ules Warnparca chet slo de Meshes etinny ae pow wove lis celebren¢ ars leurs 3 Cates. les habia crgets au Nowwealy ‘Monde Mar pour Asreicet Opeth peut-€re des Romaine deguse de leur route, si bien quils se réfugierent dans la baie de Cape Cod, que la péninsule ¢ponyme pro- {ge des vents du large. Leur navire Samarra a la pointe nord dela presquile, emplacement actuel delaville de Provincetown. Aujourd hu la Pilgrim “Tower, un campanile néogothique, est leseul monu- ‘ment rappelerFévenement. La plage ot jetaTancre Je «Mayflower est désormais un port animé, dans Jequel les bateaux de péche etde plaisance alignent le Tong des quais ot le ferry deverse des foules de vacanciers «P-town», comme on lasumomme, est run des lieux de villégiature les plus prises de la Nouvelle-Angleterre. En été, a population passede 3000 2.60 000 habitants. Ses rues sont bordées de ‘coquettes maisons en bois avec balcons et vérandas Aacolonnades, de style Cape Cod», inspiné deTarchi- tecture coloniale du XVII" siecle. Les dindons sauvages dont se délecte Obelix sont désormals protéges dans un parc national De nombreux drapeaux arc-en-cielflottent sur les facades peintes de couleurs multicolores, Patown héberge en effet a plus forte concentration decouples gays.et lesbiens des Ftats-Unis: lerecen- sementde 2010 dénombre 163 foyers homosexuels surlemillier que compte la cité «Depuislesannées 1910, Provincetown a été un refuge pour les mar- ‘ginaunx, les excentriques et les contestataites, eoe LALLA ULAMERIQUE | Un nouveau monde Cre astickal Peerenimenntry coergrtnraraes saprres Sf @ a S tions curopéennes Cea LULL le UAMERIQUE | Un nouveau monde ‘200 souligne John McDonough, le conservateur ‘du Pilgrim Museum. Son isolement, sa tranquillité, Ja beauté sauvage de ses paysages et sa lumiere cexceptionnelle ont dabord séduit les écrivains et lesartistes, puis les hippies. Celliew a toujours été synonyme de liberté et de tolérance.» Une philo- sophie initiée par les Peres pelerins qui signerent, la veille de leur débarquement, le «Mayflower Compact». «Ce texte, explique John McDonough, définissait leur future colonie comme une ‘démocratie composée de citoyens qui élisaient leur gouverneur et qui respectalent les croyances de chacun, Les spécialistes considerent que ces rincipes ont servi de base, pres de deux siécles plus tard, ala Constitution des Etats-Unis» Les pélerinsjugerent pourtant que site de leur ™moullage n‘etait pas propice & un établissement durable. Aussi organiserent-ils trois missions d'ex- ploration, dont les membres progressérent avec qui ouvrit rere des ULLAL LAMERIQUE | Un nouveau monde 4 GeovoYAGE ‘900 Astérix et Obelix rreurent pas besoin de suivte ce conseil. Les pélerins eux, finirent par conclure une alliance avec Massasoit, le chef des Wampa- nnoags, une des plus importantes tribus algon- ‘quienes de la contrée. Ils leur prodiguerent des soins, tandis que les Indiens leur apprirent aculti- ver le mais, a chasser et a pécher. Sans leur aide, Jes colons n'auraient pas survécu au terrible hiver de 1620, qui vit la moitié dfentre eux périr de la maladie du scorbut. Lesoursetlescerfs que traquent nos héros dans Talbum ne hantent plus les foréts de Cape Cod. La péninsule reste toutefois un sanctuaire dela faune marine. Quelque 15 000 phoques gris y cOtoient les baleines franches eta bosse. La région est aussi réputée pour ses poissons, ses huitres et surtout ‘ses homards «Les courantsrenouvellent sans cesse eau de la baie, nourrissant ainsi les crustacés», cexplique David Stamatis, sur son bateau amarré ‘dans le port de Wellflet, au sud de Provincetown. Pécheur en été policier dans la banlieue de Boston le reste de Fannée, le jovial quinquagénaire leve Tancre chaque jour a Taube pour aller relever ses ‘casiers. Mais malgré sa popularité, le homard rap- porte peu La faute aux distributeurs, quinousles achétent pour trois fols rien, soupire-til. Si cela continue, on va aller pointer au chomage-.» Les Indiens enselgnérent aussi aux pélerins 4 cueillir des bales, dont les airelles ou canneberges (ecran- berry», en anglais). Aujourd hu, Cape Cod est émail- ge de champs ¢ arbrisseaux ployant sous ces fruits Lefameux Quel be lave sauvag ‘accep ela poten rouges. Leur culture se concentre toutefois autour dela ville de Carver, sur le continent. Les 40 hec- tares qu’y exploitent Jack et Dot Angley res. ‘semblent aun immense tapis vermillon, Le couple recoit les visiteurs dans sa grange. «Le cranberry, est For rouge de la région, disent-ils. A lui seul, le Massachusetts génére 30 % de la production nationale de ces fruits que Fon vend frais ou séchés, ‘ou sous forme de jus et de confiture.» Lagardienne des traditions wampanoags porte un fee-shirt de Féquipe de base-ball de Boston La paix entre les colons et les Wampanoags ne dura quiun demi-siécle. En 1675, la guerre qui les ‘opposa ne laissa que 400 survivants parmi les 20000 Amérindiens Parla suite, beaucoup périrent epidemies. Les autres furent chassés de leurs terres, christianisés, voire réduits a esclavage. Les ‘Wampanoags furent finalement regroupés dans plusieurs réserves. La plus importante, située 4 Mashpee, au sud de Cape Cod, compte désormais 1400 individ ci, pas de tipis comme dans album, sAstérixe, mais quelques maisons de style colo- nial, une poignée de commerces, une chapelle, et Je «centre gouvernementals abritant le conseil et le tribunal tribaux. Le tout noyé dans une foret de pins, en bordure d'un vaste lac. Pas non plus ¢'In- diens emplumés comme dans la bande dessinée Ramona Peters, qui veille sur le musée des ‘Wampanoags, a des cheveux courts bouclés et arbore un tee-shirt des Red Sox, l'équipe de base- Des dessins qui jouent ball de Boston. Cette «gardienne du few, agée de ‘60 ans, transmet les traditions a qui veut bien les recevoir. «Certains jeunes veulent apprendre, cexplique-t-elle. Mais Cest une démarche qui reste individuelle. Tout le monde nest pasprét alafaire» Reconnus en tant que tribu par Etat fédéral en 2007, au terme d'un combat juridique de trente- ‘deux ans, les Wampanoags voudraient construire ‘un casina. Le projet vise a assurer leur autonomie économique et créer des emplois (la moitié de la tribu est au chomage), mais divise la communauté Le pow-wow annuel est Tun des seuls moments. coli ses membres renouent avec leur culture. Vetus de leurs parures cérémonielles ils se livrenta leurs danses et leurs chants ancestraux, les mémes aux- ‘quels Astérix et Obelix prennent part dans 'album. Etles colons ? Ramona Peters peine a en parler. > Guipe NOTRE SELE! DANS LES PAS DES PELERINS. ‘a La Pimoth Plantation. Ausud de Pymouth cette reconstitution dela pre Inve colonie de Nouvelle Anggetereimemerge e stew dans furwers des palerins en 1627. Ses habs tants sont outs par es acteurs, formes pour Conratela vie quoidenne, rpersonnalte et meme Taccent de leurs person rages respecofs, Un centre Garusanat et un vilage vwampanoag animé par Ses memores de trou completent este 137 Waren Avenue Ply ‘mouth prendre e bus Pit- Fm Link depuis le centre ‘le. Ouver tous es ours de9hai7h Eneee: 2595S (20 €)pourles odutes, 15 $ (1 €) pour les enfants. wore plmoth og ‘tLe «Mayflower th, replque a fidentque du voller qua transport les Colors est amare au port e Piymauth. Const en 1957, en Angleterte. le nave vent ste de restau Palers et membres de Tequipage en costumes epoque vous recaient 66 GEOVOYAGE ont dans caine egué du captane et dans la cae, ol wecurentles 102 passagers pendant les 66 ours de leu avers Stote Per, Plymouth. Ouvert tousles ours de 9h 017. Veit 10° (@ €) pour les ‘odes, 75 (5 €) pour les enfants. rw pimoth org ‘= La Harlow Old Fort House, Cette raison dotée duntoitincuve et dun plancher en bos est Tune ‘es kis anoennes de Py mouth Ele fut corstnute 1 1677 par Wilarn Harlow, Un soldat fermen avec bois de charpente prove rant dufort que les pelerins ‘vain eigen 1621-1622, 119 Sondwich Stree, Plymouth, Calendrier et horaires des vstes sur plymouthantquarian sodetyorg PLAISIRS DE LA MER 1 Savourer un homard, Ne vous fez pas au décor <époulle di Lobster Pot Ce restaurant aux baes virées donnant sur Tocean est repute pour seri les me feu homards et ruts de met de Provincetown. Les musts du menu la bisque de homard eta soupe de plourdes («dam chow ders). En pore. on peut acheter elie derecetes du chet Tim MeN 4321 Commercial Sveet, Provincetown. Ouver tous lesjours de 11h 30 621h ptownlobsterpotcom ‘de 1620, est un ‘uatre-mats mmarchand de S2mdelong ‘= Cétoyer les baleines. Pusleurs socetés de Cape Cod proposent des sores es cetaces, La Dophin Fleet. créée en 1975, esta Dus ancene e Tie des pus mporeantes. Bieter sure port. 307 Commercial Sweet, Province town 44 (33 0) pourtes dates, 29 $ (22 € pour les enfants de S212 ons grate Pour les moins de 4 ors. ‘nolewech com 0U DoRMIR ‘= Nexander Hamilton House. Sasce a Mashpee ausud de Cape Cod, afore qu Tertoure ete lac Ashumes tout proche sont propices aux balades eta la bagnade ‘Horse Shoe Bend Woy, Mashpee. De 225 § (70) (0300 226 €) selon lochombre etic saison. ‘lexanderhomitonhouse ‘apecod com ‘= La Whitfield House. ns Critau Regstre historique Plymous, ce manat bau en 782 aspose tos chambres doubles Urbs cosy. Ses proprétares, Bran Whatheldet sa scour Barbara, vous en conteront histo. La sale a manger fete salon sont dignes ‘un musse. fauteuis Chip pendale,lustres en cst, pelntres marines, service fen porceline de Chine 26 North Street Plymouth De 120 $ (90 €)42808 (0816) fo nue www whitehouse com UAL LES VOYAGES [les nauigaleUrs long cours eee ere kele nee ened ee Poe eee eee eae cnt) Peon ner eer ckmneena nents viking. Pour le malheur de Barbe-Rouge et de ses pirates, Cee eee enn es GEO VOYAGE 67 Lea AULA LES VOYAGES | De grands navigateurs mis?.. MAIS Tf... & 3 ; 4 | ( = a = , Pre oa KLAOD AMICE Le gardien inspiré des légendes celtiques. 176 GEO VOYAGE uuelquesnotes de musique, pergues un jour depuis la fenetre de son apparte- ‘ment de Chauvry, dans le ‘Val-d'Oise, ont faitbasculerle destin de Kload Amice. yal jeté un ceil en bas, raconte-tl, cet Jal vu un groupe avec des comemuses et des tambouts... Mes origines me sont reve- nues en pleine figure.» Né en 1945, Klaod est en effet un émigré breton de la troisi¢me ‘génération. Son grand-pere brestois, employé ala SNCE avait été muté en région parisienne centratnant toute sa tribu a Nanterre. «Le son du biniou m'a fait comprendre que jétais, ‘en manque de Bretagne. J'al Interpellé les musiciens et ai demandéa les rejoindre» Le temps d'acquérir une bom- barde (sorte de hautbois), et Klaod rallie le bagad. Jouer des airsarmoricains ne lu sufft pour- tant pas, En 1976, il achete une batisse dans le Finistere, a Bras- parts, dans les monts dArrée, au. ccceur d'une terre de mysteres ot UML LES TRADITIONS | Les druides occasion de s'y installer se présente. «Un jour, un gars m’a dit qu’on cherchait un maltre-chien a la centrale de Brennilis, non loin de las, raconte Klaod qui nfhésite pas et devient agent de sécurité sur le seul site nucléaire civil de Bretagne. En 1985, une vision va changer le cours de sa vie. «Ma grand-mere décédée m’est appa- rue dans un réve_Elle s‘agenouillait devant uncalaire et me disait quellenetouchait pas la pierre mais les ancetres qui étaient dans la pierre.» Le songe lui parait si réel que Klaod ‘enest profondément marqué Convaincu quil existe une autre réalite que celle qui soffre & nos cing sens, il décide de sinvestir «dans une philosophie qui reli les univers d'ici et les univers ailleurs». Etle druidisme devient pour lui «comme une évidencee. I integre d'abord une petite association druidique, Ar reeusanavalenn (Ceux du pom- ier), avant de rejoindre, en 1997, la Gorsedd, ot il s'épanoutt plet- nement sous le nom de Houc’h la figure de fAnkou, le serviteur arBrug (le Sanglier de la bruyere) delamott, estomniprésente. Tout _ «En cérémonie, nous essayons A c6té, une tourbiere appelée le détablir une vibration, une har- partis encombrante ‘Yeun Elez est considérée parcer- Giaceace monie, explique-t-il. On sent personage Sant tains comme «la porte de enter» quvonne fait qu'un aveclesautres la figure cu drude a La famille Amice passe 1a toutes ses vacances, jusqu'a ce que terencve pepe etavec le Tout...Cesont des choses quine sexpliquent pas» = Geo VvovaGE 77 CAA LES TRADITIONS | Les druides a scene remonte a trente ans, mais Elisabeth se sou vient commesi cétait hier de la premiere féte drut- dique a laquelle elle a assistée : «I n'y avait la ue des vieux barbons raconte-t-elle. Cétait drOle, eme serais crue au XIX" siecle les dames avalent mis leurs chaisesau soleil Soudain Fune entre elles sest exclamée:"Mesdames, pre~ rons nos ouvrages, ces messicurs vont com- ‘mencer leurs travaux”. Et elles ont sorti leurs broderies.» Refroidie par cette atmosphere compassée, Elisabeth a pris son temps :« fal attendu dix ans avant de devenir druidesse.» ‘Cesta Nantes, au Cercle breton, «un groupe de danse, mais sans costumes, qu’Elisa- beth rencontre celui qui va devenir abord son mari, puts, plus tard, le sixieéme grand druidedela Gorsedd. Lorsque celui-cl refoint Fassocia- tion dans lesannées 1980, Elisabeth garde d'abord ses distances. Elle milite,deson c0te contre rimplan- tation dune centrale nucléaire & logoff, dans le Finistere. Plus tard, elle se joint aux associations Bre- tagne vivante et Eaux et rivieres de de devenir mattre de cérémonie.Les femmes font en effet partie intégrante du mouve- ‘ment. Outre-Manche, Ann Trevenen Jenkins ‘est devenue en 1997 grande barde des ‘Comouailies, et cette année, début aott, la poétesse Christine James a été intronisée archidruide du Pays de Galle, la plus haute distinction ~cesten effet la premiere femme A occuper cette fonction en deux siéeles. En Bretagne, es femmes consacréesreprésentent ailleurs la moitié des effectifs de la Gorsedd. +Maisaucune ne sest encore imposéealatéte ‘dumouvement,estime Elisabeth. Cependant, ‘cela ne poserait de problemes a personne» Lorsqu‘on V'interroge sur ses motivations, Ja druidesse remonte loin dans ses souvenirs. Elle se revolt petit fille, en 1958, lorsque sa famille est revenue en ‘Comouaille, dans le sillage de son pere militaire. Nous artivions de Tunisie. La-bas, tout était odeurs, couleurs, chaleur...c), tout taltdif- ferent: éaitla pluie, es pommiers cenfleurs les vieillesdames encoife a vélo fodeur du maquereau que fatsait cure ma grand-mére.Jétais contente, était si bien Elisabeth, Contrarernent Bretagne, dédiées a la défense des cecueracontent Sarréte un instant : «Des fois, je me les auters dea millieux naturels.En1990, Elisabeth bande dessins demande si, en étant druidesse, ce arudes navaent rejoint enfin la GorseddaFappelde ancien grand druide qui ul propose ‘8 GEOVOYAGE pasdasostames est pas mon enfance que je suis entrain de defendre» . ELISABETH KERLOC’H Une druidesse dans le cercle des initiés. GEO VOYAGE 79 LUDOVIC LOUBOUTIN Sa mission : porter I’épée de la Connaissance. 80 GEO VOYAGE “estune epee de 2 metres delong maiscestsurtout un sidcle d'histoire que Ladovic Louboutin porte ‘sur ses épaules, une fois par an, lors du rituel_ estival de la Gorsedd. A.34 ans, le jeune Quim- pérois est en effet un des pivots de Ia cere- monie. «Je suis le porteur de 'épée de la Connaissance, précise-til, tres imprégné de sa tache. Dans le protocole de la cérémonie, jedois suivre le grand druid en permanence ete symbolise sa protection» Ludovic, au contraire de beaucoup des membres de fassociation, nest pas né en Bretagne. D’origine colombienne, il a été adopté par une famille de Quimper alors qu'il navait que quelques mois. «['ai découvert la Gorsedd age de20.ns explique lejeune homme. Ce sont des amis qui m’ont parlé des druides lors du nouvel an celtique (ndir une {Ete célebrée dans certains pubs cet cafés en Bretagne, dans ia nuit 4u 31 octobre au 1* novembre). Plus je les écoutais, et plus j'avais cenviedeles rencontreretde faire partie de leur “famille”. Ludovic Des sages pass dats UML LES TRADITIONS | Les druides laplupart des druides ont déja quelques che- veux blancs, Ludovic, lui, incamne la releve. ‘Quel regard portent les gens de son age sur ‘son engagement ? «On nous considere par- fois de maniére un peubizarre, concéde-til, alors qu‘au Pays de Galles, les druides sont tous les ans a 'honneur et passent meme a latelevision.» Une reconnaissance que Ludo- vic envie quelque peu : «La Gorsedd, soull- gne-til, ne compte qu'une cinquantaine de membres en Bretagne, alors qu'il sont plu- sieurs milliers au Royaume-Uni : cest dire Timportance du phénomene la-bas. Méme ‘une partie de la famille royale ¢’ Angleterre fait partie de notre mouvement.» AYavenir, Ludovic almerait que le groupe prenne une dimension plus politique et ‘engage davantage en faveur de Vécologie. «Par exemple, expli- que-til, nous pourrions aider les associations qui promeuvent des itinéraires touristiques en leur apportant notre connaissance de Jarégion.» Une facon de continuer A faire vivredes hauts liewx, comme lechemindela TroméniedeLocto- nan (Finistere), Chaque année s'y User les dessa réalisera son souhait quelque vec ine barb an deroule une grande procession ‘temps plus ard, avant de posersa “appatensont catholique, mais qui sait qu'elle candidature et tre enfin accepté dans le cercle des initiés. Alors que Tes genératens suite trace d'un itinéraire sacré qui remontea la nuit des temps? = GEO VOYAGE CMAN LES TRADITIONS | Les druides ans la hiérarchie de la Gorsedd, lsarouez varz>, ccérémonie, ative en deu- xleme position juste dersiére e grand druide. Cette année, au rassemblement d’Arzano, cette charge était dévolue a Youenn Amice. A34 ns, ce demier est pourtant un des plus jeunes membres de l'association. «Je suis devenu “arouez varz” il y a deux ans a la demande du Poellgor, le consell de la Gor- sedd, confie-il. Mon roe, est celul un chet orchestre, je place les gens, Je leur indique quand ils doivent parler ou jouer de la musique, ete vellle au bon déroulement des, différentes phases du ritueL» Lorsquiil ne revet pas sa sale (une sorte de tunique), Youenn est auxiliaire de vie sco- Jaire et surveillant au lyeée hor- ticole de Chateaulin (Finistere), et pratique la danse au Cercle i sgnons de mon pere. Lorsqu'll organisait des réunions ala maison, jécoutais tout ce quils, se disaient. Parfois méme, je prenais part aux discussions, et ai pu assister a ma premiere cérémonie & lage de 12 01113 ans.» Adoles- cent, il participe a des fest-noz et s'inserit a des cours de danses celtiques. Plus tard, étudianten histoire de fartatunt- versité de Rennes, Youenn apprend aussi le breton, qu'il maitrise désormais correcte- ‘ment. Ilconsidére le druidisme comme une forme d'engagement pour la défense de Ja langue et de la culture bretonne. «Cela regroupe tout ce que je cherchais, explique- til, uneculture, une spiritualite, un esprit de fraternité et une recherche permanente de connaissances diverses, qui m‘apporte Péqui- libre.» En 2003, le jeune homme intégre offi- ciellement la Gorsedd, comme une synthese deses engagements et passions. «Tous mes amis celtique de Morlaix. Il baigne 4) savent que je suis druide, je rfai dans la culture celte depuis son aucun souci la-dessus, poursuit- plus jeune age. «C'est normal, iL Tny aucune moquerie nulle explique-t-il mon pere est autre part, précise Youenn, sans com- que le draide Houch ar Brug (de plexe et a l'aise dans sa saie. son vrai nom Klaod Amice, lire Unoutoubie ——_Cependlant, je nen parle pas au. son portrait en début de dossier) ine see pour travail parce que ¢a n’a pas sa Enfant, favais soif de piritualite, plas de 2000 as. place la-bas : ene veux pas faire Ceauiiestphs Jediscutats aussibien avecle curé du village quavec les compa- GHOVOYAGE lecasayowara de prosélytisme, je ne suis pas tun témoinde Jehovah» YOUETITI AMICE Le jeune barde promu maitre de cérémonie. GEO VONAGE 83 PER-VARI KERLOC’H Le chef syndicaliste devenu grand druide. IP 84 GEO VOYAGE ‘est la mort de Gwenc’ hlan Le Scouezec, cin- quieme grand druide de Bretagne, que Per-Vari Kerloc’h a été nommé & la téte de la Gor- sedd. S'exprimant aussi bien en francais ‘quen breton ou en anglais, il est intarissable sur histoire et la spiritualité de son mouve- ment. Une seule chose peut le mettre en colére, cependant : qu’on lui demande si les druides constituent une secte.. Per-Vari, tel Obélix, est tombé dans la mar- mite du druidisme quand il était petit !IIn'a {que 11 ans lorsque ses parents Fenvolent en Internat Ses lectures, dé), different de celles deses camarades, «Lesautres isalentle “Club descing’, moi était les vieux livres dhistoire ou “La Guerre des Gaules" de Jules César, se souvient il. Dans les mémoires UML LES TRADITIONS | Les druides maoiste, anarchist, fal été de tous les com- bats, sourit-il. Cest entre deux manifs, que Fal croisé mes premiers druides Un soir de 1980, 8 Quimper, iLestinvité a une réunion de la Gorseda, oi il fait la connaissance de ‘Gwenc'hlan Le Scouezec.Idevient son adjoint dix-sept ans plus tard, en 1997, et Taide, notamment, faire le ménage lorsque asso- lation est victime d'une tentative de récupé- ration par Fextréme droite «Nous avons exclu desmembresetrejeté toute forme deracisme dans une déclaration publique, rappelle-ti En 2008, Per-Var succéde& son mentor, sous Je nom de Morgan. Aujourd'hui, il sagace ‘quand on met en cause la crédibilité de son ‘mouvement :«Nousne falsons pas un péplum, Insiste-tL. Le druidisme nrest pas une recons- titution historique! A 61ans.cet ancien cadre deLa Poste etresponsable syn- du grand conquérant romain, Za dical ne baisse pasa garde. Pour i decouvre les savants gaulois, preuve, ses récentes prises de ‘qui cueillaient le gui dans la positions contre les expulsions forét, entigrement vétus de des Roms ou pour le mariage blanc...Les dnuides, Per-Variles poutrtous.sPendantdessiecles, rencontrera, en chair et en os, les druides ont doté les peu- dans les années 1970. A cette ples celtes de constitutions et

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