Professional Documents
Culture Documents
Oek - M 2025 3107 5
Oek - M 2025 3107 5
Livrets de censure
Paris 1866/1873
L’Employé. Bobinet.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 2
J’arrive chez Gardefeu … Son Métella. On dit d’une femme ! C’est une rouée.
domestique me dit : Monsieur va Fichtre ! Je suis pincée !
rentrer à l’instant. Il était une heure. Gardefeu.
J’attends. Gontran. Pourquoi ?
Vous paraissez embarrasée,
Gardefeu. Madame, et votre bras frissonne sur Bobinet.
Blanche me répond : J’ai pris un mon bras. Parce qu’elle a fait ceci et cela.
moyen très simple. J’ai dit au petit Bob
d’aller vous chercher à Paris et de ne Bobinet et Gardefeu (ensemble.) Gardefeu.
pas revenir sans vous. Madame, en nous voyant, est surprise La belle affaire !
peut-être.
Bobinet. Bobinet.
Deux heures arrivent, puis trois Gontran. Mais Métella ça n’est pas ça.
heures … J’attendais toujours … Ces deux messieurs paraissent vous
Monsieur veut-il des cigares, m’avait connaître. Gardefeu.
dit le domestique … Ils sont C’est autre chose.
excellents. Métella (froidement.)
Ces messieurs ? Connais pas ! Bobinet.
Gardefeu. A la bonne heure, quand vous voudrez
Et pendant que Bobinet fumait mes (Elle entraîne Gontran.) me parler d’une rouée parlez-moi de
cigares à Paris, moi, là bas … Métella … Elle nous trompait.
Chœur.
Bobinet. Le ciel est noir Gardefeu.
Enfin, à quatre heures, je me décide à Il va pleuvoir Elle nous trompait.
m’en aller tout seul ; je retourne à Dans un instant, la chose est sûre
Ville d’Avray et je le trouve installé. Vite courons Bobinet.
Et nous hâtons Je m’en doutais quelque temps du
Gardefeu. Ou nous n’aurons pas de voiture. reste. Il y a huit jours je l’ai
Vers cinq heures il est revenu. Je lui ai regardée … là … entre les deux yeux.
dit : Tiens, pendant que tu étais chez (Les Voyageurs sortent en se
moi, j’étais chez toi ; c’est très drôle. bousculant.) Gardefeu.
Où ça ?
Bobinet. Scène 5.
Je ne l’ai pas trouvée drôle. Bobinet.
Bobinet, Gardefeu. Là ! (sonnant 3 petits coups sur le front
Gardefeu et Bobinet. de Gardefeu.) Ni là, ni là, mais là,
Et voilà pourquoi nous ne nous saluons (ils se regardent quelque temps, puis quand on tient à savoir la vérité c’est là
plus. tombent dans les bras l’un de l’autre.) qu’il faut regarder les femmes, donc je
l’ai regardée là et j’ai tout de suite vu
(Cloche au dehors.) Bobinet. clair dans son jeu. Elle ne m’aimait
Gardefeu ! pas.
L’Employé.
Le train de Maisons, messieurs, le train Gardefeu. Gardefeu.
de Maisons. Bobinet ! Crois-tu ? …
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 3
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 4
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 5
Tout ira bien aujourd’hui, mais qu’elle y reviendra Tant bien que mal des sommes folles
Allez, allez après demain. Nous sommes invités à Et je viens pour que tu me voles
Vous en verrez venir dîner avec elle chez sa tante, Tout ce que là-bas, j’ai volé.
Plus encor que vous ne pensez. madame de Quimper-Karadec.
Je suis Brésilien, j’ai de l’or
Ensemble. Le baron. Et j’arrive de Rio-Janeire
Eh bien ! nous irons dîner chez Vingt fois plus riche que naguère
Gardefeu. madame de Quimper-Karadec. (Rentre Paris ! Je te reviens encor !
Oui, je serai votre guide Gardefeu suivi des voyageurs.)
Etc. etc. Ce que je veux de toi, Paris
Scène 12. Ce que je veux, ce sont tes femmes
Le baron et la baronne. Ni bourgeoises, ni grandes dames
Nous allons avoir un guide Les mêmes, Gardefeu, le Brésilien, Mais les autres … l’on m’a compris
Etc. etc. Voyageurs. Celles que l’on voit étalant
Sur le velours de l’avant-scène
Gardefeu. Gardefeu. Avec des allures de reine
Et, maintenant, partons. Voici vos bagages, on les apporte… Un gros bouquet de lilas blanc
Celles dont l’oeil froid et câlin
Le baron. Finale. En un instant, jauge une salle
Mais nos bagages ! Allez les prendre ! Et va, cherchant de stalle en stalle
Voici le bulletin. Choeur. Un successeur à ce gandin
Paris ! Paris Qui, plein de chic, mais indigent
Gardefeu. Dans une course furibonde Au fond de la loge se cache
Oh ! les bagages … On pourrait à la Nous accourons vers toi, Paris, Et dit, en mordant sa moustache
rigueur … Vers toi, Paris, reine du monde Où diable trouver de l’argent
Nous venons de tous les pays De l’argent ! moi ! J’en ai ! Venez !
Le baron. Paris ! Paris ! Nous le mangerons, mes poulettes
Comment, on pourrait … Puis après, je ferai des dettes
Le baron. Tendez vos deux mains, et prenez !
Gardefeu. Partons-nous, maintenant ?
Vous y tenez à vos bagages … Ah ! Je suis Brésilien, j’ai de l’or
alors … les bagages … le bulletin … La baronne. Et j’arrive de Rio-Janeiro
Je suis guide … Attendez-moi, ne Non ! Ce coup d’oeil me plaît, Vingt fois plus riche que naguère
partez pas sans moi. attendons un instant. Paris, je te reviens encor !
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 6
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 7
(il les pousse et les fait entrer dans une (Elle entre à droite.) Le baron.
pièce à droite.) Il y a un de mes amis, le baron de
Gardefeu. Frascata.
Scène 3e Voilà où ils en sont … Je ne suis pas
fâché de le savoir. Gardefeu (à part.)
Gardefeu, le Domestique. Frascata !
Scène 6e
Gardefeu, (entrant.) Le baron.
Alphonse ! Gardefeu, le baron. Il a connu à Paris une certaine Métella
dame qui jouait la comédie dans un
Alphonse. Gardefeu. théâtre – une certaine Métella.
Monsieur … Et vous, M. le baron, vous n’entrez
pas ? Gardefeu.
Gardefeu. Je m’en doutait …
Descends et aide ces gens à monter les Le baron.
bagages. Le baron.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 8
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 9
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 10
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 11
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 12
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 13
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 14
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 15
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 16
Prosper. Hum !
Urbain. Chut !
Le Général Malaga de Porto-Rico. Urbain.
(il sort) Urbain. Midi !
Chut.
Gondremarck. Prosper.
Oh ! oh ! voilà un personnage. Gondremarck. Mais non, général. C’est mon chapeau.
Ah ! il ne faut pas…
Urbain (rentrant). Urbain.
Monsieur … Prosper. Ah ! bien. J’ai cru que c’était le canon
Asseyons-nous. du Palais-Royal.
Gondremarck.
Général … Gondremarck. Prosper.
Je ne saurais vous dire combien je suis Vous n’êtes pas le premier qui s’y
Urbain. heureux de me trouver là assis entre le trompe.
M. de Gondremarck, je suis sûr. premier diplomate de son époque et le
premier tacticien de son temps. Urbain.
Gondremarck. Ça ne m’étonne pas …
Comment me reconnaissez-vous, Urbain.
Général ? Ah ! Je crois bien que vous devez être Gondremarck.
heureux. Qu’est-ce qui vous a fabriqué ça ?
Urbain.
Je connais tous les habitués de ce salon Gondremarck. Prosper.
– vous je ne vous connais pas – c’est à Aussi je me permettrai de vous Mon chapelier.
ça que je vous ai reconnu. demander qu’est-ce que vous pensez
de la question scandinave. Gondremarck.
Gondremarck. Donnez-moi son adresse, voulez-
Quelle perspicacité. Oh les hommes Urbain. vous ?
supérieurs ! Oh ! oh !
Prosper.
(entre Prosper) (Gondremarck joue avec son chapeau 27 rue d’Antin.
qui fait explosion.)
Prosper. Gondremarck.
Le prince Patapoff, ministre ultra- Prosper. Merci.
plenipotentiaire des cercles caucasiens. Qu’est-ce que c’est que ça ?
Prosper.
Urbain. Gondremarck. N’y allez pas, ça ne vous servirait à
Comprenez-moi, baron, comprenez- Je ne sais pas. rien.
moi bien.
Urbain. Gondremarck.
Prosper. Est-ce que c’est à vous, Prince ? Pourquoi ça ?
Hum ! Hum !
Prosper. Prosper.
Urbain (à Gondremarck). A moi – pas le moins du monde – ni à Mon chapelier n’en a fait que deux
Je vais vous présenter – Prince … vous, Général ? comme ça. Le premier vous venez de
l’entendre. Le second a éclaté dans la
Prosper. Urbain. main de cet audacieux artisan et l’a tué
Général … Par exemple … raid.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 17
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 18
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 19
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 20
intention était d’aller visiter les Alors je vais lui parler d’autre chose.
Invalides … sur ma route j’ai trouvé Gondremarck (à part.)
un tas de petites femmes qui Décidément voilà un domestique qui Pauline.
trottinaient, trottinaient, trottinaient … ressemble … Je vous le conseille.
J’ai complètement lâché les Invalides.
Pauline. Gondremark.
Gabrielle. Mon mari … c’est mon mari. Vous avez de beaux éperons.
Vous êtes observateur … Toutes les
femmes à la rigueur peuvent sortir en (Entre Bobinet.) Bobinet.
voiture … Les Anglaises savent sortir Cela fait bien.
à cheval … mais il n’y a que les Bobinet.
Parisiennes qui savent sortir à pied. J’ai fini par entrer dans mon uniforme, Gondremarck.
mais j’ai peur qu’il n’ait craqué dans le Je ne dis pas le contraire, mais je
Couplets. dos. Ça me désolerait parce que ce croyais que les amiraux n’en portaient
serait une invraisemblance et qu’il pas.
1. n’en faut pas. Décidément il a craqué.
On va courir, Bobinet.
On va sortir, Pauline. Dans les pays qui ont une marine, mais
Sortir à pied … pas en berline. M. de Gondremarck, mon mari. la suisse n’en ayant pas …
On va pouvoir,
En laisser voir, Bobinet. Gondremarck.
Un peu plus haut que la bottine. Ah ! ce cher baron … C’est juste, mais alors …
Ah ! que d’apprêts,
De soins coquets Quintette. Bobinet.
Quel tracas pour la chambrière Mais alors …
Enfin c’est fait Le baron.
Elle paraît Son habit a craqué dans le dos. Gondremarck.
La Parisienne … armée en guerre Si la Suisse n’a pas de marine,
En la voyant on devient fou Bobinet. comment êtes-vous amiral ?
Et l’on ressent là comme un choc Mon habit a craqué dans le dos.
Sa robe fait frou frou frou frou, Bobinet.
Ses petits pieds font toc toc toc. Tous. Il me semble que voilà deux fois que
Son/Mon habit a craqué dans le dos. vous m’interrogez. (rentrent Prosper et
Ensemble. Urbain.)
Sa robe fait frou frou frou frou Le baron (à Pauline.)
Ses petits pieds font toc toc toc. Ah ! voyez donc son uniforme. Gondremarck.
J’aime cette fierté chez un marin.
Gabrielle. Pauline.
Eh bien, c’est l’habit d’un héros. Pauline.
2. Allons à table ! à table !
Le nez au vent Le baron.
Trottant, trottant Mais ce trou, madame, est énorme. (On apporte la table du souper)
Elle s’en va droit devant elle
En la croisant Pauline. Note de Halévy : A partir de ce
Chaque passant Baron, tenez-vous en repos. moment, la pièce est entièrement
S’arrête et dit : Dieu ! qu’elle est refaite.
belle ! Reprise de l’ensemble.
Ce compliment Urbain (à Bobinet.)
Elle l’entend Le baron. Il y a là un tas de gens qui demandent
Et suis son chemin toute fière Cela gâte ce beau costume. à entrer.
Se balançant
Se trémoussant Pauline. Bobinet.
D’une façon particulière. Ce sont là de nobles accrocs. Ce sont les bottiers. Fais les entrer.
En la voyant on devient fou
Et l’on ressent là comme un choc Le baron. Prosper.
Sa robe fait frou frou frou frou Il pourrait attraper un rhume. Un domestique tout à l’heure vous a
Ses petits pieds font toc toc toc. offert des glaces.
Pauline.
Ensemble. Baron, tenez-vous en repos. Gondremarck.
Sa robe fait frou frou frou frou Oui.
Ses petits pieds font toc toc toc. Reprise de l’ensemble.
Prosper.
Scène 9e Gondremarck. Peut-être avez-vous remarqué une
Peut-être faudrait-il le prévenir. ressemblance singulière entre cet
Les mêmes, Bobinet (en amiral homme et moi.
suisse.) Pauline.
Il ne vous le pardonnerait pas. Pauline.
Prosper. Nous allons tâcher de le faire boire
Son excellence l’amiral. Gondremarck. beaucoup.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 21
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 22
Urbain.
Clara. Il est gris. Ensemble.
A vous, baron. Il est gris, nous sommes tous gris.
Le baron.
Léonie. Moi pas gris. Gabrielle.
A vous, baron. Quand on boit il est une chose
L’amiral. Qui me surprend fort, mes amis
Le baron. Il est gris. Et c’est que pour tout voir en rose
Ah ! mesdames, je vous fais raison Il faille soi-même être gris.
A la marquise. Le baron.
Vous tous gris. Reprise ensemble.
Ensemble.
A la marquise. Ensemble. Prosper.
Il est gris.
Le baron. Le baron.
A la duchesse. Moi pas gris Le baron.
Mais vous tous gris. Moi pas gris.
Ensemble.
A la duchesse. Tous les autres. Urbain.
Il est gris Il est gris.
Le baron. Tout à fait gris.
A la baronne. L’amiral.
Prosper. Il est gris.
Ensemble. On dit parfois, ces gens sont gris.
A la baronne. Hou ! Le baron.
Tout tourne.
Le baron. Ensemble.
A la comtesse. Ces gens sont gris. Prosper.
Tout tourne.
Les hommes. Prosper.
A la comtesse Et ces gens-là ne sont pas gris. Le baron.
A la marquise Hou ! Tout tourne.
A la duchesse
A la baronne Ensemble. Urbain et Gabrielle.
A la comtesse Ne sont pas gris. Tout danse.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 23
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 24
Mme de F. V. (fermant le rideau.) couverture de voyage et se relève.) Qu’est-ce que vous voulez ?
Comme cela, ma tante ? Encore un !
Le baron.
Mme de Q. K. Bobinet. Je voudrais sortir d’ici … D’abord
Oui. C’est très bien. Merci. Tiens ! C’est ma tante ! (Il l’embrasse parceque je vous aime et puis il est
et se sauve. Mme de Quimper-Karadec tard, et ce soir, il faut que j’aille
Scène 4e s’empare du porte-voix.) dîner … Je suis invité.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 25
Le baron.
Le baron (à part). Elle aussi ! Décidément, cela est Pauline.
C’est vrai, il faut dire quelque chose. étrange … Alors, M. Bobinet nous a autorisés à
(haut) Déjà hier, mesdames, il faisait donner un petit bal pour célébrer mes
un froid très piquant. Cela n’a rien Mme de Q. K. fiançailles … il a même poussé la
d’étonnant au mois d’octobre … il y a Vous trouvez, monsieur ? C’est aussi complaisance jusqu’à daigner y
cependant des gens qui murmurent, qui notre avis. Mais quand le diable y assister … et voilà comment il se
se plaignent de l’hiver, et qui disent serait … fait …
tout haut qu’ils préféreraient un
printemps éternel. Ces gens manquent Le baron. Mme de Q. K.
de logique, mesdames, et font preuve Vous allez encore sonner … C’est très bien … c’est très bien …
d’ineptie. Le froid est chose nécessaire mais vous ne m’avez pas dit…
comme la chaleur, et les biens de la Mme de Q. K. (montrant Gondremarck) Ca ? Qu’est-
terre ont besoin de froid. Quant à ce Oui, monsieur. (Elle sonne.) ce que c’est que ça ?
qui regarde les personnes, l’hiver a sur
l’été au moins cet avantage, que l’on Le baron. Le baron.
peut en se couvrant bien éviter les Eh bien, sonnez madame. (à part) Comment ça ?
atteintes du froid, tandis qu’il est fort Qu’est-ce que ça me fait, après tout ?
difficile de combattre une chaleur Dieu, que j’ai faim ! (Entre Pauline, Pauline.
excessive … tout au plus, aurait-on la l’air délibéré, les mains dans les Madame ne devine pas …
ressource de ne pas s’habiller du tout – poches.) Enfin, voici cette chère
moyen insuffisant, et que les devoirs amirale. (Il salue.) Mme de Q. K.
que nous avons à remplir envers la Non …
société nous interdisent d’ailleurs Pauline.
complètement. Madame a sonné ? (à part) C’est Pauline.
pourtant vrai, qu’il est resté ce Danois, Ça, madame – c’est Jean le cocher !
Mme de F. V. faudrait voir à s’en débarrasser.
Hum ! (Elle fait un signe. Mme de Quatuor.
Quimper-Karadec incline la tête et Le baron (à part.)
sonne.) Madame a sonné … Je ne m’explique Mes de Q. K., de F. V. et le baron.
pas bien pourquoi Mme l’Amirale a Jean le cocher !
Le baron (à part.) dit …
Pourquoi cette dame a-t-elle sonné ? Pauline.
Mon Dieu que j’ai faim. Et puis ce Mme de Q. K. Oui, madame, Jean le cocher !
dîner que j’ai ce soir, rue de Lille, chez En voilà une qui ne se sauve pas, au
les Quimper-Karadec. moins. Mme de Q. K.
Venez ça, qu’on vous examine.
(Entre Clara). Le baron (à part).
Chère Amirale présentez-moi à ces Le baron (à Pauline.)
Scène 7e dames … Je suis dans une position très Un cocher, moi …
fausse.
Les mêmes, Clara, puis Léonie, puis Pauline (bas au baron.)
Pauline. Pauline. Voulez-vous m’empêcher de nous tirer
Oui … Oui … Je vais vous d’affaire …
Le baron. présenter …
Cette chère Mme de Valangoujar … Mme de F. V.
Mme de Q. K. Il a fort bonne mine.
Clara (le reconnaissant et jetant un cri.) Nous ne demandons pas autre chose.
Ah ! (Elle se sauve.) Pauline.
Pauline. Il n’est pas bien en habit noir
Mme de Q. K. Madame a peut-être remarqué un Mais sur son siège, il faut le voir.
Oh ! mais nous saurons à la fin. (Elle grand désordre dans cette maison …
resonne.) Couplets.
Mme de Q. K. I.
Le baron. En effet … Belle livrée
Pourquoi Mme de Valangoujar s’est- Tête poudrée
elle sauvée ! Dieu ! que j’ai faim ! Pauline. Sur son siège tout droit planté
Voilà ce que c’est : madame sait, ou ne En bas de soie
(Entre Léonie.) sait pas, que je dois épouser Jean – un Il vous déploie
cocher ! Une étonnante dignité.
Mme de Q. K. Ah ! sur mon âme
J’espère que vous me direz … Le baron. Faudrait, madame
Un cocher ! S’en aller bien loin pour chercher
Le baron. Pareil cocher.
Cette adorable Mme de Villebousin. Mme de Q. K.
Non … je ne savais pas. II.
Léonie (même jeu que Clara.) Celle qu’il mène
Ah ! (Elle se sauve.) Le baron. Est bien certaine
Moi non plus ! D’être conduite rondement
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 26
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 27
Dans les petits doigts du monsieur. Urbain. Tu vas savoir … mais tout à l’heure
C’étaient des amoureux sans doute Monsieur … quand monsieur de Gardefeu sera
Car en passant j’entendis, moi ici …
Que le monsieur disait : écoute Bobinet.
Que la dame disais : tais-toi Qu’est-ce que c’est … Mme de Q. K.
Moi je les regardais Allons, allons, je le vois bien … il faut
Et tout bas je pensais Urbain. encore s’attendre à de l’extraordinaire.
A me conduire ainsi, Dieu ! que j’aurai Une carte … (il remet la carte à (Elle reprend son porte-voix et se pose.
de peine Bobinet.) Entre Urbain.)
Mais je veux être Parisienne
Je le serai Mme de F. V. (à la baronne.) Urbain.
J’arriverai. De ton mari, peut-être … M. le chevalier Raoul de Gardefeu.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 28
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 29
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 30
Alfred. faut choisir, petit jeune homme, c’est Etc. etc. etc.
Hier vous avez porté l’addition au nº3 de ce moment-là qu’il faut savoir
– un monsieur et une dame. Cette profiter. Paul (des larmes dans les yeux.)
addition était de 92 f 25. Sur les justes Ça ne m’arrivera plus, M. Alfred, ça
réclamations du client elle a été Tous. ne m’arrivera plus.
ramenée à 22 f 25. C’est-à-dire réduite Bravo. Bravo.
de 70 f. Pourquoi le client avait-il Alfred, (avec bonté.)
réclamé ? Alfred. Allez, mon ami, allez !
Merci, messieurs, je compte sur vous.
Paul. Nous avons ici ce soir une grande fête (Sortent les garçons de café.)
Parce qu’il avait vérifié. offerte par un Brésilien à toutes ces
dames et à tous ces messieurs. Ces Scène 2e
Alfred. dames seront en grisettes, ces
Et pourquoi avait-il vérifié ? messieurs seront en tourlourous. Ce Alfred.
sera charmant, et le souper sera Encore une grande fête … Je vais donc
Paul. formidable. Venez ici, M. le premier ? les revoir … les dix adorables femmes
Dame … Je ne sais pas … (le sommelier fait un pas en avant). qui … depuis 15 ans, dans la galanterie
Quel vin donnerons-nous au française, tiennent le haut du pavé ; –
Alfred. commencement de ce souper ? toujours les mêmes … la vieille
Quand avez-vous remis cette garde … qui se tend toujours et ne
addition ? Le 1er Sommelier. meurt jamais … C’est comme au
Du bon vin. théâtre … On a beau crier : Place aux
Paul. jeunes … et le public n’aime que les
J’ai profité du moment où la dame Alfred. noms connus …
était sortie pour aller se mettre un peu Et au milieu ?
de poudre de riz … (Entre Bobinet. Costume de tourlourou
Le 1er Sommelier. sous son paleton.)
Alfred. Du vin moins bon …
Il l’avoue ! malheureux jeune homme. Scène 3e
Il a choisi le moment où ce monsieur Alfred.
était seul ! Et à la fin ? Alfred, Bobinet.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 31
Bobinet. Bobinet.
(Alfred sort. Gardefeu et Bobinet ont Il n’y avait rien pour le garçon, alors ? N’est-ce pas ?
ôté leurs paletons et sont en
tourlourous.) Gardefeu. Gardefeu.
Rien du tout. Le résultat, après avoir Est-ce dit ?
Scène 4e fait la cour à une femme du monde,
m’a fait venir des réflexions. Bobinet.
Bobinet, Gardefeu. C’est dit.
Bobinet.
Gardefeu. Tout comme moi. Je n’ai pas eu plutôt Gardefeu.
Bonsoir. vingt mille francs dans ma poche que La reprenons-nous ?
j’ai commencé à réfléchir.
Bobinet. Bobinet.
Bonsoir, ami. Gardefeu. Nous la reprenons ! … (ils se serrent la
Je me suis dit : Les cocottes ont du main) Qu’est-ce que je dis, moi, nous
Gardefeu. bon, après tout, elles ont du bon, ces la reprenons … C’est-à-dire que je la
Tu as l’air gai … pauvres petites femmes qu’il y a trois reprends … Eh ! là-bas … (Entrent les
jours nous avons fait serment tourlourous et les grisettes.) Il est trop
Bobinet. d’abandonner. tard maintenant !
J’ai joué au baccarat hier. J’ai gagné
une vingtaine de mille francs et on me Bobinet. Scène 5e
les a payés … Certainement elles ont du bon.
D’autant que les femmes du monde … Bobinet, Gardefeu, les Bonnes, les
Gardefeu. peuh ! Il y en a une pourtant – ma Tourlourous, puis le Brésilien et
C’est une raison … cousine de Folle Verdure … On m’a Gabrielle.
parlé de l’épouser … Je me serais
Bobinet. laissé faire. Chœur.
Tu as l’air triste, toi ! En avant les bonnes
Gardefeu. Et les tourlourous,
Gardefeu. Elle t’aime peut-être ! Joyeuses personnes,
J’ai l’air triste parce que je suis allé Nous accourons tous,
aujourd’hui chez Mme de Bobinet. En avant les bonnes
Gondremarck. Eh ! eh ! Je crois bien que si je la Et les tourlourous !
tenais seule dans l’obscurité – pendant
Bobinet. un an … mais laissons cela. J’ai vingt (Entrent le Brésilien et Gabrielle.)
Elle n’est donc plus chez toi … mille francs dans ma poche, et je suis
absolument décidé à entrer dans le Le Brésilien.
Gardefeu. monde galant. Mes bons amis, je vous présente
Hier soir elle a quitté mon petit hôtel Une gantière autrefois innocente :
pour aller s’installer dans le Grand- Gardefeu. Et qui pour moi renonce à vingt ans de
Hôtel. Donc aujourd’hui je suis allé Moi aussi. C ’est pour cela que je me vertu.
chez la baronne. Je tenais à lui donner, suis habillé comme toi, – en
sur ce qui s’est passé hier, quelques tourlourou, et que je viens me mêler à Le Chœur.
explications … la fête donnée par ce Brésilien qui est Turlututu !
arrivé à Paris en même temps que ma
Bobinet. Danoise … Couplets.
Je comprends ça …
Bobinet. 1.
Gardefeu. Cela est-il sûr, après tout, que Métella Gabrielle.
Je lui ai fait passer ma carte, et nous trompait … Hier à midi la gantière
alors … Vit arriver un Brésilien.
Gardefeu.
Bobinet. Cela n’est pas sûr du tout. Le Brésilien.
Alors ? … Il lui dit : voulez-vous, gantière,
Bobinet. Vendre des gants au Brésilien ?
Gardefeu. Veux-tu que je te dise …
Elle m’a fait remettre 20 francs par le Gabrielle.
domestique. Gardefeu. C’est mon état, dit la gantière,
Dis-moi … Quel numéro, beau Brésilien ?
Bobinet.
Oh ! Bobinet. Le Brésilien.
Mon opinion à moi c’est qu’elle ne Huit trois quart, charmante gantière
Gardefeu. nous trompait pas. Lui riposta le Brésilien.
Du reste je n’avais pas le droit de
réclamer davantage … dix francs par Gardefeu. Gabrielle.
jour c’était le prix convenu … Deux Mais alors si elle ne nous trompait pas, Votre main, lui dit la gantière,
jours à dix francs ça fait bien vingt ce qu’il y aurait de mieux à faire, ce La voici, dit le Brésilien.
francs. serait …
Le Brésilien.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 32
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 33
Et bien entendu, des rousses aussi. Il m’a reconnue – vous y avez mis le
Les jolis messieurs de tous les mondes temps, à venir. Mme de Quimper-Karadec.
C’est un peu mêlé ce qu’on trouve ici. Ecoute, je veux bien …
Bobinet.
Tout cela s’anime et se met en joie J’étais en train de jouer au baccarat … Le Brésilien.
Frou frou de la soie J’ai tout perdu, allons-nous-en, ma Alors …
Le long des couloirs tante.
C’est l’adagio de la bacchanale Mme de Quimper-Karadec.
Dont la voix brutale Mme de Quimper-Karadec. Mais avec toi seulement … pas avec
Gronde tous les soirs ! Pas du tout. tout le monde …
Rires éclatants, fracas du champagne
On cartonne ici, l’on danse là-bas Bobinet. Le Brésilien.
Et le piano qui grince, accompagne Je n’ai plus mes vingt mille francs. Gourmande …
Sur l’air du Sapeur d’étranges ébats ! Décidément Métella me trompait ; je
reviens aux femmes du monde. Mme de Quimper-Karadec.
Le bruit monte, monte et devient C’est comme ça.
tempête, Mme de Quimper-Karadec.
La jeunesse en fête Alors prends le bras de ta cousine … Le Brésilien.
Chante à plein gosier ! J’ai notre affaire … un petit cabinet …
Est-ce du plaisir ou de la furie Bobinet. nous serons seuls …
On parle, l’on crie Ma cousine …
Tant qu’on peut crier ! Mme de Quimper-Karadec, (à la
Quand on ne peut plus, il faut bien se Mme de Folle-Verdure, (s’avançant.) baronne.)
taire Vous ne me reconnaissez pas, moi … Vous nous rejoignez, chère petite …
La gaîté s’en va petit-à-petit si vous saviez … j’ai eu une émotion
L’un dort tout debout, l’autre dort par quand je vous ai vu en militaire … La baronne.
terre Oui, dès que madame m’aura dit …
Et voilà comment la fête finit. Bobinet.
Ça me va bien, n’est-ce pas ? Mme de Quimper-Karadec.
Quand vient le matin, quand paraît Vous venez, Bobinet ?
l’aurore Mme de Folle-Verdure.
On en trouve encore Oui. Et puis ce vœu que j’ai été Bobinet.
Mais plus de gaîté obligée de faire … cette exigence de Je crois bien que je viens … Oh ! les
Les brillants viveurs sont mal à leur mon mari … Epouser un soldat … qui femmes du monde ! …
aise me dit maintenant que ce n’est pas (il sort avec Folle-Verdure.)
Et dans le grand Seize vous qu’il voulait me désigner ?
On voudrait du thé ! Le Brésilien, (à Mme de Quimper-
Ils s’en vont enfin la mine blafarde Bobinet. Karadec.)
Ecoeurés de vin, écoeurés d’amour Peut-être bien – au fait – peut-être Un mot avant d’entrer … ton âge ?
Et le balayeur s’arrête, regarde bien … allons-nous-en !
Et leur crie : Ohé ! les heureux du Mme de Quimper-Karadec,
jour ! (entre le Brésilien) (résolument.)
Vingt deux ans.
Vous êtes ici … parlons bas … vous Le Brésilien.
êtes Vous en aller … Je ne laisserai Le Brésilien.
Ô femmes honnêtes certainement pas s’en aller des Entrons alors.
Dans le restaurant femmes … des femmes qui sont
Où quand la nuit vient d’étendre ses venues pour assister à la fête que je Mme de Quimper-Karadec, (au
voiles donne … Brésilien qui lui prend la taille.)
Brillent les étoiles Eh ! bien, déjà ? (à part) Ça me
Du monde galant ! Mme de Quimper-Karadec. rappelle les fêtes galantes du
Ah ! monsieur donne une fête … Directoire ! (ils sortent.)
Scène 8e
Le Brésilien. Scène 9e
Les mêmes, Bobinet, puis le Brésilien, Tu le sais bien … dis … tu le sais
puis les femmes masquées, excepté bien … Métella, la baronne.
Métella.
Mme de Quimper-Karadec. La baronne.
Bobinet. Tu me croiras si tu veux … je ne m’en Vous m’avez priée de venir, madame.
Où est la femme qui me demande ? doutais pas. Je suis venue.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 34
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 35
La baronne.
Je ne demande pas mieux.
Le baron.
Ma femme !
La baronne.
Qu’en dites-vous, monsieur ?
Le baron.
Pardonnez-moi …
La baronne.
A une condition.
Le baron.
Laquelle ?
La baronne.
Demain nous repartons pour
Copenhague.
Le baron.
Vous l’exigez ?
La baronne.
Je l’exige.
Le baron.
Nous partirons alors.
Finale.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 36
Livret de Censure 1866 Gardefeu, la Baronne. voyez-vous, madame, Paris est une
Actes 4 et 5 (2e version) ville où une femme, une jolie femme,
La Baronne. doit s’habituer à se passer de son mari
Tiens, vous êtes resté ici ? voir son mari rentrer tard.
e
Acte 4
Gardefeu. La Baronne.
Décor du 2e acte. Bougies allumées. Oui, j’attendais la femme de chambre Mais alors … je suis seule ici, moi …
Minuit. de Madame la Baronne.
Gardefeu.
Scène 1ère La Baronne. Seule … non, puisque je suis là. Ah !
Comment, ma femme de chambre c’est que, voyez-vous, madame, Paris
Gardefeu, Alphonse. n’est pas là ? est une ville où, lorsqu’une jolie
(on entend crier : Porte, s’il vous femme s’est habituée à se passer de
plaît !) Gardefeu. son mari, elle lorsque le mari n’est pas
Non, madame, elle est sortie. rentré, une jolie femme est toujours
Gardefeu. sûre de trouver là, près d’elle …
C’est la Baronne, elle revient des La Baronne.
Italiens … Alphonse, Alphonse ! Et pourquoi est-elle sortie ? La Baronne.
Descends, tu ouvriras la porte et après Plaît-il ?
cela … Gardefeu.
Ah ! voilà ! pourquoi est-elle sortie ! Il Gardefeu.
Alphonse. est venu un voltigeur. Et je suis là !
Après cela ?
La Baronne. La Baronne.
Gardefeu. Un voltiguer … Mais vous allez vous en aller.
Tu iras à la Porte Saint Martin ; tu y
trouveras la femme de chambre ; tu lui Gardefeu. Gardefeu.
diras : « Votre maîtresse vous attend à Oui, madame. Ah ! non !
Versailles »… et tu l’y conduiras ;
vous prendrez le train de minuit et La Baronne. La Baronne.
demi. Qu’est-ce que c’est que ça, un Qu’est-ce que vous dites ?
voltigeur ?
Alphonse. Gardefeu.
Et une fois à Versailles … Gardefeu. Je dis que dans le cas où il vous serait
C’est un militaire … Ah ! madame ne le moins du monde désagréable de
Gardefeu. sait pas … il y a des militaires de rester seule, je consentirais volontiers,
Tu installeras la femme de chambre à plusieurs sortes … Le voltigeur est le bien qu’à la rigueur je n’y sois pas
l’hôtel des Réservoirs et tu plus petit, mais il n’est pas le moins tenu comme guide …
t’installeras, toi, dans l’hôtel qui te dangereux. Donc, il est venu un (on frappe à la porte)
plairas le mieux. voltigeur et il a dit à votre femme de
(il lui donne de l’argent) Va vite … chambre : « De quel endroit êtes- La Baronne.
vous » ? – « Je suis de Stockholm », a- On a frappé ! …
Alphonse. t-elle répondu – « Comme ça se
Alors, monsieur me permet … trouve, a riposté le voltigeur, nous Gardefeu (à part)
sommes pays ». Et ils sont partis. Qu’est-ce que c’est que ça ? (haut)
Le cocher, au dehors. Vous croyez, madame ?
Porte, s’il vous plaît ! La Baronne.
Ils sont partis ? La Baronne.
Gardefeu. Comment je crois … (on frappe) Vous
Mais va donc vite ! tu vois bien que Gardefeu. n’entendez pas ?
l’on s’impatiente ! Oui, mais je pense qu’elle ne tardera
( sort Alphonse ) pas à revenir … il me paraît Gardefeu.
impossible qu’elle ne revienne pas Ce n’est pas ici.
Scène 2e bientôt.
La Baronne.
Gardefeu. La Baronne. Mais si fait, c’est ici. Allez voir.
Nous touchons au drame ; je me suis Et mon mari n’est pas encore rentré ?
débarrassé du mari, je viens de Gardefeu.
renvoyer les serviteurs, j’ai coupé tous Gardefeu. Des gens qui frappent à cette heure-ci !
les cordons de sonnette et j’ai préparé Pas encore, madame. Est-ce que vous n’avez pas peur …
un petit ambigu … pour deux
personnes. Si je ne réussis pas, je La Baronne. La Baronne.
n’aurai rien du moins à me Comme vous dites cela … De quoi voulez-vous que j’aie peur ?
reprocher … ce sera une consolation. Ce ne peut être que ma femme de
Gardefeu. chambre ou mon mari.
(Entre la Baronne.) Je ne peux pas vous le dire autrement ;
vous me dites : « mon mari n’est pas Gardefeu, à part.
Scène 3e encore rentré » – je vous réponds : – Les maladroits ! Ils l’auront laissé
Pas encore, madame … Ah ! c’est que s’échapper ! (on frappe)
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 37
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 38
Vous êtes dans un hôtel, cela est vrai ; Dans un inqualifiable état d’ébriété … somme, que j’ai le plaisir de
mais il est plein, cet hôtel – il est plein « Madame … dit cet homme à ma t’embrasser vingt-quatre heures plus
depuis en haut jusqu’en bas … ainsi … nièce, voici une lettre pour vous ». tôt, ma chère Christine. Voyons, parle,
toi, maintenant. Dis-moi un peu ce que
Mme de Folle-Verdure. Folle-Verdure. tu penses de messieurs les Parisiens.
Ah ! c’est fâcheux ! C’était la tienne.
La Baronne.
La Baronne. Quimper-Karadec. Mais je pense qu’ils sont très
Mais je vous donnerais bien volontiers Il la lui donne ; en la lui donnant, il impertinents.
l’hospitalité. ouvre un oeil mourant qu’il referme
soudain, et il retombe … Folle-Verdure.
Gardefeu. Ah ! tu as remarqué cela, déjà ! …
Par exemple … Folle-Verdure.
Impossible de tirer de lui une seule Quimper-Karadec.
Mme de Quimper-Karadec. parole … Nous passons outre, et nous Vous ne perdez pas de temps, vous.
Comment, par exemple ! il a dit : « par pénétrons dans l’hôtel …
exemple », Dieu me pardonne ! Folle-Verdure.
Quimper-Karadec. Et de quelle impertinence s’est-on
Gardefeu. Il était splendidement illuminé, rendu coupable, dis …
J’ai voulu dire que ces dames ne l’hôtel ! …
peuvent pas rester ici, mais si elles Quimper-Karadec.
veulent, je leur trouverai des chambres Folle-Verdure. Ah ! oui, dites-nous … voilà des
dans un autre hôtel. Et on y faisait un vacarme … nous histoires que j’aime … mon Dieu !
regardons par une porte entr’ouverte, comme j’aime ces histoires-là ! Est-
Mme de Folle-Verdure. et qu’est-ce que nous voyons ? elle bien impertinente, l’impertinence ?
Cela vaut mieux, ma tante. mesdames nos femmes de chambre et
messieurs nos domestiques revêtus de La Baronne.
Mme de Quimper-Karadec. costumes extravagants et avec Il ne faut pas vous attendre à des
Eh bien, c’est dit ; occupez-vous de quelques uns de leurs amis, en train de choses …
nous trouver cela, petit homme, et se livrer à une danse échevelée …
dépêchez-vous. Quimper-Karadec.
Quimper-Karadec. Mais si …
Gardefeu. Et voluptueuse … J’emmène ma nièce,
Soyez tranquille … je ne perdrai pas nous ressortons, et je me fais conduire La Baronne.
de temps. (à part) Allons, c’est moins chez le commissaire de police. Mais non …
effrayant que je ne pensais … je leur
trouve un appartement dans un Folle-Verdure. Quimper-Karadec.
véritable hôtel, et elles s’en vont ! Nous trouvons là une façon de Mais si, mais si …
(il sort) secrétaire qui nous dit : M. le
Commissaire est couché ! La Baronne.
Scène 7e Je vous assure que non. Tout-à-
Quimper-Karadec. l’heure, un jeune homme m’a glissé
Mme de Quimper-Karadec, Mme de Je réponds : « faites-le lever, c’est une une lettre dans la main.
Folle-Verdure, la baronne. dame » … Il se lève, arrive et
demande : « où est la dame » ? … Quimper-Karadec.
La baronne. « C’est moi, la dame », et je le prie Pas mal cela, pas mal, et que disait-
En attendant qu’il revienne, asseyons- d’envoyer une escouade chez moi pour elle, cette lettre ?
nous, mesdames, et dites-moi fourrer tous ces gaillards-là à la porte.
maintenant … La Baronne.
Folle-Verdure. Je ne l’ai pas lue.
Folle-Verdure. Le commissaire hésitait.
Nous allons te dire … ma tante a eu Folle-Verdure.
l’idée de revenir de la campagne Quimper-Karadec. Tu as refusé de la prendre …
quelques jours plus tôt qu’elle n’avait Un sourire le décide.
annoncé. C’était afin de voir comment La Baronne.
nos gens se comportaient en notre Folle-Verdure. Oh ! non, je l’ai prise pour me
absence … Il envoie ses hommes. Mais nous, que débarrasser du jeune homme.
devenir pendant cette expédition ? Je
Quimper-Karadec. venais justement de lire ta lettre et j’y Quimper-Karadec.
Cette expérience a réussi – j’ose le dire avais vu ton adresse … Je dis à ma Vous l’avez enfin !
– elle a complètement réussi. tante : allons dans l’hôtel où est logée
ma chère Christine. La Baronne.
Folle-Verdure. La voici.
Nous arrivons et nous trouvons le Quimper-Karadec.
concierge de l’hôtel dans un état, Et nous voilà ! Quimper-Karadec.
comment dirai-je ? Lisez alors, je vous en supplie, lisez
Folle-Verdure. tout de suite.
Quimper-Karadec. Et j’ai presque envie de remercier nos
gens, car c’est à cause d’eux, en La Baronne.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 39
Eh ! mon Dieu, madame, puisque cela déplaît pas ; je suis de l’ancien régime,
vous fait tant de plaisir … (elle ouvre moi, j’aime mieux Lauzun que Quimper-Karadec.
la lettre) Rocambole, à cela près que ce C’est très bien. (lui montrant des sacs
monsieur de Gardefeu est un polisson ! de voyage qu’elles avaient en entrant)
Quimper-Karadec. Descendez et mettez cela dans la
A la bonne heure ! La Baronne. voiture. (à la Baronne) Chère madame,
Partons … partons tout de suite. nous allons maintenant vous dire
La Baronne. adieu.
Oh ! Folle-Verdure.
Que veux-tu faire ? Gardefeu.
Quimper-Karadec. Enfin ! Elles vont partir.
Qu’est-ce que c’est ? La Baronne. (Il sort avec les sacs de voyage.)
Partir d’ici … courir après mon mari.
La Baronne. Scène 9e
Oh ! … Folle-Verdure.
Sans te venger … sans punir l’insolent Les mêmes, moins Gardefeu.
Folle-Verdure. qui a osé …
Mais parle donc ! La Baronne.
La Baronne. Comment ! Vous me laissez …
Quimper-Karadec. Le punir …
Non, elle veut que je meure … je vois Quimper-Karadec.
clairement son idée … ton amie veut Folle-Verdure. N’ayez pas peur … et vite, affublez-
que je meure … Il le faut. vous de tout cela … (elle lui met son
chapeau sur la tête, et sur les épaules,
La Baronne. 1er couplet. son manteau de voyage) Et tachez que
Cette lettre n’est pas écrite par un Quoi, ces messieurs pourraient, ma l’on ne vous reconnaisse pas … Où est
homme – elle est signée Métella. chère, votre chambre ?
A leur aise nous insulter,
Quimper-Karadec. Et nous, malgré notre colère, La Baronne, la lui montrant.
Un nom de cocotte ! Nous devrions tout supporter ? Là … vous voulez …
Non, pardieu ! vengeons-nous, ma
La Baronne. chère, Quimper-Karadec.
Cette demoiselle Métella m’avertit que Ne nous laissons pas outrager, Oui, je veux … marchez un peu sur la
cet homme que nous avons trouvé à la Vengeons-nous (bis) il faut nous pointe des pieds, comme cela … Du
gare et qui s’est fait passer pour un venger (bis) reste, comme il ne se méfie pas … il
guide, n’est autre que le brillant n’est pas probable …
Vicomte de Gardefeu. 2e couplet.
Pense donc à cela, ma chère Folle-Verdure.
Quimper-Karadec. Sans le hasard qui te sauva, Mais vous, ma tante …
Continuez, je vous en prie, continuez. Cet insolent qu’allait-il faire ?
On tremble en songeant à cela … Quimper-Karadec.
La Baronne. Il faut punir le téméraire Je vais rester, moi !!!
Je me figure d’être dans un hôtel Ne nous laissons pas outrager
garni … je suis dans l’hôtel de Vengeons-nous (bis) il faut nous Folle-Verdure.
Monsieur de Gardefeu … c’est lui qui venger ! (bis) Et vous n’avez pas peur …
a éloigné mon mari, c’est lui qui a
éloigné mes domestiques … et, me Gardefeu, entrant par le fond. Quimper-Karadec.
tenant ainsi, seule chez lui, il Mesdames … Folle enfant … allez, allez vite.
espérait …
Quimper-Karadec. Reprise de l’ensemble.
Quimper-Karadec. C’est lui. Vengeons-nous (bis) il faut nous
Achevez … venger
Gardefeu. (les deux femmes sortent)
Folle-Verdure. J’ai retenu deux chambres au grand
Ma tante ! hôtel. Scène 10e
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 40
Enfin, elles sont parties … (haut) Cela vous étonne ? n’ayez pas peur, Voyez comme alors la situation serait
Madame, c’est encore moi. Madame, dans un instant, vous en entendrez bien changée … j’en serais bien sûre de
je vous en prie, n’ayez pas peur … et d’autres. votre discrétion – je vous tiendrais
ne vous étonnez pas de ce que je vais dans ma main, mon bon Monsieur de
vous dire … Je conviens qu’au premier Gardefeu. Gardefeu …
abord cela peut paraître étonnant, Si c’est pour ça que j’ai coupé mes
mais … (à part) elle me laisse cordons de sonnettes … Gardefeu.
parler … Madame … (il prend la main Mon nom ! …
que Mme de Quimper-Karadec laisse Quimper-Karadec.
prendre négligemment) ah ! Madame, Seulement, il y a une chose qui me Quimper-Karadec.
madame ! chiffonne … Je vous tiendrais, et je vous tiens,
monsieur.
Quimper-Karadec ( se retournant ) Gardefeu.
Qu’avez-vous, petit homme ? Vraiment ? Et quoi donc ? Gardefeu, à part, en la regardant
Ah ! ah ! nous voulons nous moquer
Gardefeu. Quimper-Karadec. de papa …
Oh ! Ce qui me chiffonne, c’est que je ne
suis pas sûre de votre discrétion ; ainsi, Quimper-Karadec.
Quimper-Karadec. tenez, en ce moment, j’ai une envie Et s’il me prenait fantaisie de croquer
Eh bien ? folle de vous sauter au cou. avec vous les pommes … que vous
comptiez bien croquer avec la baronne,
Gardefeu. Gardefeu. gamin, il vous serait impossible de
C’est vous … vous qui êtes ici … Par exemple ! refuser.
Quimper-Karadec. Gardefeu.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 41
Je ne te tiens pas … pour que je te J’ai mon idée. Adieu ! J’entre dans
tienne, il faut qu’il se passe ici des cette chambre. J’ai confiance comme Gardefeu.
choses un drame que tu ne pourras pas vous voyez. (à part) S’il a le toupet de Je vous laisse, Monsieur le Baron ! (à
raconter, et … franchir cette porte, je tombe dessus à part) C’est toi qui vas la recevoir, la
coups de pincettes – la voilà, mon tripotée. ( Il sort )
Quimper-Karadec. idée ! (elle entre)
Et ? Gondremarck.
Scène 11e Pauvre petite femme. Elle ne se doute
Gardefeu. pas que pendant qu’elle m’attendait
Et il va s’en passer se passer, ce Gardefeu, puis le Baron. ici … j’étais sur le point, moi …
drame ! … pauvre petite femme !
Gardefeu.
Quimper-Karadec. Oh ! eh bien, il est évident que je ne (Il ouvre la porte de la Baronne – un
D’abord je crierai … on m’entendra … me serais pas fait guide si j’avais su où grand cri – il rentre presqu’aussitôt
cela me conduirait … ah ! ça mais … poursuivi à coups de pincette par
Gardefeu. on ouvre la porte … quelqu’un Madame de Quimper-Karadec. )
Tu te figures donc que je ne sais pas monte … qu’est-ce que c’est encore …
mon métier … Elles sont coupées ; je (entre le baron) Le Baron ! (la toile tombe)
ne les avais pas coupées à votre
intention, mais qu’importe. Gondremarck. Acte 5e
Tiens ! c’est mon guide ! qu’est-ce que
Quimper-Karadec. vous faites ici ? Un salon dans un restaurant.
Monsieur, monsieur !
Gardefeu. Scène 1ère
Gardefeu. J’attends Monsieur le Baron.
Allons, va, n’aie pas peur. J’ai pitié de Urbain, Garçons de café, sommeliers
ta jeunesse et de ton innocence. Gondremarck. et chasseurs.
Charmante soirée, seulement, à la fin,
Quimper-Karadec. on nous a tous mis à la porte. Je ne sais Chœur des garçons.
Ah ! ah ! monsieur ! pas pourquoi, mais ça ne fait rien … Bien bichonnés et bien rasés,
charmante soirée ! Bien pommadés et bien frisés,
Gardefeu. Pimpants,
Mais, vous voyez bien, madame, que Gardefeu. Fringants,
vous n’êtes pas une gaillarde. Vous Qu’est-ce que vous avez sur la tête ? Proprets,
voyez bien que vous êtes une femme Coquets
du meilleur monde ! Gondremarck. Et discrets.
Tiens ! C’est le chapeau de l’amiral ! Quand vient minuit, l’heure joyeuse,
Quimper-Karadec. Je me serai trompé … charmant L’heure amoureuse,
Vous vous en étiez aperçu ? homme, l’amiral, et sa femme donc, sa Nous serons dans les cabinets.
femme … la baronne est rentrée ?
Gardefeu. Urbain.
Est-ce que ça ne se voit pas tout de Gardefeu. En attendant la foule
suite ? … vous pouvez entrer dans La Baronne … Que l’opéra ce soir ici doit amener,
cette chambre et y reposer sans crainte. Fourrez-vous dans la boule
Gondremarck. Les excellents conseils qu’Urbain va
Quimper-Karadec. Oui … vous donner !
Dans cette chambre !
Gardefeu. Le chœur.
Gardefeu. Oh ! quelle idée … Madame la Fourrons-nous dans la boule
C’est celle de la baronne. Baronne est rentrée, et même elle m’a Les excellents conseils qu’Urbain va
chargé de dire quelque chose à nous donner !
Quimper-Karadec. Monsieur le Baron.
Ecoutez, Vicomte, je vais vous donner Urbain.
une preuve de confiance. Je vais y Gondremarck. 1.
entrer. Mais dites-moi, y a-t-il une Quoi donc ? Avant toute chose, il faut être
cheminée dans cette chambre ? Mystérieux et réservés,
Gardefeu. N’ayez jamais l’air de connaître
Gardefeu. Elle m’a dit de prier Monsieur le baron Ces messieurs quand vous les servez !
Oui … il y en a une … d’aller lui parler quand il rentrerait. Si parfois au bras d’une actrice
Un homme grave ici se glisse,
Quimper-Karadec. Gondremarck. Fermez les yeux !
Y a-t-il des pincettes près de cette Ah ! elle a dit cela ! … Ne gênons pas les amoureux,
cheminée ? Fermez les yeux !
Gardefeu.
Gardefeu. Oui, Monsieur le Baron. Tous.
Sans doute … pourquoi me demandez- Fermons les yeux !
vous ça ? Gondremarck. Ne gênons pas les amoureux,
Ah ! eh bien ! laissez-nous. C’est très Fermons les yeux !
Quimper-Karadec. bien … vous pouvez nous laisser.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 42
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 43
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 44
Gondremarck. Urbain. 2.
Bah ! je me risque ! Ayez-le vite, car je les entends ; voici Gabrielle.
la bande joyeuse qui arrive. (Sort C’est pas tout ça, belle gantière
Quimper-Karadec, se démasquant. Gondremarck. Resté seul, Urbain Dit tout-à-coup le Brésilien.
Et tu n’as pas tort. danse un petit pas.)
Et allez donc ! voilà les vrais viveurs ! Le Brésilien.
Gondremarck. ohé ! ohé ! Les gants bien moins que la gantière
La dame aux pincettes ! (il recule) Ont attiré le Brésilien.
(Les 3 femmes entrent en riant dans le Scène 8e
cabinet dont Urbain leur a ouvert la Gabrielle.
porte.) Bobinet, Gardefeu, les bonnes, les Partez, s’écria la gantière,
tourlourous, puis le Brésilien, Partez, séduisant Brésilien.
Scène 7e Gabrielle.
Le Brésilien.
Gondremarck, Urbain. Chœur. Tu veux donc, cruelle gantière,
En avant, les bonnes Tu veux la mort du Brésilien !
Gondremarck. Et les tourlourous,
Encore un tour de cet infernal Joyeuses personnes, Gabrielle.
Gardefeu … ah ! il faut en finir ! Nous accourons tous, Un sourire de la gantière
En avant, les bonnes
Urbain. Et les tourlourous ! Le Brésilien.
Eh bien, vous n’entrez pas ? Ressuscita le Brésilien.
Le Brésilien, entrant avec Gabrielle. Et voilà comment la gantière
Gondremarck. Mes bons amis, je vous présente Sauva les jours du Brésilien.
Non. Mais si vous voulez m’être Une gantière, autrefois innocente,
agréable, dites-moi où je pourrai le Et qui pour moi renonce à vingt ans de (Entre Urbain suivi de quatre garçons
trouver, ce monsieur de Gardefeu ! vertu ! de café.)
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 45
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 46
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 47
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 48
Acte 4e (Sortent les garçons de café) (Il les embrasse et elles se laissent
embrasser. Entre le Baron
Un salon dans un restaurant. Scène 2e Gondremarck. Albertine et Charlotte
entrent dans un cabinet.)
Scène 1ère Alfred, seul.
Une grande fête ! pas fâché de ça, Scène 4e
Garçons de café puis Alfred. moi ! Je vais donc encore avoir une
occasion de les passer en revue, ces Le Baron Gondremarck, Alfred.
Chœur des garçons. dix ou douze adorables femmes qui,
Bien bichonnés et bien rasés, depuis quinze ans, dans la galanterie Le Baron.
Bien pommadés et bien frisés, française, tiennent le haut du pavé. Oh ! pardon !
Pimpants, Toujours les mêmes ! La vieille
Fringants, garde ! qui se rend toujours et ne meurt Alfred.
Proprets, jamais! Les autres ont beau crier : C’est moi, monsieur qui vous demande
Coquets Place aux jeunes ! Le public n’aime pardon … Qu’ya-t-il pour le service de
Et discrets. que les noms connus. Pourquoi ça ? Je Monsieur ?
Quand vient minuit, l’heure joyeuse, me le demande ! (Entrent deux
L’heure amoureuse, femmes masquées et un domino) Le Baron.
Nous servons dans les cabinets ! J’avais vu entrer ces deux jeunes
Scène 3e personnes …
Alfred.
La maison compte sur vous, Alfred, Albertine, Charlotte. Alfred.
messieurs ; nous avons ce soir ici une Albertine et Charlotte !
grande fête, un bal masqué offert à Albertine.
toutes ces dames et à tous ces Bonsoir, Alfred . Le Baron.
messieurs par un Brésilien fraîchement Vous les connaissez. Je me suis bien
débarqué ; ce sera charmant, et le Alfred. aperçu tout à l’heure que vous les
souper sera formidable. Appelé par la Bonsoir mes chattes ! connaissiez.
confiance du patron à l’honneur de
vous commander je ne crois pas inutile Charlotte. Alfred.
de vous donner quelques conseils. Le Duc est arrivé. Oh ! moi, je les connais toutes.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 49
demeurer … c’est très commode … Le Baron. cabinet pour moi tout seul … parce
On est tout porté … (à Alfred) Vous Vous avez bien fait. Décidément, il ne que j’attends une personne.
êtes garçon alors ? me reste plus maintenant qu’à me
féliciter d’avoir rencontré un homme Alfred.
Alfred. aussi … voulez-vous me faire un Qui ça … dites ? …
Sans doute. plaisir ?
Le Baron.
Le Baron. Alfred. Mademoisellle Métella.
A la bonne heure si vous aviez été C’est mon état.
marié ! … Il vous aurait été Alfred.
impossible … (En le regardant avec Le Baron. Comment peut-elle souper avec vous
curiosité) Ainsi là, vraiment vous les Dites moi votre nom. ce soir ? Elle doit être invitée au bal du
connaissez toutes ? Brésilien.
Alfred.
Alfred. Alfred. Le Baron.
Sans exception … qui est-ce qui les Oui, elle me l’a dit … mais elle a
connaîtrait si moi, je ne les connaissais Le Baron. ajouté qu’elle trouverait un moyen de
pas … Alfred ! … s’échapper.
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 50
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 51
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 52
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 53
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 54
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6
La Vie parisienne – Livrets de Censure (1866/1873) 55
Tous
Ah ! ah !
Gabrielle
Mais puisqu’on vous dit que tout est
arrangé.
Le Brésilien
Allons souper, alors, allons souper. Du
bruit et du champagne pendant toute la
nuit. Buvons et chantons.
Finale
Par nos chansons et par nos cris
Célébrons Paris
Tous
Célébrons Paris
1.
En cherchant dans la ville,
On trouverait, je crois,
Quelque maison tranquille,
Pleine de bons bourgeois !
Ces dignes personnages
Ne font pas comme nous,
Ils disent qu’ils sont sages
Nous disons qu’ils sont fous !
Et pif, et pif, et pif, et paf !
Tous
Et pif et pif, et pif, et paf !
Oui, voilà la vie parisienne,
Du plaisir à perdre l’haleine,
©2003 Boosey & Hawkes · Bote & Bock, Berlin. ISMN M-2025-3107-5 ISBN 3-7931-3107-6