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LA

CHANSON DE CRAONNE

Chanson engagée : chanson contestataire, antimilitariste anonyme écrite entre 1915 et 1917.
Un timbre : chanson qui utilise la mélodie d’une chanson déjà existante et qui en change les paroles. La Chanson de
Craonne reprend l'air de la chanson Bonsoir m'amour de 1911, composée par Charles Adhémar Sablon.
Contexte historique : Craonne est une commune de Picardie où ont eu lieu de violents
combats durant l’offensive d’avril 1917 (la bataille du chemin des dames). Cette offensive se
solde par des pertes humaines considérables du côté des alliés, sans progrès notable sur le
front. Elle suscite l’exaspération des soldats et déclenche des mutineries durant lesquelles
est entonnée La Chanson de Craonne. Transmise oralement, cette chanson se diffuse
clandestinement et circule d’un secteur à l’autre du front. Son succès est tel que le haut
commandement offre une prime et la démobilisation à qui dénoncera l'auteur. Elle restera
interdite en France jusqu'en 1974. L'auteur ne sera jamais dénoncé par ses pairs.

Paroles
Couplet 1 :
Quand au bout de huit jours le repos terminé Refrain :
On va reprendre les tranchées Adieu la vie, adieu l'amour
Notre place est si utile Adieu toutes les femmes
Que sans nous on prend la pile C'est bien fini, c'est pour toujours
Mais c'est bien fini on en a assez De cette guerre infâme
Personne ne veut plus marcher C'est à Craonne, sur le plateau
Et le cœur bien gros comme dans un sanglot Qu'on doit laisser sa peau
On dit adieu aux civelots Car nous sommes tous condamnés
Même sans tambour même sans trompette Nous sommes les sacrifiés
On s'en va là haut en baissant la tête

Couplet 2 :
Huit jours de tranchées huit jours de souffrance Refrain :
Pourtant on a l'espérance Adieu la vie, adieu l'amour
Que ce soir viendra la relève Adieu toutes les femmes
Que nous attendons sans trêve C'est bien fini, c'est pour toujours
Soudain dans la nuit et dans le silence De cette guerre infâme
On voit quelqu'un qui s'avance C'est à Craonne, sur le plateau
C'est un officier de chasseurs à pied Qu'on doit laisser sa peau
Qui vient pour nous remplacer Car nous sommes tous condamnés
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe Nous sommes les sacrifiés
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes

Couplet 3 :
C'est malheureux de voir sur les grands boulevards Refrain final :
Tous ces gros qui font leur foire Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendront
Si pour eux la vie est rose Car c'est pour eux qu'on crève
Pour nous c'est pas la même chose Mais c'est fini car les troufions
Au lieu de se cacher tous ces embusqués Vont tous se mettre en grève
Feraient mieux de monter aux tranchées Ce sera votre tour messieurs les gros
Pour défendre leurs biens car nous n'avons rien D’ monter sur le plateau
Nous autres les pauvres purotins Car si vous voulez faire la guerre
Tous les camarades sont enterrés là Payez-la d’ votre peau
Pour défendre les biens de ces messieurs-là


Vocabulaire :
- prendre la pile : subir la défaite
- les civelots : les civiles, ceux qui ne font pas la guerre
- infâme : qui cause du dégoût
- un embusqué : soldat exerçant un emploi éloigné de la ligne
de feu
- les purotins : hommes dans la misère, dans la chanson, il
s’agit des soldats exposés
- un troufion : simple soldat
Bande Dessinée de Tardi

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