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1-1 le traité : le traité est un accord de volonté entre deux ou plusieurs États ; il produit des droits
et des obligations entre les parties et est régi par le droit international. Aux termes de l'article 98
de la Constitution « les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont dès leurs
publications une autorité supérieure à celle de loi sous réserve pour chaque accord de son
application par l'autre partie ».
Toutefois il peut arriver qu'un acte administratif soit conforme à une loi qui elle-même n'est pas
conforme à une convention internationale : c'est la théorie de la loi écran ou de l'écran législatif.
En conséquence, si la loi est antérieure au traité, ce dernier prime sur la loi et les actes
administratifs. Par contre si la loi est postérieure au traité, différentes réponses ont été apportées
par les juridictions françaises :
• la Cour de cassation quant à elle a fait primer le traité sur la loi et les actes administratifs
;
A côté des traités on voit une prolifération du droit communautaire. Son ordre juridique
comprend : les traités constitutifs qui forment le droit communautaire originaire ainsi que les
actes des organes créés par ces traités qui constituent le droit communautaire dérivé. Ce dernier
est composé :
- Des règlements qui ont une portée générale et obligatoire dans tous leurs éléments ;
- Des directives qui ne lient l'État que quant au résultat à atteindre en laissant les instances
nationales le choix des moyens ;
- Des décisions qui sont obligatoires dans tous leurs éléments mais ne valent que pour les
destinataires qu'elles désignent.
La Constitution s'impose à tous les citoyens et à tous les organes de l'État, particulièrement au
Gouvernement et à l'Administration. Il en résulte qu'à l'appui d'un recours, par exemple en
annulation d'une décision administrative, le requérant pourra invoquer la violation d'une règle
constitutionnelle.
Lors de l’Assemblée plénière (AP) du 2 juin 2000, la Cour de cassation a, elle aussi, rappelé le
principe de la primauté de la Constitution.
Elle constitue une des sources les plus importantes de la légalité administrative.
Le respect de la loi s'impose dans tous les cas à l'administration. Le droit public définit la loi à la
fois d'un point de vue organique et formel et d'un point de vue matériel : la loi et l'acte pris par
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le Parlement élaboré selon la procédure législative prévue dans la constitution et portant sur des
matières déterminées.
A cet égard on distingue plusieurs catégories de lois. D'un point de vue matériel, on peut
distinguer entre lois ordinaires, lois constitutionnelles, lois organiques, lois référendaires, les lois
de finances, ordonnances prises sur habilitation législative et qui ont une valeur législative après
leur ratification et décision du président de la République prises en application de l'article 52 de
la Constitution qui ont une valeur législative après leur ratification.
Le président de la République peut cependant saisir la Cour suprême pour obtenir le classement
de cette loi et la ramener au rang de règlements administratifs (article 76, alinéa 2 de la
constitution: procédure de délégalisation).
Les principes généraux du droit sont des principes non écrits posés par le juge et qui s'imposent
à l'administration en l'absence de dispositions législatives. On peut dénombrer plusieurs
catégories de principes généraux du droit. Cependant, les plus essentiels sont :
- les principes liés à l'égalité : égalité devant la loi, devant le service public, devant l'impôt
;
- les principes liés au sauvegarde des droits et libertés des citoyens : le droit à la défense,
la liberté de commerce et d'industrie, la liberté d'aller et venir ;
- les principes relatifs aux droits sociaux : le droit au regroupement familial, le non
licenciement d'une femme enceinte.
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Cette liste des principes généraux du droit n'est pas exhaustive, le juge peut en créer de nouveaux
en fonction des litiges qui lui ont été soumis. Pour leurs valeurs juridiques on peut retenir pour
l'essentiel qu'ils ont une valeur infra législatives et supra décrétales c'est-à-dire que le législateur
peut y déroger mais ils s'imposent aux autorités administratives. A côté de ces principes généraux
du droit, le juge constitutionnel à, lui aussi, créé des principes à valeur constitutionnelle dont le
plus important est le principe de la continuité du service public, rendu le 25 juillet 1979.
Les actes pris par l'administration s'imposent à elle-même et peuvent être de deux catégories :
les actes administratifs unilatéraux et les actes administratifs bilatéraux (contrats administratifs.
L'acte administratif unilatéral est l'acte administratif émanant d’une AA (adopté unilatéralement
par une autorité administrative) qui s'impose aux administrés indépendamment de leur
consentement. L’AAU peut revêtir plusieurs formes:
• l'ordonnance : qui est un acte pris par le président de la République sur le fondement de
l'article 77 de la Constitution et deviennent des lois lorsqu'elles sont ratifiées (ratification : c’est
l’expression par laquelle une personne, déclare s’obliger à exécuter les engagements pris en nom
par une autre ; On ratifie l’acte d’un tiers) par le Parlement;
• le décret qui est un acte exécutoire à portée générale ou individuelle pris par une autorité
administrative le plus souvent le président de la République qui peut des fois autoriser le Premier
Ministre à en prendre. (Art 50 de la constitution) ;
• les arrêtés qui sont des actes pris par les autorités administratives centrales (AAC)
déconcentrées ou décentralisées ;
• les délibérations sont des actes pris par un organe collégial (au niveau décentralisé :
conseil municipal)
Tout ceci démontre le pouvoir réglementaire dont dispose les autorités administratives qui leur
permet de prendre des actes à caractère général et impersonnel appelés, soit règlement
subordonnée ou d'application des lois, soit règlement autonome pris dans toutes les matières ou
la loi n’intervient pas (art 76 de la constitution).
Le contrat administratif est un accord de volonté conclut entre une personne publique et une
personne privée ; il produit des droits et des obligations à leur égard. L'administration doit
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respecter ces contrats administratifs qui sont comme la loi entre les parties. C'est pour cette raison
que les contrats ne peuvent être attaqués par la voie de recours pour excès de pouvoir, de même
qu’on ne peut se prévaloir de leur violation à l'appui un tel recours.
On dit qu'il y a compétence liée lorsque la conduite de l'autorité administrative compétente lui
est dictée par la réglementation. L’autorité prend toujours la décision qui lui est imposée par les
lois et règlements. Ainsi la compétence liée oblige donc l'autorité administrative à ne pas
disposer de la possibilité de choix ni d’appréciation.
Donc il y a pouvoir discrétionnaire toutes les fois qu'une autorité agit librement, sans que sa
conduite ne lui soit dictée à l'avance par une règle de droit. Ce qui correspond à une liberté
d'appréciation laissée par la réglementation à une autorité administrative lorsqu'elle prend une
décision.
Cette liberté n'est pas incompatible avec le principe de légalité. En outre, le pouvoir
discrétionnaire est à distinguer de l’arbitraire, l’Administration agit toujours conformément à la
loi, mais celle-là ne l’impose pas une décision.
L’intérêt de la distinction entre pouvoir discrétionnaire et compétence liée se situe au niveau des
pouvoirs du juge.
Dans une situation de compétence liée, les actes de l’Administration peuvent être apprécié au
point de vue de la légalité de façon simple ; le juge, saisi d’un recours, vérifiera si les conditions
requises étaient remplies et selon le résultat, positif ou négatif, de ses investigations, il rejettera
le recours ou prononcera l’annulation.
Dans l’exercice du pouvoir discrétionnaire, le contrôle de l’action administrative est plus délicat.
Il n’exerçait qu’un contrôle minimum ou restreint afférent, d’une part, à la légalité externe de
l'acte, c’est à dire la compétence, le vice de forme et de procédure, et d’autre part, à la légalité
interne comme l'objet, ou le motif. Ainsi le pouvoir discrétionnaire apparaît comme une limite
au contrôle du juge de légalité. Cependant, le juge tend à renforcer son contrôle avec de
nouvelles techniques. Au regard ces limites, le juge a mis à profit de nouvelles techniques de
contrôle.
L'erreur manifeste d'appréciation peut se définir comme une erreur grave, grossière et si évidente
qu'elle peut être décelée par n'importe quel profane. Si l'erreur peut être tolérée par le juge,
l'erreur manifeste est quant à elle censurée. En effet, le pouvoir discrétionnaire n’autorise pas
l’Administration à agir arbitrairement. Le contrôle du pouvoir discrétionnaire est apparu au
Sénégal vers les années 1993.
Quant au contrôle du bilan coût avantage, il permet au juge de dresser un bilan et de faire
respecter un rapport de proportionnalité. Ainsi, une opération ne peut être déclarée d'utilité
publique que si les atteintes à la propriété privée, le coût financier et éventuellement les
inconvénients d'ordre social ne sont pas excessifs, eu égard à l'intérêt qu'elle présente. (Par
ailleurs, le juge met en balance les avantages et les inconvénients afin d'apprécier le pouvoir
discrétionnaire de l'administration).
Par limite au principe de l'égalité, il faut entendre les hypothèses dans lesquelles l'Administration
peut ne pas ne pas respecter la légalité sans être sanctionné par le juge. C'est le cas des actes de
gouvernement mais aussi par rapport à certaines circonstances.
Un acte de gouvernement est un acte pris par les pouvoirs publics (et qui est susceptible d'être
discuté par voie contentieuse) et qui n’est pas soumis au contrôle du juge administratif. La théorie
des actes de gouvernement fut développée afin de soustraire lesdits actes au principe de légalité.
A l'origine, il suffisait qu’un acte émane du gouvernement ou de l’un de ses représentants et qu'il
soit délibéré en Conseil des ministres ou qu'il soit dicté par un intérêt politique pour qu'il ne
puisse faire l’objet d’un contrôle juridictionnel (soit au-dessus de tout contrôle juridictionnel).
Ainsi, le mobile politique caractérisait les actes de gouvernement. Cependant, cette notion a
connu des restrictions. Le juge a évolué dans ce sens afin de restreindre le champ d'application
des actes de gouvernement.
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• Les actes pris par l’exécutif en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par la constitution
: telles que (les actes relatifs aux rapports entre l'exécutif et les autres pouvoirs constitutionnels
comme) la décision de recourir à l'article 52 de la Constitution, de consulter le peuple par voie
du référendum, de nommer un membre du Conseil constitutionnel, de dissoudre l'Assemblée
nationale ou de promulguer une loi.
S’agissant des rapports internationaux, le juge doit s'assurer que leurs appréciation ne le conduit
pas à s'immiscer dans les relations internationales.
La théorie des circonstances exceptionnelles admet que certaines entorses à la légalité peuvent
être commises. Il existe des textes qui régissent les situations de crise particulièrement difficiles.
C'est le cas de l'état d'urgence et l'état de siège qui résultent des dispositions de l'article 69 de la
Constitution et dont les modalités d’application sont déterminées par la loi 69-29 du 29 avril
1969.
En vertu des dispositions de la loi visée supra, l’ES et l’EU sont proclamés par décret, pour une
durée de 12 jours, prorogeable sur autorisation de l'Assemblée nationale.
Pour l'état de siège, il est proclamé en cas de péril imminent pour la sécurité intérieure et
extérieure de l'État. En pareil cas, l'ensemble des pouvoirs de police sont transférés aux autorités
militaires qui peuvent faire des perquisitions de jour et de nuit, interdire des publications,
restreindre les libertés individuelles…
Quant à l'état d'urgence, il est proclamé en cas de péril résultant d'atteintes graves à l'ordre
public, de menées subversives compromettant la sécurité intérieure ou d'événements présentant
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le caractère de calamité publique. Dans ce cas tous les pouvoirs sont conférés aux autorités
administratives qui peuvent interdire des réunions publiques ou privées, réquisitionner des
personnes et des biens, muter ou suspendre des fonctionnaires ou des agents.
Parallèlement à ces deux régimes, l'article 52 de la Constitution prévoit aussi la possibilité pour
En pareil cas, le PR peut prendre toutes mesures législatives ou réglementaires nécessitées par les
circonstances, en vue de rétablir le fonctionnement régulier des institutions ou assurer la
sauvegarde de la nation.
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Le principe de l'égalité serait inefficace si les actions de l'Administration n'étaient pas contrôlées.
Ainsi le contrôle de l'Administration constitue une nécessité pour assurer le respect par
l'Administration des droits et libertés des administrés contre les empiétements et injustices
possibles. Par conséquent, le contrôle assure l'efficacité de l'action administrative mais aussi
s'exerce dans l'intérêt du respect de la légalité. Le contrôle de l'Administration peut être exercé
par les organes tels que l'Inspection Générale d'Etat (IGE) ou d'autres Contrôleurs Financiers
(CF). Il s'effectue par la saisine des particuliers aux autorités compétentes et peut se faire de
manière juridictionnelle ou non juridictionnelle.
Le contrôle non juridictionnel peut passer par les recours administratifs ou être servi devant le
Médiateur de la République.
Ils peuvent s'entendre comme des recours adressés à un administrateur actif statuant en tant que
tel c'est-à-dire au moyen d'un acte administratif. Le recours administratif peut être classifié en
fonction de l'autorité saisie. S'il est adressé à l'auteur de l'acte litigieux, on l’appelle recours
administratif gracieux. Par contre, s’il est adressé à l’autorité administrative hiérarchiquement
supérieure à l’auteur de l’acte litigieux, on le considère comme un recours administratif
hiérarchique.
L’introduction des recours oblige les autorités d'examiner les demandes mais ne les oblige pas à
en donner suite. Même si elles répondent, elles ne sont pas tenues de se fonder sur des motifs
d'ordre juridique.
des recommandations qui n'ont aucune force juridique. Cela signifie qu'ils ne sont pas
contraignants et n'obligent pas les parties à les suivre.
Le recours pour excès de pouvoir s'entend comme une action par laquelle toute personne ayant
intérêt peut provoquer l'annulation d'une décision exécutoire par le juge compétent en raison
de son illégalité.
1-1 LE CARACTERE OBJECTIF: il est demandé au juge de se prononcer sur la régularité ou non
de l'acte attaqué puisque le recours pour excès de pouvoir est un procès fait à un acte
administratif. Ainsi, le recours pour excès de pouvoir tend à l'annulation d'un acte administratif
et exclut toute demande de réparation pécuniaire.
Le REP a pour objet de sauvegarder les droits et libertés des citoyens. Il a donc un caractère
d’ordre public. Ce trait caractéristique se manifeste au moins de 4 façons :
- Le requérant peut revenir sur son désistement sans que celui-ci n’ait une conséquence sur
la procédure ;
- Les parties peuvent se prévaloir en tout état de la procédure d’un moyen tiré de
l’annulation d’une décision prononcée sur REP. En cas d’abstention des parties, le juge
est tenu de le soulever d’office.
- En vertu des PGD, le RPEP est ouvert sans texte, contre toute décision administrative.
1-3 LE CARACTERE D’UTILITE PUBLIQUE : il se manifeste par le fait que les parties peuvent
intenter rapidement le recours en vue de contester les irrégularités qui résultent des décisions
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administratives, et que les délais imposés sont rigoureux. Ceci garantit l’efficacité de l’action
administrative, de même qu’il permet de promouvoir l’Etat de droit.
Ces conditions sont cumulatives et relatives à l'intérêt à agir, l'acte attaqué et au délai.
Le recours n'est recevable que lorsque l’intérêt est suffisamment caractérisé. A signaler que
l’intérêt peut être matériel, moral, individuel ou collectif. Toutefois il faut distinguer l'intérêt des
personnes physiques et celui des personnes morales.
a- l’intérêt des personnes physiques: pour que la requête soit recevable, le requérant doit
avoir un intérêt personnel, légitime et immédiat. La décision contestée doit entraîner où doit
être susceptible d'entraîner avec certitude des effets juridiques à son égard.
b- l'intérêt des personnes morales: Le REP est admis pour les associations, syndicats, et
groupements défendant un intérêt collectif de leurs membres. En revanche, ils ne peuvent pas
attaquer les actes individuels concernant un de leurs membres sauf s'ils ont reçu un mandat
spécial délivré par l'intéressé pour agir en son nom et pour son compte.
Pour que le recours soit admis, la décision contestée doit émaner d’une autorité administrative
nationale. Ce qui exclut les actes émanant des juridictions ou des parlementaires. A signaler que
certains actes pris par des personnes privées peuvent faire l'objet de recours pour excès de
pouvoir si elles sont chargées d'une mission de service public emportant l’usage des prérogatives
de puissance publique.
En outre, l'acte doit faire grief, c’est-à-dire qu’il produit lui-même des effets juridiques, qu’il
modifie l’ordonnancement juridique, qu’il atteint les droits et obligations des administrés. Ce
qui exclut certains actes tels que les circulaires et instructions de service, les actes communautaires
qui n’ont pas une force exécutoire à l’égard des tiers.
Le délai du recours pour excès de pouvoir est de deux (2) mois. Ce délai commence à courir à
partir de la publication de l'acte attaqué lorsqu'il s'agit d'un acte réglementaire ou de sa
notification lorsqu'il s'agit d'un acte individuel.
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Toutefois, il peut arriver que ces formalités ne soient pas respectées. Dans ce cas, le juge applique
la théorie de la connaissance acquise selon laquelle le point de départ du délai sera déterminé à
partir de la date à laquelle le requérant a manifesté sa reconnaissance de l'acte attaqué.
Quant au calcul du délai, il se fait de quantième à quantième et les délais sont francs c'est-à-dire
le jour de la publication ou de la notification et le jour de l'échéance ne sont pas comptabilisés,
de même que les week-ends et les jours fériés.
Même si ce délai est rigoureusement observé, il est prorogeable dans deux cas :
- d'abord, en cas de recours administratif préalable dans le délai du recours pour excès de
pouvoir, le nouveau point de départ du délai de recours sera la réponse explicite ou implicite
de l'Administration. Pour la réponse implicite, lorsque l'Administration ne donne pas de réponse
au bout de quatre (4) mois après la demande, son silence serait synonyme de réponse implicite
de rejet et le délai commence à courir à partir de l'expiration de ces quatre mois.
- Ensuite, en cas de saisine d'une juridiction incompétente, le délai de recours pour excès
de pouvoir commencera à courir à partir de la notification de la déclaration d'incompétence de
la juridiction saisie à tort.
Les cas d'ouverture du recours pour excès de pouvoir sont les irrégularités qui peuvent entacher
un acte administratif et par conséquent justifier son annulation. En somme ce sont des moyens
d'annulation de l'acte administratif. Ces irrégularités peuvent être externes comme
l'incompétence, le vice de forme et de procédure. Elles peuvent aussi être internes à l’acte. C'est
le cas de la violation de la loi, du détournement de pouvoir, de l’erreur de droit et de fait.
L'effet principal du recours pour excès de pouvoir est qu'il ne suspend pas l'acte attaqué. C'est le
caractère non suspensif du recours pour excès de pouvoir. Cependant exceptionnellement le
juge peut octroyer le sursis à exécution des décisions des autorités administratives contre
lesquelles a été introduit le recours en annulation dans des conditions : d'une part, les moyens
invoqués par le requérant doivent paraître à l'état de l'instruction sérieux et de nature à justifier
une annulation ; d'autre part le préjudice encouru doit être irréparable.
Toutefois, les limites du sursis à exécution, a certainement poussé le législateur à mettre en place
d’autres outils processuels aptes à assurer une protection plus efficace des droits et libertés face
à la toute-puissance de l’Etat.
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La loi organique n°2017-09 du 17 janvier 2017 sur la Cour suprême instaure ces nouveaux outils
:
-Art. 83. – « Il est institué un juge des référés en matière administrative.
Il statue par des mesures qui présentent un caractère provisoire. Il n’est pas saisi du principal et
se prononce dans les meilleurs délais. Est juge des référés, le premier président de la Cour
suprême ou le magistrat qu’il désigne à cet effet. ».
-L’art. 84. introduit le référé-suspension ( ancien SAE) : «Quand une décision administrative fait
l’objet d’une requête en annulation, le juge des référés, saisi d’une demande en ce sens, peut
ordonner la suspension de l’exécution de cette décision, ou de certains de ses effets, lorsque
l’urgence le justifie et qu’il est fait état d’un moyen propre à créer, en l’état de l’instruction, un
doute sérieux quant à la légalité de la décision. ».
Lorsque la suspension est prononcée, il est statué sur la requête en annulation de la décision dans
les meilleurs délais.
-L’art. 85. Instaure le référé-liberté –« Saisi d’une demande justifiée par l’urgence, le juge des
référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d’une liberté fondamentale à
laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion
d’un service public aurait porté, dans l’exercice d’un de ses pouvoirs, une atteinte grave et
manifestement illégale. Le juge des référés se prononce dans un délai de quarante-huit heures. ».
Dans le cadre du REP, le juge se prononce sur la régularité ou non de l’acte administratif. Selon
le résultat, positif ou négatif, il peut prononcer :
- il peut prononcer une décision de rejet lorsque le recours est irrecevable, soit l'acte
attaqué est légal, soit le délai imparti au requérant pour intenter le recours est expiré, il
y’a ainsi forclusion ;
C’est une procédure par laquelle le juge de droit commun est saisi afin de statuer sur l’existence
et les effets des droits subjectifs des particuliers et des personnes morales. Le RPC ou contentieux
de pleine juridiction est utilisé le plus souvent dans 4 cas : (En matière de RCEF)
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• En matière de contrat, lorsque le juge est saisi afin de statuer sur la régularité du contrat
(formation, exécution), on est dans le cadre du contentieux contractuel ;
• Lorsque les modalités d’imposition et de recouvrement des impôts sont en cause, on est
ici dans le cadre du contentieux fiscal.
Certaines conditions de formes distinguent le RPC du RPEP. Ainsi, tous les arguments de fait ou
de droit peuvent être invoqués à l’appui d’un RPC, contrairement au RPEP.
En plein contentieux, le recours fait l’objet d’une procédure spéciale en matière administrative.
Cette procédure est prévue par l’art 729 du Code de Procédure Civile et exige 2 conditions pour
que le recours soit recevable : une demande administrative préalable et le respect du délai de 2
mois.
• Le respect du délai de 2 mois : pour la loi, l’assignation doit être servie dans un délai de
2 mois qui suit soit l’avis donné de la décision de l’administration soit l’expiration du délai de 4
mois valant décision implicite de rejet sous peine d’irrecevabilité.
La violation de ces 2 conditions est sanctionnée par le rejet du recours soit irrecevabilité soit
pour forclusion.
en cas de silence gardé de plus de 4 mois par l’autorité saisie, le juge ne peut être régulièrement
saisi. En conséquence, cette règle de procédure est d’ordre public, et doit être soulevée d’office
par le juge, même si les partis ne l’invoquent pas et à n’importe quel étape de la procédure
(cours d’appel du 18 février 1983 héritiers Abdou LO).
Toutefois, le requérant est tenu de déterminer le droit applicable à son litige avant de saisir le
juge. Ce qui n’est pas facile puisqu’il n’est pas évident pour le requérant de déterminer le champ
du droit administratif.
C’est en ce sens que le juge déclare irrecevable pour non-respect de la procédure spéciale une
action fondée sur une voie de fait en estimant que d’abord il est prématuré avant tout examen
au fond de vouloir établir le droit applicable, en arguant d’une voie de fait, et d’autre part, que
s’il avait été établi dès l’origine, que l’Etat avait commis une voie de fait, cela n’aurait pas suffi
à écarter l’application du droit administratif qui entraine l’obligation du respect des dispositions
d’ordre public de l’article 729. (Tribunal Régional de Dakar du 17 octobre 1986, DIEYNABA
DIALLO)
Pour le juge, il résulte des dispositions de l’article 729, que toute action en justice doit être
précédée d’une demande adressée à l’autorité administrative désignée pour recevoir
l’assignation.
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Les activités des personnes publiques qualifiées d’administratives sont nombreuses et variées.
Toutefois, on peut distinguer les prestations de services par les missions de service public et le
maintien de l’ordre à travers la police administrative.
- La définition classique de l’OP : originellement, l’ordre public était défini comme tout
Etat dans lequel les citoyens sont préservés dans la plus grande mesure du possible des risques
et atteintes que comportent la vie en société. Cependant, les insuffisances de cette définition ont
conduit à le définir à travers la trilogie traditionnelle. L’ordre public englobe donc les
préoccupations de sécurité publique à savoir : la prévention des accidents, les dommages causés
aux personnes et à leurs biens, la salubrité publique, avec la prévention des atteintes à la santé
des citoyens, notamment des maladies, épidémies… et la tranquillité publique par la prévention
des gènes anormales comme le bruit, les manifestations…
La notion d’ordre public a été également étendue à la protection de la dignité humaine puisque
le respect de cette dignité permet d’assurer l’égalité entre les citoyens et par conséquent de
maintenir l’ordre. Enfin l’extension prend en compte aussi l’esthétique par la préservation de
l’environnement naturel et architectural.
Par ailleurs, la PA se distingue de la PJ du point de vue de leur finalité à savoir leur but. La PA
agit par voie préventive et s’efforce à éviter que naissent des atteintes à l’ordre public. En ce
sens il s’agit d’une mission de surveillance générale tendant à prévenir les troubles à l’Ordre
public. Quant à la police judiciaire (PJ) elle a un rôle répressif. C’est-à-dire lorsqu’une infraction
est commise, elle recherche les auteurs, réunit les preuves, dresse le PV de constat de l’infraction
et les traduit devant les juridictions de jugement.
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Toutefois, dans la pratique la distinction est souvent délicate car les autorités et le personnel sont
souvent identiques. C’est le cas du préfet qui est à la fois une autorité de PA et une autorité de
PJ (lorsqu’il interdit l’exercice d’une liberté il le fait par la PA, par contre lorsqu’il donne aux
OPJ d’intervenir pour maintenir l’ordre il devient autorité de PJ) ou un agent de police qui
règlemente la circulation et qui verbalise un usager qui enfreint le code de la route.
Il peut arriver aussi qu’une opération de PA se transforme en une opération de PJ. C’est le cas
du contrôle d’identité.
Aussi une opération peut se décomposer en plusieurs phases faisant apparaitre les 2 types de
police en même temps, comme la mise en fourrière des véhicules.
- La coercition qui permet aux autorités de police d’utiliser la force matérielle pour
prévenir ou faire cesser un désordre.
Le président de le République dispose d’un pouvoir général (national) qui lui est attribué par la
constitution en matière de police administrative. Toutefois, il peut déléguer ses compétences
aux ministres. Dans le cadre de la police générale, le Ministre de l’intérieur joue un rôle
important puisqu’il a reçu délégation du PR et est le supérieur hiérarchique des autorités
déconcentrées.
Le gouverneur a une compétence qui s’étend à toute la région et a le pouvoir de réprimer les
atteintes à la tranquillité publique telles que les attroupements, les bruits et rassemblements
nocturnes qui troublent le repos des habitants et tout acte de nature à compromettre la
tranquillité publique.
A l’échelle départementale le préfet exerce les mêmes attributions que le gouverneur en matière
de police générale. Il dispose d’un pouvoir de substitution d’action lorsque le maire ne prend
pas les mesures prescrites par la loi pour maintenir l’ordre public.
3- L’autorité municipale
Les autorités compétentes sont les maires des communes de droit commun, des villes et des
communes d’arrondissement. Leur objet est d’assurer le maintien de l’ordre dans leurs différentes
zones géographiques. La liste de leurs compétences n’est pas limitative en matière de police.
Cependant, la sureté et la commodité du passage dans les rues, le mode de transport des
personnes décédées, l’inspection sur la fidélité du débit des denrées qui se vendent au poids ou
à la mesure, la prévention et l’intervention en cas de danger grave ou immédiat.
La police administrative générale : elle est exercée d’une manière indifférenciée à l’égard de
n’importe quel genre d’activité des particuliers et sur l’ensemble du territoire. C’est la police
générale d l’ordre public. Par ailleurs, il y’a police administrative générale lorsqu’une autorité
est responsable du maintien de l’ordre sur un certain territoire. En conséquence, elle dispose
d’un ensemble de compétences et de moyens d’action. Quand cette police s’exerce au niveau
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national on l’appelle police nationale et quand elle intervient au niveau communal, on l’appelle
police municipale.
La police administrative spéciale : elle est confiée à une autorité bien déterminée et concerne le
plus souvent certaines activités des personnes bien déterminées, des domaines spécifiques, des
matières particulières… C’est le cas de la police des étrangers, des débits de boissons, des édifices
menaçant ruine…
Les actes de police administrative sont soumis au respect de quelques règles fondamentales. Il
y’a donc des limites fondées sur la finalité des buts de police et d’autres activités dérivées du
respect des libertés des individus.
Les mesures de police doivent être égales, nécessaires et raisonnables. L’égalité renvoie à
l’application du principe général d’égalité devant les charges publiques qui n’est obligatoire que
si les circonstances sont les mêmes.
Quant à la nécessité, elle exige que les mesures de police ne doivent pas dépasser ce qui est exigé
par les circonstances. C’est pourquoi on dit qu’en matière de police, « la liberté est la règle, la
restriction de police est l’exception ».
Alors que le caractère raisonnable signifie que la gravité des mesures de police doit être
proportionnelle au résultat que l’on veut atteindre c’est-à-dire qu’elles doivent être adaptées à
la nature et à l’importance du désordre prévisible.
Les mesures de police doivent respecter autant que possible les libertés publiques. C’est pourquoi
l’autorité administrative peut les règlementer, les restreindre mais non les abolir. D’ailleurs,
l’autorité ne peut en règle générale interdire de Façon absolue l’exercice d’une activité ou d’une
liberté.
Sur le plan de la légalité interne, le juge contrôle particulièrement le but et les motifs invoqués.
C’est ainsi que la cours suprême pour déclarer illégal l’arrêté ayant interdit le rassemblement
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La police a pour but de prévenir les atteintes à l’ordre public, si elle répond à un autre objectif
il y’a détournement de pouvoir et la mesure sera annulée par le juge. Ce contrôle est dit de
proportionnalité.
Le service public a été la notion fondatrice du droit administratif puisque dans son arrêt Blanco
le TC en faisait le critère de la compétence du juge administratif. Cependant, cette conception
classique a connu beaucoup d’évolution aujourd’hui.
Originellement, le SP pouvait être défini comme une activité d’intérêt général assurée par une
personne publique aux moyens de procédés exorbitants de droit commun. Cette définition fait
apparaitre 3 éléments :
- Un élément matériel : qui renvoie aux activités de prestations développées dans un but
d’intérêt général ;
Dans cette définition, on sent la prééminence du critère organique. Au Sénégal, on semble faire
prévaloir ce critère, étant donné que l’article 11 du COA dispose : « est considérée comme SP,
toute activité d’une personne morale de droit public, en vue de satisfaire un besoin d’intérêt
général ».
B -L’évolution de la définition du SP
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L’interdiction de principe faite aux personnes privées de gérer un SP ne pouvait pas résister aux
besoins de service public qui accroit. Ainsi, l’Etat était obligé de confier certaines activités
d’intérêt général à des personnes privées, voir à des simples particuliers.
Confronté à des SP gérés par des personnes privées, le juge a dû reconnaitre que ces dernières
étaient bien investies de véritables missions de service public. Dans un premier temps, il va
admettre que des personnes privées puissent être investies de prérogatives de droit public, en
l’occurrence le droit d’expropriation. (CE, 29 décembre 1935, Etablissements VEZIA). Il finit par
admettre plus tard qu’une personne privée puisse en dehors de tout contrat de concession gérer
un service public (CE 13 mai 1938, CAISSE PRIMAIRE AIDE ET PROTECTION).
-La gestion du service public par un simple particulier : ce principe est appliqué pour la première
fois par le juge à travers la concession accordée au Sieur TERRON de capturer et de mettre en
fourrière les chiens errants qui constituent une participation à un service public de la ville de
MONTPELIER (CE, 4 mars 1910 TERRON). Ce qui fait que par la concession, une collectivité
publique peut confier à un particulier la gestion d’un service public. Dès fois, il peut arriver qu’en
dehors de la concession des particuliers peuvent être chargés de la concession d’une mission de
service public. C’est le cas de la destruction des animaux nuisibles qu’un département avait confié
à ses habitants et qui constitue une mission de service public. Il en va de même de l’engagement
pris par de simples particuliers pour assurer la nourriture de ressortissants hébergés par l’Etat
dans un centre en attendant leur rapatriement dans leur pays d’origine.
II-Le principe du SP
Quelle que soit la nature des SP, il y’a certains principes qui leur sont applicables. Ces principes
ont toutefois subi une évolution.
Ce principe impose que le service public fonctionne sans interruption ni discontinuité. C’est pour
arriver à cette fin que certaines règles ont été prévues au sein des services publics telles que la
suppléance, l’intérim, la délégation de pouvoir. De même, les cocontractants de l’administration
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sont obligés d’exécuter leur contrat jusqu’à leur terme puisque le principe d’inexécution n’est
pas reconnu en droit Administratif.
Toutefois, il faut chercher à concilier ce principe avec le droit de grève. C’est pourquoi le
législateur l’a règlementé afin que son utilisation n’entrave pas la continuité du SP.
En ce sens, son intervention nécessite un préavis et dès fois même, le service minimum est exigé.
Dans d’autres cas, l’Administration peut faire des réquisitions voir interdire l’exercice de ce droit
à certains fonctionnaires.
Ce principe permet à tous les citoyens de bénéficier de tous les avantages que le service procure
et de supporter aussi toutes les charges qu’il impose, de manière égale. Ce principe s’applique
aussi bien aux agents de l’Administration qu’aux usagers du SP. C’est pourquoi, on l’appelle soit
égalité dans le SP, soit égalité devant le service public. Ce principe de prévaut que lorsque les
intéressés se trouvent dans des situations identiques ou similaires.
Par ailleurs, son respect est garanti par les techniques de contrôle mises à la disposition des
particuliers afin d’éviter les discriminations. Ce qui n’oblige pas l’Administration des fois à ne
pas aménager certains services et instaurer des discriminations positives.
Le service public doit pouvoir être adapté aux changements que la société a tendance à subir.
Aucune situation acquise ne peut en principe paralyser cette adaptation. Le changement doit
être dicté par des exigences de satisfaction de l’intérêt général ou lorsque le législateur
expressément le prévoit. En conséquence, l’évolution des besoins des populations conduit à la
mutabilité du service public.
Cette mutabilité peut passer par la modification unilatérale des contrats ou l’application
immédiate aux usagers d’un service public à caractère industriel ou commercial d’une
notification de tarif.
- des usagers : qui n’ont aucun droit acquis au maintien d’un service public, puisque
l’administration est libre de le supprimer ou d’en modifier les conditions de fonctionnement ;
- des agents public : qui sont dans une situation légale et règlementaire qui permet à
l’administration de modifier leur statut à tout moment ;
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Les nouveaux principes dont il est question ici ne sont pas assimilables aux principes qui viennent
d’être examinés, parce qu’ils n’ont pas encore la précision et surtout la valeur des précédents.
Toutefois, on peut retenir le principe de transparence et de participation.
La protection des droits des administrés exigence fondamentale des sociétés modernes est
conditionnée par la connaissance des actes et interventions de l’administration. Ceci par la
publicité des actes qui s’appliquent aussi bien aux actes unilatéraux qu’aux relations
contractuelles. De même la protection des droits de la défense, la motivation des actes
administratifs peuvent être considérés comme entrant dans ce principe très général qui est la
transparence.
En matière financière, l’utilisation des deniers publics doit se faire de manière transparente. C’est
pour respecter cette exigence qu’on utilise dans les démocraties modernes les budgets de
programme mais aussi la gestion axée sur les résultats. Par ailleurs, cette gestion nécessite une
certaine traçabilité pour justifier l’utilisation de l’argent du contribuable mais également se
défendre en cas de contestation. Ces exigences permettent d’établir la bonne foi des autorités
administratives mais aussi d’attirer les investisseurs étrangers.
Le principe de participation est toujours invoqué par les pouvoirs publics tout comme d’autres
personnes qui ont tendance à le critiquer. La participation des citoyens au fonctionnement des
services publics peut prendre plusieurs formes associant plus ou moins étroitement les intéressés
à la décision qui sera prise. Le stade le moins contraignant est celui de la consultation qui peut
dès fois être facultative, obligatoire ou avec avis conforme.
La participation peut être également une association à la prise de décision. Ainsi, cette
collaboration entre les citoyens et le service public peut se réaliser à travers plusieurs procédés.
D’abord on peut parler de la cogestion pour désigner la gestion associée entre l’Etat et les
personnes privées (les contrats administratifs). Ensuite l’utilisation à l’échelle locale du
référendum pour permettre à la population de donner leurs avis par rapport à un texte qui
modifie l’organisation et le fonctionnement de leur localité. Ce dernier procédé présente un
intérêt réel du fait qu’il inspire une démocratie directe.
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Cependant, elle comporte des inconvénients. Il peut s’agir d’une fausse participation, ce qui
accentue les tensions et constitue un moyen pour l’Administration de se décharger de ses
responsabilités. Il y’a aussi un risque de dissolution du pouvoir de décision, donc des
responsabilités. Enfin, la participation ne supprime pas l’opposition, parfois irréductible entre
l’intérêt général et les intérêts des particuliers.
Des modes de gestion publique, on peut distinguer la régie de la gestion par une personne
publique spécialisée (EP).
Un service est géré en régie directe lorsqu’il est directement assuré par l’Administration avec son
personnel, son budget et son domaine. Ce qui fait ces services ne disposent pas d’une
individualité et n’est pas aussi dotée de la personnalité juridique. Un service géré en régie se
confond avec l’organisation administrative et n’a aucune autonomie administrative et financière.
L’EP est une personne morale de droit public spécialisé dotée d’un patrimoine propre et ne
bénéficiant d’aucune participation privée. Au Sénégal, il existe 3 catégories d’EP à savoir : les
EPA, les EPIC et les établissements publics à caractère professionnel. Dans le cadre de la réforme
du secteur parapublic, les EPIC se transforment de plus en plus en SN et sont extirpés des
catégories de gestion des services publics.
Au Sénégal, c’est le procédé contractuel qui est le plus utilisé. Mais néanmoins, l’Etat peut confier
la gestion à des entreprises du secteur parapublic.
1-Le procédé contractuel : L’Etat peut signer avec des organismes privés, nationaux ou étrangers
des contrats les associant à des taches de service public. On peut citer l’exemple des contrats de
gérance qui comportent l’exécution par une personne privée d’un ensemble de prestations de
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services publics moyennant une rémunération forfaitaire ou non. Toutefois, l’Etat utilise souvent
la concession, l’affermage et la régie intéressée.
- La concession : c’est un mode de gestion d’un service public dans lequel la personne
publique charge par contrat une personne privée de faire fonctionner à ses risques et périls en
lui permettant de se rémunérer sur les usagers ;
- L’affermage : c’est un mode de gestion du SP dans lequel une personne privée traite à
forfait avec l’Administration qui reçoit une somme fixée à l’avance et le fermier conservera le
surplus des recettes qu’il réalise tout en supportant les pertes éventuelles ;
- La régie intéressée : c’est un mode de gestion des services publics dans lequel la personne
privée est rémunérée par la collectivité sous la forme d’une participation au chiffre d’affaire et
au bénéfice.
Les entreprises du secteur parapublic sont des personnes morales à caractère industriel et
commercial dont le K est soustrait en majorité ou totalité à l’appropriation privée et qui sont
placée sous la dépendance des autorités publiques. Actuellement, ces entreprises sont les SN et
les SA à participation publique majoritaire (SICAP, SN HLM, SAED).
Les SN sont des sociétés par action de droit privé dont le K est intégralement souscrit par l’Etat
et le cas échéant par d’autres personnes morales de droit public. Dans tous les cas, la
participation directe de l’Etat est supérieure à 50% du K social. Alors que pour les sociétés
anonymes, une ou plusieurs personnes publiques possèdent directement ou indirectement au
moins 50% du K social. Ces entreprises dans le cadre de leur organisation et leur fonctionnement
sont régies par le droit privé.
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L’organisation administrative du Sénégal se matérialise par des relations multiples entre les
différentes structures administratives. Cette organisation s’est fortement inspirée de celle de la
France avec quelques aménagements (quelques adaptations) afin de mettre en place une
Administration dite de développement, pour répondre aux nécessités de développement
économique et social.
C’est pourquoi les structures administratives Sénégalaises sont calquées dans le cadre de la
déconcentration et de la décentralisation.
I-LA DECONCENTRATION :
La concentration signifie que toutes les décisions qui intéressent l’ensemble du territoire relèvent
de la compétence des autorités centrales. Alors que la déconcentration consiste à reconnaitre un
pouvoir de décision à des organes non centraux qui n’en constituent pas moins des rouages de
la même administration.
Le contrôle hiérarchique est le pouvoir qu’un chef de service exerce sur ses subordonnés.
Cependant, il n’empêche pas les agents subordonnés d’avoir des pouvoirs propres de décisions.
Mais elle confère à l’autorité supérieure le droit de faire prévaloir sa volonté sur celle de l’agent
subordonné qui ne peut refuser l’exécution d’un ordre que s’il est manifestement illégal. Ce
contrôle peut s’exercer sur les organes et sur les actes.
L’autorité supérieure dispose d’un pouvoir de nomination et de mutation des agents placés sous
son autorité. Cela lui permet de choisir les agents les plus compétents. Elle dispose aussi d’un
pouvoir disciplinaire c’est-à-dire qu’elle note, récompense ou sanctionne les agents qui sont
placés sous son autorité. Il faut préciser que les sanctions peuvent aller jusqu’à la révocation.
Le supérieur dispose d’un certain nombre de pouvoir sur les actes de son subordonné. Il peut
s’agir d’un pouvoir d’annulation, qui permet au supérieur de faire disparaitre pour le passé et
pour l’avenir, une décision illégale ou inopportune prise par l’autorité subordonnée. Elle a aussi
un pouvoir d’instruction qui lui permet de donner des directives générales et des ordres de
services individuels aux subordonnés. L’autorité a également un pouvoir d’approbation c’est à
dire d’approuver préalablement l’acte du subordonné. Ce contrôle lui confère également un
pouvoir de réformation à savoir modifier sans annuler complètement la décision du
subordonné. En fin, elle a un pouvoir de suspension qui fait que la décision ne serait appliquée
provisoirement.
Cependant, il faut préciser que l’autorité supérieure ne peut se substituer à son subordonné
c’està-dire prendre au lieu et place du subordonné les décisions qui entrent dans les attributions
de celui-ci.
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II- LA DECENTRALISATION
C’est un système d’organisation administrative qui reconnait une existence juridique à des entités
secondaires dotées de la personnalité morale et qui sont appelées à gérer leurs affaires par des
organes issues d’elle-même.
Pour qu’une entité soit considérée comme décentralisée, elle doit nécessairement avoir la
personnalité juridique, c’est-à-dire qu’elle soit considérée comme un véritable sujet de droit qui
aura des biens, des agents, un budget autonome, la capacité d’ester en justice, de passer des
contrats, de participer dans le commerce juridique… La collectivité locale doit avoir vocation à
gérer ses propres affaires en fonction de ses intérêts propres. Aussi, elle doit être administrée par
des autorités qui lui sont propres et qui sont désignées par les populations elles-mêmes. Enfin,
elle doit être soumise à un contrôle de légalité qui depuis 1996 remplace la tutelle administrative.
B- Les modalités de la décentralisation :
La décentralisation technique porte sur une tache déterminée par sa nature particulière et
individualisable dont la charge est assurée par une personne publique autonome appelée
Etablissement public. Cette forme de décentralisation consiste à détacher d’une collectivité un
service ou un ensemble de services spécialisés et à les accorder à des EP.
Après juste l’indépendance, seules les communes étaient considérées comme des CL, et à partir
de 1971, la décentralisation a atteint le monde rural en intégrant les communautés rurales dans
les CL avec la loi 72-25 du 29 avril 1972. En 1996, les régions étaient considérées comme des
CL à travers la loi 96-06 du 22 mars 1996. A partir de 2013, l’acte III a bouleversé l’architecture
des CL en supprimant les régions et en hissant les communautés rurales au même niveau que les
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C- Le contrôle de tutelle :
C'est un contrôle exercé par une personne publique à l'endroit d'une autre personne publique.
Ainsi on peut le définir comme le droit de regard dont dispose les autorités centrales sur l'activité
des collectivités décentralisées. La tutelle permet de sauvegarder l'unité politique de l'État, éviter
la mauvaise gestion, tout en assurant la protection des individus contre les autorités
décentralisées. Le contrôle de tutelle peut s'exercer sur les organes et sur les actes.
Ce pouvoir n'est pas très étendue car les autorités décentralisées sont en principe élus mais la loi
prévoit dans certains cas un contrôle disciplinaire et admet pouvoir de nomination. Concernant
le pouvoir disciplinaire, l'État détient le pouvoir de suspension ou de révocation des dirigeants
des collectivités décentralisées.
Dans d'autres cas on admet un pouvoir de dissolution des conseils lorsqu'ils sont dans
l'impossibilité de fonctionner correctement et de manière durable. La dissolution se fait par
décret présidentiel sur avis de la Cour suprême. Pour éviter les vides d'autorité, le ministre chargé
des collectivités locales doit instaurer une délégation spéciale dont le nombre varie en fonction
des collectivités locales: pour les départements on nomme 7 personnes alors que pour les
communes le nombre varie en fonction de la densité démographique. (Si > 5000 hbts c’est 7
personnes; si c < 5 000 on choisit 3 personnes).
L'autorité de tutelle peut dans les cas prévus par la loi, annuler les actes illégaux des autorités
décentralisées. De même, elle dispose d'un pouvoir d'approbation expresse ou tacite. Dans
certains cas, elle peut disposer d'un pouvoir de substitution d'action comme lorsqu'elle néglige
ou refuse d'accomplir un acte prescrit par la loi ou lorsque préalablement à une mise en demeure,
elle refuse de s'exécuter.
Le représentant de l'État ne possède plus le pouvoir d'annuler les actes des collectivités locales.
Il peut seulement saisir le juge aux fins d'annulation. Ainsi, certains actes doivent nécessairement
faire l'objet de transmission après émission. L'article 243 du code général des collectivités locales
énumère les délibérations du conseil de la collectivité locale, les actes réglementaires, les contrats
administratifs, les décisions concernant la carrière des agents, la sanction et le licenciement, alors
que l'article 244 prévoit les décisions individuelles et réglementaires en matière de police et les
actes de gestion quotidienne. Tous ces actes doivent être transmis après prise de décision.
Si le représentant de l'État estime que l'acte et irréguliers il ne peut que saisir le juge par le biais
du déféré qui peut être spontané lorsqu'il émane directement de lui ou provoquer lorsqu'il relève
de l’administrer.
Toutefois l’article 80 LOCS dispose que : « Le représentant de l’Etat peut assortir son recours
d’une demande de suspension. Il est fait droit à cette demande si l’un des moyens invoqués dans
la requête paraît, en l’Etat de l’instruction, propre à créer un doute sérieux quant à la légalité
de l’acte attaqué.
Lorsque l’acte attaqué est de nature à compromettre l’exercice d’une liberté publique ou
individuelle, le Premier président de la Cour suprême, ou le magistrat qu’il délègue, prononce
la suspension dans les 48 heures (...)».
- LE CONTROLE A PRIORI:
Pour certains actes, l'approbation préalable du représentant de l'État est nécessaire. Ces actes
sont prévus par l'article 245 du code général des collectivités locales et il s'agit du budget primitif
et supplémentaire, des emprunts et garanties d'emprunts, de la planification, de l'urbanisme, du
domaine, des actes de relations internationales et les contrats dont le montant dépasse 100
millions. En cas de saisine, le représentant de l'État dispose d'un délai de 2 mois pour se
prononcer. Dépassé le délai, l'approbation est réputée tacite. Le refus d'autorisation peut faire
l'objet de recours pour excès de pouvoir devant la juridiction administrative et son annulation
équivaut à une approbation dès la notification de l'arrêt à la collectivité locale.
E- LE CONTROLE BUDGETAIRE:
Le CB peut être effectué par le représentant de l’Etat ou par des juridictions spécialisées.
Le contrôle budgétaire est exercé par le représentant de l’Etat. Son intervention de fait surtout
dans le cadre de l’élaboration du budget. Ainsi, il peut le faire lorsque le budget n’est pas adopté
à l à date légalement prescrite. C’est-à-dire le 31 mars de l’exercice concerné. Si dans le délai
prescrit, l’assemblée délibérante qui a reçu les informations nécessaires à l’établissement du
budget ne l’a pas adopté, elle est provisoirement dessaisie et le représentant de l’Etat le règle et
le rend exécutoire dans les 15 jours qui suivent cette date. Il en est de même lorsque le budget
n’est pas voté en équilibre réel, le représentant de l’Etat constate d’abord ce déséquilibre et
propose des mesures nécessaires au rétablissement de l’équilibre. Ensuite, il demande à
l’assemblée délibérante une nouvelle délibération dans le mois qui suit. Si ce délai n’est pas
respecté, le représentant de l’Etat règlera le budget et le rendra exécutoire. Cependant, un déficit
de 10% est accepté entre les ressources et les charges.
Le représentant de l’Etat peut également de sa propre initiative ou sur saisine d’un comptable
public ou de toute personne intéressée, constater qu’une dépense obligatoire n’a pas été inscrite
au budget, soit l’a été pour une somme insuffisante. En pareil cas, il adresse une mise en demeure
à la CL concernée ; et dans un délai d’un (1) mois, si cette mise en demeure n’est pas observée,
il inscrit cette dépense au budget de la CL.
Afin de régler cette dépense obligatoire, il peut soit créer de ressources nouvelles, soir supprimer
des dépenses facultatives, puis il règle et rend exécutoire le budget rectifié.
- Le contrôle juridictionnel :
Ce contrôle est exercé généralement par la cour des comptes. Elle peut avoir une fonction
juridictionnelle ou consultative. Dans le cadre juridictionnel, elle juge l’ensemble des comptes
des comptables publics des CL. La cour des comptes peut faire des vérifications sur pièces et si
nécessaire sur place, en ce qui concerne la régularité des recettes et des dépenses décrites dans
les comptabilités des CL. Elle s’assure de l’emploi régulier des crédits, fonds et valeurs.
La CC peut aussi formuler sur la gestion d’une CL et ensuite le communique à l’exécutif local qui
à son tour en fait part à l’assemblée délibérante dès sa plus proche réunion. Après le juge des
comptes en informe le représentant de l’Etat concerné.
Il peut arriver que la CC commette des erreurs ou des irrégularités dans ses décisions. Le cas
échéant, on peut saisir la cour suprême pour cassation.
Il s’insère tout à fait logiquement dans le sillage de loi 2013-10 du 28 décembre 2013, portant
CGCL.
Les CL règlent par leurs délibérations les affaires de leurs compétences. Ainsi, on a délimité les
compétences entre l’Etat et les CL. Ces dernières partagent certaines de leurs compétences avec
l’Etat (l’Administration, l’aménagement du territoire, le développement économique, social…)
Cependant, l’Etat conserve certaines de ses compétences la souveraineté, le contrôle de légalité,
la solidarité nationale, l’intégrité du territoire.
Une fois les compétences transférées, le législateur impose dans les faits qu’aucune CL ne peut
établir ni imposer une tutelle sur une autre CL. Toutefois, elles peuvent entretenir des relations
fonctionnelles et de coopérations en vue de l’exercice de leurs compétences.
Pour assurer ces compétences transférées, des ressources ont été allouées aux CL, soit par transfert
de fiscalité, soit par dotation. De même, l’Etat met à la disposition des CL des fonctionnaires et
agents dont elles ont besoin dans l’accomplissement de leurs missions. Aussi, les CL bénéficient
d’un ensemble de biens du domaine privé et du domaine national pour l’accomplissement de
leurs missions.
Le transfert repose sur le principe de la complémentarité entre les planificateurs aménageurs que
sont l’Etat et les gestionnaires locaux, que sont les départements et les communes. A l’origine, il
était prévu lors des travaux préparatoires 18 domaines de compétences par le groupe de
synthèse. Mais finalement, les autorités ont opté pour la prudence en ne retenant que 9
domaines de ce qui était proposé. C’est en ce sens que : la gestion et l’utilisation du domaine
privé, du domaine public et du domaine national, l’environnement et la gestion des ressources
naturelles, la planification, l’aménagement du territoire, l’urbanisme et l’habitat… ont été
confiés aux CL.
Une vieille doléance des élus locaux sera satisfaite sous peu si le nouveau Code général des
collectivités locales est adopté par les députés. Cinq nouvelles compétences transférées
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s’ajouteront aux neuf et le Pôle-territoire fait son entrée. Les officiers d’état civil verront
également leurs indemnités de 5000 Cfa grimper à 30 000 ou 60 000 F.
La Code général des collectivités locales va repasser à l’Assemblée nationale en 2015 comme
prévu par le gouvernement. Ce texte dont Le Quotidien détient copie va compter 335 articles
contre 332 pour la première version adoptée en 2013 sous le régime de l’Acte 3 de la
décentralisation. Les collectivités locales vont voir une vieille doléance résolue.
Ces domaines viennent s’ajouter aux neuf qui étaient transférées aux collectivités locales depuis
1996 : Domaines, Environnement et gestion des ressources naturelles, Santé, population et action
sociale, Jeunesse, sports et loisirs, Culture, Education, alphabétisation, promotion des langues
nationales et formation professionnelle, Planification, Aménagement du territoire, Urbanisme et
habitat, Assainissement.
Les compétences des CL sont limitées par la nécessité du respect de l’intégrité et l’unité territoriale
de l’Etat mais également le contrôle exercé par l’Etat sur les CL (contrôle à priori, le contrôle
budgétaire, le contrôle sur les organes). Aussi, financièrement, les CL sont dépourvues de moyens
pour mener à bien les compétences qui leurs sont transférées.
Au Sénégal, sous l’action conjuguée des organismes d’aide et de développement, l’Etat a entamé
un lent et irréversible processus de désengagement au profit des CL. C’est en ce sens que l’article
3 du CGCL confère à ces dernières une mission de promotion du développement local par la
création de dynamiques durables. Pour l’atteinte de cet objectif, il faudrait nécessairement la
mobilisation des acteurs autour d’un projet commun, mais aussi une gestion partenariale des
ressources financières. Les finances des CL, malgré les multiples limites constatées, tendent à se
consolider grâce à la dynamique enregistrée par les principales impositions de l’Etat et des
bailleurs de fonds.
Ces ressources sont composées de recettes fiscales, non fiscales et des ristournes de l’Etat. Elles
servent à financer aussi les dépenses de fonctionnement que d’investissement.
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Pour les recettes fiscales, elles représentent la part la plus importante et sont constituées d’impôts
locaux et de taxes locales. Ils sont rangés en trois catégories à savoir : les impôts personnels
(taxe rurale, TRIMF, impôt du minimum fiscal), les impôts fonciers (FB, FNB, surtaxe) et les
impôts professionnels (patente, contribution des licences). Leur gestion relève de l’Etat aussi bien
pour la détermination de l’assiette que pour le recouvrement.
Les taxes locales sont pour l’essentiel : la TOM, les taxes spécifiques sur l’eau, l’électricité, les
spectacles ou la publicité.
Quant aux recettes non fiscales, ce sont de recettes que les CL maitrisent et gèrent avec une
relative autonomie. Elles comprennent les produits du domaine public : permis de
stationnement, de location de voie publique, des droits de place dans les marchés… ; du
domaine privé : la location de bâtiment ou de terrain, voire des cantines ; et des revenus divers
(quotepart sur le produit des amendes, produits des services communaux et départementaux).
En fin, les ristournes que l’Etat accorde aux CL constituaient des quoteparts sur les produits de la
taxe sur plus-value immobilière et leur répartition se fait en fonction du critère démographique.
Ces ressources proviennent de l’Etat, des partenaires au développement, et des emprunts. Les
concours financiers de l’Etat revêtent 3 formes : d’abord les fonds de dotation de la
décentralisation qui sont destinés au fonctionnement des CL afin de prendre en charge les
compétences qui leurs sont transférées. Ce fonds reçoit chaque année une dotation équivalente
à un pourcentage de la TVA perçue au profit de l’Etat. Ce pourcentage est fixé chaque année
par la loi de finance compte tenu de l’évolution des transferts de compétences. Ensuite les fonds
d’équipement des CL alimentés par les recettes générales de l’Etat et destinées à assurer à ces
collectivités des ressources d’investissement. Enfin, le fonds d’appui à l’éclairage public qui
permet de prendre en charge les factures d’éclairage public et dégagé sur le budget de l’Etat
conformément aux principes « l’éclairage public participe à la sécurité publique », laquelle
relèvent de sa compétence.
Quant aux ressources provenant des partenaires au développement, elles sont d’un grand apport
dans la réalisation des infrastructures de base et des équipements collectifs au niveau des CL. Ce
sont des engagements financiers que les CL ont pu négocier avec d’autres CL étrangères ou avec
d’autres firmes multinationales voire les institutions de bretton Wood ; alors que pour l’emprunt,
il permet aux CL de s’ouvrir au marché financier national comme international pour financer
leur investissement. Cependant, toute convention financière dont le montant dépasse 100
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Civisme fiscal ;
- Les retards et lourdeurs dans le transfert des ressources par le niveau central vers les
collectivités décentralisées ;
- Certains élus jouent leur réélection sur des réalisations visibles à court terme ;
- La faible coordination des interventions sur le terrain ainsi que l’empilement des
stratégies, cadres, programmes et plans sectoriels qui ne permettent pas d’avoir une claire
vision des priorités nationales, départementales et communales ;
- L’autofinancement par recouvrement du cout en faisant payer les usagers pour les
services fournis ;
- Augmentation de recettes locales par les taxes sur les propriétés ou sur les ventes ou
encore par les impôts indirects ;
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- Transfert inter administration qui envoie une portion des recettes générales des impôts
perçus par le gouvernement central vers les administrations locales pour les besoins généraux
ou spécifiques ;
- Encourager le secteur privé en faisant preuve de souplesse à tenir une partition plus active
dans le financement du développement et de l’investissement au niveau local.
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L'Administration pour assurer ses missions et fonctions prend de nombreux actes administratifs.
L’acte administratif peut donc être entendu comme un acte juridique émanant d'une autorité
administrative agissant en tant que telle. Ces actes juridiques peuvent être distingués en actes
administratifs unilatéraux et en acte administratif bilatéraux ou contrats administratifs.
De façon générale on le définit comme un acte juridique adopté unilatéralement par une autorité
administrative portant sur l'ordonnancement juridique et affectant les droits et les obligations
des tiers, sans leur consentement. De manière particulière ou sous-entend que c'est une
manifestation de volonté d'une autorité administrative qui modifie la situation juridique des
particuliers sans leur consentement.
Pour comprendre l'acte administratif unilatéral, il suffit de revoir sa procédure d'élaboration ses
conditions de légalité et sa disparition.
La compétence est l'aptitude juridique d'une autorité administrative à prendre un acte ou ne pas
prendre un acte administratif. Cette compétence s'exerce en fonction de trois éléments:
- La compétence matérielle: cette compétence définit le domaine dans lequel une autorité
administrative peut prendre un acte administratif unilatéral. En conséquence, une autorité
administrative ne peut intervenir que dans le domaine administratif, en outre elle ne peut le
faire que dans une matière qui lui a été attribuée.
Il est possible de réaménager les règles de compétence de manière à permettre à une personne
autre que le titulaire de prendre des actes administratifs unilatéraux. Ce procédé de
déchargement d'une partie de ses attributions constitue la délégation. Ainsi la délégation est le
procédé par lequel une autorité administrative investie d'une compétence confie pour un temps
à une autorité subordonnée. L'acte pris par le délégataire est considérée comme étant
juridiquement un acte du délégant. Enfin la délégation de signature cesse avec le changement
de l'autorité concernée puisqu'elle est personnelle. (Intuitu personae).
Quant à la délégation de pouvoir, elle fait que le délégant ne puisse plus intervenir dans les
matières déléguées, tant que dure la délégation. L'acte pris sur délégation de pouvoir est
considérée comme étant juridiquement celui du délégataire. En conséquence, la délégation de
pouvoir ne prend fin que sur abrogation expresse et non du seul fait du changement de l'autorité
concernée puisqu'elle est impersonnelle (es qualité).
2-LES REMPLACEMENTS:
Il existe des hypothèses où une autorité administrative se trouve dans l'impossibilité d'exercer sa
compétence, elle peut alors être remplacée. Cependant, il faut distinguer la suppléance de
l'intérim.
- La suppléance: elle permet le remplacement d'une autorité administrative par une autre
(en cas d’absence ou d’empêchement) lorsque la première est absente ou empêchée. Elle
correspond à une situation où le titulaire du poste est toujours en fonction mais ne peut exercer
en tout ou partie pour diverses raisons. La compétence du suppléant peut être limitée aux seuls
actes dont l'adoption doit nécessairement intervenir pendant la durée de la suppléance. (Le
suppléant prend les actes qui sont nécessaires pendant le temps qu’il exerce la fonction).
Toutefois, il peut arriver qu'ils exercent toutes les attributions du titulaire. (Il peut aussi prendre
tous les actes qui relèvent des attributions du titulaire).
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La procédure d'élaboration des actes administratifs peut être prévue par les textes mais aussi par
la jurisprudence. Toutefois ces règles de procédures obéissent à des principes:
- Le principe de l'examen particulier des dossiers, ou au cas par cas, afin de prendre en compte
le contexte;
Cependant, la procédure d'élaboration des actes administratifs passe par plusieurs phases.
>>> La première est l'initiative (de l’acte ou son auteur): c'est-à-dire que l'acte doit émaner
d'une autorité administrative compétente, d'un organe ou d'un simple particulier.
>>> La deuxième est l'instruction : qui se fait par le biais des enquêtes et des consultations. Les
enquêtes permettent d'informer et de s'informer sur les projets de l'Administration, alors que par
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les consultations elles permettent de recueillir les avis des certains organes et peuvent être
facultatifs, obligatoires et d'avis conformes.
>>> La troisième est la signature de l'acte : qui permet de connaître son auteur. A défaut, l’acte
est inexistant.
>>> La dernière phase et la publicité de l'acte qui peut être : la notification pour les actes
individuels ou la publication pour les actes réglementaires.
L'acte administratif peut se présenter soit sous la forme écrite soit sous la forme non écrite. Si
c'est sous la forme écrite, l’acte devra comporter un certain nombre de mentions : d'abord un
titre qui comporte le numéro ; l'énoncé du contenu de l'acte ; ensuite les visas qui sont les textes
qui constituent le fondement juridique de l'acte ; puis les motifs qui sont les considérations de
fait et de droit qui sont à la base de l'acte administratif ; aussi le dispositif qui contient la décision
et la date qui permet de connaître sa validité, enfin la signature est le plus important des règles
de forme constitue la motivation.
La motivation consiste pour l’auteur de l’acte à indiquer clairement dans la décision les motifs
de fait ou de droit qui justifient son édiction. Ainsi, motiver revient pour l’auteur à exposer les
raisons de fait et de droit qui l’ont déterminées à intervenir, tenter de justifier sa position, fournir
des explications aux destinataires, afin d’exiger l’Administration à un examen attentif des dossiers
et permettre un réel contrôle de son action.
La motivation a des avantages tout comme des inconvénients, puisqu’elle est un indice d’une
Administration démocratique, ouverte et transparente. Cependant, elle peut être source de
ralentissement voire de paralysie des services administratifs. C’est pour ces raisons que la
jurisprudence le principe suivant selon lequel « pas de motivation sans texte », « pas de
motivation au-delà des textes ».
Ce principe évoque que l’Administration n’est pas obligée de motiver ses actes. Ainsi, en
l’absence de textes, les décisions administratives ne mentionnent pas obligatoirement les motifs
qui les ont inspirés. Cependant, ce souffre d’un certain nombre d’exceptions. Le juge oblige
l’Administration à motiver ses décisions en cas de mesure de police défavorable. En l’occurrence,
l’expulsion d’un étranger ou l’interdiction d’une manifestation pacifique. Il en est de même des
décisions de sanctions. Toutefois, la jurisprudence exige un certain nombre de caractères pour
qu’une motivation soit correcte, elle doit être claire, précise et suffisante.
Pour qu’un acte entre en vigueur, il doit obéir à quelques grands principes, tels que la validité,
et l’opposabilité.
Un acte administratif unilatéral est valable dès son émission (signature). Si l’acte est signé, il fait
son entrée dans l’ordre juridique. Cela signifie que l’absence de publicité de l’AAU n’entraine
pas nécessairement son illégalité puisque les droits et obligations créés par l’acte existent dès la
signature.
Quant à l’opposabilité, elle existe dès le respect des modalités de publicité de l’acte qui varient
en fonction des catégories d’actes concernées.
En ce qui concerne les actes administratifs individuels, leur notification entraine leur opposabilité
immédiate. En revanche, pour les actes règlementaires, le point de départ de leur opposabilité
correspond à leur publication au JO.
L’acte administratif unilatéral doit remplir des conditions externes ou internes pour être légal.
C’est ce qu’on appelait en REP les cas d’ouverture qui sont des irrégularités qui peuvent affecter
un acte et entrainer son annulation.
Elles portent sur la compétence sur la compétence et les règles de forme et de procédure.
L’auteur de l’acte administratif doit être compétent sous peine d’illégalité de son acte. On dit
donc qu’il y’a vice d’incompétence lorsque l’auteur de l’acte administratif n’avait pas pouvoir
légal de le prendre. L’incompétence revêt 2 formes. La plus courante consiste en la violation de
l’élément matériel, temporel ou territorial de la compétence. Par contre, la plus grave consiste
en une usurpation de fonctions. Il s’agit dans ce cas d’un acte pris par une personne n’ayant pas
la qualité d’AA ou alors d’un acte pris par une AA mais qui empiète dans les attributions d’une
juridiction ou du législateur.
Cette forme d’incompétence est grave mais dans le premier cas, le juge peut déclarer l’acte légal
en application de la théorie des fonctionnaires de fait, alors que dans le second cas si l’irrégularité
est flagrante, l’acte sera considéré comme étant inexistant.
Pour prendre un acte administratif, l’AA est tenue de respecter une certaine procédure et une
forme particulière. Si tel n’est pas le cas, il y’a vice de forme ou de procédure. On dit qu’il y’a
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vice de forme lorsqu’on observe une omission ou mauvaise accomplissement des formalités de
l’acte administratif. C’est le cas lorsque l’acte n’est pas motivé alors aurait dû l’être. Alors que le
vice de procédure s’apprécie en une mauvaise exécution d’une des étapes de la procédure de
l’acte, telle que la consultation d’un organe qui était obligatoire.
Cependant toute violation des règles de formes ou de procédures n’entraine pas ipso facto
l’annulation de l’acte. La jurisprudence fait la distinction entre les formalités substantielles dont
la violation entraine l’annulation d’un acte administratif et les formalités non substantielles dont
la violation est sans effet.
L’objet de l’acte correspond à son contenu, et celui-ci ne doit pas violer les règles de droit qui
lui sont supérieures. Ainsi, l’AA ne doit pas donner à son acte un contenu contraire au bloc de
légalité. Lorsque cette condition n’est pas remplie, l’acte est entaché d’un vice appelé violation
de la loi.
Le but que doit poursuivre l’AA doit toujours être la recherche de l’IG. Au cas contraire, il y’a
détournement de pouvoir. Ce dernier s’analyse comme une AA qui agit dans un but différent
de celui pour lequel compétence lui a été attribuée.
Malgré sa gravité, le détournement de pouvoir est rarement sanctionné par le juge, du fait que
c’est un moyen technique difficile à prouver pour le requérant, et le juge devra se livrer à des
considérations subjectives pour déterminer l’intention de l’auteur de l’acte. Dans d’autres cas, il
risque de révéler la mauvaise de foi de l’auteur de l’acte, et par conséquent, le mettre
directement en cause. Pour éviter toutes ces difficultés, le juge choisira chaque fois que cela sera
possible, des moyens d’annulation beaucoup plus objectifs, tels que la violation de la loi.
Les motifs de l’AA sont les éléments de fait et de droit qui servent de base à l’acte. Ils doivent
être réguliers.
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On dit qu’il y’a régularité des motifs de droit lorsque l’AA a une base légale, et que cette dernière
soit correctement interprétée. Si la première condition n’est pas remplie, l’acte est entaché d’un
vice appelé « absence ou défaut de base légale », alors que si c’est pour la seconde, il y’a erreur
de droit.
Cependant, il arrive que le juge substitue un motif légal à un motif illégal lorsqu’il existe une
autre base juridique correcte appartenant à la même catégorie juridique que celle invoquée dans
l’AA en cause. Ce pouvoir de substitution n’est possible qu’en cas de compétence liée.
Quant à la régularité des motifs de fait, elle signifie que les faits qui servent de base à l’AA doit
être matériellement établis mais aussi juridiquement bien qualifiés. Si les faits invoqués n’existent
pas, l’acte est entaché d’un vice appelé inexistence ou inexactitude matérielle des faits.
Dans d’autre cas, les faits invoqués à la base de l’AA doivent être correctement interprétés et
correspondant à ceux pour lesquels l’autorité a reçu compétence. Au cas contraire, il y’a une
mauvaise qualification juridique des faits, et par conséquent, une erreur manifeste d’appréciation
de l’AA.
La fin des AA peut relever de l’Administration. C’est-à-dire l’auteur de l’acte ou son supérieur
hiérarchique, par le retrait ou l’abrogation.
Le retrait est l’opération par laquelle l’auteur de l’acte ou son supérieur hiérarchique le fait
disparaitre en annulant ses effets pour le passé et pour l’avenir.
Cette opération est importante puisqu’elle permet à l’Administration de revenir sur ses décisions
illégales, tout en assurant la stabilité de la situation juridique des administrés. C’est en ce sens
qu’on dit que « le retrait cherche à concilier deux exigences contradictoires ». Toutefois, il faut
chercher à assurer l’intangibilité des effets individuels des actes administratifs.
Pour comprendre le retrait des actes administratifs, il faut établir la distinction entre les actes
réguliers des actes irréguliers.
En ce qui concerne les actes réguliers, la distinction se fait entre leur caractère créateur de droits
ou non.
Pour les actes réguliers créateurs de droits, la stabilité des relations juridiques exige leur maintien,
seulement lorsqu’ils ne peuvent plus faire l’objet de contestation devant le juge de l’excès de
pouvoir.
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- à la demande du bénéficiaire ;
Pour les actes réguliers non créateurs de droits, le principe de l’intangibilité des effets individuels
des actes administratifs fait en principe qu’il est impossible de les retirer.
Alors que pour les actes irréguliers, il faut aussi faire la distinction entre leur caractère créateur
ou non de droits.
En général, un acte non créateur de droits est considéré par la jurisprudence comme assimilé aux
décisions assorties d’une condition résolutoire ou suspensive : les mesures de police et les
décisions obtenues par fraude. Pour ces décisions, leur retrait est possible à tout moment, puisque
le droit résultant d’un acte illégal ne mérite pas de protection particulière. Alors, reste à voir :
le retrait des actes irréguliers créateurs de droits.
Les actes irréguliers créateurs de droits explicites peuvent être retirés si et seulement si l’AA
respecte les 2 conditions exigées par l’arrêt dame cachet du 3 novembre 1922. C’est-à-dire
l’illégalité de l’AA qui fait de retrait et son intervention dans le délai du recours contentieux. Ce
délai est de 2 mois à partir de la notification de l’acte puisqu’il est individuel et explicite.
Cependant, il peut s’agir d’un acte individuel mais qui intéresse les tiers. Dans ce cas, le délai
commencera à courir à partir de la publication de l’acte. Cependant, ces actes ne font
généralement pas l’objet de publication et ouvrent de manière indéfinie la possibilité de les
retirer, tout en mettant les citoyens dans une situation de précarité. C’est en ce sens que depuis
2001 en France, le juge a dans l’arrêt Ternon dissocié le délai du retrait, du délai du recours
contentieux. Ainsi, l’Administration ne peut retirer une décision individuelle explicite, créateur
de droits, si elle est illégale, que dans un délai de 4 mois suivant la prise de la décision. En droit
Sénégalais, cette solution n’a pas encore été reprise dans la jurisprudence.
Une décision implicite correspond au silence de l’Administration gardé pendant un certain temps
(4 mois au sgal et 2 mois en fce) qui équivaut à une décision d’acceptation. Pour ce cas, la
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Cependant, la codification par la loi du 2 avril 2000 (Fce) a apporté des dérogations à ce
principe. Cela veut dire que le retrait est possible pendant le délai de recours contentieux si des
mesures d’informations des tiers ont été mises en œuvre, pendant le délai de 2 mois
lorsqu’aucune mesure d’information des tiers n’a été mise en œuvre. Et enfin, pendant la durée
de l’instance au cas où des recours ont été formés.
L’abrogation est l’opération par laquelle l’auteur de l’acte ou son supérieur hiérarchique fait
disparaitre les effets de l’acte mais seulement l’avenir. Pour l’étudier, il faut faire la distinction
entre les actes réguliers et irréguliers.
Pour les actes réguliers, la distinction peut se faire selon qu’il crée des droits ou non.
Pour les actes réguliers non créateurs de droits, l’abrogation est une faculté que l’Administration
peut utiliser à tout moment, sur simple opportunité, sans condition de légalité utilisée. Cela
signifie que l’abrogation pour ces actes peut intervenir lorsque l’intérêt général l’exige.
Pour les actes réguliers créateurs de doits, l’abrogation est en principe impossible. Cependant,
elle peut être envisagée dans certaines hypothèses : comme lorsque le titulaire des droits en fait
la demande, lorsque les textes le prévoit, ou lorsque le juge l’autorise.
Pour ces actes, il faut voir s’ils créent des droits ou non. Pour les actes non créateurs de droits,
l’Administration est obligée de les abroger, lorsqu’ils sont devenus irréguliers, du fait d’un
changement de droit ou de circonstance, voire même sur simple demande de l’intéressé. De
même, les actes sans objet doivent obligatoirement être abrogés de manière expresse.
Quant aux actes irréguliers créateurs de droits, leur abrogation est en principe possible, lorsque
l’autorité respecte un certain nombre de conditions, notamment son intervention dans un délai
de 2 mois. Cependant, en Fce, depuis 2000, le juge estime dans un souci de sécurité juridique,
que « l’Administration ne peut abroger une décision expresse individuelle créatrice de droits,
que dans le délai de 4 mois suivant l’intervention de cette décision, si elle est illégale ».
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Dans le cadre général, le contrat est le mode normal de relations entre les sujets de droit. En
particulier, notamment en droit administratif, il ne constitue qu’un des moyens d’action de
l’Administration, à côté de l’AAU.
Le contrat peut être défini comme un accord de volonté générateur d’obligations. En droit
Administratif, il est entendu comme un accord de volonté entre soit une personne publique et
une personne privée, soit entre deux personnes privées, pourvu que l’une d’elles agisse au nom
et pour le compte d’une personne publique et qui produit des droits et des obligations.
Pour comprendre les contrats administratifs, il faut revoir ses critères d’identification, sa
formation, son exécution et sa fin.
La détermination d’un contrat peut passer par le législateur, l’autorité administrative ou le juge.
C’est ce qu’on appelle la détermination législative, règlementaire et jurisprudentielle.
La loi peut à tout moment attribuer la qualité d’un contrat administratif à une catégorie de
conventions auxquelles une personne publique est partie. C’est le cas du Code des Obligations
de l’Administration (COA), qui prévoit que les contrats de concession (CC) et les PPP sont des
contrats administratifs par nature. De même, le code du domaine de l’Etat (CDE) dispose que
les contrats relatifs au domaine de l’Etat sont des contrats administratifs. Par ailleurs, sont
considérés comme des contrats administratifs, les contrats de constructions, exploitations et
transferts d’infrastructures, par la loi CET.
B- La détermination règlementaire :
Le code des marchés publics (CMP) qualifie les marchés publics relatifs aux travaux, fournitures
et services (TFS) conclus par l’Etat, les CT, les EP, les agences, les SN et les SA à participation
publique majoritaire (société d’économie mixte), sont des contrats administratifs.
Il en est de même des marchés passés par une personne privée, agissant pour le compte d’une
personne publique.
Le juge a déterminé les critères selon lesquels un contrat aura le caractère administratif. Le
premier est nécessaire, alors que le second est alternatif.
La première condition pour qu’un contrat puisse être qualifié d’administratif, c’est qu’une
personne publique y soit partie. Un contrat passé entre deux personnes privées, n’est pas en
effet considéré comme un contrat administratif. Toutefois, ce principe comporte une exception
: lorsque l’une des personnes privées agit pour le compte d’une personne publique, c’est un
contrat administratif. C’est ainsi que la présence de la personne publique peut être directe ou
indirecte.
B- La condition alternative :
Si des clauses exorbitantes de droit commun sont perçues dans l’exécution d’un contrat, il peut
être qualifié d’administratif.
La notion de clause exorbitante de droit commun n’est pas définie mais plutôt énumérée à
l’article 15 du COA : c’est le cas de la rupture de l’égalité contractuelles au profit de l’un des
contractants, de l’octroi aux cocontractants de l’Administration de prérogatives à l’égard des
tiers, de l’inclusion d’un régime spécifique au contrat administratif, et d’un but d’intérêt général
qui a manifestement inspiré la stipulation.
Quant au second critère, il prévoit qu’un contrat peut être administratif, dès lors qu’il a pour
objet le service public. Cependant, le juge exigeait une participation directe du cocontractant à
une mission de service public. Toutefois, l’évolution de la jurisprudence a fait qu’on exige plus
qu’une simple association du cocontractant à l’exécution du SP. Au Sénégal, l’article 10 du COA
prévoit une participation directe et permanente du cocontractant de l’Administration à
l’exécution d’une mission de SP. Cependant avec la technique de la délégation, l’aspect direct
et permanent a été enlevé dans l’article 10 nouveau.
La formation de contrats administratifs obéit au respect d’un certain nombre de règles relatives
au choix du cocontractant et le respect des cahiers des charges.
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Ces exigences ont pour finalité le respect de la légalité et l’engagement rationnel des finances
publiques, tout en passant par la poursuite de l’intérêt général.
I- Le choix du cocontractant
Le principe est que l’autorité contractante (AC) choisit librement son cocontractant. Toutefois,
du fait des abus constatés de manière récurrente, le législateur a posé un principe et une
exception. C’est en ce sens que le nouveau COA n’a pas repris l’ « adjudication ». Mais, les AA
continuent dans les faits à l’appliquer (l’adjudication consiste à attribuer automatiquement le
marché à celui qui consent à prendre le prix le plus bas).
A- L’appel d’offres
C’est la procédure par laquelle l’AC attribue le contrat après appel à concurrence au candidat
réunissant les conditions de qualification qui remet l’offre conforme évaluée la moin-disante sur
la base des critères quantifiées en termes monétaire préalablement portés à la connaissance des
candidats sans négociation. Cependant, dans les faits on applique la théorie de l’offre la mieux
disante conformément au droit communautaire. C’est-à-dire, au-delà de l’aspect monétaire,
d’autres critères tels que l’expérience, la durée, la qualité … sont requis.
Par ailleurs, l’appel d’offres peut être ouvert ou restreint. L’AOO peut être précédée d’une
présélection ou avec pré-qualification. Quant à l’appel d’offres restreint, il est possible en cas
d’urgence, d’un premier appel d’offres infructueux, ou de défaillance d’un titulaire…
B- L’entente directe
Il y’a entente directe lorsqu’une AA engage directement les discussions qui lui paraissent utiles
avec les candidats de son choix et attribue le marché au candidat qu’elle a retenu. Ainsi,
l’Administration choisit librement son cocontractant dans le respect de l’intérêt général.
Cependant, elle est obligée de respecter les conditions de publicité et de concurrence puisque
l’Autorité est obligée de retenir 3 concurrents afin d’éviter que l’entente ne grève les finances
publiques. L’entente directe est possible dans une situation de monopole, ou pour les contrats
d’une certaine complexité. Elle est possible aussi pour la protection de l’intérêt supérieur de la
nation, en cas de détention de droit d’exclusivité, ou bien lorsque le premier marché a été
exécuté par le même titulaire, notamment en cas de rénovation.
Afin de protéger les deniers publics, l’entente directe ne peut être passée qu’après avis de la
Direction Chargée du Contrôle des Marchés Publics (DCMP).
Le cahier des charges est un document administratif qui détermine les conditions du contrat (la
loi entre les parties). Dans la mesure où ces conditions sont généralement préétablies, et que le
cocontractant ne peut que les rejeter ou les accepter, ils font des contrats une sorte d’adhésion.
On peut retenir en général 3 types de cahier des charges : le cahier des clauses des conditions
générales qui fixe les dispositions applicable à tous les contrats, les cahiers des prescriptions
communes qui déterminent les dispositions applicables à une même catégorie de contrat, et les
cahiers des prescriptions spéciales qui fixent les dispositions applicables à chaque contrat.
En somme, les cahiers des charges sont des documents élaborés unilatéralement par les différents
ministres qui se trouvent incorporés au contrat dès sa signature.
Aussi bien l’Administration que le cocontractant, sont dans l’obligation de respecter leurs
engagements.
Pour l’Administration, elle doit exécuter le contrat correctement et de bonne foi. De même, elle
doit exécuter le contrat intégralement sauf s’il y’a nécessité du service, ou lorsque la loi l’autorise.
L’Administration doit aussi exécuter le contrat dans le délai prévu. Le non-respect de ses
obligations contractuelles peut conduire à des sanctions pour l’Administration.
Quant aux cocontractants, ils supportent plus d’obligations que l’Administration, du fait qu’ils
poursuivent des buts privés, alors que cette dernière tend à satisfaire l’intérêt public. C’est en ce
sens, que le particulier doit exécuter le contrat conformément au cahier des charges, puisque ces
derniers déterminent les stipulations ou les clauses pour l’exécution du contrat. Le cocontractant
doit également exécuter le contrat correctement et de bonne foi. Aussi, il doit exécuter le contrat
personnellement, ce qui exclut la sous-traitance ou la cession, sauf s’il en fait préalablement une
demande à l’autorité contractante. En fin, il doit exécuter le contrat conformément au délai,
c’est-à-dire le délai qui est légalement prévu pour que l’Autorité publique aie à sa disposition
l’élément qui fait objet du contrat. Cependant, il peut arriver que le délai ne soit pas
expressément déterminé. Dans ce cas, un délai raisonnable est retenu.
Cependant, l’obligation d’exécuter le contrat trouve certaines limites lorsque des faits justificatifs
apparaissent. C’est le cas de la force majeure, qui est un évènement extérieur imprévisible,
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indépendant de la volonté des parties et rendant l’exécution du contrat impossible. Lorsque ces
conditions sont remplies, elles exonèrent les parties à l’exécution du contrat. Aucune
responsabilité n’est engagée, et il peut même arriver que le contrat soit résilié. Si tel n’est pas le
cas, l’obligation de poursuivre son exécution peut réapparaitre lorsque la force majeure
disparait. Il en est de même du fait de l’autre partie qui rend impossible l’exécution du contrat,
mais justifié au préalable par son caractère extérieur, imprévisible et irrésistible.
Du fait de leurs importances, les pouvoirs de l’Administration lui permettent de satisfaire leurs
exigences d’intérêt général. Pour l’essentiel, on peut retenir d’abord, le pouvoir de direction et
de contrôle : qui permet à l’Administration de surveiller et de contrôler l’exécution du contrat.
Ensuite, le pouvoir de modification unilatérale, qui pour assurer la continuité du service public,
oblige l’Administration des fois, à revoir les clauses qui ont été initialement prévues pour
l’exécution du contrat. Puis le pouvoir de sanctions, qui permet à l’Autorité contractante de
sanctionner unilatéralement le cocontractant de l’administration après une mise en demeure
infructueuse. Cette sanction, peut être pécuniaire ou coercitive. En fin, l’administration a un
pouvoir de résiliation unilatérale, pour sanctionner une faute du cocontractant, ou bien en cas
de nécessité du service. Pour cette dernière, une indemnisation au profit du cocontractant est
prévue.
Dans le cadre général, le cocontractant de l’Administration a droit au paiement du prix qui a été
initialement fixé. Ces avantages financiers convenus se déterminent de différentes manières dans
le contrat. Il peut s’agir d’un prix global forfaitaire qui est fixé à l’avance et en bloc, d’un prix
unitaire qui est applicable à chaque catégorie de prestations ou d’un prix sur dépenses
contrôlées, qui permet à l’Administration de rembourser au cocontractant les dépenses qu’il aura
effectué pour l’exécution du contrat avec une majoration.
Le cocontractant a aussi droit à l’équilibre financier du contrat qui intervient lorsqu’il subit un
préjudice du fait de l’utilisation par l’Administration de ses prérogatives exorbitantes. En
conséquence de ces faits dommageables, la personne publique doit rétablir l’équilibre financier.
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Le fait du prince : c’est un aléa administratif qui intervient lorsque l'administration prend
une décision ayant pour effet de rendre plus onéreuse pour le cocontractant, l'exécution
du contrat.
Son existence est subordonnée au respect de trois conditions : l'utilisation par l'administration
contractante de son pouvoir de modification unilatérale, la mesure prise doit avoir une portée
particulière sur le contractant c'est-à-dire affecter l'exécution du contrat et elle doit tout de même
modifier l'état des choses en fonction duquel les contractants avaient signé le contrat.
En pareil cas, le cocontractant est obligé de poursuivre l'exécution du contrat lorsqu'il n'y a pas
de force majeure et ensuite il a un droit à une réparation intégrale du préjudice subi du fait du
prince. La réparation de cet aléa couvre aussi bien le préjudice subi que le manque à gagner mais
le préjudice doit être direct et certain.
L’imprévision : c’est lorsqu'un fait imprévisible pour les parties lors de la signature
Si ces conditions sont remplies, il y’a obligation pour le cocontractant de poursuivre l'exécution
du contrat, l'administration est obligée de contribuer à l'indemnité d'imprévision à titre de
compensation financière par une prise en charge partielle du déficit contrairement aux
conséquences du fait du prince et L'application de la théorie de l'imprévision vise en effet le
rétablissement de l'équilibre financier du contrat qui a été momentanément rompu. Si le retour
à une situation contractuelle normale n'est plus possible, une des parties peut demander la
résiliation du contrat.
Si les conditions des sujétions imprévues sont remplies, l'administration doit prendre en charge
totalement l’indemnité due au cocontractant.
Aux termes de la reforme actuelle de l’organisation judicaire du Sénégal portée par la loi n°
2014-26 du 3 novembre 2014 abrogeant et remplaçant la loi n° 84-19 du 2 février 1984, ce sont
les Tribunaux de grandes instances qui sont compétents pour connaître du contentieux des
contrats administratifs. Cela signifie que c'est le juge de plein contentieux qui est compétent pour
connaître de la validité et de l'exécution des contrats administratifs. Ce juge dispose d'un pouvoir
d'interprétation, d'annulation, de résiliation du contrat et de condamnation des parties. En
dehors des usagers et des personnels des services publics concédés, seules les parties au contrat
peuvent saisir le juge du contrat.
En principe, le contrat administratif ne peut pas faire l'objet de recours pour excès de pouvoir.
Cependant, dans le cadre de la décentralisation, il est prévu qu’un contrat puisse être déféré par
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Il en est de même des actes détachables des contrats administratifs qui peuvent aussi faire l’objet
de recours pour excès de pouvoir. En droit sénégalais, l’article 140 du code des obligations de
l’administration considère comme acte détachable : l'autorisation de contracter, la décision de
contracter ou de ne pas contracter, l'opération d'adjudication, l'approbation du contrat, l'acte
de conclusion du contrat ou le refus de conclure.
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L’administration dans l’exercice de ses activités juridiques ou matérielles peut causer des
dommages aux particuliers. Dans un Etat de droit, elle doit les réparer. Mais il n’en a pas été
toujours ainsi. Pendant longtemps, le service public qui fonctionnait sous la responsabilité de
l’Etat bénéficiait d’une irresponsabilité totale en vertu de l’adage selon lequel « le Roi ne peut
mal faire ». Le principe de la responsabilité de l’Etat n’a donc été consacré que progressivement,
d’abord à travers des textes, exemple : la réparation des dommages des travaux publics, ensuite
par la jurisprudence notamment du tribunal des conflits qui confirmait celle de la jurisprudence
du conseil d’état français.
Malgré l’évolution des idées qui a rendu possible ce renversement, le fondement de cette
responsabilité a longtemps fait l’objet d’un débat doctrinal. Il semble cependant admis
aujourd’hui que ce fondement se trouve dans le principe d’égalité des citoyens devant les charges
publiques. Ainsi du fait que les particuliers profitent de l’action administrative, il est normal qu’ils
en supportent les conséquences, les contreparties. Mais lorsqu’un citoyen subit une charge
anormale, on dit qu’il y a rupture de l’égalité des citoyens et cette égalité doit être rétablie par
la réparation du préjudice subi. L’évolution du droit de la responsabilité peut être caractérisée à
travers trois traits fondamentaux.
Le premier trait c’est que cette responsabilité n’est pas générale c'est-à-dire tous les services
publics n’engagent pas la responsabilité de l’Etat de la même façon.
Le deuxième trait, cette responsabilité n’est pas absolue c'est-à-dire que toute faute n’est pas de
nature à engager la responsabilité de l’Etat.
Le troisième trait cette responsabilité n’est pas régie en principe par le droit privé mais par le
droit administratif c'est-à-dire que le droit de la responsabilité administrative est régi par un droit
autonome.
Ces principes ont été repris par les articles 141 et 148 du Code des Obligations de l’Administration
du Sénégal. Ce code retient deux conditions d’engagement de la responsabilité de
l’administration : une responsabilité pour faute et une responsabilité sans faute. Mais dans cette
distinction, on remarque dans le droit de la responsabilité de l’administration deux régimes : un
régime général et des régimes spéciaux.
C’est l’étude du droit commun de la responsabilité administrative. Au Sénégal, ce régime est régi
par les articles 142 à 145 du code des Obligations de l’Administration. Mais l’application de ce
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1- LA NATURE DE LA FAUTE
De ce point de vue, on peut distinguer parmi les fautes de nature à engager la responsabilité de
l’Etat. Il existe deux catégories : d’une part les fautes de service proprement dites et d’autre part
les fautes personnelles commises à l’occasion de l’exercice des fonctions.
LA FAUTE DE SERVICE
La cour d’appel de Dakar sur la base de l’article 142 du Code des Obligations de l’Administration
avait donné une bonne définition de la faute de service (cour d’appel de Dakar, 09 janvier 1970,
Mor DIAW, Annales africaines 1973, p.235). la cour d’appel définit la faute de service comme
étant « le fonctionnement défectueux par rapport à son fonctionnement normal, présentant un
certain degré de gravité, variable en fonction des activités de l’administration et compte tenu
des difficultés présentées par l’exercice de cette activité et des moyens dont disposerait
l’administration pour éviter le dommage ».
Il s’agit d’une définition et d’une appréciation de la faute propre au droit administratif. La faute
de service est en effet appréciée en comparant la situation créée par l’administration avec le
résultat moyen normalement attendu d’elle. Cela signifie que pour définir la faute de service, le
juge détermine un standard à partir des moyens et des difficultés du service public pour apprécier
le caractère fautif ou non de l’agissement de l’administration.
Cette faute peut résulter soit d’un agissement matériel de l’administration, soit d’un acte
juridique de l’administration ou même de la carence de l’administration. Cette faute peut être
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également anonyme. On dit alors qu’il y a faute de service. Elle peut également être
individualisable, on dira qu’il y a faute du service.
Ces deux fautes peuvent par ailleurs être juxtaposées, c’est ce que l’on appelle le cumul de faute.
Cette distinction apparemment tranchée entre ces deux types de faute est en réalité nuancée par
d’une passerelle c'est-à-dire de l’existence d’un lien entre la faute personnelle détachable et la
faute de service. La jurisprudence admet en effet qu’une faute personnelle puisse être commise
dans ou à l’occasion de l’exercice des fonctions. Le conseil d’état considère que le service peut
conditionner une faute et dans ce cas « si la faute se détache du service, tantôt de faute de service,
le service ne se détache pas de la faute ». Dans cette hypothèse, c’est la même faute qui est
qualifiée tantôt de faute personnelle détachable du service, tantôt de faute de service. C’est ce
qu’on appelle le cumul de responsabilité.
Le caractère personnel de la faute peut résulter, soit de sa gravité, soit de son caractère
impersonnel. Ainsi donc, les fautes d’une gravité inexcusable même commise dans le cadre de
l’exécution des fonctions sont considérées comme personnelles. De ce point de vue, selon le
commissaire de gouvernement LAFERIERE « Les fautes personnelles sont des actes qui ne révèlent
pas l’administrateur plus ou moins sujet à erreur mais l’homme avec ses faiblesses, ses passions,
ses imprudences ».
En sens contraire, on assiste à une tendance récente à la disparition de la faute personnelle basée
sur le critère de la gravité. Une faute commise par un fonctionnaire quelle que soit son degré de
gravité, ne saurait être regardée comme une faute personnelle détachable. Le fonctionnaire n’a
été animé ni d’un intérêt personnel et la faute a été commise dans l’exercice de ses fonctions et
avec les moyens du service. Les fautes intentionnelles même commises dans le cadre de l’exercice
des fonctions restent personnelles dès lors qu’elles ont eu pour but de nuire ou de satisfaire des
intérêts personnels.
Le caractère détachable de la faute personnelle peut résulter de deux situations. D’abord lorsque
la faute personnelle a été commise en dehors de l’exercice des fonctions. Dans ce cas, la faute
est matériellement détachable du service dans la mesure où elle n’a aucun rapport ni avec son
objet ni avec son but. Exemple : faute commise durant une période de congé. Ensuite, la faute
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personnelle peut être intellectuellement détachable du service. Exemple : un instituteur qui tient
des propos obscènes en classe, fonction orientée vers l’éducation des hommes.
Cependant, trois critères sont mis en œuvre pour déterminer l’existence d’un lien entre la faute
personnelle et l’exécution des fonctions : Le premier critère d’ordre matériel : la jurisprudence
considère qu’une faute personnelle est non dépourvue de tout lien avec le service lorsque
l’instruction ayant servi à commettre la faute a été remise à l’agent par le service lui-même. Le
deuxième critère d’ordre temporel : la jurisprudence considère que la faute personnelle est non
dépourvue de tout lien avec le service lorsqu’elle a été commise pendant les heures de service
La faute simple
LA FAUTE LOURDE
Certains services publics ne peuvent voir leur responsabilité engagée que si une faute qualifiée,
caractérisée c'est-à-dire d’une particulière gravité a été commise à l’occasion de leur exécution.
La jurisprudence exige ces fautes pour les services publics nécessitant des décisions rapides et
immédiates, mais de lourdes de conséquence ou pour les services s’exerçant dans des
circonstances exceptionnelles. La jurisprudence a abandonné la distinction entre la faute simple
et la faute d’une particulière gravité pour exiger la faute une faute lourde dans les hypothèses
suivantes : exemple : la responsabilité du fait des services de police. Dans ce cas, la jurisprudence
fait la distinction entre les activités matérielles des faits de police et les décisions à caractère
juridique, en sens inverse la jurisprudence fait la distinction entre les actes médicaux,
chirurgicaux d’un côté et les soins médicaux ou les mesures d’organisation et de fonctionnement
du service hospitalier de l’autre côté les actes médicaux et les actes ne pouvant être accomplis
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que par des médecins ou ni leur surveillance. Pour ces actes, la jurisprudence exigeait une faute
lourde alors que pour les autres, une faute simple suffisait pour engager la responsabilité du
service public.
Il est de principe que l’administration crée parfois un risque exceptionnel en entreprenant des
activités anormalement dangereuses. Lorsque ce risque se réalise, la jurisprudence engage sa
responsabilité sans faute. Cette responsabilité peut s’agit de la responsabilité du fait des choses,
des méthodes ou des situations dangereuses, du fait des collaborateurs du service public, du fait
des travaux publics.
Quant aux situations dangereuses : elles correspondent à des hypothèses où par exemple un
fonctionnaire sur ordre de sa hiérarchie continue d’exercer ses fonctions dans des conditions
comportant un risque exceptionnel et subit un dommage à cet effet.
En fait, on peut distinguer trois types de collaborateurs du service public : d’abord les
fonctionnaires, ensuite les collaborateurs occasionnels à savoir les particuliers. Pour ces derniers,
la collaboration n’est indemnisable que dans certaines conditions : La première activité à laquelle
le particulier a participé doit avoir un caractère de service public, La deuxième est que le
concours du particulier, s’il est bénévole doit avoir été sollicité ou en cas d’urgence avoir été
tacitement accepté par l’administration et La troisième activité : la collaboration au service public
doit avoir commencé au moment où le dommage se produit. Il convient de préciser que la faute
du particulier, victime d’un dommage dans sa collaboration avec le service public, peut
cependant entraîner la suspension de la responsabilité de l’administration.
On pourrait définir la notion de travaux publics comme étant « un travail immobilier effectué,
soit pour une personne publique à des fins d’intérêt général, soit par une personne publique
dans le cadre d’une mission de service public sur des biens appartenant à des particuliers ». Le
travail public obéit au même régime juridique que l’ouvrage public, celui-ci étant défini comme
un travail public achevé. Si la victime est en situation de tiers par rapport à l’ouvrage public,
c’est le régime de responsabilité sans faute qui s’applique. Mais lorsqu’elle est en position
d’usagers d’un service public, c’est la responsabilité pour faute qui s’applique.
L’idée c’est que les particuliers tirent profit des activités de l’administration et doivent donc en
contrepartie en supporter les inconvénients. Mais lorsqu’ils dépassent un certain seuil par le
particulier, il y’a rupture de l’égalité des citoyens devant les charges publiques.
En effet un acte administratif règlementaire légal peut engager la responsabilité sans faute de
l’administration, s’il a pour conséquence de créer un préjudice anormal et spécial au détriment
d’une personne classique. Cependant l’acte doit avoir été pris dans l’intérêt général. Mais en
même temps, il doit avoir eu pour conséquence de désavantager gravement la victime.
La responsabilité du fait des lois obéit à des conditions précises. Tout d’abord, il faut que la loi
n’ait exclu ni explicitement, ni implicitement toute réparation. Cela signifie que ni dans le texte
de la loi, ni dans les travaux préparatoires, on ne doit pas déceler l’intention du législateur
d’exclure des réparations des dommages que la loi a proposé. Ensuite le préjudice subi doit être
anormal et spécial.
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Ce cas de responsabilité obéit aux mêmes conditions que celles des lois c'est-à-dire la convention
ne doit pas avoir exclu le principe de la réparation, ensuite le préjudice doit avoir un caractère
anormal et spécial. Le Code des Obligations de l’Administration ne mentionne pas ce cas de
responsabilité.
Pour que la victime d'un dommage puisse prétendre à un droit à réparation, il faudrait qu'elle
établisse trois preuves : la preuve de l'existence et de la réalité du dommage subi, La preuve que
ce dommage a été causé par la décision ou l'activité administrative en cause, La preuve que la
décision ou l'activité administrative est constitutive d'une faute.
Ces exigences varient en réalité, selon les deux types de responsabilités, c'est-à-dire selon qu'il
s'agit d'une responsabilité pour faute ou d'une responsabilité sans faute.
Dans ce cas, il appartient à la victime d'administrer la preuve de la faute qu'elle allègue. Il faut
dire que cette preuve peut être parfois difficile à établir en face de l'administration. C'est
pourquoi le juge administratif a progressivement libéralisé le régime de la preuve en la matière.
Le juge administratif a allégé et facilité l'administration de la preuve de deux manières
essentiellement : tout d'abord en utilisant la procédure inquisitoriale. En matière de plein
contentieux, le juge dispose d'importants pouvoirs dans la conduite de l'instance. Ainsi, si les
allégations de la victime paraissent suffisamment sérieuses et concordantes, le juge peut
demander à l'administration de verser au dossier les éléments d'appréciation qu'elle détient.
Les exigences en matière de preuve sont encore plus fortes dans ce domaine. Mais, elles ne
portent plus sur l'existence ou la réalité d'une faute mais sur les caractères du dommage.
La victime doit donc prouver que le dommage subi a atteint un certain seuil de gravité assez
important qui fait qu'il dépasse les inconvénients ordinaires que les administrés doivent
supporter sans contrepartie du fait des activités administratives. La victime doit aussi établir que
le dommage qu'elle a subi n'atteint pas tous les membres de la collectivité
La collectivité publique à laquelle le dommage est imputable et dont la responsabilité est mise
en jeu, peut se dégager partiellement ou totalement de cette responsabilité. C’est le cas de la
force majeure, le fait de la victime, le fait d'un tiers et le cas fortuit.
La force majeure
On pourrait tenter de définir la force majeure comme étant un fait extérieur à l'auteur du
dommage, imprévisible dans sa survenance et irrésistible dans ses effets. C'est une cause
d'exonération applicable aussi bien en matière de responsabilité pour faute qu'en matière de
responsabilité sans faute ; sauf si le fait de la collectivité publique responsable a aggravé les
conséquences dommageables de la force majeure.
Le fait de la victime
Il peut revêtir plusieurs formes. Il peut s'agir de faits directs, imputables au demandeur, mais
également de faits imputables à des personnes qui engagent le demandeur. Ce peut être une
faute, une imprudence, une négligence ou même l'acceptation d'un risque par la victime.
La jurisprudence admet que l'intervention d'un tiers dans la réalisation du dommage puisse avoir
une influence sur la responsabilité de la collectivité publique. En effet, si la faute de la collectivité
publique n'est qu'une des causes du dommage, elle ne sera responsable qu'en proportion de
l'influence de sa faute.
Même si l'administration a été condamnée à réparer la totalité des dommages, elle pourra se
retourner après contre le tiers dont la faute a concouru à la réalisation du dommage.
Le fait d'un tiers n'est pas une cause d'exonération en matière de responsabilité sans faute. Il est
en effet, sans influence sur la responsabilité de la collectivité publique dans ce cas.
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Le cas fortuit
Un dommage est imputable à un cas fortuit lorsqu'on en ignore la cause. C'est là la différence
entre force majeure et cas fortuit. Le cas fortuit exonère la responsabilité de l'administration
uniquement dans les cas de responsabilité pour faute. Il est donc sans influence dans les cas de
responsabilité sans faute ou de présomption de faute.