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Classification des 

anges
 Séraphins.
 Chérubins.
 Trônes.
 Dominations.
 Vertus.
 Puissances.
L'angélologie est l'étude des anges, de leurs noms, de leur place dans la hiérarchie divine et de
leur rôle. Cette étude varie selon les religions concernées mais aussi en fonction des époques.
Chacune des trois religions abrahamiques possède sa propre angélologie : le judaïsme1,
le christianisme2 et l'islam. Le zoroastrisme a également développé ses propres conceptions sur
les anges.

Angélologie dans le judaïsme[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Anges de la Kabbale.
La Kabbale a pour but de révéler le sens caché de l'Ancien Testament, car selon les kabbalistes,
tout le savoir du monde y est renfermé, sa découverte permettrait de connaître le passé, le
présent et le futur. La hiérarchie des anges dans la Kabbale compte 10 classes, en plus
des sephiroth.

Angélologie dans le christianisme[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Hiérarchie céleste.
Le christianisme s'appuie sur l'angélologie judaïque.

Du nombre des anges[modifier | modifier le code]


Dans l' Apocalypse de saint Jean, un passage affirme que le dragon dans sa chute emporta un
tiers des étoiles du ciel. Ceci a été interprété par les pères de l'Église de la façon
suivante : Lucifer, dans sa chute après sa rébellion contre Dieu, a entraîné un tiers des anges à
sa suite en enfer, qui sont donc devenus des anges déchus.

Hiérarchie angélique (dans le catholicisme)[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Hiérarchie céleste.
La classification des anges selon Thomas d'Aquin (docteur angélique) est reconnue par le
magistère de l’Église catholique romaine. Elle est enseignée dans les principales universités
catholiques pontificales en cours d'angélologie et démonologie pour les futurs prêtres-exorcistes.
Dans l'angélologie chrétienne, à la suite de Denys l'Aréopagite, la hiérarchie angélique compte
neuf classes réparties en trois degrés.
Les anges de l'Église sont ceux présentés dans la Bible, à savoir les archanges Saint Michel,
Saint Gabriel, Saint Raphaël et les Saint Anges gardiens dont parle Jésus.
L'Église honore saint Michel comme chef et prince de la milice céleste (Daniel X,13).

Hiérarchie du premier degré[modifier | modifier le code]


Elle représente Dieu dans ses perfections extériorisées : ardent amour, vive lumière, inaltérable
sainteté. L'homme en est en contact constant.
 Les Séraphins. Leur nom signifie chaleur et lumière. Ils sont enflammés de l'amour de Dieu
au plus haut degré. Leur but premier est la purification et la dissipation des ténèbres et des
doutes. Leur qualité principale est l'amour.
 Les Chérubins. Leur nom signifie sagesse et science. Ils sont capables de montrer à Dieu
ceux qui doutent. Leur vertu est la science.
 Les Trônes. Leur nom signifie qu’ils sont les porteurs de la justice divine. Ils sont
complètement sourds à toute tentation humaine. Ils sont la voix de Dieu auprès des hommes.
Leur vertu est l'humilité.
Hiérarchie du second degré[modifier | modifier le code]
Elle représente Dieu dans sa souveraineté sur les créatures : pouvoir sans limites, force
irrésistible, justice immuable. C'est au prix d'effort que l'être humain peut les ressentir.

 Les Dominations, transmettent aux entités inférieures les commandements de Dieu. Elles


instruisent quand le doute et le découragement s’installent. Elles sont libérées des passions,
des dépravations et des tentations.
 Les Vertus, elles symbolisent la force et la vigueur durant un projet entrepris. Elles
récompensent le chercheur en phase avec ses objectifs et qui ira au bout de sa démarche.
On les invoque pour se redonner force et courage.
 Les Puissances, elles travaillent essentiellement au rapprochement de l’influence divine et du
genre humain. Elles montrent aux gens de l'Église le chemin de leur foi et les préservent du
doute.
Hiérarchie du troisième degré[modifier | modifier le code]
Elle représente Dieu dans son action au-dehors : sage gouvernement, sublimes révélations,
constants témoignages de bonté. Elle échappe à la raison humaine, seule la sainteté permet de
les percevoir.

 Les Principautés, dirigent et éclairent les anges et archanges. Leur mission consiste à faire
régner un certain ordre sur la Terre par leur intervention céleste. Elles sont gardiennes du
secret divin et veillent à son bon emploi.

 Les Archanges sont les messagers extraordinaires de Dieu auprès des hommes. Saint


Thomas d'Aquin place trois archanges ici : Saint Michel, Saint Gabriel et Saint Raphaël.
Cette tradition est reprise par le Magistère de l'Église Catholique Romaine.
Angélologie en orthodoxie[modifier | modifier le code]
Angélologie en protestantisme[modifier | modifier le code]

Angélologie en Islam[modifier | modifier le code]


Les anges (et archanges) font également partie de la tradition islamique. En Perse, une tradition
d'angélologie, néo-platonicienne, a été développée vers le Xe siècle par les Perses et
les Juifs autour des travaux d'Al Farabi, influence majeure d'Averroès sur l'intelligence
collective. Pierre Lévy en a fait une réinterprétation à l'heure d'Internet.
Gabriel y est connu sous le nom de Djibril ‫جبرائيل‬/‫ جبريل‬Michael "Mika'il" et Raphaël "Israfil". Azraël
est communément appelé Azraîl, mais il est en réalité cité dans les sources islamiques
uniquement sous l'appellation 3,4 ‫ملك الموت‬ "l'Ange de la mort".

Anges en zoroastrisme[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Fravashi.
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Anges particuliers[modifier | modifier le code]


Samaël[modifier | modifier le code]
On attribue parfois au Diable le nom de Lucifer ou de Samaël.
Lucifer est le nom latin donné à Satan, après traduction des versets suivants du livre d'Isaïe
(14:12-17) :
Te voilà tombé du ciel, Astre brillant, fils de l'aurore ! Tu es abattu à terre, Toi, le vainqueur des
nations ! Tu disais en ton cœur : Je monterai au ciel, J'élèverai mon trône au-dessus des étoiles
de Dieu ; Je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, À l'extrémité du septentrion ; Je
monterai sur le sommet des nues, Je serai semblable au Très Haut. Mais tu as été précipité dans
le séjour des morts, Dans les profondeurs de la fosse. Ceux qui te voient fixent sur toi leurs
regards, Ils te considèrent attentivement : Est-ce là cet homme qui faisait trembler la terre, Qui
ébranlait les royaumes, Qui réduisait le monde en désert, Qui ravageait les villes, Et ne relâchait
point ses prisonniers ?
Cependant, cette traduction est controversée, car ce passage décrit non pas Satan et une
hypothétique Chute, mais un Roi babylonien identifié parfois à Nabuchodonosor II. De plus, le
nom de Lucifer correspondait au nom d'un Dieu mineur, correspondant au Phosphoros grec, le
« Porteur de Lumière », qui annonçait l'Aurore et le Jour. Il est à noter que « Satan »
(Accusateur) est le nom donné par les Hébreux à une fonction juridique babylonienne semblable
à celle du Procureur de nos procès modernes.
Samaël, quant à lui, est une figure du Talmud. Son nom signifie « Venin de Dieu », et
s'apparente à l'Ange de la Mort plutôt qu'à Satan, qu'il soit perçu comme une entité indépendante
des Anges ou comme un Ange déchu. Diverses écoles d'interprétation le voient tour à tour
comme le véritable père de Caïn (Maléfique), ou comme le détenteur d'une Sagesse cachée
(Bénéfique), si bien qu'il est difficile aujourd'hui de lui rattacher une fonction correspondant à celle
qui était la sienne à l'origine.

Notes[modifier | modifier le code]
1. ↑ Voir par exemple l'entrée « Angelology » [archive] dans la Jewish Encyclopedia (1905).
2. ↑ Pour le catholicisme, voir par exemple l'entrée Catholic Encyclopedia entry on angels
« Angels » [archive] dans la Catholic Encyclopedia (1911).
3. ↑ malak almawt
4. ↑ https://www.islamweb.net/fr/fatwa/199953/Hadith-concernant-lAnge-de-la-mort [archive]

Bibliographie sélective[modifier | modifier le code]


Théologie et angélologie classiques[modifier | modifier le code]
 Thomas d'Aquin, Somme théologique, Ia pars, q.50 à 66.
 Duns Scot, Le Principe d'individuation (Ordinatio, II, 3), Vrin, 2005.
Angélologie contemporaine[modifier | modifier le code]
 Paolo Virno, « Les anges et le general intellect : L'individuation chez Duns Scot et Gilbert
Simondon », Multitudes n°18, automne 2004.
 Emmanuel Falque, « L'altérité angélique ou l'angélologie thomiste au fil des Méditations
cartésiennes de Husserl », Laval théologique et philosophique, vol. 51, n° 3, 1995, p. 625-
646.
 Henry Corbin, Nécessité de l'angélologie p. 81-173 de Le Paradoxe du monothéisme, Éd. de
l'Herne, 1981.
 Fred MacParthy, Angélologie en 3 Tomes. Tome I. Les Anges de la Création. Tome II. Les
Anges de la Formation.Tome III. Bon et Mauvais Anges, Démons et Qlipoth. Chez Sesheta
Publications, Brestot, 2016-2017.
 [masquer]
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Anges
In Michel · Gabriel · Raphaël · Uriel · Azraël · Ariel · Raziel · Arariel  (en) · Camael · Dumah  (
Ju div en) · Cassiel · Eisheth  (en) · Hadraniel  (en) · Haniel · Jerahmeel  (en) · Jophiel · M
da idu etatron · Nuriel  (en) · Samyaza · Pravuil  (en) · Sachiel · Samaël · Tsaphkiel · Yahoel  (e
ïs s n) · Tsadqiel · Zerachiel · Dobiel  (en) · Kushiel
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Michel · Gabriel · Abaddon · Raphaël · Uriel · Ariel · Sariel · Sandalphon · Raguel  (en) · Ré
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A di miel · Selaphiel · Barachiel · Jéhudiel · Camael · Jerahmeel  (en) · Jophiel · Metatron · Samya
ng vi za · Pravuil  (en) · Sachiel · Tsadqiel · Zerachiel · Phanuel  (en) · Aker  (en) · Gabuthelo
es du n  (en) · Arphugitonos  (en) · Zebuleon · Daniel  (en) · Kerubiel  (en) · Kokabiel  (e
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Mikha'il · Jibra'il (Saint Esprit (en)) · Israfil · Azraël · Harout et
Individus
Isl Marout · Maalik (en) · Ridwan (en) · Monkir et Nekir
a Hafaza  (en) · Kiraman
m Groupes Katibin  (en) · Mu'aqqibat  (en) · Darda'il  (en) · Chérubins · Malaikas · Zaban
i

Un ange est une créature surnaturelle dans de nombreuses traditions, notamment dans les


trois religions abrahamiques et dans l'Avesta. Ce terme désigne un envoyé de Dieu, c'est-à-dire
un intermédiaire entre Dieu et les hommes. Il transmet un message divin ou agit lui-même selon
la volonté divine.
L'ange est normalement invisible, mais lorsqu'il se laisse voir, lors d'un rêve ou d'une vision, il a
une apparence humaine, transfigurée par une lumière surnaturelle1.
Le mot ange vient du latin angelus, emprunté au grec ancien ἄγγελος / ággelos signifiant
« messager ». En proto-sémitique *malʾak- signifie « ange » et « messager ».
L'angélologie est l'étude des anges, de leur nom, de leur place dans la hiérarchie divine et de leur
rôle.

Ancien Testament[modifier | modifier le code]


Dans la Bible hébraïque, les anges sont des messagers qui originairement effectuent des tâches
bonnes ou mauvaises2. Selon certains historiens, la fréquentation des dieux assyriens et
babyloniens lors de l'exil à Babylone par les rédacteurs de la Bible aurait introduit dans le monde
testamentaire une spécialisation avec des anges, agents du Bien et des démons, anges déchus3.
Les anges sont mentionnés à plusieurs endroits, dans la Genèse lors de la Création, et ensuite
en lien avec les hommes :
Dans la Genèse sont notamment mentionnés les chérubins qui gardent l’arbre de vie (Genèse 3,
24)4, un ange qui arrête Abraham sur le point de tuer Isaac (Genèse 22, 12), les anges du songe
de l’échelle de Jacob où celui-ci voit des anges monter et descendre sur une échelle dont
l'extrémité touche le ciel (Gn 28, 12)5, la lutte de Jacob avec l'ange, les anges qui viennent
prévenir Loth de la fin de Sodome sous une forme humaine que ce dernier reçoit dans sa maison
et l'ange Raphaël, qui accompagne Tobie sur la route6. Michel devient l'ange du prophète Daniel.
Le nom des anges comporte souvent la syllabe El, qui désigne Dieu : ce sont des noms
théophores.
Principaux livres de l'Ancien Testament où des anges apparaissent :

 Livre de la Genèse : Hospitalité d'Abraham


Les chaldéens considèrent aussi les anges comme des créatures bienfaisantes leur apportant
joie, protection et plaisir.

 Livre de Tobie : Archange Raphaël .
 Livre de Daniel : Archange Michel .

Judaïsme[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Anges de la Kabbale.
Dieu a créé les anges (malakh) et les constellations et tout ce qu’elles contiennent et tout ce qui
est au-dessous d’eux et tous ont besoin de Lui pour exister. Maïmonide dit que l'intelligence des
anges est plus grande que celle des hommes. Il les appelle « Intelligences » (comme les sphères
qui ont mis le monde en mouvement et les astres), conception proche de celle d'Aristote. En
hébreu le pluriel de « saba », « sabaoth », signifiait « astres » et « armées » (angéliques). Ce mot
fut repris par l'Église catholique durant des siècles : « Deus Sabaoth » : le « Dieu des Armées ».
Il soutient que l'ancienne tradition juive comptait 10 degrés ou ordres d'anges appelés aussi
« Intelligences » et affirme que cette croyance est la seconde après Dieu. La croyance dans les
anges est une croyance commune entre juifs, musulman et chrétiens, mais celle de Maïmonide
semble se rapprocher de l'Univers des idées platoniciennes en disant qu'à chaque brin d'herbe
correspond une étoile dans le Ciel.

 Enluminures tirées d'une haggada séfarades avec des anges sur des thèmes bibliques :


échelle de Jacob, Sacrifice d'Isaac, hospitalité d'Abraham…, XIIIe sièclen 1. Haggadah
dorée, British Library.


 

 Classes : Maïmonide enseigne qu'il y a deux classes d'anges : les « permanents » et les


« périssables ». Idem pour Judah ha-Lévi (1085-1140), fameux poète et théologien juif
du XIIe siècle, qui différencie les anges « éternels » et les anges créés à un moment donné. Il
enseigne dans Le Livre de Kuzari (IV) qu'il y avait deux classes ou espèces d'anges. Il écrit :
« Comme pour les anges, certains sont créés à un moment donné à partir de subtils éléments de
matière (comme l'air et le feu). Certains sont éternels (c'est-à-dire existent depuis l'éternité et
pour l'éternité), et ce sont peut-être les intelligences spirituelles dont parlent les philosophes. »
Et il poursuit :
« Il n'est pas certain que les Anges vus par Isaïe, Ezéchiel et Daniel appartiennent à la classe
d'anges créés à un moment donné, ou à la classe d'essences spirituelles qui sont éternelles ».
Qu'étaient-ils alors ? Saadia ben Joseph pensait qu'ils étaient des visions. »

 Propriétés : Maïmonide dit que les anges sont invisibles : ce sont des formes spirituelles,
des esprits, des Intelligences. Si on leur prête une forme et une allure humaine, c'est par
« accommodation à la faiblesse de l'intelligence commune. Si on leur a donné des ailes, c'est
parce que le vol est le plus parfait et le plus noble d'entre les mouvements locaux de l'animal,
qui permet de s'approcher et de s'éloigner en un clin d'œil ». De même; il est écrit dans
le Zohar (Vayera 101a) : « Quand Abraham souffrait encore des effets de la circoncision,
Celui qui est Saint lui envoya trois anges, de forme invisible, pour s'informer de sa santé ». Et
le texte poursuit : « Vous pourriez vous demander comment les anges peuvent être visibles,
puisqu'il est écrit "Qui des esprits fait ses anges" (Psaume 104:4). Cependant Abraham les
vit assurément, pendant qu'ils descendaient sur Terre sous la forme d'hommes. Et, en effet,
chaque fois que les esprits célestes descendent sur Terre, ils s'habillent d'éléments corporels
et apparaissent aux hommes sous forme humaine ». Mais il est bien difficile de concilier ce
qui précède avec la déclaration du Livre des Jubilés (15:27), à savoir que « tous les anges de
la présence et tous les anges de la sanctification » étaient déjà circoncis quand ils furent
créés.

 Substance : Selon le Zohar, Gabriel a pour mission de briser l'orgueil (donc l'ange de


l'humilité) et de contrecarrer les projets du démon (il dégage de l'eau qui met le démon en
fuite). L'ange Michel doit rallumer le feu sacré dans le cœur de l'homme et ranimer la foi
affaiblie. Raphaël (dont le nom signifie celui qui guérit) guérit les malades (cf. Piscine de
Siloë du Nouveau Testament) et dégage de l'air, symbole de la vie. Abraham reçoit ces trois
anges chez lui, dans l'épisode des chênes de Mambré de la Genèse. Dans le livre
de Daniel ou de Tobie, sont mentionnés sept anges qui sont sans cesse devant la face de
Dieu. Mais, d'après le Talmud, les noms des anges vinrent avec les Israélites de Babylone et
seraient un emprunt à la religion perse ; les anges furent créés le second jour, et leur
substance est moitié eau et moitié feu.

 Fonction : Chaque ange a un office particulier : Michel garde les enfants


d'Israël, Gabriel rend force et courage, Uriel (Dieu est ma Lumière) éclaire les hommes dans
les ténèbres de la nuit, Raphaël a soin de notre santé physique et spirituelle.
Les anges de la tradition judaïque sont à la racine de la tradition chrétienne : les septn 2 archanges
leur sont communs dont trois sous le même nom : Michel, Gabriel et Raphaël.

 Fêtes : Pendant le Yom Kippour chaque juif doit faire comme s'il était un ange : ni boire ni
manger. « Shalom Aleichem » est une chanson chantée avant de commencer le repas du
Shabbat. Un midrash (légende) veut que chaque juif soit accompagné le soir du vendredi par
deux anges. Si les chandelles brûlent, le bon ange donne une bénédiction, mais si elles ne
brûlent pas c'est le mauvais ange qui donne la bénédiction7.

Christianisme[modifier | modifier le code]
Dans le Nouveau Testament, certains passages mentionnent la présence des anges8. L'ange de
l'Annonciation : l'ange Gabriel apparaît à Zacharie dans le Temple (Luc 1), à la croisée du chemin
entre l'Ancien Testament et le nouveau, puis à Marie à Nazareth, entrant chez elle, et la saluant
« pleine de grâces » (Annonce faite à Marie, Évangile de Luc, 1) lui annoncer la bonne nouvelle
de sa conception virginale et l'incarnation du Verbe. La naissance de Jésus, appelé Fils de Dieu,
est accompagnée d'une vision de légions d'anges en fête par les bergers et leurs troupeaux.
Dans sa prédication, Jésus parle peu des anges : il cite surtout les bons anges (par exemple Matt
22, 30 ; Matt 25, 31 ; Luc 15, 10 ; Luc 20, 36), les anges des enfants (les « chérubins »), qui
voient toujours la face du Père dans les cieux (Matt 18, 10), et les anges de la Justice divine.

Références aux anges dans le Nouveau Testament et les quatre Évangiles

Évangile selon Matthieu Évangile selon Luc Évangile selon Marc Évangile selon Jean

Jean 5:4 Ange
Matth 1:20-24 1° Songe Luc 1:11-19 Ange Marc 1:13 Jeûne au
guérisseur de la Piscine
de Joseph de Zacharie désert, Anges serviteurs
de Siloé

Matth 2:13-19 2° Songe Luc 1:26-35 Annonciation,  Marc 4:10 Tentation du


Jean 12:29
de Joseph Gabriel Christ

Matth 4.6 Tentation du
Luc 2:9-21 Nativité Marc 12:25 Jean 1:51 Nathanaël
Christ

Matth 13:39 49, 13:39,


24:31-36, 25:31 25:41 Marc 13:27-32, Anges de
Luc 8:38
Anges de la Parousie, la Parousie
Anges moissonneurs
Luc 9:26, 12:8-9, 15:10,
Matth 18:10,22:30
16:22, 20:36, 24:23
Enseignement de Jésus
Enseignement du Christ

Matth 26:53 Passion de Luc 22:43 Ange de


Jésus (Légions d'anges) l'Agonie à Gethsémani

Marc 16:5 Résurrection :
Matth 28:2-5 Anges de Luc 24:23 Anges de
un « jeune homme vêtu Jean 20:12 Résurrection
la Résurrection la Résurrection
de blanc »

Représentation d'un ange, fresque de l'église Santa Maria Antiqua, Rome, v. 705-707.

Durant son agonie, un ange appelé « Ange de la Consolation » lui apparaît au Jardin des
Oliviers : lui montrant un calice dont il ne veut boire : cette scène de Gethsémani a été peinte par
de nombreux artistes chrétiens durant des siècles9. Enfin lors de la Résurrection, ce sont des
anges qui apparaissent aux Femmes, et qui leur parlent, pour leur annoncer la Résurrection de
Jésus, anges décrits cette fois « blancs comme neige » ou « vêtus comme l'éclair » alors
qu'auparavant dans les Évangiles, aucune description des anges n'était faite, seuls les artistes
nous les représentant avec une fleur de lys ou une paire d'ailes (le blanc est devenu le Symbole
de la Résurrection en liturgie). Dans l'Apocalypse, Jean rapporte la vision de l'ange Michel et ses
légions d'anges qui combattent et remportent la victoire de Dieu, définitive contre l'« antique
serpent » qui égarait la Terre depuis des siècles.
La « messe des Anges » (Missa de angelis)n 3 se disait jadis devant le cercueil des jeunes
enfants ; elle daterait du XIIe siècle10.
L’Hymne des chérubins (Cheroubim) ou Chérouvikon est chanté à l’offertoire dans la divine
liturgie byzantine :
« Nous qui, mystiquement, sommes l'icône des chérubins, et qui en l'honneur de la Trinité
vivifiante chantons l'hymne trois fois sainte, déposons tout souci du monde afin d'accueillir le Roi
de toutes choses escorté par les ordres angéliques, Allélouia11 »
Les principaux rôles traditionnellement dévolus aux anges dans l'imagerie médiévale sont ceux
d'intermédiaire ou d'agent de l'au-delà, de gardien de l'ordre divin, de célébrant de la liturgie
céleste12.
Islam[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Malaikas (anges).
Malāk (‫مالك‬, « qui se possède, contrôle son âme ») (au pluriel malāʾika) (‫ )مالئكة‬est le terme arabe
pour désigner les anges. Les anges occupent une place de choix dans la tradition coranique. Le
Coran parle très souvent des anges, et en donne une description dans la sourate 35  :
« Louange à Allah, Créateur des cieux et de la Terre, qui a fait des Anges des messagers dotés
de deux, trois ou quatre ailes. Il ajoute à la création ce qu'Il veut, car Allah est Omnipotent. »
Dans la plupart des cas, les anges interviennent en tant que messagers de Dieu auprès des
prophètes ou de personnages déterminés, notamment Abraham, Zacharie, Marie, la mère de
Jésus. Dans d'autres cas, les anges sont envoyés pour soutenir les croyants contre leurs
ennemis. Il est aussi question des « anges gardiens » ou « anges scribes ». Selon les traditions,
chaque être humain serait accompagné de deux anges : un « ange de la droite » écrivant ses
bonnes actions et un « ange de la gauche » qui inscrit les mauvaises.
Le Coran cite nommément quelques anges. Certains sont désignés par une fonction, sans être
nommés, comme l'ange de la mort. Ce sont surtout les commentaires et la prédication populaire
qui se sont chargés de nommer et décrire la plupart des êtres angéliques.

 Gabriel (Jibrīl) est le plus important des anges. Il est souvent surnommé l'Esprit fidèle.
D'après la tradition s'appuyant sur l'interprétation de deux passages du Coran, la révélation
coranique a été transmise à son prophète Mahomet par l'ange Gabriel dans la grotte du mont
Hirā. Le Livre de l'Échelle de Mahomet relate l'ascension jusqu'à Dieu de Mahomet sous la
conduite de l'ange Gabriel. Il est traditionnellement l'ange qui annonce les naissances, et,
bien que le Coran ne le précise pas, selon les traditions, il a annoncé la naissance de Jean-
Baptiste (Yaḥyā) au prophète Zacharie (Zakariyyā), ainsi que la naissance de Jésus (ʿīsā) à
la Vierge Marie (Maryam).

 Mikaël (Michel ou Michael) est nommé dans le Coran. C'est un des anges du Jugement
dernier chargé de la « pesée des actes ». Selon les traditions, il serait aussi l'ange chargé de
la pluie et de la végétation.

 Izrāʾīl (ou Azraël) est cité dans le Coran de manière anonyme. Il est l'Ange de la Mort (Malāk-
Al-Mawt) qui est chargé d'ôter l'âme aux corps des défunts. Il apparaîtrait terrifiant aux impies
et consolateur aux fidèles. Les assistants de l'ange de la mort sont de deux sortes ; les
Anges de miséricorde et les Anges du supplice. Le Coran cite aussi la mécréance des
Égyptiens lorsque Dieu leur avait envoyé les prophètes Moïse et Aaron et précise aussi que,
pour les punir, il abattit sur eux l'ange de la mort. Au commencement, Dieu l'aurait envoyé
prendre un peu de terre.

 Riḍwān (Redouane, Radwane, Ridohan) n'est pas nommé dans le Coran mais est chargé de
garder le Paradis. C'est le plus grand de ses serviteurs. Les gardiens du Paradis sont
innombrables, « seul le Seigneur peut délimiter leur nombre » d'après le Coran. Bien d'autres
anges, qui ne sont pas mentionnés dans le Coran, ont été nommés et abondamment décrits
avec de nombreuses variantes par les prédicateurs populaires s'inspirant des commentaires
coraniques et de récits divers. Par exemple, deux anges célèbres, Munkar et Nakir, sont les
anges de « l'interrogatoire du tombeau », et dont l'aspect suscite la terreur. Ils auraient pour
tâche d'interroger dans leur tombeau l'infidèle et le croyant qui a commis de grandes fautes.
 Israfil : Israfil est l'Archange qui soufflera dans la trompe afin de mettre un terme à la vie d'ici-
bas. La tradition veut que Israfil ait déjà sa bouche sur l'embouchure de la trompe et
attendant L'ordre de Dieu pour souffler. Il soufflera deux fois. la première fois sera pour
prendre la vie de tous les êtres vivants. La deuxième fois sera lors du réveil des âmes pour
annoncer le début du Jugement dernier :<<Et on soufflera dans la Trompe et Nous les
rassemblerons tous, sourate 18, verset 99 : Coran>>.
 Malik, le gardien de l'enfer, est nommé dans le Coran, et ne sourit jamais à cause de sa
création.

Image de l'Archange Israphil (raphaël) ANGÉLUS

Bien que "Ismah" (Infaillabilité) soit appliqué aux anges, cela n'implique pas qu'ils ne font aucune
erreur. Ils n'ont tout simplement aucun désir de pécher. Les
circonstances peuvent affecter les anges (comme le savent les Les neuf chœurs des anges
hadiths, comme l'odeur), les faisant se tromper13.
 Première hiérarchie :
Selon un hadīth, Dieu aurait créé l'ange à partir de la lumière, le
djinn à partir du feu et l'homme à partir de terre. Comme dans Premier chœur : Séraphins
Deuxième chœur : Chérubins
les autres traditions, les anges n'ont pas de sexe et ne se Troisième chœur : Trônes
reproduisent pas, contrairement à l'être humain et aux djinns.
 Deuxième hiérarchie
Hiérarchie angélique[modifier | modifier le Premier chœur : Dominations
Deuxième chœur : Vertus
code] Troisième chœur : Puissances

Article détaillé : Angélologie.  Troisième hiérarchie :


Anges[modifier | modifier le code] Premier chœur : Principautés
Deuxième chœur : Archanges
Troisième chœur : Anges

L'Échelle de Jacob, catacombe de la Via Latina, Rome.

Les neuf hiérarchies sont de nature différente et s'élèvent graduellement de l'homme vers Dieu.


Selon le Pseudo-Denys l'Aréopagite (vers 490), les neuf chœurs sont regroupés en trois
hiérarchies. La première hiérarchie est constituée par les Séraphins, les Chérubins et
les Trônes ; viennent ensuite les Dominations, les Vertus, les Puissances ; puis les Anges,
les Archanges et les Principautés14. Selon Lambert de Saint-Omer, auteur du Liber
floridus (1120), la hiérarchie est légèrement différente et s'énonce ainsi : anges, archanges,
vertus, puissances, principautés, dominations, trônes, chérubins et séraphins. Lambert associe
chacun de ces ordres à une pierre précieuse : sardoine, topaze, jaspe, chrysolite, onyx, béryl,
saphir, escarboucle et émeraude15.

Deux anges de bois polychrome, art gothique, couvent Sainte-Agnès, Prague.

Les anges sont les messagers de Dieu. Basile le Grand dit que chaque personne vivante
possède un ange gardien. La représentation des anges ailés n'apparaît qu'au IVe siècle (abside
de l'église Sainte-Pudentienne à Rome). L'ange décrit dans le livre de Daniel 3:25, quant à lui, ne
porte pas d'aile. Mais son pouvoir sur le feu permet de sauver Schadrac, Méschac et Abed Nego
de la fournaise. La Bible ne parle pas de la nécessité pour les anges de manger pour se
maintenir en vie. Elle dit pourtant qu'à certaines occasions, les anges, sous forme humaine, ont
mangé de la nourriture (Gn18.1-5 et Gn19.3).

 Ils sont nombreux :


o Apocalypse 5.11 décrit la louange de nombreux anges devant le trône de l'Agneau de
Dieu : leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers ;
o Douze légions d'anges étaient à la disposition du Seigneur (Matt 26.53) ;
o Hébreux 12.22 parle aussi de myriades d'anges ;
o À la fin des temps, le Seigneur apparaîtra au milieu de ses saintes myriades (Jude14) ;
o Daniel 7.10 nous dit que « mille milliers servaient l'ancien des jours et que des myriades
de myriades se tenaient devant lui » ;
o Luc 2.13 nous parle de la « multitude de l'armée céleste » ;
o La Bible parle d'eux comme d'une armée (Ps148.2), mais ni ils se marient, ni ne sont
même sexués, ni ne meurent (Mt 22.30 ; Marc 12.25 ; Luc 20.34-36).
 Ils sont plus puissants que les hommes : Paul parle des anges et de la puissance de Dieu
(2 Th1.7) et Pierre dit qu'ils sont supérieurs aux hommes en force et en puissance
(2 Pe 2.11). Un seul ange extermina tous les hommes forts et vaillants de l'armée de Syrie,
assemblée contre Ezéchias (2 Chr 32.21). Un seul ferma la gueule des lions au temps de
Daniel (Dan 6.22). Un ange roule la pierre du sépulcre de Jésus sans difficulté (Mt 28.2). Un
ange ouvre les portes des prisons et libère les apôtres (Ac 5.19) et Pierre (Ac12.7). Un seul
ange prendra Satan et l'enfermera dans l'abîme (Ap 20.2).
 Ils ont des pouvoirs guérisseurs : Jean 5:4 L'Ange guérisseur de La Piscine de Siloé,
guérissant un pauvre aveugle avec son sang.
 Ils sont comparables à des esprits :
o « Ne sont-ils pas tous (les anges) des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer
un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut ? » (Hébreux 1 : 13-14) ;
o « Pour les anges, il a cette parole : celui qui fait de ses anges des esprits et de serviteurs
une flamme de feu » (Hébreux 1 : 6-7) ;
o « L'ange du Seigneur s'adressa à Philippe. (…) L'esprit dit à Philippe : avance et rattrape
ce char » (Actes 8 : 26-29).
 Ils ne sont pas omnipotents :
o Ni Michel (Jude 1.9), ni Satan (Job 1.12 ; 2.6) n'ont une puissance illimitée ;
o Le chef de Perse résiste vingt-et-un jours à l'envoyé de Dieu qui doit être aidé par
Michaël (Dan 10.13) ;
o En Apocalypse 12, il y a un combat entre les bons et les mauvais anges.

Archanges[modifier | modifier le code]
Un archange est un chef parmi les anges, et peut être chef des armées (Apocalypse 12.7). Dans
la Bible, est évoqué un archange, Michel (ou Michaël).
Le terme archange ne se trouve que deux fois dans le Nouveau Testament : Michel ‫( מיכאל‬celui
qui chassera Satan dans l'Apocalypse), Jude 9 : « Michel l'archange » ; 1 Thessaloniciens 4.16 :
une voix d'archange : une voix de chef d'armée.

Chérubins[modifier | modifier le code]
Les chérubins, ou kéroubim, sont représentés dans l'imagerie populaire sous les traits de bébés
ailés. Toutefois, la Bible donne aux chérubins une position élevée différente des séraphins.
D'après le Livre de la Genèse, les chérubins, avec « la lame flamboyante d’une épée », après le
péché d’Adam, interdirent à l’homme l’accès à l'arbre de vie.

Séraphins[modifier | modifier le code]
Les séraphins, dans la Bible, ont six ailes dont ils se couvrent le corps :

Séraphins à six ailes, Homélies de Jacques de


Kokkinobaphos, enluminure byzantine du XII  siècle, Bibliothèque nationale de France.
e

« L'année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de
sa robe remplissaient le temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui ; ils avaient chacun
six ailes ; deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont
ils se servaient pour voler. Ils criaient l'un à l'autre, et disaient : Saint, saint, saint est le Seigneur
des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire ! Les portes furent ébranlées dans leurs
fondements par la voix qui retentissait, et la maison se remplit de fumée. Alors je dis : Malheur à
moi ! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un
peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur des armées. Mais l'un
des séraphins vola vers moi, tenant à la main une pierre ardente, qu'il avait prise sur l'autel avec
des pincettes. Il en toucha ma bouche, et dit : Ceci a touché tes lèvres ; ton iniquité est enlevée,
et ton péché est expié. »
— Esaïe, chapitre 6
Langue des anges[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Langues des anges.
La langue des anges est évoquée par Paul dans le chapitre 13 de la Première épître aux
Corinthiens : « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je
suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. »
Il est possible que les anges, étant de purs esprits, n'aient pas besoin de langage pour
communiquer les uns avec les autres. Les êtres humains communiquent avec des mots, qui sont
des représentations symboliques de la pensée. Peut-être les êtres purement spirituels peuvent-
ils transmettre leurs pensées dans un état pur, sans besoin de médiation ou de signes16.
Dans la tradition islamique, et selon Ahmed ibn Moubarek, disciple d'Abd al-'Aziz al-Dabbagh, il
existe une langue des anges nommée langue « siryanîte », proche de la langue des oiseaux17.

Néoplatonisme et kabbale[modifier | modifier le code]


Philosophes néoplatoniciens[modifier | modifier le code]
Les anges sont mentionnés chez les néoplatoniciens Porphyre de Tyr (vers 260)
et Jamblique (vers 320)18. La hiérarchie est : dieux, archanges, anges, daimôns, archontes du
cosmos ou de la matière, héros, âmes des morts, âmes humaines.
« Tu [toi, Porphyre de Tyr] t'enquiers de ce qui manifeste la présence d'un dieu, d'un ange, d'un
archange, d'un démon ou de quelque archonte [gouverneur de planète] ou d'une âme. D'un mot,
je prononce que les manifestations s'accordent à leurs essences, puissances et activités… D'une
seule espèce sont les apparitions des dieux ; celles des démons variés ; celles des anges, plus
simples que celles des démons, mais inférieures à celles des dieux ; celles des archanges, plus
proches des causes divines ; quant à celles des archontes, si tu entends par là les maîtres du
monde qui administrent les éléments sublunaires, elles sont variées, mais rangées en ordre19. »
Selon Porphyre, les démons habitent dans la région sublunaire du monde, tandis que les anges
habitent la région au-dessus de la Lune20.
Proclus établit la hiérarchie suivante des entités spirituelles : dieux intelligibles, dieux intellectifs,
dieux hypercosmiques, dieux encosmiques, anges, bons démons, héros : « Je prie les dieux
intelligibles de m'accorder un intellect parfait ; les dieux intellectifs, une puissance élévatrice ; les
dieux chefs de l'univers, qui sont au-delà du ciel, une activité détachée et séparée des
connaissances matérielles ; les dieux qui ont reçu en lot le monde, une vie ailée ; les chœurs
angéliques (toùs ayyelikoùs khoroùs), une révélation véridique des choses divines ; les bons
démons, la plénitude de l'inspiration venant des dieux ; et enfin les héros, un état d'âme
magnanime, grave et sublime21. »

Kabbale de la Renaissance[modifier | modifier le code]


Article détaillé : Kabbale chrétienne.
De arte cabalistica, édition de Haguenau (1530), page de titre avec les armes de Reuchlin.

Johannes Reuchlin, avec son De arte cabalistica (1517), influence le De la philosophie


occulte de Cornelius Agrippa. Un autre livre notable est le De Harmonia Mundi écrit en 1525 par
le moine franciscain Francesco Zorzi, qui fut en correspondance avec Pic de la Mirandole. Le
monde divin est le premier degré de l'être ; il est constitué par ce que les kabbalistes juifs
appellent Ein-Soph (Infini), et par les dix sephiroth de l'arbre kabbalistique, hypostases
engendrées par l'Infini. Le monde angélique est le deuxième degré de l'être ; il est gradué en dix
degrés ou Intelligences : les Haioth, les Ophanim, les Aralim, les Hasmalim, les Séraphim, les
Malachim, les Elohim, les Bene Helohim, les Cherubim, les Issim. Le monde céleste est le
troisième degré de l'être ; il comprend - influencés par les Intelligences du monde angélique - dix
degrés, qui sont dix sphères : Saturne ou Sabbathai, Jupiter ou Zedeq, Mars ou Madim, le Soleil
ou Semes, Vénus ou Noga, Mercure ou Cocab, la Lune ou Iarcah, l'Âme intellectuelle, l'Âme des
Esprits animaux. Enfin, le monde matériel, le macrocosme, avec l'homme (le microcosme) est le
quatrième et dernier degré de l'être ; ce monde, influencé par le monde céleste, est celui des
Éléments, il contient le microcosme.

Zoroastrisme[modifier | modifier le code]
S'inspirant du mazdéisme, Zoroastre évoque deux anges, l'un de lumière (bien) et l'autre de
ténèbres (mal), qui se combattent et accompagnent Dieu22.

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Yézidisme[modifier | modifier le code]
La notion des anges dans le yézidisme est mal documentée de par la diversité des pratiques
résultant de l'absence d'un livre figeant le dogme. Toutefois, les anges semblent être liés au
concept de création en sept jours23 :
transcription du nom prénom
jour nom divin nom d'usage
divin[réf. nécessaire] arabe
Dimanche ‘Azra’il Melekê Taus Azazel Malik
Lundi Darda’il (en) Shaikh Hasan Daniel Hassan
Mardi Israfil Shaikh Shams Raphaël (en)Shams
Mercredi Mika’il Shaikh Abu Bakr Michel Boubakeur
Jeudi Jibrail Sagad ad-Din Gabriel Djibril
Vendredi Shimna’il Nasir ad-Din Samaël Nasir al-Dîn
Yadin [Fakhr ad-
Samedi Nura’il Uriel Fakhr al-Dïn
Din]

Les anges dans la culture[modifier | modifier le code]


Articles connexes : Ange dans l'art et Ange au cinéma.
Ange souriant de la cathédrale de Reims.

Les anges sont des éléments récurrents dans la culture populaire ou artistique. Bon Ange (le bon
conseil) et Mauvais Ange (la tentation) entourent souvent le Capitaine Haddock ou Milou dans les
albums de Tintin, œuvre d'Hergé. On les retrouve aussi dans de nombreux films comme les Ailes
du désir de Wim Wenders, romans, tableaux et sculptures, ainsi que dans des séries télévisées
telles que Les Routes du paradis (1984-1989) ou Joséphine, ange gardien (depuis 1997).
De nombreux peintres se sont spécialisés dans la représentation des anges. Ce motif est
fréquent sur les vitraux (église Saint-Étienne-du-Mont, cathédrale Saint-Étienne de Sens),
les fresques, les peintures (chez Le Pérugin et Raphaël), les sculptures (chapiteaux de la Chaise-
Dieu) : « anges musiciens » jouant de la cornemuse, du biniou, des cymbales, de la bombarde,
de la harpe, de l'orgue portatif, par exemple ceux de Melozzo de Forlì24.

Notes et références[modifier | modifier le code]


Notes[modifier | modifier le code]
1. ↑ La Haggada de Pessah est un texte en hébreu ancien utilisé pour la cérémonie du Seder durant
Pessah, la Pâque juive. Ancienne, elle date de l'époque de la Mishna, c'est-à-dire environ deux
millénaires. Elle raconte l'histoire des Hébreux et leur exil d'Égypte. Le contenu provient des
événements narrés dans l'Ancien Testament, dans le livre de l'Exode. Elle est lue dans les familles, et
contient les rites à réaliser durant la cérémonie.
2. ↑ sept exprimant peut-être la totalité.
3. ↑ Messe VIII de la Kyriale.

Références[modifier | modifier le code]
1. ↑ Laura Winckler, « Les anges, messagers entre le ciel et la terre ', revue Acropolis (article en
ligne [archive])
2. ↑ Cf. Livre des Psaumes Ps 78. 49 [archive]
3. ↑ André Neyton, Les clefs païennes du christianisme, Belles Lettres, 1979, p. 107
4. ↑ « AELF — Livre de la Genèse — chapitre 3 » [archive], sur AELF (consulté le 15 avril 2021)
5. ↑ « AELF — Livre de la Genèse — chapitre 28 » [archive], sur AELF (consulté le 15 avril 2021)
6. ↑ Le Livre de Tobie appartient au corpus canonique pour le catholicisme, mais non pas pour le judaïsme
ni le protestantisme.
7. ↑ Angels in Judaism [archive] Les Anges dans le Judaïsme, Judy Silver.
8. ↑ Chad Brand, Eric Mitchell, Holman Illustrated Bible Dictionary, B&H Publishing Group, USA, 2015, p.
66
9. ↑ Jardin des oliviers [archive].
10. ↑ Ab hoc termino usque ad Septuagesimam, cantatur missa de angelis feria secunda, feria tertia de
Sancto Spiritu, feria quarta de dominica, feria quinta de beato Stephano, feria sexta de Cruce, nisi de
sanctis agatur. Sabbato de beata Maria et cantatur et pulsatur sicut in [festis] dupplicibus ; nec
pretermittitur nisi fuerit festum novem lectionum et, si obitus sollempnis die evenerit, anticipatur Initiation
aux manuscrits liturgiques [archive].
11. ↑ Texte détaillé sur L'Hymne de Chéroubim  [archive].
12. ↑ Jean-Claude Bonne, L'art roman de face et de profil, Le Sycomore, 1984, p. 27.
13. ↑ Houtsma, M. Th. (1993). E.J. Brill's First Encyclopaedia of Islam, 1913–1936, Band 5.
BRILL. p. 191. (ISBN 978-9-004-09791-9).
14. ↑ Pseudo-Denys l'Aréopagite, La Hiérarchie céleste.
15. ↑ Liber floridus, folio 86, « angeli, archangeli, virtutes, potestates, principatus, dominationes, throni,
cherubini, seraphini ». Copie disponible sur Gallica [archive].
16. ↑ Thomas d'Aquin, Somme théologique, I. Frédérique Von Lama : Les Anges.
17. ↑ Paolo Albani et Berlinghiero Buonarroti, « Langue des anges », Dictionnaire des langues imaginaires,
éd. Les Belles Lettres, 2001 (ISBN 2-251-44170-0).
18. ↑ Franz Cumont, « Les Anges du paganisme », Revue de l'histoire des religions, 72 (1915), p. 159-182.
19. ↑ Jamblique, Les Mystères d'Égypte, II, 3, Les Belles Lettres, 1966, p. 79-80.
20. ↑ Porphyre, cité par Augustin d'Hippone, La  Cité de Dieu, X, 9, 37-45.
21. ↑ Proclus, Commentaire sur le Parménide de Platon, Les Belles lettres, 2007, t. I, p. 2.
22. ↑ L'Art de vérifier les dates des faits historiques, p. 386 [archive]
23. ↑ Voir sur yeziditruth.org. [archive]
24. ↑ Voir aussi 1. Iconographie ; Anges musiciens [archive]
et 2. Iconographie ; Anges musiciens de Rouen [archive].

Annexes[modifier | modifier le code]
Sur les autres projets Wikimedia :
 Les anges, sur Wikimedia Commons
 ange, sur le Wiktionnaire
 Ange, sur Wikiquote

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Ange.

Bibliographie[modifier | modifier le code]
Textes anciens[modifier | modifier le code]

 Pseudo-Denys l'Aréopagite, La Hiérarchie céleste


 Thomas d'Aquin, Somme théologique, Ire partie, questions 50 à 64.
 Jacques de Voragine, La Légende dorée, XIIIe siècle, Édouard Rouveyre Éditeur, Paris, 1902.
 Jean Bosco, Le Dévot de l'ange gardien / Jean Bosco… ; traduction, présentation et
appendice de Vincent Klee. - Strasbourg : Trifolium, impr. 2008 (Paris : Impr. Jouve). - 1 vol.
(94 p.) ; 18 cm - (Archivum angelicum ; 2).
 Ignace Briantchaninov (évêque orthodoxe du Caucase et de la mer Noire, Traité sur les
Anges - ici [archive].
 Jean Duns Scot, Le Principe d'individuation (Ordinatio, II, 3), Vrin, 2005, trad. G. Sondag.
 Jacques Bénigne Bossuet, Sermon sur les Anges Gardiens, préfacé par Carlo Ossola (trad.
de Nadine Le Lirzin), Paris, Payot & Rivages, 2005.
Chercheurs contemporains[modifier | modifier le code]

 Hervé Roullet, Les esprits célestes, Roullet Hervé, dif. AVM, 2020.


 Anne Bernet, Enquête sur les anges, éd. Perrin, 1997.
 Serge-Thomas Bonino o.p., Les Anges et les démons. Quatorze leçons de théologie, Parole
et Silence, Bibliothèque de la Revue thomiste no 3, février 2007, 351 p.
 Dom Gérard Calvet (dir.), Catéchisme des Anges, Éditions Sainte-Madeleine, 366 pages.
 Catherine Chalier, Des anges et des hommes, Albin Michel, 2007.
 Henry Corbin, L'Homme et son ange, éd. Fayard, 1983.
 Jean Daniélou, Les Anges et leur mission, d'après les Pères de l'Église, Desclée, Paris,
1952, rééd. 1990.
 Emmanuel Falque, « L'altérité angélique ou l'angélologie thomiste au fil des Méditations
cartésiennes de Husserl », Laval théologique et philosophique, vol. 51, no 3, 1995, p. 625-
646.
 Philippe Faure, Les Anges, Éditions du Cerf, 1991
 Id. et Yves Cattin, Les anges et leur image au Moyen Age, Zodiaque, 1999.
 Id., Les Anges dans le christianisme médiéval, Aubier, 2003.
 Id. (dir.) (préf. André Vauchez), La protection spirituelle au Moyen Âge,
Champion, coll. « Cahiers de recherches médiévales » (no 8), 2001.
 M. Kovalevsky, « L'ange dans la liturgie orthodoxe ; Étude des textes liturgiques et des
sources : liturgies eucharistiques et grandes heures », Présence orthodoxe, Paris 1981,
no50, p. 27–36.
 Marc-Alain Ouaknin, Le Colloque des anges, Fata Morgana, 1995.
 Tiziana Suárez-Nani, Connaissance et langage des anges selon Thomas d'Aquin et Gilles de
Rome [archive], Vrin, 2002.
 Georges Tavard, Les Anges, en collaboration avec André Caquot et Johann Michl, Cerf,
1971.
 Paolo Virno, « Les anges et le general intellect. L'individuation chez Duns Scot et Gilbert
Simondon », Multitudes no 18, automne 2004.
 Anguéliki Garidis, Les Anges du désir. Figures de l'Ange au  XXe siècle, Albin Michel, Paris,
1996.
Littérature[modifier | modifier le code]

 François-René de Chateaubriand : « Des Anges », in Génie du christianisme, Livre 4, « Du


merveilleux, ou de la poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels », chapitre VIII.
 Anne Rice, Angel Time, Knopf, 2009 (roman sur les anges).
 Michel Serres, La Légende des Anges, Éditions Flammarion, Paris, 1993 (ISBN 2-08-035192-3).
 Bernard Werber, L'Empire des anges, Albin Michel, 2000.
 Yves-Marie Adeline, Les Angéliques, Éditions Via Romana, Paris, 2008.
Divers[modifier | modifier le code]

 Dialogues avec l'ange, document recueilli par Gitta Mallasz, Aubier, Paris, 1990 (ISBN 2-7007-
2833-5)
 Édouard Brasey, Enquête sur l'existence des anges rebelles, éd. J'ai Lu, 1997.
 Édouard Brasey, Traité des Anges, éd. le Pré aux Clercs, 2010.
 Fabrice Colin, « Enquête sur les anges », Fetjaine, 2011.

Articles connexes[modifier | modifier le code]


 Angélologie
 Esprit (surnaturel)
 Ange déchu
 Ange gardien
 Archange
 Langues des anges
 Renommée
 Nephilim

 Hiérarchie céleste
 Yazdanisme (culte des Anges)
 Yârsânisme
 Alévisme
 [masquer]
v · m
Anges
In Michel · Gabriel · Raphaël · Uriel · Azraël · Ariel · Raziel · Arariel  (en) · Camael · Dumah  (
Ju div en) · Cassiel · Eisheth  (en) · Hadraniel  (en) · Haniel · Jerahmeel  (en) · Jophiel · M
da idu etatron · Nuriel  (en) · Samyaza · Pravuil  (en) · Sachiel · Samaël · Tsaphkiel · Yahoel  (e
ïs s n) · Tsadqiel · Zerachiel · Dobiel  (en) · Kushiel
m
Gr
e
ou Séraphins · Chayot (en) · Ophanim (en) · Chérubins · Recording angels (en)
pes
Michel · Gabriel · Abaddon · Raphaël · Uriel · Ariel · Sariel · Sandalphon · Raguel  (en) · Ré
In
A di miel · Selaphiel · Barachiel · Jéhudiel · Camael · Jerahmeel  (en) · Jophiel · Metatron · Samya
ng vi za · Pravuil  (en) · Sachiel · Tsadqiel · Zerachiel · Phanuel  (en) · Aker  (en) · Gabuthelo
es du n  (en) · Arphugitonos  (en) · Zebuleon · Daniel  (en) · Kerubiel  (en) · Kokabiel  (e
ch s
rét
n) · Kushiel · Leliel  (en) · Muriel  (en) · Pahaliah  (en) · Seraphiel · Shamsiel
ie G
ns ro Séraphins · Chérubins · Trônes · Dominations · Vertus · Puissances · Principautés · Anges
up gardiens
es
Mikha'il · Jibra'il (Saint Esprit (en)) · Israfil · Azraël · Harout et
Individus
Isl Marout · Maalik (en) · Ridwan (en) · Monkir et Nekir
a Hafaza  (en) · Kiraman
m Groupes Katibin  (en) · Mu'aqqibat  (en) · Darda'il  (en) · Chérubins · Malaikas · Zaban
i

Théologie chrétienne
 Article
 Discussion

 Lire
 Modifier
 Modifier le code
 Voir l’historique

La théologie chrétienne veut « rendre raison de la foi chrétienne »1. Elle est une


tentative d'intelligence rationnelle de la foi au moyen des catégories de diverses
philosophies (grecques au départ, modernes ensuite). Selon la formule de
saint Anselme de Cantorbéry, on la définit comme Fides quaerens intellectum.
La théologie désigne le discours croyant sur Dieu, la Bible, la religion et l'Église, et
notamment sur les doctrines chrétiennes, élaborée selon les moyens et la
perspective énoncés ci-dessus. Tout discours croyant n'est pas théologique, mais
peut-être de l'ordre de la confession de foi (ou témoignage), de la prédication, voire
de la louange. On peut aussi parler de la théologie de telle ou telle grande figure
(théologie johannique, théologie paulinienne, théologie d'Augustin ou augustinisme).
On parle aussi de théologie calviniste ou de théologie luthérienne.
Les autorités religieuses organisent l'enseignement de la théologie comme discipline
universitaire. Le caractère scientifique de la théologie demeure discuté. Sa parenté
avec la philosophie la ferait mieux nommer une « sagesse ». Mais au Moyen Âge, on
la considérait comme la reine des sciences, couronnement et sommet de tout savoir
humain, selon la place que la métaphysique occupait dans le système aristotélicien.
Toutefois, au regard des critères de la science, seules certaines branches peuvent
être absolument considérées comme des disciplines scientifiques. Dans l'Église
orthodoxe, la théologie n'est pas considérée comme une discipline spéculative et
déductive mais comme la connaissance expérimentale d'un Dieu qui se manifeste à
sa création. Le titre de « théologien » n'est d'ailleurs attribué qu'à trois saints
seulement : saint Jean l'évangéliste, saint Grégoire de Nazianze et saint Syméon le
Nouveau Théologien.

Histoire de la théologie chrétienne[modifier | modifier le code]


L'âge des Pères de l'Église[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Père de l'Église.
En 325, le symbole de Nicée a été adopté du concile de Nicée par l’Église 2.
Très tôt après la naissance du christianisme, des chrétiens, dont certains sont
connus des catholiques et des orthodoxes sous le nom générique de Pères de
l'Église rédigent des ouvrages pour défendre leur foi (apologétique) et pour en
expliquer le contenu. Les Pères de l'Église, nombreux tant dans le milieu grec que
romain, écrivent de nombreux ouvrages qui constitueront la base du développement
ultérieur de la théologie. Parmi les grandes figures de cette époque, on
citera Clément d'Alexandrie, Ambroise de Milan, Augustin d'Hippone, Tertullien. C'est
une époque où les dogmes se fixent peu à peu, ce qui conduit à diverses querelles
de doctrine.
Le Moyen Âge latin et la scolastique[modifier | modifier le code]

St Thomas d'Aquin (1225-1274)

Article détaillé : Scolastique.
Au Moyen Âge, la théologie était une discipline essentielle au sein
des universités naissantes3. La scolastique a donné lieu à la publication de nombreux
écrits et à nouveau à des discussions doctrinales. Thomas d'Aquin est sans doute le
principal théologien de l'époque scolastique, mais des figures comme Albert le
Grand ou Bonaventure de Bagnorea ont marqué l'histoire de la théologie.
Parallèlement à cette scolastique, se développe une « théologie visuelle » à fonction
pédagogique qui s'inspire de la doctrine des quatre sens de l'Écriture. Le Moyen Âge
est en effet partagé entre la nécessité culturelle de l'image (l'écriture restant
inaccessible à la majorité) et la crainte de ses perversions cultuelles, notamment
l'idolâtrie. Les récits imagés dans les églises (vitraux, chapiteaux, tympans,
fresques), les biblia pauperum et les Speculum humanae salvationis suscitent
cependant la méfiance des théologiens4.
La théologie moderne (XVI  siècle - XIX  siècle)[modifier | modifier le code]
e e

La théologie a connu un nouvel essor avec la Réforme et la Contre-Réforme5. Les


théologiens réformateurs, qui donneront leurs noms à des confessions qui existent
encore, développent des idées neuves en matière théologique. Cette vague de
Réforme engage les catholiques à réagir et à réaffirmer ses dogmes.
Avec les Lumières, la théologie connaît une crise. Du côté catholique, elle se
sclérose en refusant les idées modernes. Un cartésianisme catholique tente avec
Malbranche une percée infructueuse. Il faudra attendre le XIX  siècle pour voir un
e

renouveau côté romain (Moehler). Puis viendra le triomphe du néo-thomisme.


Chez les protestants, le XVIII  siècle est marqué par l'influence de Leibniz puis du
e

rationalisme. Le piétisme se développe en grande partie sous une impulsion hostile à


la théologie « desséchante » opposée au « cœur » croyant et spontané.
Puis au début du XIX  siècle, se développent plusieurs grands systèmes basés
e

sur Hegel ou dérivé de celui de Schleiermacher qui, en se fondant sur le sentiment


religieux, tente de dépasser victorieusement les positions kantiennes qui rendaient
impossible toute métaphysique rationnelle.
Plus tard dans le siècle, Albert Ritschl initie un retour à Kant. Enfin, vers 1900,
Harnack, Troeltsch et Herrmann, sont les noms marquants parmi les théologiens
protestants. Le socialisme chrétien se développe. Mais surtout le siècle est marqué
par l'essor de l'exégèse historico-critique, les tentatives d'écrire une vie de Jésus sur
une base historique fiable, tentatives auxquelles les travaux d'A. Schweitzer mettront
un terme. La dimension apocalyptique et eschatologique de la prédication de Jésus
est redécouverte dans le même temps.
Sur les autres projets Wikimedia :
 théologie chrétienne, sur Wikisource
La théologie contemporaine[modifier | modifier le code]
La théologie contemporaine nait du drame de la Première Guerre mondiale et du
vacillement du monde bourgeois6. Côté protestant citons les noms de Karl
Barth, Rudolf Bultmann, Paul Tillich, Dietrich Bonhoeffer, Jürgen Moltmann.... Côté
catholique Karl Rahner, Hans-Urs von Balthasar, Pierre Teilhard de Chardin, Hans
Küng, Henri de Lubac, Yves-Marie Congar...
Notre époque, depuis les années soixante, est celle de la crise aggravée de la
théologie chrétienne qui peine à retrouver sa crédibilité. Elle prend des directions
différentes pour y parvenir mais sans vrai succès. La théologie est de plus en plus
sensible à l'effort œcuménique. De nouveaux courants se développent, les plus
connus étant ceux de la Théologie de la libération, théologie féministe, théologie du
process, réception de Heidegger, retour à Troeltsch ou tout simplement
traditionalisme et/ou au fondamentalisme.
L'exégèse développe des thèses de plus en plus radicales (remise en cause des
théories sur la composition du Pentateuque qui avaient été admises depuis les
travaux de Günkel voilà un siècle et plus, recherche du Jesus Seminar sur les logia
de Jésus...). La découverte des manuscrits de Qumran jouera un rôle et ouvrira une
nouvelle époque en matière de recherche biblique.
La déchristianisation en Occident rend la théologie de plus en plus complexe. Une
crise des valeurs affecte le christianisme et rejaillit sur l'entreprise théologique. Des
théologies extra-européennes tentent de se faire entendre dans une visée
d'inculturation du christianisme. Mais de manière générale le caractère intellectuel
traditionnel de la religion chrétienne s'efface. La théologie évangélique a été établie
avec la doctrine de l’Église de professants, publiée en 1527 dans la Confession de
Schleitheim par les frères Suisses, un groupe d’anabaptistes, dont Michael Sattler,
à Schleitheim est une publication qui a répandu cette doctrine 7, 8.

Branches de la théologie[modifier | modifier le code]


De manière plus concrète, la théologie chrétienne peut être divisé en 4 courants
majeurs ; théologie catholique, théologie orthodoxe, théologie protestante,
et théologie évangélique. Toutefois, les branches suivantes se retrouvent dans
chaque courant9,10,11 :

 Histoire de la Bible ;
 Exégèse biblique ;
 Théologie biblique ;
 Théologie Propre ou doctrine de Dieu, qui est l'étude de Dieu et, plus précisément,
de Dieu le Père ;
 Christologie, domaine d'étude sur le Christ, à la fois sa vie, la mission, la nature et la
relation avec Dieu et l'humanité ;
 Pneumatologie, qui étudie le Saint-Esprit ;
 Sotériologie, qui étudie le salut, en particulier la notion de justification et sainteté ;
 Apologétique ;
 Ecclésiologie, qui étudie les nombreux aspects et facettes de l'Église. Parfois,
l'ecclésiologie est également associée à la théologie pratique ;
 Eschatologie chrétienne, qui étudie le jugement dernier et le destin de l'homme ;
 Hamartiologie (en grec « hamartia » veut dire péché), qui étudie le péché et le mal ;
 Angélologie, qui il étudie les anges et leur mission ;
 Démonologie, qui étudie les démons, en particulier Satan.

Voir aussi[modifier | modifier le code]


Bibliographie[modifier | modifier le code]
 Friedrich Schleiermacher, Kurze Darstellung des theologischen Studiums, zum Behuf
einleitender Vorlesungen (1810), traduit depuis peu sous le titre Le statut de la théologie.
Bref exposé (1994).
 Rosino Gibellini, Panorama de la théologie du  XX   siècle, éditions du Cerf, Paris, 1994,
e

§88p. (Bibliographie p. 603-666). Comprend théologie dialectique,


existentielle, herméneutique, théol. de la culture, théol. de la sécularisation, théol. de l'histoire,
théol. de l'espérance, théol. politique, théol. de la libération, théol. noire, théol. féministe, théol. du
tiers-monde, théol. œcuménique.
 Dictionnaire critique de théologie, sous la dir. de Jean-Yves Lacoste, Presses
universitaires de France, Paris, 2002. (ISBN 2-13-052904-6).
 Science et Religion, Bertrand Russell
Articles connexes[modifier | modifier le code]
 Théologie catholique
 Théologie orthodoxe
 Théologie protestante
 Théologie évangélique
 Liste de théologiens chrétiens
 Théologie du mormonisme
 Heidegger et la théologie
Liens externes[modifier | modifier le code]
 Notices d'autorité  : 
o Bibliothèque nationale de France (données)
o Bibliothèque nationale tchèque
o Bibliothèque nationale de Lettonie
 Portail de formation gratuite à la théologie chrétienne en ligne [archive]

Notes et références[modifier | modifier le code]


1. ↑ Dict. critique de la théologie, p. 1140.
2. ↑ Helen Katharine Bond, Seth D. Kunin, Francesca Murphy, Religious Studies and Theology: An
Introduction, NYU Press, USA, 2003, p. 491
3. ↑ Williston Walker, History of the Christian Church, Simon and Schuster, USA, 2014, p. 337-339
4. ↑ Emmanuèle Baumgartner, Laurence Harf-Lancner, Images de l'Antiquité dans la littérature française:
le texte et son illustration, Presses de l'École Normale Supérieure, 1993, p. 179
5. ↑ Ed Hastings, The Oxford Companion to Christian Thought, Oxford University Press, USA, 2000, p. 669
6. ↑ Roger E. Olson, The Story of Christian Theology: Twenty Centuries of Tradition and Reform,
InterVarsity Press, USA, 2009, p. 553
7. ↑ J. Philip Wogaman, Douglas M. Strong, Readings in Christian Ethics: A Historical Sourcebook,
Westminster John Knox Press, USA, 1996, p. 141
8. ↑ Donald F. Durnbaugh, The Believers' Church: The History and Character of Radical Protestantism,
Wipf and Stock Publishers, USA, 2003, p. 65, 73
9. ↑ Floyd H. Barackman, Practical Christian Theology: Examining the Great Doctrines of the Faith, Kregel
Academic, USA, 2001, p. 16
10. ↑ Wayne Grudem, « Théologie systématique », Editions Excelsis, USA, 2012
11. ↑ Wolfhart Pannenberg, « Théologie systématique 1 », Éditions du Cerf, Allemagne, 2009

Hiérarchie céleste
 Article
 Discussion

 Lire
 Modifier
 Modifier le code
 Voir l’historique

Ne doit pas être confondu avec Bureaucratie céleste.


Pour les autres religions, voir : Angélologie.

La hiérarchie céleste (Grèce, XVIII  siècle)


e

L'expression hiérarchie céleste désigne, dans la théologie chrétienne, une


stratification systématique des créatures angéliques. Il ne s'agit pas d'un dogme,
mais d'une opinion théologique, qui a trouvé sa formulation classique au V  siècle, e

dans l'œuvre du Pseudo-Denys (il serait plus correct de parler de Denys-le pseudo


Aréopagite), en même temps que la notion de hiérarchie ecclésiastique, et
par analogie avec celle-ci. En Occident, à partir de la fin du Moyen Âge, cette
systématisation de la sphère des anges connaîtra une désaffection progressive.

Les neuf figures angéliques représentent les neuf rangs des anges. Vitrail à l’Église Saint-Michel-et-tous-
les-Anges de Somerton (en).
Aux origines[modifier | modifier le code]
La Bible distingue diverses sortes de créatures célestes : outre
les Anges proprement dits (nommés ou pas), on trouve chez Isaïe des Séraphins,
chez Ézéchiel des Chérubins, chez Paul des Trônes, des Dominations,
des Principautés, des Puissances, des Vertus et des Archanges. Au total, de
l'Ancien au Nouveau Testament, il en existe neuf catégories différentes.
Ainsi que le rapporte un Sermon de Saint Grégoire le Grand, cité dans le bréviaire :
« Nous connaissons par les livres sacrés neuf ordres distingués parmi les Esprits
célestes, les Anges, les Archanges, les Vertus, les Puissances, les Principautés, les
Dominations, les Trônes, les Chérubins et les Séraphins. En effet, il est parlé des
Anges et des Archanges dans presque tous les livres de l’Écriture. Tout le monde sait
que les Prophètes font souvent mention des Chérubins et des Séraphins. Saint Paul
d’un autre côté a parlé de quatre ordres différents dans l’Épître aux Éphésiens, où il
dit que Jésus Christ a été élevé au-dessus des Puissances, des Principautés, des
Vertus et des Dominations ; et il en nomme un cinquième dans l’Épître aux
Colossiens, où il parle des Trônes et des Dominations, des Principautés et des
Puissances. Si l’on joint donc l’ordre des Trônes aux quatre dont il est parlé dans
l’Épître aux Éphésiens, on trouve qu’il y en a cinq, et si l’on ajoute à ces cinq les
Anges, les Archanges, les Chérubins et les Séraphins, on aura les neuf ordres
d’Anges dont nous parlons. »1
Cependant, le concept d'une hiérarchie entre ces êtres spirituels prend plutôt sa
source dans la tradition apocryphe juive, mais aussi dans le contexte religieux et
philosophique de la période hellénistique. C'est donc à partir de matériaux
d'origines variées que les Pères de l'Église ont opéré un travail
d'ordonnancement systématique des anges. Celui-ci aboutit, dès la seconde
moitié du IV  siècle, à une division en neuf chœurs angéliques, divisés en trois
e

triades ; à savoir, par ordre d'importance : les séraphins, les chérubins et les
trônes, puis les dominations, les vertus et les puissances, enfin les principautés,
les archanges et les anges. C'est ainsi que l'on voit apparaître l'ordre classique
sous la plume de saint Ambroise de Milan « Dominus noster Jesus ... cui Angeli
et Archangeli, Virtutes et Potestates et Principatus, Throni et Dominationes,
Cherubim et Seraphim indefesso obsequio serviebant »2.
Si l'on doit à saint Éphrem et aux Pères de l'Église syrienne en général, l'ébauche
de cet ordre, on en trouve déjà une esquisse chez certains Pères grecs,
comme Clément d'Alexandrie, Grégoire de Nazianze, Jean
Chrysostome et Cyrille de Jérusalem. C'est toutefois le Pseudo-Denys qui en
consacrera la formule pour la tradition à venir3.

Le Pseudo-Denys[modifier | modifier le code]
Le Pseudo-Denys dans un manuscrit médiéval (1403-1405)

La hiérarchie céleste dans un manuscrit médiéval (1400-1404)

Le Pseudo-Denys est un écrivain néoplatonicien converti au christianisme. Dans


son ouvrage intitulé la Hiérarchie céleste, la stratification angélique correspond à
une triple intention de l'auteur : s'aligner sur la théologie néoplatonicienne,
théoriser la vie spirituelle et, en un sens, justifier l'émergence d'une hiérarchie
dans l'Église4.

L'Un

Les Séraphins
HIÉRARCHIE
Les Chérubins
Les Trônes

Les Dominations
Les Vertus
Les Puissances CÉLESTE

Les Principautés
Les Archanges
Les Anges

L'Évêque
Le Prêtre
Le Diacre
HIÉRARCHIE
ECCLÉSIASTIQUE
Les Moines
Les Chrétiens baptisés
Les Catéchumènes

La théologie néoplatonicienne[modifier | modifier le code]


Pensée de l'émanation et du retour à l'Un, le néoplatonisme élabore une vision
de l'univers jalonné d'intermédiaires, de manière à concilier également multiplicité
des divinités païennes et unicité supérieure du divin. Au V  siècle, chez le
e

philosophe Proclus, les intelligences célestes assurent une théophanie


pédagogique, en transmettant au monde inférieur la connaissance et l'énergie de
la divinité, par nature inconnaissable5. De plus, pour Jamblique dans le Livre des
Mystères comme pour Proclus dans la Théologie platonicienne, toute réalité
reflète le triple mouvement de l'intelligence (manence, procession et conversion),
de sorte que l'agencement des intelligences célestes prendra la forme
de triades hiérarchisées6. Dès Jamblique (250-330), les néo-platoniciens
établissent cette hiérarchie céleste : Un, dieux (intelligibles, intelligibles-
intellectifs), archanges, anges, daïmones, archontes directeurs, âmes humaines7.
« Or la puissance qui purifie les âmes est parfaite dans les dieux, dans
les archanges anagogiques ; les anges ne font que libérer des liens de la
matière, tandis que les démons tirent vers la nature ; les héros ramènent au souci
des œuvres sensibles ; les archontes mettent en main ou la présidence du
cosmique ou la providence du matériel ; les âmes, quand elles se manifestent,
entraînent en quelque manière vers le devenir » (Jamblique, Les Mystères
d'Égypte, II, 5, Les Belles Lettres, 1966, p. 85).
L'initiation mystique[modifier | modifier le code]
Les trois triades angéliques (École russe, 1757).

Conformément à cette perspective, le Pseudo-Denys est amené à répartir les


neuf catégories angéliques en trois triades, chacune de celles-ci exerçant les
trois opérations mystiques de purification, d'illumination et d'union, avec plus ou
moins d'intensité selon qu'elle est plus ou moins proche du Dieu Un, c'est-à-dire
du principe divinisateur, appelé Théarchie divine. La première triade est la plus
haute dans la hiérarchie, car elle est unie au divin sans intermédiaire : il s'agit des
séraphins, des chérubins et des trônes (qui portent Dieu). La deuxième triade est
unie au divin par l'intermédiaire de la première : elle reçoit une illumination
moindre, qu'elle a pour rôle de transmettre à l'étage inférieur, et se compose des
dominations, vertus et puissances. Quant à la troisième triade, formée des
principautés, des archanges et enfin des anges, elle constitue le dernier maillon
entre les ordres supérieurs et le monde des hommes, toujours à purifier6.
Dans le monde de la Matière, la triade inférieure se présente comme les gardiens
des collectivités et des individus : messagers et interprètes, ceux-ci révèlent aux
hommes les mystères divins, avec un esprit de parfaite conformité à la volonté
divine. Dans le monde de l'Âme, la triade intermédiaire représente le combat et la
victoire sur le démon, mais aussi l'affermissement spirituel à travers un idéal
d'amour universel. Enfin, dans le monde de l'Esprit, la triade supérieure, en proie
aux illuminations et aux embrasements de sagesse et de science, initie à la
contemplation, conçue comme une plongée au sein de la nature divine. À
l'illumination descendante correspond ainsi une illumination ascendante : la
contemplation humaine du mystère trinitaire se situe donc nécessairement au
sommet d'une progression à travers les étages de la condition angélique8.
D'après les Pères de l'Église en effet, les anges sont des éducateurs qui
préparent l'âme à l'œuvre du Christ, en l'introduisant progressivement dans la vie
spirituelle. Ils la font ainsi participer à la vie angélique, comme à leur être même,
par un dégagement des réalités sensibles, qui anticipe les modalités d'existence
dans l'au-delà. Clément d'Alexandrie n'ira-t-il pas jusqu'à prétendre que l'âme
prend successivement la nature des anges qui l'ont instruite au fur et à mesure
de son ascension mystique ? Cette opinion n'a pas été retenue par la tradition, de
même que la notion de hiérarchie céleste n'a jamais été érigée en dogme,
probablement parce que l'une et l'autre posent en termes de nature une question
qu'un Origène a posée, dès cette époque, en termes de grâce9.
La hiérarchie ecclésiale[modifier | modifier le code]
Dans le contexte d'une Église où des décisions théologiques devaient
continuellement être prononcées, un second volume, intitulé La hiérarchie
ecclésiastique, complète et reflète, chez le Pseudo-Denys, la présentation de la
hiérarchie angélique. Ici encore, le terme ne se trouve pas dans le Nouveau
Testament, mais l'Aréopagite a été le premier à l'appliquer aux structures de
l'Église, en effectuant un rapprochement analogique entre le triple ordre céleste
et la triade ministérielle, composée de l'évêque, du presbytre et du diacre"10. À
cette triade des initiateurs correspond la triade des initiés : purifiés, illuminés,
parfaits (ou moines); classification dans laquelle on reconnaît les trois stades de
la vie spirituelle. Sur la terre comme aux cieux, Jésus est le chef des deux
hiérarchies, à travers lesquelles l'initiation, l'illumination et la perfection sont
transmises de manière continue, de degré en degré, par ordre ascendant11. De ce
schéma autoritaire, les moines retiendront l'idéal d'imitation de la vie angélique,
qu'ils symboliseront par l'image de l'échelle mystique, aussi bien en Occident
(Benoît de Nursie) qu'en Orient (Jean Climaque)12.

Classification des anges[modifier | modifier le code]


La classification des anges selon Thomas d'Aquin est reconnue par le magistère
de l’Église catholique. Elle est enseignée dans les principales universités
catholiques pontificales en cours d'angélologie et démonologie pour les futurs
prêtres-exorcistes.
Les noms qui qualifient les ordres angéliques sont des noms propres à chaque
ordre, mais peuvent qualifier dans une certaine mesure tous les autres : ainsi,
même si les Trônes sont un ordre dont la fonction spécifique est d'être le siège
de Dieu, le psalmiste écrit néanmoins « Toi qui es assis sur les chérubins »13 ;
mais chaque ordre tire son nom propre de ce qu'il a reçu la plénitude de cette
fonction particulière14.
Hiérarchie du premier degré[modifier | modifier le code]
La triade supérieure est formée d'anges qui ont le privilège de servir Dieu, de
l'approcher et de le contempler15. Les Séraphins, Chérubins et Trônes
personnifient trois dimensions spirituelles immanentes et transcendantes suivant
lesquelles se manifeste Dieu pour l'Homme : l'amour pour les Séraphins, la
raison pour les Chérubins, et la justice pour les Trônes.
Séraphins[modifier | modifier le code]
Séraphin portant les paroles du Sanctus. Fresque, St. Jakob, Kastelaz.

Article détaillé : Séraphin (Bible).


Les Séraphins sont au neuvième et dernier degré de la hiérarchie céleste. Le mot
hébreu seraphim est un nom pluriel dérivé du verbe saraph, qui signifie
« brûler ». (Lv 4:12.) Le terme hébreu seraphim veut donc dire littéralement « les
brûlants ». Leur nom signifie chaleur et lumière : ils sont enflammés de l'amour
de Dieu au plus haut degré, « Car notre Dieu est un feu dévorant » (He 12 ; 29) ;
leur qualité principale est l'amour.
Ils apparaissent dans la vision d’Isaïe, où leur chant de louange est à l'origine
du Sanctus :
« Dans l’année où mourut le roi Ozias, moi, cependant, je vis le Seigneur, siégeant
sur un trône haut et élevé, et les pans de son vêtement remplissaient le temple. Des
séraphins se tenaient au-dessus de lui. Chacun avait six ailes. Avec deux il tenait sa
face couverte, et avec deux il tenait ses pieds couverts, et avec deux il volait. Et
celui-ci appelait celui-là et disait : “Saint, saint, saint est l’Éternel des armées. Toute
la terre est pleine de sa gloire.” » (Is 6:1-7)
Leur couleur symbolique est le rouge, visages et ailes. Les ailes, au nombre
de six, couvrent entièrement le corps. On leur met en main une épée
flamboyante ou des flammes, et chez les Byzantins, un double flabellum avec
l'inscription : "Saint, saint, saint" ; au tombeau de saint Pierre de Vérone, à
Milan (1338), ils tiennent un chandelier allumé16.
Chérubins[modifier | modifier le code]
Articles détaillés : Chérubin et Tétramorphe.
Saint Macaire avec un chérubin.

Les Chérubins constituent le huitième chœur de la hiérarchie céleste des


anges. Leur nom signifie sagesse et science : ils sont capables de montrer à
Dieu ceux qui doutent, et leur vertu est la science.
Le mot « chérubin » vient du latin ecclésiastique cherub (pluriel cherubin),
transcription de l'hébreu ‫כרוב‬ (kerūb), pluriel ‫כרובים‬ (kerubīm). Mais le terme
serait d'origine assyrienne. Dans cette langue, « kéroub » ou « karibu »
signifierait « celui qui prie » ou « celui qui communique »17.
Le Chérubin tétramorphe de la vision d'Ézéchiel. Délinéation d'une mosaïque du Monastère de
Vatopedi.

On retrouve des Chérubins à de nombreux passages dans la Bible, mais leur


description n'est pas cohérente d'un passage à l'autre. Dans le livre de la
Genèse, ce sont eux qui gardent l'entrée du jardin d'Éden18, « avec une épée
flamboyante tournoyant en tous sens». Dans le livre de l'Exode 19, ils ont pour
fonction de protéger l'Arche d'alliance, et n'ont que deux ailes. C'est dans
cette position qu'on les retrouve probablement dans le Livre des Nombres20,
puis dans le Livre des Rois21. Cependant, le livre de l'Apocalypse leur donne
six ailes, comme les Séraphins22.
Les chérubins sont au centre de la vision d'Ézéchiel23, où ils semblent avoir
une anatomie compliquée :
« Je regardai et je vis quatre roues à côté des chérubins, une roue à côté de chacun
d’eux. Elles avaient l’éclat de la chrysolithe. Toutes les quatre étaient pareilles et
paraissaient imbriquées au milieu l’une de l’autre. Elles pouvaient donc se déplacer
dans les quatre directions sans se tourner ; en effet, elles allaient du côté vers lequel
se tournait la tête, sans pivoter dans leur mouvement. Tout le corps des chérubins,
leurs dos et leurs mains, leurs ailes et les roues, étaient couverts d’yeux tout autour.
Chacun des quatre avait sa roue. J’entendis qu’on donnait à ces roues le nom de
tourbillon. Chacun des êtres vivants avait quatre faces. Les premières faces étaient
des faces de chérubin, les deuxièmes des faces d’homme, les troisièmes des faces
de lion et les quatrièmes des faces d’aigle. »
Les yeux correspondant ici à la science, les roues à la mobilité de leur
esprit, qui peut examiner chaque aspect de la nature des choses. Les
quatre faces ont plus tard été adoptées comme symbole des quatre
évangélistes, le Tétramorphe, suivant la vision donnée dans le livre de
l'Apocalypse : « Au milieu du trône et autour du trône, il y a quatre êtres
vivants remplis d’yeux devant et derrière. Le premier être vivant est
semblable à un lion, le second être vivant est semblable à un veau, le
troisième être vivant a la face d’un homme, et le quatrième être vivant est
semblable à un aigle qui vole. »24
Anges de la doctrine, les Chérubins ont six ailes, entourant une tête seule,
sans corps apparent (contrairement aux Séraphins) ; le tout est bleu16.
Le vitrail de saint Apollinaire à Chartres les représente de manière
atypique avec trois paires d'ailes et un corps. Dans l'iconographie
chrétienne du Moyen Âge, ils sont parfois représentés avec deux paires
d'ailes bleues25,26, contrairement aux séraphins dotés de trois paires d'ailes
rouges. La principale caractéristique permettant de les identifier est que
les ailes ou le corps sont couverts d'yeux.
Le chérubin ne doit pas être confondu avec ce que le langage courant
appelle "Chérubin", qui est un Putto : un angelot nu et ailé dans les
représentations artistiques, souvent assimilé également à Cupidon.
Trônes[modifier | modifier le code]
Article détaillé : Trônes (hiérarchie angélique).
Trônes présentant une mandorle. Baptistère de la Cathédrale Santa Maria del
Fiore, Florence.

Les Trônes forment le septième chœur de la hiérarchie céleste. Ils


personnifient la justice et l'autorité de Dieu. D'après Deny l'Aeropagyte, ils
sont complètement sourds à toute tentation humaine et ont le privilège de
servir de siège à Dieu et de fondation au monde, d'où leur désignation. Ils
exercent la justice divine pour organiser le monde matériel et y inspirer les
représentants de l'ordre. Le terme de « justice » ne doit pas être compris
ici en termes de droit, mais plutôt en termes de cohérence entre la réalité
et le plan divin : il s'agit plus de justesse que de justice au sens commun
du terme.

Cathédrale de Chartres, vitrail de saint Apollinaire : Trône avec sceptre et mandorle.

De nombreux passages bibliques évoquent le trône de Dieu, dont ils sont


l'incarnation, mais sans désigner spécialement un ordre angélique : « Car
c’est en lui qu’ont été créées toutes choses dans les cieux comme sur la
terre, les visibles, les invisibles, les Trônes et les Seigneuries, les
Autorités, les Puissances. »27
Ils sont parfois assimilés aux vingt-quatre Anciens du livre de
l'Apocalypse, qui sont attentifs à la volonté de Dieu et lui présentent les
prières des hommes :
« Autour du trône je vis vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre vieillards
assis, revêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or. [...] les
vingt-quatre vieillards se prosternent devant celui qui est assis sur le trône, ils
adorent celui qui vit aux siècles des siècles, et ils jettent leurs couronnes devant le
trône, en disant : Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire,
l’honneur et la puissance ; car tu as créé toutes choses, et c’est par ta volonté
qu’elles existent et qu’elles ont été créées. »28
Ils sont parfois aussi identifiés aux roues vivantes du char de Dieu16,
suivant la vision de Daniel : « son trône était comme des flammes de
feu, et les roues comme un feu ardent »29. Ces mêmes roues
apparaissent associées aux chérubins de la vision d'Ézéchiel23, et la
tradition juive leur donne alors le nom de Ophanim.
Ils n'ont pas d'attribut iconographique très fixé. Ils peuvent porter
une couronne ou un sceptre, symbole de la royauté qu'ils
représentent, et être associés à une mandorle, symbole du lien qu'ils
établissent entre l'ordre céleste et l'ordre terrestre. Dans la statuaire
de Chartres, le Trône a six ailes ocellées et est debout sur une roue ;
à Milan, il a l'épée et Dieu dans une auréole16.
Hiérarchie du second degré[modifier | modifier le code]
La triade intermédiaire a pour fonction de frayer un passage à la
lumière divine15. Elle comprend les Puissances, les Vertus et les
Dominations. Ces trois ordres correspondent aux différentes aides que
Dieu fournit aux hommes pour sa progression spirituelle.
L’idée de gouvernement renferme trois choses. La première, c’est la détermination
des œuvres qu’il faut accomplir, et cela relève en propre des Dominations. La
deuxième consiste à donner la faculté nécessaire pour pouvoir agir ; cela appartient
aux Vertus. La troisième consiste à régler de quelle manière les directives données
pourront être accomplies par ceux que cela regarde ; c’est l’office des Puissances30.
Dominations[modifier | modifier le code]

Cathédrale de Chartres, vitrail de saint Apollinaire : Dominations portant couronne et


sceptre.

Les Dominations (Eph. 1:21; Col. 1:16) transmettent aux entités


inférieures les commandements de Dieu. Elles sont libérées des
passions, des dépravations et des tentations. D’après Denys, « les
Saintes Écritures appellent Dominations les esprits plus élevés en
dignité qui communiquent aux ordres inférieurs les dons de Dieu ».
Leur nom vient du latin dominationes, qui traduit le grec kyriotētes,
ceux qui dominent, les Dominants, les Seigneurs.

Pour la Somme théologique, Selon Denys, le nom de Domination signifie d’abord une


liberté exempte de la condition servile et de la sujétion quotidienne à laquelle le
peuple est astreint, et de l’oppression tyrannique dont les grands eux-mêmes
souffrent parfois. Puis ce nom signifie encore « un gouvernement ferme et inflexible
qui n’est incliné à aucun acte servile ni à aucun de ces actes qu’entraîne la sujétion
ou l’oppression causée par le tyran. » En troisième lieu enfin, ce nom signifie « le
désir et la participation de la véritable souveraineté qui est en Dieu. »
Les Dominations sont traditionnellement figurées comme des
êtres de forme humaine, à la beauté angélique et dotées d'une
paire d'aile ; on les distingue des autres ordres par des attributs
princiers, un orbe de lumière ornant l’extrémité de
leur sceptre ou le pommeau de leur épée. Les Dominations,
chez les Grecs, ont pour attributs : une aube, une ceinture d'or
et une étole verte ; une baguette d'or ou un sceptre terminé par
une croix et le sceau de Dieu, inscrit à son nom. À Chartres, le
vitrail du XIII  siècle les habille richement, tunique et manteau, et
e

leur donne, comme aux rois, le sceptre et la couronne ; à Milan,


elles ont le sceptre et le globe16.
Vertus[modifier | modifier le code]
Baptistère de la basilique de Florence : les Vertus chassant les démons.

Les Vertus symbolisent la force et la vigueur durant un projet


entrepris. Elles récompensent le chercheur en phase avec ses
objectifs et qui ira au bout de sa démarche. On les invoque
pour se redonner force et courage.
Le mot vertu peut revêtir une double signification : ou bien une signification commune
en tant que la vertu est intermédiaire entre l’essence et l’opération ; sous ce rapport,
tous les esprits célestes sont appelés vertus célestes aussi bien qu’essences
célestes. - Ou bien le mot vertu comporte, dans sa signification, un certain excès de
force, et sous ce rapport il est le nom propre d’un ordre angélique. C’est pourquoi
Denys écrit que " le nom de vertu signifie une certaine force héroïque et inébranlable
", soit pour accomplir toutes les opérations divines qui conviennent aux anges de cet
ordre, soit pour recevoir les choses divines. Autrement dit, il signifie que ces esprits
abordent sans crainte les choses divines qui les regardent, et cela relève
précisément de la force d’âme.
Leur nom grec dans Ep 1:21 vient de la
racine dynamis (pl. dynameis), qui évoque dont l'idée de
force, qui est également traduit par "Vertu" ou "Puissance".
La Somme théologique les désigne sous le terme de
"vertus".
Ces anges sont ceux qui accomplissent les signes et
miracles dans le monde14.
Les Vertus se confondent pour les attributs avec les
Dominations. La baguette leur convient, comme à Moïse,
car ce sont elles qui opèrent les miracles et les prodiges,
dit Isidore de Séville ; à Milan, elles tendent les mains vers
le ciel, pour signifier que Dieu seul opère par elles des
miracles16
Puissances[modifier | modifier le code]

Baptistère de la Cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence : Les


Puissances.

Les Puissances, quatrième chœur de la hiérarchie céleste,


travaillent essentiellement à maintenir l'ordre divin et lutter
contre les démons15,14.
Le nom de Puissance désigne un certain ordre établi, selon
le mot de l’Apôtre (Rm 13, 2) : " Celui qui résiste à la
puissance résiste à l’ordre établi par Dieu. " Ce qui fait dire
à Denys que le nom de Puissance désigne un certain ordre
établi concernant soit la réception des choses divines, soit
les actions divines que les esprits supérieurs exercent sur
les inférieurs pour les élever à Dieu. - À l’ordre des
Puissances revient donc de régler ce que les sujets qui leur
sont soumis doivent exécuter.
Le terme grec qui les désigne dans Eph 3:10 est exousiai,
pluriel de exousia14, traduit en latin par potestas (f),
pl. potestates.
Ces anges sont généralement représentés comme des
soldats portant une armure et un casque, et dotés d'armes
tant offensives que défensives — boucliers et lances, et
chaînes rappelant leur fonction d'enchaîner les démons.
Leurs attributs consistent dans l'aube, la baguette d'or, le
sceau de Dieu et le sceptre, ce qui ne les différencie pas
suffisamment ; à Milan, leur poing fermé indique le combat
et la victoire est exprimée par le démon qu'elles foulent aux
pieds16.
Hiérarchie du troisième degré[modifier | modifier le
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Elle représente Dieu dans son action au-dehors : sage
gouvernement, sublimes révélations, constants
témoignages de bonté. Elle échappe à la raison humaine,
seule la sainteté permet de les percevoir.

Baptistère de la basilique de Florence : Anges messagers.

Les Principautés dirigent et éclairent les anges et


archanges. Leur mission consiste à faire régner un certain
ordre sur la Terre par leur intervention céleste. Elles sont
gardiennes du secret divin et veillent à son bon emploi. Les
Principautés, chez les Byzantins, se reconnaissent à leurs
armes, hache ou javelot ; à leur costume de guerrier ; à un
lis fleuri et au sceau de Dieu. À Chartres, leurs attributs
sont : l'aube, la dalmatique et l'évangéliaire, car dit
saint Isidore de Séville, elles sont établies « ad explenda
Dei ministeria quae facere subjecti debeant » et à ce titre
on les assimile aux diacres. Milan leur met en main un
rocher, surmonté d'un château fort16.
Les Archanges sont les messagers extraordinaires de Dieu
auprès des hommes. Saint Thomas d'Aquin place trois
archanges ici : saint Michel, saint Gabriel et saint Raphaël.
Cette tradition est reprise par le Magistère de l'Église
Catholique Romaine. Le mot Archange (ἀρχάγγελος,
arkhággelos) signifie en grec « dirigeant des anges », αρχι-
(archí-) étant un préfixe désignant celui qui dirige. Ceux qui
annoncent des nouvelles ordinaires sont des anges, mais
ceux qui annoncent de grands événements sont des
archanges. Ce sont eux qui dirigent les anges et leurs
assignent leurs tâches quotidiennes14. Les Archanges ont le
costume militaire, tunique et manteau, glaive, lance et
bouclier ; les Grecs y ajoutent le sceau de Dieu. À Milan, le
phylactère dénote qu'ils sont des messagers célestes et
parlent au nom de Dieu16.
Les Anges sont ainsi appelés parce qu'ils sont envoyés du
ciel pour annoncer des choses aux hommes, le mot grec
ἄγγελος (ángelos) signifiant messager14.

Évolution ultérieure[modifier | modifier le code]


Apothéose de Thomas d'Aquin, le Docteur Angélique (France, XVII )e

Une transformation de la Mysique : François d'Assise et le Séraphin


(Maestro di San Francesco Bardi, 1240-1250)
Une angélologie contemporaine (Jedermann, 2014)

Dans la théologie[modifier | modifier le code]


Chez les Pères latins, Augustin d'Hippone s'était
essentiellement intéressé au mode de connaissance
angélique, et Grégoire le Grand avait repris la
systématisation de Denys, en n'y apportant que quelques
modifications (il intervertit principautés et vertus)8. À leur
suite, les théologiens médiévaux ne remettront pas en
question les hiérarchies dyonisiennes, qui leur sont
parvenues via les traductions de Jean Scot Érigène, mais à
partir du XII  siècle, les maîtres de la scolastique auront
e

tendance à négliger l'aspect mystique de l'angélologie, pour


se focaliser sur l'aspect intellectuel et même noétique des
Intelligences séparées (sous l'influence de l'aristotélisme).
L'intérêt pour la hiérarchie céleste en tant que telle, tend
donc à s'estomper, à deux notables exceptions près : d'une
part, Albert le Grand réserve aux anges, parmi les
Intelligences séparées, la transmission de la lumière de
grâce, et rapproche l'illumination immédiate du séraphin, de
l'illumination de l'homme dans la vision béatifique; d'autre
part, Bonaventure de Bagnoregio applique à l'âme humaine
les opérations de la hiérarchie, en ce sens qu'illuminée par
la sagesse divine, elle parcourt désormais les trois voies
successives de la purification, de l'illumination et de l'union,
non sans l'aide d'un ange qui lève les obstacles sur cet
itinéraire. L'attention théologique se déplace donc de l'ange
vers l'humain : non seulement l'étude de la nature
angélique sert principalement à spéculer sur les
potentialités de l'âme en général, mais les prérogatives
naturelles de la hiérarchie céleste sont radicalement
remises en question dans un discours où l'accent est porté
sur la nécessité et l'universalité de la grâce divine pour
toutes les créatures. Ainsi, selon Thomas d'Aquin, les
anges étant rigoureusement incorporels, ils ne peuvent être
classés par genre, et chacun est unique de son espèce, de
sorte qu'aucune hiérarchie essentielle ne peut être
déterminée entre eux : dans ces conditions, l'esprit humain
doit se contenter de reconnaître un certain ordre mutuel, en
fonction de l'éminence de telle grâce reçue31.
Dans la spiritualité[modifier | modifier le code]
Parallèlement à cette évolution théologique, la piété
médiévale a favorisé une individualisation des anges :
dévotion à saint Michel Archange ou à l'ange
gardien personnel. De plus, même si, dans la Mystique
rhénane, l'ange représente encore à la fois un guide et un
degré spirituels, il n'en demeure pas moins que, vers la fin
du Moyen Âge, la fonction angélique tend à s'amenuiser au
sein de nouvelles formes d'expérience mystique, où
l'essentiel consiste désormais à communier à la Passion du
Christ, et non plus à recevoir les irradiations de la lumière
céleste. Alors qu'en Orient, avec Grégoire
Palamas particulièrement, la théorie des énergies incréées
continue à garantir aux anges un rôle de premier plan dans
le processus de déification, en Occident, au contraire, la
notion de stratification angélique ne passe pas le cap d'une
Modernité marquée par le nominalisme (rejet
des Universaux et des sphères intermédiaires),
l'humanisme (centralité de l'humain) et
l'individualisme (affirmation d'une identité irréductible)32. À
partir du XV  siècle approximativement, sans que pour
e

autant l'expression disparaisse des manuels, la hiérarchie


céleste ne joue plus aucun rôle structurant, ni dans la
théologie ni dans la mystique. Elle trouvera cependant
refuge dans la marginalité de certains
systèmes théosophiques du XVII  siècle, et ce sous
e

l'influence de la Kabbale. Ainsi, chez Jakob Böhme, les


hiérarchies angéliques expriment le dynamisme de la
nature divine et reproduisent le modèle de la Trinité, tandis
que chez Angelus Silesius, elles permettent de scander les
étapes spirituelles, au terme desquelles l'ange doit toutefois
être dépassé, au bénéfice d'un face à face entre l'humain et
la déité33. Plus modestement, dans l'histoire de la spiritualité
en général, la théorie bonaventurienne des trois voies
constituera un instrument durable pour l'analyse et la
vérification de la vie intérieure.

Situation actuelle[modifier | modifier le code]


Contrairement à la tradition orthodoxe, moins marquée par
le personnalisme moderne, l'enseignement catholique
contemporain se situe dans le prolongement de l'évolution
qui vient d'être décrite. L'expression de hiérarchie céleste
fait désormais exclusivement référence à l'œuvre historique
du Pseudo-Denys. Ainsi, au niveau
du magistère ordinaire, Jean-Paul II a évité d'employer
cette expression, préférant évoquer, à propos des anges,
un ensemble d'êtres personnels, porteurs d'un nom tantôt
personnalisé tantôt collectif, et regroupés en chœurs34.
Même écho du côté d'un historien du gnosticisme : par
rapport à la révélation chrétienne, la hiérarchie
dyonisienne est tout à fait accessoire et n'est nullement un
objet de foi35. D'autre part, concernant l'angélologie, Anselm
Grün, spécialiste de la spiritualité, dresse un bilan
contrasté : désintérêt des théologiens actuels mais
engouement d'un public friand d'ésotérisme. Dans la
perspective d'une psychologie des profondeurs,
le bénédictin allemand préconise donc la redécouverte de
l'ange gardien personnalisé, figure biblique de médiation,
par laquelle Dieu manifeste sa présence agissante. Nulle
mention d'une quelconque stratification angélique, mais
reprise du vocabulaire des énergies, transposé dans le
domaine du psychisme, où, par le moyen des anges, Dieu
se sert des énergies qu'il a créées36.

Voir aussi[modifier | modifier le code]


Bibliographie[modifier | modifier le code]
 Jean Daniélou, Les anges et leur mission, coll. Irenikon,
éditions de Chevetogne, 1953.
 Philippe Faure, Les anges, coll. Bref, éditions du Cerf, 1988.
 Pseudo-Denys l'Aréopagite, Œuvres complètes, traduction,
commentaires et notes par Maurice de Gandillac, coll.
« Bibliothèque philosophique », éditions Aubier, 1943.
 Hervé Roullet, Les esprits célestes, Roullet Hervé, Dif. AVM,
2020.
Articles connexes[modifier | modifier le code]
 Ange
 Séraphin (Bible)
 Chérubin
 Trônes (hiérarchie angélique)
 Dominations
 Principautés
 Puissances
 Vertus (hiérarchie angélique)
 Archange
 Pseudo-Denys l'Aréopagite
 Vitrail de saint Apollinaire
Liens externes[modifier | modifier le code]
Sur les autres projets Wikimedia :
 Hiérarchie céleste, sur Wikimedia Commons

 Pseudo-Denys, La hiérarchie céleste [archive]


 Encyclopédie catholique, Article Ange [archive], Parent-
Desbarres, 1840.
 La dévotion aux neuf chœurs des saints anges [archive],
Boudon, Lyon Perisse frères, 1832 (Lire en ligne [archive]).

Notes et références[modifier | modifier le code]


1. ↑ Bréviaire Romain, au IIe nocturne de la fête de Saint Michel [archive],
IV Leçon.
2. ↑ La théologie de Saint Paul [archive], Ferdinand Prat, Éditions
Beauchesne, 1923.
3. ↑ G. Jeanguenin, Les anges existent  !, Paris, Salvator, 2005, p. 53-55.
4. ↑ Y. De Andia, Pseudo-Denys, in Dictionnaire critique de théologie,
Paris, Presses Universitaires de France, 2007, p. 1156, col. 2
- p. 1160, col. 2.
5. ↑ Ph. Faure, Les anges, coll. Bref, Éditions du Cerf, 1988, p. 39.
6. ↑ Revenir plus haut en :a et b Y. De Andia, Pseudo-Denys, in Dictionnaire critique
de théologie, Paris, Presses Universitaires de France, 2007, p. 1157,
col. 2.
7. ↑ Jamblique, Les mystères d'Égypte, II, 3-11. Proclos, Théologie
platonicienne, III, 27.
8. ↑ Revenir plus haut en :a et b Ph. Faure, Les anges, coll. Bref, Éditions du Cerf,
1988, p. 42-43.
9. ↑ J. Daniélou, Les anges et leur mission, coll. Irenikon, Éditions de
Chevetogne, 1953, p. 111-126.
10. ↑ W. Beinert, Hiérarchie, p. 640, col. 2 - p. 641, col.2, in Dictionnaire
critique de théologie, Paris, Presses Universitaires de France,
2007, p. 640, col. 2.
11. ↑ Y. De Andia, Pseudo-Denys, in Dictionnaire critique de théologie,
Paris, Presses Universitaires de France, 2007, p. 1158, col. 1.
12. ↑ Ph. Faure, Les anges, coll. Bref, Éditions du Cerf, 1988, p. 49.
13. ↑ (Ps 79/80 : 2) [archive]
14. ↑ Revenir plus haut en :a b c d e et f Isidore of Seville: Etymologies [archive]
15. ↑ Revenir plus haut en :a b et c Saint Apolinnaire [archive], vitrail 36, La Cathédrale
de Chartres [archive].
16. ↑ Revenir plus haut en :a b c d e f g h et i Traité d'iconographie chrétienne, Barbier de
Montault — Tome 1 [archive] et tome 2 [archive] ; Société de librairie
ecclésiastique et religieuse, Paris 1898.
17. ↑ Sophy Burnham, Le Livre des Anges, Alleur, Marabout,
1994 (ISBN 2-501-02182-7).
18. ↑ Ge 3:24 [archive]
19. ↑ Ex 25:18-22 [archive]
20. ↑ Nb 7:89 [archive]
21. ↑ 1R 6:23-36 [archive]
22. ↑ (Ap 4:8) [archive]
23. ↑ Revenir plus haut en :a et b (Ez 10:9-17) [archive]
24. ↑ (Ap 4:6-7) [archive]
25. ↑ Marcel Joseph Bulteau, Monographie de la cathédrale de Chartres,
volume 2, éd. R. Selleret, 1891, p. 312.
26. ↑ Florent Wolff, Anges et verticalités : La voie rêvée des anges,
Université de Montréal, 2003
27. ↑ dans Colossiens 1:16 [archive]
28. ↑ (Ap 4:4,10-11) [archive].
29. ↑ (Dan 7:9) [archive]
30. ↑ Thomas d'Aquin, Somme théologique, Article 6 : Les rapports des
différents ordres entre eux.
31. ↑ E.-H. Weber, Anges, p. 52, col. 1 - p. 55, col. 2, in Dictionnaire
critique de théologie, Paris, Presses Universitaires de France,
2007, p. 54, col. 1-2.
32. ↑ Ph. Faure, Les anges, coll. Bref, Éditions du Cerf, 1988, p. 54-55.
33. ↑ Ph. Faure, Les anges, coll. Bref, Éditions du Cerf, 1988, p. 65-66.
34. ↑ G. Jeanguenin, Les anges existent  !, Paris, Salvator, 2005, p. 56.
35. ↑ R. Hureaux, Gnose et gnostiques, des origines à nos jours, Paris,
Desclée De Brouwer, 2015, p. 100.
36. ↑ A. Grün, Chacun cherche son ange, Paris, Albin Michel, 2000, p. 16.

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