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ae WA 421 D. Dangoisse Les lasers Cours et exercices corrigés 3° édition DUNOD Ilustration de couverture : Laser organique solide en cavité externe, pompé dans l'ultra- violet (355 nm, 10 Hz) et émettant dans l’orange (molécules de Pyrrométhene, accordable autour de 590 nm). Crédit : Sébastien Forget, Laboratoire de Physique des Lasers, Université Paris 13/CNRS. le picogramme qui figure c-conre denséignement spéiaur,provoquan une mmérie une explicabon. Son objet est boise bridle des achos delves et de ote lef ener que rows pon aap rep repeésente pour aver deer, les aueus de créer des Paticiremont dacle domaine (ANGER) novelas ols ie Gir co et ion technique vt ‘econ eu nanocie tore le déwsoppenent moi @ Nout roppelon done que love photocopies repredocion, petele ou tae, {Code de propria: ar fa présente publcon ot ‘uals du 1* jlle 1992 inet |iERAMPOALME | inerdie sans ovrisaion de cen ef expcesémentlapholoco- TUE LELIVRE) Hauler, de son éditour ov du pie 8 uioge coli sans autor Cente frangois explain du tation des oyants rot. Or, cee pecique rit de copie (CFC, 20, rue des Sest génralisée dans ls @obssemenis Grands-Augusins, 75006 Paris) © Dunod, Paris, 2013 ISBN 978-2-10-059051-3 le Code de la propriété intelleciuelle n‘outorsant, ux termes de aricle 122.5, 2° et 3° ol, diune part, que les « copies ou reproductions stictement réservées &I'usage privé du copiste et non destinges & une utlisation collective » «1, d’aure part, que les analyses et les couries citations dons un but d’exemple et illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consenlement de auteur ou de ses oyans droit ov ayonls cause est illite » for. L. 1224), Catt représentation ov reproduction, por quelque procédé que ce soit, constive- rait done une contrefogon sanclionnée par les orticles L. 3352 et suivants du Code de la propriété inelecivele. (© uno. Toute reproduction non autorsé et unde. REMERCIEMENTS Cet ouvrage a bénéficié du concours de nombreux collégues et étudiants. Nous remercions tout particulitrement R. Bocquet, G. Bouwmans, J.M. Brunnetaud, A. Deffontaine, J.C Garreau, P. Glorieux, P. Niay et J. Ringot. Cette troisigme édition a pu étre réalisée grace A I’aide précieuse de S. Biewlaski, S. Forget, S. Randoux, A, Savoia et a la collaboration renouvelée de G. Bouwmans. Qu’ils trouyent ici l’ex- pression de toute notre reconnaissance ! (© Dunod. Toute reproduction non autorsé et und. CONSEILS DE LECTURE Il est totalement impossible de réussir une description exhaustive du laser dans un livre d’environ trois cents pages. Ce constat nous a conduits & un effort de sélection, de hiérarchisation et de structuration de information au risque d’étre incomplet voire superficiel ou de manquer de rigueur scientifique. Ce livre est occasion d’une pre- mire approche du laser. II est congu pour permettre au lecteur d’aborder ensuite la lecture d’ouvrages plus complets et d’un niveau plus élevé. Ce livre est composé de huit chapitres. Les quatre premiers, sont consacrés aux fondements ainsi qu’aux notions de la physique des lasers. Le chapitre 1 expose les principes de base du laser et en donne une modélisation dans le cadre d’ une approche phénoménologique. Le chapitre 2 décrit la structure du faisceau laser en terme des modes gaussiens. Les cavités et la notion de modes propres associée sont développées dans un 3éme chapitre. Le chapitre 4 compléte la description des lasers entreprise au chapitre 1 et développe ce qu’on appelle la théorie semi-classique du laser ; il peut pa- raitre plus difficile pour le lecteur qui n’est pas familier avec la mécanique quantique. Une introduction & optique non linéaire, champ d’application extrémement impor- tant des lasers, est présentée dans le chapitre 5. Le chapitre 6 porte sur étude des régimes dynamiques des lasers : régimes transitoires, impulsionnels, en modes syn- chronisés ou encore injectés. La présentation des principaux lasers d’ usage actuel est donnée au chapitre 7. Le chapitre 8 donne un bref apergu des différentes applications des lasers. Chaque chapitre comporte deux parties distinctes : un texte principal suivi d’une série de compléments. © Les notions de base font objet du texte principal. Elles sont développées dans un cadre qui se veut accessible & un étudiant de deuxiéme ou troisi¢me cycle univer- sitaire. Le texte principal est indépendant des compléments. Remarque Les remarques rédigées en petits caractéres peuvent @tre ignorées en premigre lecture. © Les compléments sont de différents types. Certains ont pour objectif ’ approfon- dir des notions ou calculs abordés de maniére plus intuitive dans le texte princi- pal. D’autres, plus indépendants du texte principal, apportent des informations dé- taillées sur un sujet précis. Ces compléments présentent des niveaux de difficulté variés. Ils ne sont pas indispensables en premiére lecture et restent indépendants vil Les lasers entre eux. Chaque chapitre (excepté les chapitres 7 et 8) se termine par des exer- cices. Les solutions sont données en fin d’ ouvrage. Le lecteur trouvera en fin du livre deux index. Le premier renferme les constantes physiques utilisées dans cet ouvrage et définit les variables qui apparaissent régulid- rement dans le texte. Le deuxitme index, sous une forme standard, reprend les mots clés rencontrés en physique des lasers. vit (© Dunod. Toute reproduction non autorsé et und. TABLE DES MATIERES Remerciements Conseils de lecture Introduction Chapitre 1. Principes de base et modélisation 1.1. Interaction matiére-rayonnement 1.2. Modélisation du laser a deux niveaux 1.3. Conclusion Compléments A Coefficients d'Einstein B Laser a trois niveaux C Laser a quatre niveaux D Equations réduites du laser E Stabilité des régimes stationnaires du laser Exercices Chapitre 2. Faisceaux gaussiens 2.1 Propagation d'un rayon lumineux : les matrices ABCD 2.2 Equations de Maxwell 2.3. Faisceaux gaussiens 2.4. Propagation d'un faisceau gaussien Complements A Quelques exemples de matrices ABCD B Transformation des faisceaux gaussiens par une lentille mince Exercices Chapitre 3. Les cavités 3.1, Résonateur de Perot-Fabry 3.2 Stabilité des résonateurs avec miroirs sphériques 3.3 Modes propres de cavité 3.4 Pertes dans un résonateur ouvert 3.5. Conclusion Complements A Cavité en anneau B Les cavités guide d’onde C Optimisation du couplage vers I'extérieur Exercices vu xi 16 16 16 19 23 25 26 29 33 33 36 39 48 53 53 57 59 65 66 69 74 80 84 84 84 86 88 89 Les lasers Chapitre 4, Théorie semi-classique du laser 93 4.1 Interaction matigre-rayonnement 93 4.2 Equations de Maxwell-Bloch 102 4.3 Forme de raie 110 4.4 Résumé 115 Complements V7 A Modéle de I'électron élastiquement lié 17 B Equations de Bloch du laser 118 C Classification des différents lasers 121 D_ Lamb dip 122 E Solutions stationnaires du laser 123 F Largeur de Schawlow-Townes 126 Exercices 128 Chapitre 5. Optique non linéaire 131 5.1 Polarisation non linéaire 133 5.2. Mélange a trois ondes 140 5.3 Mélange a quatre ondes 151 5.4 La diffusion stimulée 152 Complements 157 A Oscillateur forcé dans un potentiel anharmonique 157 B_ Accord de phase par biréfringence 159 C Conversion paramétrique de fréquence 162 D Effet Pockels 163 E — Modfle classique de diffusion Raman 165 F — Modale classique de diffusion Brillouin 167 Exerci 172 Chapitre 6. Comportement dynamique des lasers 179 6.1 Comportement dynamique intrinséque 180 6.2 Modulation des paramétres du laser 186 6.3. Impulsions courtes et ultracourtes 195 6.4 Laser a signal injecté 202 Compléments 205 A Le chaos déterministe 205 B Laser a absorbant saturable 208 C Laser bimode 212 D__ Notion de dispersion de vitesse de groupe 215 E Localisation temps-fréquence d'une impulsion lumineuse gaussienne 218 F Propagation d'une impulsion gaussienne dans un milieu dispersif linéaire 219 Exercices 223 Chapitre 7. Principaux lasers 225 7.1 Lasers a semi-conducteur 226 7.2 Autres lasers 234 Compléments 251 A Bandes d’énergie dans un semi-conducteur 251 B_ Dopage dun semi-conducteur 256 Table des matiéres Chapitre 8, Quelques applications des lasers 259 8.1 Directivité 260 8.2. Focalisation 269 8.3 Monochromaticité 278 8.4 Puissance 288 8.5 Cohérence 294 Complements 299 A Sécurité laser 299 B__ Balayage d'un faisceau 301 Solutions des exercices 303 Bibliographie 317 Index des notations 319 Index 323 3 2 3 E 3 x! © Dunod. Toute reproduction non auorsée est un dé, INTRODUCTION Le laser s’est peu A peu imposé dans notre vie sans que nous en soyons forcément conscients. Incontournable dans la fabrication d’objets aussi divers que les smart- phones, les écrans LCD, les cellules photovoltaiques ou I’ Airbus A380, il est tout aussi indispensable au fonctionnement ’Internet et joue un rdle crucial en méde- cine. Toute ’industrie du numérique ~ musique, vidéo, informatique — repose sur les lasers. De plus en plus utilisé pour l’analyse des matériaux, on le trouve dans les la- boratoires de police scientifique, dans les usines de I’ agroalimentaire, ou méme sur Mars ! En 2007, plus de 800 millions de lasers ont été fabriqués dans le monde. Si cette production a ensuite stagné pendant quelques années, elle est repartie & la hausse ds 2011, et on peut parier que le seuil du milliard de lasers vendus tous les ans sera dépassé vers 2015. Il s’agit pour I’essentiel de lasers 4 semi-conducteur : moins de 200000 autres lasers, notamment des lasers a gaz, des lasers a fibre et des lasers a état solide, sont fabriqués chaque année. Malgré cette production massive, le laser fait encore I’ objet de recherches intenses, pour atteindre des puissances plus élevées, des impulsions plus courtes, des caracté- ristiques spectrales meilleures, des rendements plus importants, ou tout simplement de nouvelles longueurs d’onde. Par exemple, en 2012, I’un des plus importants cha- lenges de la recherche industrielle dans le domaine des lasers a été la réalisation d’un laser semi-conducteur émettant dans le vert. L’objectif est de compléter les lasers bleus et rouges déja largement maitrisés, afin de produire des images vidéo couleur, et de réaliser ainsi des petits vidéoprojecteurs puissants. La conception de nouveaux lasers est done toujours d’actualité, et les questions que se posent aujourd'hui les chercheurs, ainsi que les problémes auxquels ils sont confrontés pour concevoir ces lasers, sont les mémes que ceux rencontrés par les pionniers de la discipline, il y a plus de 50 ans (fig. 1). La premiére brique : I'émission stimulée C'est le 16 mai 1960 qu’un chercheur américain, Theodore Maiman, réussit & pro- duire le premier rayon laser. Mais histoire du laser commence 43 ans plus tt avec Albert Einstein. Dans un article de 1917 intitulé « Zur Quantentheorie der Strah- Jung! », il donne une interprétation de la loi du rayonnement du corps noir de Planck. Pour résoudre ce probléme, il décrit les échanges d’énergie entre matiére et rayonne- ment par les processus connus a I’époque, c’est-a-dire I’émission spontanée et l’ab- sorption. Mais ces processus ne suffisent pas, et il a l'idée lumineuse d’ajouter un nouveau processus : I’émission stimulée. 1. Sur la théorie quantique du rayonnement. xi Les lasers 1917 1950 Poroou Horog 1 Albert Einstein Alfred Kastler Charles Townes émission stimulée pompage optique premier maser 7 E Gordon Gould C. Townes & A. Schawiow Theodore Maiman cavité Perot-Fabry Infrared and Optical Masers? premier laser ae Figure 1- Principales étapes de l'histoire des lasers. ' De gauche a droite sur la photo : A. Prokhorov, C. Townes et N. Basov. ? Sur la photo, A. Schawlow. L’émission stimulée est a la base du fonctionnement du laser. L’effet laser repose en effet sur interaction du milieu atomique avec le rayonnement électromagnétique : deux niveaux d’énergie E; et Er de Patome (E, < £2) sont couplés au rayonn ment de fréquence v = (E2 — E\)/h, par des processus incluant I’émission spontanée, Vabsorption et’ émission stimulée. Sil’on envoie un photon sur un atome excité dans le niveau d’ énergie Ep, celui-ci peut se désexciter en émettant un photon identique au photon incident. Ce processus apparait donc comme une machine a cloner les pho- tons. Si l'on est capable d’exciter un grand nombre d’atomes dans le niveau Ep, on peut produire un grand nombre de photons tous identiques, de méme fréquence, de méme direction, de méme phase. On obtient alors un faisceau de lumiére aux carac- téristiques trés particuligres : on parle de lumidre cohérente. La deuxiéme brique : l'inversion de population Mais pour obtenir cette lumiére cohérente, il faut exciter massivement les atomes. En fait, nous verrons qu’il faut que dans un échantillon, 1a population d’atomes excités devienne supérieure 4 la population d’atomes non excités. On appelle cela réaliser une inversion de population. C’est la découverte du pompage optique, en 1950, par le physicien francais Alfred Kastler, qui donne une premiére méthode pour réaliser cette inversion de population. Le pompage optique permet d’exciter un grand nombre d’atomes, et ouvre ainsi la porte la réalisation d’un rayonnement cohérent. xIV (© uno. Toute reproduction non autorsé et unde. Introduction Le maser Dés lors, deux groupes de physiciens se lancent dans la réalisation d’une source de lumitre cohérente, le maser. Ces deux groupes ne communiquent pas entre eux et travaillent indépendamment, pour la simple raison qu’ils sont de part et d’ autre du ri- deau de fer. Charles Townes, de l’université de Columbia, 4 New-York, affirme avoir eu Pidée du maser das 1951, mais ce n’est qu’en 1954 qu’il construisit le premier ma- ser avec deux de ses collaborateurs, J. P. Gordon et H. J. Zeiger. Ces résultats furent publiés en juillet 1954. Au contraire, & I’Institut de Physique Lebedev, & Moscou, Nikolay G. Basov et Aleksandr M. Prokhorov présentent publiquement le principe du maser dés 1952, lors d’une conférence organisée par I’ Académie des Sciences, A Moscou. Leurs résultats théoriques furent publiés en septembre 1954, et ils réali- strent leur premier maser en 1955. Maser est l’acronyme de Microwave Amplification by Stimulated Emission of Ra- diation, c’est-a-dire amplification d’un rayonnement micro-onde par émission stimu- ge, Le choix de travailler sur une source micro-onde est un héritage de la seconde guerre mondiale : les laboratoires de recherche ont fortement contribué au dévelop- pement des radars, un enjeu stratégique majeur pendant la guerre, Le matériel dans ce domaine de longueur d’onde ne manque donc pas dans les laboratoires... Quelle est l'idée de Townes, Basov et Prokhorov ? Utiliser I’émission stimulée pour produire de la lumitre cohérente, puis un dispositif pour amplifier ce rayonne- ment. Pour réaliser un maser, il faut done deux ingrédients : l’atome ou la molécule possédant deux niveaux d’énergie séparés par I’énergie correspondante & la longueur donde recherchée ; et un moyen d’ amplifier l’effet. Pour le premier point, les déve- loppements récents du domaine micro-onde fournissaient de nombreux candidats. Le premier maser fut un maser 4 ammoniac, mais de nombreux autres suivirent. Quant au second point, l'idée qui vient naturellement & l’esprit est la cavité résonante. Avec des longueurs donde 4 de ordre du cm, réaliser des cavités résonantes de 4/2 de cOté ne posait pas de probléme particulier. La troisiéme brique : la cavité Perot-Fabry Dés 1954, l’idée de faire un maser & des longueurs d’onde plus courtes, dans l'infra- rouge ou le visible, commenga a faire son chemin. Mais la réalisation est autrement plus complexe. En particulier, il n’est pas envisageable, & I’époque, de réaliser une cavité résonante d’une fraction de micrometres de c6té, II faut done trouver une nou- velle idée... Lasolution tarde & venir. Charles Townes en discute avec de nombreux chercheurs, en particulier dans sa propre université, 4 Manhattan, et avec ses collegues des Bell Laboratories, dans le New Jersey, 4 une quarantaine de kilometres de 1a. C’est fina- Iement Gordon Gould, doctorant & Columbia, qui trouve le premier 1a solution, en xv Les lasers novembre 1957. Conscient de l'importance de sa découverte, il la consigne dans son cahier de laboratoire, et confie ce cahier A un notaire, avec l'idée de la faire breveter ultérieurement. Puis il commence immédiatement & travailler ala réalisation d'un la- ser. Il abandonne sa thése et 'université de Columbia, qui interdit & ses chercheurs de travailler dans des domaines de sciences appliquées, et rejoint la société TRG, a Long Island. Pour financer ses recherches, il demande une subvention de 300.000 $ a l'ARPA?, une agence de la défense des Etats-Unis. Le contexte est particulitre- ment favorable, car on s'intéresse beaucoup, a I'époque, a la possibilité de réaliser des «rayons de la mort » popularisés par les bandes dessinées de Buck Rogers ou les films de science fiction. Enthousiasmée par la perspective de réaliser un tel « rayon de la mort », ! ARPA alloue 8 TRG un million de dollars, une somme trois fois plus importante que celle demandée ! Mais avec la condition expresse que G. Gould, qui milita dans un groupe marxiste dans sa jeunesse, ne soit que consultant sur ce projet, et n’en connaisse pas les détails. Cette condition cut probablement un gros impact sur Ie fait que TRG ne réalisa pas le premier laser. Car de son c6té, la communauté scientifique continue de chercher une solution. Quatre mois aprés G. Gould, en février 1958, Arthur Schawlow, un ami de Charles Townes, travaillant aux Bell Labs, trouve lui aussi la solution. A. Schawlow et C. Townes ne réagissent pas comme des « inventeurs », mais comme des chercheurs : ils approfondissent leur idée, écrivent un article et le soumettent 4 Physical Review, la plus prestigieuse revue de physique de I’époque. Leur article est publié en décembre 1958. Intitulé « Infrared and optical masers », il a un impact considérable sur la communauté scientifique. Quelle est cette solution? Dans son cahier de laboratoire, G. Gould intitule sa page : «Some rough calculations on the feasibility of the LASER : Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation’. » Puis autour d’un schéma dont la figure 2 s'est inspirée, il écrit : « Conceive a tube terminated by optically flat partially reflecting mirrors* ». C'est le principe de la cavité Perot-Fabry : piéger la lumiére selon une seule direction spatiale en lui faisant faire des allers-retours entre deux miroirs. On remarque aussi la premiére apparition de l'acronyme LASER. On sait done maintenant de quoi sera constitué un laser : d’une part, un milieu amplificateur qui génére le rayonnement par émission stimulée, et d’autre part, une cavité qui joue le role de « circuit » de réaction de I’ oscillateur. Le laser, contrairement ce que laisse entendre son nom, n’est done pas simplement un amplificateur, mais 2, Advanced Research Projects Agency, c'est-a-dire Agence pour les Projets de Recherche Avancée. L'ARPA est depuis devenue la DARPA, ot Ie D fait référence & la défense. 3. « Quelques calculs préliminaires sur la faisabilité d'un LASER : Amplification de la Lumiére par Emission Stimulée de Radiation ». 4, «Concevoir un tube fermé par des miroirs optiques plans partiellement réfléchissants » XVI © Duos. Toute eproducti Introduction poms Figure 2-Représentation mii JTL mii schématique d'un milieu oscillateur du domaine | amplificateur |B azceau optique. de sortie cavité bien un oscillateur du domaine optique’. Ce principe est illustré par la figure 2. La cavité est un filtre A bande étroite qui assure la réinjection « en phase » vers l’entrée de l’amplificateur d’une partie du signal amplifié. La course au laser Dés la parution de article de C. Townes et A Schawlow, démarre ce qu’on appelle alors la course au laser. Car il reste & trouver l’atome ou la molécule qui permettra d’obtenir un rayonnement cohérent dans le visible. Cette course dure prés d’un an et demi, et mobilise un grand nombre de laboratoires de la céte est des Etats-Unis. Mais c’est finalement un outsider, T. Maiman, chercheur aux Hughes Research La- boratories®, qui observe le premier faisceau laser, le 16 mai 1960. Theodore Maiman a’expérience des masers, notamment ceux fonetionnant avec des rubis. Et c’est avec ces mémes rubis qu’il réalise un petit laser qui tient dans la main. L’inversion de population est réalisée grace A un petit flash d’appareil photo, et le laser émet un faisceau pulsé rouge. Pour un laboratoire privé, une telle « premitre » est importante, mais avant toute annonce publique, T. Maiman doit publier ces résultats. L’article est soumis en juin a Physical Review Letters, une toute nouvelle revue qui publie les articles les plus marquants soumis & Physical Review. L’éditeur de cette revue passe A cété de l'im- portance de cette découverte, et refuse de publier l'article. T. Maiman soumet alors un résumé de 300 mots a la revue Nature, qui l’accepte. Mais les Hughes Research Laboratories ne veulent plus attendre pour annoncer la découverte, et ils organisent une conférence de presse le 7 juillet, un mois avant la parution de article de Nature. Les chercheurs des grands laboratoires de la céte est découvrent donc le laser dans un article qui fait la une du New York Times. Intitulé « Light Amplification claimed by Scientist », on y trouve notamment une soi-disant photo du laser de Maiman. Mais cette photo fournie par le photographe des Hughes Research Laboratories ne repré- 5, D’ailleurs, lors dune conférence en 1959, A. Schawlow fit remarquer avec humour que l’acronyme utilisé par G. Gould était impropre, et qu'il faudrait plutot utiliser l'acronyme loser (qui signifie raté, looser, en frangais). 6, Situés sur la cOte ouest, & Malibu, ce sont les laboratoires privés du milliardaire Howard Hughes, réalisateur de films & succes, aventurier et aviateur, et dont une partie de la vie a été retracée dans le film Aviator. XVII Les lasers sente pas le vrai laser. En effet, le photographe juge que le laser de Maiman est trop peu spectaculaire, et il fait poser ce dernier avec un énorme flash (fig. 1). Les cher- cheurs de la céte est, qui veulent reproduire ’expérience de Maiman, achétent donc tun gros flash, et construisent tout de suite des lasers bien plus encombrants. C'est no- tamment le cas pour A. Schawlow, qui réalise un laser & rubis puissant ds le 1% aoat. Dans les mois qui suivirent, d'autres lasers virent le jour. En novembre, P. Sorokin et M. Stevenson, chez IBM, réalisaient deux nouveaux lasers, & base d’uranium et de samarium. Puis en décembre, c’est Ali Javan, aux Bell Labs, qui fit fonctionner Ie laser hélium-néon, le premier laser & gaz. Le premier laser & semi-conducteur fut réalisé dés 1962 par Robert N. Hall et son groupe des laboratoires de recherche de General Electric. Des centaines d’applications Avant méme ces premitres réalisations, les physiciens étaient bien conscients du po- tentiel extraordinaire des lasers en termes d applications. Les tout premiers lasers de laboratoire servirent immédiatement & effectuer des tests d’ applications. Par exemple, le premier LIDAR fut réalisé dés 1960, tout comme la premigre communication télé- phonique par laser. C’est en 1961 qu’eut lieu le premier recollement de rétine au la- ser, et ds la réalisation du laser CO2 en 1963, on procéda a des soudures au laser. En 1964, T. Maiman accorde d’ailleurs une longue interview au New York Times, dont voici un extrait : « That scientific breakthrough in 1960, the first optically-pumped ruby laser, has led to several years of intensive experimentation throughout the world. The laser is used to weld metals, to put a detached retina in its proper place, to carry messages long distances and for hundreds of others uses. “A Laser,” Dr Maiman concluded, “is a solution seeking a problem” »7. Et l'avenir lui donna plus que raison, car on ne compte plus aujourd’hui les ap- Plications des lasers. Mais quelles sont donc ces propriétés des lasers qui les rendent tellement plus performants que des sources de lumitre traditionnelles ? Une source de lumiére monochromatique Les sources de lumiére d’usage courant ne sont pas, en général, monochromatiques. Par exemple, la décomposition du rayonnement solaire & l'aide d’un prisme montre que son spectre lumineux couvre tout le domaine visible et s’étend méme bien au- dela, surtout dans l'infrarouge. Sa largeur spectrale — ou étalement en fréquence ~ 7. Cette découverte capitale de 1960, le premier laser & rubis pompé optiquement, a mené & plusieurs années d’expérimentations intenses dans le monde entier. Le laser est utilisé pour souder des métaux, pour remettre a sa place une rétine décollée, pour envoyer des messages sur de longues distances et pour des centaines d'autres usages. “Le laser”, conclut le Dr Maiman, “est une solution a la recherche de problémes & résoudre”. xvi “Toute reproduc Introduction est trés importante et prend typiquement la valeur Av = 10'5 Hz : la lumiére solaire présente des composantes significatives de 350 nm 42400 nm. Une ampoule a incan- descence posstde un spectre légtrement décalé vers le rouge par rapport au soleil, mais encore plus large ! Les LED de couleur ont des largeurs spectrales beaucoup plus étroites, typiquement de quelques dizaines de nm, soit de l’ordre de 10'> Hz. De méme, si le spectre émis par des atomes placés dans une décharge électrique (ce qu’on appelle une lampe spectrale) ne comporte que quelques raies isolées, chaque composante spectrale posséde néanmoins une largeur de I’ ordre de 10! Hz et onde émise est loin d’étre monochromatique. La largeur spectrale de ces sources de lumiére est notamment lige au fait que leur rayonnement n’est pas cohérent. En effet, chaque atome émet une onde qui ne pré- sente a priori aucun lien de phase avec celle de ses voisins, méme les plus proches : Ie rayonnement est spatialement incohérent. De plus, la phase des trains d’ onde émis successivement par le méme atome est aléatoire. Il en résulte une absence de cohé- rence temporelle. Le temps de cohérence Af = 1/Av mesure le temps au bout duquel Je champ « perd la mémoire de sa phase » et permet de caractériser importance des fluctuations de phase d’ une source de lumiére : on ne peut prédire la phase du champ sur une durée supérieure & Ar. Un filtre A bande étroite peut étre utilisé pour réduire la largeur spectrale de I’émis sion au prix d’une tres forte diminution de la puissance disponible. Mais en raison du caractére aléatoire de la fluorescence, l’onde filtrée conserve d’importantes fluctua- tions d’amplitude et de phase qui la rendent impropre aux applications faisant appel, par exemple, a ’interférométrie. Au contraire, la largeur spectrale d'un laser monomode est en général tres étroite : Ay est compris entre 1 Hz et quelques centaines de kHz suivant le type de laser. On peut done considérer le laser comme une source de lumiére quasi monochromatique par rapport aux autres sources de lumiére. La limitation de la cohérence de Ia lumiére laser, qui est lige & la largeur spectrale de I’émission, est avant tout d’ordre technique. La cavité est soumise a des fluctua- tions qui tendent a élargir le spectre d’émission du laser. Parmi les multiples causes délargissement spectral, on peut citer les vibrations mécaniques, la dérive thermique, la réinjection incontrélée ou accidentelle d’une partie de l’onde émise dans la cavité de Poscillateur. . . La stabilité a court terme peut varier typiquement de quelques hertz, a quelques centaines de KHz. La dérive a long terme d'origine thermique est souvent beaucoup plus importante. Ménme si les fluctuations d’ordre technique sont maitrisées, la largeur spectrale du laser demeure limitée par le bruit quantique. Cet effet provient de I’émission spon- tanée. Ce processus revét un caractére aléatoire et provoque des fluctuations d’am- 8, Pour la raie verte du mercure dans une lampe spectrale commerciale. XIX Les lasers plitude et de phase de l’onde méme quand I’émission stimulée est le mécanisme prépondérant. Les fluctuations d’amplitude sont en général bien contrélées, car en grande partie corrigées par le mécanisme de saturation du gain : tout accroissement de 'amplitude de onde provoque une diminution du gain, ce qui en retour a pour conséquence de diminuer I’amplitude de l’onde. Il en résulte un amortissement des fluctuations d’amplitude de onde laser. Par contre, il n’existe aucun mécanisme de base susceptible d’amortir les fluctuations de phase. La largeur spectrale ultime d’un rayonnement laser — une fois qu’on s’est affranchi des fluctuations techniques — résulte principalement des fluctuations de phase. Elle dépend des caractéristiques de la cavité et de la puissance du laser. Elle a été évaluée pour la premitre fois par C. Townes et A. Schawlow et se situe autour de 10-3 Hz pour le laser He-Ne. Une source de lumiére directionnelle Les sources de lumigre conventionnelles émettent en général sur un angle solide trés large, supérieur A 27 stéradians. Seules les LED permettent d’obtenir des faisceaux plus directifs, avec par exemple des ouvertures de 20°. Si l'on veut des faisceaux moins divergents, on adjoint a la source des lentilles ou des miroirs paraboliques. On trouve ainsi dans les théatres ou les plateaux de télévision des spots dont la divergence ne dépasse pas 8°. La divergence d’un faisceau laser est lige & la géométrie de sa cavité, et notamment a Tétendue spatiale du faisceau a la sortie du laser. Le profil transverse (c’est-A-dire dans le plan perpendiculaire & sa direction de propagation) d’un faisceau laser est de forme gaussienne, et on peut donc le caractériser par la largeur de cette gaussienne. Les lasers & semi-conducteur délivrent des faisceaux trés étroits, avec une largeur de l'ordre du jm, mais ils sont relativement trés divergents, de plusieurs dizaines de degrés. Les autres lasers fournissent des faisceaux plus larges, mais beaucoup moins divergents. Par exemple, un laser rouge pourra délivrer un faisceau avec une largeur de I mm et une divergence de 0,5 mrad, soit moins de 0,03°. Le diamétre d'un tel faisceau n’augmente que de 0,5 mm par metre de propagation. Une source de lumiére puissante Les sources de lumitre artificielle sont en général moins puissantes que la lumiére du jour. L'’éclairement énergétique maximal du soleil & la surface de la Terre, de ordre de 1000 W/m?, réparti sur un spectre large de 2 zm, nous fournit donc un bon ordre de grandeur de la puissance des sources de lumitre traditionnelles. Un faisceau laser de puissance modérée atteint des intensités bien supérieures. Par exemple, le faisceau d’un pointeur laser de 1 mW concentré sur une surface de 1 mm? atteint déja une intensité de 1000 W/m?, comme la lumiére du jour, mais XX (© Dunod. Toute production non autos et un deli. Introduction concentrée sur une gamme spectrale trés étroite. C’est bien entendu la directivité du laser qui permet d’obtenir des intensités aussi élevées : on peut facilement vérifier qu'une puissance de 1 mW dans un c6ne de 1 mrad donne localement la méme inten- sité qu'une puissance de 3000 W émise sur 37 rad. Un laser de 1 mW délivre done la méme intensité lumineuse qu’une ampoule a incandescence de 30.000 W (l'efficacité énergétique de telles ampoules est de 10 %). Et lintensité créte de certains lasers impulsionnels peut dépasser 10?° W/m? ! Un laser pour chaque longueur d'onde Le laser est donc une source de lumitre aux propriétés tres différentes des autres sources. D’autant qu’a celles que nous venons de passer en revue, il convient d’ajou- ter les propriétés spécifiques au régime impulsionnel : la forme, la largeur et le taux de répétition des impulsions. Toutes ces propriétés sont la force du laser, mais sont parfois aussi un handicap. Par exemple, en spectroscopie, la largeur spectrale du laser est un atout, car elle permet par exemple de différencier des raies trés rapprochées, mais encore faut-il trouver un laser qui émette effectivement & la longueur d’onde concernée. Pendant longtemps, la faible couverture spectrale réelle des lasers a été un frein au développement de la spectroscopie laser, Aujourd’ hui, la situation est tres différente. Dune part, le développement des lasers dont la fréquence d’émission est contindment accordable permet, dans une gamme de longueurs d’onde donnée, d’ac- céder & n’importe quelle longueur d’onde. Et d’autre part, le spectre couvert par les lasers s’élargit sans cesse (voir fig. 3). Des lasers naturels Contrairement & ce que I’on pourrait croire, la génération de rayonnements cohérents n'est pas un monopole de la technologie, et il existe des sources naturelles dans I'es- pace. Les premiéres observations, en 1965, concernaient un maser OH. Depuis, de nombreux masers astrophysiques ont éé identifiés, en plusieurs endroits de l'uni- vers : par exemple au voisinage d’étoiles tres jeunes ou dans les enveloppes circum- stellaires d’étoiles en fin de vie. Dans le domaine infrarouge, c’est dans I’atmosphére de Vénus et de Mars qu’on détecta en 1976 des émissions & 10 jm, en provenance de lasers CO. Et au début des années 2000, des émissions 1 jum furent détectées au voisinage de Pétoile géante bleue Eta Carinae. L’attribution de ces rayonnements & des lasers et masers naturels s’appuie sur leur puissance anormalement élevée et leurs caractéristiques spectrales. Ces sources n’étant pas associées & des cavités résonantes, il s’agit donc bien d’ amplificateurs, et non d’ oscillateurs. XXL Les lasers lasers a colorants lasers 4 semi-conducteur psn ramon ise oe HHG SHG-THG Tasers solides lasers & élecirons libres rayons x | XUV | ultraviolet visible infrarouge THz [micro-onde T—1—T a a , 101 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1: 10 100: 1 amionm nm nm nm om am nm nm om ym! ym) ym: mm. v¢hz) 10° 10° 10 10 10 Figure 3- Couverture spectrale des lasers. L’échelle des abscisses est hybride : linéaire entre 100 nm et 1 um, logarithmique de part et d’autre. 2 et y sont respectivement la longueur d’onde et la fréquence. Les do- maines de longueurs d’onde se référent au vocabulaire habituellement employé dans le domaine des lasers. Les intervalles indiqués pour les lasers indiquent la gamme spectrale sur laquelle on peut trouver ces lasers. L'intervalle SHG-THG indique une région ou des sources de lumiére cohérentes sont obtenues en doublant ou en triplant la fréquence de lasers émettant 4 des longueurs d’onde plus élevées. Et dans la région HHG, on utilise des harmoniques encore plus élevés. De nombreux prix Nobel En conclusion, on ne peut omettre d’évoquer le role central joué par le laser dans les avaneées de la science au cours des 50 dernitres années. On peut ainsi dénombrer au moins douze prix Nobel attribués a la fois pour les travaux fondateurs du laser et pour des résultats obtenus grace au laser. Parmi les inventeurs du laser, Charles H. Townes, Nicolay G. Basov et Aleksandr M. Prokhorov recurent le prix Nobel en 1964, pour des travaux fondamentaux dans le domaine de l’électronique quantique, conduisant la construction d’oscillateurs et d’amplificateurs basés sur le principe du maser-laser. Deux ans plus tard, Alfred Kastler recut aussi le prix Nobel, pour la découverte et le développement de méthodes optiques pour l'étude des résonances hertziennes dans les atomes. En 1981, Arthur L. Schawlow partage la méme récom- pense avec Nicolaas Bloembergen, pour le développement de la spectroscopie laser. Arthur Maiman fut sélectionné deux fois pour le prix Nobel, mais jamais retenu. Il recut cependant d’ autres prix prestigicux, notamment le prix Wolf et le Japan Prize. Gordon Gould, dont le réle réel dans l’invention du laser est toujours contesté par une partie de la communauté scientifique, a été éu au National Inventors Hall of Fame, une organisation américaine qui honore les plus grands inventeurs. C’est la plus haute récompense qu’il recut, si ’on exclut les millions de dollars qu’il a gagné grace & ses brevets, dont la validité a &té reconnue & la suite d’une longue bataille judiciaire qui dura 30 ans. XXII (© Dunod. Toute production non autos et un deli. PRINCIPES DE BASE ET MODELISATION Nous nous proposons dans ce chapitre de donner une description phénoménologique des lasers en nous concentrant essentiellement sur les mécanismes qui sont a la base de amplification lumineuse. Ceux-ci reposent sur des échanges d’énergie entre la matigre et un rayonnement électromagnétique. Le modéle présenté ici est construit sur le bilan énergétique global de ces échanges, sans prendre en compte le carac- tre quantique des interactions. Cette approche, qui permet de se familiariser avec les notions fondamentales du mécanisme laser, aboutit A un modéle appelé modéle du bilan, certes incomplet, mais toutefois suffisant pour décrire le fonctionnement qua- litatif des lasers. Des notions essentielles, telles que le seuil d’oscillation, le gain du laser, ou encore la saturation, sont dégagées. Ces développements sont approfondis dans le chapitre 4 qui donne une description des processus d’interaction matidre- rayonnement dans le cadre de la mécanique quantique. La section 1.1 introduit les notions de « matiére » et de « rayonnement » puis dé- taille les différents échanges d’ énergie A prendre en compte. La section 1.2 développe une description du laser basée sur le modéle a deux niveaux d’ énergie matérielle. Les compléments B et C sont consacrés & une étude des lasers 4 3 et 4 niveaux. 1.1 INTERACTION MATIERE-RAYONNEMENT 1.1.1 Description du milieu matériel Le milieu matériel amplificateur du rayonnement peut tre constitué d’atomes, de molécules ou d’ions. Dans la suite, nous faisons souvent référence 4 un milieu ato- mique, mais les propriétés que nous utilisons ne sont pas spécifiques a ce type de milieu, et tous les résultats obtenus dans ce chapitre s’appliquent aussi 2 un milieu moléculaire. L énergie interne d’un atome ou d’une molécule ne peut prendre qu’une suite dis- créte de valeurs. Ceci est illustré sur la figure 1.1a qui montre quelques-uns des ni- veaux d’énergie électroniques de I’atome de néon, Dans un milieu moléculaire, la structure des niveaux est encore plus complexe, puisque chaque niveau électronique regroupe un ensemble de sous-niveaux vibrationnels eux-mémes constitués de sous- niveaux rotationnels. Cependant, en pratique, les processus décrits ci-dessous font intervenir un nombre de niveaux souvent tres restreint. II est donc possible de simpli- fier le diagramme d’énergie en ne retenant que les niveaux essentiels & la description du laser (voir fig. 1.1b). Ainsi, les développements portant sur un atome & seulement deux niveaux d’énergie permettent de rendre compte ~ du moins qualitativement — des processus de base de fonctionnement du laser. Chapitre 1 + Principes de base et modélisation Energie (103 em!) Energie 18 7 —_——— 16 échanges d'énergie 15 M Is (a) (b) Figure 1.1- Exemple de distribution d’énergie d'un atome ou d’une molécule. En (a), diagramme d’énergie de I'atome de Néon. Seuls quelques niveaux d’énergie électroniques sont représentés. La fléche indique la transition laser. En (b), diagramme énergie schématique, ne retenant que les deux niveaux £; et E, de la transition laser. Chaque niveau d’ énergie i est caractérisé par les quantités suivantes : * son énergie Ej: # sa dégénérescence g;. Le niveau peut alors étre considéré comme un ensemble de gj Sous-niveaux de méme énergie ; ‘* le nombre d’atomes possédant cette énergie dans le systme considéré. Ce nombre d’atomes par unité de volume occupé par le milieu atomique, est appelé densité de population, ou plus simplement population du niveau i et est noté Nj; # la durée de vie 7; du niveau d’ énergie E}. C’est le temps caractéristique de dépeu- plement de ce niveau : si la population du niveau i est N;(0) A V'instant = 0, elle sera Aun instant 1 > 0 égale &Ni(t) = N(O)e~"". Le taux de relaxation y; = 1/t: représente l’inverse de la durée de vie. De nombreux processus sont & ’origine du dépeuplement d’un niveau. Citons I’émission spontanée, discutée dans la section suivante, les collisions entre atomes ou encore I’excitation de phonons dans un solide. A Yéquilibre thermodynamique, 1a population des niveaux suit la loi de Boltzmann. Les populations de deux niveaux 1 et 2 sont reliées par : M Di -(Er-ExiksT aun No 92 (© Dunod. Toute production non autos et un deli. 1.1, Interaction matiére-rayonnement oi kg est la constante de Boltzmann et T la température absolue. Par exemple, si Ez > E\ et g1 = 92 (voir fig. 1.1b), la population & l’équilibre du niveau 2 est inférieure & celle du niveau 1. Le niveau fondamental est le plus peuplé et la population est une fonction décroissante de I’énergie. 1.1.2 Echanges d’énergie entre un systéme atomique a deux niveaux et un rayonnement On s’intéresse ici aux principaux processus d’interaction entre un atome a deux ni- veaux d’énergie E, et Ep (voir fig. 1.1b), et un rayonnement électromagnétique. Ces processus typiquement quantiques ont trouvé leur modélisation grice aux travaux d’A. Einstein en 1917, alors que les fondements de la mécanique quantique étaient encore mal établis (voir complément A). Ce sont l’émission spontanée, V'absorption et |’émission induite. Dans chaque cas, !'atome subit une modification de son énergie d'une quantité E ~ E}, alors que le champ perd ou gagne un photon de fréquence : E,-Ey h Va = (1.2) 1.1.2.1 Emission spontanée Dans le processus d’émission spontanée, un atome transite spontanément du niveau 2 vers le niveau 1 en émettant un photon d’énergie /hy, (voir fig. 1.2). Le niveau 2 se dépeuple donc au profit du niveau 1. La probabilité ou taux d’émission spontanée par atome et par unité de temps, notée Az), est dénommée coefficient d’Einstein. Elle s’exprime en s“!. La population du niveau 2 varie de la quantité dN2,, pendant Vintervalle de temps df suivant la loi : dN2,, = —A2\Nodt (1.3) od le signe « moins » indique le dépeuplement du niveau 2. Cette équation signifie aussi que le nombre de photons émis par unité de temps et de volume est égal a Ani Np. Bien entendu, au cours de ce processus, 1a population Nj augmente de la méme quantité : dN), = +AnNodt (4) On remarquera cette fois le signe « plus ». La loi de désexcitation de la population du niveau 2 lige AI’émission spontanée est exponentielle : No(t) = No(t = O)e!* (1.5) 1/Ap1 définit la durée de vie radiative du niveau 2. Chapitre 1 + Principes de base et modélisation 2——_O——_ [> émission spontanée absorption émission stimulée Figure 1.2- Modéle d’Einstein. Les flaches ondulées désignent des photons. L'atome en grisé, aprés la transition, vient augmenter la population d’atomes « blancs ». Le taux d’émission spontanée est une caractéristique de I'atome et de la transition considérés. II peut varier de plusieurs ordres de grandeur d’une transition a l'autre : par exemple, pour les lasers COz (transition P20 a 10,6 pm), He-Ne (633 nm) et Nd** :YAG (1,06 jm), Az; vaut respectivement 0,3 s~!, 800 s7! et 1,4 10° s Remarque L’émission spontanée n'est pas le seul mécanisme de dépeuplement des niveaux. Des désexcitations non radiatives (c'est-i-dire sans émission de photons) peuvent €galement avoir lieu. On peut citer par exemple la désexcitation par collision au cours de laquelle I'atome cade de I’ énergie a d'autres atomes du milieu ou encore, pour un milieu solide, une excitation de phonons. Si'on tient compte de tous les mécanismes, la durée de vie r, du niveau est donc inférieure a sa durée de vie radiative r (Az) < 72). Lintensité d'un faisceau de lumitre est proportionnelle au flux de photons J, C’est-a-dire au nombre de photons incidents par unité de surface et de temps (unité : s~'m”?). La variation d’intensité lumineuse en terme de flux de photons peut s'ob- tenir en remarquant que les photons qui traversent la surface S pendant le temps dt occupent un volume S cdf (voir fig. 1.3), ot c est la vitesse de la lumiére dans le mi- lieu (on notera co la vitesse de la lumitre dans le vide). Les A21No photons émis par unité de temps et de volume correspondent donc a une variation de flux : AF sp = A2No edt (1.6) Remarque En physique des lasers, I intensité est définie comme le produit du flux de photons par l'énergie d'un photon. Elle est donc égale 4 hy.J et s'exprime en W/m. Par abus de langage, le terme « intensité » est aussi utilisé pour désigner le flux de photons et le carré de la norme du champ électrique. 1.1.2.2 Absorption Dans le processus d’absorption, un atome du niveau 1 atteint le niveau 2 en absorbant un photon d’énergie hy, : le niveau 2 se peuple aux dépens du niveau 1. L’absorption est un processus induit par le champ électromagnétique : la probabilité de transition (© Dunod. Toute production non autos et un deli. 1.1, Interaction matiére-rayonnement dt secondes > c dt metres Figure 1.3- Les photons, représentés ici par des flaches ondulées, se propagent dans une direction perpendiculaire a la surface S. Ceux qui traversent S a l'instant t parcourent pendant le temps dt la distance cdf. Les photons qui ont traversé S pendant le temps dt occupent donc un volume Scat. par atome et par unité de temps est donc proportionnelle au flux de photons. Onl’ écrit sous la forme o712J (en s~!). Compte tenu de la dimension de J, le coefficient de proportionnalité 012 posstde la dimension d’une surface et porte Ie nom de section efficace d’absorption. C’est une grandeur caractéristique du milieu atomique. Sa va- leur est déterminée dans le cadre de la description quantique du couplage entre le champ et le milieu atomique (voir chapitre 4). Le nombre d’atomes du niveau 2 varie de la quantité dN>,,, pendant Vintervalle de temps dt suivant la loi : AN2,, = +012 Nidt (7) Dans le méme temps, la population du niveau 1 diminue : AN, = ~712J Nidt (1.8) et le nombre de photons absorbés est : AT abs = 712 Nicdt (1.9) 1.1.2.3 Emission induite Le processus d’émission induite, ou émission stimulée, est sans doute le moins in- tuitif des concepts abordés dans cette section. C’est pourtant lui qui est & la base du fonctionnement des lasers. Lors de I’émission induite, un photon d’énergie Ava induit la désexcitation d’un atome du niveau 2 sur le niveau 1. Celle-ci s'accompagne de Vémission d’un photon de caractéristiques identiques & celles du photon inducteur : méme fréquence, méme direction de propagation et méme état de polarisation (voir fig. 1.2). Le faisceau incident de lumitre « s’enrichit » en photons identiques et il y a amplification de la lumire. Le bilan de ces processus pour les populations est le suivant : AN», = ~021 J Nodt (1.10a) AN ty, = +721 J Noat (1.10b) Chapitre 1 + Principes de base et modélisation Pour le nombre de photons, on obtient : dFing = 021 J No cdt (ub on J est la probabilité (ou taux) d’émission stimulée et 21 la section efficace d’émission stimulée. Il pourrait sembler que I’émission induite est un processus si- milaire 4 P’émission spontanée, mais cependant deux propriétés fondamentales les distinguent : © dans I’émission spontanée, la présence préalable de photons n’est nullement né- cessaire. En revanche, dans I’émission induite, c’est un photon qui déclenche le processus. L’émission induite est donc caractérisée par un taux proportionnel & J, alors que le taux d’émission spontanée en est indépendant ; * le photon créé par mission induite posséde les mémes propriétés que le photon « déclencheur » (fréquence, direction de propagation, état de polarisation). Ces ca- ractéristiques sont @ la base de la cohérence des faisceaux laser. L’émission spon- tanée est par contre un processus désordonné, au caractére aléatoire. Par exemple, elle donne naissance un rayonnement dont toutes les directions de propagation sont équiprobables. 1.1.2.4 Relations entre les taux d’émission et d’absorption La condition d’ équilibre entre I’atome et le rayonnement se traduit par deux relations importantes (voir complément A) : * si les niveaux 1 et 2 possédent la méme dégénérescence, les sections efficaces d’absorption et d’émission induite sont égales : on=on =o (1.12) le rapport entre I’émission induite et I’émission spontanée s’écrit : oF BT An 8rAv (1.13) oi A = c/v est la Jongueur d’onde du rayonnement et Av sa largeur naturelle. Ce rapport varie donc comme le carré de la longueur d’onde. Ainsi, dans Vinfrarouge lointain, I’émission induite est le phénoméne prépondérant alors que dans I'ul- traviolet, I’émission spontanée est loin d’étre négligeable : elle joue par exemple un réle 2500 fois plus important 4.2 = 200 nm qu’a A = 10 pm. Ceci a des conséquences pratiques importantes, puisque I’émission spontanée tend a réduire Vamplification lumineuse et nuit au bon fonctionnement d'un laser. (© Dunod. Toute production non autos et un deli. 1.2, Modélisation du laser a deux niveaux 1.2 MODELISATION DU LASER A DEUX NIVEAUX Ce paragraphe est consacré & I’élaboration d’un modéle simple pour la description des lasers. L’approche envisagée ici tient compte d’une manitre phénoménologique des processus physiques essentiels. Elle permet de dégager les principales caractéris- tiques du fonctionnement d’un laser. Nous considérons un milicu atomique en interaction avec un champ électromagné- tique. Comme nous I’avons vu dans Ia section précédente, un tel milieu compte un grand nombre de niveaux. La prise en compte de tous ces niveaux méne aun modéle extrémement complexe, difficile & exploiter. Nous simplifions done ici au maximum le diagramme d’ énergie du milieu et ne retenons que les deux niveaux d’énergie E et E2 tels que Ey - Ey = hyq. Ces deux états sont les niveaux de la « transition la- ser » : l'état 2, de plus haute énergie, est appelé niveau « haut » de la transition tandis que T’état 1 est le niveau « bas » (E; < E2). Les populations N, et N2 de ces deux niveaux sont couplées au champ électromagnétique de fréquence vq (voir éq. (1.2) : les variables représentatives de I’oscillation laser sont d’une part les populations N, et N2, et d’autre part le flux de photons J. Nous décrivons tout d’ abord les échanges d’ énergie liés & l’absorption et &I’émi sion stimulée. L’effet des relaxations des populations ainsi que de l’apport extérieur d’énergie (le pompage) est ensuite introduit. On obtient finalement un ensemble d’équations différentielles qui constitue le modéle du bilan du laser. 1.2.1 Dynamique des populations et du flux de photons sous l’effet de l’émission stimulée et de l’absorption Dans le cas oii les deux niveaux de la transition atomique ont la méme dégénéres- cence, les éqs. (1.7) & (1.11) conduisent, si I’on ne s’intéresse qu’ aux transitions in- duites, a: N: -oJ(N2- Ni) (1.14a) Ny =o J(N2-™) (1.14b) F = coJ(N2- Mi) (1.140) od le point symbolise la dérivation par rapport au temps. Si Nz < Nj, les transitions atomiques se produisent préférentiellement du niveau bas vers le niveau haut : il y a plus d’absorption que d’émission induite (J < 0) et le milieu est done globalement absorbant. Au contraire, si N> > Nj, il y a plus d’émission induite que d'absorption : le milieu fournit de I’énergie au champ et il y adonc amplification du flux de photons (J > 0). C’est ce phénomene qui est la base du fonctionnement du laser. Dans ces conditions, le milieu est dit en état @ inversion de population, car la situation Np > N, est inverse de celle de l’équilibre thermodynamique. Chapitre 1 + Principes de base et modélisation Il apparait done ici que la variable représentative de oscillation laser est davan- tage la différence de population que les populations des deux niveaux. Il est donc commode d’introduire cette différence sous la forme : D=N.-M (1.15) Linversion de population est alors effectivement réalisée quand D > 0 et les équa- tions (1.14) deviennent : (1.16a) (1.166) 1.2.2 Dynamique des populations et du flux de photons en présence du processus de pompage et des relaxations Nous avons montré au paragraphe précédent que l’amplification lumineuse ne se pro- duit que dans un milieu en état d’inversion de population (Nz > Nj). Il est donc nécessaire d’augmenter la population du niveau 2 par rapport A celle du niveau 1. Ceci est réalisé par des processus dits de pompage qui excitent des atomes a par- tir d’autres états d’énergie, comme par exemple le niveau fondamental, vers I’état énergie Ez (voir fig. 1.4). Cette opération implique bien évidemment un apport ex- térieur d’énergie. Nous ne détaillons pas ici les différents mécanismes de pompage (le lecteur impatient peut se reporter au chapitre 7), mais introduisons, dans le cadre d'une description trés simplifiée, des termes de source accroissant pendant le temps dt les populations N; et Np d’une quantité : dN> = Aodt (1.17a) dN, = Aydt (1.17b) @ ~ os N\ Figure 1.4- Représentation schématique des processus retenus pour le modéle a deux niveaux : le (1) pompage 2; et 2, les relaxations y et les transitions induites oJ. a u Remarque Nous avons introduit ici un terme de source sur les deux niveaux de la transition laser. Seul l'apport d'atomes sur le niveau 2 est nécessaire pour réaliser une inversion de population au sein du milieu. Cependant, il s'avére que dans beaucoup de lasers, 2; n’est pas exactement nul : c'est par exemple le cas lorsque le pompage n'est pas sélectif. Afin de conserver la généralité du modéle, nous introduisons donc a, # 0. {© Dunod. Toute reproduction non auorsée est un dit 1.2, Modélisation du laser a deux niveaux Les termes source 4; traduisent les apports extérieurs d’atomes sur les niveaux de la transition laser et contribuent & leur peuplement. Nous devons maintenant considérer les processus de dépeuplement par relaxation de ces niveaux. Nous supposons, pour la simplicité des développements, qu’ils possédent le méme taux de relaxation y (voir fig. 1.4). L’émission spontanée du niveau haut vers le niveau bas de la transition laser n'est pas prise en compte : en effet, dans le bilan de photons, elle est négligeable devant I’ émission induite, et dans le bilan des populations, on la suppose petite devant les autres processus de relaxation. De plus, I’émission spontanée n’a que peu d’intérét pour introduction des principes de base que nous abordons ici et a Pinconvénient dalourdir les équations. La variation des populations au cours du temps vérifie done : Nz = —yN2 + Ar (1.18a), Ny =-yM +a (1.18b) A P’équilibre et en absence de champ (N; = N2 = 0), les populations tendent vers leur valeur stationnaire N; = Aj/y. En introduisant la différence de population D, on obtient : D=-y(D-D) (1.19) od D = N - Nj. Liintégration de cette Equation montre qu’en absence de tout autre processus que le pompage et les relaxations, inversion de population varie dans le temps en suivant une loi exponentielle : D(t) = DU =e") (1.20) La grandeur y~! est une mesure du temps caractéristique d’ évolution des populations. Par ailleurs, D est la valeur d’équilibre de D en absence de champ électromagnétique (voir fig. 1.5). D Figure 1.5- évolution temporelle de Vinversion de population induite par le pompage en absence de champ laser pour D(0) = 0. Chapitre 1 + Principes de base et modélisation 1.2.3. Equations du laser 1.2.3.1 Evolution des populations Le regroupement de (1.16a) et (1.19) permet de décrire simultanément les processus de pompage, de relaxation et les transitions induites par le champ électromagnétique (voir fig. 1.4). L’évolution de Pinversion de population obéit done & : D = -y(D-D) =20JD — os 21 — interaction a2 matiére-rayonnement Dans cette équation, le premier terme du membre de droite, dit de relaxation, exprime Ie retour & P’équilibre. Le second est fonction du produit entre le flux de photons et Vinversion de population. Il apparait done comme un couplage non linéaire entre ces deux variables. 1.2.3.2 Evolution du rayonnement Linteraction matitre-rayonnement a permis d’évaluer la variation du nombre de pho- tons résultant de absorption et de I’émission stimulée (éq. (1.16b)). Pour décrire Pévolution globale du flux de photons, il nous faut maintenant tenir compte des pertes de photons - ou encore pertes de cavité ~ introduites par un taux de relaxation noté x. Ce taux exprime la décroissance par unité de temps du nombre de photons dans la ca- vité. En effet, le pidge & lumitre que constitue la cavité ne peut étre parfait et il existe de nombreux phénoménes ~ comme l’absorption ou la diffusion sur les optiques — qui sont source de pertes. De plus, pour utiliser le laser, il est indispensable de pr. lever une partie du rayonnement : si le pi?ge était parfait, aucune lumire ne sortirait de la cavité et le laser ne nous serait done d’aucune utilité ! Des pertes sont donc introduites volontairement en réalisant des cavités formées de miroirs partiellement réfiéchissants (voir fig. 1.6 et chapitre 3). L’équation d’évolution du flux de photons dans la cavité s’écrit alors : F=-KJ +coJD See 2 non linéaire (1.22) pertes De maniére analogue a (1.21), le premier terme du membre de droite représente les pertes, tandis que le second décrit I'absorption et I’émission stimulée sous forme dun couplage non linéaire entre flux de photons et populations. Ce deuxime terme est amplificateur si D > 0 (voir § 1.2.4) : il s’oppose done a laction des pertes. 10 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 1.2. Modélisation du laser a deux niveaux miroir miroir i . we wl he “Ww “ww aw W cavité Figure 1.6- Illustration des pertes optiques d’une cavité. Certains photons (a) sont di usés et changent de direction de propagation : ils s’échappent de la cavité. Par ailleurs, il faut prélever une partie du rayonnement pour l'utilisation du laser : ceci est obtenu avec le miroir de droite, qui n'est que partiellement réfléchissant, et introduit donc des pertes supplémentaires (photons b). 1.2.3.3 Equations du laser Les équations (1.21) et (1.22) sont les équations de bilan pour le laser & deux niveaux. Elles forment un systéme de deux équations non linéaires couplant les variables D es: SF =-KJ +coJD (1.23a) D=-y(D-D)-209D (1.23b) Dans ce modéle simple interviennent les ingrédients essentiels au fonctionnement dun laser : absorption, I’émission stimulée, le pompage et les relaxations. Les com- pléments B et C introduisent des modéles plus réalistes, dans lesquels la distribution Gnergétique des niveaux et leurs relaxations sont décrits plus finement. La modélisa- tion donne alors lieu A des syst¢mes d’équations plus complexes, mais le comporte- ment du laser reste qualitativement le méme. Ceci est une justification a posteriori de l’intérét que présentent les équations (1.23) pour une description qualitative des phénoménes de base du laser. 1.2.4 Seuil d’oscillation et regimes stationn: 1.2.4.1 Seuil d’oscillation Léquation (1.23a) montre que le flux de photons J du laser est gouverné par deux effets antagonistes car de signes opposés : les pertes de cavité ont tendance A diminuer J. tandis que les transitions induites engendrent un gain si D est positif. Si les pertes Vemportent, J est négatif et J diminue asymptotiquement jusqu’a la valeur nulle : le laser ne fonctionne pas. Au contraire, si le gain est supérieur aux pertes J est positif : u Chapitre 1 + Principes de base et modélisation TF prend une valeur non nulle et le laser « démarre ». Bien entendu, J n’augmente pas indéfiniment, mais tend vers une valeur stationnaire (voir § suivant). Elle est obtenue lorsqu’il y a égalité entre les deux termes, c’est-d-dire lorsque le gain égale les pertes. Cette condition est appelée le seuil du laser. D’ apres (1.23a), elle correspond & : Doc =_K an ee (1.24) gain = pertes Elle exprime l’existence d’une inversion de population au seuil Ds : kK D,=— 1.25) a (1.25) Sous le seuil, c’est-A-dire en absence de champ, l’inversion de population stationnaire est D (voir éq. (1.21). La condition réaliser pour obtenir une émission laser est done D > D, : elle est plus contraignante que D > 0. Pour 0 < D < D,, le laser ne fonctionne pas : I’excédent de photons créés par les transitions induites est perdu par la cavité. Le seuil d’oscillation laser est d’autant plus difficile a réaliser que D, est élevée, c’est-a-dire lorsque les pertes de la cavité sont importantes et que la section efficace ’émission stimulée est faible. Nous avons vu (§ 1.2.2) que c’est le pompage qui engendre I’inversion de population. Pour obtenir I’effet laser, il faut donc : © choisir un atome ou une molécule possédant une transition avec une section effi- cace d’émission stimulée suffisamment grande ; bénéficier d’un processus de pompage efficace ; * réduire les pertes de la cavité. D, joue un role prépondérant dans les régimes de fonctionnement du laser et il est commode de la faire apparaitre explicitement dans (1.23) : D = 31 = 3) (1.26a) D D= -w(P -A (1.26b) ot le paramétre de pompe A est égal A: D Aas (1.27) La condition de seuil devient alors Az=l (1.28) 12 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 1.2. Modélisation du laser a deux niveaux 1.2.4.2 Régimes stationnaires Nous avons pu constater dans le paragraphe précédent que la valeur du paramétre de pompe A fixe le régime du laser (J = 0 ou J # 0). Nous nous proposons maintenant d'étudier de fagon détaillée les solutions stationnaires des Equations de bilan (1.26) en fonction de A. En régime stationnaire, les dérivées F et D sont nulles. L’équation (1.26a) admet alors deux solutions : solution (1) : { op on (1.29a) = =a solution (2) : { I= Ie » (1.29b) DID, =1 La premitre existe toujours, alors que la deuxiéme n’a de sens physique que pour A> 1. Quelle est la stabilité de ces solutions ? En d’ autres termes, quelle est celle qui correspond effectivement & la réponse du laser ? Pour répondre & cette question, il est nécessaire de développer une analyse de stabilité de chacune d’entre elles. Remarque La notion de stabilité est d'une grande importance en dynamique. On peut I'illustrer par l'exemple de I'équation d'un pendule simple amorti : 4” + ko’ = -(g/))siné, ot @ est l'angle par rapport a la verticale (9 = 0 correspond a la position du pendule au repos). Le pendule admet deux positions d'équilibre, @ = 0 et x. Une analyse de ces solutions montre (conformément a l'intuition!) que la premiére est stable et la deuxiéme instable. Une perturbation de l'état @ = 0 est rapidement amortie et le pendule revient a sa position d' équilibre stable @ = 0. Au contraire, une perturbation par rapport a la position 4 = x est amplifiée et le conduit vers la solution stable @ = 0. U'quilibre instable ¢ = x n’est donc en pratique jamais atteint. Lanalyse de stabilité des solutions stationnaires du laser est développée dans le com- plément E. Elle aboutit aux résultats suivants : # sous le seuil, c’est-d-dire pour A < 1 (D < D,), seule la premitre solution J = 0 existe et est stable. D suit linéairement la pompe. Ceci est cohérent avec ce que nous avons vu dans le paragraphe précédent : sous le seuil, les pertes l’emportent sur le gain et le laser n’oscille pas (il ne délivre aucune intensité) ; © au-dessus du seuil, c’est--dire lorsque A > 1 (D > D,), la solution J = 0 est instable : la moindre perturbation est amplifiée et conduit le laser & s’en éloigner en fonction du temps. En revanche, la solution (J # 0, D = D,) est stable : D est une constante tandis que J croit linéairement avec la pompe. C’est le régime de fonctionnement stationnaire du laser. 13 Chapitre 1 + Principes de base et modélisation Remarque Notons que le régime J = 0, bien qu’instable, existe pour toute valeur A. Par consé- quent, un laser au-dessus du seuil avec une intensité identiquement nulle pourrait rester dans cet état s'il n'était soumis a aucune perturbation. En pratique, cette situa- tion n’est jamais réalisée. En effet, des photons sont créés par emission spontanée. Ceux-ci constituent une perturbation déstabilisatrice de la solution J = 0. Ce « bruit» de photons non contrélé que nous avons négligé dans les équations, est donc indis- pensable au démarrage de I'émission laser. La figure 1.7 illustre ces régimes : sous le seuil, 'intensité est nulle, Au-dela du seuil, le laser fonctionne et inversion de population se maintient & sa valeur au seuil D,. On aurait pu s’attendre & ce que D augmente avec A. Cependant, I’« ex- cédent » d’ inversion de population alimente I’émission stimulée et contribue a entre- tenir I’émission du laser. On dit que inversion D se sature & la valeur seuil D,. Tp (a) Figure 1.7- Régime stationnaire du laser : évolution de (a) I'intensité et (b) inversion de population en fonction du paramétre de pompe A. La sol table est représentée en pointillés. (b) Au-dessus du seuil, (1.29) exprime la relation entre le flux de photons et le para mtre de pompage : OE S=A-1 (1.30) Ss od l'on a introduit la grandeur J, appelée intensité de saturation : y + 131 Ss oe (31) J; apparait comme la valeur du flux de photons lorsque A = 2 (voir fig. 1.7) : c’est une grandeur caractéristique de la transition, qui ne dépend que de y et 14 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 1.2. Modélisation du laser a deux niveaux 1.2.5 Gain du laser Considérons un faisceau dirigé suivant I'axe z et traversant un milieu actif de lon- gueur L. Pour évaluer comment il est amplifié lorsqu’il se propage dans le milieu, exprimons la variation d.J/dz du flux de photons en ne retenant que les phénoménes d’ amplification. D’aprés le deuxime terme du membre de droite de (1.23a), on a: dj _ dt +=f—= 3 de 7 IG 7 PI (1.32) On appelle oD (1.33) le coefficient de gain ou gain par unité de longueur du laser. @ s’exprime en m7!. Cette relation montre que le gain est proportionnel & l’inversion de population. La constante de proportionnalité est la section efficace de la transition. Remarque Le gain G d'un systéme est habituellement défini comme le rapport du signal de sortie au signal d'entrée. On pourrait donc définir G = J(L/FO) ou F(O) et TD sont les flux de photons a l'entrée et a la sortie de l'amplificateur de longueur L. En intégrant (1.33), on trouve qu'apras traversée du milieu amplificateur, le flux vaut IAL = J(O)exp (ol). a est donc lié a G par la relation G = exp(el). En absence de champ, le gain est donné par : a =0D (1.34) qo est le gain non saturé, ou gain linéaire. Une fois I’ oscillation établie, le gain devient égal Aa, = oD = oD,. a; porte le nom de gain saturé. A l'aide de (1.30), on déduit immédiatement I’expression de a, en fonction du gain non saturé : a, =—% a L 1+ (1.35) J, Aéfinie plus haut apparait done aussi comme la valeur de Pintensité lorsque @, = Q/2. Examinons enfin les propriétés du gain en régime stationnaire. Ce régime est ob- tenu quand J = 0, c’est-A-dire d’aprés (1.23a) et (1.33), lorsque = ac=K (1.36) En faisant intervenir la vitesse de la lumiere, on peut alors définir un coefficient de pertes p de méme dimension que le gain et représentant la fraction du nombre de photons perdus par unité de longueur : K p= (1.37) 15 Chapitre 1 + Principes de base et modélisation (1.36) devient alors : a,=p (1.38) et le régime stationnaire du laser vérifie la condition déja établie pour le seuil (éq. (1.24) : gain = pertes (1.39) 1.3 CONCLUSION Le modele de laser que nous venons d’établir ne tient compte que des deux niveaux atomiques de la transition. Ce modéle présente de nombreux avantages liés & sa sim- plicité : il permet d’introduire les processus physiques essentiels et de dégager les caractéristiques du fonctionnement du laser. Cependant, il peut sembler peu réaliste et se révéle d’ailleurs souvent insuffisant pour la description quantitative des lasers. Pour obtenir une modélisation adéquate, il faut considérer chaque laser avec ses ca- ractéristiques intrinséques (nombre de niveaux mis en jeu, relaxations, couplage entre niveaux, processus de pompage...) et développer un modéle approprié. Les complé- ments B et C sont consacrés a une étude détaillée des modéles 4 3 et 4 niveaux énergie. Par ailleurs, les processus de transitions entre niveaux d’ énergie ont été introduits ici de fagon phénoménologique. D’autres caractéristiques importantes du rayonne- ment, telles que sa fréquence, n’ont pas non plus été prises en compte ici. Il est donc nécessaire, pour reproduire plus fidélement le comportement des lasers, d’élaborer un modéle plus complexe, qui prenne en compte la nature quantique du milieu : cela est effectué au chapitre 4. COMPLEMENT A_ COEFFICIENTS D’EINSTEIN Dans un de ses célebres articles intitulé « De la nature quantique du rayonnement » publié en 1917, Einstein fut le premier a éclaircir un certain nombre de questions obscures (pour I’époque !) concernant interaction entre matigre et rayonnement. Lintroduction comporte une phrase que I’on peut traduire comme suit : « A partir d’hypotheses sur Vabsorption et U’émission de rayonnement par les molécules, pu montrer que les molécules ayant une distribution quantique d’états en équilibre thermique, sont en équilibre avec un rayonnement de Planck ; de cette fagon, la for- mule de Planck peut étre obtenue de maniére extrémement simple et générale. » Les hypothéses introduites par Einstein, reprises ici dans leur forme originale, sont les suivantes : ‘ai 1, L’atome est un syst¢me quantique qui ne prend que des énergies discrétes Ej. 16 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. A. Coefficients d’Einstein 2. Dans un milieu atomique a la température T,, les populations des niveaux | et 2 suivent la distribution canonique de Boltzmann-Gibbs (éq. (1.1)) : Ny _ grexpl-Ev/kaT) = A. No g2.exp[-E2/keT] a 3. Dans son interaction avec le champ électromagnétique, un atome dans l'état 1 peut atteindre I’état 2 de plus haute énergie en absorbant du rayonnement. La probabilité d’occurrence de ce processus pendant le temps dt est donnée par : dW) = Bygudt (A.2) od w est la densité spectrale de puissance du rayonnement électromagnétique (u(y) décrit I’énergie par unité de volume et de fréquence du rayonnement, et s’exprime done en Jm-3 Hz"!). 4, De la méme manitre, ’'atome peut descendre de I’état 2 4 I’état I et la proba- bilité associée & cette désexcitation a pour expression : Wo = (Aoi + Bay u)dt (A3) Dans le cadre de ces hypotheses, la condition d’équilibre thermique est obtenue sous la forme : NidW\2 = NodW2, (AA) et s’écrit explicitement : ge F"®T Brau = gre (Any + Bos u) (AS) Dans la limite T — oo, on au — oo et la relation (A.5) implique que : 91Biz = 92Ba1 (A.6) On relie alors I’ expression de la densité spectrale aux coefficients d’ Einstein : Ar/Ba1 IEE Wha — 1 u(y) = (A.7) A partir des hypothéses données ci-dessus, Einstein compare cette expression a la densité spectrale de rayonnement du corps noir obtenue par Planck en 1900 : ye 1 WY) = 8th TO (A.8) Liidentification de (A.7) et (A.8) donne : Ep - Ey = hy (A9) Chapitre 1 + Principes de base et modélisation 18 ainsi qu’une relation entre les coefficients d’Einstein : An _ 8h _ 8h By OD (A.10) Le lien avec les processus décrits dans le § 1.1.2 en terme du flux de photons J est établi en égalisant les taux d’émission induite et d’absorption : Bru =onT (A.11a) Buu = oT (A.L1b) Les conséquences importantes de l’analyse développée ici sont les suivantes © si u(y) (ou J) devient trés grand dans (A.2-A.4), on obtient : Me _ Be _& (A.12) M Bu 91 ae Pour deux niveaux de méme dégénérescence, les populations vérifient N; = Nos © (A.10) nous indique que le rapport By1/A2, est proportionnel au cube de la longueur donde. La densité d’énergie u(y) est en 2”! et le rapport entre les taux d’émission stimulée et d’émission spontanée est donc donné en fonction de A par : Baw _onT _ JX Ai Ad 81Av (A.13) Il apparait que ce rapport varie comme le carré de la longueur d’onde. Ainsi, par exemple, pour le laser CO2, 4 = 10,6 ym et donc a? = 107! m=, alors que pour le laser KrF, A = 249 nm, 2? = 6 107'4 ion spontanée joue donc un réle 1700 fois plus important 4 249 nm qu’a 10,6 jum : son réle est prépondérant dans l'ultraviolet, alors qu'il peut étre négligé dans l'infrarouge lointain ; ‘© (A.6) implique que si gi = gz, les sections efficaces d’émission et d’absorption induites sont identiques : 721 = 712 A.1_ Relation entre les coefficients d’Einstein et la section efficace I est utile de donner ici les relations entre les coefficients Az1 et Bo) et la section efficace d’émission stimulée. Celle-ci, définie par (A.11), est immédiate si I’on établit larelation entre flux de photons J et densité spectrale d’énergie u. On suppose que le rayonnement est contenu dans un intervalle spectral de largeur Av. En d'autres termes u(y) prend une valeur constante dans V’intervalle de fréquence [y — Ay/2, v + Av/2]. On peut alors définir différentes grandeurs comme suit : (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. B. Laser a trois niveaux uA) nergie du rayonnement par unité de volume (Jm~ © Shy : flux d’ énergie par unité de temps (Jm~? s~!); © Thc : énergie du rayonnement par unité de volume (Jm7*). On obtient alors la relation entre u et J : ue Ze (A.14) Ave La section efficace de la transition est alors établie sous la forme (voir A.11) : Boh oe (A.15) Ave ou encore : > Ania’ oat (A.16) 8rdy oi A est la longueur d’onde dans le milieu. COMPLEMENT B_ LASER A TROIS NIVEAUX Dans un modéle fermé, la somme des populations de tous les niveaux intervenant dans les processus laser est une constante, ou encore les populations ne sont pas couplées aux autres niveaux d’énergie de I’atome. Utiliser un tel modéle pour décrire le fonctionnement d’un laser permet de mieux appréhender le rdle et I’importance des processus qui interviennent. Il n’existe pas de moddle fermé type, mais & peu pres autant qu'il y a de lasers, et méme davantage, car certains lasers sont décrits de manigre approchée & l'aide de modéles différents suivant le phénomene que l'on cherche & expliquer. Le modéle fermé le plus simple est le modéle a trois niveaux. Deux schémas sont alors possibles : la transition laser s’effectue entre le niveau haut et le niveau intermédiaire, comme dans le cas du laser CO> (voir fig. 1.8a) ; la transition laser couple le niveau intermédiaire au niveau bas, comme pour le laser & rubis (voir fig. 1.8b). Intéressons-nous au laser dont la disposition schématique des niveaux d’énergie est celle de la figure 1.8b. C’est en premidre approximation le cas du laser A rubis, dans lequel le niveau 3 est en fait constitué d’un ensemble de niveaux. Notons ce- pendant que la prise en compte de la distribution complexe des dégénérescences des niveaux mene a des résultats légérement différents de ceux établis ici. En premigre approximation, nous supposons que : 19 Chapitre 1 + Principes de base et modélisation le |» Ne “Ss & ||», oo W o © @) @ a1 — ee ae) @ © Figure 1.8- En (a) et (b), représentation schematique des modéles a trois niveaux. En (©), modéle a deux niveaux équivalent a (b). W, est le taux de pompage, et les yj sont les taux de relaxation, # le pompage s’effectue depuis état fondamental (niveau 1) vers un ensemble de niveaux notés 3. Sur la figure 1.8, une double fiche indique que le processus de pompage induit des transitions dans les deux sens (avec le méme taux W,), du niveau I vers le niveau 3 et du niveau 3 vers le niveau 1. Dans le cas du laser a rubis, on utilise en effet un pompage optique : des lampes-flash émettent des photons d’énergie hy = E3 — Ey. Ces photons sont absorbés par les atomes du niveau 1 qui sont ainsi excités vers le niveau 3, mais ils induisent également de V’émission induite qui désexcite les atomes du niveau 3 vers le niveau 1 ; la relaxation du niveau 3 vers le niveau intermédiaire 2 est rapide : les atomes excités dans le niveau 3 ne font qu’y transiter avant de se désexciter rapidement vers le niveau 2; © larelaxation du niveau 3 vers le niveau fondamental | est négligeable ; « I’émission laser s’effectue depuis le niveau 2 vers le niveau 1. B.1 Evolution des populations Nj, Np et N3 sont les populations respectives des 3 niveaux. Le systéme étant fermé, la population totale Ny = N; + Nz + N3 est constante. L’évolution de la population du niveau 3 est décrite par : N3 = WpNi — WpN3 ~ (y32 + ¥31) Na (B.1) La relaxation du niveau 3 vers le niveau 2 étant rapide, 732 est trés grand devant tous les autres taux de transition ; en particulier y32 > Wp+ys1- La population du niveau 3 tend done vers zéro : ds qu’un atome est excité du niveau I vers le niveau 3, il se désexcite quasi instantanément (échelle de temps est 733) sur Ie niveau 2. On peut done considérer que les W,N atomes pompés dans le niveau 3 se désexcitent instan- tanément dans le niveau 2. W,Nj est donc un terme de source pour la population N2, 20 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. B. Laser a trois niveaux dont I’évolution s’écrit : N2 = ~y21No + WpNi — 7 T(N2 — M1) (B.2) L’évolution de Nj s’en déduit immédiatement. En effet, nous avons indiqué plus haut que Nr est une constante et que N3 — 0. Il en résulte : (B3a) (B.3b) et done : Ny, =-N2 (B.A) Finalement, en introduisant l’inversion de population, (B.2) devient : D = Wp + y21)D + (Wp ~ yar - 20D (B.5) Cette équation posséde la méme structure que I’ équation (1.23b) du modéle a deux niveaux : la premiére partie du terme de droite décrit le retour & I’équilibre de I’inver- sion de population en absence de rayonnement, 1a deuxiéme est un terme de source qui tend & « créer » de inversion de population (si W, > 21), tandis que la dernigre partie fait apparaitre le couplage non linéaire entre les populations et 'intensité, qui est générateur de gain si D > 0. Remarque Nous sommes donc ramenés a l'étude d'un modéle 4 deux niveaux (voir fig. 1.8¢). Notons cependant que contrairement au modéle développé dans la section 1.2, le processus de pompage couple ici des niveaux qui apparaissent explicitement dans le bilan d’énergie : les atomes sont pompés du niveau | vers le niveau 2 en transitant par le niveau 3. Dans la plupart des lasers, les processus de pompage sont a double sens et les atomes ne peuvent donc pas étre pompés directement du niveau | vers le niveau 2, car il en résulterait au mieux N, = Ne, et inversion de population au seuil ne serait jamais atteinte. Dans ce cas, les lasers ne peuvent pas étre décrits par un modéle fermé a deux niveaux. Notons cependant l'exception de taille que constitue le laser a semi-conducteur (voir chapitre 7 § 7.1). B.2 Equations du laser L’€volution du rayonnement dans le laser ne dépend que du gain du milieu et des pertes de la cavité. Par conséquent, (1.23a) reste valable quels que soient le nombre et les propriétés des autres niveaux. Les équations du laser a trois niveaux s’écrivent done : S =-«J +coJD (B.6a) D = (Wp + y21)D + (Wp ~ yx) Nr - 20. JD (B.6b) Ces équations sont formellement identiques a celles du modéle & deux niveaux. Une comparaison plus précise des deux modeles est proposée en exercice 1.4. 21 Chapitre 1 + Principes de base et modélisation B.3 Seuil et regimes stationnaires A Péquilibre (D = J = 0), inversion de population au seuil d’ oscillation (J = 0), vétifie (B.6b) : Ws = Yu D,=N. Wrs + ya (B.7) Rappelons que cette inversion de population dépend non seulement des caractéris- tiques de la cavité, mais aussi de celles du milieu actif, comme le montre (1.25). On peut done en déduire le taux de pompage minimal W,, nécessaire au démarrage de oscillation laser. L’équation précédente nous donne directement : 142 Nr+Dy Nr Woe = = B.S, ’p VND, ya _Ds (B.8) Nr Remarque Si D, « Nr, on en déduit que Wps ~ y21- Comme ceux du modéle & 2 niveaux (éq. (1.29)), les régimes stationnaires du laser 2.3 niveaux dépendent du paramétre de pompe : J=0 SiWp < Ws?) pe neve = 71 (B.9a) Wp + y21 Wps)(Nr - Ds) SiWy > Wps: 20D; (B.9b) La saturation de l'inversion de population peut s’exprimer directement & partir de (B.6b) : Dy = Np—e pt (B.10) Wot yait20F 1+ yok avec : w 5 =a D=n,2— Bl) "Wo + y21 Le terme de droite de (B.10) montre que D joue le méme rdle que dans le laser & 2 niveaux : c'est l'inversion de population obtenue en l'absence d’ oscillation, c'est-a- dire quand J = 0. L’intensité de saturation s’écrit : Wy + 21 20 (B.12) 22 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. C. Laser 4 quatre niveaux En utilisant les définitions de D et J, introduites dans ce modéle (éqs. (B.11) et (B.12)) et compte tenu de (1.25), on obtient pour le gain les mémes expressions que dans le modéle & deux niveaux (éqs. (1.34) et (1.35) : a (B.13a) a= (B.13b) COMPLEMENT C_ LASER A QUATRE NIVEAUX Nous considérons ici un milieu atomique dont la distribution énergétique est celle de la figure 1.9. Ce modéle correspond par exemple au laser & néodyme dont le milieu actif est constitué d’ions de néodyme introduits soit dans un cristal, soit dans un matériau amorphe (voir chapitre 7.2.2). (3) 2 Ww, Q) Figure 1.9- Modéle 4 niveaux. W, est le taux oF |r de pompage, et les 7ij sont les taux de relaxation. Bo qd) “no ©) C.1_ Différence de population a l'état stationnaire On suppose ici 732 beaucoup plus grand que tous les autres taux de relaxation et de pompage. Comme pour le modéle & trois niveaux, il en résulte que N3 —> 0 : les WpNo atomes excités par unité de temps et de volume dans I’état d’énergie £3 & partir du niveau 0 passent quasi instantanément sur le niveau 2. Le terme WpNo est donc la source qui alimente le niveau 2. On est ramené a l'étude du syst®me & 3 niveaux de Ia figure 1.8a. Les équations de populations sont aisément déduites de la figure 1.9 : Nz = W,No - yaiN2-oID (C.1a) Ni = -y10Ni + yaN2 + 7D (C.1b) No = yioN1 - WpNo (C.1c) 23 Chapitre 1 + Principes de base et modélisation De plus, le systéme étant fermé : No+Mi+No = Nr (C2) La densité totale Nr de molécules se conserve. Moyennant le changement de va- riables : D=N,-N (C3a) N=M+M (C36) Vévolution de Pinversion de population et de la somme des populations des niveaux laser est décrite par : D = W)(Nr -N)— yo1(N + D) wD ) ~205D (C.4a) om N= N= W,lN'r —W)~ no ; *) (Cb) inversion de population a I’état stationnaire est solution de ce systéme pour D = N=0: D= WpNr(y10 = ¥21) TF (2Wp + y10) + Wo(ri0 + Y21) + Yiova1 D est positive si et seulement si le numérateur de (C.5) est positif, c’est-d-dire si : (C.5) 10 > Y21 (C.6) Dans le cas contraire, les molécules qui ne peuvent descendre rapidement de 1 vers 0 s’accumulent dans 1 et contribuent & détruire inversion de population par effet engorgement du niveau 1 (voir chapitre 6 § 2.1). C.1.1 Seuil d’oscillation Linversion de population au seuil d’ oscillation (J = 0) vaut : D.= WpsNr(y10 ~ ¥21) To C7 Wps(Y10 + Y21) + Y1o¥21 oan) Ws est le taux de pompage au seuil d’ oscillation et peut étre calculé a partir de (C.7) : Ds oye pa (C8) Nr yio ~ you ~ RE(M10 + Y21) ps 24 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. D. Equations réduites du laser Dans le cas idéal ot yio > Y21, C’est-d-dire quand le niveau 1 se vide rapidement, Vexpression (C.8) se simplifie : Ds ya Ws = (C9) "Nr (-B) et si D, = Koc < Nr: Ds We = C.10) ps © 5721 (C.10) Le taux de pompage nécessaire a la réalisation de ’inversion de population dans ce modle quatre niveaux est done beaucoup plus faible que pour le systéme a trois niveaux étudié dans le complément B, oi il est égal & y21. Ceci est da au fait que Ie niveau bas de la transition laser, qui ici n'est pas le fondamental, est relativement peu peuplé a I’équilibre thermodynamique : les atomes arrivant sur ce niveau sont presque instantanément transférés dans le niveau 0. L’inversion de population est par conséquent beaucoup plus facile & réaliser et le rendement du laser bien meilleur. ComPLEMENT D_ EQUATIONS REDUITES DU LASER Dans les équations (1.26) du modéle a deux niveaux apparaissent naturellement des quantités sans dimension telles que D/D, ou A. Ces quantités traduisent explicitement une comparaison entre l'inversion de population et sa valeur au seuil. Nous proposons d’étendre ce principe au flux de photons et au taux de relaxation des pertes. On note D Tinversion de population réduite, J Vintensité réduite, k la relaxation, et on introduit Je temps réduit P : D= > (D.1a) 2F _ F ete D.1b) y Is oe) k=“ (D.le) Y fey (0.14) On obtient alors le systéme proposé par Statz et de Mars en 1960 : I! =kI(D-1) (D.2a) D =A-DI+1) (D.2b) od le symbole ’ symbolise la dérivée par rapport au temps réduit 1’. 25 Chapitre 1 + Principes de base et modélisation Cette transformation s’applique aussi aux équations (B.6) du modéle a trois ni- veaux, en prenant garde de remplacer partout y par W, + y21 dans la définition des quantités réduites. Les Equations réduites du modele a quatre niveaux sont établies dans lexercice 1.4. Avec ces nouvelles quantités, le seuil est atteint pour A = I et Dy = 1. Les solu- tions stables du laser sont (voir complément E) : siA 1, deux solutions existent : Io =0 et Do=A (E.1a) Ip =A-1 et Do=1 (E.1b) Pour étudier la stabilité de ces solutions, on leur applique une petite perturbation puis on suit l’évolution ultéricure du systéme. Si le laser revient sur le régime de départ, c'est qu’il est stable, $*il n’y revient pas, c’est qu’il est instable. On choisit donc une intensité J et une inversion de population D trés proches de Io et Do : IT) =Io+51(), 61 «Io (E.2a) Di) = Dy + 6D), 6D « Dy (E.2b) Ces expressions sont introduites dans (D.2), en tenant compte de (E.2). En négligeant les termes du second ordre en 67(t)}5D(0), on peut décrire l’évolution des perturba- tions 67(1) et 5D(1) en fonction du temps avec deux Equations linéarisées (<'ou le nom « d’analyse de stabilité linéaire »). Considérons maintenant la solution stationnaire non nulle donnée par (E.1b). On obtient : 6I' = k6D(A~ 1) (B3a) 6D! = -61 - AbD (3b) 26 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. E. Stabilité des regimes stationnaires du laser ou sous forme matricielle : 6ry 6 (5p) -™(5) 4) avec : _(0 KA-) m=(2 Ke ) (5) On cherche des solutions du type 67 = 6T oe" et 6D = 5Doe“. Les valeurs propres sont solutions de det|M — £7] = 0 od T est la matrice identité. On a done : ER A-1)) _ yo -l= det Tae a) 78 TEA THAD =0 (£6) ou encore : =-5+ (E7) Il nous faut ici considérer deux situations, selon que les racines (E.7) sont réelles ou complexes conjuguées. Le paramétre déterminant est done la valeur de k : A est en effet un paramétre de contréle qui est facilement modifié en ajustant ’intensité de pompe. © Sik <1 (y > &), on parle de lasers de classe A (voir complément C du chapitre 4). Dans ce cas, on a k(A ~ 1) < A?/4 et les deux racines sont € ~ —K(A — LA et & = A. Puisque A > I, elles sont négatives et la solution stationnaire est done stable. Le retour a a position d’équilibre (Zo,Do) s’effectue sous la forme d’une décroissance exponentielle : le laser est en régime sur-amorti. © Dans le cas contraire, le laser est qualifié de laser de classe B (voir complément C du chapitre 4). Si k(A— 1) > A2/4, € devient complexe. Sil’on reste prés du seuil et si k est suffisamment grand, on a k(A —1) > A?/4 et expression de é se simplifie : A siy k(A —1) =p +iQ! (E.8) La pattie réelle de & étant toujours négative, la solution (Z,Do) est donc stable. La partic imaginaire de & représente la fréquence propre Q! de la solution (Zo,Do)- Le laser retourne a sa position d’équilibre par des oscillations de relaxation de fréquence Q : il est donc en régime pseudo-périodique. La valeur de la fréquence en unité non réduite est : é Q= yQ! = VyA-D (£9) Cette fréquence propre joue un r6le important dans la dynamique du laser puis- qu'il s’agit d’une fréquence de résonance du systéme, absente dans les lasers de 27 Chapitre 1 + Principes de base et modélisation classe A. Nous verrons par exemple qu’en modulant le laser & cette fréquence, les phénoménes de résonance peuvent mener & des comportements dynamiques trés riches, par exemple chaotiques (voir chapitre 6 § 6.2.2). Remarque Les équations linéaires (E.3) peuvent se mettre sous la forme d'une équation linéaire du second ordre : 61" = -AbI' — K(A~ 1)6r (E.10) Lanalogie avec l'oscillateur harmonique amorti de pulsation 9 = yKA—1) est alors immédiate. Selon les valeurs de k et de A, le retour 4 l’équilibre 67 = 0 pour (A-1) > 0, s'effectue sous forme d'oscillations de relaxation (régime faiblement amorti) ou par une décroissance exponentielle (régime suramorti). Remarque Les classes A et B définies ci-dessus ne doivent pas étre confondues avec la classe de sécurité d’un laser (voir complément A du chapitre 8). 28 Exercices Exercices GBD Trouver inversion de population permettant d’atteindre le seuil de l’oscillation laser pour un laser YAG fonctionnant 4a = 1,06 um. L’indice du cristal est n = 1,5 et la constante de temps de I’émission spontanée Tsp = Az} = 5,5 10-4 s. La largeur de la transition vaut 6 cm“! et les pertes de cavité sont évaluées 4x = 2 107s"!. On pourra s’aider de la relation (A.16). Un laser A Rubis posséde les caractéristiques suivantes : inversion au seuil D, = 7 10" cm”, largeur de la transition Av = 3,6 10'' Hz, ts) = A3! = 3 ms et longueur d’onde dans le vide A = 0,6943 ym. L’indice du milieu est n = 1,77. En fonction de ces paramétres, calculer le gain du laser. On pourra s’aider des relations établies en fin de complément A. Dans le modéle & deux niveaux, nous avons supposé en section 1.2 que les taux de relaxation des deux niveaux étaient identiques (voir fig. 1.4). On se propose ici d’examiner les modifications qu’ apporte la prise en compte de deux taux de relaxa- tion 7; et 72 différents pour les deux niveaux. Notre systéme est done celui représenté en figure 1.10. (2) A Na ONS A N Figure 1.10- Modéle a deux niveaux. Ecrire pour y; # 72 le systéme de trois équations Equivalent a (1.23). Montrer que l’inversion de population au seuil ne change pas (éq. (1.25). En régime stationnaire (V2 = N, = 0), montrer que la saturation des populations est toujours décrite par une équation du type : 29 Chapitre 1 + Principes de base et modélisation avec et Lot ( 14 ) —=s(—+— nm 2\n Montrer que les régimes stationnaires du laser sont donnés par des expressions ana- logues & (1.29). Le but de cet exercice est de comparer les modéles A deux, trois et quatre ni- veaux. Montrer, & partir des équations (1.23) et (B.6), que les modéles & deux et trois niveaux sont équivalents et que les relations entre les paramétres des deux modéles sont : y= Wpt ya (la) ae Wen y D=~ —vn, F.1b) Wp ya Tr (Fb) Montrer, A partir des équations (1.23) et (C.4), que les modéles & deux et quatre ni- veaux sont équivalents dans la limite ot yio > yo1 et que les relations entre les paramitres des deux modéles sont : y= Wy +ya (F.2a) p= n, F.2b) “Wem” ey BJ Un laser a fibre dopée 4 PEr**(indice n = 1,46), de longueur L = 10 m, est fermé par deux miroirs, I'un totalement réfiéchissant, l'autre avec un coefficient de transmission T = 1 %. Pompé 4 980 nm, ce laser oscille 42 = 1,55 ym, Il peut étre décrit par le modéle & trois niveaux de la figure 1.8b avec 731 = 0. (a) Ecrire les équations de bilan des populations. Préciser les conditions dans les- quelles : 1 3p (Na - D) - N2yx1 - ANoT = 0 (F.3) ott Ng est la somme des populations des trois niveaux, D la différence de population et les autres grandeurs sont celles apparaissant dans la figure 1.8b. 30 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. Exercices (b) On suppose que I’équation F.3 est vérifige : exprimer l’inversion de population D en fonction de N, et des paramétres de la figure 1.8b. En déduire I’inversion de population Do en l’absence de champ laser. (©) Une onde électromagnétique d'intensité Jo prés de l'un des miroirs, se propage dans la fibre. En supposant que les seules pertes du résonateur sont localisées sur les miroirs (pertes par réflexion), écrire expression de l'intensité J; de onde aprés un aller-retour dans la fibre amplificatrice. En déduire la condition d’ oscillation du laser. (d) Calculer inversion de population au seuil d’oscillation sachant que la largeur de la transition est Ay = 4 THz et que Tsp = Ax = 10 ms. Le laser CO; peut étre décrit par le modéle a trois niveaux de la fig. 1.8a, dans lequel y31 = 2,5.108 s7! et yo) = 0,34 s7!. La relaxation du niveau 3 vers le niveau 2 est exclusivement radiative. L’émission se fait 4.2 = 10,6 um, avec une largeur naturelle Av = 100 MHz et une intensité de saturation de 4 W/cm?. (a) Montrer que les équations d’évolution de ce laser sont les équations (1.26). (b) On décide de tenir compte de la contribution de I’émission spontanée dans I’équa- tion d’évolution de intensité. Ré-écrire I’équation (1.26a) en rajoutant le terme cor- respondant. On notera A32 le taux d’émission spontanée du niveau 3 vers le niveau 2. (c) En utilisant les changements de variables introduits dans le complément D, mon- trer que le systéme d’équations (D.2) devient kD rT’ =kI(D- I+ D! =A-D(I+1) avee R = Ax2/o-Js. Evaluer R. On donne A32 = 0,34 s! (d) Exprimer le nombre de photons émis & I’état stationnaire (©) Le seuil de oscillation laser est défini pour A = 1. On s'intéresse & la variation du nombre de photons émis lorsque le seuil est franchi. Pour cela, nous allons éva- uer le nombre de photons émis juste en dessous et juste au-dessus du seuil, pour un paramétre de pompe A = I + 6, avec [6] < 1. Pour les calculs, on prendra [6] = 0,01 et Js = 10". Donner les expressions asymptotiques de J pour 6 < 0 et 6 > 0, et les évaluer numériquement. () Comparer les deux expressions obtenues en (b), et discuter. En déduire un tracé sommaire de I en fonction de A. 31 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. FAISCEAUX GAUSSIENS La propagation libre des ondes électromagnétiques est souvent décrite de manigre trés simplifiée par les ondes planes. Ces ondes non limitées transversalement, carac- térisées par une amplitude constante et des fronts d’onde plans, sont les solutions les plus simples des équations de Maxwell. Les lasers délivrent des faisceaux dont le profil transverse en intensité (c’est-a-dire dans le plan perpendiculaire a la direction de propagation) est de forme gaussienne. La description de tels faisceaux en terme d’ondes planes est donc mal adaptée. Nous montrons ici que ces faisceaux, appelés faisceaux gaussiens, sont également solutions des équations de Maxwell. Leur in- térét pour la description des lasers est justifié au chapitre suivant, ot il est montré que les faisceaux gaussiens peuvent décrire d’une maniére exacte le champ électro- magnétique dans une cavité — ou encore ce qu’on appelle les modes propres d’une cavité. Dans la premiére partie de ce chapitre, nous montrons comment la propagation dun rayon lumineux peut étre décrite, en optique géométrique, dans le contexte de Voptique matricielle. Dans la seconde partie, nous reprenons les équations de Max- well et les développons dans le cadre de l’approximation paraxiale. Les faisceaux gaussiens sont alors introduits et décrits de maniére détaillée. Nous montrons, dans une derniére partie, que le formalisme de l'optique matricielle dépasse le cadre de Toptique géométrique et se révéle d’un grand intérét pour I’étude de la propagation des faisceaux gaussiens. 2.1 PROPAGATION D’UN RAYON LUMINEUX : LES MATRICES ABCD La propagation d’un rayon lumineux & travers une structure formée d’ éléments op- tiques (miroirs, dioptres, lentilles. ..) peut étre décrite par des matrices de transfert appelées matrices ABCD. La figure 2.1 décrit un rayon se propageant dans un sys- téme optique d’axe z. En un point z dong, le rayon lumineux est caractérisé & la fois par sa position r(z) et par sa pente tan 6 = dr/dz, ou encore de maniére synthétique par le vecteur : _{7@ r= i) -_ Dans la plupart des situations expérimentales, le rayon lumineux reste confiné au voisinage de I’axe optique du systéme. L’étude de sa propagation peut alors étre dé- 33 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens Figure 2.1- Propagation d'un rayon lumineux a travers un systéme centré (symbolisé ici par le rectangle) d'axe z. veloppée dans le contexte simple de approximation paraxiale. Celle-ci est réalisée lorsque les rayons se propagent de manigre quasi paralléle & I’ axe optique z et restent confinés prés de cet axe. La pente d’un rayon paraxial est faible et l'on a : Ir < = tan ~6 (2.2) dz Examinons, comme le montre la figure 2.2a, le cas d’un rayon se propageant dans espace libre sur une distance d = z2 ~ z; entre les plans z = z1 et z = zz et notons : ne rey=(7 ) (2.3a) j 2 ry = rex) = 2.30) 2 = r(2) ( & ) (2.3b) les vecteurs correspondants. On obtient : ry =r) +tanO\d =r) + 6d (24a) 6 = 6 (2.4b) En notation matricielle, on peut écrire r2 = Mr), od: ld 4=()1) (2.5) M est la matrice de transfert relative a 1a propagation du rayon sur la distance d. La figure 2.2b illustre maintenant le passage d’un rayon lumineux & travers une lentille mince de distance focale f. La matrice de transfert est donnée par (voir complé- ment A): 10 (ig ) eo 34 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 2.1. Propagation d’un rayon lumineux : les matrices ABCD zi z z Figure 2.2- Propagation d’un rayon lumineux. (a) propagation libre sur une distance = 2; - 2), (b) passage a travers une lentille de focale f. Remarque L'approximation paraxiale suppose que la dimension transverse r(z), c'est-a-dire per- pendiculaire a I'axe optique z, reste petite devant les dimensions caractéristiques du systéme optique Cette approximation est réalisée pour la lentille lorsque r < f (voir complément A). Dune manitre générale, les propriétés d’un systéme optique quelconque sont re- présentées par sa matrice de transfert. Les rayons incident r) et émergent rz (relati- vement & ce syst#me optique) sont reliés par r)=Mr}. La matrice M est donnée par ses éléments notés conventionnellement A, B, C et D : AB (2) en La matrice d’un systtme composé de plusieurs sous-systtmes élémentaires, tels ceux que nous venons de décrire, est le produit des matrices de chaque sous-systéme. Si le rayon lumineux traverse successivement N sous-systémes de matrices respec- tives M1, Mp, .... My, le rayon sortant 12 est égal & My [--- Mz [Miri]. La matrice résultante M s'exprime comme le produit matriciel M = My --- M2M1. Considérons, par exemple, un rayon qui traverse une lentille puis se propage ensuite librement sur une distance d. M s’écrit : ld 1 0\_(l-d/fd “ (01 )(-uet }>( “uf 1 a Notons que le produit matriciel est ordonné de maniére & faire d’abord apparaitre Ia transformation du rayon incident par la lentille : la matrice correspondante est appliquée en premier lieu sur le rayon entrant. Elle est suivie ensuite de la transfor- mation (2.5). M 35 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens Les matrices ABCD de plusieurs syst¢mes simples sont données a titre d’exemple dans le complément A. Elles vérifient : det(M) = AD - BC = “4 (2.9) np od ny et nz sont les indices des milieux extremes (voir I’exemple du dioptre illustré dans le tableau 2.2 du complément A). Dans le cas particulier oi les milieux extremes ont méme indice, det(M) = 1. Remarque En électricité, on utilise des matrices de transfert analogues pour relier les grandeurs de sortie (tension, courant) aux grandeurs d'entrée des quadripdles. 2.2 EQUATIONS DE MAXWELL 2.2.1 Rappels On considére une onde électromagnétique monochromatique qui se propage dans un milieu diélectrique, linéaire, homogéne et isotrope. Ses champs électrique et magné- tique sont notés E et B. D est le vecteur déplacement électrique et H induction magnétique. La propagation de cette onde est décrite par les équations de Maxwell : 3B VxE=-5 (2.10a) aD VxH= > (2.10b) v-B=0 (2.10¢) v-D=0 (2.10d) A ces équations de base sont adjointes les relations : D =e E+P Q41 et pour un milicu non magnétique : B= oH (2.12) Les grandeurs €9 et 4o sont respectivement la permittivité et la perméabilité du vide. La polarisation P est la réponse du milieu soumis au champ électrique E. En régime linéaire, en supposant que le milieu est isotrope et que sa réponse est instantanée, ona: P= eqxE (2.13) 36 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 2.2, Equations de Maxwell X est la susceptibilité diélectrique du milieu. En reportant (2.13) dans (2.11), on ob- tient : D=cE (2.14) od la constante diélectrique & est définie par : e=e(1+x) (2.15) En faisant agir l’opérateur rotationnel sur (2.10a), on obtient : WE = woes5E (2.16) On a tenu compte de la propriété V.E = 0, vérifiée pour un milieu isotrope, et de Pidentité V x (V x E) = V(V.E) — V2E. L’équation (2.16) a la forme typique d’une Equation d’ondes se propageant & la vitesse c = 1/ yfioe. La solution la plus simple de (2.16) : E= Feeeen $0.0. (2.17) est l’onde plane monochromatique de fréquence «. Le champ 4’ amplitude constante est supposé polarisé dans la direction notée n (mk). Il se propage dans la direc- tion du vecteur d’onde k. La norme du vecteur d’onde est relige & la longueur d’onde Aet Ala fréquence w par : pose (2.18) La vitesse de phase dans le milieu est donnée par c = co VE0/é = co/n oun = Ve]eo est indice du milieu. Notons que (2.16) admet une autre solution correspondant 4 une onde sphérique : ellwt-kn) E(r,) = hE n+c.c. (2.19) r oi r est la distance qui sépare la source de l’onde du point considéré. 2.2.2. Approximation paraxiale L’approximation paraxiale, définie plus haut pour la propagation des rayons lumi- neux, est introduite ici dans le cadre des équations de Maxwell. Son intérét pour les faisceaux gaussiens est précisé dans la suite. 37 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens Soit une onde monochromatique se propageant suivant une direction z donné Dans la suite, nous appelons plan transverse le plan (x,y) perpendiculaire 2 la di- rection de propagation z. Sans perte de généralité, nous supposons que le champ est polarisé dans une direction arbitraire du plan transverse : E(xy.2sf) = SE Cnmoe™ ntc.c. (2.20) oi E(x,y,z) est le champ scalaire associé 4 E. L’équation d’onde (2.16) peut alors se mettre sous la forme d’une équation scalaire : [V+] E =0 (2.21) Cette équation admet comme solution un champ analogue & (2.17) : E(ayz) = 6 (2.22) correspondant a une onde plane d’ amplitude constante & se propageant dans la direc- tion z. Cette solution ne constitue pas une description réaliste des caractéristiques d’un faisceau laser. Rappelons que ce faisceau est caractérisé par un profil d’intensité de forme gaussienne dans le plan transverse. D’un point de vue formel, l'ensemble des ondes planes (2.17) de vecteur d’onde k est une base sur laquelle on peut dévelop- per n’importe quel type d’onde : un faisceau lumineux monochromatique peut étre considéré comme une combinaison linéaire de ces ondes planes. Cette base permet done, a priori, la description d’un faisceau laser, mais n'est certainement pas la plus pertinente ! Nous nous proposons d’établir & quelle condition une généralisation de (2.22) du type : E(xys2) = Elxy,ze™ (2.23) est aussi solution de (2.21). De manitre a tenir compte de la structure confinée carac- téristique des faisceaux laser, 'enveloppe complexe & dépend maintenant, & la diffé- rence de l’onde plane (2.22), des coordonnées du plan transverse (x,y). L’enveloppe E peut également dépendre de la coordonnée z comme l’indique a relation (2.23). Remarque L'expression (2.23) permet de prendre en compte le confinement de I'onde dans le plan transverse (x,y). Le confinement s'accompagne automatiquement de phéno- ménes de diffraction. En effet, le principe de Huygens montre que l'enveloppe d’un champ confiné transversalement dépend également de la direction de propagation z. Les effets de diffraction sont donc inclus dans I'expression (2.23) grace a la dépen- dance de & en z. 38 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 2.3, Faisceaux gaussiens L’approximation paraxiale suppose que 1a variation de l’enveloppe &(.x,y,z) en fone- tion de z est beaucoup plus faible que celles des oscillations du type exp (—ikz). En d'autres termes, l’enveloppe & varie lentement en fonction de z sur une distance de ordre de la longueur d’onde 2: (2.24) Remarque L’approximation paraxiale introduite dans le paragraphe 2.1 consiste ane considérer que les rayons lumineux restant confinés au voisinage de I'axe optique du systéme. Cette approximation est formellement équivalente a celle qui est introduite ici pour les faisceaux gaussiens. Reportant (2.23) dans (2.21) et tenant compte de (2.24), on obtient : aE PE OE St ap k= = 0 2.25 ae” Oy a 25) Cette équation, appelée équation parabolique paraxiale, est & la base de la théorie des faisceaux gaussiens. C’est une équation aux dérivées partielles linéaire du premier ordre en z que I’on peut écrire sous la forme : 0 _ 1.5 = VE 2.26 Be aa Le laplacien transverse, V2. = 07/0x? +7/dy”, rend compte de la diffraction de l’onde électromagnétique dans le milieu. Remarque L’équation (2.26) est identique a I'équation de Schrédinger deux dimensions spa- tiales décrivant une particule libre de masse m (il suffit de remplacer z par t et k par (mi), 2.3 FAISCEAUX GAUSSIENS 2.3.1 Mode fondamental L’équation d’onde (2.25) admet comme solution des ondes dont le profil d’intensité est de forme gaussienne ou encore modes gaussiens. Dans un premier temps, nous allons rechercher Ia solution la plus simple présentant la symétrie cylindrique. Ce type de solution est connu sous le nom de mode fondamental. Les autres solutions de (2.25) sont appelées modes d’ordre supérieur et sont développées dans les deux sections suivantes. 39 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens Notant par r = (x? + y?)'? la coordonnée radiale dans le plan transverse, (2.25) devient pour un champ & symétrie cylindrique : 14 (a as zp, (2.35b) devient : z w(g) = wo (2.38) eR et la pente associée est donnée par : tan = (2.39) 42 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 2.3, Faisceaux gaussiens Lrangle 6 est appelé angle de divergence du faisceau ou plus couramment divergence du faisceau. Un observateur se déplagant dans la direction de propagation verra des surfaces d’onde convexes (pour z < 0) ou concaves (pour z > 0). La nature convexe ou concave des surfaces d’onde est indiquée par le signe de R(z) qui est négatif pour z < 0 ou positif pour z > 0. La figure 2.4 illustre les principales propriétés d’un faisceau gaussien. fronts d’onde z w(z)= wo a/wo > Oeil R(z)<0 R(z)>0 Figure 2.4 - Rayon de courbure du front d’onde R(z) et rayon w(z) d'un faisceau gaussien. La figure de droite représente le profil de la norme du champ |E\. L’angle @ caractérise la divergence du faisceau. Remarque Les pointeurs lasers, par exemple, émettent un faisceau dans le rouge (1 = 700 nm). lls ont un rayon de pincement qui prend typiquement la valeur wo = 1 mm. La longueur de Rayleigh, déduite de (2.36), est donnée par zz = 4,5 m ou encore @ = 0,2 10°? rad. Ces faisceaux sont peu divergents, d’ou leur usage en tant que pointeurs. Le laser Nd :YAG utilisé en télémétrie du type LIDAR (voir chapitre 8) a une longueur de Rayleigh ze de l'ordre du kilometre, 2.3.1.2 Phase Liintégration de (2.31b) est immédiate et donne A(z) : Ag) = —© = = Coie 2.40) 1-iz wz) cK ot C est une constante ’intégration (dans la suite, on choisit arbitrairement la norme du mode fondamental et on pose C = 1). La phase de Gouy g(z) = arctan (2) (2.41) 4B Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens est caractéristique de l’onde gaussienne. Lrensemble des résultats (2.23), (2.28), (2.40) et (2.41) permet d’ obtenir l’expres- sion compléte du champ électrique (2 une constante multiplicative prés) : wo Pr . E(x,y,2) = —* exp |-—— | exp [-i6(r, 2.42) (y,2) we on| Zot i6(r,2)] (2.42) Notons que la phase totale du champ comprend plusieurs termes : kr (7,2) = ke — arctan (2) +R (2.43) Par rapport & l’onde plane, la phase comporte ici deux contributions supplémentaires : Pune longitudinale est la phase de Gouy ¢(z) (2.41), autre radiale donne au front donde sa forme sphérique. Lintensité du faisceau J = |E)? s’écrit : : 2 Ker) = [= ee a5 (2.44) correspondant, dans le plan transverse, au profil donné par la figure 2.5. Umax Figure 2.5- Profil gaussien de Vintensité transverse dans le plan 2 Imax = (Wo/w(2)). w(2) Résumons les résultats obtenus ci-dessus. Nous avons construit un faisceau de distribution @’intensité transverse gaussienne dont la caractéristique essentielle est le rayon de ceinture wo. Dans le plan z = 0, le faisceau présente un étranglement de rayon wo et un front d’onde plan. Pour des valeurs données de wo et de la longueur d’onde A, le faisceau est déterminé par les grandeurs suivantes : * lalargeur du faisceau w(2z) ; * la courbure du front d’onde R(z); ‘© de manigre équivalente & w(z) et R(z), le rayon de courbure complexe Q(z) (2.29) ; * laphase (2.43). (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 2.3, Faisceaux gaussiens Les différents paramétres du faisceau sont rappelés dans le tableau 2.1. Tableau 2.1 - Paramétres du faisceau. wo Tayon de ceinture z= longueur de Rayleigh 2 o- angle de divergence Remarque Le rayon de ceinture wy reste encore un paramétre « libre ». Nous verrons (chapitre 3) que la valeur wo prise par le faisceau est déterminée par la géométrie de la cavité laser (longueur de la cavité et rayon de courbure des miroirs). 2.3.2. Modes d’Hermite-Gauss L’équation (2.25) admet d’ autres solutions que le mode fondamental décrit ci-dessus. Sans entrer dans des développements mathématiques trop lourds, nous pouvons mon- trer que la fonction d’essai (2.30) peut étre généralisée par : v2x v2y ke Besa) 406.) (Ble a (sa) a G, et Gy sont fonctions des coordonnées transverses x et y normalisées par rapport au rayon w(z). En reportant cette expression dans (2.25), on montre que la fonction G, obéit A une équation différentielle du type : (2.46) ot m est un entier positif quelconque. Le méme type d’ équation est obtenue pour Gy. Les solutions de (2.46) sont les polynémes d’ Hermite Hy». Le champ (2.45) devient : vox vy Enn(%sYs2) = Su ( 2 > )[ @ ) P exp (a - tra) (2.47) OU Pmn(7,Z) est la phase totale du champ : ke bmn(t,2) = kz —(m+ n+ 1) arcan(= <). (2.48) 2R() 45 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens Ici m et n sont les indices des polynémes d’Hermite relatifs aux directions trans- verses respectives x et y. Les solutions (2.47) s’expriment comme le produit d’une gaussienne par des polynémes d’ Hermite, d’oi leur nom de modes d’Hermite-Gauss. On les appelle modes. TEM, (pour mode « Transverse Electro Magnétique »). No- tons que les fonctions w(2z) et R(z) sont les mémes que celles du mode fondamental et sont done des caractéristiques générales des modes gaussiens. On remarquera aussi que la courbure du front d’onde est indépendante des indices du mode. La phase (2.48), généralisant expression (2.43), dépend quant a elle des indices m et n du mode. Rappelons la forme explicite des polyndmes d’Hermite d’ordre le plus bas : Ho(x) = 1 y(x) = 2x H2(x) = 4° -2 (2.49) et la récurrence : Hy(x) = 2xHy-1(3) — 2(n = 1) yp-2) (2.50) Le mode d’ordre le plus bas Ego (ou TEMoo) correspond au mode fondamental étu- dié dans la section précédente. La figure 2.6 montre des structures transverses plus complexes qui correspondent & des profils de modes d’ordre plus élevé. \ Ay NN a | Ps i Ht VJ Figure 2.6 - Représentation du profil des modes d'Hermite selon x, Enmao (XY = 0, = 0) = Hy(V2X/Wo) exp(-X?/Wa) pour m= 1, 2, 3. \ \ Le polyndme d’Hermite d’ordre n posséde n zéros. L’intensité du mode Inn = |Emn|? présente done, dans le plan transverse, une structure formée respectivement de (m + 1) et (n + 1) maxima dans les directions x et y. La figure 2.7 illustre quelques modes d’ordre le plus bas. 46 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 2.3, Faisceaux gaussiens Figure 2.7- Représentation dans le plan transverse (x,y) des intensités Imn asso au mode fondamental et a quelques modes d’ordre supérieur, Les maxima d’intensité correspondent aux zones sombres. Sont représentés successivement les modes TEMoo, TEMio, TEMo: et TEMs2. 2.3.3. Modes de Laguerre-Gauss Une autre famille de solutions de I’équation paraxiale est donnée par la base des modes de Laguerre-Gauss. Notant par r et @ les coordonnées polaires dans le plan transverse, on peut montrer que les fonctions : ' wo ( V2r (5) n(r,8,2) = 2% (M2) pt (20 eee (3) aro ie xexp (- a idgira) x { (pour | = 0, on note Epo; = Epo) sont aussi solutions de I’équation paraxiale (2.26). La phase du champ ¢pi(r,2) est alors donnée par : bpilr,2) = ke — (2p + 1+ 1parcan(=) oe (2.52) R Ici p (p = 0,1, ---) est indice radial et / (J = 0,1,---) Pindice angulaire. Les fone- tions L/, sont les polynémes de Laguerre généralisés. Les grandeurs wo, ze, w(2) et R(z) caractérisant les solutions sont strictement identiques a celles des modes d’Hermite-Gau: Les polynémes de Laguerre généralisés obéissent & l’équation différentielle = @L, ad, roe t+ 1-ngt + ply =0 2.53) ou peuvent étre construits A l'aide de : (2.54) 47 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens Les premiers polynémes ont pour expression : L(x) = 1 (2.55) Li) =1+1-x (2.56) L(x) = x + I+ 2) - (+ 2x ae (2.57) On remarque ici que les modes fondamentaux des bases de Laguerre-Gauss et d'Hermite-Gauss sont identiques. Pour = 0, les solutions Eyo ont la symétrie cy- lindrique et Pintensité |Eyo|” a une structure transverse formée de p anneaux entou- rant une tache centrale. Lorsque | # 0, la section transverse est formée de p + I anneaux (sans tache centrale) sur chacun desquels sont distribués 2/ maxima en in- tensité, Quelques exemples de structures transverses sont reportés sur la figure 2.8. . a%e ’ , °,@ L. e “s 4 Figure 2.8- Représentation des intensités dans le plan transverse des modes de Laguerre-Gauss Foo, Eo32, E20, E232. Les maximas d’intensité correspondent aux zones sombres. L’ensemble des modes de Laguerre-Gauss forme, comme celui des modes d’Hermite-Gauss, une base complate et permet de développer n’importe quel champ électrique en propagation libre. Cependant, le choix de la base est souvent suggéré par les symétries du champ considéré, Pour un champ & symétrie cylindrique, on choisit plus naturellement la base de Laguerre-Gauss. Dans une cavité laser présentant un Kéger astigmatisme ou un Iéger désalignement, la symétrie cylindrique est brisée et le champ a une structure plus proche de celle des modes d’Hermite-Gauss. La base des modes rectangulaires est alors la mieux adaptée. 2.4 PROPAGATION D’UN FAISCEAU GAUSSIEN 2.4.1 Loi ABCD pour les faisceaux gaussiens Nous verrons plus loin que, dans la pratique, les faisceaux gaussiens sont souvent transformés par des systémes optiques (une lentille ou un miroir, par exemple) et qu’il est fondamental de connaitre les nouvelles caractéristiques des faisceaux émergents. 48 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 2.4, Propagation d'un faisceau gaussien Nous considérons ici la transformation d’un faisceau gaussien se propageant dans un systéme optique centré. Nous venons de voir que ces faisceaux sont entitrement définis par leurs rayons de ceinture w(z) et de courbure R(z) ou bien d’une maniére tout aussi équivalente par le rayon de courbure complexe Q(z). Ainsi, pour caracté- riser les modifications d’un faisceau gaussien lors de la traversée d’un syst¢me op- tique, il faut pouvoir relier le rayon de courbure complexe a la sortie du syst8me a la grandeur d’entrée correspondante. Nous avons vu, en premire partie de ce cha- pitre, que I’étude de la propagation d'un rayon lumineux peut étre développée dune manitre simple & l'aide des matrices ABCD. Ces matrices se révélent également trés utiles pour décrire la transformation des faisceaux gaussiens comme nous le montrons maintenant. A titre d’exemple, considérons le cas le plus simple de la propagation libre sur une distance d entre deux plans z; et zp. A partir de (2.33), on obtient immédiatement : Ole2) = Oz) +d (2.58) ob d = 22-21. Figure 2.9- Modification du rayon de courbure aprés traversée d'une lentille convergente. En fonction de la valeur de f, le rayon sortant a un rayon de courbure négatif (a) ou positif (b). Intéressons-nous maintenant & la lentille mince. Dans ce cas, les plans d’entrée et de sortie sont confondus et la taille du faisceau w(z) n’est pas modifiée. La lentille agit uniquement comme un correcteur de phase, ce qui a pour effet de modifier le rayon de courbure R(z) du faisceau. Les rayons du faisceau incident R(z1) et du faisceau émergent de la lentille R(z2) (fig. 2.9) vérifient la loi de transformation suivante (voir complément B) : 1 1 i (2.59) R@) Ra) Ff , 49 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens Remarque Remarquons l'analogie avec la formule de conjugaison des lentilles minces obtenue dans le cadre de l'optique géométrique. Pour cela, considérons une source d'ondes sphériques placée a une distance algébrique p; = R(z:) de la lentille comme I'illustre la figure 2.10. Son image est située 4 une distance p2 = ~R(z2) (R(z2) < 0 compte tenu des conventions indiquées plus haut) donnée par la formule des lentilles minces, V/p2— Vp = I/f soit encore ~1/R(z2) + 1/R(2;) = 1/f. Figure 2.10- Analogie avec optique géométrique. Ici, p: = OA; <0 et pr = OA2 > 0. Le faisceau gau: jent est caractérisé par R(z;) > O et le faisceau émergent par R(z2) <0. Utilisant (2.59) et I’égalité w(z1) = w(z2), ona: 1 1 1 Om) OG) F Cm Nous pouvons maintenant déterminer la transformation résultant du passage a tra- vers une lentille mince suivie d’une propagation libre. Notons, comme T’illustre la figure 2.11, par z) et z; les points situés juste avant et aprés la lentillle et par d = z2—z; la distance correspondant & la propagation libre. Figure 2.11 - Passage d'un faisceau a travers une lentille mince suivi d'une propagation libre. En zj, Q(z;) est donné par a loi de transformation (2.60) : Qi) 1 = TOF (2.61) 50 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 2.4, Propagation d'un faisceau gaussien et en Zp, Q(Z2) obéit a la relation (2.58) : C-d/f)Q@i)+d I/F) Q@1) +1 Plus généralement, on montre que les expressions (2.58), (2.60) et (2.62) sont du type : Qe) = OG) +4 (2.62) AQ@i) +B CQ) +D oi les grandeurs A, B, C et D sont définies par la transformation correspondante. On se convaine facilement que la loi de transformation d’un faisceau gaussien s’obtient simplement a partir des éléments des matrices ABCD de l’optique géométrique : AB “=(25) En reportant les éléments de matrices (2.5), (2.6) et (2.8) dans (2.63) la vérification est immédiate ! Remarquons que l'usage des matrices ABCD peut se généraliser tous les systémes optiques considérés dans le tableau 2.2 (voir complément A) ainsi que pour une séquence arbitraire de transformations élémentaires. Qa) = (2.63) 2.4.2. Focalisation d’un faisceau par une lentille La loi de propagation d’un faisceau gaussien permet de caractériser a focalisation d’un faisceau par une lentille. Un faisceau gaussien est incident sur une lentille de focale f. On considére la situation particuligre oi le rayon de ceinture wp se trouve dans le plan d’entrée de la lentille (voir fig. 2.12). On désire caractériser le faisceau aprés passage dans la lentille en précisant la valeur de son rayon uf, ainsi que sa position d par rapport & la lentille, <> a a SS 2 Figure 2.12 - Focalisation d’un faisceau par une lentille mince. Le résultat (2.62) est directement applicable. Le faisceau incident est caractérisé par le rayon de courbure complexe Q(z1) : ikw Ot) = =* (2.64) 51 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens En effet, au point z;, w(z1) = wp, et le rayon R(z1) y est infini. Pour la clarté des notations, on a utilisé la relation (2.34) entre la longueur de Rayleigh zp et wo. Le faisceau émergent a pour rayon de ceinture w/, en z2. Q(Z2) est alors une grandeur purement imaginaire reliée a la longueur de Rayleigh ze du faisceau émergent : ik(w4)” 2 Qlz2) = izp (2.65) D’autre part, compte tenu de (2.62), on a: d+izr(1—d/f) = 2.66) Qa) = SF (2.66) La partie réelle de Q(z2) devant s’annuler, on obtient : f ——_ (2.67) 1+ (fier? La partie imaginaire est alors donnée par : f aa (2.68) eT eelPP Cette dernigre équation exprime le rayon de ceinture du faisceau émergent en fonc- tion des paramétres du faisceau incident et de la focale de Ia lentille : (2.69) Les équations (2.67) et (2.69) indiquent les caractéristiques du faisceau aprés passage dans la lentille : le faisceau est focalisé a une distance d de la lentille ov il atteint son rayon de ceinture w/,. D’une manigre générale, (2.67) montre que le faisceau est toujours focalisé en avant du plan focal image de la lentille : d < f. Son rayon de ceinture w/, est plus pincé que le rayon du faisceau incident, wf, < wo. Nous sommes done bien loin des propriétés de la propagation des rayons lumineux de l’optique géométrique ! (Rappelons que dans ce cas, le faisceau incident collimaté converge aprés traversée de la lentille dans le plan focal de celle-ci). Remarquons cependant qu’on retrouve les résultats de optique géométrique pour un faisceau gaussien incident trés peu divergent : dans la limite zz — oo, le faisceau, formé de rayons quasiment paralléles et possédant un rayon de ceinture infini, est une onde plane. Dans cette limite, (2.67) et (2.69) donnent d = f et wf, = wof/zp : le faisceau incident est ainsi focalisé dans le plan focal de la lentille od son rayon de ceinture tend vers zéro. 52 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. A. Quelques exemples de matrices ABCD COMPLEMENT A QUELQUES EXEMPLES DE MATRICES ABCD A.1_ Propagation libre dans un milieu d’indice n La figure 2.2 décrit la propagation d’un rayon dans un milieu homogéne dindice n quelconque. La matrice (2.5) reste done valable méme si la propagation ne se fait pas dans le vide. A.2 Dioptre plan L'examen de la figure 2.13a montre que rp = r1 et 262 = 101. La matrice de transfert est diagonale : 10 4=(52) (AL) Figure 2.13- (a) Matrice de transfert pour le dioptre s¢parant deux milieux d'indice m, et ma. (b) Passage d'un rayon lumineux a travers une lentille de focale f. A Lentille mince et miroir sphérique Suivant la figure 2.13b, on a rz = ry et @. = —(r — d)/f od d = FO). La matrice de transfert correspondante est donnée par : ( 8+de_m(r+dr) 9 n(n, z Figure 2.14- Représentation du passage du rayon lumineux de la couche d'indice m(r) la couche d'indice m(r + dr). La loi de Descartes : n(r) cos @ = n(r + dr) cos(6 + 8) (AS) développée au premier ordre : n(r) cos @ = fue + Sar [cos @ — dé sin 6] (A6) i nous permet de relier la variation transverse indice & V’angle 6 pris par le faisceau : Ldn dé pees AT nar a ee Pour déterminer I’équation régissant la trajectoire r(z) du rayon lumineux, on ap- plique I’ égalité tan @ = (dr/dz) et V approximation paraxiale tan @ ~ @ : ldn_d0_ dr =-—=—=— (A. nar de as On obtient en utilisant (A.4) : er r OS ae 54 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. A. Quelques exemples de matrices ABCD lorsque r « A. En notant par r; et r, les coordonnées du rayon en z = 0, on montre facilement que la solution de (A.9) est : r@) =n cos (2) +nh sin (2) (A.10) Dans ces conditions, la matrice de passage du milieu quadratique pour une propaga- tion sur une longueur L (suivant z) est donnée par : [ay oe) aun Remarque Si le milieu d'indice parabolique, de longueur L, est limité de chaque cété par des dioptres, il faut tenir compte des transformations correspondantes (A. 1) comme Iin- dique la figure 2.15. ny n(r) ny 0 ni/no. 0 ng / ny Figure 2.15 - Milieu d’indice parabolique de longueur L, placé entre deux milieux indice m;. Les matrices de passage des dioptres d'entrée et de sortie sont représentées (en supposant n(r) = mo au premier ordre. Le tableau 2.2 récapitule les principales matrices ABCD. 55 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens 56 Tableau 2.2- Matrices ABCD pour quelques systémes optiques simples. Propagation sur une distance / dans un milieu d'indice parabolique. 1 d 0 1 Propagation libre sur une distance d I 0 Passage A travers 7 “lf 1 une lentille de focalef VS R 1 0 -YR 1 Réflexion sur un miroir de rayon de courbure R Q (7) = no (I) = mse cos(/h) hh sin(I/h) =sin(W/hy/h cos(W/h) n nz Interface entre deux milieux diélectriques diindice nj et nz 0 n/n (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. B. Transformation des faisceaux gaussiens par une lentille mince COMPLEMENT B- TRANSFORMATION DES FAISCEAUX GAUSSIENS PAR UNE LENTILLE MINCE Nous nous intéressons ici 8 la transformation d’un faisceau gaussien par une lentille mince. Dans ce cas, le rayon w(2) n'est pas modifié. La lentille, qui induit des varia- tions de longueur optique selon r, agit uniquement comme un correcteur de phase et modifie le rayon de courbure R(z) du faisceau. Considérons le cas d’une lentille biconvexe dindice n. Les paramétres géomé- triques, comme T'illustre la figure 2.16, sont donnés par le rayon d’ouverture a, Vépaisseur dp et les deux faces de méme rayon de courbure R. La distance focale est définie par f = R/2(n — 1). a 2 Figure 2.16 - Lentille biconvexe. z = z; et z = Zp sont respectivement les plans d’entrée et de sortie du faisceau. L’épaisseur de la lentille est notée d(r) oft rest la coordonnée radiale. Notons par d(r) I’ épaisseur de la lentille & la distance r de axe optique (d(r = 0) = do). Pour une lentille mince et dans le cadre de I’ approximation paraxiale, r< R, on obtient : diy) = dy = 2|R- VRE=P] = dy - (Bl) Les champs incident E(r) et émergeant E>(r) sont de la forme (2.42). La longueur optique effective entre les plans z; et z) A la distance r de I’axe optique est notée 6(r). 57 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens Entre les plans d’ entrée et de sortie, les champs entrant et sortant sont reliés par : Ex(r) = Ex(r)exp [-ik6(r)] (B.2) La longueur optique effective correspond & une propagation libre sur une longueur [do — d(r)] et 2 la traversée d’un milieu d’indice n sur une épaisseur d(r). On a alors : 6(r) = (n = 1)d(r) + do (B.3) En reportant (B.4) dans (B.3), on obtient : E; =F, —ik|ndy — P B.A) 200) = Bxcmexp k(n — 5 @4) FI = enern(%2) @5) (le terme en exp (—inkdo) est un facteur de phase constant sans signification physique et peut étre omis sans perte de généralité). L’analogie avec un milieu d’indice quadra- tique est maintenant immédiate. Rappelons que le rayon de courbure du front d’onde est relié au terme de phase quadratique en r : effet de la lentille se traduit par une correction de phase en kr?/2f. En se reportant l’expression (2.43), on obtient : 1 1 1 ee (B.6) Ra) Ra) f Utilisant cette expression et I’égalité w(z;) = w(z2), on obtient la loi de transformation du faisceau sous la forme : eee (B.7) 0) Oa) F ou encore : oy Oz) = 8) Vf) Q(z) +1 On retrouve bien une expression du type (2.63) pour une lentille de matrice (2.6). 58 z i a ° Exercices Exercices Une onde sphérique, dont la source est & l’origine, est du type (2.19), 1 ellut-tr) E t+o.c. r od A est une amplitude constante (on prendra A = 1); 1 = (x7 + y? +27)" est la distance a la source de l’onde. (a) Montrer que dans I’ approximation paraxiale, r +y? <2? (r, est lacoordon- née radiale transverse relativement &I’axe z), l'onde sphérique prend I expression : 1 ed E(x,y,2) + 0.0 = Folertoacgertrireto] be. ott E(x,y,z) peut se mettre sous la forme de I’éq. (2.30) : E(x,y,2) = Ae PE] Préciser Q(z) et A(z). (b) Montrer que, dans la limite asymptotique z > ze, le mode gaussien fondamen- tal (2.42) correspond a l’onde sphérique dans l’approximation paraxiale établie ci- dessus. Résolution de I’ équation paraxiale par transformée de Fourier. Dans la premi partie de cet exercice, on se propose de résoudre I’équation paraxiale (2.26) A une seule dimension spatiale transverse x : i2e 1 && Oz 2k Ox" oi & = E(x,z) (indépendant de y). On suppose que dans la plan d’étranglement z = 0, le champ prend la forme gaussienne : OZ = od wo est la taille du faisceau. (a) On note &(k,z) la transformée de Fourier (TF) de &(2,2) : 59 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens Montrer que I’équation paraxiale s’écrit : 0E(ky2) _ Lae a = -— PEK, iF Fi rad Elkyz) On rappelle que la transformée de Fourier de la fonction gaussienne e~*/® est une gaussienne fonction de k : Tree] = Leen, [-**]= Déduire : Wo Hap git? 2k v2 En déduire, par transformée de Fourier inverse, que le champ prend la forme : &k,2) ©) mu F a Pee et zz = —%. Montrer que I’expression compléte du champ électrique peut s'6erire : eee ——— i E(u2) = 4 = oxo Blot iG(X,2)] oi Ia phase totale (1,2), la taille w(z) et le rayon de courbure R(z) sont définis par: (X42) = ke = 5 arctan( =) + S 22 7 i! (2) = wo 1 wo i+ (25) (c) On considére maintenant I’étude précédente 4 2 dimensions transverses x et y. La transformée du champ électrique (x,y,z) est alors donnée par 2 a es 1 Elkuky2) = 5 ff esta6csne) exp(—il(kyx + kyy)) 60 (© Dano. Toute reproduction non autorsée et un deli. Exercices En généralisant les développements obtenus ci-dessus, montrer que l'on obtient les résultats (2.42, 2.43). On prendra : oP yg EWxyy,z = 0) = E} Un faisceau gaussien est caractérisé par une longueur de Rayleigh ze = 5 cm. Déterminer son rayon de ceinture w : (a) pour une longueur d’onde dans le bleu A= niques) ; (b) pour un laser CO> de longueur d’onde A= 10,6 ym (infrarouge). Cet exemple simple montre qu’un laser bleu est mieux focalisé qu’un laser émet- tant dans 'infrarouge. Cette propriété a motivé et motive encore de nombreuses re- cherches pour la réalisation de lasers émettant dans le bleu ou I'UV en connexion avec des applications comme le stockage de ’information sur CD par exemple (voir section 8.2.1). 4 j1m (lasers & exciméres ou orga- Un faisceau gaussien de rayon de ceinture w est incident sur une lentille de focale f (voir fig. 2.17a). On suppose que la lentille est 4 une distance d de la po- sition du rayon de ceinture du faisceau incident. On veut envoyer le faisceau sur un détecteur situé une distance D de la lentille, Quelle doit étre la distance focale de la lentille pour que le rayon de ceinture du rayon émergent coincide avec la position du détecteur? (a) (b) détecteur ay 2wo! f? Figure 2.17- Illustration des exercices 2.4 et 2.5. Un faisceau gaussien de rayon wo et de longueur de Rayleigh zp (voir fig. 2.17) est incident sur une lentille de focale f. On suppose que la lentille est 4 une distance 2d de la position du rayon de ceinture du faisceau incident. On fixe les caractéris- tiques du faisceau Emergent de la maniére suivante : sa longueur de Rayleigh est 61 Chapitre 2 + Faisceaux gaussiens donnée par zi, = d et la position de son rayon de pincement est située & une distance 2d de la lentille. (a) Déterminer f et zz pour que ces conditions soient réalisées. (b) Déterminer le rayon de courbure du faisceau émergent : 1) a la sortie de la lentille, 2) A une distance d de Ia lentille, 3) & une distance 2d de la lentille. Faisceau gaussien dans un profil d’indice parabolique. Soit un milieu d’indice : nt) = r(1 -5) (CA) oth est une grandeur arbitraire et r est la coordonnée radiale dans le plan transverse, c’est-A-dire perpendiculaire & la direction de propagation z. L’indice est ici une fonc- tion décroissante de r et le milieu tend donc a focaliser le faisceau au voisinage de V'axe optique. On cherche & déterminer le type de faisceau qui se propage dans un tel milieu. L’ approximation paraxiale utilisée dans la suite suppose que le faisceau a une extension spatiale trés petite devant h. Figure 2.18- Illustration de lexercice 2.6. On envoie sur le milieu & profil quadratique un faisceau gaussien (voir fig. 2.18). Le rayon de ceinture du faisceau incident coincide avec le plan z = 0. On notera Q(z = 0) = ize. En utilisant la matrice ABCD relative au milieu, montrer que le rayon de ceinture du faisceau en un point quelconque z est donné par : w@= = |#? sin? (2) + ¢ cos? )| Dans la limite od h = zp, que deviennent le rayon de ceinture et le rayon de cour- bure du faisceau ? Dans le cas du milieu considéré ici, quel est l’effet focalisant qui compense la diffraction ? On cherche & déterminer les caractéristiques du champ électromagnétique se propageant dans le milieu décrit par le profil d’indice (C. 1). 62 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un dé. Exercices (a) En reprenant les équations de Maxwell, montrer que I’équation parabolique (2.21) décrivant un faisceau monochromatique de fréquence w devient : 2 2 VE+ Sines VE + e(i - cle =0 q f ot k = wno/co et r intensité de sortie —— miroir miroir Figure 3.1- Représentation schématique d'un oscillateur optique. La cavité est ici constituée de deux miroirs sphériques. Le miroir de droite transmet une partie du rayonnement vers lextérieur. 65 Chapitre 3 + Les cavités Figure 3.2- Cavité de type Perot-Fabry formée de deux miroirs plans séparés par une distance L. Les modes propres de cavité sont des ondes planes de la forme sin(kyz), ky = nx/L: la cavité sélectionne les longueurs d’onde du champ 4 telles que L = m2. Ona représenté ici le cas n= 7. 3.1 RESONATEUR DE PEROT-FABRY Les développements qui suivent mettent en évidence les phénoménes de résonance qui se produisent quand on introduit une onde électromagnétique dans une cavité : a Vintérieur de méme qu’ la sortie du résonateur, lintensité du champ présente un caracttre résonant en fonction de sa fréquence optique. Cette idée est illustrée ici dans le cas d’une cavité du type Perot-Fabry (ou encore Pinterférométre de Perot-Fabry). Celle-ci est formée de deux miroirs plans My et Mz paralléles et positionnés & une distance L l'un de l'autre. Soient (71,11), (r2sf2) les coefficients respectifs de réflexion et de transmission (en amplitude du champ) des miroirs Mj et Mz. Un champ Ej, de vecteur d’onde k, est introduit dans la cavité par Vintermédiaire du miroir Mj (voir fig. 3.3). Nous supposons ici, pour la simplicité, que le champ est modélisé par des ondes planes. Figure 3.3- Réflexions et transmissions multiples dans l'interférométre de Perot-Fabry. 66 i {© Dunod. Tout eprodu 3.1, Résonateur de Perot-Fabry La figure 3.3 illustre les phénomenes de réflexion et de transmission du champ. A la sortie du résonateur, le champ transmis a pour amplitude : 2 E, = Eitita [! + rine + (rire) sede? BD ott @ est le déphasage de l’onde aprés un aller et retour dans la cavité. Sous incidence normale ( = 0), on a: 4nLy b= 2Lk= (3.2) L'expression (3.1) apparait sous la forme d’une progression géométrique de raison rirzei#, E, s’Gcrit alors : Eiie ign T=rine* E; a (3.3) Notons par 7 = |t)|? = |p|? et R = |r1|?=Ir2/? les coefficients de transmission et de ré- flexion en intensité. Pour la simplicité des résultats, nous les supposons identiques sur les deux miroirs. On supposera également T = 1 — R. L’intensité de l’onde transmise I, = E;E, s'exprime en fonction de l’intensité incidente I; = E/E; sous la forme : (3.4) ol: (3.5) La courbe de transmission /,/J; en fonction de y (fig. 3.4) présente des résonances pour les fréquences : Yn = MAY 36) 0 1 2 30 WAVE Figure 3.4- Courbe de transmission du résonateur de Perot-Fabry. Les cavités de grande finesse présentent des résonances plus aigiies. Sont représentés ici les cas R= 08 et R= 0,2. 67 Ch 68 apitre 3 + Les cavites Le paramétre : c Av == 3.7; Lop G7) est l'intervalle en fréquence entre deux résonances successives et porte le nom dintervalle spectral libre. La largeur & mi-hauteur (pour a/2 < 1) de chaque ré- sonance est notée : Ay = 24% aresin ($) 7 2 Dans certaines situations, R > 1 (les meilleurs interférométres sont caractérisés par des valeurs R > 0,99 et les lasers A Hélium-Néon, par exemple, sont équipés de miroirs de coefficient de réflexion R > 0,95). La résonance a alors pour largeur : _ Am, T x VR Celle-ci est d’autant plus aigtie que T tend vers zéro. Ay 3.9) Remarque On a supposé que le champ dans la cavité perd une partie de son énergie par trans- mission a travers les miroirs. Ce sont la les seules pertes d’énergie considérées. En d'autres termes, tout ce qui n'est pas réfléchi est forcément transmis et dés lors R+T = 1. Iexiste forcément d'autres mécanismes pouvant dissiper énergie du champ. On peut citer, par exemple, les pertes par diffraction, par diffusion sur les miroirs ou encore les processus d’ absorption par des impuretés lorsqu'un milieu ma- tériel est présent dans le résonateur (voir paragraphe 3.4). De maniére générale, la largeur de la résonance Av englobe tous les processus dissipatifs. L’ expression (3.9) reste correcte dans la limite oui les pertes par transmission sont dominantes. L’étude des pertes fait l'objet du paragraphe 3.4. Par analogie avec les phénoménes de résonance rencontrés dans d'autres domaines de la physique, on définit le coefficient de qualité Q par : y o=y (3.10) Notons que dans le domaine optique, v > Ay, on obtient des valeurs trés élevées de coefficient de qualité (Q ~ 10°, par exemple, pour la cavité d'un laser He-Ne & A = 632 nm). On préfere alors définir la finesse de la cavité F par le rapport de Av, adv: Av, _ VR ay TT Fest une mesure de la résolution de l’interférométre. Dans la limite of R — 1, la cavité est caractérisée par une grande finesse F = x/T > 1. Les interférométres cou- rants ont des finesses de l'ordre de 10 & 100. Dans des situations moins habituelles, on peut trouver des valeurs allant jusqu’a 1000 et plus. GU) (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 3.2. Stabilité des résonateurs avec miroirs sphériques Lintensité du champ intracavité I. = 1,/T présente les mémes résonances que le champ transmis. Elle est maximale lorsque (3.6) est réalisée. Dans ces conditions, on trouve : afi “T Pour une cavité de grande finesse, le champ intracavité est trés intense & la résonance : I> h. Une cavité va done « emmagasiner » I’énergie électrique pour les fréquences don- nées par (3.6). Celles-ci sont & ce titre appelées fréquences propres de la cavité. Les ondes planes associées correspondent aux modes propres de cavité (voir fig. 3.2). Ce phénoméne de résonance, caractéristique des cavités, est une propriété essentielle dun oscillateur optique. Nous y reviendrons au paragraphe 3.3 aprés avoir discuté de Ia notion de stabilité dune cavité. I. (3.12) 3.2 STABILITE DES RESONATEURS AVEC MIROIRS SPHERIQUES Soit une cavité formée de deux miroirs sphériques de rayon de courbure Ry et Ro séparés par une distance L, La figure 3.5 illustre la trajectoire d’un rayon lumineux issu du point A qui, apres seulement quelques réflexions sur les miroirs, finit par s’échapper latéralement, Dans ce cas, la cavité est dite instable. Lorsqu’ au contraire, le rayonnement reste confiné au voisinage de I’axe z de la cavité, la cavité est dite stable. Les critéres de stabilité sont bien évidemment d’une grande importance pour la réalisation d’une cavité laser. Figure 3.5 - Aprés une derniére réflexion en C, le rayon lumineux s'échappe de la cavité. La cavité est instable. Lranalyse de la stabilité d’une cavité est présentée ici, de manigre simple, dans le formalise de l’optique matricielle introduite dans le chapitre précédent. Rappe- Jons qu’un rayon lumineux est caractérisé par le vecteur r dont les composantes sont respectivement I’écart r(z) et la pente r’(z) par rapport a l’axe optique z. La loi de 69 Chapitre 3 + Les cavités transformation d’un rayon Iumineux faisant des allers et retours dans la cavité s’ex- prime a l’aide des matrices ABCD relatives a la propagation libre et a la réflexion sur les miroirs. Si, aprés un grand nombre d’allers et retours, les composantes de r restent finies, alors le rayon demeure pres de I’axe optique : la cavité est stable. Dans le cas contraire, les composantes de r divergent : le rayonnement finit par s’échapper de la cavité qui est alors instable. La cavité est un syst¢me optique périodique. On peut en effet remarquer d’ aprés la figure 3.6a, qu’un aller et retour dans la cavité depuis le point A correspond & une propagation sur une distance L, suivie dune réflexion en B sur le premier miroir Ri, une propagation sur une distance L et finalement une réflexion sur le deuxiéme miroir R. Bien sir ici le rayon « rebondit » aprés chaque réflexion sur les miroirs, mais cette séquence est formellement identique a la représentation de la figure 3.6b, od le rayon est « déplié » et traverse un dispositif optique formé de lentilles de focales f, = Ry/2 et fo = R2/2 séparées d'une distance L (l’analogie entre la lentille et le miroir est immédiate si on se référe aux matrices de transfert du complément 2.A). (@) Figure 3.6 - (a) Aller et retour d'un rayon lumineux dans une cavité. (b) Sequence de lentilles « équivalente » a la cavité. La matrice correspondant & un aller et retour dans la cavité, partant du point A dans Ia figure 3.6a, est donnée par : 1 O\/1L 1 O\/1L #=( se t}lot)(-2, ')(01) ae 2-36 (3.13b) Et(l- Un rayon de vecteur ro est transformé en r; = Mro apres un aller et retour et en 1, = M"ro aprés n allers et retours dans la cavité. La « séquence élémentaire » de la 70 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 3.2. Stabilité des résonateurs avec miroirs sphériques transformation correspond a la matrice M ci-dessus. La stabilité dépend des éléments de la matrice (ou encore des valeurs L, Ry et R2) comme nous le montrons maintenant. 3.2.1 Stabilité d’un systéme périodique Ce paragraphe porte sur la discussion du critére de stabilité d’un systéme périodique quelconque. La figure 3.7 illustre un syst8me périodique dont la « maille élémen- taire » exerce une transformation représentée par une matrice M. Comme le rayon reste confiné prés de I'axe optique, le syst?me guide la lumitre au voisinage de I’axe optique. jique. La maille élémentai rectangles hachurés. Le rayon lumineux reste foc trajectoire sinusoidale est arbitraire. est symbolisée par les ge de I'axe optique. La Le probléme de la stabilité d’ un systtme périodique se raméne a’ étude des valeurs propres 2 de la matrice M. Celles-ci sont définies par : A-A B oai( c pea)=9 (3.14) Les milieux extrémes étant identiques, la matrice vérifie det M = 1. L’équation ca- ractéristique se raméne &: a -(A+D)A+1=0 (3.15) Elle admet comme solutions dq et Ay : Aa, sb 2 B.16) vérifiant : adr (3.17) Les vecteurs propres correspondant & Ay,p sont notés 1,5 et forment une base sur laquelle nous pouvons développer le vecteur incident, noté ro : To = Cala + Corb (3.18) 7 Chapitre 3 + Les ca Le rayon sortant, aprés passage dans une maille de la séquence, est défini par le vecteur > 1 = Mo = Cadata + CoAory 3.19) et une généralisation immédiate permet d’ obtenir le vecteur a la sortie d’ une séquence de N éléments : ty = Mr adgta + Cody (3.20) Ces expressions sont & la base de la discussion de la stabilité du systéme. Lorsque la norme d'une des valeurs propres 4g ou Ap est supérieure a 'unité, le vecteur ry diverge pour N > 1. Le rayon s’éloigne de I’axe du systéme et le systéme est alors instable. La stabilité est done réalisée pour |4ql < 1 et [Ap] < 1. Si (3.16) admet des solutions réelles, la propriété (3.17) montre que l'une des va- leurs propres est alors forcément supérieure & I’ unité. Le rayon diverge exponentiel- Jement et le systéme est instable. Dans le cas contraire, si les valeurs propres sont complexes conjuguées, nous avons : Aap = e*i# (3.21) et le systéme est stable. La relation (3.16) montre que cette condition est réalisée lorsque la trace de la matrice vérifie : \A+DI<2 (3.22) Le rayon oscille de part et d’autre de l’axe du systéme et se propage de manigre périodique : Py = Cg’ rg + coe Ory, = (Ca¥a + Ch¥p) COSNG + i(Caa — Corp) SinND (3.23) On peut illustrer ce résultat dans le cas du guide d’onde formé de lentilles de focale identique f (fig. 3.6b). La maille élémentaire est donnée par (2.8) et le crittre de stabilité (3.22) prend la forme : O 0 si le rayon incident rencontre un miroir concave et R;, Ry <0 pour un miroir convexe. Un résonateur vérifiant (3.27) est done capable de confiner le rayonnement. Le critdre de stabilité est illustré par la figure 3.8 od chaque géométrie de résonateur est alors représentée par un point dans le plan (g1, 92). Différents cas limites sont décrits comme suit : © Ie résonateur plan-plan, caractérisé par g1 = g> = 1 (point A), est a la limite de la stabilité ; © pour g) = g2 = Oet donc Ry = Ro = L (point D), les deux miroirs ont méme foyer et la cavité est qualifiée de confocale. Celle-ci se situe 4 la limite du domaine de stabilité ; ‘* lorsque g1 = g2 = —1 ou encore Ry = Rp = L/2 (point B), la cavité est concentrique. Elle est & la limite du domaine de stabilité. Notons que ces deux derniers exemples sont des cas particuliers des cavités symétriques (Ri = Ro); © les résonateurs hémisphériques sont constitués d’un miroir sphérique Ry et d’un miroir plan Ry > oo. Dans ce cas, g2 = | et la stabilité est vérifiée si 0 < g) <1 ou encore si; > L; Chapitre 3 + Les ca confocal 82 818251 Sv gi semi-confocal Ri=2L Rp=00 Figure 3.8~ Représentation graphique de la stabilité d’une cavité (éq. 3.27). La zone de stabilité correspond a l'aire délimitée par la courbe d’équation gig = 1 et les axes gi, gz. Les résonateurs qui correspondent a des cas limites sont représentés par les points Aa E (oir texte). ‘© un cas particulier de résonateur hémisphérique est le résonateur semi-confocal (B ou C) défini par R, — co et Ry = 2L. Il est situé & Pintérieur de la zone de stabilité (gi = 1, g2 = 1/2 0u gi = 1/2, 92 = 1). Une cavité formée de deux miroirs convexes (1,2 < 0) a pour paramétres gi,2 > 1. Elle est bien évidemment instable au méme titre qu’une séquence de lentilles diver- gentes. On peut cependant réaliser des cavités stables avec un miroir convexe et un miroir concave satisfaisant 4 (3.27). 3.3 MODES PROPRES DE CAVITE Les faisceaux gaussiens, étudiés en détail au chapitre 2, sont d'un intérét essentiel pour la description du champ électromagnétique dans une cavité. Nous avons vu notamment que ces faisceaux ont des fronts d’ onde de forme sphé- rique. A la réflexion sur un miroir sphérique, un faisceau gaussien se réfléchit exac- tement sur lui-méme & partir du moment od les rayons de courbure du miroir et du front d’onde sont confondus au niveau de chacun des deux miroirs. Si ces deux condi- tions sont vérifiées, on obtient une structure de champ invariante. On peut alors dé- finir ce qu’on appelle les modes propres du champ dans une cavité. Cette propriété 74 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 3.3. Modes propres de cavité Figure 3.9- Illustration de 'auto-reproduction du faisceau lors de la réflexion sur les miroirs de la cavité. Chaque rayon (représenté par la double fléche) est en incidence normale sur les miroirs et est réfléchi sur lui-méme. d’ auto-reproduction est illustrée par la figure 3.9 qui montre que la surface du miroir Ry coincide avec a surface équiphase du faisceau : chaque « rayon lumineux » est alors en incidence normale sur le miroir et se réfiéchit sur lui-méme. Le rayon de courbure R(z) du front d’onde d’un faisceau de rayon wo est donné par Vexpression (2.35a). II prend la valeur Ry sur le miroir situé en 21 : 242 ate Ri) = | aR (3.28) a od la longueur de Rayleigh est définie par (2.36). De la méme manitre, sur le deuxitme miroir de rayon de courbure Rp situé en 22 on a: RZ) Ry (3.29) 22 ap [28 Rappelons que R(z) < 0 lorsque z < 0 (a gauche de la position du rayon de ceinture) et R(z) > 0 lorsque z > 0 : un observateur se déplagant dans la direction z voit une surface d’onde convexe tant que z < 0 et concave pour z > 0 (voir fig. 2.4). 3.3.1 Caractéristiques des modes propres de cavité Nous nous proposons ici de caractériser les modes propres d’une cavité formée de deux miroirs de rayon de courbure Ry et R2 distants de L. Les expressions (3.28) et (3.29) sont des conditions limites qui imposent des contraintes & la structure du fais- ceau. Rappelons que les faisceaux gaussiens sont définis en fonction du parametre wo et par rapport & une origine z = 0 fixée dans le plan d’étranglement du faisceau. Compte tenu des contraintes imposées par la cavité, quel est alors le rayon de cein- ture wo du faisceau et quelle est la position du plan d’étranglement par rapport aux miroirs ? 75 Chapitre 3 + Les cavités La réponse & ces questions est contenue dans (3.28) et (3.29) : (3.30a) (3.30b) ot z; et zz sont les positions des miroirs sur I’axe z vérifiant : L=a-a 31) Par soustraction membre & membre des équations (3.30), un calcul élémentaire donne : ay = ER) (32a) 2= (3.32b) ainsi que la longueur de Rayleigh : (3.33) et le rayon de ceinture : _ [A (Eat DUR - DL + Ra - Rv)" ms ve (QL +R3—RiyP ) 6» La figure 3.10 illustre le cas d’une cavité symétrique confocale de rayon Ry = -R2 = L. On obtient z; = —z2 = L/2 et on retrouve bien évidemment le rayon. de ceinture au centre de la cavité ! De plus, d’aprés (3.33) zr = L/2 : dans ce cas particulier, les miroirs se situent a la distance zp du plan d’étranglement z = 0. On en déduit le rayon pris par le faisceau sur les miroirs, w(z = zr) = V2wo (voir €q. 2.37). L’expression (3.34) donne w = (AL/r)"? (par exemple wo = 0,3 mm pour une cavité de longueur L = 0,5 m et pour une longueur d’onde A = 633 nm). R: 29 Figure 3.10- Caractéristiques d'une cavité confocale. 76 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 3.3. Modes propres de cavité Dans le cas d’une cavité quelconque, le rayon du faisceau sur les miroirs est obtenu a partir de I’ expression (2.35b) : w(z = 21,2) = wo (3.35) =R Ainsi, tous les paramétres géométriques du faisceau gaussien dépendent des gran- deurs L, Ri et Rp de la cavité. Les définitions de la position du plan d’étrangle- ment par rapport aux miroirs ainsi que du rayon wo permettent de caractériser, de manitre unique, les modes propres de cavité. Ceux-ci sont donnés par les modes @ Hermite-Gauss, Enn(x,y,2), Ou de Laguerre-Gauss, Epyi(1,0,2) (voir 2.47 et 2.51). Remarque Une méthode graphique simple permet de trouver la position du plan d’étranglement Gi il existe, cest-a-dire dans les cavités stables). Les cercles de rayon R2/2 tangent au miroir de gauche et de rayon R;/2 tangent au miroir de droite se coupent dans le plan d’étranglement. Lorsque R; et Rp prennent des valeurs trop faibles, les cercles ne se recoupent pas et la cavité est instable. 3.3.2 Condition de résonance La cavité optique sélectionne un ensemble de longueurs d’onde ou de fréquences appelées fréquences propres de résonance. Cette propriété a déja été développée (voir § 3.1) dans le cas du Perot-Fabry dont les modes propres correspondent a des ondes planes de vecteur d’onde et de fréquence donnés. Ces modes subissent un déphasage multiple de aprés traversée du résonateur : les ondes aller et retour interférent de maniére constructive dans la cavité et présentent alors une amplitude maximale. Dans une cavité stable, le faisceau est donné par les modes d’Hermite-Gauss Enmn(X,y,2) (ou de Laguerre-Gauss E p1;(r,0,z)). La condition de résonance prise sur Vaxe z (r = 0) se traduit par : Pmn( = 04,21) = Pmn(r = 0422) = Gre (3.36) oi q est un entier quelconque. z; et z2 sont les positions des miroirs (voir fig. 3.9). Ici nn est la phase prise par le faisceau gaussien et dépend des indices transverses m, n du mode (ou p, ! pour les modes de Laguerre-Gauss). En reportant (2.48) dans (3.36), on constate que le vecteur d’onde k = w/c prend des valeurs quantifiées vérifiant T'équation : kL =(m+n+1) arctan (2) = arctan 2) +qr 3.37) ZR 2R, k dépend des entiers q,m etn: k = kang = 2%nnglc. Cette dernitre expression, combinée avec (3.32) et (3.33), peut se mettre sous la forme (voir exercice 3.1) : c Yinng = 5p qt dom +n + l)arccos (+ ¥9ig2 | (3.38) 77 Chapitre 3 + Les cavités oi le signe (+) dans argument de la fonction arccos correspond & gi, g2 > 0 et le signe (—) au cas g1, g2 < 0. Les fréquences propres Ynng sont données en fonction de Pordre du mode, c’est-A-dire des indices m et n et de ’indice « longitudinal » g. Les valeurs des fréquences propres dépendent de 'intervalle spectral libre Av, = c/2L défini par (3.7) et de la quantité Avr : 1 Avr = —Avz arccos (+ V9ig2) (3.39) x Leexpression (3.38) est alors donnée par : Yang = QAvL + (m +n + LAvp (3.40) On notera les deux points suivants : ‘© pour m, n fixés : deux fréquences de résonance successives, correspondant aux indices q et q + 1, sont distantes de Avz. Un mode TEMny donné est associé A un ensemble de fréquences propres Ynng Séparées de I’intervalle spectral libre Avy; © pour q fixé : aux différentes valeurs de m et n est associé un ensemble de modes de méme indice longitudinal g. Il existe une fréquence propre pour chaque mode TEMnn (q fixé, m et n varient). Les fréquences de deux modes transverses succes sifs sont distants de : Ymstng ~ Yang = OV G41) Ayr est I’intervalle « transverse » en fréquence qui sépare deux modes transverses successifs. Les valeurs Ymnq et leur disposition sur I’axe en fréquence sont représentées par la figure 3.11. Chaque fréquence propre Ymng est dégénérée (m +n + 1) fois. Notons que les modes de Laguerre-Gauss prennent la phase (2.52). Leurs fré- quences propres sont définies par (3.38) en remplagant la grandeur 5 = m +n par s=2p4+l. 3.3.3 Quelques exemples de cavités Nous reprenons ici, comme exemple, les cavités confocale, hémisphérique et concentrique. Remarque Les paramétres g) et g2 sont obtenus en adoptant la convention définie dans le cadre de optique géométrique : on prend Ri, Rr > 0 si le rayon incident rencontre un miroir concave et Ri, Ro <0 pour un miroir convexe (fig. 3.6). Cette convention est différente de celle utilisée pour les faisceaux gaussiens : R(z) < 0 lorsque z <0 (& gauche de la position du rayon de ceinture) et R(z) > 0 lorsque z > 0 (voir fig. 2.4). 78 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 3.3. Modes propres de cavité AVL AVL a 1 > oP A» of XX y O01 20 30 01 20 30 10 1 2 10 li 21 - 02 12 02 12 modes q+1 03 03 — modes q-1 modes q Figure 3.11 - Fréquences propres de cavité. Les « familles » d’ordre q- 1, qet q+1 sont représentées. Les fréquences propres des modes transverses TEMmy (notés par les indices m et n, m+n =0,1,2,3) d’ordre le plus bas sont données a titre d’exemple. * Lacavité confocale est définie par Ry = |Ro| = L. Les caractéristiques en fréquence sont, pour g1 = 92 = 0, Avr = Av;/2. Si L = | m par exemple, Av, = 150 MHzet Avr = 75 MHz. L’expression (3.38) se met sous la forme Yq = Avr(2q+5+1) (od 5 =m+nou s = 2p +1 pour les modes d’Hermite-Gauss ou de Laguerre-Gauss). On trouve ici une forte dégénérescence : les modes d’indice (q,s) sont dégénérés avec les modes de la famille (q - 1, s + 2), (q—2, 5 +4) La cavité hémisphérique a pour parametres Ry, Let Ro = 00 (Ry > L). Le miroir Rp est plan et coincide avec la position du rayon de ceinture du faisceau. Le rayon wo prend la valeur : ae V(Ri-L)L (3.42) x et la longueur de Rayleigh est donnée par ze = V(Ry — L)L. Sur le miroir Ry, le faisceau a pour rayon w, : a LT wi =5R, 3.43) t= RVR 3.43) On remarque ici que le faisceau est trés pincé lorsque Ry — L (et donc tres di- vergent !) et qu'il présente une faible divergence pour Ry > L. Dans le cas parti- culier du résonateur semi-confocal (Ry = 2L, Ry —> co), zp = L (fig. 3-12a) et l'on 79 Chapitre 3 + Les cavités 80 retrouve w, = V2w9. Ici, g1 = 1/2, go = 1 et, compte tenu de (3.39), Avr = Avz/4. La figure 3.12b illustre la disposition en fréquence des modes propres de cavité. @ ) Ro Rt | v < > gt L=zr Z s=4,q 58, qrk Figure 3.12- a) Cavité hémisphérique semi-confocale. b) Fréquences propres de la cavité semi-confocale. Quelques exemples de dégénérescence entre famille d’ordre G— yun G+ 1x SOnt illustrés. Ici s = m+n est relatif au mode transverse TEMmn. * Terminons notre analyse par celle du résonateur quasiconcentrique : Ry = |Ro| L(+ ©/2 (€ > 0). Dans ce cas, gi = g2 = —1 + 2¢, le résonateur est stable pour € > 0. La position du rayon de ceinture est, pour des raisons de symétrie, au centre de la cavité. On a done z; = L/2 et la longueur de Rayleigh ze = L yé/2. On obtient facilement le rayon de ceinture et le rayon sur les miroirs, w2 = AL ye/2x et uw = AL/(2x-V2e). Nous retrouvons ici un faisceau de longueur de Rayleigh zk — 0, trés divergent. Cette caractéristique se traduit par un rayon de ceinture wo > Oet un rayon w; — co sur le miroir Ry. 3.4 PERTES DANS UN RESONATEUR OUVERT 3.4.1 Pertes par absorption, diffusion et transmission Les pertes de cavité ont été introduites de manitre phénoménologique pour la mo- délisation du laser (voir § 1.2.3 et fig. 1.6). Nous décrivons ici, plus en détail, les processus qui induisent une décroissance du champ. Les miroirs de la cavité engendrent des pertes soit par transmission, soit par ab- sorption ou encore par diffusion. Des coefficients de réflexion R et de transmission T, tels que R + T = 0,999, sont couramment réalisés pour des miroirs & couches di- électriques. Les pertes par absorption sur les miroirs sont généralement négligeables. La diffusion est engendrée par des défauts de planéité des miroirs d’une cavité laser. (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 3.4, Pertes dans un résonateur ouvert Ceux-ci ont des planéités de l’ordre de 4/10 ou 4/20. Pour les meilleurs interféro- mtres, on peut aller jusqu’a 4/200. Les éléments optiques ainsi que le milieu actif placés dans une cavité laser sont également générateurs de pertes. On peut citer par exemple les pertes par diffusion liées aux variations d’indice des fenétres d’étanchéité des lasers 4 gaz ou dans le milieu actif des lasers & solides. Des pertes par absorption dans le milieu actif sont également présentes mais généralement négligeables. Les pertes dues & la transparence d’un des miroirs (pertes par transmission, voir § 3.1) sont, par opposition aux autres types de perte, qualifiées de pertes utiles. Elles permettent en effet de faire sortir une partie du rayonnement vers l'extérieur de la cavité ! Il existe une valeur du coefficient de transmission T qui permet d’ optimiser la valeur de Vintensité en sortie du laser (voir complément C). 3.4.2 Pertes par diffraction Le rayonnement laser est un faisceau dont la structure, non limitée transversalement, présente un profil gaussien. Les miroirs de la cavité sont d’ouverture finie et ne peuvent pas réfigchir en totalité le rayonnement laser (voir fig. 3.13). | faisceau incident faisceau réfléchi miroir \ ---f- a Figure 3.13- Illustration d'une onde TEMoo se 2a propageant dans la direction z. « > Le faisceau réfléchi par le a perdu une partie de son énergie. Les pertes d’ énergie qui en résultent sont appelées pertes par diffraction. On peut aussi noter que des éléments d’ouverture finie placés & l'intérieur de la cavité en- gendrent des pertes de méme type (diaphragme, lentille...) Les pertes par diffraction sont d’autant plus élevées que la dimension transverse du faisceau est grande. Notons par w le rayon du faisceau sur un des miroirs et par a le rayon d’ouverture du miroir. On peut montrer que pour le mode fondamental TEMoo Ia fraction d’énergie 2a fa? G44) 81 Chapitre 3 + Les ca est perdue aprés chaque réflexion (voir exercice 3.3). Les modes transverses TEMymn d’ordre plus élevé ont une extension spatiale qui va en augmentant avec les indices m et n (ou p et / pour les modes de Laguerre-Gauss). Il y a alors plus de rayonnement qui peut s’échapper de la cavité. Les pertes par diffraction seront plus grandes pour les modes d’ordre élevé. On peut caractériser la diffraction par le paramétre a NaS (3.45) w’ appelé nombre de Fresnel généralisé. C’est une comparaison de la surface du miroir de rayon a &l’aire du mode délimité par le plus grand rayon w pris par le faisceau dans Ia cavité. Pour N grand, le rayon d’ouverture des miroirs est bien supérieur aux dimensions transverses du faisceau et les pertes par diffraction sont faibles. Une cavité 4 petit nombre de Fresnel sera sélective : les modes d’ ordre élevé subiront de fortes pertes par diffraction. Remarque Un diaphragme intra-cavité, de rayon a, va également donner lieu a des pertes du type (3.44). Si le rayon a du diaphragme est choisi pour engendrer 1 % de perte par passage pour le mode fondamental, ces pertes seront de l'ordre de 4 % pour le mode TEM; ou le TEM;, et atteindront 13 % pour le mode TEM, ; (voir exercice 3.3). La condi- tion d’ oscillation « gain = perte > pourra alors étre réalisée pour le mode fondamental alors que les modes d’ ordre plus élevé n’atteindront pas ce seull. Le diaphragme peut donc étre utilisé comme un «filtre de modes » pour limiter l'oscillation du laser a celle du mode fondamental. Remarque Notons que les cavités instables peuvent étre retenues pour la réalisation d'un oscil- lateur optique. Dans ce cas, ce sont alors les pertes par diffraction qui assurent la sortie du rayonnement de la cavité. 3.4.3 Coefficient de qualité Dans un résonateur passif (ne contenant pas de milieu actif pouvant amplifier le champ) les pertes occasionnent une décroissance de lintensité en fonction du temps de la forme : I(t) = I(t = Oe" (3.46) Le coefficient de qualité Q (ou de surtension) dun résonateur est défini en (3.10) par : o y o-z=e (3.47) ot w est la pulsation du champ. Comme nous I’avons vu au paragraphe 3.1, la largeur de la résonance Ay est fonction des pertes de cavité. Nous avons ici Av = «/2n. 82 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 3.4, Pertes dans un résonateur ouvert Remarque L’expression (3.47) reprend la définition générale du facteur de qualité dans un sys- téme résonant : _pShergie stockée dans le résonateur puissance dissipée wl _o Q= * Taide Evaluons ces parametres dans le cas oi les pertes résultent de la transmission des miroirs de sortie. Aprés le temps At = 2Z/c correspondant & un aller et retour dans la cavité, Vintensité diminue de la quantité /7)T> par couplage vers I'extérieur et prend Ja valeur : M(t = At) = [(1 = T1) (1 = Ta)] Mt = 0) = Ri Rol(t = 0) (3.48) L’équation (3.48) tient compte des pertes par transmission (Ry, Rp sont les coefficients de réflexion et T; = 1 — Ri, Tz = 1 — Rz les coefficients de transmission en intensité sur chacun des miroirs). Comparant avec (3.46) : I(t = At) = I(t = Oe (3.49) on obtient les pertes de cavité « sous la forme : cln(RiR) 3.50) OL (3.50) Le coefficient de qualité est alors donné par : o 2Lw = ——— 5 err n(RiRo) G5) Dans la limite Ry = 1, Ry =R=1-T > 1(InR = -T): ct = 3.52) Kor (3.52) et: 2 my e 3.53) Q wt (3.53) On rappelle également que la finesse de cavité (3.11) est donnée ici par : Av, _2n FeZtoet i 7 2a (3.54) Les parametres x, Q , F et Av décrivent de mani’re équivalente les pertes de ca- vité. On peut rappeler également le paramétre p exprimant les pertes par unité de longueur (1.37). Dans I'exemple illustré ici, celles-ci sont définies par : r (3.55) 83 Chapitre 3 + Les ca Remarque Notons que des cavités au coefficient de qualité trés élevé (Q = 10°) ont été réali- sées dans des laboratoires de recherche en physique fondamentale. L'équipe de S. Haroche (prix Nobel de Physique 2012), de I'Ecole Normale Supérieure a Paris, a ainsi piégé des photons jusqu’a 100 ms! 3.5 CONCLUSION La cavité, élément clé d’un oscillateur optique, est essentielle pour obtenir une am- plification efficace du rayonnement. Les idées développées ici montrent que la cavité dépasse largement un simple role de réaction positive. Elle apparait comme un « filtre » favorisant I’établissement d’un certain nombre de modes bien déterminés. Ce mécanisme de sélection est 4 la base des propriétés de cohérence du laser & la fois en directivité, en fréquence ainsi qu’en polarisation. On retiendra ici que la cavité sélectionne des modes de champ, ou modes propres de cavité, associés & des fréquences de résonance bien définies. L’étude du Perot-Fabry, présentée au début du chapitre, a montré que I’énergie stockée dans une cavité prend des valeurs significatives pour les modes qui sont en résonance, les autres modes subissant des pertes trop élevées. Il en va de méme dans les cavités formées de miroirs sphériques. Notons de plus la forte directivité du faisceau laser : I’axe de la cavité fixe la direction de propagation du faisceau ; pour tout autre direction de propagation, le rayonnement subit de fortes pertes. Notons enfin que la cavité agit également comme un « filtre spatial ». Les pertes par diffraction dépendent de l’ordre du mode — ou encore de son extension spatiale transverse. D’une manitre synthétique, on peut dire que les états sélectionnés par la cavité ne subissent que de faibles pertes. Ce sont ces états, ou modes propres, qui donnent au faisceau laser ses propriétés. COMPLEMENT A_ CAVITE EN ANNEAU Les cavités en anneau constituent une géométrie différente des résonateurs linéaires et équipent des lasers comme le laser YAG ou le laser saphir titane. Une illustration simple en est donnée par la figure 3.14a. Comme pour une cavité linéaire, les modes propres sont obtenus en imposant au faisceau de rester identique & lui-méme (méme rayon de courbure complexe Q) aprés un tour dans la cavité, A titre d’exemple, on peut considérer le cas particulier d’ une cavité de périmetre L, formée de trois miroirs disposés aux sommets d’un triangle équilatéral. Deux des {© Dunod. Tout eprodu A. Cavité en anneau miroirs sont plans et le troisigme a pour rayon de courbure R. On peut, par la pensée, « déplier » cette cavité et considérer le systtme linéaire donné par la figure 3.14b. La cavité linéaire est « équivalente » a la cavité en anneau 4 partir du moment oi le faisceau prend le méme rayon de courbure et la méme taille aux points A et A’. On peut alors s’aider de nos connaissances sur les cavités linéaires. Du point de vue des caractéristiques géométriques, la cavité est équivalente A une cavité symétrique de longueur L formée par deux miroirs de rayon de courbure R. Le rayon de ceinture se trouve au milieu de la cavité linéaire, ou entre les deux miroirs plans de la cavité en anneau. La valeur de wo est obtenue directement en appliquant les résultats du paragraphe 3.3. Les fréquences propres de cavité sont obtenues lorsque la phase de l’onde (2.48) est modifiée d’ un multiple de 2 aprés un tour dans la cavité en anneau : mnlA’) — Pmn(A) = 2g (A.l) od A et A’ sont les points de départ et d’arrivée (pour un tour de cavité). Les fré- quences propres sont de la forme : Yung = x Qq+ don + n+ L)arecos (+ Vqig2) (A.2) ot g = gz = 1 — LIR (le résultat est obtenu en comparant (3.36) avec (A.1) et en remplagant indice g par 2g dans I’éq. 3.38). Remarque (b) Figure 3.14- Cavité en anneau formée de trois miroirs (a). Cavité linéaire « équivalente » (b). 85 Chapitre 3 + Les cavités La cavité en anneau est également analogue a une cavité hémisphérique de longueur 1/2. Dans ce cas, on obtient une expression équivalente a (A.2) : Ying = £ a+ himene Harecos 3}| od g=1-L2R. COMPLEMENT B_ LES CAVITES GUIDE D’ONDE Les cavités guide d’onde utilisent les propriétés de guidage de la lumigre par la ma- tidre et effet focalisant des milicux a variation spatiale d’indice. La figure 3.15 illustre exemple d'un rayon lumineux qui se propage dans une fibre optique. La lumigre reste confinée par réflexion totale dans le cceur de la fibre (indice élevé. Une autre illustration de guide d’onde est donnée par la figure 3.16. La lumidre se propage selon la direction z dans un milieu a profil d’indice parabolique transverse : r n(r) = no(1 5) (B.1) oth est un facteur d’ échelle. Il existe alors un mode de propagation du champ donné par un faisceau de forme gaussienne : E(x,yy2) & Bee (B.2) (voir exercice 2.7). La diffraction rencontrée pour les faisceaux gaussiens se propa- geant dans le vide est compensée ici par I’effet focalisant du profil d’indice. La lu- mire reste confinée et garde un rayon de ceinture constant wo. Dans certains milieux (cristaux de YAG, YVO, ...), indice est fonction de I’intensité J du rayonnement, (1) et augmente avec J (cette propriété connue sous le nom d’ effet Kerr est dé- veloppée dans le chapitre 5). Un faisceau lumineux envoyé dans le cristal y crée un profil d’indice. La lumitre est en quelque sorte focalisée par elle-méme. n= mn Figure 3.15-Londe est guidée dans le coeur, de la fibre d’ 1m, > na. La réflexion totale"! est réalisée pour @ > arcsin(nz/m). n 86 B. Les cavites guide d’onde @ ) a(n) Figure 3.16~ (a) Profil d'indice n(r). (b) Profil d'intensité du champ dans le plan transverse (r est la coordonnée radiale dans le plan transverse - les zones grisées sont d'indice plus élevé). Le faisceau gaussien se propage sans déformation : il garde sa forme et son rayon Wo. Lorsqu’on ajoute un dispositif de rétroaction forgant la lumitre a faire des allers et retours dans le guide, on parle alors de cavité guide d’onde. On notera les cas suivants : # les lasers a fibres : la rétroaction est assurée tout simplement par des miroirs collés aux extrémités de la fibre ; les lasers A semi-conducteur (voir chapitre 7) : onde laser est alors guidée dans une couche dont I’épaisseur est modulée (suivant z). La modulation d’indice sui- vant z induit des réfiexions successives (comme si on avait des miroirs & faible taux de réflexion placés périodiquement dans Ja direction de propagation). Une onde réfiéchie d’intensité significative est alors obtenue lorsqu’il y a interférence constructive entre toutes les « mini-réflexions » (fig. 3.17). La rétroaction recher- chée (on parle dans ce cas de rétroaction distribuée) est alors obtenue. m a a a a a bea PP PM = Ei m z mn Figure 3.17- La modulation d’indice (suivant z) induit des réflexions (schématisée: par les fléches incurvées) de onde incidente E). Lorsqu'll y a interférence constructive, la structure engendre une onde réfléchie E, se propageant suivant -z et joue un réle analogue a un miroir. “Toute reproduc Remarque Notons que certains lasers CO; utilisent des cavités creuses limitées par un diélec- trique. D'autres lasers peuvent également tre équipés de cavités a guide métallique. © dun 87 Chapitre 3 + Les cavités ComPLEMENT C OPTIMISATION DU COUPLAGE VERS L’EXTERIEUR On cherche ici & déterminer Je paramétre de transmission T du miroir de couplage permettant d’optimiser la valeur de lintensité de sortie du laser. Lorsque T > 0, Pintensité dans la cavité est optimisée du fait de la réduction du taux de pertes x, mais Vintensité sortante tend vers zéro. Augmenter T favorise le couplage mais augmente les pertes intra-cavité. Il existe done pour T une valeur de compromis entre ces deux effets antagonistes. Reprenons l’expression (1.30) : T= I(A-1) cl) donnant lintensité & lintéricur de la cavité en fonction de lintensité de saturation J, et du paramétre de pompe A. Compte tenu des expressions (1.25, 1.34) : 2La» 90 =9,(—% -1)=1,(2-1 C2 I= 5: gras!) = 45 ae 00 go = 2Lap et p = 2Lk/c sont respectivement le gain non saturé et les pertes subies lors d'un aller et retour de longueur 2L dans la cavité. Nous notons ici les pertes par p = T +p; oT est le coefficient de transmission du miroir de couplage (on suppose que le deuxitme miroir est parfaitement réfléchissant) et p; représente les pertes intra-cavité. L'intensité de sortie du laser est donnée par (voir fig. 3.18) = = go Ten =TF = IT (; a ') 3) TFest/Fn go= 0,2 pi=0,5% pi=l® Ao ~ 0,03 0,06 T Figure 3.18- Intensité transmise en fonction de la transmission T du miroir de couplage. On a pris ici go = 0,12 et 0,2. 88 Exercices Le couplage maximum est réalisé pour T = Gopi — pi et l’intensité de sortie corres- pondante vaut : Te = Fs(N50- VPP (CA) Remarque Les résultats obtenus ici sont applicables lorsque I'intensité laser / ne dépend pas de la position z dans la cavité. Ceci est vérifié pour des pertes distribuées de maniére homogene dans la cavité ou encore pour des lasers a pertes faibles. Exercices Nous reprenons ici la condition de résonance (3.36) : Knngl = (m+n +1) [arsan (2) = arctan @] +qn 2R. ZR, Montrer que les fréquences propres sont données par : mtn+l Ynng = Av, [q+ S72 * Déterminer les paramétres d’un laser fonctionnant 4. = 532 nm et dont la ca- vité de longueur L = 30 cm est fermée par un miroir plan et un miroir concave de rayon de courbure R = 1,5 m (longueur de Rayleigh zp, rayons sur les miroirs wo et w, angle de divergence 6, fréquences propres de cavité). Que deviennent ces résultats pour un laser CO2 fonctionnant & 10,6 pm ? q+ 1 od Av, = c/2L et ® = ares On place un diaphragme en un point z A ’intérieur d’une cavité. Le rayon d’ou- verture du diaphragme est a. On note par w(z), le rayon pris par le faisceau en z. Figure 3.19- Le diaphragme intracavité de rayon a représenté en coupe et le profil transverse du mode fondamental. 2a] © Dunod. Tout eprodu 89 Chapitre 3 + Les cavités Déterminer le rapport T entre la puissance de l’onde transmise et incidente. Montrer que l’on obtient : Tai ee wr@ pour le mode fondamental et : 2a? w°(z) rei-eWahis pour le mode TEMp) ou TEM(o. Interpréter ces résultats. En utilisant les résultats de l’exercice 3.3, déterminer la fraction de ’intensit perdue pour le mode fondamental aprés réflexion sur des miroirs de rayon d’ouver- ture a = 2 mm. La cavité est donnée par les caractéristiques de l’exercice 3.2 et A= 532 nm. En déduire la fraction d’énergie perdue aprés chaque aller et retour dans la cavité ainsi que les taux de perte « (pertes par unité de temps). Ces pertes sont-elles négligeables par rapport aux pertes par transmission ? On sup- posera que le miroir plan est parfaitement réfigchissant et que le miroir concave a pour coefficient de réflexion R = 0,98. Une cavité de longueur L = 30 cm est formée de deux miroirs de coefficients de réflexion Ry = Rp = 0,99. En considérant que les pertes par transmission sont les seules pertes du champ, déterminer le coefficient de perte x, le facteur de qualité Q et la finesse F pour un rayonnement de longueur d’onde A = 632 nm. f cavité réceptrice | / ae Q? <—_—_—> IRI=21 aL <_< L 1 Figure 3.20- Illustration de lexercice 3.6 Un faisceau gaussien, caractérisé par son rayon de ceinture wo, est focalisé par une lentille et est envoyé dans une cavité de longueur / dont ’'un des miroirs est plan et l'autre de rayon de courbure |R| = 21 (voir fig.3.20). 90 (© Dunod. Toute production non autos et un deli. Exercices (a) Déterminer les caractéristiques que doit prendre le faisceau dans la cavité ré- ceptrice en précisant le rayon de courbure complexe sur chacun des miroirs en fonction de /. (b) On suppose que la lentille est & une distance d = 21 de la position du rayon de ceinture du faisceau incident. Trouver les valeurs de f et wp en fonction de / pour que le faisceau incident soit adapté au résonateur récepteur (on supposera que le miroir de gauche est transparent et laisse passer le faisceau sans en altérer les caractéristiques). Un laser est formé d’ une cavité de longueur L = 50 cm et d’un milieu actif de gain ao = 0,1 m7!. Le miroir de couplage a pour coefficient de réflexion R = 99,5 % et l'on estime a 1,5 % les pertes d’intensité pour un aller simple dans la cavité. L’in- tensité de saturation est donnée par J, = 10 W/m. En vous aidant du complément C, déterminer l’intensité dans la cavité et en sortie du laser. Que deviennent ces ré- sultats si le gain vaut a = 0,02 m~!? Un faisceau lumineux d’intensité J et de longueur d’onde A éclaire normale- ment un miroir M supposé infiniment mince de réflectivité R = 99,9 % (T = 0,1 %). Un détecteur est placé derriére le miroir. (a) Exprimer lintensité regue par le détecteur. (b) Un deuxitme miroir est placé entre le premier miroir et le détecteur. I est mis pa- rallélement au premier et situé a une distance d de celui-ci. Quelle est alors l’intensité recue par le détecteur sid = 100004?, sid = 100002 + 4/2? La cavité plan-concave d’un laser émettant dans le visible (A = 0,6m) de lon- gueur L = 150 cm est formée d’un miroir plan (M;) et d’un miroir sphérique (Mz) de rayon de courbure R =5 m. Les coefficients de transmission de ces miroirs sont res- pectivement 7; = 0,02 (pour Mj) et T2 = 0,1 (pour M3). Un milieu actif de longueur d = Im est inséré dans une cellule dont les deux fenétres d’étanchéité, placées sur le trajet de la lumitre, introduisent 1% de perte par passage et par fenétre. (a) Comment s'exprime la stabilité de la cavité (on supposera la cavité vide) ? (b) Calculer le coefficient Q de la cavité et sa finesse F. (c) Quelles sont les fréquences propres de la cavité (pour une cavité vide) ? De com- bien faut-il modifier la longueur de cavité pour provoquer une variation de Av, = 1 kHz sur la fréquence longitudinale ? (d) Déterminer le gain minimal du milieu actif @(m~!) au seuil d’oscillation laser. a1 (© Dunod. Toute production non autos et un deli. THEORIE SEMI-CLASSIQUE DU LASER 4.1 INTERACTION MATIERE-RAYONNEMENT Le chapitre 1 propose un modéle simple pour la description du fonctionnement d’un laser. L’étude du bilan des échanges d’énergie entre la matigre et le rayonnement permet de dégager, de maniére phénoménologique, les équations de I’évolution tem- porelle des variables pertinentes du laser : ’inversion de population et lintensité du champ dans la cavité. Dans ce cadre, des caractéristiques essentielles, comme la no- tion de seuil d’émission laser, |’évolution de I’intensité laser en fonction du paramétre de pompe ou encore I’effet de saturation du gain, ont pu étre dégagés. Cette description, séduisante par sa simplicité, n’est cependant pas complete. Nous pouvons nous demander, par exemple, quelle est la fréquence d’émission du laser. Nous savons maintenant qu’a un oscillateur optique sont associées deux fréquences caractéristiques : d’une part la fréquence de cavité vide we, et d’ autre part la fréquence de la transition atomique «wz. Comment se situe alors la fréquence du champ laser par rapport & ces valeurs ? La réponse peut-étre obtenue dans le cadre de la théorie semi-classique que nous allons développer dans ce chapitre. De méme, les notions de courbe de gain et de forme de raie sont précisées ici. Le modéle semi-classique ou théorie semi-classique du laser fournit une descrip- tion du champ laser et de son couplage aux variables atomiques du milieu amplifica- teur. Le champ laser est décrit classiquement par les équations de Maxwell. Le milieu atomique trouve sa description dans le cadre de la mécanique quantique. L’ensemble forme les équations de Maxwell-Bloch. Rappelons quelques notions élémentaires & propos de l’interaction du rayonne- ment électromagnétique avec la matitre. Cette interaction s’exprime par un couplage réciproque entre les variables champ E et polarisation P : © dune part, le champ électrique E induit dans la matiére une polarisation macro- scopique P; ‘© d’autre part, la polarisation est un « terme de source » pour E. Quand un atome (ou une molécule) est soumis & un champ électrique, la distribution des charges électriques est perturbée et un dipdle microscopique est créé. Prenons par exemple le cas de I’ atome d’hydrogéne. Le nuage électronique se déplace sous l’effet du champ comme Villustre la figure 4.1. 93 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser (a) () EO P= moment dipolaire p20 Figure 4.1- Représentation schématique de la distribution de charge électronique de Vatome d’hydrogéne. (@) En l'absence de champ, la distribution de charge (dans l'état 1, par exemple) est isotrope et la valeur moyenne de la position de I’électron par rapport au proton P est nulle : (t) = 0. Le moment dipolaire permanent de I'atome est nul : p = 0. (b) Le champ E induit une déformation du nuage électronique : la valeur moyenne de la position de Pélectron est non nulle (r) # 0. Un dipéle microscopique p = ~e(r) est induit par le champ E . Le moment dipolaire de I’atome est alors donné par p = —e (r) od (r) est la valeur moyenne de Ia position de I’électron par rapport au proton. L’ensemble formé par tous les dipdles microscopiques correspond a la polarisation macroscopique du milieu. En retour, le milieu perturbe également le champ électrique. La propagation d’ une onde électromagnétique de pulsation w est fonction de l’indice n(w) du milieu (effets de dispersion qui surviennent, par exemple, lorsqu’un faisceau de lumigre blanche traverse un prisme). De plus, la matigre peut absorber ou au contraire amplifier le rayonnement comme V’illustre la figure 4.2. Le couplage matitre-rayonnement peut se traduire par un schéma auto-consistant qui est illustré par la figure 4.3. Le premier paragraphe de ce chapitre est consacré a la description du champ élec- trique intra-cavité ; il met ensuite en évidence le rdle que joue a polarisation du mi lieu dans la création du champ électrique. Dans une deuxitme partie, la polarisation atomique est analysée &T’aide d’un modéle d'un atome a deux niveaux en interaction avec le champ électrique. L’ensemble de ces deux descriptions donne alors lieu & un systtme d’équations couplées pour le champ et les variables atomiques dont I’étude est développée dans une derniére partie. Figure 4.2- Le champ E est amplifié aprés passage dans le milieu acti {© Dunod. Toute reproduction non avons est un dit 4.1, Interaction matiére-rayonnement E(r,) > p —> P(r.) En.) Cm Er, = E(r,) Figure 4.3- Le champ E(r,t) induit des dipéles microscopiques p et de la une polarisation macroscopique P qui agit comme terme de source pour le champ qui prend alors la valeur E(r,t) Le schéma auto-consistant se traduit par l'égalité E(r,t) = E'(r,t). 4.1.1 Equations de Maxwell Les équations de Maxwell (voir éqs. 2.10-2.12) permettent de décrire le champ élec- trique E par (voir éq. 2.17) : 1@E &P VE-= = gar “ar (4.1) od P est Ja polarisation du milieu. Le milieu est supposé homogéne et isotrope et les champs, polarisés dans une direction notée x, sont représentés par les grandeurs scalaires E et P. Nous supposons que le champ qui s’établit dans la cavité laser correspond, en pre- mire approximation, & un mode propre de cavité (rappelons que les modes propres obtenus au chapitre 3 sont les modes du champ de cavité vide, c’est-d-dire en I’ ab- sence de milieu actif !). En toute rigueur, le champ laser, c’est-A-dire le champ qui s’établit dans une cavité contenant un milieu actif, n’oscille pas ala méme fréquence que les modes propres de cavité. On peut cependant supposer que si la « perturba- tion » (qui correspond au terme P dans I’éq.4.1) apportée par le milieu actif est faible (P — 0, pour un milieu dilué), ces modes restent une bonne description du champ laser. En outre, de maniére & simplifier les développements qui suivent, nous considé- rons ici les modes propres de cavité comme des ondes planes de vecteur d’onde ke et de fréquence w, = ck, qui se propagent dans la direction z fixée par I’axe de la cavité. Remarque Dans une cavité vide (P = 0), (4.1) admet les ondes planes comme solutions. Une cavité de type Perot-Fabry (de longueur 1) sélectionne les vecteurs d’onde ke = na/L (n entier). Les ondes planes de vecteur d’onde k. et de fréquence w- sont les modes propres de cette cavité. On devrait, en toute rigueur, introduire ici un des modes gaussiens TEM,,, comme solution de référence dans (4.1). Les développements pré- sentés plus loin seraient beaucoup plus lourds et n'apporteraient aucune modifica- tion quant au contenu physique des résultats. 95 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser Nous choisissons done d’écrire les champs E et P sous la forme : 1 Bet) = 5 [ewe + c0c.] (4.2a) 1 P(z,t) = 7 [Pinetero? +c, (4.2b) Les grandeurs & et P sont les enveloppes complexes associées a E et P. Les champs E et P ne sont pas exactement de fréquence w,. Par exemple, si le milieu actif est dispersif, le champ laser est caractérisé par une fréquence notée wz, inconnue pour le moment, différente de la fréquence de cavité vide w, : wy, # we. On peut cependant supposer que les effets de dispersion sont relativement faibles et que wz reste proche de we + lwy — | K we (4.3) Si E oscille & la fréquence wz, alors la dépendance temporelle de envelope est donnée par : E(t) = Arye Hew" (44) oi A(t) est l’amplitude du champ. De manitre générale, A(t) peut dépendre du temps (lors des transitoires par exemple, ou s'il n’existe pas de solutions stationnaires en intensité stables). Lorsque le laser présente une solution stationnaire (en intensité), A est une constante. Remarque En toute rigueur, les envelopes & et P dépendent aussi de la coordonnée z. On supposera ici que le gain et les pertes sont faibles et homogénes en z de sorte que les variations en z sont négligeables en premiére approximation. Remarque On aurait pu définir le champ E par E(z,t) leltvelo<*2) + ¢.c.] au lieu de (4.2a); ces deux écritures sont bien évidemment équivalentes. Nous supposons que l’enveloppe varie lentement dans le temps par rapport aux os- cillations rapides en exp(—iwet) : ses variations sont faibles sur un laps de temps correspondant A une période T = 27/2, (voir fig. 4.4). Ceci se traduit par : lEl«ai P| t Figure 4.4 - (a) Re{E], (b) Rel exp(iuct)] et (c) Re[é]. L'enveloppe du champ (c) varie peu pendant une période relative aux oscillations rapides de pulsation w, (b). Les variations temporelles de l'enveloppe €, sont quasi-négligeables sur un intervalle T = 2x/we. Remarque [ele =r! mesure l'inverse du temps r caractéristique de I'évolution de l'enveloppe E(t). La fréquence w. est donnée par w. = T-' ou T est la période des oscillations rapides. L'approximation introduite ici suppose r > T. A titre d'exemple, les varia- tions d'amplitude du laser CO; (4 = 10,6 zm, « = 1,8 10'4 s-') se font typiquement a une échelle de temps de l'ordre de 7 = 1 us. On a alors |é|/\é| = 7! ~ 10®s! et we ~ wt = 1,8 10'* 5". Hy a huit ordres de grandeur entre les échelles de temps des variations de l'enveloppe & et de oscillation a we! Remarque Pour les lasers délivrant des impulsions ultra-courtes, les inégalités (4.5) et (4.6) peuvent étre mises en défaut (c'est le cas par exemple des lasers délivrant des im- pulsions femtosecondes). Remarque La fréquence de cavité vide w, est prise comme référence dans (4.2). Cependant, les photons créés par émission stimulée sont associés a la transition de fréquence w, et 'on pourrait trouver plus judicieux de choisir, comme référence dans (4.2), une onde plane de fréquence w,. Ce choix est tout aussi pertinent que le premier. En effet le champ, construit par émission stimulée, est proche d'un mode de cavité (voir chapitre 3). Cela suppose qu'il y ait accord (ou presque) entre w, et we : |g ~ wel < Les inégalités (4.5) et (4.6) sont & la base des développements qui suivent et autorisent Vapproximation de V'enveloppe lentement variable. Reportant (4.2) dans (4.1), on obtient : E -21w.E = ~c§p19 (-w2P-2ia. P + P) (4.7) 97 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser et compte tenu de (4.5) et (4.6), l'enveloppe du champ obéit a: er (4.8) La polarisation P apparait ici comme terme de source pour le champ &. De maniére A mieux comprendre le role joué par le milieu atomique, examinons ce qui se passe lorsque la réponse du milieu est reliée 4 & par : P = eoxE = Col¥' +iv")E (4.9) od Ia susceptibilité y = (wz) est une fonction évaluée a la fréquence du champ intracavité wy (c'est en effet cette fréquence qui s’établira dans la cavité et qui sera «vue » par le milieu). L’expression (4.8) combinée avec (4.4) prend la forme : (4.10a) (4.10b) ou encore, notant J = A? (la grandeur cep.A/2 (W/m?) est le flux d’énergie par unité de temps qui se propage perpendiculairement a la direction de propagation z) : [= -wy"I (4.11) Ainsi, le milieu agit soit comme un amplificateur de lumiére (y’” < 0) soit comme un absorbant (y” > 0). Notons que (4.11) doit étre complétée par un terme décrivant les pertes de cavité. Cette contribution de la forme « -k/ » est en général ajoutée phénoménologiquement (voir éq. 1.22 et § 3.4). Remarque L’équation (4.11) est une expression du type (1.140). Ici le terme en y” donne lieu a une amplification du champ électromagnétique (y”< 0). Nous avons montré que le champ est amplifié si une inversion de population D > 0 est réalisée au sein du milieu. Nous verrons plus loin que la grandeur ” est proportionnelle a l'inversion de population D du milieu atomique Un modéle classique simple, le modéle de l’électron élastiquement lié, permet d’ob- tenir la réponse d’un milieu atomique & un champ électrique. Le complément A porte sur cette analyse et montre notamment que le transfert d’énergie se fait toujours du champ vers le milieu atomique : l’amplification du champ ne peut étre décrite dans une approche classique. La partie réelle de la susceptibilité modélise les effets de dispersion. L’expression (4.10a) montre que la fréquence laser wy s’écarte de la référence w- proportionnel- lement ay’ : la fréquence laser dépend non seulement des propriétés des modes de cavité mais aussi des caractéristiques du milieu atomique. 98 (© Dunod. Toute production non autos et un deli. 4.1, Interaction matiére-rayonnement En général, le milieu ne répond pas de maniére instantanée au champ électrique qui lui est appliqué et la polarisation n’obéit pas & une expression simple du type (4.9). En d’autres termes, la polarisation a sa dynamique propre et n’est pas asservie sur le champ électrique : lorsque le champ varie dans le temps, la relation (4.9) n'est pas valable (cependant, si l’échelle de temps caractéristique de I’évolution de P est courte et si les variations de () sont lentes, (4.9) reste vérifiée en bonne approximation). Létude de la polarisation d’un syst8me d’atomes & deux niveaux d’énergie est présentée ci-dessous. 4.1.2 Interaction d’un atome a deux niveaux avec le rayonnement Le milieu amplificateur est supposé formé d’atomes identiques et indépendants . Chaque atome est formé d’un noyau supposé infiniment lourd et de Z électrons de charge —e situés en rj, i = Z. La description quantique de l’atome repose sur la fonction d’onde atomique ¥(r,1) 00 r = (1,12, -+- Fz). La position moyenne des élec- trons (r) relativement au noyau crée un dipole microscopique p = —e(r) = -e (Syn). Le moment dipolaire est donné par : p=-e( efef P(r P(r,Ode (4.12) (V'intégrale porte sur toutes les positions électroniques = r4,2,--- fz.) Pour obte- nir la polarisation p de I’atome, il faut donc déterminer sa fonction d’onde (r,t). Notre étude développée dans le cadre de la physique quantique, repose sur les idées suivantes : ‘© Que savons nous du systtme ? En I’absence de champ électrique, les états station- naires notés yp (r) et les Energies associées E, de ’hamiltonien de ’atome Hy sont supposés conus (ici n représente l'ensemble des nombres quantiques décrivant état atomique). Nous faisons ’hypothése que dans un état stationnaire, 'atome ne présente pas de dip6le permanent : P ef: -f eieorentente =0 (4.13) (ceci est réalisé, par exemple, pour I’atome d’hydrogéne dont les états propres sont pairs ou impairs par réflexion d’espace r > —r). ‘* Quelles sont les hypotheses utilisées ? Seuls deux états |p1) et |y2), d’ énergie E) et Ez de I’atome, interagissent avec le champ électrique supposé monochromatique. A ces deux niveaux de la transition laser (voir chapitre 1) est associée la fréquence de Bohr «wz = (Ez ~ E1)/h supposée proche de la fréquence w du champ appliqué 99 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser (ces niveaux sont en quasi-résonance avec le champ électrique). L’étude se raméne ainsi au probléme d’un atome & deux niveaux en interaction avec un champ élec- trique. L’hamiltonien d’interaction V est donné dans le cadre de I’ approximation dipolaire électrique par V(r) = er.E =exE (en supposant le champ polarisé sui- vant x). Les éléments de matrice décrivant interaction atome-champ sont notés : Via= Var =e f eiterseatnde = Ey (a4) H f Pi} Oxp2(n\de (4.15) est le moment dipolaire associé 3 la transition et caractérise le couplage entre les états |p1) et |¢2) (A titre d’exemple, le calcul du moment dipolaire de I’ atome d’hy- drogéne est proposé dans I’exercice 4.1). 41 est une caractéristique de chaque tran- sition. Il est supposé réel dans la suite. Si jz est grand, le champ couple fortement les deux niveaux d’énergie et les taux d’émission stimulée et d’ absorption prennent des valeurs élevées. Cette idée est précisée dans la suite du chapitre. Remarque D’autres contributions que (4.14) ont été négligées dans I'hamiltonien d'interaction avec le champ électromagnétique. L' approximation dipolaire électrique est justifiée pour la plupart des transitions lasers. Elle repose sur les points suivants. 1) Dans le cadre de I'approximation dipolaire I'électron est soumis a un champ sup- posé spatialement uniforme dont l’' amplitude est évaluée & la position du noyau ato- mique. Cette approximation est réalisée lorsque I’étalement de la fonction d’onde de Pélectron est trés inférieur a la longueur d’onde 2 du champ : l'électron ne « voit » alors pas les variations spatiales du champ électrique. Pour I'atome d’hydrogéne, par exemple, dont le rayon de Bohr vaut a> = 0,53 10°'° m, I'approximation dipolaire s'exprime par ao yj. Remarque Historiquement les équations de Bloch ont été introduites pour la description d’un systéme de spins +1/2 en interaction avec un champ magnétique. Lorsqu' une parti cule de spin 1/2 dans un niveau d’énergie donnée est plongée dans un champ ma- gnétique, il y a dédoublement de ce niveau d’énergie par effet Zeeman; la description de ce systéme a deux niveaux d’énergie en interaction avec une radiation (typique- ment dans le domaine micro-onde) est donnée par les équations de Bloch et met en évidence des phénoménes de résonance magnétique (F. Bloch a recu le prix Nobel de physique en 1952 avec E, M. Purcell pour ses travaux sur la résonance magné- tique nucléaire). L’analogie avec le systéme d’atomes a deux niveaux en interaction avec le champ électrique justifie 'appellation de (4.19) et (4.21) d’équations de Bloch optiques. Les notations yj et y, sont empruntées aux équations de Bloch originales. 4.2.1 Régime stationnaire du laser Les équations de Maxwell-Bloch sont des équations différentielles non linéaires cou- plant le champ complexe & aux variables du milieu P et D. I est, le plus souvent, impossible de déterminer analytiquement toutes les solutions d’un systme non li- néaire. Certaines propriétés du laser peuvent cependant étre dégagées par l'étude de ses solutions stationnaires. Une analyse de ce type a été développée au chapitre 1 dans le cadre du modéle simple (1.23) et a notamment montré que le laser délivre 103 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser tune intensité stationnaire non nulle stable lorsque le paramétre de pompe dépasse le « seuil de l’oscillation laser ». Nous nous proposons de déterminer les solutions et les propriétés du sys- teme (4.22) en régime stationnaire : le champ E et la polarisation P ont alors une amplitude constante et oscillent la fréquence optique «, (inconnue pour le mo- ment !). Posons : E = Ege ter-wot (4.23a) P = Pyeilor-wor (4.23b) Remarque Le régime stationnaire défini ci-dessus correspond a des solutions stationnaires en intensité (et non en champ!). Reportant ces expressions dans (4.22), nous obtenons les relations entre valeurs stationnaires des variables matérielles Pp et D exprimées en fonction du champ &q : Pe (in) D _ = toe = e060 (4.24a) 1 (ow 2 D -o[r+4 ye (Gol (4.24b) yy (wy = Wa? +7, et le champ &9, sous la forme : Eo [ke — i(@r - &.)) = Po (4.25) 0 Les expressions (4.24) et (4.25) sont riches en renseignements sur le comporte- ment du laser. Nous montrons maintenant qu’elles permettent notamment d’obtenir la susceptibilité du milieu, le gain du laser ainsi que la fréquence optique du laser. 4.2.1.1 Susceptibilité diélectrique y(w) expression (4.24b) peut se mettre sous la forme : (1 = way IY p=5 ae | (426) 1+ (wp a) Yi +5 ou S est une intensité normalisée donnée par : 2 s =o 421) yiyalee 104 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 4.2. Equations de Maxwell-Bloch a 7 Thmax largeur & 054 mi-hauteur oe Figure 4.5 - Susceptibilité diélectrique. A la résonance x” prend sa valeur maximum et les effets de dispersion x’ sont nuls. Linversion de population se sature sous I’effet du champ &. A la résonance, c’est- Adire lorsque wy = wa, la saturation de D est mise en évidence par l’expression : D D= 145 (4.28) Le paramétre de saturation pour onde plane d’intensité J = |Gol? est donné par S = I/l,, 00 I, est Vintensité de saturation : Wyyale (4.29) L’expression (4.24a) est du type Po = ex(w1)Ep. La susceptibilité diélectrique du milieu, est une fonction de w égale a: 2 Ew win y (430) Eqh (Ww — Wa) + ¥, x) dont la représentation est donnée 2 la fig. 4.5. La partie imaginaire ”’ est proportionnelle au gain (voir éq. 4.11) . x” prend des valeurs négatives pour D > 0 : le milieu amplifie le champ lorsqu’une inversion de population y est réalisée, Il est important de remarquer que cet effet d’ amplification du champ par le milieu atomique n’est obtenu que dans le cadre d’une description quantique du milieu matériel. Toute approche classique du probleme donne y”” > 0 ce qui est équivalent a dire que I’énergie est transférée du champ aux atomes (voir complément A). 105 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser Reportant (4.26) dans (4.24a), nous avons : (4.31) 2 - -i )s ww) = ( (w= wa) ya =i p heoys \1 + (w= wa)? [y+ 8 Nous retrouvons, comme dans (4.26), l’effet de saturation en présence du champ : lorsque le champ laser est intense, inversion de population D — 0 et le gain (pro- portionnel 4 y’”) ainsi que les effets de dispersion (en y’) tendent vers zéro. Pour des intensités faibles (S — 0), la réponse du milieu est linéaire. Nous obte- nons alors la réponse linéaire x” sous la forme d’une lorentzienne : n “ L (w) (5) (4.32) « Yikes (T+ @— ware présentant une résonance pour w = wz : le gain est optimum lorsque la fréquence laser est identique a la fréquence propre du milieu. On parle aussi de courbe de gain ou de forme de raie £(w) associée a la transition atomique considérée: Llw) = 25) (433) my (w- war od L(w) est normée a V'unité (f L(w)dw = 1). Cette courbe de gain a pour demi- largeur A mi-hauteur le taux de relaxation y,. La grandeur 2y, est appelée largeur naturelle du milieu. Remarque U’expression (4.33) est obtenue a partir des équations de Bloch et suppose que tous les atomes sont identiques. II existe d'autres formes de raie. Par exemple, pour des atomes de vitesses différentes (distribution maxwellienne), l'effet Doppler peut donner lieu a une forme de raie gaussienne. Ce point est développé dans le para- graphe 4.3. 4.2.1.2 Fréquence d’oscillation du laser Les équations de Maxwell-Bloch permettent de déterminer la fréquence w, que va prendre le champ laser. Cette fréquence dépend des caractéristiques du milieu ato- mique Ww, et y,, et du mode de cavité k, et we. L’expression de w, en fonction de ces paramétres peut étre établie en combinant (4.25) avec Po = EnxEo=E0(y’ + ix’ )Eo (Eo#0) : (4.34a) (4.34b) 106 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 4.2. Equations de Maxwell-Bloch Figure 4.6 - Fréquence w, en fonction du désaccord en fréquence (w<- wa) (courbe pleine). Lorsque x’ = 0, 1 = we (trait pointillé), On remarque, comme I'indiquent les fleéches, que la fréquence « est déplacée d'une quantité 6w vers la fréquence atomique wa. La réponse du milieu est évaluée ici A la fréquence du champ qui lui est appliqué (WV et x” sont évaluées A «wy dans les éqs. 4.34). L’équation (4.34) donne wz, en fonction de w,. Sa résolution obtenue a partir de (4.31) permet d’obtenir la courbe de la figure 4. L’équation (4.34b) traduit la condition « gain=pertes » nécessaire au fonction- nement du laser. Elle apporte une condition supplémentaire qui permet d’obte- nir la fréquence optique w, adoptée par le laser. La relation de Kramers-Kronig, XW) = —(W~ Wa) x"(w)/ys, (Celle-ci est immédiate compte tenu de I’éq. 4.31) per- met d’établir = Wa — 1)" (W} 2ko(Wa — Yi (wy) = Lar eweor) _ _2(Wa~ 1) (435) Yo LW et de 12, en remplagant dans (4.34a) : eee (436) Yat Ke La fréquence laser apparait ici comme la moyenne, pondérée par les relaxations, des fréquences caractéristiques du systéme wg et we. L'expression (4.36) établit le phé- noméne appelé tirage en fréquence qui se manifeste lorsque w, # wg. La figure 4.7 en donne une illustration. Notons que les lasers CO ont typiquement des relaxations y, ~ 108 s“!, « ~ 107 s“! : les effets de tirage en fréquence sont alors négligeables : wy, ~ w.. De 107 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser ake Figure 4.7- Courbe de resonance de la cavité et courbe de gain du milieu atomique. La fréquence laser @, est tirée, comme lindique la flache, de la fréquence de référence w- vers la fréquence atomique we: 01 = we + 50. Ge OL Oa 50 manire générale, les lasers vérifiant y, > kc (voir complément C) oscillent & la fréquence we. Remarque Rappelons que la fréquence de cavité w. varie continment avec la longueur L de la cavité (voir chapitre 3). Une variation continue de la fréquence d’oscillation laser «, peut étre réalisée par une variation de L. II faut bien entendu que w- soit dans la bande passante de I'amplificateur (voir éq. 4.32). Notons finalement que la partie réelle de la susceptibilité permet d’obtenir l’indice du milieu sous la forme : nw) = ¥1+x@)*=1 oe (4.37) 2 p{# (w= wa) [4 =1+D ET eo 4.38) * (som 1+ (wy fr ee od l'on a supposé x’ < 1 (milieu dilué). 4.2.1.3 Gain Lorsque le laser délivre une intensité stationnaire J = |6|* non nulle, la condition « gain=pertes » se traduit mathématiquement par (4.34b). Le gain par unité de lon- gueur a est ici donné par : o(w) = 2) -4( we (—=.5 c ¢ \heoys (14 (w= war +5 (4.39) 108 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 4.2. Equations de Maxwell-Bloch et la section efficace d’émission et d’ absorption stimulées a = a/D est obtenue sous la forme (voir éq. 1.33) : OX (wr) cD 2 - (2) (ear) aun cheoys (1 + (ww) [, La section efficace est fonction de la fréquence w et prend sa valeur maximale pour = 4 : le champ est amplifié d’autant plus efficacement qu’il est en résonance avec le milieu atomique. Hors résonance, diminue : la condition d’ oscillation du laser « gain=pertes » peut étre réalisée au sein du milieu par une augmentation du pompage et par suite de l'inversion de population. Le moment dipolaire j1 (voir éq. 4.15) est une mesure du couplage par le champ entre les deux niveaux de la transition laser : lorsque deux niveaux atomiques ont un moment dipolaire s1 — 0, le taux de transitions radiatives, ou encore la section effi- cace o tendent vers 0. Le cas inverse correspond une transition mettant en jeu deux niveaux fortement couplés (jt grand) : est alors élevée et les processus d’émission et d’absorption induites deviennent importants. ow) = Remarque La transition 4 10,6 ym la plus intense dans un laser CO, a pour section efficace a = 3 10? m?, Dans les lasers & colorants (voir chapitre 7) la section efficace vaut typiquement o = 10-° m2. On peut trouver des sections efficaces plus élevées dans les lasers A gaz émettant dans le visible ou le proche infrarouge (o ~ 10°'® m?), © Intensité stationnaire du laser Nous donnons ici les solutions stationnaires du modéle de Maxwell-Bloch. L’analyse de stabilité de ces solutions est proposée dans le complément E. * La solution & = 0, Po = 0 corespondant & I’inversion non saturée D = D est stable pour D < D,. D, est donnée par : B Dy= manta +(—*) } (at Ys ‘© L’intensité laser (ou la grandeur § = //I,) est obtenue en prenant la partie ima- ginaire de (4.31). En combinant avec (4.34b) et (4.41), on obtient aprés calcul : I Wy -Wa\’) D- Dy a (-( )) Ds (4.42) Nous retrouvons une expression du type (1.30). D, est le seuil d’oscillation laser. Il prend une valeur plus élevée si on s’éloigne de la condition de résonance wy, = Wa. 109 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser Ceci est bien entendu lié a la diminution du gain lorsque w,; s’éloigne de w,. Celle- ci doit alors étre compensée par une augmentation de D. 4.2.2 Lien avec les équations de bilan Les équations de bilan (1.23) sont déduites des équations de Maxwell-Bloch en intro- duisant les simplifications suivantes. Nous supposons tout d’abord que la fréquence de cavité est identique a la fréquence atomique : wz = w-. D’autre part, la relaxation de la polarisation y, est ts supérieure & la relaxation du champ x; et de inversion de population yj : yx > Ke,7y. La polarisation évolue avec un temps caractéristique tres court par rapport aux autres variables ; c’est une variable de faible « inertie » qui suit de manire quasi-instantanée les variations de Ey et D. Il est alors possible de réduire le syst®me d’ équations (4.22) en posant : Ppx0 (4.43) La polarisation est donnée par : p~-i* pg 4.44) hy. : Reportant (4.44) dans les équations de Maxwell-Bloch, on obtient : 2 &=-2" pE-ns (4.45a) eohys we 2 i D=--—pjéPt -y(D-D) 4.45b) Bay, DIEP - nD - B) (4.45b) Lintensité / = |§|? est obtenue a partir de (4.45a) sous la forme : woe? i=- eohty. DI — xl (4.46) « = 2k, est le taux de relaxation de l’intensité. L’ analogie avec les équations du bilan (1.23) est immédiate. 4.3 FORME DE RAIE Le régime d’ oscillation d'un laser est tres dépendant de la forme de raie d’émission. Nous en avons donné en (4.33) une description pour un ensemble d’atomes & deux niveaux d’ énergie supposés identiques. Ils ont alors la méme fréquence de résonance 2, et les mémes probabilités d’absorption et d’émission induites. La forme de raie est alors obtenue sous la forme d’une lorentzienne dont la largeur est fonction : no (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 4.3. Forme de raie © de I’émission spontanée ; des transitions non radiatives (couplage avec « l’environnement ») liées aux colli- sions, a l’excitation de phonons pour les milieux solides. . . ‘© des effets déphasants (destruction de la relation de phase entre les dipéles micro- scopiques induits par le champ) ; ‘* des effets de saturation en champ intense (voir exercice 4.4). Ce type d’élargissement est appelé élargissement homogene. Les mécanismes qui introduisent des différences entre les atomes peuvent mo- difier profondément la forme et la largeur de la courbe de gain. On parle alors d'élargissement inhomogene lorsque le milieu est constitué de groupes d’atomes ayant des fréquences propres différentes. L’élargissement inhomogene se manifeste lorsque la dispersion des fréquences propres des atomes devient grande devant I’élar- gissement homogéne de chaque classe d’atomes : ‘© pour les lasers & état solide, les causes d’ élargissement sont liées a l’inhomogénéité de l'environnement des atomes (ou ions) amplificateurs : les impuretés distribuées au hasard conduisent a une dispersion des fréquences de transition ; © pour les lasers A gaz, la distribution de vitesse atomique conduit, par effet Doppler, A une distribution de fréquences. 4.3.1 Elargissement inhomogéne : l’effet Doppler Les atomes de masse m, constituant du gaz a la température T,, obéissent a la loi de distribution des vitesses de Maxwell : ”n f= (sez) ev (msr) (447) (f(w)dv est la probabilité que I'atome ait une vitesse comprise dans le volume dvydvydv, centré en v et v? = v.v). Si le champ se propage dans une direction z donnée, E = Ep cos(wt ~ kz), chaque atome, de vitesse v, verra le champ avec une fréquence décalée par effet Doppler suivant (voir fig. 4.8) : o> w- ke, (4.48) oi 0, est la projection de v suivant z. Pour les atomes de vitesse v;, la résonance est réalisée lorsque : Wy = Wk (4.49) wm Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser (b) > s AAAA 2 TY Figure 4.8- Effet Doppler pour un atome de vitesse v,. Dans son référentiel, 'atome voit une onde de fréquence w + kv, décalée (a) vers le bleu pour une onde se propageant ‘en sens opposé (k.v < 0) et (b) vers le rouge pour une onde se propageant dans le méme sens (k.v > 0). Le champ de fréquence w est résonant avec la classe des atomes de vitesse vz lorsque w = Ww, + ku; : les atomes ont done une fréquence propre effective de valeur w+ koe. Chaque classe d’atomes de vitesse v; donnée est associée & un profil homogéne défini par (4.33). La réponse du milieu est donnée par la « superposition » des profils associés A chaque classe de vitesse. Quand la largeur du profil homogéne (71) est négligeable ou n’est pas prise en compte, on peut montrer que la forme de raie est une gaussienne, centrée en «wg, de la forme : 1 tw-ay)* bu)? G(w) = 'e (4.50) (w) lat (4.50) ot u = (2kgT/m)' est la vitesse quadratique moyenne des atomes et k = wa/c. La largeur de raie est obtenue sous la forme : Awp = 2 Vin 2ku (4.51) Remarque L’expression (4.50) est une bonne description des gaz a basse pression pour lesquels la largeur de raie homogane est trés petite devant Aw : y. « ku. Dans le cas opposé des hautes pressions, les effets liés aux collisions sont importants (y, > ku) et I'élar- gissement par effet Doppler devient négligeable. De maniare générale, la forme de raie est le produit de convolution des courbes de gain homogéne de chaque classe d'atomes par la fonction de distribution des vitesses. Remarque Lexpression (4.51) montre que la largeur Doppler croit avec wa. Le laser He-Ne (1 = 633 nm, T = 400 K, m= 3,32 10° kg) a pour largeur Doppler Awo/2x = 1 500 MHz. Dans l'infrarouge (est le cas par exemple du laser CO,), ku « 7,, et I'élargissement Doppler est en général négligeable. 2 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. 4.3. Forme de raie 4.3.2. Lasers multimodes lon: aux Nous avons vu au chapitre 3 qu’une cavité sélectionne des modes propres du champ. Nous savons maintenant qu’une transition atomique est associée & une courbe de gain dune certaine largeur. A priori, tous les modes, dont la fréquence est contenue dans la courbe de gain, peuvent, si le pompage est suffisant, avoir assez de gain pour se mettre 2 osciller. Nous nous proposons ici d’analyser qualitativement le fonctionnement qui va étre adopté par le laser. Dans un laser & élargissement homogene le gain prend la forme (4.39). Sil reste inférieur aux pertes (fig. 4.9a), ’intensité émise est nulle. En augmentant le pompage, on atteint la situation od la condition « gain=pertes » est atteinte pour la fréquence propre de cavité «wp la plus proche de la fréquence atomique i, : le laser commence Aosciller sur le mode de fréquence wy (fig. 4.9b). gain { a ++» (0-0) 4-210 Mm 4M i modes 20) & 0 @ © longitudinaux Figure 4.9- Courbes de gain d'un laser a élargissement homogéne pour différents paramétres de pompe : (a) gain au dessous du seuil, (b) gain au seuil. L'axe inférieur indique les fréquences propres w; des modes de cavité, séparés de Aw = 2nAy, = xe/L, Le trait horizontal hachuré indique les pertes P. Au-dessus du seuil et en 'absence de champ (I = 0), la courbe de gain est illustrée par la figure 4.10a. Dés qu’un mode se met 2 osciller, la courbe de gain se sature. Le gain du laser est alors donné par l’expression (4.39) en présence de saturation (S # 0) et est représenté par la figure 4.10b. Ces effets de saturation (qui bloquent en quelque sorte la crois- sance globale de la courbe de gain) engendrent un élargissement de la courbe de gain, Aw, appelé élargissement par saturation. Celui-ci est donné par Aw = 2y, VI+ TI (voir exercice 4.4). Pour = 2/,, par exemple, la largeur est multipliée par le facteur ‘V2 par rapport & sa valeur non saturée 2y,. La condition d’ oscillation pour les autres modes de cavité n'est alors jamais réalisée : toute I’inversion de population alimente le mode qui oscille. Le laser présente un comportement monomode. 113 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser gain o (@-@) MH 10 2m a 20-1 O O O O} > longitudinaux Figure 4.10- (a) au-dessus du seuil, la courbe de gain prend la forme non saturée si 5 =0. (b) si I'intensité laser est non nulle, la courbe de gain est saturée, Les fléches symbolisent I'élargissement de la courbe de gain par la saturation. Le trait horizontal hachuré indique les pertes P. Remarque Il existe des lasers a élargissement homogene qui présentent des comportements multimodes. Nous avons en effet négligé la distribution spatiale de l'inversion de population et de l'intensit8. Considérons les modes de champ d'un Perot-Fabry (voir fig. 3.2) : chaque ventre de l'onde stationnaire interagit fortement avec le milieu et y «consomme » de 'inversion de population : on dit qu’il creuse un trou (hole bur- ning en anglais) dans l'inversion de population. En revanche, au voisinage des noeuds d'intensité, I'interaction est faible et l'inversion de population peut encore rester éle- vée. Ainsi, 'inversion de population est distribuée longitudinalement de manigre non homogene. Deux modes longitudinaux peuvent avoir des maximas d’intensité bien séparés longitudinalement. Dans ce cas, le recouvrement entre modes est faible et inversion de population peut les « alimenter » simultanément. Le laser peut ainsi osciller sur plusieurs modes longitudinaux. La méme idée est a l'origine du compor- tement multimode transverse : il faut alors considérer le recouvrement entre modes d’Hermite-Gauss ou de Laguerre-Gauss dans le plan transverse. L'analyse d’un mo- dale simple de laser bimode est donnée au chapitre 6 (voir complément 6.C). Ten va tout autrement dans un laser a élargissement inhomogene. Dans ce cas, le milieu est formé de classes d’ atomes de fréquence différente. Chacune de ces classes interagit de manire résonante avec un champ de fréquence w en accord avec (4.49). Linversion de population réalisée dans chacune d’elles, associée & une fréquence de résonance donnée, peut servir 4 alimenter un mode particulier. Le laser peut alors présenter un comportement multimode. Ceci est illustré par la figure 4.11. Le seuil est atteint tout d’abord en wp (fig. 4.11b) puis, par augmentation du paramdtre de pompage, pour d’autres fréquences (fig. 4.1 1c). Le comportement multimode permet de réaliser des lasers impulsionnels de forte puissance grace & une technique qui repose sur la synchronisation de modes (voir § 6.3). 4 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un dé. 4.4, Résumé gain Map 2p 0 2Awp 4Avp @2 @1 OO) O2 modes longitudinaux Figure 4.11 - Courbes de gain d’un laser a élargissement Doppler pour des valeurs croissantes du paramétre de pompe : (a) gain sous le seuil; (b) gain au seuil; () gain saturé au-dessus du seuil (trait plein); (d) gain non saturé au-dessus du seuil. L’axe inférieur indique la position des fréquences propres «; des modes longitudinaux. Le trait horizontal hachuré indique les pertes P. Remarque Pour fixer les idées, la largeur du gain est de l'ordre de 12 GHz pour le Nd?* :YAG, 10 THz pour le laser a colorant (rhodamine 6G) et 100 THz pour le laser Sa :Ti, tandis que Av, = 100 MHz pour une cavité Perot-Fabry de 1,5 m de long : les modes longitudinaux dans la courbe de gain se comptent donc par milliers, voire dizaines ou centaines de milliers. 4.4 RESUME Il nous semble intéressant de résumer ici les principaux résultats développés dans ce chapitre. Ces résultats généralisent ceux des équations du bilan lorsque : * la polarisation P du milieu ne répond pas de maniére instantanée au champ élec- trique qui lui est appliqué ; * ily a désaccord entre la fréquence propre du milieu atomique wz et la fréquence propre de cavité w,. Les équations de Bloch-Maxwell forment un systéme d’équations couplant de ma- nigre non linéaire les variables essentielles pour la description du laser. Ces variables sont : * le champ laser ; © Vinversion de population ; 5 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser * lapolarisation du milieu atomique. La validité de la description repose sur un certain nombre d’hypothéses, notamment : * latransition entre les niveaux d’ énergie est du type dipolaire électrique ; © les fréquences atomique et du mode de cavité restent proches : |wvg — Wel < we 5 * le milieu amplificateur est suffisamment dilué (le gain n’est pas trop élevé) : 'en- veloppe est lentement variable spatialement et temporellement. Les caractéristiques du fonctionnement laser, obtenues par analyse des solutions sta- tionnaires du laser, sont reprises dans le tableau 4.1 et comparées aux résultats du chapitre 1. Tableau 4.1 - Principaux résultats établis dans le cadre de la théorie semi-classique et comparaison avec les résultats du chapitre 1. Equations de Maxwell-Bloch Modale phénoménologique Théorie semi-classique Bilan des populations L 1 Equations de Maxwell Intensité laser / Champ E Inversion de population D Equations de Bloch Variables matérielles P et D “Apprache quantitative des processus d'absorption Approche phénoménologique et d’emission stimulée coefficients d’Einstein = Gain a (éq. 4.39) Fréquence d’émission laser fella # YO Aucune description ~ «tirage » en fréquence ‘Aucune description de émission spontanée, ‘Aucune description Aucune description de la nature quantique de la lumiére La description semi-classique de interaction matigre-rayonnement permet donc de donner une description satisfaisante des lasers. Notons cependant que les proces- sus d’émission spontanée sont encore introduits de manire phénoménologique. De méme, la distribution statistique des photons ne peut étre obtenue dans la formulation classique en terme des équations de Maxwell. Seule une approche « tout quantique » (le rayonnement est alors aussi quantifié) permet de rendre compte de ces phéno- ménes. Notons aussi que le champ laser est supposé monochromatique. En réalité, 1a lar- geur spectrale d'un laser ne peut étre infiniment étroite. Schawlow et Townes ont interprété ce phénoméne et montré que la largeur ultime de I’émission laser est due & Vémission spontanée (voir complément F).. 116 (© uno. Toute reproduction non autorsé et unde. A. Modéle de l’électron élastiquement lié ComPLeMENT A MODELE DE L’ELECTRON ELASTIQUEMENT LIE Dans le cadre d’un mode classique, la réponse d’un milieu atomique a un champ électromagnétique peut étre décrite par un modéle simple appelé modéle de I’électron élastiquement lié. En présence d’un champ électrique, la distribution de charge électronique de chaque atome se déforme et engendre un dipdle microscopique p. Le champ élec- trique induit alors dans le milieu une polarisation macroscopique P. Pour simplifier les développements, nous prenons le modéle d’un atome supposé formé d’un noyau infiniment lourd et d’un seul électron (masse m et charge ~). Nous supposons que son mouvement est une dimension spatiale et décrit par la position x(f). Cet électron est soumis & une force de rappel F = —kx, a une force d’amortis- sement ainsi qu’a un champ électrique de la forme E(t) = Ecoswt. L’équation du mouvement est alors donnée par : a e& K tu2xt yi = —Scoswt (A.1) m Ici y est un coefficient d’amortissement et wz = (k/m)!est la fréquence propre de Vélectron. La solution asymptotique (1 > y~!) est donnée par : x(t) = X(w)el" + c.c. (A2) ol: (A.3) En supposant qu’il n’y a pas d’interaction entre les différents dipdles du milieu, la polarisation P du milieu atomique est donnée par : P(t) = -Nex(t) = eny(w)bel" + c.c. (Aa) ot yw) = y’(w) + iy” (w) est la susceptibilité du milieu. Ici N est le nombre d’atomes et P la polarisation par unité de volume. Les parties réelle et imaginaire de la suscep- tibilité sont obtenues sous la forme : »_[ N2) we x -(4)<% (A5a) » (Ne L 0+ (Grom) exo (a9) 7 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser Ces grandeurs sont illustrées (au signe prés) par la figure 4.5. Compte tenu de (4.11) et des valeurs positives prises par y”, I’énergie est transférée du champ vers le mi- licu atomique. On notera ici que le systtme présente une réponse y/” de forme lo- rentzienne, résonante pour w = wa, dont la largeur 4 mi-hauteur est donnée par le coefficient d’amortissement y. COMPLEMENT B_ EQUATIONS DE BLOCH DU LASER Le milieu atomique est formé d’un ensemble de N atomes indépendants (par unité de volume). Chaque atome est supposé infiniment lourd et entouré de Z électrons. On note par r1, «+ tz les coordonnées (par rapport au noyau) de chaque électron. Soit un atome unique décrit par sa fonction d’onde ¥(r,f) ol r = r1,+--Fz sont les positions des Z électrons. Le moment dipolaire atomique p est donné par z z =(-e in)= «ef wor; ¥(r.ndry « P ( >) ff (rr; Yr, )dry Le calcul de p repose sur la connaissance de la fonction d’onde (rf) (analyse développée ci-dessous est formellement la méme pour un milieu moléculaire). En l’absence de champ, I’hamiltonien de l’atome est noté Ho. Latome est décrit par I’équation de Schrésdinger stationnaire : dz (B.1) Hogn(t) = Engn(r) (B.2) On suppose que les états propres y(n), ainsi que les Energies associées E, sont connus. Ici n désigne l’ensemble des nombres quantiques caractérisant I’état g_(1). Notons que p est nul si I’état du systéme est de parité définie (c’est-a-dire pair ou impair par réflexion d’espace r —> —r): z D frp eterno deg =0 3) i Ce cas se présente pour les états propres de I’atome d’hydrogéne par exemple. Nous supposons que cette propriété est vérifiée pour les états impliqués dans la transition laser. On dit alors que I’atome ne posséde pas de moment dipolaire permanent. Le systéme est maintenant perturbé par un champ polarisé suivant x, E =Ex. Seuls deux niveaux d’énergie Ey et Ez de l'atome interagissent avec le champ électrique. La transition entre ces niveaux (voir chapitre 1) est associée & la fréquence de Bohr Wa = (Ep — Ey)/h en quasi-résonance avec la fréquence w du champ appliqué. (al tien) 118 (© Dunod. Toute reproduction non autorsé et und. B. Equations de Bloch du laser L’état atomique obéit 4 I’équation de Schrédinger : Ov (ryt ir ot Dans le cadre de 'approximation dipolaire électrique, V = —p.E est |’ énergie poten- tielle d’ interaction de I’atome avec le champ. Dans la base des états propre de Ho, les éléments de matrice sont notés : = [Ho + V] M(r,t) (B4) Via= ef sicoxeaende = Eu (BS) Le paramétre : ad Hi gi()xy2 (nde (B.6) est le moment dipolaire de la transition atomique considérée. Nous supposons que #t est réel pour la clarté des développements. Lorsque le champ couple des états propres de parité définie, les éléments diagonaux de V sont nuls et l"hamiltonien H = Ho + V de l'atome s'écrit : H= [em =| (B.7) A tout instant, I’atome se trouve dans une superposition des états yj(r) et g(r) : Poe) = cre p(n) + co(Ne gale) (B8) ou est décrit dans la base des états |y1) , |y2) par le vecteur d’état : 19 ie | Bs) Reportant cette expression dans (B.4) : "aleve |=[ellemeem] em on obtient = ihey(t) = —per(tew" EO" En (B.11a) ihcea(t) = —per(ne™ OED) (B.11b) Le milieu atomique est formé de N atomes par unité de volume. Il présente une polarisation macroscopique (moment dipolaire par unité de volume) P = Np : P= Ny[ci(teane =!" + cvc.] (B.12) En comparant & (4.2), envelope obéit & expression : p= 2Nuct cre Ze-HlWy- Wet (B.13) 119 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser Remarque On pourrait également définir P = 2Nuc\c; e-M Ke (Cl) On dit alors que les variables P et D sont des variables rapides par rapport au champ &. P et D sont en équilibre avec le champ c’est-A-dire suivent de manigre instantanée les variations de la variable &. On peut alors poser : Dx=0, P=exE (C2) A la résonance, we = @4 = wy, on obtient : (C3) ou encore : 1 = -41 + 2° Dy Ici x = 2k. représente la constante de temps d’ amortissement de l’intensité dans la cavité laser. L’intensité de saturation /, est donnée par I’expression (4.29). Lorsque (C.1) est vérifié, le champ subit de faibles pertes et le laser de classe A réalise ce qu’on appelle la limite de bonne cavité. © Lasers de classe B (laser 4 Rubis, Nd :YAG, CO, COz, laser & semi-conducteur). La variable rapide est la polarisation du milieu. On a: duction non autorisge est un di V2 > MK (CA) Test alors justifié d’éliminer adiabatiquement la polarisation du milieu (P ~ 0). La dynamique du laser est décrite par le systéme d’équations couplant la variable EVinversion de population D (voir éqs. 4.45). © Dunod. Tou 121 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser Remarque Dans le cas des lasers CO2, les taux de relaxation prennent par exemple les valeurs y= 10% s"', « = 107 s"! et y, = 10% s" et pour le laser Nd:YAG, y, = 10!? s, x= 108s! ety, =108 s!. © Lasers de classe C (laser NH3). Dans ce cas, aucune simplification ne peut étre apportée et la dynamique du laser est correctement décrite par le systtme com- plet (4.22). Remarque Pour le laser NH3 : y, = 108 s"!, x= 107s"! et y, = 108 st. Tous ces lasers présentent des solutions stationnaires identiques. II est cependant im- portant de noter que la stabilité de ces solutions dépend des taux 71, yy et ke. Les lasers de classe A et B présentent une solution stationnaire stable pour toutes valeurs du paramétre de pompe. Les solutions stationnaires d’un laser de classe C peuvent devenir simultanément instables et la réponse du laser présenter un comportement chaotique. Le lecteur intéressé par ce dernier point peut se référer au complément E et au paragraphe 6.1.3 du chapitre 6. ComPLeMENT D_ LAMB DIP Dans un laser & gaz, en l’absence de champ, les populations de la transition laser suivent la distribution maxwellienne de vitesse. Il en est de méme pour inversion de population. Lorsqu’ une onde de vecteur d’onde k = kz.se propage dans un milieu, elle interagit préférentiellement avec une classe d’atomes de vitesse (voir éq. 4.49) : W-Wq v= 2 (1) Sous l’effet du champ, inversion D relative a cette classe de vitesse diminue. Un «trou » est ainsi formé dans la distribution @’ inversion. Ce phénoméne est illustré par la figure 4.12a. Dans le cas dune cavité du type Perot-Fabry, ’onde stationnaire formée par les deux vecteurs d’onde +k interagit avec deux classes de vitesses +v; (voir éq. D.1). Deux trous sont alors formés dans Ia distribution d’inversion de population (voir fig. 4.12b). Si la fréquence du champ w est proche de «,, les deux trous formés dans la distribution de vitesse coalescent autour de lorigine v, = 0 : une seule classe de vitesse interagit simultanément avec les deux champs +k. Comme seule cette classe de vitesse contribue au gain, celui-ci s’en trouve réduit, Il en résulte que la puissance de sortie d'un laser de fréquence w, = w, est alors moindre que si un léger désac- cord en fréquence (2, # wa) est réalisé. La figure 4.13 montre l’intensité de sortie 122 (© Dunod. Toute reproduction non autorsé et und. E, Solutions stationnaires du laser Dive (a) ce (>) A iw.) n diminue par rapport a sa valeur en I'absence de champ; (a) cavité en anneau, (b) cavité Perot-Fabry. Figure 4.13- Intensité en sortie d'une cavité laser en fonction de la fréquence : en présence de lamb dip, un «trou» est formé en w = wa. d'un laser en fonction de la fréquence d’émission. L’intensité présente un « trou » & © ® Wg (Lamb dip en anglais). Ce phénoméne est & la base de certaines techniques d’asservissement de fréquence des lasers. COMPLEMENT E_ SOLUTIONS STATIONNAIRES DU LASER La description des lasers par les équations de Maxwell-Bloch fait intervenir le com- portement temporel de la polarisation ; Elle s’est en quelque sorte enrichie d’un degré de liberté supplémentaire par rapport aux équations de bilan. Le lien entre ces deux descriptions est établi au paragraphe 4.2.2 dans la limite oi la polarisation P est as- servie sur les variables E et D. Cette situation se présente en particulier lorsque les taux de relaxations vérifient y, > yysKe. Dans le cas général, le systéme d’équa- tions (4.22) présente des solutions stationnaires en accord avec les équations du bi- 123 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser lan (voir chapitre 1). Cependant, dans chacune de ces deux descriptions, I’évolution temporelle des variables est modélisée différemment et la stabilité des solutions sta- tionnaires peut s’en trouver modifiée. Nous reprenons ici la description du laser en terme des équations (4.22) et nous supposons pour la simplicité que w, = we. Introduisons les changements de va- riables : “ e= é E.la aVYAN ero) Hae = je _. 1b) Pech VEN ame 2, _ we 4= a (E.lc) Le systéme (4.22) obéit alors a: ke (e + p) (.2a) ~71 (p + de) (E.2b) d = ~yj(d-A - pe) (E20) A = (1w,/2eofk.y,) est un paramétre de pompe effectif qui sera pris comme para- métre de contréle dans la suite. Les solutions stationnaires sont notées eo, po et do. Lanalyse de stabilité linéaire, dont le principe est énoncé dans le complément 1.E, est obtenue en linéarisant (E.2) autour de eo, po et do. © (E.2) admet Ia solution triviale e9 = po = 0 et do = A. Cette solution est stable tant que les pertes l’emportent sur le gain, c’est-A-dire pour A < 1. « La solution laser non triviale est de la forme : eo =+VA-1 (E.3a) Po = -¢0 (3b) dy =1 (E30) Il existe deux solutions stationnaires en champ lorsque A > 1. Ces solutions pré- sentent la méme intensité J = ¢5. Les équations (E.2) linéarisées autour des solutions (E.3) sont de la forme : a(® -K -Kk 0 \(ée ql P |=] “Yo -72 ~72€0 |] Sp (4) bd} \—yypo yyeo —yy Jd 124 © Duos. Tout eproducti E, Solutions stationnaires du laser Ici de, 5p et 6d ~ e* sont les perturbations par rapport aux valeurs stationnaires. Un calcul élémentaire montre que I’équation caractéristique pour les valeurs propres A s'écrit : + (ke + 7a [1 + €5]) 114 + (2kcxerye3) = 0 (E55) Il n’est pas nécessaire de dégager les valeurs explicites prises par 2. Il est suffisant de s'assurer que la partie réelle des valeurs propres A reste négative. On peut s’aider du critére suivant : l’équation 23 + aA? + aA + a3 = 0 présente des racines ayant toutes des parties réelles négatives lorsque les 3 conditions : B+ (ke + Ya +H) a, >0, ajaz-a3>0, a3>0 (E.6) sont simultanément vérifiées. Les conditions (E.6) peuvent étre généralisées pour un polynéme de degré quelconque et portent le nom de critére de Routh-Hurwitz. Quelques calculs élémentaires montrent que les solutions (E.3) sont stables si : Azl (7) ets Ke + Ya + NY) Ke + YL) = YM (Ke = Ya — WED (E.8) Pour k- < yz + yj le laser a une solution stationnaire stable quand (E.7) est vérifié. Les lasers vérifiant x: > y, +7 présentent une solution stationnaire instable lorsque : 2 Ket Ya + My) (ke + ¥1) > Ya (ke = Ya = Ni) ou encore, compte tenu de (E.3a), lorsque le paramétre de pompe devient plus élevé que la valeur seuil A, : (9) 4 Bet ya + mK +71) AZAs= Ya. (Ke = Y.-H) €.10) Ag est le « deuxi8me seuil » du laser (le premier seuil est défini en E.7 par A = 1). La solution est stable pour 1 < A < Ay. Cette situation se rencontre dans les lasers de classe C (voir complément C). Pour des valeurs élevées du parametre de pompe, A > Ag il existe aucune solution stationnaire stable. Le laser délivre alors une intensité qui présente un comportement temporel chaotique (voir chapitre 6). Notons finalement que le deuxigme seuil n’existe pas dans les lasers de classe A et B : ceux-ci ont une solution stationnaire stable dés que A > 1. Remarque Pour le laser NH3 de paramatres y, = 10° s"', x= 107s"! et y, = 10° s"!, le deuxigme seuil (E.10) est donné par A, = 17 : A; est 17 fois au-dessus du seuil d’oscillation (E.7). Ces valeurs relativement élevées sont en général difficiles 4 atteindre expéri- mentalement. 125 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser COMPLEMENT F_ LARGEUR DE SCHAWLOW-TOWNES L étude proposée dans ce chapitre, suppose que la lumiére émise par le laser est mo- nochromatique. Dans la réalité, le rayonnement laser est caractérisé par une densité spectrale de lumitre ou par ce qu’on appelle une largeur de raie. Cette largeur re- pose sur des fluctuations techniques, comme les fluctuations de la longueur de cavité dilatation thermique), des variations de pression impliquant des variations d’indice (donc de longueur optique)... Cependant, méme si toutes ces fluctuations (d’ ordre technique) sont corrigées, il existe une limite physique fondamentale ultime lige au phénoméne d’émission spon- tanée qui provoque des fluctuations de nature quantique. Cette largeur s’explique de fagon simple dans le cas d’un laser fonctionnant au- dessus du seuil. L’émission spontanée d’un photon dans le mode du champ laser in- duit des fluctuations : fluctuations d’amplitude du champ E, et fluctuations de phase (il n’y a aucune relation de phase entre le photon émis et la phase du champ laser). Les variations d’amplitude du champ laser sont automatiquement corrigées par le processus de saturation de gain (voir chapitre 2) : 'intensité laser reprend sa valeur stationnaire et les fluctuations dintensité sont résorbées. Les fluctuations de phase quant & elles, ne sont soumises & aucun mécanisme de correction (il n’y a pas de va- leur de référence de la phase) ; la succession d’émissions de photons créés par émis- sion spontanée revét un caractére aléatoire et conduit & une marche au hasard de la phase : la phase, comme dans le mouvement brownien, est soumise A un phénomene de diffusion, ce qui entraine un élargissement de la raie d’ mission laser. Lors d’une émission spontanée d’un photon dans une direction aléatoire, le champ subit une variation d’intensité et de phase comme représentée schématiquement la figure 4.14. La phase A@ varie alors d’une quantité : AO = Exp cos B/EL ly oi Ep et Ez sont respectivement les normes du champ associés &1’émission sponta- née ef au rayonnement laser. En moyennant sur la direction B (qui prend aléatoirement toutes les valeurs possibles), on a donc la variance : (F.2) (oi le facteur 1/2 correspond & la moyenne de cos? 8 ). Le taux d’émission spontanée est Ysp = Azi. I y a done y,pNo photons émis par unité de temps; ceux-ci donnent 126 (© uno. Toute reproduction non autorsé et unde. F, Largeur de Schawlow-Townes Figure 4.14- E) et ; sont respectivement les champs avant et aprés émission spontanée. mission spontanée d’un photon (champ Esp) induit un déphasage du champ A¢. Dans le plan complexe, le vecteur E effectue un mouvement brownien sur le cercle d’amplitude |E| = E, constante (la saturation du gain agit comme une force de rappel qui « ramane » le champ a la valeur lieu a la variation de phase : 2 > Eb Ag? = —EyspN2At F3 iy 2E?” pN2 (F3) pendant At. Une perte de cohérence de la phase d’une unité, soit 1 radian, se fait sur un temps At = 2E2/(E?, yspN2). A ce temps est associée la largeur : Aw = xE5pYspNolE7- (FA) Avec E?, = hy et E? = Nhy (N étant le nombre de photons associés a V’intensité E}), on obtient : Aw = 1yspNa/N (F5) La largeur spectrale est comme on peut s’y attendre proportionnelle au taux d’émis- sion spontanée et inversement proportionnelle a I’intensité laser. Suivant les lasers, la largeur de Schawlow Townes différe de plusieurs ordres de grandeur. Par exemple, pour un laser He-Ne (A = 633 nm), la largeur spectrale, extrémement faible est de l’ordre de Aw = 10-3 Hz alors que dans un laser & semi- conducteur la largeur va jusqu’a Aw = 1 MHz. 127 Chapitre 4 + Théorie semi-classique du laser Exercices GHD Régie de sélection pour les transitions dipolaires électriques : cas de I'atome d’hydrogéne. Les fonctions d’onde de I'atome d’hydrogéne sont fonctions propres des opérateurs H, L? (nombre quantique £) et L; (nombre quantique m) (L est I’ opéra- teur moment cinétique et L; sa projection suivant I'axe z). On rappelle les expressions des fonctions d’onde de I’état fondamental et des premiers états excités : gus(r) = 2°'a,%? exp [-r/ao] g2s(t) = (Bray) "(1 — r/2a0) exp [-r/2a0] 8°! (a3)-"/?(r/ao) exp [-r/2ao] sin @ exp [ig] Gap(t) = 47! (2na3)-"?(r/ap) exp [-r/2ap] cos @ 8°" (na3)~" (rao) exp [-r/2ao] sin 6 exp [-ig] Ici (r,8,¢) sont les coordonnées polaires et le rayon de Bohr ap = 0,53 107! m. Les états 1s et 25 ci-dessus sont associés aux nombres quantiques n = 1, £ = m = et n= 2,€ =m = 0; les états 2p sont associés ¢ = 1, m = 1,0, — 1 respectivement. Le champ E est supposé polarisé dans la direction z, (z = rcos 4). Calculer le moment dipolaire j1 pour la transition dipolaire électrique : Me-e f gy (N)zg2(r)de pour la transition 1s—> 2s. Méme question pour la transition 1s —> 2p. On cherche a déterminer la réponse d’un atome & deux niveaux d’énergie sou- un champ de fréquence w et d’amplitude constante : 1 zoe" +O. G1) En reprenant les équations (B.11), déterminer les amplitudes c(t) et c2(#). On sup- posera que le champ est quasi-résonant : @ — w = A > 0 et on appliquera l’ap- proximation de l'onde tournante. On posera comme conditions initiales : c)(t) = 1 et c2(t) = 0. En déduire les probabilités de présence |co(f)|? et |c1()/? dans les états haut et bas de la transition. Montrer que les populations oscillent a la fréquence de RabiQ: ulél a (< + 4 128 (© Dunod. Toute reproduction non autorsé et und. Exercices le est la probabilité P}2(r) de trouver I’atome dans le niveau 2 alors qu’il est ialement dans le niveau | ? On cherche & déterminer la réponse d’un atome & deux niveaux d’énergie sou- mis aun champ de fréquence w et d’amplitude constante du type (G.1). On prendra les équations de Bloch (4.22) : D=-yD- Here - EP") + yD 2 P= -y,P i DE (on a posé w, = w,). Déterminer les solutions de ces équations et comparer avec Texercice 4.2. Largeur de raic en présence des effets de saturation. Montrer qu’en régime saturé, la forme de raie peut étre obtenue & partir de (4.31) sous la forme : L(S w) = —— TYL 1 +S + (44) et en déduire que la largeur 4 mi-hauteur de cette lorentzienne est donnée par : Aw = 2y, VFS Classer, parmi les lasers dont les caractéristiques sont données ci-dessous, ceux qui sont de classe A,B ou C. Ayn) L¢m) yy(s') yas!) Ro NH3 150 1 10° 10° 90% C02 10,6 1 10 10° 90% YAG:Nd** 1,06 10°? 410° 10 90 % Laser A fibre dopée 1.06 3 410? 10 90% Laser Acolorant 0,58 2 4108 10! 50% Pour chaque laser, la principale source de pertes optiques est due a la réflectivité des miroirs de cavité qui sont (en intensité) R = 100 % et Ro. 129 (© Dunod. Toute reproduction non autorsée et un deli. OPTIQUE NON LINEAIRE Les nombreuses recherches conduites en optique non linéaire ont permis la création de lasers qui mettent en jeu des non-linéarités dans leur principe de fonctionnement et de sources ayant les mémes propriétés spectrales que les lasers. Il parait done néces- saire d’introduire dans ce chapitre quelques notions d’optique non linéaire indispen- sables la compréhension du principe de fonctionnement de ces sources. Le lecteur souhaitant approfondir I’ optique non linéaire est invité A consulter des ouvrages plus complets. Généralement, la relation qui s’établit entre deux grandeurs physiques n’est li- néaire qu’en premiére approximation. Tout milicu matériel soumis a une excitation est en principe non linéaire. En particulier, la matiére ne répond pas linéairement 4 I’éclairement par une onde électromagnétique. Cependant, tant qu'on utilise des sources lumineuses de faible intensité, I’ approximation linéaire est suffisante. Le la- ser, qui peut délivrer des champs intenses, a permis d’aller au-dela du régime linéaire et de tirer profit des non-linéarités de la mati¢re. Nous abordons ce chapitre avec une préoccupation double : ‘© d'une part, nous montrons que d'autres mécanismes que I’émission stimulée sont maintenant mis en ceuvre pour engendrer de la lumitre cohérente, en particulier la création d’une polarisation non linéaire dans la matiére. Grace & ces mécanismes, lalumiére peut changer de fréquence — de couleur — lors de la traversée d'un milieu matériel ; © d’autre part, nous décrivons des processus non linéaires qui peuvent servir au contréle de la lumiére par la lumiére. En particulier, la lumigre modifie la dis- tribution des charges électriques au sein de la matitre. II s'ensuit une variation de indice de réfraction et done de la vitesse de propagation de la lumigre dans ce milieu. A faible intensité lumineuse, la polarisation est proportionnelle au déplacement des charges électriques, lui-méme considéré comme proportionnel au champ. Cette ap- proximation introduite dans la relation (2.13) peut étre justifiée de la fagon suivante. Dans la matire, un diélectrique par exemple, la lumiére interagit avec les atomes. Dans le visible, domaine des transitions électroniques, méme loin des résonances lorsque I’ absorption est faible, le faisceau lumineux provoque des petits déplacements des charges électriques (électrons, ions) au sein du milieu matériel. Des dipdles os- cillants sont créés dans la matiére qui se polarise. On peut se limiter A I’étude du mouvement des électrons et considérer que les noyaux, plus lourds, sont immobiles. La description la plus simple du mouvement 131 Chapitre 5 + Optique non linéaire électronique est le modéle de I’électron élastiquement lié (voir complément A du chapitre 4). A faible intensité lumineuse, I’électron est soumis & une force de rappel proportionnelle & son déplacement par rapport a sa position d’ équilibre. La réponse du milieu est alors linéaire : les dipdles foreés par une onde optique de faible ampli- tude et de fréquence w, vibrent & la méme fréquence que l’onde. Par ailleurs, comme Villustre la figure 5.1, le principe de superposition qui découle de la linéarité du syst#me exprime que la réponse & plusieurs excitations de fréquences différentes est la somme des réponses & chacune d’entre elles. Ceci implique que le milieu vibre aux mémes fréquences que le champ excitateur et qu’il n’engendre aucune nouvelle fréquence. E(o1) miliew Per néaire a £(01) aPor) + a2E(@2) milieu + a2P(o2) > linéaire ns Eo2) miliew Plex) _> : — linéaire (@) (b) Figure 5.1- Illustration du principe de superposition dans un milieu linéaire : (a) le champ électrique E de l'onde induit une polarisation P dans la matiére, (b) une combinaison linéaire des champs de (a) induit une combinaison linéaire des polarisations. a; et a2 sont des coefficients de proportionnalité. Les principes de l’optique linéaire se trouvent contredits dés que l’amplitude du champ électrique des ondes se propageant dans le milieu matériel devient compa- rable au champ inter-atomique (10°-10!° V/m). On peut expliquer qualitativement Vorigine de la non-linéarité d’un milieu induite par des champs intenses en recon- sidérant le modéle de I’électron évoqué plus haut. Si excitation optique est forte, Vamplitude du mouvement augmente et I’on sort du domaine élastique régi par la loi de Hooke. La force de rappel, qui n’est plus proportionnelle au déplacement, dé- rive d'un potentiel anharmonique. Cette force provoque une réponse non linéaire du milieu : la réponse & une excitation sinusoidale reste périodique mais présente des harmoniques. La figure 5.2a illustre le doublage de fréquence : par exemple un cristal non linéaire de KTP (KTiPOa) éclairé dans ’infrarouge & 1,06 am produit de la lu- mitre verte 4 532 nm. De méme, la réponse a plusieurs excitations simultanées a des fréquences différentes fait apparaitre des combinaisons des fréquences d’excitation : (1 + 2, @} ~ > ... (Voir fig. 5.2b). 132 © Dunod. Toute reproduc 5.1. Polarisation non linéaire (>) © miliew “> OF o1 +02 manent ©: ——_> non linéaire 2, Figure 5.2- Interaction non linéaire d’ondes optiques dans un milieu matériel : la lumiére change de « couleur » lors de la traversée du milieu matériel. (a) doublage de fréquence, (b) création d'une onde dont la fréquence est la somme des fréquences des ondes incidentes. D'autres possibilités existent : 201, 202, w1- w2 = Un message important se dégage de cette description et nous allons I’illustrer par la suite : la réponse du milieu n’est plus linéaire et le principe de superposition n'est plus vérifié. Ceci rend possible la création d’ondes de nouvelles fréquences, diffé- rentes de celles des champs excitateurs. Le modéle « mécanique » de I’électron ne constitue qu’une approche intuitive des phénoménes optiques non lingaires. Il est néanmoins développé dans le complé- ment A, car il met clairement en évidence les non-linéarités du systtme soumis des champs intenses. Seule une description quantique du milieu (voir chapitre 4), qui dépasse le cadre de cet ouvrage, permet une évaluation quantitative de la polarisation du milieu. Le laser a ouvert l'accés aux champs intenses. Excepté quelques effets comme les effets Kerr, Pockels et Raman déja connus avant 1960, optique non linéaire s’est vraiment développée peu aprés la découverte du laser. Dés 1961, Franken a pu, grace au laser a rubis, réaliser une expérience de doublage de fréquence. Au- jourd’ hui, l’optique moderne exploite largement les mécanismes non linéaires, par exemple pour fabriquer de nouvelles sources contindment accordables en fréquence et pour concentrer spatialement et temporellement la lumiére. Afin de comprendre le fonctionnement de dispositifs maintenant couramment utilisés, nous commengons par une présentation des aspects fondamentaux de l’optique non linéaire. Nous nous intéressons ensuite successivement aux mélanges a trois ondes (génération de second harmonique, amplification et oscillation paramétrique) et @ quatre ondes (effet Kerr) dans un milieu couramment appelé milieu non linéaire. Le chapitre se poursuit par une description rapide du cas particulier du mélange A quatre ondes réalisé par les processus de diffusion stimulée (Raman et Brillouin). 5.1 POLARISATION NON LINEAIRE Notre objectif est ici de définir la polarisation non linéaire d’un milieu matériel sou- mis & des champs électromagnétiques intenses. Nous montrons ensuite comment elle 133 Chapitre 5 + Optique non linéaire permet d’engendrer des composantes du champ & de nouvelles fréquences. Nous pro- posons enfin une classification des différents effets rencontrés. Un champ électromagnétique oscillant £ induit dans un milicu matériel une pola- risation macroscopique : P(E) = 60x(E)E (6.1) Ici, la susceptibilité diélectrique y est en général une grandeur complexe qui dépend de w et de E, Dés que la dépendance de y en fonction de E devient significative, la réponse perd son caractére linéaire. L'expression (5.1) suppose que la réponse du mi- lieu est instantanée. Les effets non linéaires apparaissent quasi instantanément avec Vinjection de la lumiére dans le milieu : la réponse du milieu au champ électroma- gnétique — ou encore I’établissement de la polarisation — est trés rapide. Pour fixer les idées, le temps de réponse d’un laser, fonction du temps caractéristique de I’évo- lution de inversion de population, est en général beaucoup plus grand que celui de la polarisation et donc de ceux des effets d’ optique non linéaire. Un milieu matériel absorbe certaines fréquences du spectre électromagnétique. Loin des résonances, le milieu est seulement dispersif : dans le visible, la courbe de dispersion est monotone (voir fig. 5.3). Nous envisageons, dans la suite, deux situations trés différentes : la premiere quand I’excitation se fait 4 une (ou des) fré- quence(s) tres éloignée(s) des résonances du milieu. La susceptibilité y d’un tel mi- lieu est alors une grandeur réelle en premire approximation : le milieu est transparent hransmission Figure 5.3- schéma si nde Se montrant la vari a \ a de réfraction d'un matériau dans / \ Vinfrarouge, le visible et Vultraviolet (UV). On peut remarquer que dans le visible, la variation est monotone : indice croit faiblement avec la fréquence (le milieu est non absorbant). Dans l'infrarouge et l'ultraviolet, les variations rapides de la dispersion correspondent a des V/ résonances d’absorption. Cet — indice de réfraction exemple est représentatif d’un certain nombre de cristaux. ultraviolet 134

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