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ADDICTIONS : DÉFINITIONS ET PRINCIPES THÉRAPEUTIQUES

X. Laqueille, K. Liot

John Libbey Eurotext | « L'information psychiatrique »

2009/7 Volume 85 | pages 611 à 620


ISSN 0020-0204
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X. Laqueille, K. Liot« Addictions : définitions et principes thérapeutiques »,
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L'information psychiatrique 2009/7 (Volume 85), p. 611-620.


DOI 10.3917/inpsy.8507.0611
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L’Information psychiatrique 2009 ; 85 : 611-20

ADDICTIONS

Addictions : définitions et principes thérapeutiques

X. Laqueille1, K. Liot2

RÉSUMÉ
L’addictologie est une discipline récente à la croisée de différentes spécialités. L’amélioration des connaissances a permis de
préciser les définitions et de faire évoluer les concepts, permettant ainsi de développer des thérapeutiques efficaces. Cet
article présente une synthèse des concepts actuels et des modalités thérapeutiques en addictologie. Le traitement des
addictions nécessite la mise en place de prise en charge globale associant approches médicamenteuses,
psychothérapeutiques et socio-éducatives. Les évolutions récentes de l’organisation du système de soins en addictologie
favorisent le développement de ce type de prise en charge.
Mots clés : addiction, addictologie, dépendance, substances psychoactives, traitements

ABSTRACT
Addictions: definitions and therapeutic principles. Addictology is a recently established field at the crossroads of

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different specialties.
The improvement of knowledge has helped to clarify definitions, as well as to develop concepts, and aided in developing
these concepts. Therefore, this permits to develop therapy which is truly effective. This article presents a synthesis of current
concepts and treatment modalities in addictology. The treatment of addiction requires the establishment of a comprehensive
management approach which would include the use of medication, psychotherapeutic and socio-educational treatment.
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Recent developments in the organization of care addiction have encouraged the development of this type of care
management.
Key words: addiction, addictology, dependence, psychoactive substances, treatment.

RESUMEN
Adicciones : definiciones y principios terapeúticos. La adictolología es una disciplina de reciente aparición en el cruce
de diferentes especialidades. Los avances en los conocimientos han permitido que se precisen las definiciones y
evolucionen los conceptos, permitiendo a su vez desarrollar terapeúticas eficientes. Este artículo presenta una síntesis
de los conceptos actuales y de las modalidades terapeúticas en adictología. El tratamiento de las adicciones necesita la
puesta en marcha de un tratamiento global con asociación de enfoques medicamentosos, psicoterapeúticos y socio-
educativos. Las recientes evoluciones de la organización del sistema de los cuidados en adictología favorecen el
desarrollo de este tipo de atención global.
Palabras claves : adicción, adictología, dependencia, substancias psicoactivas, tratamientos
doi: 10.1684/ipe.2009.0517

1
Psychiatre des hôpitaux, chef du service d’addictologie, CH Sainte-Anne, 1, rue Cabanis, 75014 Paris
<x.laqueille@ch-sainte-anne.fr>
2
DESC d’addictologie, praticien attaché, service d’addictologie du Dr Laqueille, CH Sainte-Anne, 1, rue Cabanis, 75014 Paris

Tirés à part : X. Laqueille

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X. Laqueille, K. Liot

Introduction leur capacité à engendrer une intoxication ou ivresse, un


sevrage, un abus ou usage nocif ou une dépendance
L’addictologie est une discipline émergente. Issue de la (tableau 1).
psychiatrie, de la santé publique et des autres spécialités Les drogues illicites, comme le cannabis ou la cocaïne,
médicales, elle s’impose comme une spécialité autonome. sont interdites à la consommation, même dans un cadre
Initialement les approches étaient centrées sur les produits : privé, sous peine de sanction judiciaire. À l’inverse,
alcool, drogue, tabac, médicaments. Leur parenté clinique, l’usage des substances licites n’est sanctionné que dans
neurobiologique et thérapeutique et les addictions sans dro- certaines situations, l’ivresse publique, l’alcool au volant
gue ont fait émerger le concept global d’addiction. Ce terme ou en milieu professionnel, le tabac dans les lieux
est issu du bas latin, addictere, une sanction de l’ancien publics… Si la distinction entre drogues illicites et subs-
régime, la contrainte par corps pour réparation. Les évolu- tances licites reste actuelle sur le plan légal, elle concerne
tions récentes précisent les définitions cliniques et les stra- moins le clinicien qui s’intéresse aux usages pathologi-
tégies thérapeutiques. Elles permettent une meilleure com- ques.
préhension des troubles et des réponses thérapeutiques La distinction entre drogues dures et drogues douces,
adaptées. issues des années 1970, est sans définition scientifique
claire. Elle voit ses limites avec les usages actuels de
Les substances psychoactives l’alcool par certains adolescents ou la teneur élevée en
principe actif du cannabis. Cela amène à des dérives
En 1968, les drogues étaient définies par l’OMS selon sémantiques comme les concepts d’usage dur de l’alcool
leurs potentialités à entraîner : ou du cannabis.
– une tolérance à des doses de plus en plus élevées ;
– une accoutumance avec une nécessité d’augmenter les
doses pour retrouver les effets recherchés ; Des repères cliniques
– une dépendance physique avec syndrome de sevrage à
Les classifications actuelles ont fait apparaître, depuis
l’arrêt ;
1987, la catégorie diagnostique des troubles liés aux subs-

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– une dépendance psychique avec nécessité d’en reprendre
tances. Ces troubles sont des pathologies au même titre que
pour retrouver les effets ou calmer le malaise psychique lié
les troubles anxieux, de l’humeur ou schizophréniques.
à la privation.
La communauté scientifique internationale identifie trois
En 1970, Delay et Deniker, à la suite de leur classifica-
types de comportements de consommation de substances
tion des psychotropes, proposent une classification des
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psychoactives qui sont : l’usage, l’abus (ou utilisation


drogues avec les psycholeptiques qui dépriment le fonc-
nocive pour la santé ou usage nocif) et la dépendance.
tionnement psychique, les psychoanaleptiques qui le sti-
mulent et les psychodysleptiques qui en modifient le fonc-
tionnement. L’usage simple ou occasionnel
Depuis 1987 et la publication du DSM-III-R, les classi- L’usage est une consommation de substances psychoac-
fications internationales des troubles mentaux, DSM- tives qui n’entraîne ni complications pour la santé, ni trou-
IV-TR et CIM-10, dénomment les substances objet bles du comportement ayant des conséquences nocives
d’abus substances psychoactives. Elles sont définies par pour les autres [16]. L’usage simple ne provoque pas de

Tableau 1. Diagnostics selon les différentes classes de substances.

Substance psychoactive Dépendance Abus Intoxication Sevrage


Alcool X X X X
Amphétamines X X X X
Caféine X
Cannabis X X X
Cocaı̈ne X X X X
Hallucinogènes X X X
Nicotine X X X
Opiacés X X X X
Phencyclidine X X X
Sédatifs, Hypnotiques, X X X X
Anxiolytiques
Solvants volatils X X X
Autres X X X X

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Addictions : définitions et principes thérapeutiques

dommages et n’est pas considéré comme pathologique. gressivement l’ensemble de la vie psychique. Ce trouble au
C’est pour cette raison qu’il n’est pas répertorié dans les long cours est sous-tendu par un attrait majeur pour les
classifications internationales. Il garde un caractère cir- produits, une ambivalence face à l’abstinence et une fai-
constanciel, occasionnel, sans attrait spécifique pour la blesse de motivation thérapeutique.
substance ou la communauté des consommateurs. Les premières demandes de soins sont tardives et appa-
Ce mode de consommation est souvent mis en avant par raissent lors des complications ou de la décompensation du
les consommateurs réguliers qui, dans un mécanisme de trouble. L’évolution est émaillée de rechutes.
déni ou de banalisation, sous-estiment leur niveau d’into- Il n’y a pas de corrélation entre le diagnostic de dépen-
xication et ses conséquences psychologiques, physiques et dance et le niveau de consommation de substances. L’épi-
sociales. Cela est particulièrement caractéristique avec le démiologie des consommations définit des niveaux d’into-
cannabis et la cocaïne. xication : expérimentation, l’année, répété, régulier,
Certaines formes d’usage ne sont pas dénuées de ris- quotidien. Ces évaluations quantitatives ne permettent pas
ques. Dans certaines circonstances ou situations, une de poser de diagnostic clinique. Quelques études menées
consommation apparemment socialement réglée, sans chez les consommateurs montrent que le critère de niveau
répondre aux critères de l’abus ou de la dépendance, est de consommation est un indicateur de dépendance à la fois
susceptible d’entraîner des dommages. C’est l’usage à ris- peu sensible et peu spécifique.
ques, un concept essentiellement français non repris dans
les classifications internationales. Ce risque peut être lié au Les addictions
contexte, aux modalités ou aux quantités consommées. À partir des travaux de Peele [19] et des approches
cognitivo-comportementales, Goodman [7] définit l’addic-
L’abus ou usage nocif tion comme « un processus dans lequel est réalisé un com-
L’abus du DSM-IV-TR (annexe 1) ou l’usage nocif de portement qui peut avoir pour fonction de procurer du plai-
la CIM-10 se caractérise par une consommation répétée sir et de soulager un malaise intérieur et qui se caractérise
induisant des dommages dans les domaines somatiques, par l’échec répété de son contrôle et sa persistance en dépit
psychoaffectifs ou sociaux, soit pour le sujet lui-même, de conséquences négatives ». Il propose des critères inspi-

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soit pour son environnement sans atteindre le niveau de rés du DSM (annexe 3). Volkow et collaborateurs [23]
dépendance. Le caractère pathologique de ce mode de définissent l’addiction comme « un trouble caractérisé par
consommation est donc simultanément défini par la répéti- un processus récurrent comprenant l’intoxication répétée
tion de la consommation et par l’existence de dommages puis l’installation progressive d’une dépendance s’accom-
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induits. De la même façon que pour l’usage, il n’est pas fait pagnant de signes de sevrage et d’un besoin compulsif de
référence au caractère licite ou illicite des produits. Dans consommer ou craving ». Le caractère chronique et l’ins-
ces définitions l’accent est mis sur le fait que les dommages tallation d’un état émotionnel négatif lorsque l’accès au
ne sont pas uniquement d’ordre sanitaire, mais qu’ils produit est impossible et l’évolution par rechutes sont
concernent également le bien être général, la vie relation- caractéristiques [10].
nelle, la situation professionnelle et financière, les relations En résumé l’addiction se caractérise par l’impossibilité
à l’ordre et à la société. répétée de contrôler un comportement qui est poursuivi en
dépit de la connaissance de ses conséquences négatives.
La dépendance Ce comportement vise à produire du plaisir ou à écarter
Classiquement les médecins définissaient la dépendance une sensation de malaise interne [21]. Les caractéristiques
par la perte de la liberté de s’abstenir ou la perte de contrôle du syndrome de dépendance comportent des caractères cli-
[6]. Sur le plan critériologique, le DSM-IV-TR [2] pose ce niques très proches de ceux du syndrome addictif. Les ter-
diagnostic avec la présence d’au moins trois critères parmi mes d’addiction et de dépendance sont donc pratiquement
sept (annexe 2). La dépendance est avec ou sans dépen- équivalents [1], le terme d’addictions permettant d’élargir
dance physique selon l’existence des deux premiers critè- le concept de dépendance à une substance aux toxicoma-
res, une tolérance ou un syndrome de sevrage à l’arrêt les nies sans drogue ou addiction comportementales telles le
autres critères sont socio-comportementaux. Il n’y a plus jeu pathologique, la kleptomanie, la boulimie et les addic-
d’opposition entre dépendance psychologique et dépen- tions sexuelles.
dance physique, mais un diagnostic psychiatrique de
dépendance avec ou sans dépendance physique. Cette nou- La neurobiologie du système
velle définition renouvelle la notion d’une dépendance en de récompense
insistant plus sur la perte de contrôle.
Sur un plan plus clinique, la dépendance à une substance Le système mésocorticolimbique, ou système de récom-
est une psychopathologie évolutive débutant à l’adoles- pense, est la principale cible neurobiologique des phéno-
cence ou à l’âge l’adulte jeune. Extensive, elle envahit pro- mènes addictifs. Ce système assure la gestion des émo-

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tions, des plaisirs et des désirs. Dès le plus jeune âge, il est tique, se traduit tout d’abord par une modification du nom-
programmé en fonction des expériences de plaisir et de bre et du fonctionnement des récepteurs dopaminergiques
déplaisir et apprend à identifier précocement ce qui est des neurones du circuit de récompense.
bon ou mauvais. C’est lui qui permet d’analyser et de
répondre aux différentes émotions positives ou négatives
[15]. Facteurs de vulnérabilité, comorbidités
Le circuit mésolimbique se compose d’un ensemble de psychiatriques et prévention
neurones dopaminergiques issus de l’aire tegmentale ven-
trale, dans le tronc cérébral, et qui projettent, via le faisceau Classiquement, est distingué l’alcoolisme d’entraîne-
médian, vers les structures limbiques que sont l’hippo- ment, névrotique et dipsomaniaque [6] ou les toxicomanies
campe, l’amygdale et le noyau accumbens. Ce circuit est socioculturelles et psychopathologiques. Les concepts
impliqué dans les effets de renforcement, la mémoire et les d’alcoolisme primaire ou secondaire à des désordres psy-
réponses conditionnées liées aux conséquences motiva- chologiques et de dépression primaire ou secondaire à un
tionnelles et émotionnelles du manque et du besoin, alcoolisme conditionnent des prises en charge séquentiel-
d’affection et de relation mais aussi de drogues. les, traiter le premier trouble pour que le second s’améliore,
Le circuit mésocortical se projette de l’aire tegmentale ou clivées entre les centres spécialisés en alcoologie et les
ventrale vers les cortex préfrontal, orbito-frontal et cingu- consultations de secteur.
laire antérieur. Ce système serait impliqué dans les consé- Les classifications actuelles avec la catégorie diagnos-
quences cognitives de l’imprégnation émotionnelle et en ce tique des troubles liés aux substances considèrent la dépen-
qui concerne la prise de drogues, dans la recherche com- dance comme un trouble autonome sans préjuger d’une
pulsive de ces drogues [21]. Ces deux systèmes fonction- comorbidité étiologique. Le passage d’un mode de
nent en parallèle, interagissant à la fois entre eux mais éga- consommation à l’autre renvoie à des facteurs de vulnéra-
lement avec d’autres aires par le biais de projections bilité :
neuronales. C’est en agissant sur les voies neuroanatomi- – biologique, la capacité des substances à activer le système
ques de ce système et en forçant les neurones dopaminer- de récompense, leur puissance d’action, leur modalité
d’absorption et la rapidité de l’effet, une vulnérabilité géné-

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giques, directement ou indirectement, que les différentes
substances rendent les individus dépendants [22]. La régu- tique en lien avec les gènes codant les récepteurs dopami-
lation de l’activité dopaminergique est un phénomène com- nergiques et autres ;
plexe dans lequel interviennent plusieurs systèmes neuro- – psychologique, toutes les personnalités pathologiques, en
transmetteurs notamment les systèmes glutamatergiques, particulier borderline, antisociales et anxieuses, et toutes les
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GABAergiques, opioïdes et cannabinoïdes [9]. psychopathologies évolutives, thymiques, psychotiques,


La dopamine est le neurotransmetteur clé du système de peuvent se compliquer d’un trouble addictif ; on retrouve
récompense. Les récompenses naturelles (aliments, bois- fréquemment des dimensions de personnalités comme la
sons, activité sexuelle) mais également les drogues addic- recherche de sensation ou de nouveauté ; les familles patho-
tives modifient la transmission synaptique dopaminergique logiques sont largement exposées ;
en stimulant la libération de dopamine par les neurones de – sociale, avec l’accès aux produits et l’image des produits
l’aire tegmentale ventrale dans le noyau accumbens [8]. dans les familles et chez les pairs ;
Physiologiquement, le système dopaminergique méso- – l’adolescence et la précocité des consommations ;
corticolimbique est finement régulé par des neuromédia- – une souplesse affective et relationnelle et des référents
teurs endogènes agissant sur des récepteurs spécifiques. adultes structurants sont des facteurs de protection.
Cette neuromodulation permet d’adapter subtilement la Ces troubles sont des pathologies au même titre que les
sécrétion dopaminergique aux différentes situations qui troubles anxieux, de l’humeur ou schizophréniques. Cette
vont stimuler le circuit de récompense. La prise chronique approche catégorielle permet d’éclaircir les concepts de
de drogues entraîne, directement ou indirectement, une comorbidités en distinguant :
activation anormale et répétée du système dopaminergique – les troubles induits par les substances, survenant au cours
mésocorticolimbique. L’activation neuronale dopaminer- ou au décours immédiat de l’intoxication avec des liens de
gique provoquée par les plaisirs naturels ne dure que quel- causalité acquis, par exemple les états dépressifs induits par
ques instants, alors qu’elle est beaucoup plus longue lors- l’alcool ;
qu’elle est provoquée par la prise de drogues. De plus, à – les comorbidités avec des liens de causalité non établis,
l’opposé des récompenses naturelles qui sont soumises à mais une forte co-occurrence amène des interrogations spé-
un phénomène d’habituation, chaque nouvelle prise de cifiques, par exemple le cannabis et les troubles schizophré-
drogues entraîne une libération dopaminergique [21]. niques.
Afin de compenser cette surstimulation répétée, des méca- Les psychopathologies associées sont des facteurs de
nismes de compensation, appelés mécanismes opposants, vulnérabilité, de renforcement ou d’aggravation de la
sont activés [11]. Ce phénomène, dit de plasticité synap- dépendance. Les grandes comorbidités psychiatriques,

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Addictions : définitions et principes thérapeutiques

schizophrénie et maladies bipolaires, posent la question du • La stratégie de sevrage et post-sevrage


système de soins le plus adapté, spécialisé en addictologie Le principe est l’arrêt de toute consommation avec dans
ou en santé mentale, et de leur articulation, prises en charge un second temps les mesures thérapeutiques du post-
parallèles, hospitalisation psychiatrique et extrahospitalier sevrage. Les traitements du sevrage sont essentiellement
addictologique, travail en réseau. Les recommandations symptomatiques, associant anxiolytiques et antalgiques.
sont des prises en charge parallèles et intégrées dans une Les benzodiazépines posent le problème spécifique des ris-
même structure ou en lien très cohérent. ques de dépendances secondaires. Leur utilité ne doit pas
La prévention des addictions s’articule avec cette vision en limiter la prescription, particulièrement lorsque la dis-
clinique et étiopathogénique en distinguant : pensation est contrôlée en hospitalisation ou en centre de
– la prévention primaire ou prise en charge des facteurs de soins spécialisés. Leur danger est une prescription avec
vulnérabilité et plus spécifiquement des enfants et adoles- dispensation pharmaceutique sans contrôle.
cents en souffrance ;
Dans le cadre du sevrage opiacé hospitalier, les adréner-
– la prévention secondaire avec le repérage et la prise en
giques, clonidine ou guanfacine, sont recommandés sous
charge précoce des sujets et famille dans un contexte de
contrôle de la tension artérielle. L’hospitalisation peut
faible motivation aux soins ;
être nécessaire, les règles ont peu évolué avec toujours la
– la prévention tertiaire ou prévention des complications
nécessité d’un environnement fermé, limitant les contacts
appelée en addictologie politique réduction des risques.
extérieurs, les visites et les permissions. Ce cadre institu-
tionnel s’ouvre au fur et à mesure de l’évolution du patient.
Les approches thérapeutiques Les périodes les plus aiguës du sevrage peuvent nécessiter
en addictologie une augmentation importante des chimiothérapies psycho-
tropes. L’objectif principal de l’hospitalisation est le
Le traitement des addictions s’inscrit dans un cadre de sevrage et le maintien dans cette cure.
soins au long cours. L’objectif est l’arrêt du comportement Le sevrage ne peut s’envisager sans mesures préventives
addictif avec l’interruption de l’intoxication et le maintien des rechutes, psychologiques et médicamenteuses. La durée
de l’abstinence par la prévention des rechutes à long terme. de traitement du post-sevrage est de six mois à un an en

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La phase de sevrage ne représente qu’une étape dans la rapport avec celle de la rémission précoce du DSM-IV.
démarche thérapeutique. L’objectif principal est le main- Pour l’alcool, les médicaments autorisés à la prescription
tien dans les soins. Le suivi est essentiellement ambula- sont l’acamprosate, la naltrexone et le disulfiram à manier
toire. La proposition classique d’une prise en charge débu- avec prudence. Ils peuvent être associés. Pour le tabac, le
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tant par l’hospitalisation puis la post-cure est obsolète. bupropion a fait preuve de son intérêt. Pour les opiacés, la
Le suivi en consultations permet une réduction puis un naltrexone, un antimorphinique de longue durée d’action,
arrêt de la consommation. Les hospitalisations sont rares. est le traitement de choix. Elle bloque les effets des opiacés
Leur objectif est soit un sevrage préparé, soit le traitement sans engendrer de dépendance. Son utilisation encore trop
des complications souvent dans l’urgence avec de nom- marginale doit se développer. Il est incongru de ne pas la
breuses rechutes à la sortie. proposer en relais d’une hospitalisation de sevrage opiacé.
La prise en charge est globale associant approches médi- La prévention des rechutes de cocaïne est difficile. Les régu-
camenteuses, psychologiques, somatiques et sociales. lateurs de l’humeur et les inhibiteurs de la recapture de la
Il s’agit d’accompagner le patient dans une démarche de sérotonine sont peu efficaces. Les anti-psychotiques de
changement qui modifie profondément les différents seconde génération diminueraient le craving surtout des
champs de la vie quotidienne et de la personnalité. Elle sujets à double diagnostic. Le topiramate semble avoir une
débute par, entre autre, une évaluation pour adapter au place. Un vaccin est toujours en cours d’étude.
mieux les stratégies de soins. Les différentes modalités thé-
rapeutiques partagent les mêmes objectifs, leurs différen- • La stratégie substitutive
ces sont plutôt liées aux aspects culturels sociaux et toxi- Les traitements de substitution sont à réserver aux
ques qui les différencient effectivement et relèvent souvent patients présentant des dépendances opiacées ou tabagi-
du choix des patients [5]. Ce projet est multidisciplinaire, ques. Le principe est de proposer un traitement de la
offrant une gamme diversifiée de soins, adaptable en fonc- même classe que la substance toxique. L’objectif de la
tion de la clinique, articulé dans un cadre de soins cohérent cure est différent pour le tabac et les opiacés. La substitu-
et pertinent. L’identification d’un référent unique est utile. tion nicotinique est une détoxification sur de nombreux
mois à un an. La substitution opiacée vise au maintien du
Les traitements médicamenteux patient dans un cadre de soins pour la prise en charge des
Les thérapeutiques médicamenteuses opposent deux troubles de la personnalité [14].
stratégies, le traitement du sevrage et post-sevrage et les Les médicaments de substitution sont caractérisés par
traitements substitutifs. leur longue durée d’action de façon à éviter l’euphorie

L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 85, N° 7 - SEPTEMBRE 2009 615


X. Laqueille, K. Liot

liée aux substances et le malaise lié à l’arrêt [18] (annexe 4) – anxiolytiques de préférence non benzodiazépiniques ou
. Les médicaments substitutifs sont des agonistes purs, la antipsychotiques de seconde génération pour les réactions
méthadone ou la nicotine, ou des agonistes partiels, la anxieuses et dépressives ;
buprénorphine et la varénicline (Champix®), avec un – antidépresseurs pour les états dépressifs caractérisés iso-
effet plafond et une moindre dépendance, mais d’un manie- lés ou récurrents.
ment plus complexe. Les gommes et les sprays de nicotine
présentent des risques de néo-dépendance du fait de leurs Les approches psychothérapiques
effets de pics. Ils sont moins efficaces que les patchs et sont
destinés aux patients les moins dépendants ou les moins • Les thérapies cognitivo-comportementales
motivés. Le symptôme clinique qui permet d’adapter la et motivationnelles
posologie est l’appétence toxicophile ou craving. Le but des TCC en addictologie est d’aider les patients à
Un patient sous traitement de substitution se présente prendre conscience du caractère pathologique ou dysfonc-
comme sevré. La déception devant l’absence d’effet tionel des stratégies cognitives qui les amènent à consom-
euphorisant et l’absence de motivation à s’abstenir de dro- mer. Le thérapeute apprend au patient à identifier puis
gue entraînent des mésusages : doses trop élevées, prises modifier les enchaînements cognitifs-
pluriquotidiennes, pratiques d’injection pour la buprénor- émotionnels-comportementaux afin de mettre en place des
phine. Le respect des cadres d’utilisation et de prescription réponses adaptées aux situations à hauts risques [4]. La pre-
est essentiel [12]. mière étape est l’identification des situations ou des cogni-
tions aboutissant à la prise de substances, puis d’aider le
• Le traitement médicamenteux des comorbidités patient à développer selon les cas des stratégies d’évite-
psychiatriques ment ou des stratégies de coping pour y faire face [3].
Les diagnostics psychiatriques sont difficiles du fait de L’entretien motivationnel est un mode d’intervention
l’absence de stabilité émotionnelle et de l’évitement des brève défini comme « une méthode centrée sur le patient
soins. Les ruptures thérapeutiques et rechutes sont fréquen- et utilisée pour augmenter la motivation intrinsèque au
tes et le pronostic moindre. Leur traitement réduit les fac- changement par l’exploration et la résolution de l’ambiva-

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teurs de renforcement de la dépendance. Sur le plan médi- lence » [17]. La motivation au changement vient du patient
camenteux, ils sont à considérer comme résistants avec des lui-même. La relation thérapeutique se conçoit comme un
posologies élevées. partenariat et non une relation patient-expert. Les principes
Pour les pathologies schizophréniques, les antipsychoti- de l’intervention du thérapeute sont l’empathie envers le
ques de seconde génération sont mieux tolérés et acceptés. patient, le soutien des divergences et le renforcement du
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Le recours aux produits retard favorise la compliance des sentiment d’efficacité personnelle.
sujets les plus désorganisés. L’entretien motivationnel s’appuie sur le modèle trans-
Les troubles de l’humeur sont fréquents. Selon leur étio- théorique du changement pour lequel un sujet présentant
logie, le traitement différera : un comportement de dépendance passe à travers différents
– abstinence de drogue par sevrage ou substitution pour les stades ordonnés de façon chronologique [20]. L’objectif du
troubles de l’humeur induits par les substances ; thérapeute évolue en fonction du stade dans lequel se situe
– traitement antidépresseur pour les troubles de l’humeur le patient (tableau 2). Son caractère pragmatique et son
induits par le sevrage ; efficacité validée scientifiquement en ont fait un outil lar-

Tableau 2. Les étapes de changement motivationnel.

Étapes de changement Attitude du sujet Objectifs du thérapeute


Pré-contemplation Pas d’intention de modifier le comportement, soit par déni, Semer le doute, faire prendre conscience des risques
soit par manque d’information et/ou inexactitude des encourus et des problèmes liés au comportement
informations reçues ou des croyances
Contemplation Apparition de l’intention de modifier son comportement Discuter les avantages et inconvénients du changement et
du maintien du comportement
Préparation Décision de modifier son comportement à court terme Aider le patient à déterminer les actions à entreprendre
pour modifier le comportement
Action Modification du comportement Aider à déterminer les actions à entreprendre pour modifier
le comportement
Maintien Absence de retour au comportement de dépendance Mise en place de stratégies de prévention de la rechute
Rechute Retour au comportement de dépendance Valoriser les succès passés et aider à entamer de nouveau
les étapes précédentes

616 L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 85, N° 7 - SEPTEMBRE 2009


Addictions : définitions et principes thérapeutiques

gement employé en addictologie, en particulier dans la gie deviennent des Centres de soins, d’accompagnement et
prise en charge du fumeur. de prévention en addictologie (CSAPA), des structures de
proximité intégrant médecins, infirmiers, psychologues,
• Les thérapies d’inspiration analytique assistants et éducateurs sociaux. Le dispositif sanitaire
Les thérapies d’inspiration analytiques gardent une voit la création d’unités de consultations hospitalières,
place prédominante. Les pathologies de la dépendance ren- d’Équipes de liaison et de soins en addictologie (Elsa), de
voient à des personnalités par la dépendance affective. services d’hospitalisation de recours à vocation territoriale
Les vécus d’abandon, les rejets affectifs précoces, les dif- ou hospitalo-universitaire. La place des psychiatres est cen-
ficultés relationnelles et à construire une vie affective sont trale tant par leur apport théorique et clinique que pour la
constantes lors des dépendances sévères. Les prises en prise en charge des patients présentant des dépendances
charge sont difficiles à mettre en œuvre, surtout pour les sévères ou associées à des comorbidités psychiatriques.
sujets les plus désorganisés avec le besoin d’un cadre Ils doivent se positionner à côté des autres acteurs de ce
assoupli. champ par un travail en réseau et s’articuler au mieux en
terme d’organisation des soins.
• Les approches systémiques
Les approches familiales systémiques sont utiles chez
les adolescents et lors des pathologies familiales. Elles faci- Références
litent les prises en charge individuelles. Le protocole est
parfois en être assoupli pour répondre à la demande de 1. Adès J, Lejoyeux M. « Dépendances comportementales ».
soins des plus souffrants ou des plus capables à s’engager In : Encyclopédie médico- chirurgicale. Paris : Elsevier,
dans un processus de soins. Les entretiens parentaux sont 1999, 37-396-A-20.
parfois la seule alternative possible. 2. American Psychiatric Association. (2000). Diagnostic and
Statistical Manual of Mental Disorders, 4th ed. revised.
• Les approches institutionnelles Washington, DC : Author.
Le travail de psychiatrie institutionnelle mené par les 3. Aubin HJ. « Principes généraux des thérapies cognitivo-

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équipes de soins, médicales, infirmières et psychologiques comportementales dans les addictions ». In: Reynaud M.
est le quotidien des centres de soins spécialisés. Le patient Addictions et psychiatrie. Paris : Masson, 2005, p. 223-238.
évolue dans un espace thérapeutique. Il développe avec le 4. Aubin HJ. « Psychothérapies comportementales et motiva-
centre une relation de type transférentiel marqué habituel- tionnelles en alcoologie et en tabacologie ». In : Lejoyeux
lement par la dépendance indispensable en cas de dépen-
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M. Addictologie. Paris : Masson, 2008, p. 283-295.


dance grave.
5. Fatséas M, Auriacombe M. « Principes de la thérapeutique et
des prises en charge en addictologie ». In : Lejoyeux M.
La prise en charge socio-éducative Addictologie. Paris : Masson, 2008, p. 62-68.
La prise en charge de l’addiction implique une modifi- 6. Fouquet P. Réflexions cliniques et thérapeutiques sur l’alcoo-
cation en profondeur du mode de vie du patient, consistant lisme. Evol Psych 2001 ; 31 : 231-51.
en l’élaboration d’un autre mode de relation à soi et aux
autres et caractérisé par l’autonomie et la responsabilisa- 7. Goodman A. Addiction: definition and implications. British
Journal of Addiction 1990 ; 85 : 1403-8.
tion. L’intervention sociale agit en complémentarité des
approches médicale et psychologique et favorise la resocia- 8. Hurd YL, Svensson P, Ponten M. The role of dopamine,
lisation et la réinsertion. Accompagnant le patient dans ses dynorphin, and CART systems in the ventral striatum and
démarches, son quotidien, le but est de réinvestir les liens amygdala in cocaine abuse. Ann NY Acad Sci 1999 ; 877 :
sociaux, développer les compétences sociales et relation- 499-506.
nelles en vue d’une autonomisation et une responsabilisa- 9. Karila L. « Neurobiologie de l’addiction ». In : Reynaud M.
tion dans ses choix et décisions [5]. Addictions et psychiatrie. Paris : Masson, 2005, p. 49-62.
10. Koob GF. Neurobiology of addiction. Toward the develop-
ment of new therapies. Annals of the New York Academy of
Conclusion
science 2000 ; 909 : 170-85.
Les pathologies addictives sont d’authentiques troubles 11. Koob GF, Le Moal M. Drug addiction, dysregulation of
psychopathologiques. Leurs prises en charge sont longues reward and allostasis. Neuropsychopharmacology 2001 ;
et complexes, émaillées de rechutes et nécessitent des inter- 24 : 97-129.
venants multiples. Le dispositif de soins est en forte évolu- 12. Laqueille X, Poirier MF, Jalfre V, Bourdel MC, Willard D,
tion, y compris dans le volet médico-judiciaire [13]. Dans Olié JP. Facteurs prédictifs de réponse à la buprénorphine en
le registre médico-social, les Centres de soins spécialisés et traitement substitutif des héroïnomanies. La Presse Médicale
toxicomanie et le Centre de cure ambulatoire en addictolo- 2001 ; 30 : 1581-5.

L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 85, N° 7 - SEPTEMBRE 2009 617


X. Laqueille, K. Liot

13. Laqueille X, Liot K., Launay C. Toxicomanies, obligation de 18. Montastruc JL, et al. Critères pharmacologiques d’un médi-
soins et injonction thérapeutiques, les lois du 31 décembre cament pour la substitution de la pharmacodépendance aux
1970 et du 05 mars 2007. In : Encyclopédie médico- opiacés. Thérapie 2003 ; 58 : 123-5.
chirurgicale. Paris : Elsevier. In Press. 19. Peele S. The Meaning of Addiction: Compulsive Experience
14. Loo H, Laqueille X, Remi P, Bayle F, Olié JP. Le traitement and its Interpretation. Mass : Lexington Books, 1985.
de substitution des héroïnomanes par la méthadone : intérêts, 20. Prochaska J, DiClemente C. Transtheoretical therapy: toward
limites et pratiques en France. Bull Acad Nat de Med 1993 ; a more integrative model of change. Psychotherapy: Theory,
177 : 1331-5. Research and Practice 1982 ; 19 : 276-58 ; (1) : 7-29.
15. Malonado R. The neurobiology of addiction. Journal of Neu- 21. Reynaud M. Addictions et psychiatrie. Paris : Masson, 2005.
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17. Miller WR, Rollnick S. Motivational Interviewing: Prepa- dopamine, the frontal cortex, and memory circuits in drug
ring People to Change Addictive Behavior. New York : The addiction: insight from imaging studies. Neurobiology of
Guilford Press, 1991. learning and memory 2002 ; 78 : 610-24.

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Addictions : définitions et principes thérapeutiques

Annexe 1
Abus de substance (DSM-IV-TR)
A. Mode d’utilisation inadéquat d’une substance caractérisé par la présence d’au moins une des manifestations suivan-
tes au cours d’une période de 12 mois :
1 - incapacité de remplir des obligations majeures au travail, à l’école ou à la maison
2 - dans des situations où cela peut être physiquement dangereux
3 - problèmes judiciaires répétés liés
4 - des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents
B. Les symptômes n’ont jamais atteint, pour cette classe de substance, les critères de dépendance à une substance

Annexe 2
Dépendance à une substance (DSM-IV-TR)
Mode d’utilisation entraînant une détresse ou un dysfonctionnement significatif avec trois ou plus des manifestations
suivantes, sur la même période de 12 mois.
1. Existence d’une tolérance, définie par :
– besoin de quantités majorées pour obtenir l’effet désiré ;
– effet nettement diminué en cas d’usage continu.
2. Existence d’un syndrome de sevrage :
– syndrome de sevrage caractéristique de la substance ;
– prise de substance pour éviter les symptômes de sevrage ;
– quantité supérieure ou sur un laps de temps plus long que prévu ;

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– désir persistant ou efforts infructueux pour contrôler l’utilisation ;
– temps considérable pour se procurer la substance, la consommer, ou récupérer de ses effets ;
– d’importantes activités sociales abandonnées ou réduites ;
– poursuite de l’utilisation malgré des problèmes physiques, psychologiques déterminé par la substance.
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Annexe 3
Critères d’addiction de Goodman (1990)
A. Échecs répétés de résister à l’impulsion d’entreprendre un comportement spécifique
B. Sentiment de tension augmentant avant de débuter le comportement
C. Sentiment de plaisir ou de soulagement en entreprenant le comportement
D. Sentiment de perte de contrôle pendant la réalisation du comportement
Au moins cinq des neufs items suivants :
– fréquentes préoccupations liées au comportement ou aux activités préparatoires à sa réalisation ;
– fréquence du comportement plus importante ou sur une période de temps plus longue que celle envisagée ;
– efforts répétés pour réduire, contrôler ou arrêter le comportement ;
– importante perte de temps passé à préparer le comportement, le réaliser ou récupérer de ses effets ;
– réalisation fréquente du comportement lorsque des obligations occupationnelles, académiques, domestiques ou
sociales doivent être accomplies ;
– d’importantes activités sociales, occupationnelles ou de loisirs sont abandonnées ou réduites en raison du comportement ;
– poursuite du comportement malgré la connaissance de l’exacerbation des problèmes sociaux, psychologiques ou
physiques persistants ou récurrents déterminés par ce comportement ;
– tolérance : besoin d’augmenter l’intensité ou la fréquence du comportement pour obtenir l’effet désiré ou effet dimi-
nué si le comportement est poursuivi avec la même intensité ;
– agitation ou irritabilité si le comportement ne peut être poursuivi.
F. Certains symptômes de ce trouble ont persisté au moins un mois, ou sont survenus de façon répétée sur une période
prolongée.

L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 85, N° 7 - SEPTEMBRE 2009 619


X. Laqueille, K. Liot

Annexe 4

Critères des médicaments de substitution (Montastruc 2003)


Critère 1 : avoir les mêmes propriétés pharmacodynamiques que le produit à substituer.
Critère 2 : avoir une durée d’action longue minimum de 24 heures, ne nécessite pas plusieurs prises par jour pour éviter
les fluctuations d’effets et en particulier les symptômes de manque.
Critère 3 : générer peu d’euphorie et avoir peu d’effet renforçateur pour le produit lui-même et les autres drogues.
Critère 4 : s’administrer par voie orale ou sublinguale et ne pas comporter d’attrait particulier pour les autres voies, en
particulier intraveineuse.
Critère 5 : avoir une AMM dans cette indication, établie à partir d’un dossier d’enregistrement comportant à la fois des
données d’activité thérapeutique, essais cliniques comparatifs, et sécurité clinique.
Critère 6 : être compatible avec une qualité de vie sociale satisfaisante.

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