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Chapitre 1
Chapitre 1
1. Introduction
La coupe des métaux est un processus thermomécanique fortement couplé dans lequel les
déformations plastiques, la chaleur et les phénomènes de frottement jouent un rôle critique en
termes d’usure. Quand un outil pénètre dans une pièce métallique pour former un copeau, la
matière située près de la surface est fortement cisaillée. La déformation s’effectue à très
grandes vitesses de déformation et le copeau se trouve en contact intime avec la face de coupe
de l’outil. Les contraintes et la température à l’interface sont considérablement élevées et
conduisent à des phénomènes physico-chimiques très complexes. Ceux-ci ayant lieu dans une
région très petite autour de la pointe de l’outil, les phénomènes liés à la tribologie de la coupe
sont très difficiles à étudier et à modéliser.
2. Formation du copeau
2.1 Coupe orthogonale
La coupe la plus élémentaire est la coupe dite « orthogonale » (Figure 1). Dans cette
configuration, l’arête de coupe est perpendiculaire à la fois aux directions de coupe et
d’avance. L’outil est incliné de l’angle de coupe α par rapport à la verticale et se déplace avec
la vitesse de coupe Vc. La quantité de matière enlevée est représentée par l’épaisseur du
copeau non déformé t 1 (ou avance par tour f) et la profondeur de passe ap. Le copeau
d’épaisseur t2 se déplace le long de la face de coupe de l’outil avec la vitesse V cop et quitte en
se courbant l’interface outil-copeau à la distance lc de la pointe de l’outil (longueur de
contact).
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Chapitre 1 : Analyse de la formation du copeau
sin ∅
D’où l’expression de la vitesse du copeau Vcop : 𝑉𝐶𝑂𝑃 = cos (∅−𝛼 )
Une estimation de la déformation γ subie par le matériau dans la zone primaire peut être
obtenue géométriquement en supposant un cisaillement pur sur le plan de cisaillement :
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Chapitre 1 : Analyse de la formation du copeau
Le passage d’un type de copeau à un autre a été expliqué à partir du phénomène de plasticité
adiabatique, le critère d’instabilité s’écrivant :
𝜕𝜏
Sachant que est négatif, il y a fragmentation du copeau lorsque l’adoucissement thermique
𝜕𝑇
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Chapitre 1 : Analyse de la formation du copeau
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Chapitre 1 : Analyse de la formation du copeau
La vitesse de déformation varie de manière symétrique le long des lignes de courant et atteint
sa valeur maximale autour d’une zone restreinte assimilée au plan de cisaillement. La vitesse
de déformation n’est en outre pas constante dans cette zone puisque l’on on observe une
augmentation de la valeur maximale du profil lorsque l’on se rapproche de l’arête de coupe
(Figure 3(b)). L’expérience montre également que la vitesse de déformation est fonction à la
fois de la vitesse de coupe et de l’avance. De ces constations sont nés les modèles dits
thermomécaniques de la coupe. Dans ces modèles, le cisaillement primaire n’est plus
représenté simplement par un plan mais par une zone d’une certaine épaisseur. Cette zone
prend soit la forme d’une bande de cisaillement d’épaisseur constante h (Figure 4(b), soit une
forme triangulaire (Figure 4(c). L’épaisseur de la zone de cisaillement primaire permet le
calcul de la vitesse de déformation qui est introduite dans la loi de comportement du matériau.
Les champs des déformations, des vitesses de déformation et de température ainsi calculés
deviennent plus réalistes.
Une autre approche consiste à modéliser l’écoulement dans la zone de cisaillement primaire
directement à partir des lignes de courant (Figure 4(d)). La méthode consiste à proposer une
équation (par exemple une hyperbole) décrivant la forme des lignes de courants en fonction
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Chapitre 1 : Analyse de la formation du copeau
Figure 5 : Zone de cisaillement secondaire. (a) Micrographie d’un copeau (Acier à 0,4% C, Vc=180
m/min) obtenu montrant les lignes d’écoulement dans la zone de cisaillement secondaire.
(b) Schématisation des déformations dans la zone de cisaillement secondaire.