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Classiquement l’intitule contrats spéciaux est en soi quelque peu ambigu, voire
trompeur. Il pourrait évoquer l’idée de contrats particuliers qui dérogent au droit
commun. Or c’est tout l’inverse. Les contrats spéciaux sont les plus courants des
contrats, ceux qui sont tellement pratiqués qu’ils présentent un caractère répétitif
permettant de dégager des catégories bien classifiées.
Ces catégories sont les différentes espèces que l’on peut recenser au sein du genre,
constitué parmi les actes juridiques, par la notion de contrat en général. Loin de
déroger à la théorie générale des contrats, les contrats spéciaux en assurent donc la
mise en œuvre, l’application concrète aux différents types de conventions les plus
usuelles.
Plutôt que de parler de contrats spéciaux, (dont certains ont acquis une telle
importance, qu’ils constituent désormais de véritables matières a part entières, tels le
contrat de travail, d’assurance, de transport) il faudrait parler de droit spécialisé des
contrats : en effet, le droit des contrats spéciaux, s’appuie sur la théorie générale des
contrats : il en assure non seulement l’application, mais l’adaptation aux singularités
de chaque espèce. C’est donc moins le contrat qui est spécial, que les règles de
droit qui lui sont applicables. Bien plus, il faut bien comprendre que les règles
spéciales ne sont pas applicables à tous les contrats, mais ponctuellement à tel ou
tel contrat (vente, bail, dépôt, prêt, contrat d’entreprise….Ces règles spéciales ont
naturellement vocation à s’ajouter aux règles de droit commun ; ce n’est pas parce
que le code civil ou le DOC régissent précisément tel ou tel contrat, que les règles
générales ne sont pas applicables aux contrats dits spéciaux.
Chacune de ces règles, présente en effet des particularités qui servent précisément
à les différencier les unes des autres au sein du genre. Ces particularités requièrent
au-delà de la théorie générale des contrats, des règles spécifiques et c’est ce
qu’exprime le code civil français qui consacre la distinction entre règles générales et
règles spéciales et marque également la distinction entre les contrats nommés (un
contrat auquel la loi accorde un nom et un régime juridique) et les contrats innommés
(contrat dont le régime juridique n’est pas organisé par la loi). Outre que tous les
contrats sont nécessairement spéciaux, l'appellation "contrats spéciaux" renvoie
donc à un corps de règles spécifiques qui, en théorie, répond aux caractéristiques
propres d’une opération. La théorie générale des obligations apparait ainsi
constamment en toile de fond dans l’étude des contrats spéciaux.
Les contrats qui ont une dénomination propre sont dits contras nommes par
dérogation aux contrats innommés. Néanmoins, ce n’est pas le titre que les parties
elles-mêmes peuvent apposer sur leur accord qui compte, mais l’économie et le
contenu de celui-ci : sont nommés les contrats qui correspondent à un genre, un
moule connu et font à ce titre l’objet d’un corps de règles propre, lequel constitue
précisément la matière des contrats spéciaux. Chaque contrat nommé à ainsi son
statut juridique. Ce corps de règles n’est pas nécessairement impératif : le principe
de la liberté contractuelle conduit au contraire, à regarder comme d’ordinaire
seulement supplétives, les règles relatives à chaque espèce de contrat. Mais le seul
fait qu’elles existent, leur confère néanmoins une portée considérable : elles
s’appliqueront à chaque fois qu’elles n’auront pas été expressément écartées.
Lorsque ces règles sont impératives, leur portée est encore accrue : du seul fait qu’il
sera rangé dans la catégorie considérée, le contrat sera soumis à ces règles dites
d’ordre public.
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-d’une part en préciser le fonctionnement et les effets sur toute une série de points
que les contractants n’auront pas vus ou réglés, ce qui leur permettra de procéder
par simple référence au modèle légal sans avoir à élaborer eux-mêmes à chaque
fois un contrat détaillé (par exemple, la vente d’un bien entrainera automatiquement
garantie des vices cachés et d’éviction même si les parties n’ont pas prévues ces
hypothèses)
La doctrine classique avait pour coutume d’opposer les grands et petits contrats, les
premiers étant plus importants économiquement, ce qui justifiait parfois un ensemble
de règles complètes et détaillées : exemple : le contrat de vente, le louage, contrat
de société. Les petits contrats (prêt, cautionnement, dépôt) retenaient moins
l’attention parce qu’ils semblaient moins juridiques, presqu’à la limite du non droit
comme concernant des relations amicales plus du ressort des mœurs et de la
sociologie que du droit. Mais là encore l’évolution sociale et économique a fait son
œuvre. En particulier le développement d’une économie de services et de crédit, a
fait grandir certains contrats : de nos jours, les contrats d’entreprise, de mandat, de
prêt d’argent, de travail…. sont incontestablement devenus de grands contrats par
leur rôle économique.
Classer un contrat concret dans telle ou telle des catégories ainsi dégagées
constitue l’opération intellectuelle de qualification (opération consistant à étudier les
éléments objectifs du contrat afin de lui attribuer un régime juridique). Elle exige de
se fonder sur une étude objective des éléments qui composent le contrat et plus
particulièrement sur les droits et les obligations naissant de cette convention. Elle
exige également d’analyser l’économie du contrat qui peut aller du plus simple au
plus complexe : cette opération est fondamentale dans le droit des contrats spéciaux
car c’est elle qui déclenchera l’application du régime propre à tel ou tel contrat
nommé. C’est pourquoi elle constitue une opération de droit sur laquelle la cour de
cassation exerce son contrôle et elle consiste à rechercher l’élément essentiel du
contrat envisagé dans son ensemble pour en dégager la qualification globale. Pour
ce faire, les juges doivent s’attacher non pas à la dénomination affichée par les
parties, mais à l’analyse de l’économie réelle de leur accord : ils ne sont pas lies par
le titre donné par les parties au contrat et peuvent ainsi estimer, qu’un contrat qualifié
de prêt correspond en réalité à un bail : Il leur appartiendra de requalifier en
conséquence le contrat afin de lui appliquer le régime juridique idoine étant donc
entendu, que le contenu prévaut sur l’intitulé.
De ce qui précède, il n’est pas aisé d’établir une liste des contras nommés par
nature, sujette à l’évolution à la fois dans son contenu et dans ses ramifications.
Cependant cette évolution est assez lente pour qu’on puisse dresser une telle liste
sachant qu’elle n’est pas invariable. Le droit marocain connait un double phénomène
inverse de codification : Retirant certaines matières des codes classiques à
l’occasion d’une reforme législative et de recodification par l’élaboration cde codes
spécialisés.
On connait déjà les grandes classifications énoncées par le DOC lui-même et qui
traversent le droit des contrats : contrat onéreux ou gratuits, synallagmatiques ou
unilatéraux, contrats civils et commerciaux, ces multiples classifications qui se
recoupent ne sont guère appropriées lorsqu’il s’agit de présenter les catégories
essentielles de contrats nommés : Mieux vaut s’attacher à l’objet et au rôle de ces
contrats ce qui permet d’en dégager cinq catégories essentielles.
-ceux qui ont trait à des prestations de services (contrat de dépôt, de mandat)
-ceux qui ont pour objet un crédit (prêt d’argent, prêt de consommation, crédit-bail)
- ceux qui ont enfin pour objet des évènements incertains et que l’on nomme contrats
aléatoires (jeux et paris, transaction)
Cet effet réel, donne à ces contrats une portée toute particulière, à savoir une
opposabilité aux tiers laquelle prend un relief particulier lorsque ce contrat transfère
un droit réel puisqu’un tel droit, est par définition opposable à tous : le contrat va
constituer pour le bénéficiaire le titre de propriété qu’il pourra naturellement, faire
respecter par tous.
Titre I : La vente.
Le DOC donne une définition de la vente à l’article 478 du DOC « C’est le contrat par
lequel l’une des parties transmet la propriété d’une chose ou d’un droit à l’autre
contractant, contre un prix que ce dernier s’oblige à lui payer ». C’est ici le rapport
d’obligations qui définit le contrat de vente. Plus généralement, il faut retenir que le
contrat de vente est un contrat translatif de propriété portant sur un bien en
contrepartie du versement d’un prix. La vente est donc :
- La vente est un contrat conclu à titre onéreux (articles 488-490 du DOC), ce qui
la distingue de la donation qui est un contrat conclu à titre gratuit….
échange des consentements : Article 488 DOC : « la vente est parfaite dès que les
parties sont d’accord sur la chose et sur le prix » Néanmoins, certaines exceptions et
tempéraments viennent se greffer à ce principe. Par exemple, certaines ventes
importantes sont au contraire, soumises à certaines formes exigées pour la validité
de l’acte à peine de nullité : l’écrit est requis dans ces ventes, ad solimnitatem et non
ad probationem (vente de fonds de commerce, vente à crédit, ventes immobilières…)
Au titre des tempéraments évoqués, la loi peut parfois exiger pour la preuve du
contrat ou pour la publicité de l’acte, l’accomplissement de certaines formalités.
Le contrat de vente est sûrement le plus usuel des contrats et le plus important dans
la vie économique : C'est lui qui permet une circulation des biens et des valeurs,
c’est le pilier d'une économie. Dans une économie libérale qui repose sur la
distribution et la consommation de masse, la vente est le rouage essentiel.
Comme tout contrat, la vente doit obéir aux quatre conditions de formation énoncées
à l’article 2 du DOC, à savoir : Le consentement des parties, leur capacité à
contracter, une cause licite et un objet certain, qui forme la matière de l'engagement.
Il faut voir quelles sont les règles spéciales qui régissent la formation du contrat de
vente (Articles 478 et suivants) : Il est deux éléments indispensables à l’existence
même d’une vente : le transfert d’une chose contre le paiement d’un prix. Sans ces
deux piliers, un contrat ne peut pas recevoir la qualification de vente.
A La chose
Par ailleurs, la chose objet de la vente, doit être dans le commerce : Une chose ne
peut faire l’objet d’un contrat que si elle est susceptible d’aliénabilité et qu’autant que
la loi le permet : la vente peut donc porter sur toutes sortes d’objet : meubles ou
immeubles, corps certains ou choses de genre, biens ou droits incorporels. Par
dérogation au principe, certaines choses ne peuvent faire l’objet d’une vente (article
484 DOC) Sont ainsi visées les choses hors commerce (personne humaine,
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2- La chose vendue
Pour qu’il puisse y avoir vente, il faut que la chose concernée soit vendable en elle-
même, mais qu’elle soit précisément identifiable ou identifiée par application des
dispositions afférentes à la détermination de l’objet de tout contrat.
Pour les corps certains (chose individualisée et non substituables) il faut des
indications suffisantes à l’acte pour pouvoir identifier le bien concerné. La chose
objet du contrat est donc déterminée par sa
marque/puissance/modèle/couleur/matricule ou par sa superficie/ses éléments
d’identification au registre foncier, de façon à éviter tout risque de confusion, avec
d’autres choses de même espèce. Ainsi dans la cession à forfait qui peut suivre une
faillite, la vente porte sur tous les éléments d’actifs de l’entreprise.
Pour les choses de genre qui se caractérisent par leur fongibilité (article 486 du
DOC), la détermination peut s’effectuer par la précision de la quantité et de l’espèce
convenues dans les ventes ordinaires dénommées « au poids, au compte ou à la
mesure » (article 494 du DOC) : exemple : telle quantité de blé de telle variété.
L’individualisation est une condition d’exécution du contrat et peut ainsi se faire par
référence à un modèle type (vente sur types/spécimen) ou à une marque particulière
(vente sur marques).
Pour les choses péries au moment de la vente, le principe est que la vente est nulle :
il y a perte si la chose n’existe plus du tout (marchandises ayant brulé) mais aussi si
elle a perdu ce qui faisait sa valeur (marchandises pourries) Lorsque la perte n’est
que partielle (immeuble détruit en partie) l’acheteur a le choix entre la nullité et la
réduction proportionnelle. Cette règle n’est cependant pas d’ordre public, car elle
peut être écartée par la nature aléatoire du contrat : l’existence de la chose n’est
alors pas nécessaire, car l’incertitude dont elle fait l’objet constitue précisément l’aléa
(achat à ses risques et périls d’un lot de marchandise en cours de transport par mer)
Pour les choses futures (article 61 du DOC) : Elles peuvent faire l’objet d’une vente à
terme valable : objet à fabriquer, immeubles à construire, … Dans le cas ou la chose
future peut faire l’objet d’une vente, celle-ci devient caduque si la chose ne parvient
pas à existence, sans faute de part ou d’autre (récolte détruite avant terme ; les
marchandises vendues ne sont pas fabriquées pour une raison étrangère au
vendeur) Mais si la disparition a lieu après l’échange des consentements, le contrat
est formé et le problème est résolu par la répartition des risques.(En matière de
vente, les risques pèsent sur l’acheteur qui est immédiatement propriétaire,).
S’agissant de la nature du droit cédé, le plus souvent la vente porte sur le droit de
propriété en son entier, qu’on appelle pleine propriété. Mais on peut aussi céder un
simple démembrement du droit de propriété, c'est-à-dire l’une de ses composantes
puisque les attributs du droit de propriété peuvent être temporairement séparés (nue-
propriété, usufruit…)
Par exemple c’est le cas du vendeur qui dispose au moment de la vente, d’un titre
qui se trouve ultérieurement annulé ou résolu : la rétroactivité de cette annulation ou
résolution, entraine des effets en cascade, toutes les reventes du bien étant
désormais des ventes de la chose d’autrui. Ces ventes sont nulles, mais il s’agit
d’une nullité relative à la disposition de l’acheteur dont elle protège les intérêts, et
non du vendeur : la nullité est couverte si le vendeur qui n’était pas propriétaire au
moment de la vente, le devient, par la suite (vente d’un bien sous condition
suspensive de l’acquérir du véritable propriétaire pour être en mesure d’en assurer la
délivrance). La vente sera alors consolidée.
Quant au véritable propriétaire, l’action en nullité ne lui est pas ouverte, car il n’a pas
à se préoccuper de cette vente conclue par des tiers sur son propre bien qui ne
l’oblige pas (effet relatif des contrats) : il peut donc l’ignorer et si l’acheteur a reçu
possession, ce véritable propriétaire, dispose d’une action en revendication.
Section II Le prix
L’existence d’un prix est un élément indispensable de la vente (article 488 du DOC)
Il est une contrepartie monétaire représentée par une somme d’argent. Le principe
établi est la liberté des prix. Sauf exceptions, les prix sont librement fixés par les
parties au contrat de vente ce qui dans le cadre d’une économie libérale où les prix
résultent du jeu de l’offre et de la demande, apparait logique. Le prix est en premier
lieu un instrument de qualification du contrat de vente. C’est l’existence d’un prix qui
permet de qualifier une convention de contrat de vente. C’est en cela que la vente se
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Ou bien le prix est immédiatement chiffré, ou bien sans l’être, il est fixé par référence
à des éléments qui le rendent déterminable le jour ou il devra être payé. Il faut que
ces éléments de référence soit en revanche suffisamment précis pour permettre de
chiffrer le prix le jour venu sans nouvel accord des parties (cours de la bourse de
telle marchandise, au tarif moyen de fournisseurs désignés…)
En outre, il est permis aux parties de déroger aux dispositions de l’article 487 et de
confier le soin de fixer le prix à un tiers appelé arbitre ou expert : ce tiers est donc un
mandataire commun des deux parties qui le charge d’une mission juridique qui
consiste à fixer un prix précis lequel s’impose aux parties : la simple indication d’une
fourchette de prix est insuffisante.
Il existe aussi différentes clauses, imaginées par la pratique, qui permettent une
déterminabilité du prix. Ces clauses sont considérées comme valables.
Il s’agit en premier lieu de la clause de prix catalogue : le prix sera le prix en vigueur
au jour de la livraison (tel que fixé par le fabriquant ou le constructeur).
Cette clause est fréquente dans les contrats de concession automobile.
En second lieu, est normalement valable la clause qui fait référence au prix tel que
fixé par un cours ou une cotation sur un marché comme l'argus pour les véhicules
par exemple (longtemps nulle aux yeux de la jurisprudence française une telle clause
doit être considérée comme valable si les facteurs de référence sont précis et
objectifs).Enfin est également valable la clause d’offre concurrente : oblige le
vendeur à baisser son prix si un concurrent pratique un prix plus bas que celui
initialement proposé.
Dès l’instant où les parties n’ont pas prévu un prix dans leur contrat, le juge ne peut
pas se substituer à elles et fixer judiciairement le prix de la vente. Dans ce cas le
contrat est nul.
Si la détermination dépend d’une seule des parties, l’accord de volonté fait défaut et
le contrat est nul soit pour indétermination du prix soit pour l’existence d’une
condition potestative (article 112 du DOC « L’obligation est nulle lorsque l’existence
même du lien dépend de la nue volonté de l’obligé (condition potestative).
Néanmoins, chacune des parties ou l’une d’elles, peut se réserver la faculté de
déclarer dans un délai determiné, si elle entend tenir le contrat ou le résilier. Cette
réserve ne peut etre stipulée dans la reconnaissance de dette, dans la donation,
dans la remise de dette, dans la vente à livrer dite « selem ») Il faut en effet que la
déterminabilité se fasse sur la base d’éléments objectifs, échappant ainsi à la volonté
d’une seule des parties.
Dans le droit fil de ce qui précède, l’existence d’un prix exige que le prix fixé ne soit
pas une simple apparence (prix fictif): lorsque le parties simulent un prix mais
conviennent qu’il ne sera pas versé, de sorte que ce prix est purement fictif, il n’y a
pas de vente véritable. Cette simulation a pour but de déguiser une donation que les
parties veulent cacher aux proches ou au fisc : il s’agit donc d’une donation
déguisée, catégorie soumise à un régime juridique propre.
De même le prix ne doit pas être un prix vil ou dérisoire et c’est le cas si le prix
convenu, quoique réellement versé, est tellement minime qu’il ne constitue pas une
véritable contrepartie. Il y a vil prix, lorsqu’en réalité le montant est si dérisoire qu’il
équivaut à une absence de prix. Ce qui est en cause, ce n’est non une insuffisance
de prix mais une inexistence réelle. (Ventes à prix symboliques).
Plus spécifiquement et lors des cessions d’entreprises en difficultés, Il est admis que
la vente de telles entreprises (en réalité des droits sociaux) pour un euro symbolique
est valable. Il faut cependant qu’en dehors du prix (qui est dérisoire), le contrat soit
causé par une contrepartie réelle. Exemple : engagement de payer les dettes de
l’entreprise). Le prix sera dérisoire si des parts sociales sont cédées pour une
somme inférieure, aux dividendes de l’année. La nullité encourue de la vente repose
donc sur un défaut d’objet du contrat ou défaut de cause de l’engagement du
vendeur.
B Montant du prix
de la chose ? La réponse de principe étant que des lors que le consentement des
parties n’est pas vicié par dol ou violence et des lors qu’elles sont capables, le prix
qu’elles ont fixé s’impose à elles, sans que le juge ne puisse réduire ce prix qu’il juge
par exemple excessif.
Des correctifs sont toutefois aménagés : c’est le cas en matière de prix lésionnaire
qui est un prix désavantageux, qui n’entretient pas un rapport avec la valeur réelle du
bien. La lésion est un déséquilibre entre les prestations réciproques que se sont
promises les cocontractants, déséquilibre qui doit exister dès la formation du contrat.
La lésion n’est prise en compte, que si elle préjudicie au vendeur et s’il s’avère une
différence au-delà du tiers entre le prix porté au contrat a la valeur effective de la
chose (articles 54, 55 et 56 DOC)
Incapacités :La vente étant le type même de l’acte de disposition, toutes les règles
gouvernant ces actes sont applicables : nul ne peut vendre un bien s’il n’a la capacité
de disposer. Cela s’applique aux incapables proprement dits, aux mineurs non
émancipés et aux majeurs en tutelle ou curatelle. Le mineur ou majeur en tutelle
doivent être représentés par leur administrateur légale ou tuteur lequel doit lui-même
être autorisé.
Clauses d’inaliénabilité : Il arrive que des biens qui peuvent intrinsèquement être
vendus, soient frappés d’inaliénabilité dans le patrimoine de leur titulaire actuel,
lequel ne pourra les vendre. C’est le cas de certains biens dans le cadre des
procédures de redressement judicaire : le tribunal peut décider que les biens
indispensables à la continuation de l’entreprise, ne pourront être aliénés, pour une
durée qu’il fixe, sans son autorisation.
L’acte d’achat est un acte de disposition puisqu’il emporte aliénation du prix. Les
incapacités générales (mineurs, majeurs, débiteur en liquidation judicaire)
s’appliquent également, du moins à l’égard d’achats importants et à crédit. Certaines
personnes se trouvent privées du droit d’acheter certains biens : Ces incapacités
sont le plus souvent liées aux fonctions de l’acheteur dont on craint qu’il puisse
abuser pour servir ses intérêts : le tuteur ne peut acheter les biens dont il a la
gestion, le mandataire, ceux qu’il doit vendre.
Ventes forcées : Le principe de libre conservation de son bien cède encore dans
certains cas à des impératifs supérieurs (exemple : en matière d’expropriation pour
cause d’utilité publique, saisie des biens du débiteur insolvable…)
Ces restrictions peuvent prendre deux formes : dans certains cas le candidat à la
vente doit s’adresser à une personne précise prédéterminée et ne pas s’adresser
ailleurs : dans d’autres cas, s’il choisit dans un premier temps son cocontractant, ce
choix n’est pas définitif et il peut subir une substitution de partenaire
Il s’agit ainsi le plus souvent d’une préférence de vente consentie par le propriétaire
d’un bien de valeur (immeuble, actions de société) Ce pacte est souvent l’accessoire
d’un contrat principal (soit d’un bail avec préférence au profit du locataire soit d’une
vente avec préférence au profit du vendeur si l’acheteur décide de revendre).
Le pacte est donc créateur d’une obligation purement négative, ne pas vendre sans
avoir fait une offre au bénéficiaire, il n’est pas une promesse de vente. Tant que le
promettant n’envisage pas de vendre le bien concerné, le pacte peut ainsi venir à
expiration sans avoir jamais trouvé à jouer. A défaut le promettant, semble
indéfiniment tenu envers le bénéficiaire.
Enfin si le promettant a cédé le bien à un tiers sans respecter le pacte, si le tiers est
de bonne foi, la vente ne peut être atteinte et la sanction ne peut consister qu’en des
dommages et intérêts. Mais si le tiers est de mauvaise foi, la vente conclue en fraude
des droits du prioritaire peut être annulée et ce à condition que la mauvaise foi soit
caractérisée et que le tiers ait eu connaissance de l’existence du pacte mais aussi de
l’intervention des bénéficiaires à s’en prévaloir.
2-Cocontractant substitué
Dans certains cas cette clause sera purement interdite (liberté de vendre est
prioritaire sur l’intuitu personnae et tel est le cas en matière de copropriété ou la
vente d’un lot ne peut être soumise à l’agrément des autres copropriétaires) Dans
d’autres cas, c’est l’inverse et c’est le cas en matière de cession de bail ou l’intuitu
personnae est valable.
Lorsque cette clause est méconnue, la sanction est simple : la vente est inopposable
à celui dont l’agrément était requis ; Entre les parties, la vente reste valable
mais elle ne présente plus aucun intérêt, il y’a donc lieu à résolution de celle ci.
II Le processus de vente
La formation du contrat de vente suit le droit commun C’est dire qu’au schéma
simple de la rencontre des consentements, résultant de la conjonction d’une offre et
d’une acceptation, viennent s’ajouter toute une série de perturbations qui confèrent à
la matière une apparence assez compliquée. Il y’a souvent succession de plusieurs
étapes, avant que la vente ne soit définitivement conclue.
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Les promesses de vente recouvrent des réalités diverses : Il s’agit tantôt d’un
engagement souscrit par une seule partie qui promet de vendre ou d’acheter tandis
que l’autre conserve toute liberté et réserve ainsi son consentement à la vente
définitive : on parle de promesses unilatérales par lesquelles le promettant consent
au bénéficiaire une option, c'est-à-dire un choix : acquérir (ou vendre) ou
renoncer :Elles seules, décomposent la formation de la vente en opérant un
décalage entre le moment où chacun donne son consentement : celui du promettant
est donné dès la promesse, celui du bénéficiaire ne sera donné que plus tard,
lorsqu’elle décidera de lever l’option.
Ce qui est commun à ces deux sortes de promesses, c’est de constituer des contrats
préparatoires : dans les deux cas il y a bien contrat et même la promesse unilatérale
est un contrat car elle résulte de l’accord des parties pour conférer à l’une d’elles une
option, dans des conditions précises. Dans les deux cas ce contrat est préparatoire.
La promesse synallagmatique ne fait que préparer l’acte qui va définitivement sceller
la vente avec tous ses effets envers les tiers.
1 Promesses unilatérales
levée. De plus le propriétaire reste libre de disposer de son bien, notamment s’il
trouve acquéreur à meilleur prix, le bénéfice de cette promesse pouvant alors être
transmis à son acquéreur. Si l’option n’est pas levé dans les délais par le
propriétaire, le promettant n’aura donc pas à acheter et sera libéré. Dans le cas
inverse, lorsque le propriétaire lève dans les délais l’option, la vente est parfaite par
le seul fait de cette décision. En effet au consentement de l’acquéreur qui a déjà été
donné lors de la promesse, vient s’adjoindre celui du propriétaire vendeur et c’est à
cet instant précis que se forme la vente.
Promesse unilatérale de vente C’est celle qui lie le vendeur tandis que l’acheteur
bénéficie d’une option. S’il reste libre, l’acquéreur éventuel paie cette liberté car s’il
renonce à l’opération, il s’acquittera d’une indemnité d’immobilisation, laquelle est en
pratique versée des signature de la promesse et si la vente se réalise elle s’imputera
sur le prix de la vente ou restera acquise au promettant vendeur
Aussi et si le promettant dispose du bien en faveur d’un tiers, cet acte de disposition
est en principe valable, car émane de quelqu’un qui était encore seul propriétaire. En
principe le bénéficiaire n’aura donc droit qu’à des dommages et intérêts sans pouvoir
faire anéantir, l’acte consenti au profit du tiers. Si le tiers connaissait l’existence de la
promesse, en acceptant d’acquérir il commet une faute qui justifie l’inopposabilité de
son acquisition au bénéficiaire qui peut donc lever l’option, sur un bien resté libre à
son égard..
2 Promesses synallagmatiques
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1 Conditions suspensives
2 Conditions résolutoires
Une fois la vente formée, elle est définitive et irrévocable, mais la loi a organisée des
possibilités de retour en arrière : le consommateur à un droit de repentir ou de regret
qui lui permet dans un délai assez bref de revenir sur son consentement
Repentir ouvert au vendeur : Organisée par les articles 585 à 600, la vente à réméré
dite vente avec faculté de rachat, est un pacte par lequel le vendeur se réserve de
reprendre la chose vendue moyennant la restitution du prix : le vendeur se réserve le
droit de reprendre la chose a condition d’en rembourser le prix augmenté de diverses
sommes (frais de vente, réparations nécessaires ) Ce type de réméré s'adresse à
des personnes possédant un bien immobilier qui le vendent « à réméré » pour
rembourser leurs dettes, et rachètent ensuite leur bien à un prix convenu à l'avance
quand leur situation financière s'assainit, généralement à travers un emprunt
immobilier long terme ; Mécaniquement sa particularité est donc de fonctionner
comme une condition résolutoire : la vente initiale est en effet anéantie
rétroactivement de sorte que tous les actes de disposition faits par l’acquéreur
disparaissent. Tandis que restent valables les actes d’administration (perception de
fruits)
« A compter de la date de livraison de votre commande, vous disposez d'un délai de
7 jours pour faire valoir votre droit de rétractation, et être intégralement remboursé.
Les frais de renvoi des marchandises restant à votre charge. Cependant, seules les
marchandises retournées en parfait état de revente, complètes et dans leur
emballage d'origine (non-ouvert) pourront être remboursées »
Repentir ouvert aux deux parties : Il s’agit de la clause de dédit c'est-à-dire celle qui
ouvre à l’une des parties, la faculté de se délier unilatéralement de son engagement,
généralement moyennant l’abandon d’une certaine somme dénommée le dédit.
Cette faculté peut être ouverte au vendeur, à l’acheteur ou aux deux parties.
Cette clause est valable si elle est enfermée dans un certain délai, sans quoi le
contrat pourrait être perpétuellement anéanti et stipuler de ce fait, paiement d’une
contrepartie à la charge de celui qui se dédit. L’exercice de la faculté de dédit
anéantit rétroactivement la vente à la manière d’une condition résolutoire.
Ce repentir peut aussi s’exercer en matière d’arrhes (288 à 290 DOC) : Les arrhes
sont ce que l'un des contractants donne à l'autre afin d'assurer l'exécution de son
engagement En cas d'exécution du contrat, le montant des arrhes est porté en
déduction de ce qui est dû par la partie qui les donne; par exemple, du prix de vente
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ou du loyer. Lorsque l'obligation ne peut être exécutée ou est résolue par la faute de
la partie qui a donné les arrhes, celui qui les a reçues a le droit de les retenir et ne
doit les restituer qu'après la prestation des dommages alloués par le tribunal, si le
cas y échet.
Il convient de ne pas confondre les arrhes avec l’acompte qui est une fraction du prix
payé d’avance mais qui n’ouvre à aucune des parties, la faculté de dédit. Une vente
avec acompte est une vente ferme pouvant donner lieu à exécution forcée ou
résolution avec dommage et intérêts tandis qu’une vente avec arrhes peut
valablement être défaite par le dédit d’une partie.
les hypothèques inscrites avant le titre du vendeur intermédiaire, même si elles ont
été consenties par le vendeur initial après la vente.
Mais le danger le plus grand que courent les ayants cause de l’acquéreur, réside
dans l’anéantissement de la vente initiale, par le jeu d’une annulation ou d’une
résolution dont l’effet rétroactif fait disparaitre le droit de leur auteur.
2 Les ayants cause à titre personnel
Celui qui prend un bien en location a tout intérêt à ce que son bailleur soit réellement
propriétaire, sans quoi le bail est inopposable au véritable propriétaire. A l’égard des
locataires donc, le principe est celui de l’opposabilité immédiate du transfert de
propriété réalisé par la vente : dès celle-ci, le vendeur n’a plus qualité pour consentir
un bail sur le bien, et s’il le fait, le locataire est bien entendu sans droit à l’égard de
l’acquéreur du bien.
La situation est en principe identique à l’égard des créanciers du vendeur et de
l’acquéreur, dont le droit de saisie dépend du moment de la vente : le principe est, ici
encore, que le transfert de propriété leur est opposable du seul fait de la vente. Elle
l’est d’abord d’une manière générale, par le mécanisme de l’action paulienne, contre
les ventes qui auraient pour but de soustraire frauduleusement certains biens à l’actif
saisissable du vendeur.
3- Les véritables tiers
Le changement de propriétaire de la chose va enfin intéresser certains tiers qui ne
tiennent pourtant aucun droit, ni réel ni personnel, de l’une ou l’autre partie, mais qui
vont se trouver amenés à voir un rapport juridique avec le propriétaire, en cette
qualité :
Soit pour invoquer une règle à son encontre (par exemple pour demander réparation
d’un dommage lié à cette propriété) ;
Soit, plus souvent, pour subir le jeu d’une règle liée à cette propriété : par exemple le
possesseur ou le détenteur qui subira une action en revendication,
Le principe général est que la vente vaut titre de propriété : le transfert de propriété
qu’elle opère est donc opposable à ces tiers exactement dans les conditions fixées à
l’acte. Ainsi le vendeur pourra ainsi opposer à la victime d’un dommage, qu’il n’est
plus propriétaire ; l’acheteur pourra se prévaloir de son droit de propriété pour
revendiquer le bien détenu par un tiers, lui réclamer une indemnité d’occupation ou
réparation des dégâts causés à ce bien.
SECTION 2 : LES OBLIGATIONS DE L’ACHETEUR
A Obligation essentielle : paiement du prix
C’est un paiement de droit commun qui obéit aux règles générales du paiement des
sommes d’argent.
1 Exigibilité
En principe donc, le prix devient exigible par la délivrance. C’est au vendeur qui
réclame le paiement de prouver non seulement quel était le prix convenu mais
21
encore qu’’il a satisfait à son obligation de délivrance, puisque c’est elle qui
conditionne cette exigibilité. L’acheteur peut refuser de payer le prix, tant que la
délivrance n’est pas parfaite : par exemple s’il n’a pas pu vérifier la marchandise, si
la chose est atteinte de défauts qui restent à réparer.
La règle précédente n’est pas d’ordre public et le paiement peut être avancé ou
différé par accord des parties. Il arrive fréquemment qu’une partie au moins du prix
soit payable d’avance, dès la conclusion du contrat. C’est la pratique du paiement à
la commande ou des acomptes. Quant au paiement différé : le vendeur peut
accepter de consentir à l’acheteur des facilités de paiement. L’usage s’en est même
instauré de manière constante entre commerçants.
Le paiement doit se faire au lieu convenu pour la délivrance. Les parties peuvent en
convenir différemment (en particulier, pour les ventes immobilières, il est presque
toujours convenu que le paiement s’effectuera chez le notaire rédacteur).
2 Garanties de paiement
Droit de rétention. Le vendeur peut refuser de livrer la chose tant qu’il n’est pas
payé. Ce droit de rétention, n’est que l’application de l’exception d’inexécution du
droit commun, ce droit de rétention n’existe que si la vente est au comptant.
Réserve de propriété. En insérant dans vente une clause de réserve de propriété,
le vendeur retarde le transfert de propriété jusqu’au paiement du prix. Cela lui
permet, en cas de défaillance de l’acquéreur, de revendiquer la chose. En toute
occurrence, le jeu de la clause obligera le vendeur, en contrepartie de la
récupération de la chose, à restituer la partie du prix qu’il a déjà perçue.
Action résolutoire. Le vendeur impayé le droit de demander la résolution de la
vente. En outre, des clauses résolutoires peuvent être prévues en ce sens, sous les
conditions du droit commun.
B Obligations accessoires
C’est à l’acheteur qu’il incombe de procéder au retirement de la chose. Il en découle
notamment qu’en principe les frais de transport sont à sa charge, tout comme les
risques de ce transport.
SECTION 3 : OBLIGATIONS DU VENDEUR
A Les obligations contemporaines de la vente
L’obligation première du vendeur est celle de délivrance.
1 L’obligation spécifique : La délivrance
Elle consiste à laisser la chose vendue à la disposition de l’acheteur pour qu’il en
prenne livraison. La délivrance oblige seulement le vendeur à mettre la chose à la
disposition de l’acheteur, et c’est ce dernier qui doit venir en prendre livraison, selon
son obligation de retirement. Il faut donc bien souligner que l’obligation de délivrance
n’est pas une obligation de livraison, laquelle ne pèse sur le vendeur qu’en cas de
convention particulière.
22
Elle peut être totale, si l’acquéreur perd toute la chose, ou seulement partielle
s’il n’en perd que certains avantages, par exemple lorsqu’il doit supporter des
charges qui n’avaient pas été déclarées (servitudes au profit de tiers,
occupation par des locataires, etc.) ;
Elle peut être de droit si la privation de l’acheteur provient de l’exercice par un
tiers d’un droit (revendication) ou de fait si l’acheteur subit des atteintes
purement matérielles (on lui vole la chose ou on la dégrade).
Elle peut émaner du vendeur lui-même, qui trouble son acheteur, ou de tiers
qui portent atteinte aux droits de cet acheteur.
Le vendeur doit naturellement une garantie plus forte à l’égard de son fait personnel
que pour le fait des tiers.
Garantie du fait personnel : Qui doit garantie ne peut évincer. Cette règle
classique découle de l’économie même de la vente : le vendeur ne saurait reprendre,
par une voie détournée, le profit de ce qu’il a vendu à l’acheteur. Elle est d’ordre
public : toute clause déchargeant le vendeur de cette garantie de son fait personnel,
serait nulle car l’acheteur serait à la merci de l’arbitraire du vendeur.
Par conséquent, la garantie peut être étendue, mais non restreinte. Cette garantie
du fait personnel pesant sur le vendeur est la plus vaste dans son étendue, car elle
s’applique non seulement aux troubles de droit, mais encore aux troubles de fait. La
garantie de droit due par le vendeur de son fait personnel signifie, qu’il s’interdit de
contester le droit qu’il a transmis à l’acquéreur. Ce qu’impose au contraire l’obligation
de garantie lorsque la vente est valable, c’est que le vendeur ne peut pas contester
le droit de l’acheteur au moyen d’une autre voie, qui lui serait ouverte s’il n’était pas
précisément tenu à garantie.
24
C’est à l’égard des troubles de fait que la garantie du fait personnel prend toute sa
particularité : le vendeur doit d’abstenir de tout acte troublant l’acheteur dans la
jouissance du bien vendu. Le vendeur d’un terrain en bord de mer ne peut construire
sur le terrain voisin dans des conditions qui masqueraient la vue…monnayée.
Garantie de l’éviction par un tiers : Lorsque l’acquéreur est troublé par un tiers, le
vendeur ne lui doit pas garantie s’il s’agit de troubles de fait : l’acheteur devenu
propriétaire est seul responsable de la défense de son bien et de ses droits. S’il est
victime d’un vol, de dégradations ou de détournement de clientèle, il lui appartient de
recourir aux voies ouvertes à tout propriétaire – mais il ne peut mettre en cause son
vendeur.
La garantie du vendeur s’applique au contraire aux contestations portant sur le droit
acquis par l’acheteur : comme c’est précisément l’acquisition de ce droit que
l’acheteur a payé, il est en droit de se retourner vers son vendeur si ce droit est
contesté par des tiers, qui prétendent qu’il est inexistant ou grevé de charges. Il peut
s’agir d’une éviction totale si le tiers prétend être lui-même propriétaire de la chose ;Il
peut y avoir éviction partielle, lorsqu’il s’avère qu’un tiers dispose de droits sur une
fraction d’un bien vendu.Il peut enfin se révéler des charges non déclarées :
l’acheteur n’est pas véritablement évincé, mais doit supporter l’exercice de ses droits
par un tiers (droit d’usufruit, servitude, droit de bail). On considère qu’il appartient au
vendeur de faire connaître ces charges, on admet que la garantie s’étend à toute
sujétion, dès lors qu’elle diminue l’usage de la chose.
Contrairement à la garantie du fait personnel, la garantie d’éviction par un tiers n’est
pas d’ordre public. Elle ne joue donc pas si elle a été écartée par une clause de non-
garantie. Cette exclusion est d’ailleurs à deux degrés :
- La simple clause de non-garantie n’a, qu’un effet limité : elle ne décharge pas
le vendeur de la restitution du prix à l’acheteur évincé, mais l’exonère des
autres charges (fruits, frais, dommage et intérêts) ;
- La garantie n’est totalement exclue qu’au cas où l’acheteur connaissait le
risque d’éviction, ou encore a expressément déclaré le prendre en charge en
achetant à ses risques et périls.
Ces deux sortes de clauses d’exclusion ne sont valables que si les deux parties en
sont également informées. Elles sont sans valeur si le vendeur était de mauvaise foi,
mais sont efficaces si le vendeur a honnêtement informé l’acquéreur des
circonstances faisant naître une menace d’éviction, dont l’acheteur peut valablement
accepter de faire son affaire personnelle.
Effets : Lorsque l’acheteur est totalement évincé, la vente se trouve anéantie.
Cependant, le code prévoit un système de restitutions plus favorable à l’acheteur que
celui qui résulterait de la pure nullité de la vente. (Article 538 DOC)
La restitution du prix :
Les fruits, par exemple, une indemnité d’occupation que l’acheteur doit verser au
tiers, doit à ce titre lui être remboursée.
Les frais qui sont non seulement les frais de la vente, mais aussi les frais de justice
tant du procès principal que de l’action en garantie ;
25
Effets de la garantie
Effets sur la vente : action rédhibitoire ou estimatoire. L’article 556 DOC ouvre à
l’acheteur une option entre la résolution de la vente et une simple diminution du prix :
on parle dans le premier cas d’une action rédhibitoire et dans le second cas, d’une
27
action estimatoire (tendant à faire estimer le prix réel de la chose compte tenu du
défaut).
On affirme traditionnellement que cette option est libre et que l’acheteur n’a pas à
justifier de son choix entre les deux voies. S’il y a résolution, la vente disparaît
rétroactivement et cette rétroactivité commande d’appliquer le droit commun des
restitutions et indemnités.
Pour obtenir en outre des dommages et intérêts, l’acheteur doit prouver une faute de
sa part, qui était à l’origine sa mauvaise foi, c'est-à-dire la connaissance qu’il avait du
vice lors de la vente. En présence d’un tel vendeur, professionnel ou profane de
mauvaise foi, l’acheteur peut donc demander des dommages et intérêts, Il peut ainsi
demander réparation de tout préjudice lié au vice
Chapitre 4 L’ANÉANTISSEMENT DE LA VENTE
La vente peut venir à disparaître principalement soit par le jeu de son annulation
lorsque sa formation même était entachée d’une cause de nullité tirée du droit
commun des contrats ou du droit spécifique de la vente, soit par l’effet de sa
résolution lorsque l’une des parties a manqué à ses obligations (ou encore par le jeu
de la garantie des vices cachés :
Le jeu de la rétroactivité qui s’attache tant à l’annulation qu’à la résolution, s’effectue
selon le droit commun : la vente est réputée n’avoir jamais existé.
Section1 : CONSÉQUENCES ENTRE LES PARTIES
A chaque fois que la vente aura déjà reçu exécution, le principe de remise en l’état
antérieur conduit à imposer à chacune des parties, de restituer ce qu’elle a reçu.
C’est donc le constat qu’en droit, le bien n’a jamais quitté le patrimoine du vendeur et
doit en conséquence, lui être matériellement restitué.
A Restitution due par le vendeur
Le vendeur doit évidemment restituer le prix ou les acomptes qu’il avait perçus. Peu
importe à cet égard que ce prix lui ait été réglé par l’acheteur lui-même ou par un
tiers agissant pour le compte de celui-ci, comme c’est souvent le cas du prêteur qui a
souvent versé directement les fonds au vendeur : dans tous les cas c’est à
l’acquéreur que le prix doit être restitué, car il reste lui-même tenu envers son
prêteur. La règle du nominalisme monétaire interdit de procéder à une quelconque
réévaluation du montant ni en fonction de la dépréciation monétaire ni en fonction
de l’évolution de valeur de la chose restituée en contrepartie : c’est la somme
nominale qui avait été versée qui doit être restituée.
B Restitution due par l’acquéreur
1 Restitution en nature
Principe : restitution en l’état. Dès lors que la chose existe encore entre les mains
de l’acquéreur, elle doit être restituée en nature. Le bien à restituer a pu nécessiter
des frais pour sa conservation matérielle ou juridique : le vendeur, réputé n’avoir
jamais cessé d’être propriétaire, en doit le remboursement. Inversement, si le bien a
été dégradé par la faute de l’acheteur, il doit bien sûr une indemnité pour compenser
cette moins-value. Mais quid si la dégradation est due à une cause extérieure ou
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2 Restitution en valeur
Si la chose a disparu ou si elle a été aliénée au profit d’un sous- acquéreur, la
restitution se heurte à une impossibilité matérielle. La jurisprudence admet alors une
restitution en valeur (valeur au jour de la vente et non la valeur actuelle) qui doit être
retenue, ce qui est très contestable car la somme d’argent devrait équivaloir au bien
à restituer. Par exemple, le vendeur obtiendra le prix coûtant des fournitures livrées,
mais non sa marge bénéficiaire qu’il devra donc restituer.
Section II CONSÉQUENCES À L’ÉGARD DES TIERS
A Ayants-droit de l’acheteur
Lorsque l’acheteur à son tour aliéné la chose (revente, donation, etc.) ou consenti
sur cette chose un droit réel (servitude, hypothèque,), l’application de la règle Nemo
plus juris fait que la nullité ou la résolution de la vente initiale, entraîne dans son
sillage la nullité de l’acte subséquent : les tiers n’ont pu acquérir valablement des
droits d’un non-propriétaire. Le sous-acquéreur est donc dépourvu de titre, comme
acquéreur a non domino, et se trouve exposé à une action en revendication du
vendeur initial. Sa protection est toutefois assurée par deux mécanismes, qui ne
jouent cependant que dans certains cas :
Pour les meubles corporels, par l’article 456 du DOC: si le sous-acquéreur a été
mis en possession du bien et s’il est de bonne foi, il trouve dans la loi un titre de
substitution qui lui permet de conserver le bien ;
Pour les autres biens (immeubles), par la théorie de l’apparence : si le sous-
acquéreur s’est fié à l’apparence qui résultait de la vente initiale et s’il était de bonne
foi, il trouve également dans cette théorie, un titre de substitution.
D’une manière plus spéciale, l’échange désigne le transfert réciproque de deux biens
d’un patrimoine à un autre. L’opération se présente ainsi comme la contraction de
deux ventes réciproques, permettant de se dispenser de l’intermédiaire monétaire.
La caractéristique du contrat d’échange est de réaliser le même transfert de droit réel
que la vente, mais de façon réciproque et directe.
Consistant à payer une dette par une prestation autre que celle prévue, la dation en
paiement exige le consentement du créancier et constitue ainsi un contrat. Ce
contrat peut s’assimiler à une vente à une double condition :
Il doit avoir une certaine durée : il doit être d’au moins 10 ans, sans pouvoir
excéder le maximum de 40 ans considéré en droit comme le seuil de
perpétuité (Dahir n° 1-11-178 du 22 novembre 2011 portant promulgation de
la loi n° 39-08 portant code des droits réels)
Il doit être onéreux : l’emphytéote doit verser une redevance, elle est
forfaitaire et constitue donc un prix.
Il doit surtout conférer à l’emphytéote un droit absolu.
Acte d’aliénation immobilière, le contrat d’emphytéose implique de la part des deux
parties la capacité et le pouvoir correspondants. De plus, s’il n’est soumis à aucune
condition de pure forme, le bail emphytéotique doit en pratique être conclu par acte
notarié pour les besoins de la publicité foncière à laquelle il est assujetti pour être
opposable aux tiers.
Effets en cours de contrat
ll emporte immédiatement transfert du droit réel concédé, dit droit d’emphytéose.
Le bien ne figure dans le patrimoine du cédant que comme un droit à retour à la fin
du contrat, tandis que le droit de l’emphytéose peut être saisi par ses créanciers.
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DEUXIÈME PARTIE
LES CONTRATS PORTANT SUR L’USAGE DES BIENS
Aux contrats translatifs de droits réel s’opposent des contrats qui, tout en portant sur
le même type de biens, créent au profit de leur bénéficiaire un droit de nature très
différente, car il s’agit d’un simple droit personnel, ce bénéficiaire ne reçoit qu’un droit
de créance sur le propriétaire, mais ce droit lui permet justement d’obtenir du
propriétaire qu’il lui assure la jouissance et l’usage de la chose.
Un locataire dispose de la maitrise matérielle de la chose et en profite de la même
façon qu’un propriétaire ou un usufruitier. Mais la situation juridique est très
différente : ce n’est plus en vertu d’une prérogative directe sur la chose qu’il en jouit,
mais en vertu d’une créance sur le propriétaire tenu de lui assurer cette jouissance,
Le droit personnel relatif à l’usage d’une chose implique un rapport triangulaire :
créancier – débiteur-chose.
Deux contrats font ainsi naitre l’obligation d’assurer l’usage d’un bien (article 626
DOC): le bail (lorsque l’usage se paie) et le prêt de chose ( lorsque cet usage est
gratuit ).
Titre 1
Le contrat de louage de choses
En contrepartie d’un loyer, le bailleur s’oblige à mettre une chose à la disposition du
locataire et à l’en faire jouir pendant un certain temps. Ce qui caractérise le bail,
réside précisément dans cette obligation d’assurer la jouissance de la chose, le loyer
constituant le prix de cette jouissance.
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CHAPITRE 1
LES ÉLÉMENTS DU BAIL
Pour qu’un contrat puisse recevoir la qualification de bail, il est nécessaire qu’il
comporte quatre éléments : la jouissance d’une chose, assurée par le bailleur,
pendant une certaine durée et moyennant un loyer.
SECTION 1 JOUISSANCE D’UNE CHOSE
A La chose
Le bail peut porter sur toutes sortes de choses. Sont visés les biens meubles ou
immeubles. Mais les biens incorporels peuvent aussi être loués, comme un fonds de
commerce.
Ainsi, la seule condition, qui résulte de l’objet même du contrat, est qu’il soit possible
d’user de la chose. Cette liberté de louer, supporte toutefois deux séries de
restrictions.
La loi interdit de louer des biens et des droits hors du commerce. Ainsi on ne saurait
donner en location des droits, extrapatrimoniaux comme le droit à l’image ou les
droits d’auteur, etc.). De même le domaine public ne peut –il être loué, mais donner
lieu seulement à des autorisations d’occupation précaire.
B La jouissance
Le bail ne se conçoit que pour assurer au locataire la jouissance de la chose, ce qui
implique d’abord que cette chose soit mise à sa disposition, ensuite qu’il puisse en
tirer profit, enfin qu’elle soit restituable. Le contrat doit mettre cette chose, à sa
disposition dans des conditions telles, qu’il en acquière la maitrise : le locataire
devient détenteur de la chose louée. Il faut encore, que cette mise à disposition vise
à permettre au locataire, de tirer profit de la chose pour son compte. La jouissance
de la chose doit enfin, pouvoir se faire sans consommer sa substance, car la
location implique une restitution en fin de contrat.
SECTION 2 JOUISSANCE ASSURÉE PAR LE BAILLEUR
Le locataire n’a qu’un rapport indirect, puisqu’il est titulaire d’un droit personnel sur
son bailleur, tenu de lui procurer cette jouissance. Si la chose périt, le locataire est
libéré de ses obligations puisque le bailleur ne peut plus lui en procurer la
jouissance.
SECTION 3 ÉLÉMENT DE DURÉE
Le bail est par nature un contrat à exécution successive, ce qui implique un élément
de durée, car la durée convenue peut être brève : on peut louer un logement pour
quelques jours, et même brève, cette durée assure au locataire une certaine stabilité,
car on ne peut lui enlever la jouissance pendant ce temps. .
SECTION 4 NÉCESSITÉ D’UN PRIX
33
Comme la vente, le bail est par essence un contrat onéreux : il n’y a pas de bail
sans prix et la jouissance de la chose doit nécessairement avoir une contrepartie,
Cette nécessité permet de distinguer le bail du prêt a usage, mise a disposition a titre
gratuit ainsi que d’un apport en société, en jouissance, où l’associé qui met le bien à
la disposition de la société, reçoit simplement des parts sociales. Mais (contrairement
ici à la vente), ce prix n’est pas nécessairement une somme d’argent. Certes, il est le
plus souvent de nature monétaire, et payé périodiquement : on parle alors de loyer
Chapitre II Régime général du bail
Section 1 CONCLUSION DU BAIL
Le bail suit le principe général du consensualisme.
A Conditions de fond
Aucune règle spécifique ne concerne l’échange des consentements du bailleur et du
locataire : il suffit d’appliquer le droit commun des contrats, tant pour la formation de
l’accord, (ainsi la promesse de bail liant les parties vaut bail) que pour les vices
éventuels de ce consentement.
1.OBJET DU BAIL
La chose louée doit non seulement être de celles qui peuvent par nature être
données à bail, mais encore doit être déterminée. Naturellement, la chose doit
exister lors de la conclusion du bail. Le bail ne confère pas au preneur, un droit
absolu dans la jouissance de la chose, mais seulement le droit de l’utiliser dans
l’usage convenu.
Par conséquent, cet usage doit lui aussi être déterminé, car il fixera le cadre des
obligations respectives des parties. Souvent cette destination résulte de la nature
même de la chose qui n’a qu’une fonction unique (un fonds de commerce). Mais,
beaucoup de choses peuvent être employées à plusieurs usages, de nature
différente : l’exemple type, est celui de l’immeuble qui peut être affecté à usage
d’habitation ou a l’usage professionnel ou commercial. L’objet du bail, se limite alors
à la destination contractuelle. Le bail peut d’ailleurs être plus précis et permettre par
exemple l’exercice de tel ou tel commerce, ce qui exclut les autres.
Contrat essentiellement à exécution successive, le bail s’inscrit dans la durée. Celle-
ci peut être indéterminée : on applique alors l’idée de droit commun que chaque
contractant, peut y mettre fin unilatéralement à tout moment, pourvu qu’il avertisse
l’autre en respectant un certain délai.
Mais la durée peut être fixée par le contrat : on parle alors de durée déterminé. Cette
durée peut en principe être librement fixée par les parties. Le bail à durée fixe prend
automatiquement fin au terme convenu, mais il est souvent prévu qu’il pourra se
renouveler tacitement.
Le prix du bail il doit être déterminé et réel.
Le prix doit ensuite être réel : bail non valable si loyer simulé ou loyer
symbolique.
2 QUALITÉ DU BAILLEUR
Un bail n’est pleinement valable que s’il est donné par le propriétaire exclusif de la
chose, car il dispose alors sans restriction du droit qui lui permet d’en procurer la
jouissance à son locataire.
SECTION 2 LES EFFETS DU BAIL
Nécessairement à titre onéreux, le bail est un contrat synallagmatique, à exécution
successive : il y a non seulement réciprocité des prestations des parties, mais encore
une interdépendance continue de ces obligations. En vérité, il n’y a à la charge du
bailleur qu’une obligation unique, essentielle, qui est celle d’assurer au locataire la
jouissance paisible de la chose. Ce n’est pas là une obligation parmi les autres, mais
l’obligation générique du bailleur.
A Obligations du Bailleur
Obligation de délivrance. Le bailleur doit mettre la chose à la disposition du
locataire. Cette mise à disposition, est fondamentale. Le bien doit donc être libre
d’occupation. En revanche, l’état de la chose est laissé à la liberté contractuelle. Si
en principe la chose doit être délivrée, c'est-à-dire en état de servir à l’usage
convenu sans exiger de réparations, il est loisible aux parties de déroger à ce
principe : la clause de location en l’état est valable. La réception vaut preuve de la
délivrance, l’obligation de délivrance se maintient pendant toute la durée du bail.
Obligation d’entretien. Le bailleur doit, pendant tout le cours du bail, entretenir la
chose en état de servir à l’usage pour lequel elle a été loué (635 DOC) ce qui
implique de faire toutes les réparations qui peuvent devenir nécessaires, autres que
locatives (638 DOC)
Les réparations locatives sont celles de menu entretien (638 DOC) qui
correspondent à l’usage courant de la chose. Tout ce qui est plus important et tient à
la structure de la chose, est donc à la charge du bailleur : par exemple, pour un
bâtiment, le ravalement, les réparations de toiture ou des murs (on dit que le bailleur,
doit le << clos et le couvert >>).Peu importe que le coût de ces réparations excède
les loyers perçus : le bailleur ne peut y voir un plafond à ses dépenses.
Les clauses mettant à la charge du preneur certaines réparations sont valables, et
très fréquentes. On comprend donc que l’obligation d’entretien pesant sur le bailleur,
n’est pas d’ordre public.
Les sanctions de cette obligation d’entretien soulèvent souvent des difficultés
pratiques, le locataire étant tenté de se faire justice à lui-même en suspendant le
paiement du loyer ou en effectuant lui-même les réparations, pour les imputer sur ce
loyer. Il faut pourtant, appliquer le droit commun, auquel se tient fermement la
jurisprudence : le locataire doit se faire préalablement autoriser en justice, après
vaine mise en demeure du bailleur, s’il veut obtenir remboursement des réparations
à faire ; quant à suspendre le paiement du loyer, ce qui est une exception
d’inexécution, il ne le peut que si l’usage de la chose est rendu impossible, par
l’absence d’entretien. Naturellement, le défaut d’entretien engage la responsabilité
35
D’une part, peu importe la date d’origine du vice : puisque le bail est continu,
le bailleur doit répondre du vice, même si son origine n’est pas antérieure au
bail ;
Garantie contre les troubles de jouissance. Le bailleur doit bien entendu tout
d’abord s’abstenir de tout fait personnel qui porterait atteinte à la jouissance de la
chose par son locataire. Il ne peut par exemple l’empêcher d’exercer l’activité
commerciale prévue, ou encore louer le même bien à un autre locataire.
Quant aux troubles émanant de tiers,
Les troubles de droit émanant de tiers qui revendiquent le bien (par exemple
le propriétaire en cas de bail de la chose d’autrui) ouvrent droit à garantie du
bailleur (l’article 647 du DOC, prévoit alors une diminution du loyer en cas de
revendication partielle ; si elle est totale, il y aura extinction du bail, outre
dommages et intérêts en cas de mauvaise foi du bailleur) ;
Les troubles de fait émanant de véritables tiers ne donnent pas lieu à
garantie (Article 649 du DOC) : par exemple en cas d’agression ou de vol.
B Obligations du locataire
La première des obligations du locataire est de payer le prix du bail, aux termes
convenus En garantie, le bailleur dispose : soit du cautionnement d’une personne
garante, soit un dépôt de garantie qu’on appelle aussi à tort en pratique
cautionnement, mais qui est en réalité un nantissement d’espèces.
Aussi l’exception ne joue-t-elle que si le défaut d’entretien est tel, qu’il rend la chose
inutilisable à l’usage contractuellement prévu. Dans les autres cas, il appartient au
locataire de poursuivre en justice la réalisation forcée des travaux ou de se faire
autoriser à l’effectuer, pour pratiquer une compensation sans pouvoir suspendre le
paiement des loyers.
Bon usage de la chose :
36
transfert du bail est simple : que le bailleur, qui s’est obligé envers le locataire, ne
puisse être délié de cette obligation, par sa seule décision unilatérale d’aliéner la
chose. Cependant, le locataire aura alors droit à une indemnisation pour cette fin
anticipée : on ne peut en effet, admettre que le bailleur puisse tout à la fois s’engager
et se réserver d’anéantir cet engagement en cédant la chose sans indemnité.
-Tout ce qui est antérieur à la cession de la chose, reste personnel aux rapports du
preneur avec le bailleur initial et le nouveau propriétaire de la chose ne peut ni s’en
prévaloir ni se le voir opposer : ainsi par exemple le dépôt de garantie versé au
bailleur initial ne peut être réclamé ; les arriérés de loyers impayé ne sont dus qu’au
bailleur initial, sauf cession de créance dument signifiée au locataire ; les
manquements du preneur, antérieurs à la cession ne peuvent pas être invoqués par
le nouveau bailleur.
- A partir de la cession, le nouveau propriétaire devient bailleur, dans les termes du
contrat initial.
B Changement de locataire (668 DOC)
La cession de bail opère seule un véritable changement de locataire. Elle
remplace le locataire initial (le cédant) par un nouveau locataire (le cessionnaire), qui
va avoir un rapport contractuel direct avec le bailleur : c’est désormais lui qui est
obligé à l’exécution du bail et qui peut en exiger les prérogatives.
La sous-location constitue une nouvelle location qui vient se greffer sur la première.
C’est un sous-contrat, qui a la même nature que le bail principal et lie seulement le
sous-locataire au locataire principal, lequel reste seul dans ses liens initiaux avec le
bailleur, elle ne crée aucun lien contractuel entre le bailleur et le sous-locataire.
1 CESSION DE BAIL
D’une part elle est supplantée, dans les statuts spéciaux, par des règles précises
(ainsi est-elle en principe exclue dans les baux d’habitation sauf accord exprès du
bailleur, tandis qu’elle est inversement élargie dans les baux commerciaux, où,
notamment, elle ne peut pas être refusée à l’acquéreur du fonds de commerce)..La
possibilité de clause contraire est possible :, en pratique très souvent stipulé dans
les baux écrits, que le consentement exprès et par écrit du bailleur est nécessaire.
Enfin, il est permis de penser que, même sans clause contraire expresse, le bail qui
revêtirait un caractère intuitu personne caractérisé en raison des circonstances,
serait par la même incessible. La cession réalisée contre cette interdiction est non
seulement inopposable au bailleur, mais encore constitutive d’une faute justifiant la
résiliation du bail. Lorsqu’elle est permise, la cession de bail doit être envisagé à la
fois dans les rapports entre les parties à la cession et dans leurs liens avec le
bailleur.
2 SOUS-LOCATION
La sous-location n’opère pas un véritable changement de locataire. Elle vient
seulement greffer sur le bail principal un sous-contrat, qui obéit à ses règles propres :
la sous-location est en principe permise par l’article 668 DOC Si elle est ainsi
soumise à des conditions, leur non-respect caractérise une sous-location irrégulière
qui ouvre au bailleur, les sanctions ordinaires contre tout manquement du locataire et
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notamment la résiliation, mais n’affecte pas le lien juridique obligeant entre eux le
locataire et son sous-locataire.
Lorsqu’elle est permise (et sauf restriction particulière dans le bail) elle n’a pas
besoin d’être notifiée au bailleur ni de recevoir son agrément. En effet, elle ne
modifie en rien les obligations des parties au bail principal : le locataire continue
d’être seul tenu au paiement du loyer et des obligations relatives à l’usage et à la
conservation de la chose.
Comme pour tout sous-contrat, se pose alors la question des rapports directs du
bailleur avec le sous-locataire. Ces rapports ne sont pas contractuels (même si le
sous-locataire a été agrée par le bailleur, cet agrément ne valant qu’autorisation de
la sous-location, mais pas novation du bail principal).
Section 4 L’EXTINCTION DU BAIL
Essentiellement contrat à exécution successive, le bail ne peut en principe s’éteindre
que pour l’avenir, sans remettre en cause la période pendant laquelle il a été
exécuté. La fin du bail n’opère que pour l’avenir : on ne parle donc pas de résolution,
mais de résiliation.
A. Causes d’extinction
BAIL À DURÉE DÉTERMINÉE
Lorsqu’une durée a été stipulée, le principe est que le bail se poursuit
nécessairement jusqu’au terme prévu. Il n’est pas éteint par le décès d’une des
parties et se transmet donc à leur héritier, ni par la dissolution d’une personne
morale Il faut cependant réserver le cas de clause contraire ou de caractère intuitu
personae du bail. Le bail à durée déterminée ne peut pas être rompu pendant la
durée prévue par volonté unilatérale d’une partie, même du locataire qui reste tenu
jusqu’à l’échéance, sauf dans le statut spécial des baux d’habitation (où le locataire
peut résilier à tout moment en respectant un préavis). Cependant, cette règle reçoit
trois exceptions :
Résiliation anticipée pour perte de la chose : ne pouvant plus fournir la jouissance
de la chose, le bailleur, en dehors de toute responsabilité, ne peut plus en réclamer
la contrepartie. On considère qu’il y a perte de la chose non seulement lorsqu’elle est
totalement détruite, mais encore lorsque sa réparation est de valeur excessive,
représentant la valeur du bien lui-même.
Résiliation anticipé pour faute. La résiliation du bail peut encore intervenir
prématurément lorsque l’une des parties manque à ses obligations. Cette réalisation
peut se produire à l’initiative de n’importe quelle partie, mais en pratique elle est
toujours poursuivie par le bailleur, qui y trouve un moyen de récupérer son bien.
Tacite reconduction et renouvellement. Quand il va jusqu’à son terme, le bail, à
durée déterminée prend en principe fin par la survenance même de ce terme. Les
parties peuvent conclure un nouveau contrat qui prendra la suite du précédent (les
statuts spéciaux qui consacrent un droit du locataire au renouvellement organisent la
procédure conduisant à ce nouveau contrat). Mais il arrive aussi que les parties
poursuivent la situation antérieure : on parle alors de tacite reconduction : c’est un
nouveau contrat qui se forme, conclu aux mêmes conditions que le précédent.
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Ce nouveau bail diffère cependant du précédant sur un point : il n’a pas la même
durée déterminée, mais est au contraire un bail à durée indéterminée, auquel il
pourra donc être mis fin par un congé respectant le préavis d’usage. Cette tacite
reconduction repose sur une simple présomption de volonté des parties. Il est loisible
aux parties de prévoir qu’à la fin du bail, un nouveau bail de même durée se formera
entre elles, sauf dénonciation : c’est alors un contrat à durée déterminée identique au
précédent qui résultera du jeu de cette clause de renouvellement tacite.
BAIL A DUREE INDETERMINEE : Comme tout contrat à durée indéterminée, le bail
peut alors prendre fin, par résiliation unilatérale de la part du bailleur ou du preneur.
L’acte se nomme un congé. Ce congé ne peut pas produire, un effet immédiat ; il doit
respecter un certain délai, pour permettre à l’autre partie de prendre ses dispositions.
Durant ce délai, le contrat est encore en cours et le loyer continue d’être du, même si
le locataire a quitté les lieux.
B Suites de l’extinction
La fin du bail oblige le locataire à restituer la chose. Le bailleur dispose à cet effet
des voies d’exécution de droit commun ;
- Pour les meubles, il peut agir en revendication et saisie.
- Pour les immeubles, il peut agir en expulsion du locataire, devenu occupant
sans titre
L’’exécution de cette expulsion nécessite non seulement un titre exécutoire, mais
encore le concours de la force publique.
B Finalité de restitution
Le prêt est par essence temporaire et la chose prêtée doit faire retour au préteur. Si
telle n’est pas l’intention des parties, il ne peut plus s’agir d’un prêt car l’0bligation de
restituer est de l’essence du prêt à usage.
C Gratuité
Le prêt à usage est un contrat essentiellement gratuit (835 DOC). Il est conçu
comme un service d’ami et fait partie de ces contrats de bienfaisance envisagés par
les codificateurs. C’est parce que tout l’intérêt de l’opération est pour l’emprunteur
que qui agit de façon désintéressée et mérite ainsi plus d’’indulgence qu’un
contractant ordinaire. C’est pourquoi ce régime à sens unique ne se conçoit que si le
contrat est lui aussi à sens unique ; dès lors que le préteur trouverait un intérêt à
l’opération, ce régime ne se justifierait plus et il ne s’agirait plus d’un véritable prêt.
Depuis quelques années, on a vu se développer des prêts s’insérant dans des
relations d’affaires ; compagnies pétrolières qui prêtent des cuves à leurs pompiste,
fabricants d’aliments ou de bière qui prêtent du matériel à leurs distributeurs,
supermarché prêtant des chariots à ses clients. Ces mises à disposition s’insèrent au
contraire dans une stratégie commerciale où elles servent les intérêts du prêteur.
S’agit-il encore d’un prêt ? Certains le pensent, mais d’autres estiment que le
commodat est incompatible avec des relations d’affaires Ces mises à disposition
gratuites mais intéressées ne sont jamais autonomes car l’intérêt qu’y trouve leur
auteur se situe dans un contrat principal qui le lie au bénéficiaire : concession pour
les pétroliers ou brasseurs, distribution pour les fabricants, vente pour les
supermarchés, etc, .
SECTION 2 CONCLUSION DU PRET A USAGE
A Formation du contrat
Tout au plus faut-il indiquer que la capacité requise du prêteur est seulement celle
d’effectuer des actes d’administration, puisqu’aucun droit réel ni durable n’est
consenti à l’emprunteur. Ce prêteur n’est d’ailleurs pas nécessairement le
propriétaire de la chose : ce peut être tout détenteur, pourvu qu’il ait le droit d’usage,
et pourvu que son titre ne lui interdise pas : un bail peut interdire au locataire de
prêter la chose. Le prêt fait partie de cette catégorie ancienne des contrats réels. Il
ne se forme donc que par la remise de la chose, qui prend la forme adaptée à sa
nature (par exemple remise des clefs pour un immeuble). Avant cette remise, un
accord de volontés ne constituera qu’une promesse de prêt :
B Preuve du contrat
En application du droit commun, c’est à celui qui invoque le contrat qu’il appartient de
le prouver. Ce sera donc ici le plus souvent le prêteur réclamant la restitution de la
chose, Établir avoir remis la chose, à titre de prêt : il doit donc prouver que le
bénéficiaire a pris l’engagement de restituer la chose, Le contrat de prêt doit être
prouvé selon le droit commun, c’est-à-dire librement si la valeur de la chose est
inférieure à 10 000 DH et par écrit au-delà, avec les tempéraments habituels du
commencement de preuve par écrit et de l’impossibilité morale d’exiger
SECTION 3 EFFETS DU PRET À USAGE
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Tout le régime du prêt à usage est dicté par l’idée que le contrat est conclu dans
l’intérêt exclusif de l’emprunteur. Il est donc l’obligé du prêteur et c’est sur lui que
pèsent les obligations essentielles. C’est en cela que le contrat est dit unilatéral. A
cette idée essentielle vient s’ajouter la considération que le prêteur ne cesse pas
d’être propriétaire de la chose, ce qui entraîne quelques règles de droit des biens
qu’il faut combiner avec celles résultant du contrat.
A Situation de l’emprunteur
1 Usage de la chose
Si l’emprunteur a le droit de se servir de la chose, il n’acquiert pourtant pas la totalité
de l’usus : il peut employer la chose qu’à l’usage déterminé par sa nature ou par la
convention. En fixant l’usage permis, la volonté contractuelle peut s’écarter de
l’habitude liée à la nature de la chose. Ainsi un véhicule peut être prêté pour être
exposé et non pour circuler. Service rendu à un ami, le prêt doit être présumé fait en
considération de la personne de l’emprunteur : c’est un contrat intuitu personae.
Dès lors, l’emprunteur ne peut-il la donner en location ou en gage. Un usage abusif
de la chose, c'est-à-dire à d’autres fins que celle convenue, expose l’emprunteur à
quatre sanctions :
Que le prêteur ait connu le défaut de la chose et n’en ait pas averti
l’emprunteur (852 DOC): il a alors commis une faute en faisant prendre
sciemment un risque à l’emprunteur.
Que le défaut soit caché ; car s’il est apparent, l’emprunteur pouvait le déceler
lui-même.
C. Effets du prêt à l’égard des tiers
Le prêteur pourra être poursuivi dans deux hypothèses : lorsqu’il a commis une faute
personnelle, par exemple en prêtant une chose dangereuse sans précaution ou à un
emprunteur inapte à s’en servir : lorsque le dommage est dû un vice interne de la
chose.
La chose prêtée faisant partie du patrimoine du prêteur, ses créanciers peuvent
exercer les voies d’exécution habituelles. Cela n’empêchera pas l’emprunteur de
garder la chose pendant la période convenue : mais ensuite, il ne peut la restituer au
prêteur sans respecter les droits des créanciers saisissants. A l’inverse, les
créanciers de l’emprunteur n’ont aucun de droit sur la chose, même s’ils ont pu croire
qu’elle ferait partie de leur gage.
Section IV FIN DU PRET À USAGE
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Le prêt prend d’abord fin par l’expiration de sa durée. Le contrat prend normalement
fin par la restitution de la chose du prêteur qui constitue l’exécution du contrat. Il
prend également fin lorsqu’à la suite d’une revendication ou d’une saisie effectuée
par des tiers, l’emprunteur est conduit à remettre la chose au revendiquant ou entre
les mains de la justice.
Du côté du prêteur, le décès ne met pas fin au contrat. Les héritiers doivent donc
respecter la durée convenue avant de réclamer la chose.
Du côté de l’emprunteur, le décès de l’emprunteur mettra fin au prêt mais les
héritiers restent tenus de la restitution et, jusque-là, de la conservation
Chapitre II Le prêt de consommation (856 à 869)
Le prêt est dit de consommation lorsqu’il porte sur des choses qui se consomment
par l’usage de sorte que l’emprunteur ne pourra restituer celles-là mêmes qu’il a
reçues, mais en rendra autant de même espèce et qualité, Une chose doit donc
remplir deux conditions :
-Etre consomptible, sans quoi son usage n’empêche pas sa restitution.
-Etre fongible, sans quoi il est impossible de restituer l’identique.
C’est dire que le prêt de consommation a un champ d’action beaucoup plus réduit
que le prêt à usage : en sont exclus les immeubles (jamais fongibles) et, parmi les
biens meubles, tous ceux qui ne sont pas des choses de genre. En définitive, ne
restent que les choses de genre, le plus souvent meubles corporels (aliments,
métaux), mais parfois incorporels (monnaie, titres). L’objet le plus fréquent est
évidemment l’argent
SECTION 1 CARACTÈRES ET QUALIFICATION
A Caractère translatif de propriété
L’emprunteur acquiert la propriété même de cette chose qui lui est transférée :
puisqu’il ne peut s’en servir qu’en la consommant, il faut en effet lui transférer
l’abusus et donc le droit de propriété tout entier.
B Caractère gratuit ou onéreux
Alors que la gratuité était de l’essence même du prêt à usage, le prêt de
consommation peut être à titre onéreux : on peut par exemple stipuler un intérêt non
seulement pour le prêt d’argent, mais encore pour le prêt de denrées ou autres
choses mobilières
SECTION 2 CONCLUSION DU PRET DE CONSOMMATION
A Formation du contrat
La seule particularité qui mérite mention a trait aux pouvoirs et à la capacité des
parties : comme le contrat emporte un double transfert de propriété, il leur faut la
capacité de disposer (le prêteur pour prêter et l’emprunteur pour s’engager à
restituer). Le prêt de consommation est un contrat réel : tant que les choses ne sont
pas remises, le prêt n’est pas formé. Cette règle a ici une conséquence importante :
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Non seulement c’est désormais l’emprunteur qui a quantité pour aliéner la chose,
mais encore les créanciers du prêteur perdant tout droit sur cette chose.
SECTION IV EXTINCTION DU PRET DE CONSOMMATION
Si la durée du prêt n’a pas été fixée par les parties, la demande de remboursement
peut être faite à tout moment. Si les parties avaient fixé un délai, celui-ci doit être
respecté.
Le propre de la représentation est que l’acte est réputé effectué directement entre le
tiers cocontractant et le représenté. Le représentant n’a été que l’instrument de la
conclusion mais n’y est pas partie.
Il en résulte que cet acte ne produit en principe aucun effet à l’égard du mandataire :
Ni à son profit
Ni à son préjudice
Exceptions. Le mandataire omet d’indiquer au tiers le nom de son mandant.
Cette ratification présente la particularité d’être rétroactive. Il est à noter que cette
possibilité de ratification est spécifique aux mandats purement contractuels dans
lesquels la loi laisse aux parties toute liberté pour définir la mission du mandataire :
la jurisprudence exclut au contraire la ratification dans le cas où c’est la loi qui fixe
cette mission, comme pour un syndic de copropriété.
SECTION 4 FIN DU MANDAT
Révocation, renonciation, décès et incapacité. La cause d’extinction la plus fréquente
est l’accomplissement de sa mission par le mandataire : Ce dessaisissement est
définitif.
A Extinction volontaire
La volonté des parties peut mettre fin au mandat soit d’un commun accord, soit
même par la décision unilatérale de l’une ou l’autre : on parle de renonciation de la
part du mandataire et de révocation de la part du mandant Mais dans tous les cas,
quelle qu’en soit la source, l’extinction volontaire du mandat inter partes ne doit pas
porter préjudice aux tiers, qui n’ont pas le moyen d’en être informés.
1 Renonciation du mandataire
Le mandataire à la possibilité de renoncer au mandat, en notifiant sa renonciation au
mandataire C’est donc une faculté de résiliation unilatérale qui est offerte au
mandataire en cours de contrat. Le mandataire qui renonce, doit réparer le préjudice
qu’il cause éventuellement au mandant : en réalité le mandataire manque ainsi à son
engagement, mais comme s’il s’agit d’une obligation de faire, ce manquement se
résout en dommages-intérêts.
2 Revocation par le mandant
En principe libre révocabilité du contrat par le mandant quand bon lui semble. On dit
que le mandat est révocable adnutum, c'est-à-dire à la discrétion du mandant. La
jurisprudence a-t-elle admis des tempéraments à libre révocation, principalement par
la notion de mandat d’intérêt commun.
Révocation des pouvoirs La révocation des pouvoirs du mandataire est toujours
possible, à tout moment, pour le mandant. Cette possibilité de révocation est d’ordre
public : même si le contrat prévoyait une durée précise, le mandant peut y mettre fin
avant terme, de façon valable. La seule conséquence se situera sur le plan des
responsabilités, mais la révocation restera consommée. Il en est ainsi même lorsque
le mandat est stipulé irrévocable ou est dit d’intérêt commun.
Indemnisation du mandataire En Principe, la révocation du mandat n’entraîne
aucune responsabilité du mandant, pour la simple raison que le mandataire n’en
éprouve pas de préjudice, puisqu’il agissait dans l’intérêt exclusif du mandant.
Mandat à durée déterminée et mandat irrévocable. Dans ces hypothèses, la
révocation anticipée ouvre au mandataire droit à une indemnité.
Mandat d’intérêt commun : Le second cas où le mandataire peut obtenir une
indemnité du fait de la révocation, est celui où l’on reconnaît l’existence d’un mandat
d’intérêt commun. L’idée est que, si le contrat ne sert plus comme à l’ordinaire
l’intérêt exclusif du mandant, mais aussi celui du mandataire, sa révocation porte
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éventuelle, car les obligations du dépositaire n’ont alors pas encore d’assiette : mais
il ne pourra refuser ensuite de recevoir la chose)
A Preuve du contrat de dépôt
En réalité, le dépôt nécessaire n’est que celui qui est intervenu dans des
circonstances rendant impossible la réduction d’un écrit : en citant les exemples
d’incendie, ruine, pillage et naufrage (art 789) pour admettre alors la liberté de la
preuve par tous moyens. Quant à l’article 813, il rappelle pareillement le droit
commun de l’exigence d’un écrit à défunt duquel le défendeur (le dépositaire
attaqué) est cru sur ses affirmations puisque aucune preuve recevable ne lui est
opposée. Dès lors, c’est le droit commun dans son ensemble (et non dans les deux
seules règles ainsi rappelées) qui est applicable. C’est dire tout d’abord que la
preuve du dépôt est libre en matière commerciale. C’est dire ensuite que même en
matière civile, l’exigence de l’écrit supporte non seulement l’exception du dépôt
nécessaire, mais encore toutes les exceptions habituelles. C’est dire enfin que la
charge de la preuve pèse sur celui qui invoque le contrat pour fonder sa demande :
ce sera tantôt le déposant qui se plaint d’une perte ou d’une détérioration, tantôt le
dépositaire qui réclame remboursement de ses frais ou rémunération (il devra alors
prouver en outre que le contrat a été conclu à titre onéreux).
SECTION 2 EFFETS DU CONTRAT DE DEPOT.
Contrat synallagmatique imparfait, le dépôt crée toujours des obligations à la charge
du dépositaire parfois à la charge du déposant. Mais, parce qu’’il concerne un bien
mobilier, il voit les rapports bilatéraux des parties parfois troublés par les droits réels
que des tiers peuvent avoir ou acquérir.
Section I Obligations du dépositaire
A. Obligation de garde
La conservation de la chose qu’il doit assurer est tout entière effectuée dans l’intérêt
du déposant. Aussi, sa situation compote-t-elle des obligations négatives et des
obligations positives.
Obligations négatives. Ce sont des obligations de ne pas faire.
- D’une part, le dépositaire ne doit pas user la chose (art 793). Se servir de la
chose, à quelque usage que ce soit, l’exposerait non seulement à une
responsabilité civile mais encore à une responsabilité pénale pour abus de
confiance. Toutefois, un tel usage illicite n’aurait pas de répercussion sur le
régime des risques de la chose, qui restent en toute occurrence à la charge
du propriétaire.
D’autre part, le dépositaire ne doit pas forcer le secret du dépôt : lorsque celui-
ci porte sur un objet ou une enveloppe, la discrétion lui impose de ne pas
l’ouvrir.
Ces deux interdictions peuvent naturellement être levées par une clause contraire.
En particulier, le déposant peut autoriser l’utilisation de la chose, et cette autorisation
peut même être tacite, ce qui pourrait transformer le contrat en prêt usage. La garde
de la chose oblige le dépositaire à prendre toutes les précautions pour veiller à la
conservation de la chose. Il doit ainsi la mettre à l’abri des risques de vol, de perte ou
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de dégradation, soit par le fait d’un tiers, soit par le fait d’événements divers tels
qu’incendie, humidité, etc. Cette conservation peut nécessiter des actes d’entretien.
Le dépositaire doit les faire et aura une action en indemnisation (art 814).Il doit aussi
percevoir les fruits de la chose et en est dépositaire comme du principal.
Responsabilité : obligations de résultat atténuée. Outre qu’il se rend coupable
d’abus de confiance s’il détourne volontairement la chose, par exemple en la vendant
au lieu de la conserver, le dépositaire qui remplit mal sa mission de garde engage sa
responsabilité contractuelle. Le régime de cette responsabilité soulève la question
classique de savoir s’il est tenu d’une obligation de moyens ou de résultat : ce n’est
pas au déposant d’établir la faute du dépositaire, mais à ce dernier de s’exonérer,
cependant il peut le faire en rapportant simplement la preuve de son absence de
faute, sans qu’il soit besoin d’un cas de force majeure. La preuve dont le dépositaire
supporte ainsi la charge varie dans son exigence selon qu’il agit à titre gratuit ou à
titre onéreux :
A qui restituer ? Il faut restituer en principe au déposant lui-même. Sans avoir à lui
demander un quelconque titre de propriété (art 798). Mais la restitution peut être
aussi faite à son représentant légal (article 799) : cela concerne les incapables
majeurs mais surtout les entreprises en redressement ou liquidation judiciaire, soit à
ses héritiers (art 798) son mandataire ou à tiers désigné par lui. C’est la chose
déposée qui doit être restituée. Le dépositaire ne peut pas proposer un équivalent, ni
le déposant le lui réclamer : par exemple celui qui a déposé des pièces fausses ne
peut pas exiger des vraies. Outre la chose elle-même, le dépositaire doit restituer les
fruits qu’elle a éventuellement produits (dividendes de titres). La chose doit être
restituée dans l’état où elle est (article 804). Si elle s’est dégradée ou a diminuée de
valeur, la responsabilité du dépositaire peut certes être engagée, mais c’est au titre
de son obligation de conservation. Si elle a disparu, le dépositaire est libéré de la
restitution proprement dite : c’est encore au titre de son obligation de conservation
qu’il devra répondre de cette disparition. En réalité, au titre de la restitution, le
dépositaire ne doit que la chose telle qu’il l’a entre les mains (et rien s’il n’a rien) et
c’est son obligation de conservation qui permet d’apprécier les circonstances de la
perte : le dépositaire ne pourrait s’affranchir de restituer la chose qu’il a encore,
même moyennant une indemnité, car c’est alors l’essence même du dépôt qui serait
atteinte par cette possibilité de s’approprier la chose. Quant au lieu de la restitution,
c’est (sauf clause contraire permise par l’article 797) le lieu même du dépôt. Il ne
s’agit pas du lieu où se trouve la chose déposée. Quant au moment de la restitution,
c’est celui où le déposant la demande et ce même si un terme avait été convenu : le
contrat de dépôt st en effet révocable unilatéralement à tout moment par le déposant
Tenu de restituer à première demande, le dépositaire peut être amené à différer la
restitution dans deux séries d’hypothèses. Ce peut être d’abord dans son propre
intérêt, lorsqu’il entend exercer son droit de rétention. Ce peut être ensuite dans
l’intérêt d’un tiers, et c’est alors pour lui une obligation. Il en est ainsi soit lorsqu’il
découvre que la chose déposée avait été volée, soit lorsqu’un tiers a fait entre ses
mains opposition à la restitution ou a fait pratiquer une saisie.
Section II Obligation du déposant
A Dettes du déposant
Qu’il soit gratuit ou onéreux, le dépôt oblige toujours le déposant, dans l’intérêt
duquel il a été fait, à rembourser au dépositaire les dépenses qu’il a faites pour la
conservation de la chose, c'est-à-dire les frais d’entretien, ainsi que les frais de
déplacement éventuel (art 797) Il ne s’agit que de dépenses : le dépositaire ne peut
obtenir par ce biais une indemnisation pour la garde elle-même si le dépôt est gratuit.
Lorsque le dépôt est rémunéré, il est souvent stipulé que le prix inclut les dépenses.
Le remboursement suppose bien sûr que les dépenses aient été utiles ou
nécessaires. Malgré le silence du Code, il serait juste d’admettre qu’elles portent
intérêts dans les mêmes conditions que les avances faites par un mandataire
Toujours parce qu’il agit dans l’intérêt du déposant, le dépositaire a le droit d’être
indemnisé de toutes les pertes que le dépôt peut lui avoir occasionnées : il s’agit des
dommages causés par la chose déposée (explosion), sans qu’il soit besoin d’exiger
un vice de cette chose. Il peut aussi s’agir des dommages subis à l’occasion d’un
transport de cette chose (par exemple, le dépositaire est blessé pas l’animal ou la
chose qu’il rapporte au déposant). En principe gratuit peut toutefois être stipulé à titre
onéreux.
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B Garanties du dépositaire
L’article 817 du DOC reconnaît expressément au dépositaire le droit de retenir la
chose tant qu’il n’est pas réglé de ce qui lui est dû. Bien entendu, ce droit de
rétention ne joue que pour les créances précitées, mais non pour d’autres créances
qu’aurait le dépositaire.
1 Effets du dépôt à l’égard des tiers
En principe le dépositaire n’a pas à prendre d’initiative et doit restituer au déposant
sans exiger aucune justification de son droit. Mais, le propriétaire peut toujours
exercer une action en revendication de la chose où qu’elle se trouve, c'est-à-dire ici
entre les mains du dépositaire. Celui-ci devra alors s’abstenir de restituer au
déposant tant que la question de la propriété n’est pas tranchée. Il est cependant un
cas où l’oN exige une initiative du dépositaire ; c’est celui où il apprend que la chose
a été volée. S’il connaît son véritable propriétaire, il a alors le devoir de l’avertir et de
lui donner un délai pour réagir et il ne pourra restituer au déposant que si le
propriétaire n’a pas fait de réclamation dans ce délai (article 798). Cette procédure
particulière ne joue qu’en cas de vol. Cependant, la prudence obligera le dépositaire
à interroger le véritable propriétaire à chaque fois qu’il en aura une connaissance
certaine : il pourrait en effet à défaut voir engager non seulement sa responsabilité
civile sur le fondement de l’article 1382 du code civil. Si le dépositaire infidèle
transmet la chose à un tiers, la bonne foi de celui-ci lui permettra d’invoquer le
bénéfice de l’article 2279. L’article 811 évoque d’ailleurs ce cas dans l’hypothèse où
c’est l’héritier du dépositaire qui procède à cette vente. Le déposant n’aura plus alors
qu’une action en dommages-intérêts contre le dépositaire, pour la valeur actuelle de
la chose (et seulement pour le prix perçu dans le cas de vente par l’héritier de bonne
foi), action qu’il pourra exercer soit au civil soit au pénal accessoirement à une
poursuite pour abus de confiance.
Section III Extinction du contrat de dépôt
Le contrat de dépôt étant par nature à exécution échelonnée dans le temps, se pose
la question du moment de son extinction. Celle-ci intervient naturellement tout
d’abord par l’exécution de ce qui faisait sa finalité, c'est-à-dire la restitution. C’est
donc à partir de cet instant que commence à courir la prescription des actions
respectives des parties (en responsabilité pour le déposant, en paiement pour le
dépositaire).Si les parties ont fixé la durée du dépôt, elles sont dans une situation
inégale. En effet, si le dépositaire est lié par le terme et ne peut se décharger plus tôt
de la chose, le déposant peut au contraire la réclamer à tout moment (article 794). Le
dépositaire peut être condamné à cette restitution sous astreinte. C’est là que se
traduit l’idée que le dépôt est conclu dans l’intérêt exclusif du déposant, tandis, que
le dépositaire n’a aucun intérêt légitime à conserver la chose. Toutefois, si le dépôt
est rémunéré, cette interruption prématurée ne doit pas nuire au dépositaire : il aura
droit à la rémunération prévue.
Que se passe-t-il si, à l’inverse, le déposant ne reprend pas la chose après le terme
fixé ? Certains admettent que le dépositaire est libéré de ses obligations, sans
pouvoir toutefois se débarrasser de la chose tandis que d’autres considèrent que ses
obligations se poursuivent. Il faut sans doute distinguer : s’il doit toujours restituer, il
n’est probablement plus tenu de sa mission de conservation et, en cas de perte, ne
doit répondre que de sa faute prouvée sur le terrain de l’article 1382. Mieux vaut
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sans doute pour lui prendre une initiative : il peut, après mise en demeure du
déposant être autorisé à mettre la chose en dépôt dans quelque autre lieu Dans le
silence des textes, il faut admettre que chaque partie peut mettre fin au contrat par
réalisation unilatérale. C’est évident pour le déposant, qui peut réclamer restitution à
tout moment, c’est plus discuté pour le dépositaire. Celui-ci doit pourtant pouvoir
sortir du contrat et obtenir du juge condamnation du déposant à reprendre la chose,
au besoin sous astreinte, et à défaut décharge dans les termes précédents. Ni le
décès du déposant ni celui du dépositaire ne mettent en principe fin de plein droit au
contrat : le Code envisage d’ailleurs la situation de leurs héritiers (811 et 798). Mais
ceux-ci peuvent utiliser les droits précités de résiliations unilatérales.