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Assemblée générale du Nomes Vaud du 11 juin 2015

Salon Gilles du Restaurant du Théâtre à Lausanne


Procès-verbal

Présidence : Patrick Vallat

Procès-verbal : Françoise Chappuis

Présents : Jacques Anselme, Stanislas Arczynski, Marc Bridel, Françoise Chappuis,


François Cherix, Natacha Duc, Gilles Grin, Caroline Iberg, Daniel Kaeser, Frédéric Maillard,
Olivier Marcoz, Axel Marion, Mario Mikojevic, Marianne Panchaud, Michel Panchaud,
Jacques Pansard, Marianne Reymond, Edwin Ruegg, Rudolf Strasser, André-Lou Sugàr,
Patrick Vallat, Maurice Wagner-Curchod

Excusés : Denis Bouvier, Gérard Chappuis, Yvette Jaggi, Eric Paulus

Le président ouvre la séance en souhaitant la bienvenue aux participants et en les


remerciant de leur fidélité. Il salue notamment François Cherix, coprésident du Nomes suisse
ainsi que Caroline Iberg et Frédéric Maillard du secrétariat central. Il rappelle que la partie
statutaire sera suivie d’un exposé de M. Gilles Grin, directeur de la Fondation Jean Monnet
pour l’Europe, sur le thème « Souveraineté et construction européenne ».

Ordre du jour

Envoyé dans les délais statutaires, l’ordre du jour est accepté à l’unanimité.

1. Procès-verbal de l’Assemblée générale du 12 juin 2014

La lecture du procès-verbal n’est pas demandée et il est approuvé à l’unanimité.

2. Rapports du président, du président de la Commission politique et du trésorier

2.1 Rapport du président

Le président Patrick Vallat indique que son rapport est plutôt celui du Comité, car l’équipe a
travaillé en partenariat.

« Je m’adresse à vous après une année de présidence, une année de l’après 9 février 2014,
une année de remise en question politique des Accords bilatéraux, une année de
tergiversations avec des propositions de variantes plus ou moins crédibles, d’alternatives
plus ou moins confuses et une débauche d’énergie importante du NOMES, en particulier du
Comité central qui est aujourd’hui représenté par Caroline Iberg, qui nécessite une sacrée
dose de motivation pour ne pas laisser tomber une idée qui est juste, celle d’appartenir, sous
une forme ou une autre, à un mouvement de paix international et d’échanges, tant
économiques que sociaux, mouvement qui s’appelle EUROPE.
Force est de constater que notre cher Co-président, François Cherix, s’est donné sans
compter depuis plus d’une année. Il est partout où notre nom NOMES doit s’afficher et se
faire entendre en Suisse romande, sans relâche, sans arrogance, mais avec conviction. Et il
en faut de la conviction ces temps où même la jeunesse ne saisit pas tous les enjeux pour
leur avenir et les opportunités que la Communauté européenne a déjà offert, offre chaque
jour et peut encore offrir.

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Ce qu’il est rassurant de constater, c’est que la question de l’immigration est aussi un souci
de la majorité des pays de la Communauté européenne et que cette question est aujourd’hui
aussi débattue au sein du Parlement européen. Même si cette question va accoucher d’une
souris, elle a au moins le mérite de ralentir la conviction que certains avancent que les
Accords bilatéraux vont être dénoncés par la Communauté européenne. C’est beaucoup
plus compliqué que cela, mais aussi très long pour aboutir à telle extrémité car elle
nécessite l’acceptation unanime des membres de la Communauté européenne.

La question que nous nous posons tous, M. Jakob Kellenberger, l’a d’ailleurs très bien
exposée et développée en mars de cette année, est : quelles conséquences serons-nous à
même d’accepter, quel que soit le scénario choisi ?

Pour ma part, je reste convaincu que les conséquences seront simplement négatives, je ne
vois pas comment en s’écartant encore davantage de nos relations avec les pays européens
nous pourrions avoir une économie aussi florissante et stable.

La situation qui prévalait avant le vote du 9 février 2014 et qui prévaut encore pour 20 mois,
est déjà précaire, pour ne pas dire temporaire. En effet, en constante recherche de
partenariats et de collaborations, nous étions et nous sommes simplement dépendants du
bon vouloir de l’Union européenne sans pouvoir influencer les décisions. Ne pas être
dedans, actifs, avec un siège à part entière, notre voix suisse ne sera écoutée que par
politesse toute diplomatique. En effet, aujourd’hui nous ne sommes pas pour eux une priorité
ou une solution. Nous continuons certes d’avoir des relations étroites et polies, mais force
est de constater que nous sommes perçus comme un caillou dans leur chaussure, une épine
dans leur pied, ce qui explique le refus ferme du Conseil de l’Europe à toute négociation des
Accords bilatéraux « à la carte » pour la Suisse.

Je vous invite tous et toutes à télécharger la Feuille de route du NOMES Suisse éditée ce
printemps. Nous pouvons aussi la faire parvenir si vous le souhaitez.

Et nous, simple Comité du Nomes vaudois, qu’avons-nous fait ? Et bien, nous n’avons pas
non plus chômé, nous n’avons pas baissé les bras. Nous restons motivés et continuons
notre mission avec volonté et persuasion. Nous avons œuvré et poursuivi le mandat que
vous nous avez donné en nous nommant le 12 juin 2014 ».

En ce qui concerne les Déjeuners européens, Patrick Vallat laisse le « maître de


cérémonie », M. André-Lou Sugàr s’exprimer.

Quatre déjeuners européens ont été organisés durant la période sous rapport. André-Lou
Sugàr remercie Françoise et Gérard Chappuis qui ont assuré l’organisation de deux
rencontres, par interim.

Le premier déjeuner a eu lieu le 19 juin 2014, avec la participation de Madame Luciana


Vaccaro, rectrice de la HES, haute école spécialisée de Suisse occidentale, dont l’exposé
avait pour thème « L’espace européen de la formation et de la recherche au centre des
perspectives de la HES-SO ». Ce fut l’occasion d’évoquer les difficultés rencontrées par le
domaine de la recherche suite au vote du 9 février.

Le deuxième fut organisé le 1er octobre 2014, avec pour orateur M. Vincent Baudriller,
Directeur du Théâtre Vidy-Lausanne qui a traité de « La culture, un enjeu de la construction
européenne ». Il a su montrer l’importance d’intégrer l’expression artistique dans cette
Europe en recherche d’humanisme et d’identité.Exceptionnellement la rencontre avait lieu au
Théâtre de Vidy et les participants ont eu l’occasion de faire une visite commentée des lieux.

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Le troisième s’est déroulé le mercredi 3 décembre 2014, avec la participation de Madame
Joëlle Kuntz, journaliste, chroniqueuse et écrivaine avec pour thème « La Suisse et l’Europe
en 2014, une interview de Guillaume Tell ». Avec beaucoup d’humour et de subtilité, elle a
su captiver son très nombreux auditoire en donnant son analyse des notions
d’indépendance, de souveraineté, de justice et de liberté entre mythologie et actualité.

Le quatrième s’est passé le 11 mars dernier avec M. Claude-Alain Margelisch, Président du


Comité exécutif et Délégué du Conseil d’administration de l’Association suisse des banquiers
(ASB). Son exposé avait pour thème : « Accès au marché de l’Union européenne : défis et
opportunités » et a donné un éclairage très intéressant sur les relations internationales des
milieux bancaires.

Depuis 2011, plus de quinze déjeuners ont été mis sur pied, soit une participation de 600
personnes environ.

2.2 Rapport du président de la commission politique

Axel Marion indique que la Commission politique s’est réunie à trois reprises depuis la
dernière Assemblée générale :

 Le 26 novembre 2014, avec un exposé de François Cherix sur les conséquences du


vote du 9 février et l’état des lieux des négociations CH-Europe et les actions entreprises
par le Nomes suisse. Il est chaleureusement remercié.
 Le 10 mars 2015, La commission politique a tenu séance à Payerne, avec la
participation de la syndique Christelle Luisier. Les aspects liés à la politique agricole
européenne ont été largement abordés à cette occasion et Axel Marion relève l’utilité de
quitter l’arc lémanique et d’aller à la rencontre de personnes moins sensibles aux idées
prônées par le Nomes.
 Le 4 juin 2015, avec M. Simon Affolter, Délégué de l'Etat de Vaud aux affaires
intercantonales et européennes, sur le thème: "Le canton de Vaud et la politique
européenne: enjeux suite à l'acceptation de l'art. 121a Cst.". Il a exposé le rôle des
cantons dans la politique européenne et expliqué la prise de position des cantons en
réponse à la consultation de la Confédération pour la mise en œuvre de l’initiative UDC
adoptée le 9 février 2014.
A ce stade de l’assemblée, une première discussion est ouverte et M. Maurice Wagner-
Curchod salue l’initiative de « délocalisation » de la Commission politique. Il relève que la
position des Payernois montre plus des problèmes de politique agricole que d’Europe. Il
propose que le Nomes Vaud prenne contact avec l’Office fédéral de l’agriculture pour les
inciter à sensibiliser et informer le monde agricole. Il souhaite par ailleurs que les
professeurs engagés dans la cause pro-européenne soient approchés (p.ex. Mme Astrid
Epiney, M.Gilbert Casasus ou M. Thomas Cottier). Enfin il émet le vœu que soit étudié le cas
de la Regio Basiliensis.

En réponse à M. Wagner, Caroline Iberg indique que la section bâloise du Nomes est en
étroit contact avec la Regio Basiliensis. Elle signale que tant M. Cottier que M. Casasus
collaborent avec le Nomes suisse.

 2.3 Rapport du trésorier

Le trésorier, Mario Mikojevic, remercie les vérificateurs des comptes pour leur travail et
commente brièvement les chiffres des comptes 2014.Il explique le montant important prélevé
pour les Déjeuners européens par un report de frais de l’année précédente. Il remercie la
FJME pour son soutien aux Déjeuners européens.

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Mario Mikojevic émet le vœu que les dons éventuels soient faits directement au Nomes
Vaud. La question de la répartition des cotisations entre le Nomes suisse et les sections est
évoquée. Caroline Iberg indique la possibilité de recourir au Fonds Friedrich, géré par le
Nomes Suisse, pour financer des projets spécifiques.

3. Rapport des vérificateurs des comptes

Les vérificateurs, Maurice Wagner-Curchod et Jacques Anselme ont procédé à l’examen des
comptes 2014 et remercient le trésorier pour le travail fourni et la clarté des comptes. Leur
rapport indique que l’exercice 2014 a produit un déficit de Fr. 930.75. Au 31 décembre 2014,
la fortune nette du NOMES-VD est de Fr. 20'112.30, alors qu’elle était de Fr. 21'143.05 au
31 décembre 2013.
En conclusion, les vérificateurs recommandent d’adopter les comptes 2014 et d’en donner
décharge au comité, au caissier et aux vérificateurs.

4. Décharge

L’Assemblée générale accepte les comptes à l’unanimité et donne décharge avec


applaudissements au comité, au trésorier et aux vérificateurs des comptes.

5. Elections statutaires (Comité, présidence, vérificatrices des comptes

En vertu des articles 8 et 9 de nos statuts la Présidence, le Comité et l’Organe de vérification


des comptes sont soumis à élection tous les ans par l’Assemblée générale.
Le président sortant Patrick Vallat indique qu’il doit renoncer à regret à la charge de
président pour des motifs professionnels. En charge d’un nouveau mandat de la DDC, qui
exige de nombreux déplacements à l’étranger, il accepte toutefois de rester membre du
Comité.

Election du Comité :

Les membres du Comité acceptent de renouveler leur mandat pour une année : Françoise
Chappuis, Gérard Chappuis, Axel Marion, Mario Mikojevic, André-Lou Sugàr et Patrick
Vallat.
Le Comité est élu par acclamation.

Election du Président

S’agissant de la Présidence, Axel Marion a accepté de reprendre cette charge. Patrick Vallat
l’en remercie vivement et estime qu’avec un nouveau président député au Grand Conseil, le
Nomes Vaud gagne au change !

Le nouveau président, Axel Marion est élu par acclamation. Il fait part de son grand plaisir à
assumer cette charge. Il adresse de vifs remerciements à Patrick Vallat pour le travail
accompli durant son année de présidence et l’assemblée applaudit chaleureusement le
président sortant.
Sans entrer dans le détail de ses projets pour le Nomes Vaud, qu’il entend discuter avec le
comité, Axel Marion insiste sur les liens qu’il souhaite tisser avec la génération montante.

Election des vérificateurs des comptes

MM. Jacques Anselme et Maurice Wagner-Curchod acceptent de poursuivre leur mandat,


même si leur élection n’a pas fait l’objet d’un vote formel de l’assemblée.

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6. Activités futures

6.1 Déjeuners européens

André-Lou Sugàr annonce les deux déjeuners européens déjà programmés pour cette
année :

- le 25 juin 2014, avec M. Frédéric Maire, Directeur de la Cinémathèque suisse


- le 25 septembre 2014, avec M. Alexandre Vautravers, professeur de relations
internationales, rédacteur en chef de la Revue Militaire suisse
.
Un dernier déjeuner devrait avoir lieu cette année encore.

6.2 Commission politique + autres manifestations

Axel Marion indique que le comité organisera une séance cette année encore et il propose
de mener une réflexion de fonds sur le rôle de la Commission politique.
Il indique que le Nomes Vaud a été approché par le foraus (think tank sur la politique
étrangère) pour la mise sur pied d’une conférence. Celle-ci s’est tenue le 12 mai dernier,
avec pour thème «Îlôt en Europe ou acteur européen ? Histoire, mythes et identités de la
Suisse ».

Il annonce encore un événement qui sera organisé cet automne avec Mosaïque UNIL,
association qui organise notamment des jeux de rôle sur le modèle des MUN (Models United
Nations). Si ce projet s’adresse surtout aux étudiants, l’idée est de l’élargir aux politiques et
aux membres du Nomes.

6.3 Marche pour l’Europe

Patrick Vallat indique qu’il est en charge de l’organisation d’une marche de 10 km pour
l’Europe qui devrait se dérouler au mois de mai 2016 dans la région frontalière du Jura
vaudois ou neuchâtelois. L’idée est que nos amis français organisent également une marche
le même jour en nous rejoignant à la frontière. Des animations et discours seront prévus
autour d’un repas en commun. La marche se veut familiale et ouverte à tous, membres ou
non membres. Les médias seront bien entendu invités à échanger avec les représentants de
chaque canton. Les modalités restent encore à définir pour cet événement qui sera une
première mais qui se veut aussi symbolique. Nous allons faire des reconnaissances d’ici cet
automne et on vous tiendra au courant d’ici la fin de l’année pour la date retenue.

7. Propositions individuelles et divers

Le président donne la parole au co-président du Nomes suisse, François Cherix, qui


remercie la section vaudoise pour son engagement. Il donne quelques éclairages sur l’état
des relations Suisse-Europe. Selon lui, nous sommes dans une situation d’extrême
incertitude et le Conseil fédéral laisse planer le doute sur ses actions. Il semble n’avoir
aucune stratégie définie, sinon l’attente. Le projet de loi de mise en application de l’article
121 a) de la Constitution n’apporte guère plus de perspectives.
À ce stade, François Cherix estime que nous faisons face à une crise à la fois structurelle,
institutionnelle, voire culturelle. L’Union européenne fait savoir clairement que la poursuite
des accords bilatéraux n’est pas envisageable avec les limitations à la libre-circulation des
personnes demandées par l’initiative de l’UDC. Enfin, en Suisse allemande, en particulier
des voix se font entendre pour cesser tous rapports avec l’UE.
Dans ce contexte le Parlement qui sortira des urnes avec les prochaines élections aura un
rôle capital à jouer. Pour les élections fédérales de cet automne, le Nomes suisse organisera
une série de conférences-débat pour connaître les positions des candidates et des candidats

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ainsi que celle de leur parti sur la question européenne. La date prévue à Lausanne sera
communiquée prochainement par Caroline Iberg.
Enfin, le jour de l’assermentation du nouveau Parlement, il est envisagé d’organiser une
« journée bleue » pour sensibiliser les élus à leur responsabilité face aux relations CH-UE.

En réponse à M. Maurice Wagner-Curchod qui souhaite savoir si des actions spécifiques


seront organisées par le Nomes Vaud avant les élections, Axel Marion indique que le Comité
en discutera lors de sa première séance.

La parole n’étant plus demandée, le président clôt la partie statutaire à 20h 15.

*************

Après une pause «apéritive», la seconde partie de la soirée est consacrée à un exposé de
M. Gilles Grin, directeur de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe, sur le thème
« Souveraineté et construction européenne ».

Après avoir donné quelques jalons sur l’histoire de la souveraineté dans les relations
européennes depuis le XVIIe siècle, M. Grin relève le caractère novateur de la construction
européenne telle que proposée par Jean Monnet en 1950. Il s’agit d’envisager un système
de paix fédérative et une nouvelle vision de la souveraineté. Celle-ci ne peut plus être
absolue au niveau de chaque Etat et en renonçant à ce caractère absolu, on permet de
gagner la paix et d’assurer plus de prospérité.
Pour éclairer ces propos, M. Grin cite Jean Monnet :
« […] la souveraineté dépérit quand on la fige dans les formes du passé. Pour qu’elle
vive, il est nécessaire de la transférer, à mesure que les cadres de l’action
s’épanouissent, dans un espace plus grand où elle fusionne avec d’autres appelées à la
même évolution. Aucune ne se perd dans ce transfert, toutes se retrouvent au contraire
renforcées. » (Mémoires de Jean Monnet, parues en 1976).

Selon M. Grin, les forces de la globalisation économique et de l’émergence (maintenant


accélérée) de nouveaux pôles de puissance dans le monde font que les Européens ont de
plus en plus à choisir entre souveraineté exercée en commun et disparition de leur
souveraineté.
Il donne ensuite quelques éléments de la Réalité de l’Union européenne :

- Même si l’UE est une fédération, il n’y a pas d’Etat fédéral en son sein.
- La « compétence de la compétence » reste dans les mains des Etats membres : les
traités ne peuvent être modifiés qu’à l’unanimité.
- Certains domaines sensibles restent régis par la pratique intergouvernementale :
politique étrangère, défense, fiscalité, social.
- Il n’y a pas de gouvernement européen, mais une autorité exécutive de facto partagée
entre le Conseil européen (rassemblant les chefs d’Etat ou de gouvernement), le Conseil
(rassemblant les ministres nationaux) et la Commission (gardienne historique de l’intérêt
commun). Les Etats membres n’ont pas voulu que la Commission émerge comme le
gouvernement de l’UE. Ainsi, le Service européen pour l’action extérieure établi en 2010
n’a pas été incorporé à la Commission.
- Sauf dans le domaine de la politique monétaire régi par la pratique fédérale, c’est une
forme atténuée de fédéralisme qui prévaut et qu’on nomme généralement la « méthode
communautaire ».
- Au cœur de la méthode communautaire se trouvent deux éléments : 1) une pratique
législative bicamérale associant représentants des citoyens élus au suffrage universel
(Parlement européen) et représentants des Etats membres (Conseil) pouvant en général
prendre ses décisions à la majorité qualifiée. Cela ressemble à la Suisse.

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- 2e élément au cœur de la méthode communautaire : une institution qui doit dégager
l’intérêt commun et qui détient le monopole d’initiative législative : il s’agit de la
Commission. De plus en plus se creuse le dilemme suivant pour la Commission : être
une autorité non-politisée et experte, qui recherche l’intérêt commun ; ou être l’émanation
d’une majorité politique au Parlement européen. Le système politique de l’UE est
hybride. Mais est-ce au fond tellement différent de notre Conseil fédéral ?
- Il existe traditionnellement une culture politique de l’entente au sein de l’UE, tout comme
en Suisse, même si les deux sont mises à mal.
- Le temps politique européen est lent. On recherche le consensus et cela prend du
temps… comme en Suisse.
- La pratique du vote majoritaire au sein du Conseil des ministres est très rare. Il s’agit
plutôt d’une épée de Damoclès empêchant les excès nationaux et forçant à la recherche
du consensus. Cette recherche du consensus et cette supposée lenteur ne sont pas
sans nous rappeler à nouveau la Suisse…
- L’UE a créé un ordre juridique sui generis, composé, outre les traités, de règlements, de
directives et de décisions. La Cour de justice de l’Union veille à l’unité d’interprétation de
ce droit. Des politiques communes ont été créées. Un marché intérieur a été mis sur
pied. L’UE s’est dotée d’une Charte des droits fondamentaux. 19 des 28 Etats membres
de l’UE partagent dorénavant la même monnaie, et progressent dans la mise en place
d’une gouvernance économique commune.
- Bref, beaucoup a été fait grâce à la mise en commun des souverainetés nationales dans
des domaines choisis à l’unanimité.

S’agissant des relations Suisse-Europe, M. Grin donne quelques repères :

- La Suisse a connu une trajectoire historique différente de celle de ses voisins. Elle n’était
pas prête au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à entrer dans le modèle
communautaire élaboré par les pères fondateurs de l’Europe. Et elle ne le semble pas
davantage aujourd’hui encore.
- La Suisse semble tenir à la préservation de ce qu’elle considère être sa souveraineté
nationale, tout en voulant profiter de l’accès au grand marché européen.
- D’une façon schématique, la Suisse semble craindre à la fois un « empire » européen
conduisant à sa satellisation et à la mise en danger de sa démocratie semi-directe, ainsi
que, d’autre part, sa marginalisation économique.
- Des occasions de rapprochement ont été manquées dans les années 1960 et les années
1990.
- Les accords de libre-échange de 1972 ont été une chance. Tout comme le système des
accords bilatéraux, porté sur les fonts baptismaux en l’an 2000.
- La question de la gestion de l’immigration, sensible depuis longtemps, a mis le feu aux
poudres l’an dernier.
- Les relations Suisse – Europe sont donc une histoire en dents de scie

En conclusion, M. Grin souligne quelques éléments importants à son sens :

- Le concept de la souveraineté est une réalité vivante et mouvante, comme Jean Monnet
l’avait bien compris.
- Je pense que la souveraineté est aux Etats ce que la liberté est aux individus. Elle
fructifie dans l’ouverture et le partage.
- Dans notre monde, on doit distinguer la souveraineté nominale de la souveraineté
effective. Il faut mieux comprendre la nature de la souveraineté. La recherche scientifique
et le transfert de connaissance devraient avoir leur rôle à jouer ici. Le débat politique
devrait ensuite en être le relai.
- L’Union européenne a permis une pacification de l’Europe ; elle a apporté un regain de
prospérité ; elle seule est à même de permettre aux Européens de parler d’une voix qui

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compte dans le nouveau monde plus multipolaire mais pas plus multilatéral qui se
dessine.
- L’Union européenne et les Communautés qui l’ont précédée auraient été impuissantes si
elles avaient été basées sur la seule pratique intergouvernementale. Ce sont des
délégations de souveraineté choisies dans certains domaines et exercées en commun
qui ont donné sa nature unique à l’UE.

FCh/ octobre 2015

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