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Tout comprendre à l'informatique

quantique
Technologie : Google aurait effectué récemment de nouvelles percées dans le domaine de
l'informatique quantique. Mais cette notion reste nébuleuse pour nombre d'entre nous.
Explications sur une technologie qui pourrait bien bousculer notre futur.

Par Scott Fulton III | Modifié le jeudi 26 sept. 2019 à 10:43


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Le sommaire de ce guide :
 Ce que peut l'informatique quantique
 Les avantages d'un ordinateur quantique
 Qui sont aujourd'hui les acteurs de l'informatique quantique ?
 Comment pourrait se présenter un ordinateur quantique ?
 À quoi ressembleront les premiers programmes quantiques ?
 Les perspectives réelles d'un écosystème quantique
Google a frappé un grand coup médiatique en début de semaine avec la parution
d'informations de presse faisant état de ses bonds de géants dans le domaine de l'informatique
quantique. L'heure est certainement donc venue de revenir sur ce concept qui peut paraître
nébuleux à maints égards.
Pour commencer, soulignons que le but de la recherche en informatique quantique est de
découvrir un moyen d'accélérer l'exécution de longues vagues d'instructions. Pour ce faire, les
chercheurs spécialisés ont recours à des phénomènes observé en mécanique quantique qui
sont d'un ordre complètement différent de tout ce que l'espèce humaine a jamais construit.

Leur objectif consiste à construire une ordinateur quantique surpassant de loin tout ce qu'un
superordinateur peut faire aujourd'hui. De quoi résoudre des problèmes mathématiques qui
nécessitent aujourd'hui des jours de calcul sur n'importe quel supercalculateur. Certains de ces
problèmes n'ont toujours pas de solution, et pourraient alors être résolus de manière
instantanée.

Les modèles de changement climatique, les estimations de la probabilité de la présence


d'exoplanètes dans la galaxie observable ou encore les modèles de la capacité du système
immunitaire à détruire les cellules cancéreuses pourraient soudainement donner des résultats
dans l'heure qui suit le lancement du programme. Si ces résultats pourraient ne pas se
présenter sous la forme d'une solution complète, mais plutôt sous la forme d'un tableau de
probabilité indiquant les solutions les plus probables, ils constituerait toutefois un bond de
connaissance sans précédent dans l'histoire de l'humanité.

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Ce que peut l'informatique quantique


Si vous avez déjà programmé une macro Excel, alors vous avez certainement vécu ce qui
suit : vous ajoutez des lignes de saisie au bas d'une feuille de calcul dont les colonnes servent
d'entrées pour une formule longue. Chaque fois que la formule se recalcule, le temps de calcul
se fait de plus en plus long. Si vous travaillez sur un ordinateur assez lent, vous pouvez être
témoin de ce phénomène par vous-même : comme le nombre de lignes d'entrée augmente
linéairement, le temps consommé par la macro croît de façon exponentielle.

Maintenant, si vous faites partie des chanceux à avoir déjà écrit un programme pour un
superordinateur, vous avez pu être également témoin du même phénomène. L'échelle peut être
différente, mais l'effet est le même. Et si vous lisez les journaux de log du superordinateur,
vous pouvez vérifier personnellement cette observation. Pour résumer : il vient un moment où
chaque algorithme, aussi simple soit-il, devient tout simplement inapplicable en raison du
poids écrasant de ses données d'entrée.

C'est là que l'informatique quantique entre en jeu. En supprimant purement et simplement ce


phénomène d'allongement des durées de calcul. En théorie, un ordinateur quantique
pleinement fonctionnel deviendra en effet plus performant de façon exponentielle. Comment ?
Tout simplement en mettant à l'échelle sa capacité de calcul de façon linéaire. Par conséquent,
pour chaque augmentation du nombre d'étapes d'un algorithme quantique, la quantité de
temps consommée pendant l'exécution des calculs augmentera d'une plus petite quantité,
jusqu'à ce que l'écart de temps entre des charges de travail exponentiellement différentes
devienne si infime qu'il ne pourra plus être mesuré.

"Cela signifie tout simplement la fin de la différence entre les problèmes faciles et les
problèmes difficiles" a indiqué le chercheur John Preskill, professeur de physique théorique à
l'université Caltech lors d'un discours prononcé en 2017. Avec l'informatique quantique, "la
différence entre les problèmes que nous pourrons résoudre un jour avec des technologies
avancées et les problèmes que nous ne pourrons jamais résoudre car ils sont tout simplement
hors de notre portée n'existera plus car nous serons passé d'un monde régi par des règles
classiques à un monde régi par des règles quantiques".
Les compromis quantiques
Pour être très clair : il serait inexact de dire qu'un ordinateur quantique exécute des
programmes plus rapidement qu'un PC ou un serveur x86. Un "programme" pour un
ordinateur quantique s'avère tout simplement d'un ordre différent de tout ce qui a jamais été
produit pour un processeur binaire. Il y a un monde entre la traduction d'un problème
mathématique intelligible par les professeurs d'université en un programme binaire et la
traduction du même problème en un programme d'ordinateur quantique.

Il existe en effet plusieurs compromis fondamentaux à prendre en compte lorsqu'on entre dans
le domaine de l'informatique quantique. Dont certains s'avèrent pour le moins intimidants.
L'informatique quantique arrive rarement à élaborer une réponse exacte ou définitive à un
problème donné. En informatique quantique, il n'existe en effet pas, ou peu, de solution
unique pour laquelle tout autre résultat serait une erreur. Au lieu de cela, un ordinateur
quantique aura tendance à rendre des ensembles de réponses avec leurs probabilités
respectives.

Vous êtes encore là ? OK.

Pensez maintenant à cela : l'appareil au niveau atomique qui effectue les calculs quantiques
s'autodétruira lorsque sa tâche sera terminée. Un mécanisme d'informatique quantique se
présente en effet comme une machine qui construit automatiquement le dispositif
informatique à partir d'atomes (les atomes de calcium sont de bons candidats pour cela). Il
maintient les conditions de fonctionnement de ce dispositif pour la durée de son programme,
applique le programme, lui permet de s'exécuter, interprète l'état final des registres comme la
table de probabilité finale des résultats puis se rétablit pour reconstruire un mécanisme
complètement différent.

Imaginez si l'incroyable machine Enigma d'Alan Turing (à télécharger ici) s'effondrait après
chaque décodage de code. Maintenant, imaginez si ce dernier, au regard de son génie,
reconstruisait cette machine à partir de nouvelles pièces, tous les jours. Chaque ingénieur en
informatique quantique a fait plus qu'imaginer un tel schéma, mais a construit un plan pour un
tel dispositif à l'échelle quantique. En effet, de tels schémas hypothétiques "sur papier" sont
appelés "machines de Turing". Bref, les ingénieurs quantiques croient que leurs ordinateurs
peuvent fonctionner et fonctionneront, parce que leurs expériences sur les machines de Turing
leur donnent des raisons de le croire.
Les avantages d'un ordinateur quantique
 Navigation : un système GPS ne peut pas fonctionner partout sur la planète, et en
particulier sous l'eau. Un ordinateur quantique exige pour son fonctionnement que les
atomes soient sur-refroidis et en suspension, dans un état qui les rend particulièrement
sensibles. Pour tirer parti de cette hypersensibilité, des équipes de scientifiques s'affairent
aujourd'hui à mettre au point une sorte d'accéléromètre quantique qui pourrait produire des
données très précises sur les mouvements.
Le laboratoire français de Photonique Numérique et Nanosciences réalise actuellement des
travaux pour construire un composant hybride qui associe un accéléromètre quantique à un
accéléromètre classique, puis utilise un filtre passe-haut pour soustraire les données
classiques des données quantiques. Le résultat de leurs recherches pourrait se présenter
sous la forme d'un compas quantique extrêmement précis qui éliminerait les dérives de
biais et de facteurs d'échelle couramment associées aux composants gyroscopiques.
 Sismologie : cette même sensibilité extrême peut également être exploitée pour détecter la
présence de gisements de pétrole et de gaz, ainsi qu'une activité sismique potentielle, dans
des endroits où les capteurs conventionnels n'ont pas encore pu être explorés. C'est du
moins ce que pense QuantIC, le centre de technologie d'imagerie quantique dirigé par
l'Université de Glasgow.
Il a démontré, en juillet 2017, en collaboration avec le fournisseur commercial d'outils
photoniques M Squared, comment un gravimètre quantique détecte la présence d'objets
profondément enfouis en mesurant les perturbations dans le champ gravitationnel. Si un tel
dispositif devient non seulement pratique mais portable, l'équipe estime qu'il pourrait
devenir inestimable dans un système d'alerte rapide pour prédire les événements sismiques
et les tsunamis.
 Produits pharmaceutiques : dans leurs recherches portant sur le traitement de la maladie
d'Alzheimer ou de la sclérose en plaques, les scientifiques utilisent des logiciels qui
modélisent le comportement des anticorps artificiels au niveau moléculaire. L'an dernier, la
société de neurosciences Biogen s'est associée à Accenture, cabinet de conseil en
informatique, et à 1QBit, société de recherche en informatique quantique, pour concevoir
un nouveau modèle de simulation moléculaire qui pourra être exécuté sur des plateformes
classiques, ainsi que sur des plateformes quantiques actuelles et futures.
Une méthodologie mise au point par les chercheurs de 1QBit consiste à traduire des
diagrammes moléculaires traditionnels en graphiques remplis de points, de lignes et de
courbes qui, bien qu'apparemment plus confus en surface, s'appliquent plus directement à
un modèle quantique et pourrait donner des résultats thérapeutiques révolutionnaires.
Passons maintenant à la question plus controversée : supposons que quelqu'un a construit un
mécanisme qui a réussi à franchir les obstacles imposés par la physique quantique, produisant
un ordinateur quantique complet capable d'exécuter toutes les tâches actuellement reléguées
au domaine de la théorie et de la simulation.

Selon les experts dans ce domaine, qu'est-ce qu'un ordinateur quantique devrait alors être
capable de faire, en supposant que chaque phénomène que les physiciens ont théorisé et que
les scientifiques ont observé et vérifié, est exploitable en fin de compte ?

 Physique : Celle-ci devrait être assez évidente. C'est en fait la raison d'être même du
concept. Lors d'un discours prononcé en 1981 au Caltech, le professeur Richard Feynman,
père de l'électrodynamique quantique (QED), a suggéré que la seule façon de construire
une simulation réussie du monde physique au niveau quantique serait via une machine qui
obéirait aux lois de la mécanique quantique.
C'est au cours de ce discours que le chercheur a expliqué qu'il ne suffirait pas qu'un
ordinateur génère une table de probabilité et, pour ainsi dire, lance des dés. Il lui faudrait
de plus un mécanisme qui se comporterait de la même façon que le comportement qu'il
prétendrait simuler, pour produire des résultats que les physiciens eux-mêmes n'auraient
pas imaginé.
 Machine Learning : les systèmes quantiques peuvent être conçus pour "apprendre" des
modèles d'états en vagues simultanées énormes plutôt qu'en balayages successifs et
séquentiels. Mais si les mathématiques peuvent circonscrire un ensemble de résultats
quantiques probables, ils ne peuvent pour l'heure pas simuler comment ces résultats
peuvent être atteints. De quoi douter de l'imminence d'un Machine Learning quantique, qui
prendra des années à se développer.
 Décryptage : ce qui rend les codes de chiffrement si difficiles à déchiffrer, même pour les
superordinateurs modernes, c'est le fait qu'ils sont basés sur des facteurs de nombres
extrêmement élevés, nécessitant un temps excessif pour être isolés par "force brute".
Un ordinateur quantique opérationnel devrait isoler et identifier ces facteurs en quelques
instants seulement, rendant le système de codage RSA obsolète. En 1994, Peter Shor,
professeur au MIT, a mis au point un algorithme quantique pour factoriser les valeurs, que
les expérimentateurs qui construisent des systèmes quantiques à faible débit ont déjà testé
avec succès, bien qu'avec des quantités plutôt faibles. Lorsque les ordinateurs quantiques à
large qubit seront réalité, peu de chercheurs doutent de la puissance de l'algorithme de
Shor pour démolir toute la cryptographie actuelle.
 Chiffrement : pour certains, il s'agit là d'une réelle opportunité. Un concept appelé
distribution de clés quantiques (QKD - quantum key distribution) permet d'espérer
théoriquement que les clés publiques et privées que nous utilisons aujourd'hui pour chiffrer
les communications pourront bientôt être remplacées par des clés quantiques soumises aux
effets de l'intrication.
Théoriquement, toute tierce partie brisant la clé et tentant de lire le message détruirait
immédiatement le message pour tout le monde. La théorie de la QKD est basée sur une
hypothèse énorme qui doit encore être testée dans le monde réel : que les valeurs produites
avec des qubits enchevêtrés sont elles-mêmes enchevêtrées et sujettes à des effets
quantiques partout où elles vont.
Qui sont aujourd'hui les acteurs de l'informatique
quantique ?
Malgré la remise en cause actuelle de la mondialisation et l'isolationnisme en vogue dans
certains pays, l'économie moderne reste mondialisée. Les laboratoires, les universités et les
fabricants qui s'intéressent au quantum ont leurs propres intérêts à travers le monde. Il n'y a
donc pas de véritable "course aux armements" entre pays pour construire le premier
ordinateur quantique complet.

D-Wave Systems
Citons d'abord D-Wave Systems, une entreprise privée qui travaille avec des organismes
gouvernementaux américains pour produire des appareils qui effectuent une forme
d'informatique quantique, appelée recuit quantique. Aujourd'hui, D-Wave produit un système
commercial qui, selon elle, est capable de supporter 2 048 qubits, soit beaucoup plus que ce
qui existe actuellement.
Bien que certains continuent de contester l'existence de tels appareils et mettent en doute le
caractère "quantique" de ses résultats, il convient de noter que les partenaires de D-Wave au
Quantum Artificial Intelligence Laboratory (QuAIL) sont la NASA et Google, tandis que ses
partenaires au Quantum Computation Center (QCC) sont Lockheed Martin et l'University of
Southern California.

Microsoft
Microsoft participe de son côté à des laboratoires de recherche quantique dans le monde
entier, cela dans tous les domaines. Le géant américain finance et soutient activement la
recherche en informatique quantique par l'intermédiaire de son groupe QuArC (Quantum
Architectures and Computation).
Pour promouvoir les concepts d'algorithmes quantiques, Microsoft a lancé en décembre 2017
un simulateur quantique et un kit de développement, avec un langage de programmation
spécifique au domaine appelé Q#, qui sont tous téléchargeables gratuitement et peuvent être
intégrés avec Visual Studio ou VS Code.

IBM
Pour sa part, IBM prétend à juste titre avoir construit plusieurs dispositifs de traitement
quantique fonctionnels, bien que limités à l'heure actuelle à un réseau de 20 qubits au mieux.
Tout comme Microsoft, IBM propose un kit de développement open source appelé Qiskit, et
invite les particuliers à expérimenter la production d'algorithmes quantiques à l'aide de son
simulateur 32 qubit.
Le géant américain souhaite mener en 2019 des expériences de construction d'ordinateurs
quantiques à son laboratoire Thomas J. Watson, en se basant sur des expérimentations
récemment synthétisées par des chercheurs de l'Université de Princeton et de l'Université du
Wisconsin.

Intel
Intel a travaillé à la fabrication de dispositifs d'informatique quantique comme le prototype de
17 qubits, en utilisant des procédés qui ne seraient pas très différents de la fabrication des
supraconducteurs classiques. Le problème est qu'Intel chercherait à remplacer le modèle
conventionnel du qubit, qui est supraconducteur et nécessite donc un sur-refroidissement, par
une alternative plus tolérante à la température qu'il appelle un qubit de spin.

En juin dernier, la firme américaine a produit une puce d'essai qui, selon elle, est capable de
supporter des qubits à la température beaucoup plus douce que -273 degrés Celsius. Une telle
puce ne peut cependant pas encore être considérée comme un processeur quantique complet.
L'Union européenne
En avril 2016, l'Union européenne a lancé un projet qu'elle appelle Quantum Technologies
Flagship, dans le but de stimuler la recherche et le développement en informatique quantique
en Europe. En octobre dernier, cette structure a annoncé le lancement d'une vingtaine de
projets connexes, dont l'Alliance Internet Quantum (QIA). Son but n'est rien de moins que la
conceptualisation d'un réseau global totalement enchevêtré, permettant théoriquement la
transmission instantanée des qubits entre stations répétitives.
Comment pourrait se présenter un ordinateur
quantique ?
Comment se présenteront les futurs ordinateurs quantiques ? Il ne s'agira pas d'un ordinateur
au sens classique du terme, avec son système de refroidissement, son processeur et sa
mémoire. Pour rappel, tout ordinateur électronique classique exploite le comportement naturel
des électrons pour produire des résultats conformes à la logique booléenne, qui veut que pour
deux états d'entrée spécifiques se trouve un certain état de sortie. Ici, l'unité de base de la
transaction est le chiffre binaire ("bit"), dont l'état est 0 ou 1. Dans un semi-conducteur
conventionnel, ces deux états sont représentés par des niveaux de basse et haute tension dans
les transistors.

A contrario, la structure d'un ordinateur quantique s'avèrera radicalement différente. Son unité
de base d'enregistrement d'état est le qubit, qui s'appuie également sur un état 0 et/ou 1.
Toutefois, au lieu de transistors, un ordinateur quantique obtient ses qubits en bombardant les
atomes de champs électriques perpendiculaires les uns aux autres, ce qui a pour effet d'aligner
les ions mais aussi de les maintenir séparés de manière pratique et équivalente. Lorsque ces
ions sont séparés par juste assez d'espace, leurs électrons en orbite deviennent, si vous voulez,
les adresses personnelles des qubits.

Alors qu'un ordinateur conventionnel se concentre sur la tension, un système quantique est
(passivement) concerné par un aspect des électrons au niveau quantique, appelé spin et lié au
moment angulaire de l'électron. La raison pour laquelle nous utilisons le terme "quantum" au
niveau subatomique de la physique s'appuie sur l'indivisibilité de ce que nous pouvons
observer, comme la quantité d'énergie dans un photon (une particule de lumière). Le spin est
l'un de ces composants délicieusement indivisibles, représentant le moment angulaire d'un
électron lorsqu'il orbite autour du noyau d'un atome.

La rotation d'un électron est toujours, comme le calculent les physiciens, 1/2 ; la seule
différence ici est la polarité, qui peut tout simplement être soit "haut" soit "bas". C'est l'état
"haut" ou "bas" du spin électronique qui correspond au "1" et au "0" du chiffre binaire
typique. Pourtant, c'est ici que l'informatique quantique se transforme en un trou noir logique,
à travers un tunnel de bruit blanc, et nous jette impuissants dans un univers capricieux dont les
lois et principes semblent concoctés par l'Université de Toontown.

La superposition et pourquoi vous ne pouvez pas la voir


Un qubit maintient l'état quantique pour un électron. Quand personne ne le regarde, il peut
atteindre simultanément l'état "1" et "0". Si vous le regardez, vous ne verrez pas cela se
produire, et si cela se produisait avant, cela s'arrête immédiatement. Pourtant, le fait que
l'électron du qubit tournait dans les deux sens à la fois, est vérifiable après coup. Il est
impossible de voir un électron dans un état de superposition parce que le témoignage exige
l'échange même des photons qui provoque l'effondrement d'une telle superposition. Comme
l'a sobrement expliqué un professeur de l'université de Fordham : "on ne comprend pas ça,
mais on s'y habitue."

Il existe de multiples états de superposition possibles. Voici pourquoi chaque qubit


supplémentaire dans un système quantique est plus influent que le précédent. Dans un
système à n qubits, le nombre d'états de superposition possibles pour chaque qubit est de 2n.
Dans le cadre des ordinateurs binaires, lorsque les processeurs 16 bits ont été remplacés pour
la première fois par des processeurs 32 bits, la valeur maximale non signée d'un octet n'était
plus 65 535 mais 4 294 967 295. Dans un système quantique, chaque qubit dans un rack de 32
unités d'atomes aurait 4 294 967 296 états de superposition possibles.
Pourquoi cela importe-t-il, si l'état final ne s'effondre qu'à 0 ou 1 de toute façon quand
quelqu'un ou quelque chose essaie simplement d'assister au phénomène ? Parce qu'avant cet
effondrement, chacun de ces états est une valeur valide et possible. Pendant cette étrange
période de boîte noire où il peut fonctionner sans être observé et sans être perturbé, un
processeur quantique est capable d'exécuter de véritables fonctions algorithmiques sur des
unités qui ressemblent finalement très peu à des chiffres binaires.

Les ingénieurs quantiques ont une façon élégante de représenter les états de spin des qubits,
empruntée à un physicien suisse émigré aux Etats-Unis, Felix Bloch, qui a obtenu le prix
Nobel de physique en 1952 pour avoir découvert le principe de la résonance magnétique
nucléaire. Si vous pouvez imaginer une boule de billard avec un point et une ligne imaginaire
à partir du centre de la boule à travers le centre du point et vers l'extérieur comme vecteur,
alors vous pouvez imaginer une sphère de Bloch.

Chaque état de superposition qu'un qubit peut prendre peut être représenté par un vecteur dans
une sphère de Bloch, auquel vous pouvez penser en termes d'angles sur les axes x et y de la
sphère. En utilisant la géométrie ordinaire, le vecteur peut être exprimé en fonction du cosinus
de cet angle par rapport à l'axe z, ajouté au sinus de cet angle par rapport à l'axe z.
À quoi ressembleront les premiers programmes
quantiques ?
L'astuce dans l'écriture d'un algorithme quantique est d'imaginer que vous pouvez réellement
voir, ou mesurer, les qubits dans leurs états de superposition, de sorte que vous puissiez leur
donner des instructions sur ce qui se passe ensuite et causer des ajustements à ces états. En
réalité, l'acte même de tenter d'assister à une superposition entraîne une décohérence - le
retour des qubits à leur état classique 0 ou 1. La décohérence finit toujours par se produire
dans un système quantique, souvent après quelques minutes, ou si vous avez de la chance, en
moins d'une heure.

Tout l'intérêt d'un programme quantique devient de profiter pleinement de la capacité de


manipuler de quelle façon toutes ces boules de billard sont pointées alors que personne ne
regarde, avant leur décohérence. Il existe deux types de programmes quantiques, qui
fonctionnent très différemment l'un de l'autre :

 Un programme utilisant des portes quantiques suivant la suggestion originale de Richard


Feynman, pour lequel il pourrait exister d'autres formes de logique dans l'espace
quantique. Avec un ordinateur binaire, une porte ET ou OU prendrait deux entrées de
tension discrètes comme bits et produirait une certaine sortie. Dans un circuit quantique,
plusieurs qubits peuvent être utilisés comme entrées, et le résultat peut être une forme
d'état de superposition, que la représentation de la sphère de Bloch décompose en valeurs
mathématiques - incluant, très probablement, des nombres complexes.
 Un système de recuit quantique, tel que celui que produit actuellement l'onde D-Wave,
emprunte une voie très différente. Au lieu d'établir un circuit quantique, un recuit traduit
des formules (appelées "Hamiltoniennes") qui décrivent l'état physique du système
quantique, en états physiques réels. Alors que n'importe quel ordinateur quantique peut
utiliser ces formules pour décrire l'état initial, un recuit utilise des formules similaires pour
représenter des changements infimes dans l'état désiré du système, par étapes très
incrémentielles sur le chemin vers l'état final désiré. Chaque étape bouleverse les qubits, de
telle sorte que leur état à l'étape finale représente l'ensemble des probabilités qui forment la
solution finale.
Les perspectives réelles d'un écosystème quantique
Si chaque technologie "révolutionnaire" était garantie de succès financier ou commercial,
vous tiendriez aujourd'hui dans vos mains un processeur de bord à commande vocale avec des
transistors 3D alimentés par un supraconducteur de la taille d'un dixième de dollar d'une durée
de vie d'un demi-siècle, plutôt que ce que vous utilisez actuellement.

L'informatique quantique ne réussira pas vraiment à moins qu'il n'existe un modèle d'affaires
viable pour elle. Parce qu'un ordinateur quantique complet n'est pas et ne sera jamais portable
(contrairement à une boussole quantique, où la détection des perturbations est le but réel), le
seul moyen de le rendre commercial est de l'offrir en tant que service, comme les laboratoires
et les universités offrent des services de superordinateurs de nos jours.

Ce ne serait pas un "nuage quantique". Le cloud computing implique une sorte de location,
une location de capacité de calcul virtuel ou, dans le cas de la technologie dite sans serveur,
l'utilisation d'une solution. Il n'y a pas de division de la location dans l'espace quantique ; il
établit la situation hamiltonienne, exécute l'algorithme ou le modèle de recuit, laisse le
système exploser, et rend les résultats comme probabilités. Le temps n'est pas un facteur ; un
problème plus difficile peut ne pas prendre plus de temps qu'un problème plus simple, donc la
location à la minute est inutile.

Ce qui laisse une autre option, celle d'une solution sans serveur. Mais comme les solutions
sont des probabilités plutôt que des certitudes, et qu'elles sont sujettes à des variations, les
clients vont inévitablement s'interroger sur la valeur des solutions qu'ils obtiennent.  Il
semblerait que les premiers adeptes de l'informatique quantique incluraient probablement tous
ceux qui cherchent à démolir la cryptographie à base de RSA à la première occasion.

Mais pour que les fabricants d'ordinateurs quantiques commencent à en tirer profit, ils
voudront une clientèle plus stable que les pirates informatiques en herbe. Ils devront favoriser
des communautés de développeurs scientifiques et éducatifs désireux d'apprendre les règles et
les pratiques d'un univers complètement nouveau, afin de pouvoir apporter des solutions aux
problèmes auparavant insondables auxquels notre propre monde est confronté.

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Algorithmes et informatique
quantiques
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Mis à jour le 17/12/2019

L’informatique quantique révolutionnera les usages numériques dans les années à


venir en démultipliant la puissance de calcul des ordinateurs. Pour accompagner la
construction de l’ordinateur quantique et la progression vers les quelques milliers de
Qubits intriqués nécessaires à ce saut technologique, les équipes-projets de l'institut
développent d’ores et déjà des algorithmes dits quantiques qui permettront de
programmer ces machines d’un nouveau type.

© Inria / Photo D. Betzinger


 

Dans le monde numérique postquantique, de nouvelles capacités de calcul


permettront le traitement statistique d'énormes quantités de données, en
augmentant la rapidité d’analyse des intelligences artificielles.

Simulations complexes pour la mise au point de nouveaux matériaux ou de nouvelles


molécules aux propriétés inédites, optimisation des infrastructures, qu’il s’agisse de
trafic routier, de transport d'énergie ou de prédictions financières, appareils de
mesure de très haute précision, les applications du quantique ouvrent un champ
immense de nouvelles possibilités.

Résolument engagé pour construire une souveraineté technologique, Inria a mis le


quantique au cœur de ses priorités.
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L’informatique quantique : une réelle


menace pour la sécurité des connexions
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Posté le 5 mai 2020 par Philippe RICHARD dans Informatique et Numérique

Plus rapides que n'importe lequel de nos ordinateurs actuels, les machines quantiques
pourraient facilement « casser » les clés de chiffrement censées assurer la confidentialité de
nos échanges. Même si elles ne seront disponibles que dans une quinzaine d’années, elles
représentent un réel danger. Des experts tirent la sonnette d’alarme : un standard
cryptographie post-quantique doit être développé dès maintenant.
Imaginez tous vos courriers envoyés sans enveloppe. Tout le monde pourrait lire le contenu.
S’il s’agit d’un message plus ou moins anodin, ce n’est pas très grave. Mais si le contenu est
sensible (données bancaires, informations sur des projets confidentiels d’une entreprise,
données de santé d’un laboratoire…), l’impact peut être dramatique.
Pour éviter une telle situation, les particuliers comme les professionnels profitent tous les
jours des avantages de la cryptographie. Ce terme générique désigne l’ensemble des
techniques permettant de chiffrer des messages qui deviennent inintelligibles.
Avec la cryptanalyse (ensemble des techniques et méthodes utilisées pour retrouver le texte en
clair à partir du texte crypté), elle fait partie de la cryptologie, la science des messages secrets.
La cryptographie sécurise l’information transmise de plusieurs façons.

 Par la confidentialité : seul le destinataire peut récupérer la version non chiffrée de


l’information transmise.
 Par l’intégrité : l’information n’a pas été modifiée pendant sa transmission.
 Par l’authentification : chacun est bien celui qu’il prétend être.
 La non-répudiation : l’émetteur ne peut pas nier avoir transmis l’information chiffrée.
 Le contrôle d’accès : seules les personnes autorisées par l’émetteur et le destinataire
peuvent accéder à l’information.
Toutes ces garanties reposent en partie sur des clés de chiffrement. Le
chiffrement RSA (développé par Ronald Rivest, Adi Shamir et Leonard Adleman) est l’un
des plus utilisés. Mais il repose sur un postulat des plus basiques et présente des faiblesses qui
impactent son niveau de confidentialité.
Plusieurs fois, des scientifiques ont ébranlé la forteresse RSA. Demain, la situation risque
d’être encore plus anxiogène avec l’avènement de l’informatique quantique. Ces machines
pourraient deviner une clé de cryptage en quelques heures !
Et l’informatique quantique progresse très vite. En 2015, des chercheurs avaient prédit qu’un
ordinateur quantique aurait besoin d’un milliard de qubits pour être capable de craquer le
système RSA de 2 048 bits. Des recherches plus récentes suggèrent qu’un ordinateur de
20 millions de qubits pourrait faire le travail en seulement huit heures.
Mais pour l’instant, la première machine quantique commercialisée (le D-Wave 2X) – et
acquise par Google en 2013 pour 15 millions de dollars – n’affiche que 2 048 qubits.
Néanmoins, les gouvernements et les entreprises doivent commencer à réfléchir dès
maintenant à la manière dont ils assureront la sécurité de leurs données une fois que
l’informatique quantique sera une réalité.
C’est la conclusion du récent rapport publié par la RAND Corporation et intitulé « Securing
Communications in the Quantum Computing Age : Managing the Risks to Encryption ».
Créée en 1945, cette association américaine à but non lucratif a pour objectif d’améliorer la
politique et le processus décisionnel par la recherche et l’analyse. Elle est reconnue pour la
qualité de ses rapports validés par ses membres, dont plusieurs Prix Nobel et mathématiciens.
Selon la RAND Corporation, cette menace pourrait tout affecter, des communications
militaires aux dossiers médicaux.
« L’avènement des ordinateurs quantiques présente un risque rétroactif : les informations
qui sont transmises aujourd’hui de manière sécurisée peuvent être récupérées par des
personnes malveillantes  (ou des États, NDLR)  dès aujourd’hui afin d’être déchiffrées et
révélées plus tard, une fois que les machines quantiques seront disponibles à plus grande
échelle », écrit Evan Peet, co-auteur du rapport et économiste à la RAND Corporation.
« Si la mise en œuvre de nouvelles mesures de sécurité n’a pas lieu au moment où les
ordinateurs quantiques capables de fonctionner sont développés, il peut devenir impossible
de garantir une authentification sécurisée et la confidentialité des communications », ajoute
Michael Vermeer, auteur principal du rapport.
Selon ce physicien de la RAND Corporation, il faut commencer « dès maintenant » à entamer
des recherches sur des protocoles pour la cryptographie post-quantique. Mais il faudra de
longues années avant qu’un standard ne soit développé, normalisé et déployé…
Pour aller plus loin
 Dans l'actualité

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quantiques
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 Minage des cryptomonnaies   : un business pour les cybercriminels
 Les cryptomonnaies : phantasmes et réalités
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 Dans les ressources documentaires

 Cryptographie - Algorithmes
 Cryptographie - Mathématiques
 Distribution quantique de clés cryptographiques DQC
 RSA : la fin des clés de 768 bits
 Réglementation en matière de cryptologie

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[EN VIDÉO] Interview : en quoi un ordinateur quantique est-il différent ?  Le monde
quantique est fascinant : à cette échelle, par exemple, les objets peuvent se trouver
simultanément dans plusieurs états. Exploitant ce principe, un ordinateur quantique aurait
des possibilités bien plus vastes qu’un modèle classique. Dans le cadre de sa série de
vidéos Questions d’experts, sur la physique et l’astrophysique, l’éditeur De Boeck a
interrogé Claude Aslangul, professeur à l’UPMC, afin qu'il nous explique le
fonctionnement de cette étrange machine. 

Un ordinateur quantique est l'équivalent des ordinateurs classiques mais qui effectuerait ses
calculs en utilisant directement les lois de la physique quantique et, à la base, celle dite de
superposition des états quantiques. Alors qu'un ordinateur classique manipule des bits
d'information, qui sont soit des 0 soit des 1, un ordinateur quantique utilise des qubits. Ceux-ci
sont des généralisations des bits classiques, qui sont en quelque sorte une superposition
simultanée de ces deux états, comme peut l'être, par exemple, un état de spin pour un photon ou
un électron.
Dans certains cas, un ordinateur quantique peut faire des calculs beaucoup plus rapidement
qu'un ordinateur classique. Il faudrait toutefois disposer pour cela d'un très grand nombre de
qubits. Or, cela ne va pas de soi. Car plus ce nombre est grand, plus la superposition des états
quantiques est instable et peut disparaître avant que le calcul demandé ne soit mené à terme.
Les physiciens savent déjà faire quelques ordinateurs quantiques, mais ceux-ci sont très
élémentaires, et beaucoup pensent que seuls des simulateurs quantiques - des calculateurs
spécialisés dans la résolution de problèmes bien particuliers et pas des machines de Turing
universelles programmables en théorie pour pouvoir effectuer n'importe quel algorithme - seront
vraiment en mesure de concurrencer des ordinateurs classiques. La course à ces machines,
ordinateurs ou simplement simulateurs quantiques, est lancée de par le monde et fait l'objet
d'une compétition entre des grands acteurs de l'informatique comme IBM et Google.
L’origine des ordinateurs quantiques
Le grand physicien Richard Feynman a été un des premiers à comprendre au début des
années 1980 que l'on pouvait mettre à profit les lois de la mécanique quantique pour simuler et
mieux comprendre des systèmes quantiques à l'aide d'autres systèmes quantiques. Il se trouve
en effet, notamment dans le domaine de la chimie quantique et de la physique du solide que l'on
soit assez rapidement limité par le volume de calculs nécessaires pour les simuler à l'aide
d'ordinateurs classiques. Mais comme l'explique Feynman dans son célèbre ouvrage Leçons sur
l’informatique, il est possible au minimum de faire des calculateurs ou des simulateurs quantiques
qui permettent de contourner l'obstacle. On doit pour cela, comme on l'a expliqué précédemment,
utiliser des généralisations des bits d'information classique que l'on appelle des qubits et
construire des portes logiques quantiques qui opèrent sur ces qubits. Comme l'indique le
physicien Claude Aslangul dans la vidéo ci-dessus, la superposition quantique et le phénomène
d'intrication quantique permettent alors, en quelque sorte, d'effectuer un grand nombre de calculs
en parallèle.
La recherche sur les ordinateurs quantiques, ou plus généralement sur les possibilités ouvertes
par ce que l'on appelle l'information et les calculs quantiques s'est bien développée depuis une
dizaine d'années comme le prouve le livre de Scott Aaronson, Quantum Computing since
Democritus. Mais il y a toutefois encore quelques confusions qui règnent dans les médias en ce
qui concerne ce que peuvent faire ou ne pas faire des ordinateurs ou des calculateurs
quantiques.
Ordinateurs et calculateurs quantiques ne sont pas la
même chose
Un ordinateur quantique, comme tout ordinateur, est censé pouvoir être programmable pour
exécuter n'importe quel algorithme quantique. Un calculateur quantique ne peut exécuter qu'un
seul algorithme ou pour le moins, une classe d'algorithme. On ne peut le programmer pour
effectuer n'importe quelle tâche. En outre, s'il est bien exact que certains algorithmes quantiques
sont capables, si l'on dispose d'un assez grand nombre de qubits, de battre à plate couture un
ordinateur classique, cela ne signifie nullement qu'un ordinateur quantique est systématiquement
plus performant qu'un ordinateur classique.
Pire, quand un algorithme quantique semble plus rapide qu'un calcul sur ordinateur classique, il
est tout à fait possible que le premier soit finalement un jour battu par le second à la faveur d'un
algorithme plus efficace. La supériorité souvent avancée des ordinateurs quantiques pourrait bien
être toute relative. De fait, c'est ce qui s'est produit avec un buzz exagéré par beaucoup de
médias en ce qui concerne un calculateur quantique, et pas un ordinateur, utilisé par les
chercheurs de Google.
Enfin, il y a aussi avec les ordinateurs ou les calculateurs quantiques, le formidable problème de
la décohérence quantique, l'influence des perturbations de l'environnement qui dégrade d'autant
plus rapidement un calcul quantique qu'il repose sur un nombre de plus en plus élevé de qubits.
On ne sait toujours pas s'il est possible de s'en affranchir, même s'il est sans doute possible d'en
limiter les effets avec des codes correcteurs d'erreurs quantiques analogues à ceux déjà utilisés
avec les ordinateurs classiques. De fait, lors de l'interview qu'il avait accordé à Futura-Sciences,
le cosmologiste Max Tegmark, qui s'intéresse à ces ordinateurs, nous avait dit que les experts du
domaine qu'il avait consulté ne s'attendaient pas, en général, à la réalisation d'un ordinateur
quantique performant avant 2050.
La décohérence et les divers ordinateurs quantiques
possibles
Le problème de la décohérence peut se comparer à la construction d'un château de cartes :
chaque carte représente un qubit. Pour bâtir un processeur, il faut fabriquer un château, le plus
grand possible si l'on veut un gros processeur. La décohérence, c'est un coup de vent qui vient
abattre l'édifice. Pour parer à ce problème, il faut isoler notre château de son environnement, et
en particulier de tout souffle de vent. Imaginons donc que ce château de cartes soit un
calculateur très puissant, mais qu'il s'écroulerait si souvent et si vite qu'aucun calcul pratique
n'aurait le temps d'être réalisé.
Plusieurs voies sont explorées dans de nombreux laboratoires dans le monde pour tenter de
contourner l'obstacle de la décohérence et permettre la réalisation pratique de calculateurs
quantiques. On a essentiellement deux approches permettant de fabriquer des qubits :

 les circuits « solides », comme des circuits supraconducteurs ou des boîtes quantiques ;
 des systèmes plus « exotiques », comme des ions piégés, les centres colorés du diamant,
etc.
La première solution présente un avantage considérable : des circuits avec des jonctions
Josephson comme ceux étudier à l'Institut Néel, ou que D-Wave Systems affirme utiliser pour ses
calculateurs quantiques, sont en théorie réalisables en grand nombre sur une puce, comme on le
fait actuellement pour les processeurs. C'est la notion de circuit intégré. Ce n'est pas gagné, mais
cela devrait pouvoir marcher.
Par contre, énorme désavantage, ces circuits sont très sensibles à la décohérence, et on peut
raisonnablement penser qu'un processeur quantique à base de jonctions Josephson ne
marchera qu'à de très basses températures. De fait, la puce de D-Wave Two est censée
fonctionner à une température de 20 mK environ, ce qui est très proche du zéro absolu. Ceci dit,
pour des applications très spécifiques, c'est-à-dire non grand public, ce problème peut être géré.
Bien entendu, il ne faudrait donc pas s'imaginer avoir un jour des ordinateurs quantiques
personnels : à ce jour, la cryogénie n'est pas vraiment portable...
Lorsque l'on se tourne vers la deuxième solution, les dispositifs réalisés fonctionnent à
température ambiante. Ceux avec des ions piégés résistent particulièrement bien aux
perturbations de l'environnement, avec un temps de décohérence long. Par contre, faire
fonctionner un grand nombre de qubits de ce type posera de nombreux autres problèmes : à
l'heure actuelle, on ne voit pas comment on pourrait « intégrer » de tels systèmes sur une puce...
Une autre approche envisagée pour lutter contre la décohérence suppose d'utiliser des codes
quantiques. Il s'agit de l'analogue dans le domaine de l'information quantique des codes
correcteurs d'erreurs bien connus dans le cadre de la théorie de l'information classique.
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