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P.

Tissot

Améliorations récentes apportées à la culture du Cacaoyer et à


la préparation du cacao dans le monde
In: Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale. 15e année, bulletin n°162, février 1935. pp. 103-115.

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Tissot P. Améliorations récentes apportées à la culture du Cacaoyer et à la préparation du cacao dans le monde. In: Revue de
botanique appliquée et d'agriculture coloniale. 15e année, bulletin n°162, février 1935. pp. 103-115.

doi : 10.3406/jatba.1935.5470

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jatba_0370-3681_1935_num_15_162_5470
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(apindji, simba) ; ébuba (mitsogo) ; dilindi (éshira, bapunu, masangu) ;


èlèndé (ivéa).
Contrairement à ce qu'ils font avec les écorces citées précédem
ment, les Indigènes ne mettent dans le vin de palme qu'un tout petit
morceau de tubercule vénéneux, gros comme la phalange du pouce.
Une plus grande quantité pourrait occasionner des accidents mortels.
Mais cette petite parcelle suffit pour exciter la fermentation et produire
une mousse abondante. Le vin de palme ainsi préparé porte facil
ement à la tête. Son abus provoque des étourdissements et de fortes
diarrhées.

Améliorations récentes apportées à la culture


du Cacaoyer et à la préparation du cacao
dans le monde.
Par P. TISSOT.

Depuis le début du xxe siècle, la culture du Cacaoyer a pris une


extension extraordinaire dans les pays tropicaux pour suffire à une
consommation sans cesse accrue jusqu'à ces dernières années. Il
semble que l'on arrive aujourd'hui à une stabilisation de la demande
industrielle du cacao. C'est ainsi qu'en France les importations de ce
produit oscillent depuis 1930 aux environs de 40000 t. Ces besoins
sont entièrement couverts, h l'heure actuelle, par la production colo
niale grâce aax vigoureux efforts qui ont été faits, non dansles vieilles
colonies (les Antilles : Guadeloupe et Martinique, qui étaient nos prin
cipaux fournisseurs, il y a un siècle, n'ont produit l'année dernière
qu'un milier de t.) mais dans nos possessions africaines : la Côte
d'Ivoire (41 500 t. en 1934) et le Cameroun (17 000 t.) Quelques autres
colonies possèdent des plantations de Cacaoyers ; mais leurs exporta
tionsrestent insignifiantes : 150 t. pour Madagascar, 165 t. pour
l'A. E. F., 15 t. pour le Dahomey, 5 t. pour la Guyane, en 1933.
L'extension des surfaces cultivées ne semble pas plus indiquée
pour les autres pays que pour nos territoires : pour satisfaire à la
demande mondiale, les contrées où l'on récolte le cacao depuis long
temps (Brésil, Equateur, Trinidud, Venezuela) ont accru leurs planta-
lions, d'autres pays (Gold Coast, Nigeria, Togo, Fernando Po, Costa
Rica et Panama) ont introduit le Cacaoyer chez eux et leur concur-
— 104 —

rence tend à éliminer les anciens producteurs du marché. L'améliorat


ion des méthodes culturales et des moyens de lutte contre les paras
ites, l'accroissement des rendements sont certainement plus import
antsà l'heure actuelle pour abaisser les prix et résorber les stocks
qui pèsent sur le marché que l'extension pure et simple des plantations.
La culture du Cacaoyer en Amérique et en Afrique, a conservé
longtemps une forme extensive et des méthodes empiriques. Peu de
progrès avaient été accomplis dans le choix des races, la culture pro
prement dite et la préparation du cacao ; on manquait de stations
expérimentales bien outillées et de personnel scientifique spécialisé.
Ce n'est guère que dans ces trente dernières années que des études
botaniques sérieuses ont été faites et que les gouvernements, compre
nant enfin l'intérêt économique de la question, ont créé des Instituts
de Recherches, notamment aux Antilles (Trinidad) et à la Gold Coast.
De nombreux travaux ont été entrepris, les uns sans succès, les autres
sont encore encours à l'heure actuelle; certains résultats obtenus
sont encourageants et méritent d'être examinés.

A. — Amélioration» culturales.

I. Choix de la variété et sélection.


Les races et variétés de cacao cultivées sont très nombreuses:
Liferri s'est attaché à leur étude; nous avons eu l'occasion d'analyser,
dans cette Revue, son important travail (1). La classification qu'il
propose ne réunit pas l'adhésion de tous les botanistes : c'est ainsi
qu'il considère que les Cacaoyers cultivés appartiennent tous à l'espèce
T. Cacao ; T. leiocarpa Bern, et T. sphaerocarpa A. Chev. ne seraient
que des variétés et ne mériteraient pas le nom d'espèces.
Pour les variétés qu'il a observées et décrites, Ciferri a établi la
classification suivante :
1° T. Cacao var. typica Cif. = T. Cacao, sensu Bernouilli-Pit-
tier, englobant les Cacao criollo de Venezuela, Cacao dulce. Cacao
Blanco.
2° T. Cacao var. leiocarpa (Bern.) Cif. comprenant les Cacao
Calabacillo, Cacao Trinitario.
3° T. Cacao var. typica X T. Cacao var. leiocarpa réunissant les
Cacao For aster o.

(1) ft. B. A., \9U, n° 1,p. 67.


— 105 —

II est à noter cependant qu'il existe d'autres espèces ou variétés,


plus ou moins bien connues au point de vue botanique, mais on ne les
exploite pas car elles ne donnent pas de produit marchand.
Quelle que soit la variété considérée, le Cacaoyer, à l'état sauvage,
ne porte qu'une dizaine de fruits ou cabosses, contenant un faible poids
de graines. Dans les plantations où l'on n'a pas fait de sélection, plus
de 40 % des arbres exploités présentent les mêmes caractères. L'un
des premiers buts que se propose la sélection est donc l'accroissement
de la production ; ce n'est pas le seul : il est nécessaire de tenter l'ob
tention de plants résistants aux diverses maladies.
L'accroissement de la production est obtenue par l'augmentation
du nombre des cabosses par arbre et par l'augmentation du nombre
et du poids des graines par cabosse. C'est SiocKDALEqui, a Trinidad, a
montré l'importance de ce point dont on ne s'occupe pas assez : parce
qu'un Cacaoyer porte beaucoup de fruits, on en déduit souvent qu'il
est bon producteur sans examiner le rapport entre le poids des graines
et de la coque. Or ce rapport peut baisser jusqu'à 1/3 : dans ce cas, on
a très peu de produit marchand, donc très peu de profit.
Deux moyens de sélection s'offrent au planteur : la sélection par
graines, la sélection végétative (greffe, marcotte ou bouture). Des
essais comparatifs ont été entrepris dans presque toutes les stations
expérimentales, mais c'est celle de Trinidad qui étudie la question
depuis le plus longtemps (1914). La greffe donne toujours des résultats
supérieurs au semis :
Cacao commercial
en kg. par ha. et par an
1918-1933 1933
1° Ombrage d'Immortelles {Erythrina velutina)
Cacaoyer provenant de graines 452 510
» » greffes en fente 425 742
» » greffes en écusson 447 875
2° Sans ombrage :
Cacaoyer provenant de graines 412 675
» » greffes en écusson 380 636

Ces données nous montrent que la moyenne des rendements de


quatorze années est supérieure pour les Cacaoyers issus de graines à
celle des Cacaoyers issus de greffes, mais les deux dernières récoltes
ont complètement inversé ces résultats.
G. Bondar, chef de la Section d'agriculture de l'Institut du cacao à
Bahia, a étudié les mérites respectifs de la greffe et des autres méthodes
de multiplication : marcottes et boutures. C'est à ces dernières qu'il
donne la préférence, à la suite des résultats obtenus au Brésil.
Lorsqu'on veut, malgré tout, semer des graines, il faut ne les
— 106 —

extraire que de cabosses complètement mûres et ne pas les conserver


trop longtemps car elles perdent assez rapidement leur pouvoir ger-
minatif. C'est un obstacle à l'introduction de graines sélectionnées
d'une région dans une autre assez éloignée. Les stations expériment
ales des Antilles anglaises se sont préoccupées de ce problème ; des
essais de conservation à différentes températures et dans différentes
conditions ont été effectués à Trinidad; en règle générale, on ne peut
garderies graines plus d'une trentaine de jours, à de basses tempéra
tures (12 à 16° G.) ; au-delà, il y a apparition de champignons : Botryo-
diplodia theobromae notamment et Gloeosporium luxificum.
A des températures plus élevées (20 à 25* C), les champignons appa
raissent dès le 10e ou le 12e jour; la conservation ne doit pas alors
être tentée. On a bien essayé, ces années dernières, d'allonger cette
durée en enrobant les graines dans différents produits chimiques
(notamment la vaseline, la paraffine ou le latex de diverses plantes) ;
on y a réussi, et le pouvoir germinatif a pu être maintenu intact une
dizaine de jours supplémentaires pour chaque température considérée :
ainsi, à 12-16° C, on pourra conserver les graines 40 jours au lieu
de 30.
Le choix d'un arbre-mère, à reproduire par graines ou a multiplier
végétativement, est toujours délicat. On a recherché un critérium
certain, mais en dehors du nombre de cabosses et du poids des graines,
on n'a rien découvert de net. C'est ainsi qu'à Trinidad, un certain
nombre d'expériences ont été faites pour voir si les Cacaoyers issus de
parents portant des cabosses jaunes produisaient plus ou moins que
ceux provenant d'arbres à fruits rouges. Les résultats ont été les sui
vants :
Cacao commercial
en kg. par ha. et par an
1924-1933 1933
Cacaoyers issus de graines de cabosses jaune 335 800
» » » » rouge clair 270 685
» » » » » foncé 330 962
Cacaoyers provenant de greffons de cabosse jaune 280 960
» » » > rouge clair 315 820
» » » » » foncé 742 1630

Ainsi, les pieds greffés ont donné de meilleures récoltes que les
pieds issus de graines : ce sont les Cacaoyers portant des cabosses
rouge foncé qui semblent les meilleurs producteurs. La série d'expé
riences se continue encore à l'heure actuelle, car d'autres essais n'ont
pas montré de rapport entre la coloration des cabosses et des jeunes
feuilles et la qualité des arbres.
— 107 —

C'est donc la propagation végétative qui donne les meilleurs résul


tats: elle préserve l'uniformité du type et conserve en général le re
ndement d'arbre à arbre.
La greffe présente cependant parfois quelques inconvénients : le
porte-greffe semble avoir une influence souvent défavorable sur le
greffon, et l'on voit souvent des pieds greffés produire à peine la moitié
de ce que produisaient les arbres sur lesquels on a pris les greffons.
Ce sont donc les boutures de bois jeune ou le marcottage que les
planteurs doivent uniquement employer. Les conditions d'enracine
ment des boutures varient avec le sol et le climat; elles sont donc à
étudier pour chaque région. Elles semblent bien définies, mais il est
nécessaire d'étudier encore la question avant d'avoir une idée bien
arrêtée. La seule chose à faire pour l'instant, c'est de choisir les bou
tures sur des Cacaoyers qu'on a reconnus vigoureux et bons product
eurs. La marcotte est très employée au Brésil où elle donne des
résultats satisfaisants.
La sélection doit tendre aussi à obtenir des arbres résistants aux
diverses maladies. La chose est certainement possible. On devrait
avoir des Cacaoyers immunisés vis-à vis du Phytophtora palmivora
(== P. Faberi), leur plus grave maladie. C'est une longue suite de
recherches à entreprendre par les Stations spécialisées : il est à sou
haiter qu'elles aboutissent.

II. Besoins écologiques.

Climat. — Les Cacaoyers ne végètent bien que dans les pays où la


température ne descend pas au-dessous de 15° C. Ils ont besoin d'hu
midité : ce sont les chutes de pluie assez abondantes qui ont permis
l'extension extraordinaire de la culture à la Gold Coast et dans nos
possessions africaines : Côte d'Ivoire et Cameroun.
Les pays où les pluies sont insuffisantes ont été obligés de créer des
réseaux d'irrigation (région côtière du Venezuela, entre la Guaira et
Puerto Cabello ; quelques parties de San Thome"), et ne luttent avan
tageusement sur le marché mondial que grâce à la finesse et à la
saveur des graines qu'ils obtiennent. Il faut donc se garder, surtout
en ce moment, d'étendre les plantations là où les conditions météoro
logiques ne sont pas spécialement favorables à la culture.

Sols. — Malgré les nombreuses analyses physico-chimiques effec


tuées depuis quelques années, on est encore très mal renseigné sur la
— 108 —

composition des sols réputés « bons » pour le cacao. Les recherches


les plus importantes ont été faites aux Antilles, par les Anglais, dans
le but de trouver, en général, quels sont les engrais à incorporer aux
terres pour augmenter les rendements. C'est ainsi que MM. Hardy,
Akhurst et Griffith ont étudié les sols de quelques plantations de
Trinidad et sont arrivés aux conclusions suivantes : les Cacaoyers
donnent de bons rendements dans des sols de profondeur moyenne,
voisins de la neutralité (pH oscillant entre 6,6 et 7); de texture plutôt
sableuse, avec cependant une bonne proportion de matières organi
ques.Ces résultats ne semblent pas absolus : c'est ainsi qu'on a trouvé
des plantations de Cacaoyers à gros rendement sur des sols de pH =
7,4 à 8,2 (donc nettement alcalins) à Tobago, et de pH = 4 à 5 (donc
nettement acides) à Java. Quant à la composition physique, elle est
elle-même extrêmement variable : à San Thomé, on a surtout des
terres sableuses; à Surinam, des alluvions argileuses; aux Antilles et
à Java, des terrains volcaniques poreux, et sur chacun de ces sols, les
plantations donnent d'excellents résultats. Nous sommes donc encore
peu renseignés sur les exigences du Cacaoyer, et le facteur sol appar
aît comme ayant une importance moins marquée que le facteur
climat.

Engrais chimiques et organiques. — Beaucoup de planteurs


pensent, comme le faisait auJrefois Hart (1), qu'un Cacaoyer d'appa
rence vigoureuse n'a pas besoin d'engrais. 11 est inutile de dire que
cette idée ne tient pas devant les faits.
La difficulté commence lorsqu'il s'agit de choisir l'engrais conve
nable pour une plantation donnée. Il est évident qu'on ne peut
employer des mélanges arbitrairement composés. D'autre part, nous
venons de voir que les analyses du sol effectués jusqu'à ce jour ne
nous donnent que des résultats approchés. On a tenté, dans ces toutes
dernières années, de s'appuyer sur les variations de composition cen
tésimale des organes végétatifs, des feuilles en particulier. De nomb
reuses recherches dans ce sens sont poursuivies en Angleterre et
aux Etats-Unis sur divers arbres fruitiers ; les résultats seront certain
ement applicables au Cacaoyer. On voit donc que les recherches théo
riques ne sont pas abandonnées jusqu'à présent, loin de là. Mais, pour
l'instant, on en est réduit aux expérimentations directes : on en a
effectué un certain nombre dans les colonies anglaises (Antilles-Gold
Coast) et au Brésil.
(1) Hart. — Cacao, 1911, p. 52.
- 109 -

11 existe, chez le Cacaoyer, une certaine balance entre les quantités


dépotasse, d'azote et de phosphate assimilable et assimilé. C'est ainsi
que parmi les engrais minéraux, les phosphates (notamment sous
forme de superphosphates), employés en quantité modérée, ont
donné d'excellents résultats. Si on les répand à haute dose, on cons
tateimmédiatement une déficience de potasse, caractérisée par une
diminution flagrante du rendement.
Le phosphate seul, d'ailleurs, augmente l'assimilation de la potasse
et de l'azote.
Un engrais potassique seul n'est pas suffisant pour agir sur le rap-
a zc%1 fi
port , ce qui montre que le Cacaoyer n'est pas capable d'absorb«r

suffisamment de potasse quand les phosphates font défaut. Or, ce


rapport est très important : quand il s'élève (et cela arrive générale
ment dans les cas de carence potassique), le Cacaoyer voit sa vigueur
diminuer et lés parasites (les Thrips en particulier) lui causent beau
coup plus de dégâts.
Pour une terre franche, de pH voisin de la neutralité, le mélange
suivant a donné toute satisfaction à Trinidad, où on l'emploie depuis
plus de huit années :

Sulfate d'ammoniaque *— 250 kg. à I'ha*.


Phosphates naturels (ou super) 150 » »
Sulfate de potasse 100 » »

Ces chiffres n'ont rien d'absolu; ils peuvent donner une base de
départ. Leur intérêt n'est pas discutable; ils sont à mettre simplement
en harmonie avec le climat, le sol et l'état de la végétation.
On peut se servir aussi de fumier, soit de fumier naturel si l'on
possède quelques animaux, soit de fumier artificiel qu'il est aujour
d'huifacile de préparer (1). -
L'emploi des engrais verts, fournissant des hydrates de carbone
surtout, n'est plus à recommander : les expériences conduites ces der
nières années n'ont fait que confirmer l'utilité des Tephrosia, des
Leucaena, des Crotalaria et des Desmodium.
Quant aux arbres d'ombrage, il est bon d'employer Albizzia
moluccana, qu'on remplace tous les trois ou quatre ans, ou bien
Erythrina glaûca, Cedrella odorata et Mangifera indica.

(1) Voir Deoss J. — Fumier artificiel, R. B. A., 1935, n» i, p. l.


,

Revue de Bot. Appl. $


— 110 —

III. Semis et culture.


Le semis directement en place semble dans tous les cas préférable.
Certains planteurs disposent leurs graines ou leurs boutures dans des
pépinières et ne les transplantent qu'au bout de quelques mois. Ce
sont un travail et une dépense supplémentaires et inutiles.
Quand le terrain est bien défriché et bien préparé, on peut disposer
les graines ou les boutures en ligne, en ayant soin de laisser un inter
valle assez grand entre chaque arbre. La distance de plantation est,
dans beaucoup de culture, trop faible (2 m. à 2 m. 50 parfois) ; c'est
insuffisant et les rendements s'en ressentent.
A ce sujet, la station expérimentale de Trinidad a effectué, depuis
une quinzaine d'années, des essais. Voici les résultats qu'elle a ob
tenus, dans des terrains d'expériences d'un 1/2 ha. environ chaque.
Cacao commercial en kg. par ha. et par an.
4X4m. 4,75X4,75 m. 5X50X5,50 m. 6,25 X 6,25 m
Moyenne 1919-1923 335 242 150 138
1924-1928 510 584 498 440
1929-1933 703 718 710 690

C'est donc là où les Cacaoyers étaient plantés en carrés d'environ


4,75 X 4,75 m. qu'on a obtenu les meilleurs résultats. Cette moyenne
est à retenir; elle nous donne une densité d'environ 450 à 475 arbres
à l'ha.
Les soins à apporter à la plantation se réduisent à maintenir le sol
propre et fertile, à surveiller les arbres d'ombrage. Il faut également
faire quelques élagages de façon à permettre aux Cacaoyers une cer
taine régularité dans le développement de leurs branches principales,
ce qui favorise ensuite la cueillette.

B. — Ameliorations de la préparation du cacao.

Les Cacoyers mûrissent leurs cabosses sur quelques mois. C'est ainsi
que dans l'W africain (qui nous intéresse à juste titre puisque c'est de
là que nous provient la plus grande partie du cacao que nous con
sommons) la récolte s'étend de septembre à février. Elle s'accomplit
soit en une fois, soit en plusieurs (deux ou trois) suivant les régions.
Les graines, extraites des cabosses, sont mises à fermenter. Cette
fermentation est très importante ; si elle est très bien conduite dans
les pays où la culture du Cacaoyer est ancienne (par exemple à Ceylan
où Holland l'a particulièrement étudiée), elle laisse parfois à désirer
— Ill —

dans ceux où les plantations sont plus récentes. C'est ainsi que dans
l'W africain (Gold Coast. Côte d'Ivoire, Cameroun) les indigènes ne
font subir de préparation à leurs graines que parce que les commerç
ants payent plus cher le cacao préparé que celui qui ne l'est pas. Mais
ils la font par des méthodes empiriques et beaucoup de planteurs eu
ropéens suivent leur exemple. Les méthodes employées sont les sui
vantes :
Fermentation en tas : c'est la méthode la plus couramment employée.
Dans un endroit propre, uni et bien drainé de la plantation, on dispose
des feuilles de Bananier sur lesquelles on place, en tas coniques, de
dimensions variables (1 m. 80 de diamètre et 0 m. 60 de hauteur sont
de bonnes dimensions) les graines de cacao et on recouvre le tout de
plusieurs couches de feuilles de Bananier qu'on maintient par des
morceaux de bois. On laisse fermenter six jours en moyenne ; ce qu'il
ne faut pas oublier (ce que les planteurs même négligent) c'est que la
masse des graines doit être retournée au moins tous les deux jours ;
sans cela, la qualité du produit obtenu subit une baisse sensible etle
prix de vente diminue considérablement. La fermentation doit être
poussée jusqu'au bout, sans être réglée par les cours du cacao. C'est
une bonne méthode à utiliser.
Fermentation en fosse : il est préférable d'abandonner ce système
qui est employé surtout, à l'heure actuelle, par les indigènes de la
Nigeria. En effet, dans les fosses, les jus de fermentation ne peuvent
s'écouler, l'aération se fait mal ; en saison des pluies l'eau s'accumule
au fond des trous, les graines pourrissent. C'est une méthode désas
treuse qu'on doit s'efforcer de faire disparaître.
Fermentation dans des récipients : elle se fait dans des boîtes en
bois (1 m. 80 X 0 m. 90) ou dans des paniers de différentes formes.
Les boîtes en bois les plus parfaites possèdent trois compartiments
disposés les uns au-dessous des autres comme les marches d'un escal
ier; on peut ainsi faire tomber les graines (et par conséquent les re
tourner) de l'un dans l'autre tous les deux jours.
Il résulte de nombreuses expériences que c'est le premier système
qui donne les meilleurs résultats ; cependant, si les autres méthodes
sont bien conduites, on peut obtenir un bon produit.
La fermentation des graines de cacao insuffisamment mûres ne don
nent pas de résultats satisfaisants : elles prennent une teinte café au
lait et ont une odeur désagréable et une saveur amère ; les graines trop
mûres, par contre, présentent une bonne apparence.
Beaucoup de planteurs considèrent que la fermentation est termi-
— 112 —

née en six jours. En réalité, pour la bien conduire, il faut suivre la


température des tas de graines : lorsque les microorganismes se sont
installés dans la masse, le thermomètre doit monter à 40° Ç. assez
rapidement (48 heures dans l'W africain ; 60 heures aux Antilles). La
température pendant toute la durée de la fermentation doit osciller
entre 40 et 45° C. ; lorsqu'elle retombe à 35° G , l'opération est te
rminée. 11 arrive parfois que la température s'élève jusqu'à 50-55° C,
presque à la fin de la fermentation ; ceci est dû à la présence à'Asper-
qillus (notamment A. fumigatus) et de Mucor, deux moisissures
thermophiles qui déclanchent un début de fermentation acétique,
communiquent aux graines par simple contact une odeur désagréable
ou un mauvais goût, et les rendent ainsi impropres aux usages indust
riels. Il est difficile de lutter contre cette acétisation ; le seul remède
est d'essayer une aération énergique des tas.
Le séchage doit être aussi très bien fait : sa durée varie de six jours,
lorsque l'air est sec, à deux ou trois semaines, si l'humidité atmos
phérique est importante. Si les graines sont insuffisamment sèches, le
séchage complémentaire que lui font subir les marchands abaisse la
qualité et Ton n'obtient que du cacao inférieur. De grosses pertes sont
ainsi subies par un grand nombre de planteurs. Il est pourtant facile
de remédier à cet état de choses par un peu de soin, et de surveillance.
La fermentation et le séchage sont bien souvent meilleurs quand on
opère sur de grosses quantités ; les petits producteurs auront donc
intérêt à s'unir entre eux pour traiter leurs graines de cacao et pour
les vendre.
Un grand nombre de planteurs conserve leur cacao, fermenté et
séché, pour profiter des hauts cours de vente. On ne saurait trop in
sister sur la nécessité d'une grande propreté des hangars ou des abris
de conservation, sur l'utilité d'une destruction complète des vieux
débris qui peuvent y séjourner d'une année sur l'autre. On risque,
sans cela, d'avoir des invasions à'Arœcerus et d'Ephestia qui se dé
veloppent de préférence dans les graines mal fermentées. Une simple
exposition au soleil, pendant deux à trois heures, d'après Dade, suffira
à détruire ces insectes; mais ce sont là des manipulations inutiles et
dispendieuses, qu'on peut éviter.

C. — Le cacao et la crise mondiale.

Longtemps, il y a eu une balance entre la production et la consom


mation du cacao dans le monde. Avant 1927, on avait bien enregistré
— 113 —

quelques crises périodiques; mais elles étaient restées sans gravité.


La prodnctiôii, depuis 1895, augmentait à peu près régulièrement
chaque année de 4 J/2 à 8 1/2 % sur la production de Tannée précé
dente ; la consommation suivait le même rythme ; l'excédent d'une
récolte était détruit par la déficience de la récolte suivante.
A partir de 1927, la situation changea complètement : la production
coQtinua à croître chaque année de 2 1/2 °/0 tandis que la consommat
ion ou restait stable ou augmentait de 1 °/o- Le déséquilibre s'établit
sur le marché. Les stocks s'accumulèrent, surtout ceux constitués par
le cacao de qualité moyenne, qui représente la plus grosse partie de
Iff production ; la chute des prix s'accentua pour passer au plus bas
en décembre 1933 (malgré une récolte inférieure à celle de 1932) ; le
prix de revient du cacao fin devint supérieur au prix de vente. Cer
tains pays traversent donc une crise très grave.
De nombreuses tentatives ont été faites pour dégager le marché. La
difficulté des ententes réside en ce que producteurs et consommateurs
ont des intérêts opposés : ce que l'un gagne, l'autre estime le perdre.
Ces obstacles ne doivent pas être considérés comme insurmontables.
Des conférences internationales ont été réunies ; de nombreuses pro
positions ont vu le jour.
C'est ainsi qu'au Brésil, le directeur de l'Institut du Cacao de Bahia
a émis l'idée d'un plan de revalorisation du cacao analogue à celui du
café. Une taxe à la production servirait à acheter soit les stocks exis
tants, soit les excédents des nouvelles récoltes ; les nouvelles planta
tionsseraient prohibées par une entente entre les pays producteurs.
Ainsi on pourrait éviter les droits de douane prohibitifs, les conti
ngentements et les restrictions vexaloires. Les producteurs produisant
trop cher seraient ainsi automatiquement éliminés. Les défenseurs de
ce plan disent qu'il faut décongestionner le plus rapidement possible
les marchés pour éviter une plus grande baisse de prix qui serait
désastreuse pour tous. Tenter une valorisation artificielle est difficile
car il est impossible de limiter rigoureusement les plantations ; en
outre l'analogie de ce plan avfc celui sur le café qui a donné les ré
sultats si peu favorables au Brésil depuis sa mise en vigueur, doit
inciter à un peu de prudence.
A la conférence de Londres, l'association des planteurs de Trinidad
a présenté deux plans différents pour assainir le marché.
a) Plan Z : tous les producteurs de cacao constitueront un pool du
cacao ; on calculera à l'avance les quantités de produit à mettre sur
le marché, pour qu'un prix rémunérateur soit obtenu ; le reste sera
— 114 —

stocké. La production pourra toujours être inférieure à la consom


mation. Si les prix montent, on prendra sur les stocks et les prix bais
seront : ainsi la spéculation sera arrêtée ; si les prix tombent, on dé
truira une partie des récoltes nouvelles.
b) Plan il : les plantations récentes seront détruites; une taxe à
l'exportation sera instituée et permettra de dédommager les propriét
aires.
Toutes ces méthodes sont bien artificielles ; elles exigent une en
tente complète entre tous les producteurs et le respect des convent
ions.C'est là qu'est leur point faible. Si les planteurs blancs les
admettent, bien souvent les indigènes veulent les ignorer et les tour
nent : c'est ce qui est arrivé, en 1930, pour le thé à la suite d'une entente
entre les Anglais et les Hollandais pour limiter les plantations. Les
indigènes des Indes Néerlandaises (qui représentaient 20 °/o de la pro
duction hollandaise) ne l'appliquèrent pas et les effets de la convent
ion furent faussés.

Conclusions.

Les conventions internationales, les ententes mondiales n'envisagent


que l'écoulement des stocks existants à des prix rémunérateurs ; elles
ne cherchent que l'intérêt des producteurs. Celui des consommateurs
doit entrer en ligne de compte cependant.
Les prix doivent monter pour aider immédiatement les producteurs ;
mais ceux-ci ne seront rémunérés que suivant leur travail et la qualité
des produits qu'ils présenteront. Il est certain qu'à l'heure actuelle
l'augmentation des surfaces en culture serait une folie ; que notam
mentpour les colonies françaises qui produisent suffisamment pour la
métropole cette extension des plantations serait une erreur. Les plan
teurs ne doivent cependant pas perdre de vue que l'obtention de nou
veaux débouchés ou plus simplement l'augmentation de la consom
mation ne pourra s'obtenir que par une baisse sensible des prix de
vente, corollaire d'une diminution des prix de revient. Pourquoi beau
coup de plantations en plein rendement ne donnent-elles que 100 à
150 kg. de cacao à l'ha. alors qu'elles devraient rapporter facilement
trois ou quatre fois plus? Souvent par manque de soins, mais toujours
par l'emploi de plants non améliorés et par une préparation défec
tueuse. C'est ainsi que le marché américain, gros consommateur, s'est
fermé au cacao des colonies françaises et surtout anglaises de l'W
africain parce que les Etats-Unis refusent aujourd'hui les produits ren-
— 115 —

fermant plus de 10 °/0 d'impuretés et que bien souvent le cacao de ce3


régions africaines en contient plus. Les planteurs auraient donc inté
rêtà se grouper pour que fermentation, séchage et triage soient aussi
parfaits que possible. La coopération, dont quelques essais sont tentés
avec succès en Gold Coast, ne peut donner que de bons résultats.
Les services officiels d'agriculture de nos colonies doivent donc cons
eiller et guider les planteurs ; les encourager à sélectionner les meil
leures variétés au point de vue rendement et immunité contre le Phy-
tophtora ; leur montrer que l'obtention d'un produit aussi pur que
possible (et des puretés de 96 à 97 •/<> devraient être couramment obte
nues) est la condition nécessaire pour conquérir les marchés et surtout
pour les conserver, l'offre des producteurs surpassant largement la
demande des industriels. Ce sont ces règles, simples à suivre, qui per
mettront de surmonter la crise et d'en voir la fin.

BIBLIOGRAPHIE
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1930.
Ciferri R. — Varietà, forme e razze di cacao cultivate in San Domingo. Reale
Acad. d'Italia, 1933, vol. IV, p. 589-669.
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Trop. Agriculture, fév. 1931.
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Pittier H. — El problema del cacao en Venezuela, 1934.
Bull. Imp. Institute, 1934, n° 3.
Bull. mens, agence économique A. 0. F., n' spécial, 1934.
Gold Coast Colony. — Report on the Depart, of Agric, 1933-1934.
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Trinidad and Tobago. — Administ. Report of the Director of Agric, 1934.
Trop. Agriculture, 1934, n" 5, 6, 10, 12.

NOTES & ACTUALITÉS

Culture et Sélection
Par B. JARRY-DESLOGES.
du Feijoa Sellowiana (Berg.).

L'attention depuis quelques années a été appelée sur le fruit du


Feijoa qui, outre son parfum suave apprécié par de nombreuses per
sonnes, présente des qualités indiscutables au point de vue de la faci
lité de transport, de sa conservation et des manières nombreuses dont
on peut l'utiliser. En effet, outre qu'on le déguste dès qu'il est arrivé

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