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LA NOTION DE STÉRÉOTYPE DANS LA RÉFLEXION CONTEMPORAINE

Author(s): Ruth Amossy


Source: Littérature , FÉVRIER 1989, No. 73, MUTATIONS D'IMAGES (FÉVRIER 1989), pp.
29-46
Published by: Armand Colin

Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41704509

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Ruth Amossy, Université de Tel-Aviv.

LA NOTION DE STÉRÉOTYPE
DANS LA RÉFLEXION CONTEMPORAINE

Le terme de stéréotype, qui émaille de longue date le langage quotidien,


est de plus en plus souvent en usage dans les études littéraires où il fait l'objet
d'analyses savantes. Il y soulève maints problèmes, dont le moindre n'est pas
celui de sa définition. Qu'est-ce au juste qu'un stéréotype? A quoi se reconnaît-
il, et comment en fixer les limites? En quoi se distingue-t-il de termes
apparentés, dont la critique fait grand usage - et en particulier, du cliché, du
poncif, de l'idée reçue et du lieu commun? Malgré les efforts répétés de
différenciation, une extrême confusion semble régner en la matière; on a beau
démêler l'écheveau, les fils ne cessent de s'enchevêtrer et les termes de
s'interchanger. Fréquemment mentionné, utilisé comme critère de valeur et
comme instrument d'analyse, le stéréotype reste cependant une notion vague
dont on connaît mal les contours, et dont les fonctions demeurent controversées.
En réalité, l'indétermination du stéréotype provient moins de l'insuffisance
des descriptions que de leur pléthore. Il ne cesse en effet d'être redéfini en
fonction des domaines de réflexion qui l'adoptent, et des intérêts qu'il y sert.
On ne saurait s'en tenir ici au champ littéraire. Le stéréotype est utilisé dans
l'analyse des textes littéraires ou paralittéraires, mais aussi dans celle des
médias, de la propagande et, qui plus est, de l'opinion publique, des attitudes,
des préjugés, de l'interaction entre groupes... Dans l'ensemble, il a été mas-
sivement étudié dans le domaine des sciences sociales pendant plusieurs
décennies; et l'on ne peut que s'étonner de l'étrange méconnaissance (d'ailleurs
réciproque) dont les disciplines littéraires font généralement preuve à l'égard
des travaux de psychologie sociale et de sociologie consacrés à ce sujet.
Le présent essai se propose essentiellement d'examiner la notion de stéréo-
type telle qu'elle a été pensée dans la réflexion contemporaine. Il ne s'agit pas
d'en offrir une définition supplémentaire, mais d'en préciser les usages et d'en
dégager la problématique. Effectué à travers les diverses disciplines dans les-
quelles le stéréotype a été mis à profit, notre parcours tentera d'éclairer, à la
fois la variété de ses définitions, et l'unité de sa problématique. Des sciences

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sociales à la sémiologie et à la critique littéraire, le stéréotype soulève en effet
la même interrogation et provoque un même malaise - traduisant par là les
tensions et les problèmes de l'époque qui l'a vu naître.

Avant d'examiner la notion de stéréotype dans les disciplines littéraires,


voyons l'utilisation qui en a été faite dans les sciences sociales où, dès les
années 1920, elle a été soumise à une investigation systématique. Pour en
mesurer l'importance, un rapide survol des encyclopédies et manuels de
psychologie sociale s'impose. On remarquera tout d'abord que le stéréotype y
est classé dans les rubriques les plus diverses, et que sa définition n'est en rien
homogène. Tantôt concept et tantôt idée, il est aussi croyance, attitude,
jugement, image, représentation... Il est vrai que le journaliste américain
Walter Lippmann, en introduisant la notion dans son Public Opinion (1922),
n'avait guère chicané sur sa définition. Les exemples cités au fil des chapitres
devaient suffire à préciser ce qu'il dénommait suggestivement « pictures in our
heads» (images dans notre tête). Est stéréotype l'image de l'Allemand que
Clemenceau avait en tête en 1919, pour l'avoir assimilée au cours d'une longue
existence de combat, ou encore la vision qu'acquiert le paysan européen
nouvellement immigré aux États-Unis de son employeur et de son propriétaire.
En bref, le stéréotype désigne tout ce que l'on sous-entend lorsqu'on catégorise
quelqu'un comme un intellectuel, un banquier international ou un Bolchévique.
Se rattachant en droite ligne à la tradition fondée par Lippmann, certains
sociologues y voient une image mentale héritée de seconde main. Les stéréo-
types sont alors définis comme des « images préconçues et figées, sommaires
et tranchées, des choses et des êtres ». Ces images, que l'individu reçoit de
son milieu social, « déterminent à un plus ou moins grand degré ses manières
de penser, de sentir, d'agir» (Morfaux, 1980: 341). Dans le même ordre
d'idées, le vieil Israélite avide au gain ou l'Allemand vu par les Français en
1918 peuvent être perçus comme une «représentation collective... constituée
par l'image simplifiée d'individus, d'institutions ou de groupes» (Willems,
1970: 277). Ils peuvent aussi être décrits comme l'idée que l'on se fait du
groupe auquel ils appartiennent. Le stéréotype est alors défini comme une
« idée préconçue non acquise par l'expérience, sans fondement précis... qui
s'impose aux membres d'un groupe et à la possibilité de se reproduire sans
changement» (Sillamy, 1980). A moins que la qualification ď« opinion» ne
soit jugée plus adéquate : « opinions sur des classes d'individus, des groupes
ou des objets» qui sont «préconçues» (Encyclopedia of Psychology , 1972;
pour toutes les citations anglaises, c'est moi qui traduis). On trouve aussi
« perception ou jugement rigide et simplifié d'une situation, d'un groupe ou
d'une personne» (Grawitz, 1983).
La notion de stéréotype, on le voit, se coule dans les moules les plus
divers. Au-delà de la série « image », « représentation », « idée », « jugement »,

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elle est définie selon deux axes principaux, d'ailleurs théoriquement incom-
patibles : la croyance et le concept.
« Qu'il soit favorable ou défavorable », note Allport dans La Nature du
Préjugé, « un stéréotype est une croyance exagérée associée à une catégorie »
(1958 : 187). Soit la catégorie du Juif ou de l'Allemand, à laquelle se rapportent
certaines croyances sur leur nature profonde - leur cupidité innée, ou leur
sens aveugle de la discipline. Similairement le Dictionary of the Social Sciences
(1964) pense que le stéréotype «dénote des croyances sur des classes d'indi-
vidus, des groupes ou des objets, qui sont " préconçues " ». Par opposition à
ces prises de position, nombreux sont les sociologues qui définissent le stéréotype
en termes de concept, c'est-à-dire de structure cognitive qui organise notre
expérience et confère un sens aux objets. Selon les vues les plus répandues à
ce sujet, le stéréotype constituerait cependant « un faux concept de classifi-
cation» (Young, 1947). Il se trouve plus rarement assimilé à une variété
particulière de concepts qui ne serait pas a priori discréditée (Vinacke, 1957,
«Stereotypes as social concepts», ou Perkins, 1977). Une variante de ces
points de vue est introduite lorsque notre vision de l'Allemand, du Bolchévique
ou du Juif est décrite comme un « schème », ou « structure cognitive contenant
nos connaissances dans un domaine donné » (Penrod, 1983 : 178). En tant que
tel, le stéréotype nous pousse à définir les individus en termes d'appartenance
à un groupe. Parallèlement, un texte récent parle de « généralisations sur des
groupes sociaux - caractéristiques attribuées à tous les membres d'un groupe
donné, sans considération envers les variations qui doivent exister entre les
membres de ce groupe » (Badad, Birnbaum et Benne, 1983 : 75).
La diversité des définitions n'a en rien entravé le développement des
études sur le stéréotype. Tout au plus l'imprécision du concept semble-t-elle
avoir garanti sa flexibilité et sa capacité à se redéfinir en fonction des secteurs
analysés : l'opinion publique, les attitudes (Klineberg, 1940), le préjugé (Ail-
port, 1958), le rôle social (Brown, 1965), l'interaction entre groupes (Tajfel
and Frazer, 1958)... Bien plus, la notion de stéréotype introduite par Lippmann
n'a pas tardé à féconder les travaux empiriques des sociologues. C'est Katz
et Braly qui, en 1933, ont mis au point un système d'enquête qui inspire les
chercheurs depuis plusieurs décades : il s'agit d'une méthode d'attribution
doublée d'un calcul statistique. Un groupe de sujets, homogènes par leur
appartenance, se voient présenter une liste d'adjectifs qu'on leur demande de
rapporter par ordre de préférence aux groupes nationaux sélectionnés par les
enquêteurs. Voici les résultats obtenus pour le Juif parmi cent étudiants
américains de l'Université de Princeton en 1932 :

Astucieux : 79 Rusé : 20
Mercenaire : 49 Familial : 1 5
Entreprenant : 48 Persévérant : 13
Cupide : 34 Bavard : 13
Intelligent : 29 Agressif : 12
Ambitieux : 21 Pieux : 12

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A méthodes égales, voici les résultats obtenus par Prothro dans les années 1950
auprès de cent étudiants arméniens à Beyrouth :

Riche : 71 Fanatique : 41
Avare : 63 Mesquin : 35
Mercantile : 59 Conservateur : 34
Matérialiste : 51 Scientifique : 31
Voyageur : 48 Pieux : 26

La méthode qui permet de dégager des stéréotypes particuliers s


le voit, sur le relevé des attributs accolés de façon récurrent
social. Ce sont ces attributs fixes qui, en définissant le Juif ou le
ce que les sciences sociales dénomment tantôt image et représent
concept et tantôt croyance. Les questionnaires mis en circu
recherche empirique permettent de dégager l'importance de
stéréotype. Si le terme s'est maintenu malgré la confusion termi
conceptuelle à laquelle il donne lieu, c'est parce qu'à travers l
descriptions, il permet au sociologue et au psychologue de saisir
l'individu appréhende l'Autre - ou, de façon plus générale, perçoi
apprécie certaines réalités - en fonction des modèles culturels de
nauté. C'est dans cette optique que le stéréotype présente une con
noyau autour duquel gravitent toutes les définitions. En effet il
décrit comme relevant du préconçu ou du préfabriqué, lui-m
dans le collectif (le groupe, la société, la culture).
Ainsi délimité, le stéréotype se voit dans l'ensemble négativem
le terme, péjoratif, en est venu à désigner tout ce que la collecti
fixe et fige pour nous. Concept, il sera un « faux » concept de cl
ou encore s'intégrera dans un ensemble de « concepts exagérémen
qui sont faux pour la raison qu'ils sont des généralisations excess
clopedia of Psychology , 1972). Idée, il sera préconçu, «n
l'expérience », de « seconde main », reçu tel quel sans esprit criti
1968; Sumpf, 1973; Sillamy, 1980). Lorsqu'il est rangé parmi l
on note qu'il est «rigide et simplifié» (Grawitz, 1983). Quan
comme une croyance, on ajoute qu'il ne résulte pas d'une ap
chaque phénomène en soi mais d'une routine, et qu'il n'est pas ad
une hypothèse vérifiée ou vérifiable mais plutôt faussement con
un fait établi (Jahoda, 1964).
C'est à ce point précis que les réflexions du théoricien de l
recoupent celles du sociologue. Elles se proposent en effet de rele
dans l'œuvre, se fonde sur le déjà-dit et le déjà-pensé (ce qu
appelé « l'impensé social »). Il s'agit d'analyser les modalités se
le discours dit littéraire s'articule sur l'idéologie ambiante. C
théorie littéraire se trouve confrontée à des questions d'esthétiqu
pas à s'embarrasser le psychologue social. Depuis l'époque rom
se targue en effet d'originalité au niveau de l'invention aussi

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l'expression; seules sont valorisées les œuvres qui se situent en dehors de
l'espace où s'ébat le vulgaire. Aussi tout ce qui relève de la répétition, de
l'imitation, c'est-à-dire du « commun », est-il implacablement dénoncé. Dans
cette perspective, le xixe siècle a conféré aux notions de « poncif », « lieu
commun », « cliché », des acceptions nouvelles et, bien entendu, péjoratives.
C'est dans ce champ sémantique précis que se situent aujourd'hui les analyses
du discours lorsqu'elles tentent de saisir la spécificité du stéréotype, et de le
définir en tant que notion différenciée. C'est là également qu'elles se heurtent
à une série de difficultés incontournables.
En effet les tentatives taxinomiques contemporaines s'attachent à des
termes à l'origine synonymes, tous destinés à dénoncer le préfabriqué dans les
productions de l'esprit. Un bref historique s'impose ici. Le terme de « stéréo-
type », comme celui de « cliché », apparaît relativement tard pour désigner la
banalité et la platitude. Les précède le « poncif » - à l'origine procédé de
reproduction d'un dessin à l'aide d'une ponce, défini dès les années 1830
comme « un dessin fait de routine, selon un type et des procédés convention-
nels » - puis, au sens figuré, comme un « thème littéraire ou artistique, mode
d'expression qui, par l'effet de l'imitation a perdu toute originalité » (Robert).
On parle également tout au long du xixe siècle de « lieu commun » en conférant
à cette expression une acception tout à fait étrangère à celle du « topos » de
bonne mémoire. En effet, les lieux de la rhétorique classique participent
originellement du domaine de Yinventio et désignent des « magasins d'argu-
ments» destinés à renforcer l'adhésion de l'auditoire qu'on se propose de
convaincre (Perelman Olbrechts-Tyteca, 1970 : 112-132; Angenot, 1982 : 168-
189). C'est seulement à l'époque romantique que le lieu commun, assimilé à
la place publique et à sa grégarité, prend le sens d'« idée, sujet que tout le
monde utilise ». On vilipende alors les lieux communs de la conversation quand
on ne fait pas, à l'instar de l'ouvrage célèbre de Léon Bloy, L'exégèse des
lieux communs. Toute réflexion sur les topoï de la littérature antérieure au
xixe siècle doit ainsi, sous peine d'anachronisme, s'indexer au sens premier du
lieu commun; elle doit puiser dans la rhétorique d'époque et s'inscrire dans
sa logique, nécessairement différente de celle qui a favorisé l'émergence du
lieu commun et du poncif modernes.
Quant aux termes de stéréotype et de cliché, on sait qu'ils ont d'abord
été utilisés en imprimerie. Le cliché désigne jusqu'à ce jour « une plaque
portant en relief la reproduction d'une page de composition d'une image, et
permettant le tirage de nombreux exemplaires... » (Robert). C'est à cette
définition première que s'en tient la note laconique du Larousse du xixe siècle
à l'entrée « stéréotype » : « Imprimé avec des planches dont les caractères ne
sont pas mobiles, et que l'on conserve pour de nouveaux tirages. » La « sté-
réotypie », quant à elle, désigne soit l'art de stéréotyper, soit l'atelier où l'on
stéréotype, plutôt dénommé clicherie. De « reproduire en planche solide », le
verbe stereotyper en vient à signifier « rendre inaltérable... fixe, immuable,
toujours le même ». L'on peut ainsi « stéréotyper les idées d'un grand
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écrivain ». L'exemple, on le voit, reste ambigu. Car où s'arrête la vertu du
solide, du stable et de l'immuable? Où commence la hantise du rigide, du
figé et du ressassé? Selon le Larousse du xixe siècle , le stéréotypé est « ce qui
ne se modifie point, reste toujours le même »; selon celui du XXe siècle, il est
ce « qui manifeste, dénote un automatisme ». C'est bien dans ce sens que
s'infléchissent dès le siècle dernier les exemples : « On ne peut se figurer
l'influence des phrases stéréotypées ; elles font notre malheur depuis soixante
ans » (Larousse du xixe siècle).
Les usages nouveaux du cliché (vers 1 869) et du stéréotype (au début du
xxe siècle) marquent un glissement du littéral au figuré, et de l'acception
neutre au sens péjoratif. De la standardisation industrielle pure, ils en viennent
à désigner la mécanisation de la production culturelle. Dès la fin des années 1860,
Pierre Larousse note à « cliché » : « phrase toute faite que l'on répète dans les
livres ou la conversation; pensée devenue banale ». Le même sens est attribué
plus tardivement au stéréotype, désigné dans le Robert par «opinion toute
faite, cliché ». A l'origine, on le voit, les deux termes sont synonymes et quasi
interchangeables; issus de la typographie, ils en viennent à stigmatiser toute
banalité de la pensée et de l'expression. Aujourd'hui encore, on leur attribue
souvent le même sens tant dans l'usage ordinaire que dans le discours savant.
Nombreux sont d'ailleurs les essais qui poursuivent aujourd'hui une réflexion
féconde sur la stéréotypie en utilisant indifféremment cliché, stéréotype ou
lieu commun (Felman, 1978).
Afin de les différencier, et de nommer des phénomènes distincts lors
même qu'ils restent apparentés, on a souvent utilisé le mot de cliché pour
désigner un fait de style, et celui de stéréotype pour signaler une idée préconçue.
Il faut suivre la logique interne des champs examinés pour comprendre les
impératifs qui ont présidé à la mise en place de leur outillage conceptuel.
Commençons par le phénomène le plus connu dans le domaine littéraire, à
savoir les clichés. Ceux-ci représentent de l'avis général des « groupes de mots
tout faits », « expressions cent fois redites, tirées à un nombre infini d'exem-
plaires» (Bonnard, 1953: 34). Sous la définition «Pensée ou expression si
banale qu'elle ressemble à une plaque d'imprimerie reproduite en d'innom-
brables exemplaires », le Vocabulaire de la Dissertation note : « une prairie
émaillée de fleurs », « la couleur argentée de la lune ». Ces ouvrages à visée
pédagogique (d'autant plus symptomatiques qu'ils s'adressent aux lycéens et
aux étudiants) s'appuient sur l'autorité tant d'écrivains comme Rémy de
Gourmont ', que de stylisticiens comme Bally (1909) et Marouzeau (1941).
Reprenant la question, Dupriez dans son Gradus - Les procédés littéraires
( Dictionnaire ) [1980: 118] note que le mot cliché «au sens strict... désigne
plutôt la banalité de l'expression» que celle de la pensée; il est «un défaut
du style » soulevant le problème de « l'originalité des écrivains ».
En bref, le cliché se définit traditionnellement comme un syntagme verbal,
1 . « Au sens, du moins, où j'emploierai le mot, le cliché représente la matérialité même de la
phrase; le lieu commun plutôt la banalité de l'idée...» (Gourmont, 1899: 280).

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un effet de style figé par l'usage qui manifeste un esprit ďimitation servile.
Dire à une femme qu'elle a des « lèvres de corail » et une « chevelure ďébéne »,
clamer qu'il faut pratiquer la politique du « bras de fer », reprocher à quelqu'un
d'être « bête comme une oie » ou « têtu comme une mule », c'est orner son
discours d'expressions toutes faites et exploiter des figures de rhétorique banales
tombées dans l'usage commun. Lorsque Jean Paulhan s'élève contre cette
horreur des expressions toutes faites dans Les fleurs de Tarbes, ou la terreur
dans les lettres (1941), il peut citer au banc des accusés Rémy de Gourmont,
Marcel Schwöb, Albalat, et bien d'autres encore, qui tous condamnent le
recours au cliché. C'est sur cette tradition désormais bien établie que s'appuie
Michael Riffaterre lorsqu'il note dans ses Essais de stylistique structurale
(1971) qu'«on considère comme cliché un groupe de mots qui suscitent des
réactions comme : déjà vu, banal, fausse élégance, usé, fossilisé, etc. » (Rif-
faterre, 1971 : 162). Inscrivant le cliché dans le champ des figures de rhéto-
rique, il le décrit non seulement comme « une unité linguistique... d'ordre
structural », mais aussi comme un « fait de style, qu'il s'agisse d'une métaphore
comme fourmilière humaine, d'une antithèse comme meurtre juridique, d'une
hyperbole comme mortelles inquiétudes... » (Riffaterre, 1971 : 163). C'est dans
ce sens également que penchent les études de lexicologie soucieuses de
différencier, sur la base de son « effet stylistique », le cliché de la locution
verbale (Rey et Chantereau, 1979).
Issue de la stylistique, la définition du cliché comme syntagme verbal figé
présentant un fait de style usé se retrouve dans divers travaux de sémiologie
et de critique littéraire, et en particulier dans Le Slogan (Reboul, 1975), les
Discours du cliché (Amossy Rosen, 1982), Roman québécois contemporain et
clichés (Imbert, 1983), ou, de façon plus floue, dans des ouvrages comme La
nouvelle rhétorique de Perelman (Perelman Olbrechts-Tyteca, 1970) ou Lin-
guistique et Poétique de Delas et Filliolet (1973 : 99). L'étude des unités
préfabriquées qui entrent dans la composition de l'œuvre, ainsi que l'intérêt
manifesté pour les discours transgressifs qui jouent du préconstruit à tous les
niveaux, a cependant amené certains auteurs à élargir le sens du terme
« cliché ». C'est la direction empruntée par Laurent Jenny dans son étude sur
Roussel (Jenny, 1972) : mettant la structure du cliché en parallèle avec celle
du mythe selon Barthes (1957), Jenny dégage des clichés thématiques et des
clichés narratifs, ensembles fixes renvoyant à du déjà-dit et relevant, de ce
fait, du citationnel. Ainsi se trouvent désignées par le terme de cliché les
unités constitutives du récit - celles-là même que Propp appelait « fonctions »
et que l'analyse structurale (Greimas, Brémond...) a repris et réinterprété sous
d'autres noms, sans jamais lui attribuer justement celui de cliché, négativement
valorisé et par trop chargé de connotations indésirables. Ainsi se trouve désigné
un phénomène de « clichage » généralisé qui, selon les termes d'Anne Hersch-
berg-Pierrot, « s'applique à l'unité de phrase comme à celle de texte, ce qui
autorise une lecture intégrative des clichés comme unités microtextuelles ou
macrotextuelles» (Herschberg-Pierrot, 1980: 336).

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Que ces acceptions soient ou ne soient pas courantes, on voit bien ce qui
se joue dans la notion de cliché : c'est avant tout la question de l'esthétique,
de la structure et de la valeur du texte littéraire qui est ici en cause. Dès lors
que la critique s'intéresse aux croyances et idées reçues qui s'investissent dans
le texte littéraire plutôt qu'à son style et à sa composition, elle substitue
souvent le terme de stéréotype à celui de cliché 2. La fréquente restriction du
cliché au fait de style, à l'unité littéraire, nécessite en effet l'usage d'un
vocable différencié pour désigner la banalité de la pensée. Le « stéréotype »
remplit d'autant mieux cet office, qu'il garde le sens général que lui assignaient
au départ les dictionnaires, et qu'il est riche de toutes les connotations léguées
par les usages en vigueur dans les sciences sociales (et cela, même si l'on ne
s'y réfère pas explicitement). Il faut noter que dans les disciplines littéraires,
le terme de stéréotype a fait beaucoup moins que celui de cliché l'objet de
définitions savantes; son usage reste souvent purement impressionniste. Signa-
lons cependant certaines tentatives comme celle d'Anne Herschberg-Pierrot
qui décrit le stéréotype « comme une structure thématique (au sens logique
du mot 44 thème ") qui intègre un ou plusieurs prédicats obligés, ou constantes
de prédicat » (Herschberg-Pierrot, 1981 : 30); mais elle inclut également dans
cette circonscription le cliché. Désireux de distinguer ces deux notions l'une
de l'autre, Patrick Imbert situe quant à lui le stéréotype sur l'axe paradig-
matique, contrairement au cliché ou formule figée, qui serait de l'ordre du
syntagme (« les stéréotypes, c'est-à-dire les oppositions paradigmatiques. C'est
sur celles-ci qu'il faut jouer si l'on veut comprendre les transformations sociales
ou les changements de mentalités» [Imbert, 1983: 121]). Dans un article
intitulé « Stereotypes and Representation in Fiction » (Amossy, 1984), j'ai moi-
même essayé de définir le stéréotype comme un schème récurrent et figé en
prise sur les modèles culturels et les croyances d'une société donnée, schème
qui n'a pas besoin d'être répété littéralement pour être perçu comme une
redite (contrairement au cliché qui est de l'ordre de l'expression toute faite
reproduite mot à mot). Ainsi l'image d'Élie Magus, le vieux Juif avide au
gain du Cousin Pons relève du stéréotype; l'expression «avare comme un
Juif » est un cliché.
Quelle qu'en soit la définition exacte, le terme de stéréotype surgit
généralement dans les études littéraires au point précis où le rhétorique
s'articule sur l'idéologique. Il se trouve alors au centre d'une constellation qui
relie l'idée reçue, la Doxa ou l'énoncé doxique, le lieu commun au sens
moderne du terme, et l'idéologie. Ce rapport, c'est Roland Barthes qui l'a
mieux que tout autre formulé tout au long d'une œuvre dont on connaît les
multiples répercussions. Les développements du Roland Barthes par Roland
Barthes, qui ramassent en quelques fragments compacts les réflexions par

2. Mais pas nécessairement. Ainsi Coquet emploie le terme de stéréotype en lui conférant la
définition généralement attribuée au cliché; « il se définit comme a) un énoncé récurrent, b) de forme
fixe, cjdont la fonction est extrinsèque à la communication proprement dite, qu'il se contente
d'enclencher ou de maintenir... » (Coquet, 1972 : 59).

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ailleurs éparpillées dans les Mythologies (1957), S/Z (1970) ou, plus tard, la
Leçon (1978), le montrent bien. Sa définition la plus explicite du stéréotype,
en le rattachant par son étymologie à la solidification, l'enracine dans ce qui
fige et qu'il faut fuir :

« La vérité est dans la consistance, dit Poe (Eurêka). Donc, celui qui ne
supporte pas la consistance se ferme à une éthique de la vérité; il lâche le
mot, la proposition, l'idée, dès qu'ils prennent et passent à l'état de solide, de
stéréotype (stéréos veut dire solide) » (Barthes, 1975 : 63).

Est représentation collective figée, schème fixe et récurrent, tout élément qui
en s'affirmant se pose et donc s'impose; qui arrête le mouvement de la quête
et donc la bloque. Le stéréotype est du côté de la consistance, de l'opacité
(par opposition à la transparence) (Barthes, 1975 : 141), de la répétition et de
la fatigue (par opposition à la fraîcheur) [Barthes, 1975 : 92]. Dans cette
expansion de son sens ordinaire, il rejoint la Doxa, qui figure elle aussi en
bonne place dans le Roland Barthes : « La Doxa (mot qui va revenir souvent),
c'est l'Opinion publique, l'Esprit majoritaire, le Consensus petit-bourgeois, la
Voix du Naturel, la Violence du Préjugé» (Barthes, 1975 : 51). Or la Doxa,
« c'est Méduse : elle pétrifie ceux qui la regardent ». L'énoncé doxique et donc
à plus forte raison le stéréotype, c'est le lieu où l'idée, et avec elle la pensée
et le sujet pensant lui-même, se trouvent solidifiés et immobilisés.
C'est précisément à l'opposé de la répétition morte que le Roland Barthes
situe l'écriture, dont il avait déjà noté de façon elliptique qu'elle « passe par
le corps » :

« Le stéréotype, c'est cet emplacement du discours où le corps manque, où


l'on est sûr qu'il n'est pas. Inversement, dans ce texte prétendument collectif
que je suis en train de lire, le stéréotype (l'écrivance) cède et l'écriture
apparaît ; je suis sûr alors que ce bout d'énoncé a été produit par un corps »
(Barthes, 1975 : 93).

Le corporel pour Barthes, c'est le lieu par excellence de l'irréductible (« Le


corps, c'est la différence irréductible» [177]) et du pulsionnel («vivant, pul-
sionnel, jouisseur, mon propre corps unique » [178]). Signe et preuve de l'unicité
individuelle, il échappe par définition au stéréotype à travers lequel s'exprime
un groupe social ; lié au désir et à la jouissance, il s'oppose à la masse inerte
et oppressante du stéréotype. Dans la thématique barthésienne, le stéréotype
se relie ainsi à tout ce qui nie le corps et fait obstacle au désir. Dans ce sens,
il reste fidèle à sa vocation première de contrainte collective, sur laquelle
Barthes ne manque pas d'insister. On connaît le développement de cette idée
dans la Leçon, où elle adopte une formulation extrême (« Le signe est suiviste,
grégaire; en chaque signe dort ce monstre : un stéréotype : je ne puis jamais
parler qu'en ramassant ce qui traîne dans la langue» [Barthes, 1978 : 15]).
Ainsi pour Barthes le stéréotype, étendu aux dimensions de la langue tout
entière, est la marque même de la Loi qui fait violence à l'individu. On

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comprend qu'il appelle le paradoxe : « doxa/paradoxa - Formations réac-
tives : une doxa (une opinion courante) est posée, insupportable; pour m'en
dégager, je postule un paradoxe; puis ce paradoxe s'empoisse, devient lui-
même concrétion nouvelle, nouvelle doxa, et il me faut aller plus loin vers un
nouveau paradoxe » (Barthes, 1975 : 75).

Malgré sa particularité indéniable, la pensée de Barthes est ici caracté-


ristique d'une certaine obsession de la stéréotypie qui travaille toute la réflexion
contemporaine sur la littérature. C'est sur la nature de cette hantise, et sur
le vertige stéréotypique dans lequel se prend toute réflexion centrée sur le
sujet, que je voudrais ici insister. Et cela d'autant plus qu'un examen de la
notion de stéréotype dans la pensée contemporaine permet de dégager sa
problématique, qui est aussi celle de notre époque. Mal défini, le stéréotype
est en fait un concept bivalent qui reflète les tensions et les contradictions de
notre temps. De même que son indétermination et sa prégnance, sa double
valorisation se laisse saisir tant dans le domaine des sciences sociales que dans
les réflexions consacrées au discours littéraire.
Commençons par les sciences sociales, où le stéréotype est objet d'ana-
lyse depuis plusieurs décades. On a vu que, défini comme concept, croyance,
image... il vient toujours désigner le versant négatif de chacun d'entre eux.
C'est bien là que réside son ultime justification; c'est pour indiquer la péjoration
qu'est nécessité un terme différencié. Loin de résoudre les problèmes, cette
constatation contribue en fait à les poser. En effet, le caractère négatif du
stéréotype se trouve démenti par le discours même des sciences sociales qui
travaille à l'imposer. Dès l'origine, sociologues et psychologues ont remis en
question la dévaluation du stéréotype. Examinant un à un les points qui servent
à le déprécier, ils ont montré que leur pertinence était toute relative. Davantage,
ils ont insisté sur le fait qu'ils ne constituaient en rien des traits distinctifs du
stéréotype. Ainsi la généralisation schématisante caractérise toute conceptua-
lisation; l'héritage culturel et l'information de seconde main participent de
toute croyance. On se demande dès lors sur quoi la notion de stéréotype fonde
ses droits à l'autonomie.
Quelques exemples de la discussion qui se perpétue autour du stéréotype
montreront à quel point la différenciation de la notion en tant que telle s'avère
problématique. Au début des années 1950, un psychologue social du nom de
Asch abordait la question dans le cadre d'une étude sur la « connaissance des
personnes et des groupes ». Passant en revue les recherches empiriques consa-
crées au sujet, il en arrivait à la conclusion que le stéréotypage correspond en
fait aux processus de conceptualisation les plus ordinaires. Comme eux, il
contient une dose indispensable de schématisation. Asch souligne avec force
les bénéfices de la simplification et de la généralisation inhérentes à l'idée

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même de stéréotype. Il faut bien voir, écrivait-il, que « la conceptualisation
des groupes peut être productive. Les impressions simplifiées constituent un
premier pas vers la compréhension de notre entourage (...) La simplification
aide souvent à voir clairement une situation et à surmonter la perplexité et la
confusion suscitées par la multiplicité des détails» (Asch, 1952: 235). De
même le reproche d'indifférenciation communément adressé au stéréotype est
selon lui à nuancer. S'il faut tenir compte de l'unicité de chaque individu, il
n'en reste pas moins qu'on ne peut connaître celui-ci en ignorant son rapport
au groupe. La généralisation est une condition sine qua non du processus de
cognition. Aussi le psychologue social déplore-t-il que la discussion sur les
stéréotypes en soit venue « à faire le procès d'un processus cognitif nécessaire
à toutes les opérations intellectuelles» (Asch, 1952 : 235). Dans la mesure où
le stéréotype autorise des jugements adéquats et des généralisations indispen-
sables, il va même jusqu'à se demander quel est le bénéfice que procure
l'emploi d'un terme en soi péjoratif. Il le maintient cependant dans la mesure
où il donne l'occasion d'étudier la source de vues fausses coupées de l'expé-
rience, transmises de seconde main et susceptibles par là de bloquer l'obser-
vation et l'analyse (point qui sera d'ailleurs controversé par d'autres cher-
cheurs).
Au-delà de la diversité des arguments et des conclusions, les discussions
des décades suivantes reproduisent un même débat. Les attributs négatifs du
stéréotype sont rejetés ou relativisés, si bien qu'il se trouve assimilé à un
phénomène courant, indispensable à l'activité intellectuelle la plus ordinaire.
Aussitôt, cependant, que la nécessité de la notion de stéréotype s'estompe, elle
se trouve réaffirmée par un autre biais. Celui-ci varie selon le contexte, tout
en conservant une fonction identique : maintenir la notion de stéréotype dans
le champ de la réflexion malgré son incapacité à se définir de façon autonome
et différenciée.
Ce mode de présentation est devenu assez courant dans les années 1960
pour figurer dans les résumés encyclopédiques. Déjà Jahoda, dans le Dictionary
of the Social Sciences (1964), consacre une grande partie de son exposition à
expliquer que le stéréotype (comme il ressort clairement des travaux de
Lippmann, ou de Doob sur la propagande [1935]) ne se démarque des autres
croyances ni par sa fausseté ni par sa simplification excessive. Si Jahoda utilise
cette notion, c'est parce qu'elle permet selon lui de dénoncer l'erreur qui
consiste à confondre une simple hypothèse avec des faits établis. Dans un
article capital de Y International Encyclopedia of Social Sciences (1968),
Harding a radicalisé ce mode de présentation d'ores et déjà consacré. En un
premier temps, il note qu'un concept est considéré comme un stéréotype
lorsque :

(1) «il est simple plutôt que complexe ou différencié; (2) il est erroné
plutôt que correct; (3) il a été acquis de seconde main plutôt que par une
expérience directe avec la réalité qu'il est censé représenter; et (4) il résiste
au changement... » (Harding, 1968 : 259).

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Cette description en apparence rigoureuse est aussitôt suivie d'un commentaire
qui remet en question chacune de ses clauses. Ce que reprend dix ans plus
tard le T.E. Perkins dans son « Rethinking Stereotypes » (« Repenser les sté-
réotypes») (1979). La simplification, l'indifférenciation, la fausseté, l'infor-
mation de seconde main, la résistance au changement ou rigidité ne distinguent
en rien le stéréotype de catégories adjacentes et ne peuvent suffire à lui
conférer sa spécificité. Quelques exemples au hasard de la démonstration :
« Dans la mesure où toutes les typifications sont des simplifications puisqu'elles
sélectionnent des traits communs et excluent les différences, toutes les typifi-
cations sont indifférenciées (et dans ce sens, elles sont erronées). Est-ce alors
une simple question de degré? » (Perkins, 1979 : 139). Les stéréotypes sont de
seconde main, mais « ceci est caractéristique de la vaste majorité de nos
concepts et ne peut dès lors servir à distinguer les stéréotypes des autres
concepts » (Perkins, 1979 : 141). « L'implication majeure est que, par opposition
aux autres concepts, les stéréotypes sont particulièrement résistants (ou rigides) »;
mais, note Perkins, « la plupart des concepts sont résistants dans le sens qu'ils
exigent plus d'un cas déviant pour changer le concept » (Perkins, 1979 : 141).
Le stéréotype serait tout au plus, dans cette perspective, un concept « fort ».
Dans l'ensemble, l'auteur se range à l'avis (énoncé précédemment : Vinacke
[1957]) que le stéréotype, «comme les autres concepts est un système de
sélection, de cognition et d'organisation », « un trait de la pensée humaine »
(Perkins, 1979 : 145).
A la limite, il apparaît clairement que la notion de stéréotype, dans son
indétermination même, demeure dans les sciences sociales profondément biva-
lente. Stigmatisés, le schème préconçu hérité de la communauté, la générali-
sation globale qui catégorise abusivement ne s'en avèrent pas moins indispen-
sables. Alors même que le stéréotype est péjorativement connoté, on reconnaît
qu'il est nécessaire à toute activité sociale comme à toute entreprise de
cognition. Une réflexion semblable dans son principe, bien que différente dans
ses termes, s'est développée autour des notions de cliché et de stéréotype dans
le champ littéraire.
C'est tout d'abord la différence entre l'effet de style usé et le fait de style
pur et simple, le schème doxique simplificateur et la généralisation fructueuse,
qui sont mis en cause. Rien n'est moins évident, en effet que le repérage des
figures usées. A partir de quel moment un trope peut-il être considéré comme
un cliché? Qui décide du caractère répétitif et défraîchi de telle métaphore
ou de telle comparaison? En bref, où passe la frontière entre la fleur de
rhétorique et le fait de style banal et ressassé, et peut-on réellement établir
une différence substantielle entre eux? Le même problème se pose à propos
des stéréotypes littéraires entendus comme représentations globales : person-
nages, thèmes, séquences narratives. A partir de quel moment les types (l'avare
de Balzac, le mineur de Zola, le socialiste de Y Éducation sentimentale
[Mitterand, 1980]) se présentent-ils comme des schèmes figés et des généra-
lisations simplificatrices empruntées à la Doxa? Il est bien vrai que les types

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d'hier sont souvent les stéréotypes d'aujourd'hui, et que la condensation de
traits typiques qui produit Gavroche, Fantine ou le Marche-à-Terre des
Chouans est aussi celle qui permet de faire circuler dans la littérature de
masse la prostituée au grand cœur, le banquier ou le bandit... A la limite, il
s'avère que la distinction entre l'unité figée et usée, d'une part, et la création
valorisée, de l'autre, ne dépend que de l'appréciation du lecteur. Mais comment
garantir l'objectivité d'une semblable décision? Riffaterre s'y exerce en posant
un lecteur moyen qui, pour chaque exemple sélectionné, pourrait témoigner
de son automatisation (Riffaterre, 1971). On connaît les nombreuses discussions
qu'a soulevées ce lecteur-fantôme doté d'une autorité suprême : il n'a jamais
réussi à faire l'unanimité. A la limite cliché et stéréotype apparaissent comme
une pure question de lecture (Amossy, 1982; Amossy, 1984). J'entends par là
qu'ils n'existent qu'à condition d'être répertoriés comme unités figées. Ce
repérage étant nécessairement relatif, la différence entre le cliché et le fait
de style, le stéréotype et le type (ou la séquence narrative) n'est en rien
évidente.
Non seulement le cliché et le stéréotype demeurent dans la théorie
littéraire des notions indifférenciées, mais encore ils sont soumis, comme dans
les sciences sociales, à une double valorisation. Le cas est particulièrement
flagrant en ce qui concerne le cliché. Essentiellement péjoratif, le terme a été
créé pour stigmatiser le manque d'originalité de l'expression; il n'a pas manqué,
cependant, de donner naissance à une méditation sur les fonctions constructives
de la figure usée. Et en effet, le cliché, considéré comme la marque même de
la banalité, et en conséquent banni du domaine des Belles-Lettres, a bientôt
été reconnu comme un élément indispensable de la communication littéraire.
Inscrit dans la langue, il y remplit des fonctions variées qui contribuent à
cimenter le texte. Éviter à tout prix les figures de style usées, c'est se priver
d'instruments précieux sinon indispensables à tout discours; à la limite, c'est
s'imposer une contrainte impraticable. Rien ne résume mieux cette idée que
le petit apologue de Jean Paulhan dans Les fleurs de Tarbes :

« Au monastère ďAssise, un moine avait un accent grossier, qui puait sa


Calabre. Ses compagnons se moquaient de lui. Or, il était susceptible; il en
vint à ne plus ouvrir la bouche que lorsqu'il s'agissait d'annoncer un accident,
un malheur, enfin quelque événement en soi assez grave pour que son accent
eût chance de passer inaperçu. Cependant il aimait parler : il lui arriva
d'inventer des catastrophes. Comme il était sincère, il alla jusqu'à en provo-
quer» (Paulhan, 1941 : 49).

Sans aller jusqu'à ces extrêmes, la stylistique et la critique littéraire ont bien
montré l'utilité du cliché en insistant sur les fonctions qu'il remplit à différents
niveaux. Ainsi Riffaterre, dans ses études de stylistique, a insisté sur l'effet
produit par le cliché malgré son usure (Riffaterre, 1971). Dans une perspective
différente, Chaïm Perelman a souligné le potentiel argumentatif du cliché.
Sans doute la formule clichée, repérée, peut-elle être condamnée; lorsqu'elle

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est admise, néanmoins, « elle favorise le bien aller de la discussion, par la
communion qu'elle permet d'établir » (Perelman Olbrechts-Tyteca, 1970 : 223).
Les modalités selon lesquelles le cliché participe aux stratégies argumentatives
du texte littéraire ont été étudiées par ailleurs dans Les Discours du cliché
(Amossy Rosen, 1982). Il ressort de ces divers essais que la figure usée non
seulement participe obligatoirement de tout discours, mais encore y assume
des fonctions esthétiques et rhétoriques dont l'importance est considérable.
Plus encore le cliché est, selon d'aucuns, à la base de la productivité
textuelle. En effet le discours poétique travaille souvent à déconstruire, modifier
ou disséminer les expressions toutes faites et les syntagmes figés. De ce point
de vue : « Non jamais plus les pieds de table ne prendront leurs jambes à leur
cou » (Péret) vaut « La guêpe à taille de jolie femme » (Breton) ou : « Ce
vieillard encore violet ou orangé ou rose » (Desnos). Le cliché a ainsi été mis
à l'honneur pour manifester la productivité inhérente au discours poétique
(Angenot, 1976; Sternberg, 1976). Élargissant la portée d'un semblable méca-
nisme verbal, Riffaterre va jusqu'à y voir le principe de tout engendrement
textuel et étudie la « production du texte » à partir de la transformation
d'éléments préexistants (Riffaterre, 1979). D'autres s'intéressent au cliché dans
la mesure où il autorise les jeux de mots. La désarticulation des expressions
toutes faites est en effet à la base du witz, comme l'a bien montré l'étude
fondamentale de Freud sur le mot d'esprit.
Enfin - et c'est là que le cliché rejoint avec le plus d'évidence le stéréotype
- le récit se présente comme un agencement particulier d'unités préexistantes.
Plus un genre narratif est destiné à la consommation de masse, plus il s'avère
codé, c'est-à-dire composé d'un ensemble d'éléments fixes tant au niveau de
ses unités narratives que de son système actantiel. Seule une stéréotypie qui
se manifeste sur le plan non seulement du langage, mais aussi des personnages
et des actions, peut assurer le bon fonctionnement des textes produits en série.
L'indulgence dont on fait preuve à l'égard du stéréotype varie ici en fonction
du jugement de valeur porté sur l'œuvre ou le genre en question. Néanmoins,
l'analyse des textes montre bien que ce n'est pas seulement dans la paralit-
térature, la bande dessinée (Pennacchioni, 1982) ou le roman à thèse (Suleiman,
1983) que les stéréotypes et les clichés s'avèrent indispensables. Le stéréotype
comme idée reçue et vérité accréditée sous-tend l'esthétique du vraisemblable,
dont relève le grand roman réaliste du xixe siècle. En tant que marque du
citationnel - il désigne la Culture dominante, dans laquelle il est puisé - le
stéréotype participe aussi au tissage des œuvres modernes qui retravaillent à
la fois le discours social et les modèles littéraires. Diverses analyses ont été
entreprises dans ce sens sur les textes de Flaubert, Lautréamont, Raymond
Roussel, Julien Gracq... L'attention portée à la relation du texte littéraire à
son hors-texte, c'est-à-dire à la tradition culturelle et à l'idéologie dominante,
révèle la centralité du stéréotype. C'est en effet à travers lui qu'une œuvre
s'indexe à l'idéologie en cours ou s'en démarque; c'est en le reproduisant ou
en le déconstruisant qu'elle se donne comme traditionnelle ou comme contes-

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tataire. Dans tous les cas, les unités préfabriquées et les idées reçues assurent
le bon fonctionnement du discours nouveau.
La bivalence constitutive de la notion explique l'inconfort qu'elle n'a cessé
de provoquer tant dans le champ littéraire, que dans les sciences sociales.
Sans doute, la condamnation globale du préconçu et du préfabriqué dans le
domaine des comportements humains et de la production culturelle mène-
t-elle à déconsidérer le stéréotype. Tout examen plus approfondi des processus
de la cognition, de l'interaction ou de la communication verbale remet cepen-
dant en question la dévalorisation du stéréotype en éclairant les fonctions
essentielles qu'il remplit de par sa nature même. En bref, il semble que sans
stéréotypes, on ne puisse ni parler, ni communiquer, ni engager une interaction
sociale quelconque, ni même penser. Dure vérité pour tous ceux qui, obsédés
par un souci d'originalité et d'authenticité purement moderne, veulent à tout
prix se libérer de l'emprise du déjà-dit. Le sort qui leur est réservé risque de
ressembler étrangement à la loi du silence que s'imposait le moine de Paulhan.
A moins qu'ils ne deviennent les victimes du vertige stéréotypique qui saisit
tous ceux qui essayent désespérément de se libérer de l'emprise du schème
collectif figé. Il n'est que de voir la postérité de Flaubert et - une fois de plus
symptomatiques - les écrits de Roland Barthes. Car à rechercher le schème
préétabli, l'image collective, on finit par les retrouver partout et jusque dans
sa propre pensée. Il n'est pas de représentation ou de conceptualisation qui
ne relève, d'une façon ou d'une autre, de la schématisation et des modes de
découpage accrédités. Tout ce qui est pensé en termes de catégorie globale,
tout ce qui est imaginé dans sa généralité, tout ce qui est exprimé à l'aide de
modèles accrédités, semble glisser par un mouvement irrésistible vers la
stéréotypie. C'est le règne des idées reçues, ou plutôt sa hantise. Celui qui
entend se délivrer complètement du stéréotype se condamne à le retrouver
partout.
Et en conclusion... La notion de stéréotype, empruntée par les discours
savants au langage quotidien, reste jusqu'à ce jour mal délimitée et mal
différenciée. Elle n'a cessé d'être redéfinie en fonction des domaines dans
lesquels l'idée de schème récurrent et figé a été exploitée : image préconçue
dans le champ de l'opinion publique, croyance exagérée concernant une
catégorie sociale pour l'étude du préjugé et de la discrimination, structure
cognitive contenant nos connaissances dans un domaine donné ou faux concept
de classification pour la sociologie de la connaissance, le stéréotype est redéfini
dans les disciplines littéraires en fonction de leurs besoins propres. Il devient
alors thème auquel se rapportent des constantes de prédicat, schème collectif
figé en prise sur les modèles culturels d'une époque, marque par excellence
de la Doxa. Il s'allie au cliché, qui est à l'origine son synonyme, et dont on
tente aujourd'hui de le différencier en faisant du cliché une unité syntagmatique
répétée mot à mot et présentant un fait de style (alors que le stéréotype
désignerait de grosses unités extraverbales). Notons que le stéréotype s'inscrit
toujours dans une constellation globale au sein de laquelle il est souvent difficile

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de le différencier. De même qu'il est malaisé de voir en quoi il se distingue
du préjugé dans les définitions des sciences sociales qui y voient une croyance
préconçue sur une classe d'individus, de même il est difficile de percevoir en
quoi il se distingue du poncif, du lieu commun et du cliché lorsque Ton parle
de style, ou de l'idée reçue, du lieu commun et de la Doxa lorsqu'on étudie
le rapport du discours à l'idéologie.
Si le panorama ici présenté est loin d'être exhaustif, il montre du moins
avec quelle obstination une notion en soi floue et indéterminée se trouve depuis
le début du siècle reprise et remodelée dans les disciplines les plus diverses.
Les sciences sociales et les études littéraires, qui s'ignorent réciproquement,
semblent ici participer d'un même effort, et s'inscrire dans une même problé-
matique. Il s'agit de maintenir et d'exploiter une notion inconfortable parce
que imprécise, changeante, et profondément bivalente. La persistance avec
laquelle un concept aussi difficilement maniable s'est maintenu dans le champ
de la réflexion contemporaine prouve à quel point il répond à des nécessités
impérieuses. Le stéréotype permet en effet de dénoncer le préfabriqué dans
les domaines de l'esprit; il met en garde contre l'automatisation et la méca-
nisation des relations humaines comme de la production culturelle. Dans un
siècle voué à l'industrialisation des « images et des rêves » (Morin) nul doute
que la dénonciation du stéréotype soit une arme dont on répugne à se priver.
Si l'on y ajoute le souci de préserver la distinction sociale et culturelle dans
l'ère des masses où s'accomplit une menaçante égalisation par le bas; si l'on
tient compte du souci de lutter contre certaines images collectives figées dans
une société démocratique qui connaît les campagnes électorales et les combats
contre la discrimination, on comprendra que le stéréotype ait survécu à la
confusion qu'il provoque dans le champ de la réflexion théorique.

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