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Islam et psychologie des

profondeurs
Par Eva de Vitray-Meyerovitch

Retranscription de l’émission de France Culture Les chemins de la connaissance


du 15 mars 1974.

L’article suivant est la retranscription d’un des épisodes de la série Vivre


l’Islam, dans le cadre de l’émission Les chemins de la connaissance sur
France Culture, durant lequel Eva de Vitray-Meyerovitch interroge Olivier
Marc sur les secrets de l’âme, tout en nous livrant quelques clés de
compréhension de la psychologie spirituelle islamique.

Ce travail écrit a été mené par l’association Conscience Soufie, suite au


podcast qu’elle a publié en décembre 2020, lors de l’hommage rendu à Eva
de Vitray–Meyerovitch – en partenariat avec Les Amis d’Eva de Vitray–
Meyerovitch. À travers cet événement, Conscience Soufie vise à transmettre
la sagesse universelle du soufisme en faisantconnaitre ses grandes figures et
ses œuvres majeures.

Introduction

Lecture de la sourate Al-Fâtiha¹ en arabe, puis d’une traduction en français :

Au nom du Dieu compatissant et miséricordieux²,


Louange à Dieu, Seigneur de l’univers,
Le Compatissant et le Miséricordieux,
Souverain du Jour du Jugement,
Toi Seul nous adorons,
De Toi Seul nous implorons l’assistance !
Guide- nous dans le droit chemin,
Le chemin de ceux que Tu as comblés de bienfaits,
Non celui de ceux qui encourent Ta colère,
Ni celui des égarés !

Eva de Vitray-Meyerovitch : Notre époque est particulièrement préoccupée de


psychologie des profondeurs en général, de psychanalyse en particulier, et ceci
semble traduire l’angoisse de notre temps. Nous pourrions penser que cette recherche
est quelque chose de très moderne. Nous avons en réalité des exemples de recherches
en la matière beaucoup plus anciennes qui datent, en Orient, du Moyen Âge. Olivier
Marc, vous qui avez une double formation d’architecte et de psychanalyste, qui s’est
traduite d’ailleurs récemment dans un ouvrage tout à fait passionnant sur la
psychanalyse de la maison, je voudrais vous demander ce que vous pensez de cette
attitude.

À titre d’exemple, j’aimerais vous raconter une histoire empruntée au


Canon d’Avicenne³, daté du XIe siècle de notre ère. Avicenne y narre l’histoire d’une
jeune fille souffrante, dont les médecins désespèrent de trouver la cause de sa
maladie. Finalement, un «médecin spirituel », comme le dit Avicenne, demande aux
proches de la jeune fille de le laisser seul avec elle, et il fait étendre la jeune fille sur
un divan. Nous retrouvons ici le divan du psychanalyste. Il l’interroge et tente, à
travers ses réponses, de déceler les raisons de sa souffrance : il prend son pouls,
surveille ses changements de couleur : lorsqu’il prononce certains mots, elle pâlit,
elle rougit, son pouls s’accélère… Il finit par comprendre qu’elle est très
malheureuse parce qu’elle a laissé dans son pays natal un garçon qu’elle aimait, ce
qui permet finalement sa guérison. La méthode employée ici est très proche de ce que
font les psychanalystes modernes.

Olivier Marc : Vous faisiez allusion à l’importance du divan. Ceci n’est qu’un détail,
puisque, aujourd’hui, le divan n’est pas l’instrument ou le lieu exclusif de la
psychanalyse. Nous trouvons une démarche commune avec l’histoire à laquelle vous
faites allusion, dans la mesure où la personne se trouve dans une position allongée, donc
passive : cette position de détente et de confiance est favorable à l’émergence des
contenus de l’inconscient. Effectivement, nous pouvons voir là un point de
comparaison, dans cette perception de la relation de l’âme au corps. Mais il n’y a pas de
doute que ce qui a de nos jours pris ce nom de psychanalyse, cette science de l’âme,
remonte à l’origine des temps. Elle s’est codifiée aujourd’hui à travers certaines
tendances, certaines écoles qui cherchent et se cherchent dans le contexte d’une
continuité, comme prenant la suite des traditions.

Eva de Vitray-Meyerovitch : Au sein des textes soufis que j’ai particulièrement étudiés, je
trouve une recherche constante de la réunification de l’être. Une prière attribuée au
Prophète dit : «Seigneur, rassemble ma dispersion ! » Ce thème du rassemblement de la
psyché se retrouve fréquemment dans les écrits des mystiques musulmans, et je pense que
c’est ce à quoi tendent les thérapeutiques modernes.

Olivier Marc: Peut-être que nous retrouvons plus particulièrement cette notion du
besoin de réunification de l’être chez Jung, dans la notion d’individuation. Jung
considère que l’individuation est une possibilité pour l’être de retrouver sa qualité de «
un », d’in-dividu psychologique, c’est-à-dire une unité autonome et indivisible, une
totalité. Finalement, la psychanalyse cherche à permettre à l’être de vivre sa totalité, qui
est en fait non seulement son unité en lui-même, mais son unité avec l’univers.

Eva de Vitray-Meyerovitch : La notion d’«homme parfait» en islam, signifie l’« homme total
», c’est-à-dire l’homme qui a réalisé justement cette unification intérieure. Est-ce que ceci ne
nous amène pas d’ailleurs à cette notion de » l’ombre » qui est si importante chez les
mystiques de l’islam ?

Olivier Marc : Effectivement. Si, dans notre contexte, dans notre civilisation, on parlait
d’« homme parfait », on parlerait en termes de valeur morale ou de valeur idéalisée.
Or, en disant « homme total », nous n’exprimons pas de valeur d’idéalisation, mais de
réalisation de l’être. Mais qu’est–ce qu’un «homme total»? C’est celui qui pourrait
idéalement intégrer ce que Jung appelle l’ombre, cette partie inconnue, secrète (refoulée
en particulier selon les données freudiennes), qui joue dans l’être et cherche à se
manifester, mais de manière obscure, mystérieuse. Elle se manifeste « par derrière » en
quelque sorte, dans la mesure où elle n’a pas été portée au jour et c’est l’ombre qui
entrave ou empêche l’épanouissement de l’être. Là, nous retrouvons exactement cette
notion d’« homme parfait » à laquelle vous faites allusion dans l’islam.

Eva de Vitray-Meyerovitch : Je pense à un mot extraordinaire d’un poète musulman


de l’Inde du 18e siècle : « Nous nous trouvons là où nous-mêmes n’avons aucune
nouvelle de nous-mêmes». Nous pensons également à Pascal : l’homme qui «passe
infiniment l’homme ». Je pense aussi à ce mot attribué au Prophète : « Chaque
homme a son Satan, le mien est devenu musulman ». C’est l’illustration de
l’intégration de l’ombre !

Olivier Marc : C’est effectivement l’intégration de l’ombre, c’est-à-dire de cette partie


dissociative de nous-mêmes, séparée de nous-mêmes puisque non intégrée. Une fois
reconnue, elle devient partie intégrante de nous-mêmes, et devient intégration de notre
Satan, qui à ce moment peut devenir lumineux, puisqu’il est porté à la lumière.

Eva de Vitray-Meyerovitch : C’est donc une recherche de l’unité intérieure. Mais une
ascèse s’impose-t-elle pour y parvenir ? N’avons-nous pas ici encore le thème de la
mort et de la renaissance ?

Olivier Marc : Toute expérience mystique est une expérience de mort et de


renaissance. Toute expérience psychanalytique véritablement assumée est une
expérience de mort et de renaissance. C’est une mort de l’être artificiel que le monde
extérieur, la famille, les parents, le milieu ont fait. La mort de cet être artificiel permet la
naissance de l’être vrai, de l’être suivant ses propres données créatrices, à laquelle
finalement tout individu, plus ou moins consciemment, aspire.

Eva de Vitray-Meyerovitch : Les mystiques musulmans ont beaucoup médité la parole


de Saint Jean : « L’homme doit renaître ». De belles lectures me reviennent à l’esprit,
dont cet extrait d’un traité mystique persan du 13e siècle, qui fait allusion à cette mort
et à cette renaissance :

L’être humain doit naître deux fois : une fois de la mère, une autre fois à partir de son
propre corps et de sa propre existence. Le corps est comme un œuf : l’essence de
l’homme doit devenir, dans cet œuf, un oiseau grâce à la chaleur de l’amour ; alors, il
échappera à son corps et s’envolera dans le monde éternel de l’âme, au-delà de
l’espace. Si l’oiseau de la foi ne naît pas de son existence, c’est comparable à une
fausse couche…

En effet, pour ces maîtres spirituels, l’âme dans la prison du corps est considérée
comme étant aussi ankylosée que l’embryon dans le sein maternel. Elle attend sa
délivrance, et celle-ci n’arrivera que lorsque le germe aura mûri, grâce à cette
descente en soi, grâce à cette prise de conscience douloureuse :

La douleur naîtra de ce regard jeté à l’intérieur de soi-même, et cette souffrance fait


passer au-delà du voile. Tant que les mères ne sont pas prises des douleurs de
l’enfantement, l’enfant n’a pas la possibilité de naître. Ma mère – c’est-à-dire ma
nature, mon corps-par ses douleurs d’agonie, donne naissance à l’esprit. Si les
douleurs de l’enfantement sont pénibles pour la femme enceinte, c’est pour
l’embryon l’ouverture de sa prison : de toutes parts s’élèvent les clameurs et les
tumultes, dans chaque rue brillent les torches et les flambeaux, car ce soir le monde
de la multitude donne naissance au monde éternel.

Je pense que l’âme qui n’est pas née une seconde fois, est incapable de s’imaginer
qu’une autre dimension de l’être existe.

Olivier Marc : Si nous recherchons un moyen aussi direct que possible de rapprocher
les recherches qui sont faites aujourd’hui dans le domaine de l’expérience humaine,
dans sa découverte ou plutôt sa redécouverte de l’âme, il nous faut faire appel à Laing et
à l’école anglaise d’antipsychiatrie. Selon celle-ci, l’être cherche, après sa naissance, à
renaître à lui-même. Cette recherche est envisageable comme une sorte de voyage en
soi, de retour aux sources (commun à toutes les traditions) qui impliquerait un voyage
de l’extérieur vers l’intérieur (allant à l’encontre de l’esprit scientifique d’aujourd’hui),
de la vie vers une sorte de mort, de l’avant vers l’arrière, du mouvement temporel vers
l’immobilité, et du temps actuel vers le temps éternel. Ce voyage va vers la totalité de
l’être. Il va de l’existence extérieure post-natale vers la matrice pré-natale de toutes les
choses. Nous voyons là, schématisée, la notion d’un voyage dont le sens remet en
question l’existence même de l’être, le menant d’une valeur artificielle extérieure vers
une valeur existentielle intérieure.

Eva de Vitray-Meyerovitch : Ce que vous dites me rappelle un texte du 13e siècle, où


il est dit que le voyage cosmique de l’âme est en fait un périple spirituel. Et le saint dit
ainsi :

J’ai voyagé longtemps entre ces deux horizons. Durant des années et des mois, j’ai
parcouru la route par amour de la lune, inconscient du chemin, perdu en Dieu. Ne
regarde pas ces pieds qui marchent sur la terre, car c’est sur son cœur que marche
l’amoureux de Dieu. Et le cœur qui est enivré de l’Aimé, que sait-il de la route, de
l’étape, de la distance, courte ou longue ? « Long » et « court » sont des attributs de
corps, le voyage des esprits est d’une autre sorte. Tu as voyagé de la semence jusqu’à
la raison. Ce n’était pas en faisant des pas, ou en voyageant d’étape en étape, ou en
allant d’un lieu à un autre : le voyage de l’esprit est inconditionné par le temps et
l’espace ; c’est de l’esprit que notre corps a appris à voyager.

Dans un vers très célèbre, le grand poète persan Saadi déclare ainsi : « C’est dans le
royaume de l’âme que se trouvent les cieux qui dominent le ciel de ce monde ». Je
trouve que ce vers correspond tout à fait à ce que vous venez de dire, et que ces voix
qui se répondent, cette espèce de contrepoint, à travers les siècles, d’un psychanalyste
anglais moderne et de ces mystiques du 13e siècle, est un phénomène formidable…

Olivier Marc : Voici encore une phrase de Laing qui semble faire chœur à ce que vous
venez de dire : «Je laisse à ceux qui le souhaitent le soin de traduire dans le jargon de la
psychopathologie et de la psychiatrie clinique les données de ce processus parfaitement
naturel et nécessaire, processus auquel nous avons peut-être tous besoin de nous y
soumettre sous une forme ou sous une autre. Il aurait un rôle capital à jouer dans une
société vraiment saine.» Il s’agit avant tout d’une expérience intérieure, d’un voyage
intérieur à la rencontre de l’univers en soi. Nous nous retrouvons ici face à ces notions
qui sont communes à toutes les traditions et peut-être plus particulièrement, dans un
contexte qui nous est proche, au monde chrétien et occidental, à savoir les notions de
microcosme et de macrocosme. Très certainement, nous retrouvons ces notions
fortement ancrées dans l’islam ; je sais qu’elles sont également présentes dans
l’hindouisme, et très fortement ancrées dans le bouddhisme.

Eva de Vitray-Meyerovitch : Pour l’islam, ce sont en effet des notions fondamentales. Jalâl al-
Dîn Rûmî exprime : « Le soleil est entré dans la Constellation du Bélier, le firmament de mon
cœur n’entrera-t-il pas dans le même signe ? ». Il y a tout le temps cette idée de macrocosme
et de microcosme, qui permet d’ailleurs de considérer que tout est reflet d’un monde
d’archétypes. Mais vous devez avoir aussi ces archétypes dans la psychanalyse ? Des thèmes
constants de ce que nous appelons l’inconscient collectif ?

Olivier Marc : J’aimerais d’abord répondre à votre question des archétypes :


l’archétype, c’est un langage ancien dans lequel a puisé Jung pour exprimer une idée
actuelle. De par son nom même, l’archétype n’est pas une nouveauté mais a été une re-
découverte dans un contexte actuel, qui va dans le sens d’une découverte consciente des
richesses de l’âme humaine. Cette notion d’archétype a été une des raisons de différends
entre Freud et Jung, différends peut-être plus éprouvés par leurs successeurs que par
eux-mêmes : Freud, et surtout à sa suite sa grande élève et l’une des plus grandes
psychanalystes mondiales après lui-même, Mélanie Klein, font allusion à des « dépôts »
dans la psyché, à des entités existentielles qui se seraient trouvées là « en dessous » des
contenus refoulés. Ce dépôt inné a été tiré au jour et a pris sa coloration propre à travers
Jung, sous le nom et le mode d’expression de l’archétype. Cette notion d’archétype que
nous retrouvons dans toutes les traditions exprime ceci : l’être porte en lui une
conscience universelle non révélée.

Cela nous amène à reparler de ce sens du voyage tel que Laing aujourd’hui le décrit :
c’est un périple qui va du dehors vers le dedans, du «haut » vers le «bas », et qui
retourne en arrière dans le temps vers la matrice cosmique. Autrement dit, qu’est-ce que
l’expérience de la naissance de la conscience, sinon la découverte consciente d’une
expérience précédente, qui a été celle de la vie intra-utérine. Dans la vie intra-utérine,
l’être se développe physiquement et psychiquement, depuis le stade du germe jusqu’à
celui de l’être, en passant par toutes les formes et stades de la vie : minérale, végétale,
animale, pour devenir homme à la naissance ; et où l’existence, après, serait une
redécouverte consciente de cette expérience de l’univers.

Eva de Vitray-Meyerovitch : Il s’agit donc de gravir les échelons de l’être.

Olivier Marc : Le sens du voyage consiste à découvrir consciemment le potentiel secret


d’une expérience cosmique, faite dans le ventre de la mère, dans la matrice, expérience
non révélée, non portée au conscient, mais potentiellement révélable.

Eva de Vitray-Meyerovitch : Ceci, c’est le côté métaphysique de la psychanalyse.

Olivier Marc : Il me semble impossible de séparer l’un de l’autre.

Eva de Vitray-Meyerovitch : Bien sûr, mais il y a aussi le côté thérapeutique. Il y a des


souvenirs qui me viennent à l’esprit, d’un point de vue plus « clinicien » si vous voulez.
Ghazali de Nishapur, le grand Ghazali du Moyen Âge, raconte cette anecdote le concernant :
alors qu’il avait un grand auditoire d’étudiants, qu’il était un homme très célèbre,
connaissant beaucoup de succès, il s’est dit : « Je suis en train de gâcher ma vie… La recherche
de Dieu, ce n’est pas cela… il me faut quitter tout cela… ».

Mais il n’arrivait pas à s’y résoudre, et il relate dans son autobiographie – que j’ai
d’ailleurs traduite avec beaucoup de joie – que le matin, il se disait : « Je ne peux pas
quitter ma famille », l’après-midi : « C’est plus important de trouver Dieu », le soir : «
Je ne peux pas abandonner mes étudiants »… Et tout à coup, il perdit complètement
la voix, il ne pouvait plus du tout parler : cela résolut, dans une certaine mesure, la
question. Après avoir consulté tous les médecins de l’endroit (il vivait à Bagdad à
cette époque, je crois), ces derniers ont porté le diagnostic suivant: « Ce n’est pas ton
corps qui est malade, c’est ton cœur (au sens pascalien du mot). Quand tu auras pris
une décision, ta voix reviendra, tes cordes vocales guériront… C’est ton esprit qui
est malade… ».

Et Ghazali rapporte que c’est lorsqu’il se décida à tout abandonner et à partir, qu’il
retrouva la parole… Cette notion de maladie psychosomatique existait donc déjà.

Olivier Marc : Il y avait déjà une connaissance des données psychosomatiques. Il me semble
qu’à cette époque-là, on possédait cela beaucoup plus qu’aujourd’hui. En fait, nous le
redécouvrons aujourd’hui. Il est certain que toute la connaissance des traditions à ces époques
où nous nous référons – la notion de ‘‘religion’’ étant ce qui ‘‘relie’’ à une dimension inconnue
– se trouvait entièrement basée sur une indissociabilité de l’âme et du corps, et par
conséquent sur une conviction de l’existence psychosomatique de l’individu.

En fait, c’est l’ère rationaliste qui, depuis la Renaissance et jusqu’à la révolution


industrielle, a commencé à faire un voyage vers le dehors, jusqu’à en oublier
complètement l’existence du dedans. Nous nous sommes focalisés sur le visible, le
tangible, le perceptible avec les moyens mentaux et sensuels dont nous disposons, au
détriment d’une connaissance intuitive de l’âme. Or les traditions liaient absolument
l’âme au corps et le corps à l’âme. D’ailleurs, tous les textes que vous citez en font
absolument état. En réalité, la psychanalyse vient aujourd’hui se poser en contestataire
d’une direction poussée à l’extrême vers le dehors, dans le sens de la dissociation. Elle
retrouve (sur un plan de conscience différent, puisqu’une part de temps s’est écoulée, et
sur un plan collectif différent) des données qui ont existé précédemment dans un
contexte différent.

Eva de Vitray-Meyerovitch : Je pense que nous ne saurions mieux conclure cet


entretien qu’en citant cette célèbre tradition prophétique, qu’ont méditée tous les
mystiques et spirituels de l’islam: « Celui qui connaît sa propre âme connaît son
Seigneur ».

1 Al-Fâtiha (L’Ouvrante ou La Liminaire), première sourate du Coran.

2 Les noms divins du premier et troisième verset de la Fâtiha sont plus justement
traduits ainsi « le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux ».

3 Avicenne, médecin et scientifique persan du XIe siècle, est l’auteur du Canon(Kitab


al-Qanûn fî al-Tibb), ouvrage encyclopédique de médecine rédigé en arabe.

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