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Sediment o Log I Que
Sediment o Log I Que
CHAPITRE 3
SEQUENCES D’ENVIRONNEMENTS
ET STRATIGRAPHIE SEQUENTIELLE
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I - LE CADRE SEDIMENTOLOGIQUE
* La nature du sédiment
Fonds indurés, sableux ou vaseux, calcaires, marnes, silts, évaporites,
phosphates, glauconie, etc… Elle permet de situer le type d'environnement
sédimentaire et les facteurs généraux, essentiellement physico-chimiques qui le
contrôlent et qui sont propres à chaque type de sédiment.
a) La plate-forme proximale
On décrira successivement les principaux faciès de la zone médiolittorale,
puis ceux de la zone infralittorale.
* La zone méridionale
* F1 : Dans le Cénomanien de la partie sud du Dj. Bou Rhezal
(Coudiat el leham) apparaissent des dépôts évaporitiques. Ce sont des marnes à
gypse admettant quelques bancs de gypse d'épaisseur inférieure à un mètre,
ainsi que des cargneules et des brèches de dissolution. Ce cortège de faciès
évoque des lagunes ou des étangs parsemant un vaste tidal flat, dans lesquels
s'effectuait une sédimentation évaporitique à caractère discontinu latéralement.
* F2, F3, F4 : Au Cénomanien ces faciès sont observables
notamment dans la série du Dj. Bou Rhezal ainsi que sur toute la bordure sud
des Zibans et des Monts des Oulad Naïl (Dj. Mimouna). Ce sont :
- les calcaires à laminations horizontales et stromatolitiques, parfois
admettant des niveaux à polygones de dessiccations (F2) ;
- les calcaires oolitiques chenalisants (F3) : dépôts typiques des chenaux
tidaux ;
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* La zone infralittorale
Les dépôts du Cénomanien et du Turonien de la plate-forme proximale se
rattachent pour partie à la zone infralittorale, en milieu marin à tendance
restreint.
* F9 : les calcaires à miliolidés : ce faciès est caractérisé par des
accumulations monogénériques de miliolidés ou ophtalmidiidés ou d'autres
foraminifères porcelanés. Ils suggèrent un environnement restreint
correspondant à des lagons littoraux tels ceux de la côte des pirates du Golfe
Persique (MURRAY, 1965-1970). Ce faciès est bien représenté dans les séquences IB
et ID du Cénomanien. Dans les séquences IIB et IIC, le faciès à miliolidés
s'enrichit en pénéroplidés (surtout dans la plate-forme confinée). Ces
foraminifères épiphytaux indiquent également des salinités supérieures à la
normale (40 à 70 ppm) et la présence d'herbiers sous-marins.
On observe parfois une micritisation des miliolidés engendrant un faciès
pelletoïdal à pelletoïdes de forme ovale (Pl. ).
* F10 : les calcaires oolitiques : ce sont des wackestones et
packstones à oolites en partie micritiques, accompagnées par des bioclasts
constitués de fragments de valves de lamellibranches (surtout des ostreïdés).
Ce faciès correspond à des produits de remblayage de lagons, type
"bahamites", ou encore et plus fréquemment des calcaires packstones-
grainstones oolitiques à stratifications obliques interprétés en tant que cordons
infralittoraux.
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b) La plate-forme moyenne
Elle correspond à la bande centrale des Aurès.
* F14 : les calcaires à pelletoïdes: ce sont des packstones à
pelletoïdes de petite taille souvent à peine plus gros que des pellets et mal
classés. Ils sont accompagnés par des fragments d'algues codiacées (Marinella sp.
?) et de petits foraminifères benthiques manifestant une tendance au nanisme.
Les miliolidés sont fréquents. Les pelletoïdes résultent probablement de la
micritisation des fragments d'algues et des foraminifères, en milieu
moyennement agité, à la limite supérieure de la zone infralittorale, en
conditions marines restreintes étant donné la nature des foraminifères. Ce faciès
est abondant au Turonien moyen à supérieur.
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* F22 : les marnes à échinides : c'est un faciès très fréquent dans les
séquences du Turonien et dans la séquence IIIA du Coniacien.
Ce sont principalement des échinides du genre Hemiaster qui sont
représentés en association avec des pectens, des inocérames, de gros
gastéropodes et des ammonites et foraminifères pélagiques peu fréquents. Les
données actuelles de la paléoécologie des échinides (Zaabib TURKI, 1987 -
NERAUDEAU, 1991) permettent de distinguer deux types dominants chez ces
Hemiaster :
- les formes surbaissées et subéquipétales (H. Latigrunda, H.
Khenchelensis) qui sont connues au Cénomanien et Turonien dans la zone
infralittorale ;
- les formes subglobuleuses et inéquipétales (H. Proclivis, H. Fournelli,
H. Devauxi) qui sont répandues surtout dans les sédiments vaseux de la zone
circalittorale.
Les échinides caractérisent un milieu sténohalin strict. Les échinides
apparaissent rarement dans les bancs calcaires où ils sont resédimentés, en
association avec des plicatules.
* F23 : les calcaires à échinodermes et bryozoaires : c'est le faciès le
plus répandu au Maastrichtien. C'est un calcaire formant de puissantes
accumulations, à texture packstone à grainstone, constitué de débris de tests
échinides et de bryozoaires ramifiés en proportion sensiblement égale, formant
au total 80 % des organismes.
Ils sont accompagnés par des débris de lamellibranches, le plus souvent
d'inocérames, d'algues vertes et lithothamniées et quelques foraminifères. Ce
sont des laffiteïnes ou des milioles.
La phase de liaison est formée pour sa plus grande part par la calcite
syntaxiale développée autour des grains d'échinodermes.
Ainsi c'est un faciès de la zone infralittorale en milieu marin ouvert, mais
de faible profondeur. Celle-ci est suggérée par la faible proportion ou l'absence
de phase de liaison boueuse et l'usure des grains reflétant un milieu
moyennement agité, probablement sous l'influence de la zone d'action des
vagues.
Ces dépôts constituaient de vastes bancs bioclastiques à l'avant de cordons
oolitiques, ce dernier faciès leur succédant verticalement dans les séquences et
se développant vers la marge sud de la plate-forme.
* F24 : les calcaires à rudistes : ce sont des niveaux de faible
épaisseur à vaccinités qui se développent dans les termes les plus internes de la
séquence IIC dans la marge sud de la plate-forme médiane et qui sont
identiques au point de vue du milieu avec ceux rencontrés dans la plate-forme
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c) La plate-forme distale
C'est essentiellement la bande nord des Aurès et les Monts de Batna.
* F25 : les marnes à foraminifères benthiques et pélagiques : ces
marnes apparaissent dans le Turonien (IIC) et dans la séquence IC du
Cénomanien.
Elles renferment surtout des foraminifères benthiques dominés par des
Nodosaridés et des Agglutinés, et une faible proportion de foraminifères
pélagiques. Par ailleurs elles renferment des ostracodes caractéristiques de la
plate-forme externe (Spinoleberis, Ovocytheridae).
* F26 : les calcaires à Astartes : ils apparaissent dans la séquence
IIA du Turonien avec des états de démantèlement différents :
- des accumulations de valves préservées entières mais généralement
disjointes. Ils se localisent dans des bancs affectés par des renflement circulaires
de 20 cm de diamètre, à leur partie supérieure, d'origine indéterminée. Ils sont
associés avec des ammonites (Dj. Chebeïbita).
- Des lumachelles constituées de coquilles démantelées qui s'intercalent
tantôt dans les marnes, tantôt dans les calcaires noirs à faciès pélagique de la
base de la séquence. Ils se présentent dans ce dernier cas sous formes
d'accumulations discontinues, lenticulaires. Ces dépôts lumachelliques ont subi
un transport évident vers des zones plus externes que leur milieu d'origine.
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Cependant la composition des feuillets n'est pas tout à fait identique, les
lamines claires étant composées dans le "Bahloul Vrai" essentiellement de
foraminifères planctoniques globuleux, de calcisphères et de filaments.
Le modèle proposé pour la formation de ce faciès (in ROBASZINSKI et al., 1993)
le plus probable est celui d'upwellings" saisonniers (in WETZEL, 1991 - in SUMMER
MAYES 1a, 1980) dans le cadre de l'épisode transgressif du passage
Cénomanien/Turonien.
Les upwellings se produisent en bordure de la plate-forme, entraînant des
remontées d'eaux océaniques riches en substances nutritives (essentiellement
des nitrites et phosphates) qui favorisent le développement du plancton végétal
et animal. La biomasse augmente ainsi et donne naissance à une quantité
importante de matière organique qui s'accumule sur le fond où l'oxygène
dissout ne suffit plus à sa dégradation, provoquant une phase d'anoxie. Le
plancton prolifère en surface par étapes et va engendrer les lamines claires. Les
phases d'upwellings entraînent des regains de productivité du plancton se
traduisant par la croissance de la quantité de matière organique qui à son tour
fait réapparaître des conditions anoxiques sur le fond. Celui-ci passe
successivement de périodes dysaérobiques permettant de brèves phases de vie
benthique (existence de bioturbations) à des périodes d'anoxie.
On observera que dans le cas du faciès que nous avons décrit, les
foraminifères planctoniques sont absents (région de Chebeïbita dans les Monts
des Oulad Naïl). Dans d'autres coupes (Rass el Merss) ils apparaissent en
association avec les pithonelles mais ils sont relativement peu fréquents. Ceci
est peut être un indice de profondeur moindre du milieu.
Par ailleurs les laminations sont très irrégulières ce qui évoque l'influence
soit de petits glissements synsédimentaires, soit de courants de fond qui
drainent par phases les bio-accumulations et engendrent la structure onduleuse
de ces lamines.
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* Le cortège transgressif
Il correspond aux dépôts lors de la phase transgressive du cycle qui
entraînent une remontée du niveau marin sur la majeure partie de la plate-
forme. Ces dépôts sont constitués de paraséquences rétrogradantes grano et
stratodécroissantes. Dans sa partie distale le taux de sédimentation est faible du
fait du piégeage des sédiments de plus en plus haut sur la plaine côtière. La
base de ce cortège est soulignée par une surface de ravinement qui correspond à
une des premières phases d'inondation, dite surface basale transgressive. Le
cortège transgressif est caractérisé par un approfondissement progressif de l'aire
de dépôt et reconstitue un nouvel espace sédimentaire sur la plate-forme côtière
précédemment partiellement ou totalement immergée.
La sédimentation est en général constituée d'alternances de marnes et de
calcaires bioturbés comportant des associations de fossiles variés.
Ces fossiles sont souvent corrodés et usés du fait du pouvoir d'abrasion
important des courants lors des premières phases d'inondation. Les
remaniements sont également fréquents avec des fossiles entraînés à partir du
large vers la zone littorale ou resédimentations de fossiles à partir des prismes
précédemment déposés et ayant subi une érosion.
Le cortège transgressif s'achève par un horizon de condensation,
matérialisé par une accumulation des faunes (souvent des ammonites) ou des
couches glauconieuses et/ou phosphatées qui correspond à la surface
d'inondation maximale ou maximum transgressif.
terrigène). On observe également que d'autres groupes parmi les invertébrés ont
connu une hausse significative des pourcentages d'extinction à la fin de
l'Ordovicien, et à la fin du Permien, tels les brachiopodes, les échinodermes, les
ammonoïdés et les bivalves (d'après NEWEIL in POMEROL et BABIN, 1977)
(Fig. 3.8b).
Ainsi ces évolutions biologiques paraissent en partie être en relation avec
les conséquences climatiques induites par les cycles à long terme et à moyen
terme également, puisque ces derniers, à l'échelle des sous systèmes, exercent
des effets climatiques similaires à ceux des cycles de 1er ordre.
En ce qui concerne les cycles de 4ème ordre ils sont interprétés dans le
cadre de la stratigraphie séquentielle (POSAMENTIER et al., 1988) en tant que
paraséquences produites par des phases de montée eustatique suivies par des
phases de ralentissement sans qu'il y ait chute relative du niveau marin.
Une nouvelle conception (MITCHUM et VAN WAGONER (1991) et PLINT (1991))
de ces cycles de 4ème ordre admet leur mise en place par les mêmes processus
de montée relative puis de chute du niveau marin que ceux des cycles d'ordre
inférieur (notamment les cycles de 3ème ordre) et donc remet en question la
notion de paraséquence concernant les cycles de 4ème ordre. Il reste à savoir si
ces séquences, si elles sont reconnues en tant que telles dans d'autres régions de
la Terre, sont effectivement synchrones comme le nécessiterait leur contrôle
eustatique.