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Volume I
Hydrologie – De la mesure à l’information
hydrologique
Édition 2008
OMM-N° 168
Guide des pratiques hydrologiques
Volume I
Hydrologie – De la mesure à l’information
hydrologique
Édition 2008
OMM-N° 168
NOTE DE L’ÉDITEUR
Les polices de caractère utilisées dans le présent volume ne correspondent pas à des pratiques
normalisées ou recommandées et sont utilisées exclusivement pour des questions de lisibilité.
Le terme shall dans la version anglaise et les formes verbales équivalentes dans le texte français
indiquent les pratiques à suivre pour une représentation correcte des données tandis que le
terme should en anglais et son équivalent en français signalent les pratiques recommandées.
La base de données terminologique de l’OMM, METEOTERM, peut être consultée à l’adresse
http://public.wmo.int/fr/ressources/meteoterm.
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des espaces peuvent apparaître après http://, https://, ftp://, mailto:, et après les barres obliques
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OMM-N° 168
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être reproduits sans autorisation, pour autant que la source complète soit clairement indiquée.
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ISBN 978-92-63-20168-3
NOTE
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n’impliquent, de la part du Secrétariat de l’Organisation météorologique mondiale, aucune prise de position
quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs
frontières ou limites.
Les opinions exprimées dans les publications de l’OMM sont celles de leurs auteurs et ne reflètent pas
nécessairement celles de l’OMM. De plus, la mention de certaines sociétés ou de certains produits ne signifie pas
que l’OMM les cautionne ou les recommande de préférence à d’autres sociétés ou produits de nature similaire
dont il n’est pas fait mention ou qui ne font l’objet d’aucune publicité.
La présente publication a fait l’objet d’une édition sommaire.
TABLEAU DES MISES À JOUR
Page
PRéFACE ............................................................................................................................................ xiii
REMERCIEMENTS .............................................................................................................................. xv
chapITRE 5. Mesurage de la quantité des eaux superficielles et des sédiments . ...... I.5.1
5.1 Niveaux des cours d’eau des lacs et des réservoirs .................................................................. I.5-1
5.1.1 Généralités............................................................................................................. I.5-1
5.1.2 Instruments de mesure du niveau .......................................................................... I.5-1
5.1.3 Méthodes de mesure des niveaux . ........................................................................ I.5-2
5.1.4 Fréquence des mesures de niveau........................................................................... I.5-3
5.2 Glace sur les cours d’eau, les lacs et les réservoirs ................................................................... I.5-3
5.2.1 Généralités ............................................................................................................ I.5-3
5.2.2 Éléments du régime des glaces .............................................................................. I.5-3
5.2.3 Méthodes d’observation ........................................................................................ I.5-3
5.2.4 Dates et fréquence des observations ...................................................................... I.5-4
5.2.5 Précision de la mesure ........................................................................................... I.5-4
5.3 Mesurages et calculs des débits .............................................................................................. I.5-4
5.3.1 Généralités ............................................................................................................ I.5-4
5.3.2 Jaugeage au moulinet . .......................................................................................... I.5-4
5.3.3 Méthode de jaugeage à l’aide de flotteurs ............................................................. I.5-10
5.3.4 Méthode de jaugeage par dilution . ....................................................................... I.5-11
5.3.5 Estimation du débit par des méthodes indirectes .................................................. I.5-12
viii GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Page
5.3.6 Jaugeage en conditions difficiles............................................................................. I.5-14
5.3.7 Méthodes non traditionnelles pour le jaugeage de rivières . ................................... I.5-17
5.4 Stations de jaugeage .............................................................................................................. I.5-22
5.4.1 Objet des stations de jaugeage .............................................................................. I.5-22
5.4.2 Choix du site ......................................................................................................... I.5-22
5.4.3 Contrôles de la relation hauteur-débit ................................................................... I.5-23
5.4.4 Installations de mesure .......................................................................................... I.5-23
5.4.5 Relations hauteur-débit . ........................................................................................ I.5-24
5.4.6 Calcul de la moyenne des hauteurs de jauge correspondant à une mesure
de débit . ............................................................................................................... I.5-26
5.5 Débit et apports solides . ........................................................................................................ I.5-26
5.5.1 Généralités ............................................................................................................ I.5-26
5.5.2 Choix du site ......................................................................................................... I.5-26
5.5.3 Mesure du débit des matières en suspension ......................................................... I.5-26
5.5.4 Mesure du débit de charriage de fond ................................................................... I.5-28
Bibliographie et lectures complémentaires .......................................................................................... I.5-30
En septembre 2000, les dirigeants de la planète ont pratiques, procédures et instruments actuels, leur
adopté la Déclaration du millénaire à partir de permettant ainsi d’effectuer leur travail avec plus de
laquelle ont été arrêtés huit objectifs mesurables et succès. Il n’entre pas dans le cadre de cet ouvrage de
liés à un échéancier précis, pour lutter contre la faire une description complète des bases théoriques,
pauvreté, la faim, les maladies, l’analphabétisme, la ni de présenter un éventail exhaustif des méthodes
dégradation de l’environnement et l’inégalité entre et des techniques. Le cas échéant, des références
les sexes. Ces huit objectifs sont connus comme les documentaires sont toutefois signalées. Les procé-
objectifs du millénaire pour le développement dures détaillées pour le suivi des paramètres
(OMD) de l’Organisation des Nations Unies. La réali- hydrologiques sont traitées dans les manuels spéci-
sation de chacun de ces objectifs dépend, dans une fiques de l’OMM.
large mesure, de la disponibilité de l’eau potable et
de la protection de la population contre les ravages On espère que le présent ouvrage soit utile non
des inondations. Ceci engage pour leur part forte- seulement aux Services nationaux des Membres mais
ment la responsabilité des Services hydrologiques et aussi aux divers autres intervenants et organismes
hydrométéorologiques nationaux dans le soutien, impliqués dans la gestion des ressources en eau en
au niveau national, des actions nécessaires pour faire général, et en particulier dans le suivi et l’estimation
face à la demande sans cesse croissante visant les de ces ressources. La Commission d’hydrologie
ressources limitées en eau douce des Membres de (CHy) de l’OMM a donc décidé d’en faire un docu-
l’OMM. En particulier en ce qui concerne les bassins ment «vivant» qui sera mis à jour périodiquement et
transfrontaliers où les préoccupations sont guidées publié sur Internet. Il est aussi un des éléments
par la nécessité d’une répartition équitable de ces constitutifs du Cadre de référence pour la gestion de
ressources limitées, des mécanismes opérationnels la qualité en hydrologie à l’OMM, actuellement en
appropriés visant au partage de ces dernières peuvent cours d’élaboration. Ce cadre de référence doit aider
être établis et maintenus entre les pays riverains les Membres et leurs Services nationaux à s’assurer
concernés. que leurs activités, comme l’acquisition des données
hydrologiques, la prestation de services et de
L’un des objectifs de l’Organisation météorologique produits, soient effectivement réalisées avec compé-
mondiale (OMM) est de promouvoir la norma- tence et efficacité. Les utilisateurs de ce Guide sont
lisation des observations météorologiques et donc invités à contribuer à son amélioration par
hydrologiques et d’assurer l’uniformisation de la leurs commentaires et suggestions.
publication des données et des statistiques. C’est
dans ce cadre que le Congrès météorologique Le Guide des pratiques hydrologiques est publié en
mondial adopte traditionnellement un Règlement anglais, espagnol, français et russe. Cependant,
technique (OMM-N° 49) fixant les pratiques et les comme pour les versions précédentes, plusieurs
procédures météorologiques et hydrologiques que Membres ont manifesté leur intention de le traduire
doivent suivre les Membres de l’Organisation. Ce dans leur langue nationale.
Règlement est complété par un certain nombre de
manuels et de guides qui décrivent, plus en détail, C’est avec plaisir que j’exprime ma reconnaissance à
les pratiques et procédures que les Membres sont la Commission d’hydrologie de l’OMM pour avoir
tenus ou invités à observer pour le suivi et l’évalua- pris l’initiative de superviser la révision du présent
tion des ressources en eau de leurs pays respectifs. Guide.
On espère ainsi que l’amélioration de l’uniformi-
sation et de la normalisation des pratiques et
procédures hydrologiques contribuera au renfor-
cement de la collaboration entre les Membres
de l’OMM et facilitera davantage la coopération
régionale et internationale.
Ceci est la sixième édition du Guide des pratiques Fabio Santamaria (chapitre 8); Maria-Monica Ghioca
hydrologiques que la Commission d’hydrologie a (chapitre 9) et Bruce Stewart (chapitre 10).
décidé de mettre à jour et de publier à la demande
de ses membres. Cette décision fait suite aux Les experts suivants ont participé à la révision des
observations et retours d’expérience liés à l’utilisa- chapitres et sections (indiqués entre parenthèses) du
tion de la cinquième édition du Guide et à la volume II du Guide: Arni Snorrasson (chapitre 2);
reconnaissance de sa grande valeur pour les Paul Mosley (matériaux du chapitre 2); Bruce Mitchell
Services hydrologiques nationaux et les profes- (chapitre 3); Tinus Basson (4.2); Suresh Chandra (4.3);
sionnels travaillant dans les domaines liés à l’eau. P.B.S. Sarma (4.4); Valdemar Andrade (4.5); Denis
Plus de 40 experts mondiaux aguerris ont contri- Mosnier (4.5); Benno Droge (4.6); Carlos Tucci (4.7);
bué à la préparation de cette édition du Guide. De Shankar B. Kulkarni (4.8); Carlos Meier (4.9); Kaz
ce fait il est orienté vers les applications pratiques Adamowski (chapitre 5); Zbigniew W. Kundzewicz
et s’inscrit dans un cadre de gestion de la qualité (chapitre 6) et Curt Barrett, Kosta Georgakakos, Ian
tel qu’initié par la Commission d’hydrologie. C’est Cluckie, Paul Pilon et Sergei Borsch et James Dent
avec un grand plaisir que j’exprime la reconnais- (chapitre 7). Les contributions sur les développements
sance de la Commission à ces experts qui se sont technologiques en matière de télédétection ont été
portés volontaires pour procéder à la préparation fournies par Edwin Engman et Ahalam Shalaby (divers
et à la compilation des matériaux nécessaires et chapitres).
ont permis l’accomplissement de cette tache
démesurée. L’examen par les pairs de la documentation préparée
pour le volume II a été réalisé par les experts suivants:
Ma profonde gratitude va aussi aux membres du Paul Pilon (chapitre 3); Richard Muller (4.2);
Comité d’examen mis en place par la Commission Ponnuswarni Sooriyakumaran (4.3); Mario Fugazza
d’hydrologie qui ont supervisé la révision du Guide. (4.4); Valdemar Andrade et Denis Mosnier (4.5);
Le Comité d’examen dirigé par Karl Hofius Hussam et Maha Tawfik (4.6); Jim Elliott (4.7);
(Allemagne), et composé de Suresh Chandra (Inde), Christophe Ancey (4.8); Denis Hughes (4.9); Manuel
Denis Hughes (Afrique du Sud), Fred Kyosingira Irigoyen et Ezio Todini (chapitre 5); Paolo Mignosa
(Ouganda), Paul Pilon (Canada), Marco Polo Rivero (chapitre 6); Ilmar Karro et Eric Liljas (chapitre 7).
(Venezuela) et Avinash Tyagi (Directeur, Giacomo Teruggi, John Bassier et Arthur Askew ont
Département du climat et des ressources en eau, apporté un soutien solide et essentiel au processus de
Organisation météorologique mondiale), a contri- publication grâce à une coordination active avec les
bué à déterminer dans la cinquième édition ce qui auteurs et à la mise en œuvre du travail technique
demandait à être révisé et mis à jour, a identifié les éditorial nécessaire. Par-dessus tout, la publication
experts chargés du remaniement et de l’évaluation n’aurait pas été possible sans le soutien actif du
par les pairs de différents chapitres et sections, et a personnel du Secrétariat de l’OMM.
examiné les contributions d’experts.
La sixième édition du Guide sera un document
J’exprime mes sincères remerciements et ma recon- «vivant», c’est à dire évolutif, dont la version Web
naissance à tous les experts qui ont contribué à la sera mise à jour chaque fois que des développements
mise en forme et à la révision du Guide. Les experts significatifs apparaîtront dans les pratiques de tout
suivants ont contribué à l’actualisation et à la révi- domaine particulier. Comme il est appliqué et utilisé
sion des chapitres (indiqués entre parenthèses) du concrètement, le Guide peut être amélioré grâce aux
volume I du Guide: Svein Harsten (chapitres 2 et 5); remarques et suggestions de la communauté hydro-
Robert Halliday (chapitre 2); Chris Collier (chapi- logique. La Commission d’hydrologie s’efforcera de
tre 3); Karan S. Bhatia (chapitre 4); Ahmed Fahmi le maintenir autant que possible à jour, en prenant
(chapitre 5); Anthony Navoy (chapitre 6); Anne en compte les commentaires de ses membres.
Coudrain (chapitre 7); Albert Rugumayo (chapitre
8); John Fenwich (chapitre 9) et Matthew Fry et
Frank Farquharson (chapitre 10).
INTRODUCTION
conflits découle d’une large compréhension des ressources en eau. Cela pour soutenir les Services
principes et des mécanismes au travers desquels ces hydrologiques nationaux et les services poursuivant
résultats peuvent être obtenus. Les cours d’eau trans- une mission similaire.
frontaliers ont le potentiel pour rapprocher
économiquement et politiquement les pays, ou au Le Guide s’inscrit dans le cadre global des pratiques
contraire de créer des tensions économiques et poli- et procédures recommandées par le Règlement
tiques. Le facteur risque dans la prise de décision en technique (OMM-N° 49), Volume III – Hydrologie,
gestion des ressources en eau est fonction de la varia- approuvé par l’OMM. Les Membres sont invités à
bilité hydrologique. Ces risques peuvent être atténués mettre en œuvre ces pratiques et procédures recom-
grâce à une gestion conjointe des fleuves transfron- mandées pour le développement de leurs services et
taliers. La coopération dans ce domaine est fonda- activités hydrologiques.
mentalement une activité politique. L’allocation des
ressources ou la répartition des prestations dépend
essentiellement de la connaissance des disponibilités
en eau, liée à la variabilité hydrologique. Une 1.3 CONTENU DU GUIDE
connaissance partagée et acceptée à la fois des
ressources, des projections relatives à leur disponi- Il est difficile de fixer une frontière distincte entre la
bilité et de la confiance à leur accorder, aide science hydrologique et l’exercice pratique de
grandement à évaluer la faisabilité et l’équité des planification et de gestion des ressources en eau.
scénarios alternatifs de gestion et d’investissement. Cependant, pour des raisons pratiques, il a été
nécessaire de diviser cette édition du guide en deux
Un manque d’homogénéité des données de la phase volumes présentés ci-dessous (figure I.1.1).
continentale du cycle hydrologique limite la capa-
cité scientifique à suivre les changements relatifs au Le volume I, intitulé Hydrologie – De la mesure à l’in-
climat et à déterminer les causes de la variabilité et formation hydrologique, traite des réseaux,
des changements dans le régime hydrologique. Le instruments, méthodes d’observation, premiers
débit des rivières joue un rôle dans le fonctionne- traitements et stockage des données. Il contient dix
ment du système climatique, cette eau douce en chapitres, commençant par une introduction et les
arrivant aux océans peut en effet influencer la circu- grandes lignes dans le chapitre 1.
lation thermohaline. Pour une utilisation facile et
fiable, la qualité de telles données et les procédures Le chapitre 2, intitulé «Méthodes d’observation»,
pour leur acquisition, leur stockage et leur échange traite de la conception et de l’évaluation des réseaux
doivent, en général, respecter des normes et proto- hydrologiques et donne un aperçu des instruments
coles spécifiques. et des méthodes d’observation pour différents
éléments hydrologiques détaillés dans les chapitres
Tous ces facteurs renforcent le besoin de garantir la suivants. Dans le chapitre 3, la mesure des précipita-
qualité des données hydrologiques. Afin de mettre tions est présentée sous tous ses aspects, de la
à disposition une expertise dans le domaine de la localisation des pluviomètres à l’observation par
coopération internationale en météorologie, climat, télédétection. Le chapitre couvre aussi bien les préci-
hydrologie et ressources en eau, l’OMM publie des pitations liquides que solides, ainsi que leur qualité.
documents d’orientation et des normes, dans Le chapitre 4, «Évaporation, évapotranspiration,
l’espoir que ce guide constitue un maillon impor- humidité du sol», aborde à la fois les méthodes
tant dans le cadre de gestion de la qualité des directes et indirectes et passe brièvement en revue les
pratiques hydrologiques. Pour répondre à ces méthodes de réduction de l’évaporation.
exigences, des efforts soutenus ont été déployés
pour élargir et améliorer le Guide des pratiques hydro- Le chapitre 5, «Mesure des eaux de surface et des sédi-
météorologiques qui en est à sa sixième édition. Il ments», est essentiel et traite de la mesure des débits
devrait être utile non seulement aux Services hydro- des rivières et de la capacité des lacs et des réservoirs.
logiques nationaux, mais aussi aux autres parties Il concerne aussi la mesure des débits solides. Ce sujet
prenantes. est discuté de façon plus détaillée dans le Manual on
Stream Gauging (WMO-No. 519) et dans le Manual on
Il aborde toutes les phases du cycle continental de operational methods for the measurement of sediment
l’eau, en particulier ses phases superficielles et transport (WMO-No. 686) auxquels le lecteur est
souterraines. Conjointement avec les manuels invité à se reporter pour plus d’informations.
publiés par l’OMM, il fournit des informations
détaillées dans les domaines relevant des activités Le chapitre 6, intitulé «Eaux souterraines», traite des
de l’Organisation, en matière d’hydrologie et de mesures dans les puits et des propriétés hydrauliques
CHAPITRE 1. INTRODUCTION I.1-3
Données historiques et
Rétroaction
Autres utilisations
Production
Navigation Agriculture Industrie Écologie
d’énergie
des aquifères. Il traite aussi en détail de diverses Enfin les chapitres 9 et 10, «Traitement des données
techniques de télédétection pour l’observation des et contrôle de qualité», et «Stockage des données,
eaux souterraines. accès et diffusion», intègrent respectivement la
diffusion des données pour l’usage d’une commu-
Le développement des ressources en eau n’est pas nauté hydrologique plus étendue.
seulement limité par leur disponibilité en quantité
suffisante mais aussi par leur qualité. En consé- Le volume II intitulé Gestion des ressources en eau
quence, le chapitre 7 «Qualité de l’eau et écosystèmes et application des pratiques hydrologiques traite de
aquatiques» aborde des sujets allant des méthodes l’application des informations ci-dessus à la
d’échantillonnage à la télédétection. Le chapitre 8, prévision hydrologique et à la planification et la
«Notions de sécurité en hydrométrie», traite de tous conception de divers projets hydrauliques. Il se
les sujets allant de la sécurité du personnel effec- compose de sept chapitres commençant par une
tuant les mesures, à la sauvegarde des stations introduction et par le tracé des grandes lignes
d’enregistrement et des échantillons prélevés. dans le chapitre 1.
I.1-4 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Le chapitre 2 fournit des conseils pour la gestion internationales relatives aux méthodes de mesure
des services hydrologiques y compris les aspects des débits liquides dans les canaux découverts,
relatifs aux ressources humaines et à la gestion préparées par les membres de l’Organisation inter-
financière et patrimoniale. Le chapitre 3 introduit nationale de normalisation (ISO). Cette organisation
la gestion intégrée des ressources en eau et souligne a développé plus de 50 normes pour différents types
le rôle vital de la qualité des données hydrologiques de méthodes de mesure. On peut également trouver
dans le traitement de questions complexes de des références utiles dans les comptes rendus des
gestion des eaux. Le chapitre 4 montre l’utilisation symposiums, séminaires et ateliers internationaux
de l’information hydrologique dans les applications consacrés à l’hydrométrie et organisés par l’Associa-
de gestion des eaux telles que l’estimation de la tion internationale de sciences hydrologiques
capacité et du rendement des réservoirs, la gestion (AISH), l’OMM et l’Organisation des Nations Unies
des inondations, l’irrigation et le drainage, l’hydro- pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
électricité et les projets liés à l’énergie, la navigation
et la correction des cours d’eau, la gestion des eaux La description complète des bases théoriques des
urbaines, le transport solide, la morphologie du pratiques recommandées et la discussion détaillée
cours des rivières et les questions environnemen- de leur mode d’application n’entrent pas dans le
tales. Le chapitre 5 traite de l’analyse des valeurs cadre de ce Guide. Pour plus de détails y afférents,
extrêmes tandis que les chapitres 6 et 7 concernent le lecteur est renvoyé aux manuels spécialisés et
respectivement la modélisation des systèmes hydro- rapports techniques de l’OMM ainsi qu’aux autres
logiques et la prévision hydrologique, deux des manuels, guides et notes techniques des agences
fonctions clés des services hydrologiques en matière nationales. En particulier, des orientations plus
de gestion des eaux. détaillées sur les instruments et les méthodes figu-
rent dans le Guide des instruments et des méthodes
Alors que la normalisation est à la fois souhaitable d’observation météorologiques (OMM-N° 8) et dans le
et réalisable en ce qui concerne les instruments, les Guide des pratiques climatologiques (OMM-N° 100).
méthodes d’observation et les pratiques de publica-
tion, cela est rarement le cas pour l’analyse Les références figurent à la fin de chaque chapitre.
hydrologique et les applications. Par conséquent
l’accent est mis, dans le volume II, sur la présenta-
tion, pour résoudre une sélection de problèmes,
d’approches alternatives ayant démontré, par l’ex- 1.4 LE SYSTÈME HYDROLOGIQUE
périence, leur praticabilité et leur efficacité. Plutôt OPÉRATIONNEL À FINS MULTIPLES
que de recommander une approche ou une tech-
nique de préférence à une autre, l’attention est Durant les dernières décennies, la science et la tech-
portée sur les principales caractéristiques et avan- nologie hydrologiques ont effectué des progrès
tages de chaque approche. Le choix final dépendra notables et des contributions significatives ont été
d’une multitude de facteurs parmi lesquels les apportées, par les hydrologues de terrain, au déve-
régimes hydrologiques et climatiques concernés, les loppement et à la gestion des ressources en eau. Afin
données et informations disponibles et les finalités de faciliter les échanges concernant les pratiques
attendues. Cette décision ne peut être prise qu’à la hydrologiques entre les services hydrologiques
lumière d’une compréhension totale de la situation nationaux, un système de transfert de technologie
particulière. Au cours des quelques dernières intitulé Système hydrologique opérationnel à fins
années, l’accroissement de la disponibilité des multiples (SHOFM) développé par l’OMM est opéra-
micro-ordinateurs a permis l’introduction de tionnel depuis 1981. Il offre un moyen simple mais
méthodes et de techniques d’analyse plus sophisti- efficace de diffusion d’un vaste champ de techniques
quées. Certaines d’entre elles ont maintenant été éprouvées à l’usage des hydrologues. Le SHOFM
largement adoptées dans la pratique et ont donc été effectue un transfert de technologies hydrologiques
introduites dans le Guide. sous forme de composantes séparées. Ces compo-
santes peuvent prendre plusieurs formes, par
L’espace limité de ce Guide restreint la quantité de exemple des séries de plans pour la construction
matériels que l’on peut y présenter. Pour une infor- d’équipements hydrologiques, des rapports décri-
mation plus détaillée sur les sujets traités, le lecteur vant une large variété de procédures hydrologiques
peut consulter les publications suivantes: pour la et des programmes informatiques couvrant le traite-
mesure des débits, le Manual on Stream Gauging ment et l’archivage des données hydrologiques, aussi
(WMO-No. 519, volumes I et II) et pour l’échan- bien que la modélisation et l’analyse des données
tillonnage le Guide pratique GEMS/Eau (PNUE, traitées. À ce jour, plus de 180 composantes sont
2005). Le lecteur est également renvoyé aux normes disponibles et utilisées de façon opérationnelle par
CHAPITRE 1. INTRODUCTION I.1-5
leurs émetteurs, assurant ainsi que chacune d’entre —, 1994: Guide des pratiques hydrologiques. Cinquième
elles soit utile et fonctionne réellement. La descrip- édition, OMM-N° 168, Genève.
tion de ces composantes apparaît dans le Manuel de —, 2000: Manuel de référence du Système hydrologique
référence du SHOFM qui est disponible en ligne à opérationnel à fins multiples (SHOFM). Deuxième
l’adresse http://www.wmo.int/pages/prog/hwrp/ édition, Genève.
homs/homs_fr.html en anglais, espagnol, français —, 2006: Règlement technique. Volume III – Hydrologie,
et russe. Le présent Guide est enrichi, au début OMM-N° 49, Genève.
des sections pertinentes, par des renvois aux —, 2008: Guide des instruments et des méthodes
composantes correspondantes du SHOFM. d’observation météorologiques. Septième édition,
OMM-N° 8, Genève.
Organisation météorologique mondiale et
Bibliographie et lectures complémentaires Organisation des Nations Unies pour l’éducation,
la science et la culture (UNESCO), 1992:
Organisation météorologique mondiale, 1980: Manual Glossaire international d’hydrologie. OMM-N° 385,
on Stream Gauging. Volumes I et II, Rapport Genève.
d’hydrologie opérationnelle N° 13, WMO-No. 519. Programme des Nations Unies pour l’environnement
—, 1983: Guide des pratiques climatologiques. Deuxième (PNUE), Programme de l’eau du système de
édition, OMM-N° 100, Genève. surveillance mondiale de l’environnement
—, 1989: Manual on operational methods for the measure- (GEMS), 2005: Guide pratique GEMS/Eau.
ment of sediment transport. Rapport d’hydrologie Quatrième édition, Inland Waters Directorale,
opérationnelle N° 29, WMO-No. 686, Genève. Burlington, Ontario.
CHAPITRE 2
MÉTHODES D’OBSERVATION
2.1 INTRODUCTION – LE CYCLE Du fait que l’homme passe la majeure partie de son
HYDROLOGIQUE, OBJET temps sur les terres émergées et que l’eau lui est à la
D’OBSERVATION fois une matière vitale et un danger potentiel, la
connaissance hydrologique est précieuse pour notre
L’eau est présente sur la Terre en quantités impor- survie et notre bien-être. De manière traditionnelle,
tantes sous ses trois phases physiques: liquide, l’acquisition de cette connaissance passe par des
solide et gazeuse. On la trouve, en outre, dans les mesures ponctuelles des stocks et des flux d’eau en
trois principaux espaces environnementaux facile- différents points dans l’espace et dans le temps.
ment accessibles à l’homme: l’atmosphère, les mers L’analyse et la synthèse de ces mesures, ou données,
et océans et les continents. Du fait que l’eau passe est la source des connaissances et de l’information
aisément d’un espace à l’autre et d’une phase à hydrologiques. Le volume II de ce guide traite de
l’autre en fonction de son environnement, elle l’analyse hydrologique.
constitue un milieu dynamique aux caractéristiques
variables dans l’espace et dans le temps. Le système Deux des équations de base décrivant la physique
terrestre de multiples réservoirs disponibles pour le du cycle hydrologique sont également pertinentes
stockage de l’eau et la multitude des flux entre ces pour décrire les systèmes utilisés pour effectuer la
derniers a été conceptualisé sous forme de cycle mesure de ses propriétés transitoires: a) l’équation
hydrologique, représenté dans la figure I.2.1. de conservation de la masse et b) l’équation de
Traditionnellement, la science hydrologique n’en- continuité de l’énergie. Par exemple, une forme de
globe pas la totalité du cycle de l’eau, mais se limite l’équation de conservation de la masse:
à sa partie continentale et à ses interactions avec les
océans et l’atmosphère. Q = AV (2.1)
Eau atmosphérique
Domaine continental Domaine océanique
Stockage
cryosphérique Précipitations Précipitations
continentales océaniques
Transpiration
Écoulement de
fonte vers les Évaporation
rivières
Ruissellement
Surface Surface
continentale océanique
Écoulement des
cours d’eau
Infiltration Sources
Éc
ou Stockage
lem d’eau douce
en
ts Eaux océaniques
ou Pertes
te
rra
in
Département de l'intérieur des
États-Unis d'Amérique
Stockage souterrain U.S. Geological Survey
sert souvent pour la détermination du débit dans avec le développement durable. Certains de ces
un ruisseau ou un canal. Dans cette équation, Q est sujets sont discutés ci-après plus en détail dans ce
le flux par unité de temps à travers une section volume. Quand c’est le cas, des renvois aux sections
transversale du chenal, de surface A et de vitesse correspondantes sont fournis.
moyenne V. Habituellement, le flux par unité de
temps ou débit ne peut pas être mesuré directement
pour les cours d’eau, même de taille modeste. Une
section transversale, en revanche, peut être mesurée 2.2 SYSTÈMES D’INFORMATION POUR
à partir de son profil, et les vitesses au moyen de LES RESSOURCES EN EAU
courantomètres. Ainsi l’utilisation de cette équa-
tion, décrite en détail au chapitre 5, a permis la
2.2.1 Besoins en données et informations
mesure des débits même des plus grands fleuves du
monde. Le Rapport de la Conférence internationale sur
l’eau et l’environnement tenue à Dublin, en janvier
Un autre exemple du rôle de l’équation de conser- 1992 (Nations Unies, 1992a), fournit une estima-
vation de la masse concerne l’évaporation de l’eau tion pouvant faire référence quant à l’importance
d’un lac. Dans ce cas, l’équation prend la forme: des ressources en eau pour l’environnement et
l’économie de la planète. Ses conclusions spéci-
P + I – O – E = ∆S (2.2) fiques sur les politiques publiques mettent en relief
le rôle qu’ont à jouer les services hydrologiques vis-
à-vis d’objectifs liés au développement durable. La
où, durant la période d’observation considérée, P conférence a traité les sujets suivants:
est la quantité d’eau précipitée sur la surface du lac, a) Développement et gestion intégrés des
I et O les entrées et les sorties des eaux respective- ressources en eau;
ment superficielles et souterraines, E la quantité b) Estimation des ressources en eau et impacts du
d’eau évaporée par la surface du lac, et ∆S la varia- changement climatique sur ces ressources;
tion de volume de l’eau du lac. c) Protection des ressources en eau, de la qualité
de l’eau, et des écosystèmes aquatiques;
Les précipitations peuvent être mesurées selon les d) L’eau et le développement urbain durable,
techniques décrites au chapitre 3; les entrées et alimentation en eau potable et assainissement
sorties d’eau peuvent être mesurées en utilisant les dans un contexte urbain;
techniques des chapitres 4, 5 et 6; la variation du e) L’eau pour une production alimentaire et un
volume d’eau du lac peut être déterminée en développement rural durables et alimenta-
mettant en rapport la différence de niveau de la tion en eau potable et assainissement dans un
surface entre le début et la fin de la période d’obser- contexte rural;
vation avec son volume à ces dates. La mesure du f) Procédures d’action et de coordination aux
niveau fait l’objet du chapitre 5. Quatre des cinq niveaux global, national, régional et local.
termes de l’équation 2.2, étant soit mesurés, soit
observés, on peut calculer algébriquement le Le chapitre 3 du volume II examine l’évolution de
cinquième, l’évaporation. la gestion intégrée des ressources en eau et fournit
des exemples des meilleures pratiques. La nature
Des observations hydrologiques systématiques sont des informations qui seront nécessaires pour
au cœur même du développement de bases de répondre aux besoins d’une gestion intégrée des
données d’informations et de connaissances, néces- ressources en eau est difficile à prévoir. Les meilleures
saires à une gestion efficace des ressources en eau. idées viendront, peut-être, de l’examen des ten-
Ce chapitre aborde un certain nombre de sujets qui dances récentes en matière de gestion de l’eau
sont fondamentaux pour le fonctionnement des (section 2.2.4). Comme les données sont recueillies
réseaux d’observations hydrologiques et météorolo- pour l’usage des gestionnaires de l’eau, que ce soit
giques et pour la production de l’information dans des organismes gouvernementaux ou privés,
hydrologique. l’évolution la façon dont l’eau est gérée influencera
les demandes de données et d’information.
Le chapitre donne un aperçu des normes et codes
hydrologiques, de la précision des mesures, des Les impacts de ces changements peuvent inclure:
concepts de planification des réseaux, des méthodes a) Une compétition croissante pour l’eau abou-
d’observation, des mesures de caractéristiques tissant à une augmentation de la valeur des
physiographiques, du rôle des données hydrolo- réserves disponibles, et en définitive à la redéfi-
giques dans les systèmes d’information et des liens nition des biens et services en fonction de leur
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-3
contenu en eau; ce qui peut être exacerbé par cartographie des eaux superficielles et des précipita-
la baisse à la fois des disponibilités en eau et de tions, estimations hydrologiques par bassin et
sa qualité dans de nombreuses zones; région et informations relatives à l’estimation de la
b) Des pressions économiques aboutissant à qualité de l’eau et aux problèmes des eaux souter-
plus de frais pour l’utilisateur, de partage des raines doivent être disponibles. L’utilisation, en
coûts et de financement local des programmes; temps réel, des données sur l’eau continuera à
avec un glissement simultané de l’accent mis croître pour répondre à de nombreux besoins.
sur les activités liées au développement de la
ressource vers les programmes environnemen- 2.2.2 Systèmes d’information
taux et la gestion de la demande; hydrologiques
c) Un intérêt croissant pour la conservation et
la réutilisation de l’eau dans toutes les phases Le présent volume du guide traite des activités de
du développement du projet; dans certaines terrain de l’hydrologie opérationnelle. Cependant
régions, recycler les eaux coûte désormais les données produites par des activités de terrain
moins cher que fournir de l’eau douce; ont peu ou pas de valeur si elles ne sont pas fiables
d) Une législation environnementale conçue pour et facilement accessibles aux utilisateurs poten-
rendre les pollueurs et les usagers redevables de tiels. Dans un service hydrologique donné,
leurs impacts sur les ressources disponibles; l’hydrologie opérationnelle peut être considérée
e) Des mesures juridiques pour s’assurer que les comme un système d’information fournissant une
usagers et les gestionnaires de l’eau justifient base conceptuelle pour le développement d’ap-
leurs besoins, usages et pratiques de gestion; proches adaptées et garantissant que les bonnes
une priorité croissante devant être accordée données sont disponibles dans la bonne forme, au
aux usages environnementaux de l’eau (par bon endroit et au bon moment. La figure I.2.2
exemple poissons et habitats de la faune) par présente les composantes d’un système d’informa-
opposition aux usages économiques tradition- tion hydrologique. Idéalement, un système
nels (par exemple agriculture et industrie); d’information fait partie d’une séquence naturelle
f) La promotion de la gestion de l’eau à l’échelle d’actions et décisions commençant par la percep-
régionale ou à celle du bassin versant comme tion d’une opportunité et culminant dans la mise
moyen pour résoudre les problèmes et conflits en œuvre des décisions qui en maximisent les
transfrontaliers. impacts positifs.
Ces tendances montrent que des efforts pour une Un système d’information hydrologique combiné
plus grande coordination dans la collecte des avec une série de modèles – physiques, statistiques
données seront nécessaires pour répondre aux ou socioéconomique – constitue un système d’aide
besoins futurs des gestionnaires de l’eau. La gestion à la décision. En ayant fortement à l’esprit les
des eaux est de plus en plus intégrée dans les disci- exigences de l’aide à la décision, le concepteur du
plines et spécialités; il s’ensuit que des données système d’information peut spécifier les procé-
compatibles, quantitatives et qualitatives, sur les dures à mettre en œuvre pour analyser les données
eaux de surface et souterraines, ainsi que pour des hydrologiques. Ces techniques d’analyse des
régions et des bassins particuliers seront néces- données peuvent utiliser un seul modèle ou une
saires. Les problèmes actuels d’accessibilité, de combinaison de modèles prenant en compte la
compatibilité et de fiabilité des données devront nature probabiliste, stochastique ou déterministe
être résolus pour répondre à ces besoins. En outre, des phénomènes hydrologiques étudiés. Le
les défis de la gestion de l’eau sont étroitement liés volume II de ce Guide (en particulier les cha-
avec ceux de la gestion de l’environnement ou de pitres 5 à 7), traite de plusieurs de ces techniques
celle des écosystèmes. Par conséquent, une d’analyse des données.
approche de plus en plus holistique de la gestion
est nécessaire. La collecte proprement dite des données peut
commencer à ce point de la séquence, et c’est aussi
Même si de nombreux utilisateurs continueront en ce point que le feedback, représenté par une
encore à avoir besoin de données à des fins de flèche en tireté dans la figure I.2.2, commence à
conception ou d’analyse, une attention croissante prendre place. Les étapes précédentes ayant été
doit être portée au besoin d’une information régio- fondées sur un certain niveau de connaissance des
nale exhaustive sur les eaux superficielles, capable conditions hydrologiques, lorsque les données sont
de répondre à différents types de questions et de collectées ce niveau augmente et de nouvelles tech-
problèmes. Ce qui signifie que l’ensemble des infor- niques d’analyse des données et une nouvelle
mations, fiches de renseignements et résumés, conception du réseau peuvent devenir appropriées.
I.2-4 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Objectif(s)
Technologie de
décision
Collecte des
données
Système de
gestion des
données
Information
Système d’information
Impact
Les recommandations pour la collecte des données données est accessible non seulement pour les usages
sont données dans la section 2.5. pour lesquels les données ont été collectées, mais
aussi pour une multitude d’autres usages qui peuvent
Sur la figure I.2.2, il est possible de voir que l’assu- ne jamais avoir été anticipés. Cependant cette soli-
rance qualité est une partie intégrante du système dité a un prix. Les options inhérentes aux systèmes
d’information et intervient dans toute la séquence, robustes tendent à rendre leur utilisation difficile,
des activités de terrain à la diffusion des données requérant des formations plus approfondies. Ce qui
et des informations. En raison de son omnipré- représente la première part du prix, part qui peut être
sence, on trouvera des recommandations pour minimisée par la conception de systèmes convi-
l’assurance qualité tout au long de ce volume. viaux. Le deuxième facteur du prix est la perte
potentielle d’informations que la solidité du système
Aucune discussion autour des systèmes d’informa- implique. En effet, un système de gestion de données
tion ne peut être complète sans mentionner les ne pouvant tout faire et satisfaire tout le monde, des
systèmes de gestion des données. L’information compromis doivent être faits qui se traduisent
contenue dans un solide système de gestion des d’habitude par une compression et la perte de
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-5
données et de leurs attributs. Pour limiter cette perte, lié à l’eau et de la capacité des approvisionne-
des sous-systèmes retenant davantage de données ments à faire face aux demandes actuelles et
objectives et spécifiques peuvent être ajoutés au prévisibles;
système central solide. Ces systèmes sont débattus au b) Planification, conception et réalisation de
chapitre 10. La technique actuelle permet le dévelop- projets d’aménagement liés à l’eau;
pement de systèmes d’informations hydrologiques c) Évaluation des impacts sur l’environnement,
distribuées incluant des métadonnées consultables. l’économie et la société des pratiques, exis-
À condition que les questions de sécurité informa- tantes et projetées, de gestion de la ressource
tique soient pleinement prises en compte, les en eau et planification de saines stratégies de
systèmes virtuels de données fournissent un moyen gestion;
efficace et solide d’accès aux données et informa- d) Renforcement des mesures de sécurité pour
tions nécessaires à la prise de décision. les personnes et les biens en prévision d’aléas
hydrologiques, en particulier inondations et
Le produit ultime du système d’information est sécheresses;
obtenu par traitement des données selon la même e) Répartition de l’eau entre des usages concur-
technique d’analyse que celle qui a, initialement, rents, tant à l’intérieur du pays qu’au-delà de
déterminé la conception du réseau de mesure. Cette ses frontières;
phase aboutit à l’intégration de l’information f) Respect des exigences réglementaires.
hydrologique dans un processus de décision conçu
de façon à avoir un impact optimal. Le moyen Le plus souvent, l’information concernant la
d’obtenir cette optimisation tient en la compatibi- ressource en eau est collectée pour des besoins parti-
lité entre la technique décisionnelle, la technique culiers comme, par exemple, pour un projet d’usine
d’analyse des données et le réseau de mesure. hydroélectrique. Cependant, de plus en plus, la
concurrence qui existe entre les différentes utilisa-
Un réseau d’information bien conçu repose sur tions d’une eau rare, exige une gestion intégrée de
une synergie obtenue de trois façons. Premièrement, la ressource, de façon que les interactions entre les
l’information est un produit qui n’est pas détruit divers projets soient prises en compte. Cela
par son utilisation. Ainsi, si l’information est augmente la charge de travail des organismes
correctement stockée, elle reste disponible à gestionnaires de l’information sur la ressource en
moindre coût pour différents usages non prévus eau, parce que plusieurs types d’informations sont
lors de sa collecte. Deuxièmement, l’information nécessaires simultanément, et doivent être présen-
peut être utilisée pour améliorer la compréhension tés sous une forme différente pour chaque
des processus hydrologiques. Cette compréhen- utilisateur. Il est donc essentiel que les agences
sion améliorée accroît la quantité d’information d’évaluation comprennent les besoins de tous leurs
contenue dans les données déjà acquises ou qui utilisateurs, et non plus seulement les besoins de
seront acquises dans le futur. Troisièmement, la ceux avec qui elles ont l’habitude de travailler.
synergie évolue en s’appuyant sur la réalisation Encore plus exigeante est la nécessité de projeter les
des autres synergies. De nouvelles approches et futurs besoins des utilisateurs de données et de
techniques de conception de systèmes d’informa- commencer à collecter l’information avant qu’une
tion, tout comme les données qu’ils contiennent demande ne soit clairement exprimée. Il est donc
sont des ressources réutilisables. nécessaire que la conception et la mise à jour des
réseaux de données, et spécialement des stations
principales, soient coordonnées pour garantir que
2.2.3 Utilisation des informations sur
les stations de contrôle des différents éléments du
les ressources en eau
cycle de l’eau soient suffisamment nombreuses et
Les Services hydrologiques ou hydrométéorolo- bien réparties géographiquement pour former un
giques ou les agences associées ont été créés dans les réseau intégré (2.4). Une telle approche devrait
pays pour la collecte systématique des données sur mettre en valeur les informations contenues dans
la ressource en eau, leur archivage et leur diffusion les séries de données pour répondre autant aux
tels que décrit ailleurs dans ce volume. Leur rôle besoins connus qu’à ceux futurs non encore prévus.
principal est de fournir aux décideurs une informa-
tion sur l’état et l’évolution des ressources en eau. Avec la reconnaissance croissante de certains sujets,
Une telle information peut être demandée dans comme la possibilité d’un changement climatique
plusieurs buts (OMM/UNESCO, 1991): et l’impact des activités humaines (comme l’urbani-
a) Évaluation de la ressource en eau d’un pays sation) sur l’environnement, l’information requise
(quantité, qualité, distribution temporelle et est de plus en plus importante en tant que fonde-
spatiale), du potentiel pour un développement ment à l’aménagement et le développement durable
I.2-6 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Les statistiques comprennent: Les exigences ci-dessus peuvent être satisfaites par
a) Débit moyen annuel, mensuel ou valeurs l’utilisation des technologies contemporaines (par
moyennes saisonnières; exemple la télémétrie pour des données en temps
b) Maxima, minima et quantiles sélectionnés; quasi réel) par la mise en œuvre de bases de
c) Mesures de la variabilité, comme l’écart type; données informatisées et consultables, par l’utili-
d) Enregistrements continus sous la forme, par sation de la télédétection pour recueillir plus
exemple, de l’hydrogramme d’un cours d’eau. efficacement les informations géographiques et
par les Systèmes d’information géographiques
On demande à la fois des données historiques et (SIG) (section 2.6.7) pour analyser les données
des données en temps réel afin de pourvoir à tout spatialisées. Dans le même temps de nouveaux
l’éventail des besoins qui vont de la gestion de la dispositifs informatiques d’archivage et l’utilisa-
ressource en eau à la conception de projets et à la tion de l’Internet rendent les données plus
prévention des crues. La prévision des crues et des accessibles. Néanmoins, la technologie n’est pas la
étiages (volume II, chapitre 7) peut nécessiter des seule exigence et un personnel qualifié et bien géré
données synthétiques pour le futur simulées par est même souvent d’une importance plus fonda-
des modèles numériques de débits (volume II, mentale. Comme les ressources financières sont de
section 6.3.4). plus en plus limitées dans beaucoup de pays, il
devient de plus en plus vital que des structures
La publication Évaluation des ressources en eau — organisationnelles efficaces soient mises en place
Manuel pour une étude d’appréciation des activités pour garantir que ces ressources sont utilisées avec
nationales (UNESCO/OMM, 1988) recense un le meilleur rendement possible.
certain nombre de programmes sur la ressource en
eau pour lesquels une information hydrologique En plus des mesures les plus classiques, il est de
est demandée (tableau I.2.1). plus en plus admis qu’il est nécessaire de mesurer
d’autres aspects des milieux d’eau douce et de l’en-
Ces derniers rassemblent une quantité importante vironnement au sens large dont l’eau douce n’est
de données et d’informations liées à l’eau que les qu’un élément parmi d’autres. Ceci inclut entre
Services hydrologiques et les autres agences autres:
peuvent être amenées à collecter et archiver. Les a) Les volumes d’eau prélevés pour l’industrie,
priorités sont différentes suivant les pays et leur l’alimentation en eau potable, l’agriculture et
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-7
Tableau I.2.1. Information hydrologique requise pour les projets de ressources en eau
Type de projet Séries max min Séries max min Séries max min Séries max min
chrono- chrono- chrono- chrono-
logiques logiques logiques logiques
Redistribution de M M M H H H H M M H M M
l’eau dans l’espace
(dérivations, prises
d’eau, canaux)
Redistribution de M M M H H H H M M H M M
l’eau dans le temps
(réservoirs)
Production d’énergie H M M H M H H M M M M M
(hydroélectricité, rejets
thermiques)
Ouvrages de retenue H H M M H M M M M M M M
(barrages, digues)
Ouvrages d’évacuation M H M H H M M
(évacuateur de crue)
Amélioration de la H M H M M M H H H
qualité (traitement des
eaux et des eaux usées)
Zonage (champ H H M M H M M
d’inondation, rivières
touristiques)
Assurance (dommages H H H H H H
des crues, dommages
de la pollution)
Prévision des débits et H H H H H H
des niveaux (maîtrise
des crues, gestion des
réservoirs)
Normes et législation M H H M H H H H H
(qualité de l’eau)
a Les variables de qualité de l’eau dépendent du type de projet.
H = Haut niveau de priorité M = Niveau de priorité moyen
I II III IV V VI VII
Unité
Facteur de
Article Grandeur Symbole Remarques
conversion*
Recommandée Également utilisée
(suite)
I II III IV V VI VII
Unité
Facteur de
Article Grandeur Symbole Remarques
conversion*
Recommandée Également utilisée
m ft 0,305
km mile 1,609
30 Coefficient de n s m–1/3 s ft–1/3 1,486 ISO l/n = k on peut
Manning = aussi utiliser le coef-
Rh2/3S1/2 v–1 ficient de rugosité
31 Masse m kg lb 0,454 ISO
g oz 28,35
mm Hg 133,3
in Hg 3386,0
36 Rayonnement ** R J m–2 ly 4,187 x 104
(quantité d’énergie
rayonnée par unité
de surface)
37 Intensité radiative ** lR J m–2 s–1 ly min–1 697,6
(flux par unité de
surface)
38 Rayon d’influence r2 m ft 0,305
39 Coefficient de Cr exprimé en fraction décimale
tarissement
I.2-10 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
(suite)
I II III IV V VI VII
Unité
Facteur de
Article Grandeur Symbole Remarques
conversion*
Recommandée Également utilisée
40 Humidité relative U %
41 Nombre de Re Nombre sans dimension ISO
Reynolds
42 Ruissellement R mm in 25,4
43 Concentration des cs kg m–3 ppm dépend de
matières en la masse
suspension volumique
44 Débit solide Qs t d–1 ton (US) d–1 0,907
45 Contrainte de τ Pa ISO
cisaillement
46 Pente (hydraulique, S Nombre sans dimension ISO
bassin)
47 Couverture An %
neigeuse
48 Épaisseur de neige dn cm in 2,54
49 Fonte de neige M mm in 25,4 habituellement
exprimée à l’échelle
journalière
50 Humidité du sol Us % volume % masse dépend de la
masse
volumique
51 Déficit en eau du U’s mm in 25,4
sol
52 Débit spécifique = Cs m2 s–1 ft2 s–1 0,0929
Qwe s–1
53 Conductivité K μS cm-1 à θ = 25 °C
54 Porosité efficace Ys exprimé en fraction décimale
55 Stockage S m3 ft3 0,0283
(suite)
I II III IV V VI VII
Unité
Facteur de
Article Grandeur Symbole Remarques
conversion*
Recommandée Également utilisée
Note: Lorsqu’il existe des symboles internationaux, ils ont été utilisés et fléchés ISO dans la dernière colonne.
* Colonne IV = Facteur de conversion (Colonne VI) x Colonne V.
** Termes généraux. Pour une terminologie et des symboles détaillés, voir le Guide des instruments et des méthodes d’observation météorologiques
(OMM-N° 8).
1 Concentration c ISO
2 Coefficient (en général) C ISO
3 Différence Δ ISO, valeurs exprimées dans les mêmes unités
4 Flux entrant I
5 Décalage temporel Δt diverses unités
6 Charge L
7 Nombre (ou rang) m ISO
8 Flux de sortie O
9 Recharge ƒ (voir l’article 25 du tableau I.2.2)
10 Nombre total N
I.2-12 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
1 Centimètre cm ISO
2 Jour d ISO
3 Degré Celsius ˚C ISO
4 Gramme g ISO
5 Hectare ha
6 Hectopascal hPa ISO
7 Heure h ISO
8 Joule J ISO
9 Kilogramme kg ISO
10 Kilomètre km ISO
11 Noeud kn, kt
12 Litre l ISO
13 Mètre m ISO
14 Microsiemens μS
15 Milligramme mg ISO
16 Millimètre mm ISO
17 Minute min ISO
18 Newton N ISO
19 Parties par million ppm
20 Pascal Pa ISO
21 Pourcentage %
22 Seconde s ISO
23 Tonne (métrique) t ISO
24 Année a ISO
25 Bequerel Bq AIEA
transmises à un centre de collecte pour leur dans lequel la valeur vraie se situerait avec une certaine
traitement. probabilité ou niveau de confiance. L’étendue de l’in-
tervalle de confiance est aussi appelée plage d’erreur.
2.3.2.2 Code à caractères pour la
Si les mesures sont indépendantes les unes des autres,
représentation et l’échange
l’incertitude des résultats des mesures peut être
de données
évaluée à partir de 20 à 25 observations, en calculant
CREX est un système de codage pour la présenta- la déviation standard qui en résulte, puis en détermi-
tion et l’échange des données météorologiques et nant le niveau de confiance des résultats. Cette
hydrologiques et des données de qualité de l’eau. procédure ne peut généralement pas être suivie pour
Bien que conçu, à l’origine pour les données n’ayant les mesures hydrométriques en raison de la variation
pas de code OMM, CREX a été utilisé récemment de la valeur à mesurer pendant la période de mesure.
comme norme de codage pour les données trans- Par exemple, la prise de plusieurs mesures consécu-
mises à partir de plateformes de collecte de données tives d’un débit au courantomètre à niveau constant
(PCD). Un message CREX est constitué d’une ou est clairement irréalisable sur le terrain. Ainsi une esti-
plusieurs sous-séries de données météorologiques mation de l’incertitude doit être faite en examinant
connexes définies, décrites et représentées par une les différentes sources d’erreur susceptibles d’affecter
seule entité CREX. Pour les données d’observation, la mesure.
chaque sous-série correspond à un message. CREX
utilise plusieurs principes du code précédent (Forme Mais faire l’hypothèse que les observations sont des
universelle de représentation de données binaires variables aléatoires indépendantes issues de la même
des données météorologiques, BUFR) et chaque distribution statistique pose un problème dans l’appli-
message est constitué des sections suivantes: cation des statistiques aux données hydrologiques.
Cette condition est rarement remplie pour ce type de
Numéro données. Le débit d’une rivière n’est, par nature, pas
Nom Contenu totalement aléatoire. Il dépend des débits précédents.
de section
On admet généralement que la façon dont les données
0 Indicateur CREX hydrologiques s’écartent des concepts théoriques
de la section d’erreur ne pose pas de problème sérieux. Toutefois, il
1 Description Numéro de table principale du faut bien noter qu’aucune analyse statistique ne peut
des données code CREX, numéro d’édition, remplacer des observations correctes, en particulier
numéro de version de table,
catégorie de données et série de du fait que les erreurs fallacieuses et systématiques ne
descripteurs définissant la forme peuvent être éliminées par une telle analyse. Seules les
et le contenu des sous séries de erreurs aléatoires peuvent être caractérisées par des
données composant la section
des données et chiffre indicateur moyens statistiques.
“E” facultatif de vérification
2 Section de Série de données définie par la
Cette section 2.3.3 présente les définitions des termes
données section 1 de base liés à l’exactitude des mesures hydrologiques.
3 Section SUPP suivi d’éléments
Des méthodes pour estimer l’incertitude y sont
optionnelle supplémentaires à usage local décrites et des valeurs numériques d’exactitude,
exigées pour les grandeurs hydrologiques les plus
4 Fin de 7777
section importantes, y sont fournies. Des renvois aux recom-
mandations du Règlement technique (OMM-N° 49) et à
d’autres publications sont également inclus.
De plus amples informations peuvent être trouvées
sur le lien: http://www.wmo.int/pages/prog/www/
2.3.3.2 Définition des termes liés à
WMOCodes.html.
l’exactitude
Valeur fallacieuse
×
Incertitude aléatoire
Valeur mesurée αSy
× × × × × (ER)95 = αSy
moyenne d’une
× × × × évaluée à un niveau de
quantité αSy
confiance donné
Erreur systématique
Erreur
systématique
Densité de probabilité
Intervalle de
confiance 2 αSy
Temps
systématiques connues, et obtenir ainsi une Erreur aléatoire: Partie de l’erreur totale qui varie de
meilleure approximation de la valeur réelle. façon imprévisible, en importance et en signe,
lorsque les mesures d’une même variable se font
Distribution normale: Distribution continue, dans les mêmes conditions (figure I.2.3).
symétrique, en forme de cloche, définie mathémati-
quement, censée traditionnellement représenter les Erreur systématique: Partie de l’erreur qui
erreurs aléatoires. soit:
a) Demeure constante tout au long d’un certain
Écart type (Sy): Mesure de la dispersion des valeurs nombre de mesures de la même valeur d’une
autour de leur moyenne. Il est défini comme la grandeur donnée;
racine carrée positive de la somme des carrés b) Varie selon une loi bien déterminée lorsque les
des écarts par rapport à la moyenne arithmétique, conditions changent (figure I.2.3).
divisée par (n – 1). Il est donné par la formule:
Erreur type d’estimation (Se ): Mesure de la variation
1/2
⎡ n
2 ⎤ ou de la dispersion des observations par rapport à
⎢ ∑ ( yi – y ) ⎥ une relation de régression linéaire. Elle est numé-
1 (2.3)
Sy = ⎢ ⎥ riquement identique à l’écart type, sauf que la
⎣ n –1 ⎦ relation de régression linéaire remplace la
_ moyenne arithmétique, et que (n – 1) est remplacé
où y est la moyenne arithmétique d’un échan- par (n – m):
tillon de n mesures indépendantes de la variable y,
(n – 1) indique la perte d’un degré de liberté. 1/2
⎡ ∑ (d )2 ⎤
Se = ⎢ ⎥ (2.4)
Erreur: Différence entre le résultat d’une mesure et la
⎣n−m ⎦
valeur vraie de la grandeur mesurée. Ce terme
désigne aussi la différence entre le résultat d’une
mesure et la meilleure approximation de la valeur où d est l’écart d’une observation par rapport à la
vraie, plutôt que la valeur vraie elle-même. La valeur de régression calculée, m est le nombre de
meilleure approximation peut être obtenue en constantes dans l’équation de régression, et (n – m)
faisant la moyenne de plusieurs ou de nombreuses représente les degrés de liberté dans la résolution de
mesures. l’équation.
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-15
Exactitude: Étroitesse de l’accord de la valeur mesu- Limite de tolérance: Valeur de la limite inférieure ou
rée avec la valeur vraie. Ceci suppose que toutes les supérieure précisée pour une caractéristique
corrections connues ont été apportées. quantitative.
Hystérésis (instrument): Propriété d’un instrument Niveau de confiance: Probabilité pour que l’intervalle
par laquelle il donne des mesures différentes de la de confiance contienne la vraie valeur (figures I.2.3
même valeur vraie, suivant que cette valeur a été et I.2.4).
atteinte par un changement croissant continu ou
par un changement décroissant continu de la Plage: Intervalle entre les valeurs minimum et maxi-
variable. mum de la quantité à mesurer, pour lequel
l’instrument a été fabriqué, taré ou installé. Elle
Incertitude: Intervalle à l’intérieur duquel on peut peut être exprimée comme le rapport des valeurs
espérer que se trouve la valeur vraie d’une gran- maximum et minimum mesurables.
deur avec une probabilité donnée (figure I.2.3). La
valeur numérique de l’incertitude est le produit de Précision: Étroitesse de l’accord entre des mesures
l’écart type réel des erreurs et d’un paramètre indépendantes d’une seule quantité, obtenues par
numérique fonction du niveau de confiance: l’application à plusieurs reprises d’une procédure de
mesure donnée, dans des conditions fixées.
e = ± ασy ≈ αsy (2.5) L’exactitude concerne l’écart par rapport à la valeur
vraie, la précision ne concerne que l’écart entre
L’écart type, sy, calculé à partir de n observations plusieurs mesures. La précision de l’observation ou
s’approche de l’écart type réel σy lorsque n tend de la lecture est la plus petite division sur une
vers l’infini. Dans le cas d’une distribution normale échelle de mesure, lisible soit directement soit par
des erreurs, les paramètres numériques sont: estimation.
Intervalle de confiance: Intervalle contenant la valeur Résolution: Plus petit changement d’une variable
vraie avec une probabilité imposée et qui est estimé physique provoquant une variation de la réponse
comme une fonction statistique de l’échantillon d’un système de mesure.
(figures I.2.3 et I.2.4).
Sensibilité: Relation entre la variation d’une réponse
Mesure: Action visant à attribuer un nombre à la et la variation correspondante du signal d’entrée,
valeur d’une grandeur physique dans des unités ou valeur de ce dernier nécessaire pour produire
données. Le résultat d’une mesure est complet s’il une réponse excédant d’une quantité fixée la
inclut une estimation (nécessaire en statistiques) de réponse déjà présente en raison d’autres causes.
l’ampleur probable de l’incertitude.
Tolérance: Exactitude acceptable dans la mesure
Mesure de référence: Mesure utilisant les connais- d’une variable donnée.
sances scientifiques les plus récentes et les
techniques les plus avancées. Le résultat d’une Valeur attendue: La meilleure approximation de la
mesure de référence est utilisé pour obtenir une valeur réelle. Elle peut être une moyenne de
meilleure approximation de la valeur vraie. plusieurs ou d’un grand nombre de mesures.
I.2-16 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Intervalle de confiance
Niveau de la moyenne
Relation Hauteur-
Débit
Limite de confiance
de l’écart type de
l’estimation Se
Limite de confiance de l’écart type
de la moyenne Smr
Débit
Valeur fausse: Valeur dont on est sûr qu’elle est ment variable, des méandres et la mauvaise
erronée, par exemple à cause d’erreurs humaines localisation des stations.
ou du mauvais fonctionnement de l’instrument
(figure I.2.3). Les erreurs aléatoires ne peuvent pas être éliminées,
mais leurs effets peuvent être réduits grâce à des
Valeur vraie: Valeur caractérisant une grandeur dans mesures répétées de la grandeur. L’incertitude sur la
les conditions existant au moment où cette gran- moyenne arithmétique calculée à partir de n mesures
deur est observée. C’est une valeur idéale qu’il ne indépendantes est bien plus petite que l’incertitude
serait possible d’atteindre qu’en éliminant toutes sur une seule mesure. La distribution des erreurs
les causes d’erreur. aléatoires peut être considérée comme normale
(gaussienne), mais, dans certains cas, la distribution
normale peut, ou devrait, être remplacée par d’autres
2.3.3.3 Types d’erreurs
distributions statistiques.
Les erreurs patentes devraient être éliminées en
écartant les valeurs des mesures concernées. Ces
2.3.3.4 Sources d’erreurs
erreurs peuvent être identifiées grâce à un test de
sélection statistique, tel que celui décrit dans le Chaque instrument ou méthode de mesure a ses
document ISO 5168 (ISO, 2005) qui fournit des propres sources d’erreurs. C’est pourquoi il serait
critères de rejet. difficile de donner une liste exhaustive de toutes les
sources d’erreurs possibles. Les sources d’erreurs
L’erreur systématique provient essentiellement des spécifiques sont le plus souvent mentionnées dans
instruments et ne peut pas être réduite en augmen- les descriptions des instruments et dans leur mode
tant le nombre de mesures, si les instruments et les d’emploi, comme dans les normes de l’ISO et
conditions de mesure demeurent identiques. Si l’er- dans le Manual on Stream Gauging (WMO-No. 519).
reur systématique a une valeur connue, cette valeur Quelques sources typiques d’erreurs sont énumérées
devrait être ajoutée ou soustraite au résultat de la ci-après:
mesure, et l’erreur due à cette source devrait être a) L’erreur de date ou de zéro provient de la déter-
considérée comme étant nulle. L’erreur systématique mination incorrecte du point de référence d’un
devrait être supprimée en corrigeant, en réglant instrument, par exemple le niveau zéro de
correctement ou en changeant l’instrument, et/ou l’instrument de jaugeage, différence entre le
en changeant les conditions de débit, par exemple, zéro de l’instrument de jaugeage et le niveau de
la longueur du bief amont d’une section de jaugeage. crête du déversoir;
Ces erreurs sont souvent dues à des conditions de b) L’erreur de lecture résulte de la lecture incor-
mesure difficiles, comme par exemple un écoule- recte de l’indication donnée par l’instrument
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-17
de mesure, par exemple à cause de la mauvaise L’incertitude résultante est souvent assimilée à l’in-
visibilité, de vagues ou de glace sur la jauge; certitude totale, qui peut être calculée à partir des
c) L’erreur d’interpolation est causée par l’éva- incertitudes sur les composants individuels, si les
luation inexacte de la position de l’index par erreurs sur les composants individuels sont suppo-
rapport aux deux graduations consécutives de sées être statistiquement indépendantes.
l’échelle entre lesquelles se situe l’index;
d) L’erreur d’observation est similaire à l’erreur de Si une quantité, Q, est une fonction de plusieurs
lecture, mais est attribuée à la négligence ou à quantités mesurées, x, y et z, l’incertitude résul-
l’incompétence de l’observateur; tante eQ sur Q due aux incertitudes ex, ey et ez sur
e) L’erreur due à la négligence d’une ou de plusieurs respectivement x, y et z devrait être évaluée par
variables nécessaires à la détermination de la l’équation de transfert (propagation) simplifiée:
valeur mesurée (par exemple lorsqu’on admet
une relation unique hauteur-débit pour une 2 2 2
2
⎛ ∂Q ⎞ ⎛ ∂Q ⎞ ⎛ ∂Q ⎞
phase transitoire du débit au cours de laquelle (eQ ) = ⎜ ex ⎟ + ⎜ ey⎟ + ⎜ ⎟ (2.6)
la pente et aussi la hauteur, sont des détermi- ⎝ ∂x ⎠ ⎝ ∂y ⎠ ⎝ ∂z ⎠
nants significatifs du débit);
f) L’hystérésis (définition en 2.3.3.2); où ∂Q/∂x, ∂Q/∂y et ∂Q/∂z sont les dérivées partielles de
g) L’erreur de non linéarité est ce qui fait qu’un la fonction exprimant la relation entre la variable
changement d’indication ou de réponse n’est dépendante et les variables indépendantes.
pas proportionnel au changement correspon-
dant de la valeur de la quantité mesurée sur une Dans les mesures hydrologiques, il est très rare
plage donnée; qu’une mesure puisse être répétée dans les mêmes
h) L’erreur d’insensibilité apparaît lorsque l’instru- conditions sur le terrain. Pour cette raison, l’écart
ment est incapable de détecter un changement type devrait être déterminé en utilisant les données
donné dans la grandeur mesurée; de variables différentes, comme dans le cas de la
i) L’erreur de dérive découle des caractéristiques courbe hauteur-débit.
d’un instrument pour lequel les propriétés de
mesure changent avec le temps sous des condi- L’erreur type d’estimation:
tions particulières d’utilisation, par exemple la
1/2
dérive d’un mouvement d’horlogerie au cours ⎛ ⎞ 2
∑d
du temps ou avec la température; se = (2.7)
⎜ ⎟
j) L’erreur d’instabilité résulte de l’incapacité d’un ⎝ n− 2⎠
instrument à maintenir constantes certaines
propriétés métrologiques données; de la moyenne des observations joue un rôle très
k) L’erreur de dépassement est causée par l’utili- important dans la caractérisation de la fonction
sation d’un instrument au-delà de sa portée de hauteur-débit, ce qui nécessite un traitement
mesure, en dessous de la valeur minimale ou particulier car cette fonction n’est pas linéaire
au-dessus de la valeur maximale pour lesquelles mais plutôt approximativement logarithmique.
l’instrument ou l’installation a été fabriqué, réglé C’est une estimation de l’exactitude de la fonc-
ou fixé (par exemple pour de très hauts niveaux tion moyenne calculée pour une régression, et
d’eau comme ceux des crues inattendues); représente ainsi le domaine dans lequel la
l) L’erreur de dépassement de l’exactitude est moyenne réelle devrait se trouver (figure I.2.4).
causée par l’utilisation impropre d’un instru-
ment, lorsque l’erreur minimum est plus grande Pour un petit échantillon, il peut être utile de corri-
que la tolérance de la mesure. ger l’erreur type d’estimation se en la multipliant
1/2
par ⎛ n ⎞ , ce qui donne:
⎜ ⎟
⎝ n – 2⎠
2.3.3.5 Erreurs de mesures secondaires
se
Les observations hydrologiques sont souvent smr =
calculées à partir de plusieurs composantes mesu- n (2.8)
rées. Par exemple, le débit au niveau des
installations de mesures est calculé comme une
2.3.3.6 Caractérisation des instruments et
fonction d’un coefficient de débit, de dimensions
méthodes d’observation
caractéristiques et de la hauteur d’eau. Pour
estimer l’incertitude résultante, la théorie du L’exactitude d’un instrument de mesure peut être
transfert (propagation) d’erreur de Gauss peut caractérisée par une incertitude sur une valeur
être appliquée. donnée correspondant à une valeur mesurable
I.2-18 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
maximale ou minimale. L’exactitude d’un instru- renommés, sont fabriqués avec précision et four-
ment sans valeur de référence peut être mal nis avec un étalonnage d’usine. L’étalonnage
comprise ou mal interprétée. Dans de nombreux d’usine n’est, bien sur, applicable que si l’instru-
cas, l’exactitude de l’instrument n’est qu’un ment n’est pas endommagé à l’usage et est bien
élément de l’exactitude globale de la mesure. entretenu. De nombreuses agences hydrologiques
nationales utilisent un équipement pour vérifier
Pour caractériser l’incertitude, on utilise couram- les étalonnages d’usine et le respect des normes
ment un niveau de confiance de 95 %. Cela signifie internationales de la fabrication et de l’étalon-
que dans 5 % des cas, l’erreur peut se situer nage, par exemple des courantomètres.
en-dehors de l’intervalle de confiance déclaré. Selon
le Règlement technique (OMM-N° 49), Volume III, les Les dispositifs mécaniques sont de plus en plus
incertitudes des mesures devraient être présentées remplacés par de l’électronique. Bien que plus
sous l’une des formes suivantes: fiable que les mécaniques, les dispositifs électro-
a) Incertitudes exprimées en termes absolus: niques ne sont pas, en général, réparables sur le
Valeur mesurée des éléments hydrologiques, terrain et doivent simplement être remplacés par
par exemple débit: Q = ... un instrument de dépannage. L’instrumentation
Incertitude aléatoire: (er ) 95 = ... électronique pose des problèmes particuliers aux
b) Incertitudes exprimées en termes de pourcen- agences hydrologiques lorsqu’elles passent des
tage: Valeur mesurée des éléments hydrologiques, dispositifs électromécaniques à l’électronique, car
Q = ... les problèmes d’étalonnage peuvent être très diffé-
Pourcentage d’erreur limite aléatoire: (er ) 95 %= rents. L’étalonnage d’un instrument électronique
... % peut subir une dérive due aux changements
de température et de pression, et les capteurs à
En pratique, les erreurs limites des mesures sont semi-conducteurs peuvent s’encrasser pendant
données sous forme de rapport (ou pourcentage) de l’utilisation. Il est donc essentiel que ces instru-
la valeur mesurée Qm. Par exemple dans le cas où ments soient conçus pour fonctionner dans une
(er)95 = 10 %, Qm ± 0,10 Qm contiendra la valeur gamme de conditions conformes à celles du site de
réelle de Q dans 95 % des cas. Dans ce cas, l’incerti- mesure. Certains instruments comportent
tude est exprimée en supposant des conditions des procédures d’étalonnage intégrées qu’il est
moyennes de mesure. important de suivre.
Notes:
1. Quand une fourchette de niveaux de précision est recommandée, la borne inférieure s’applique aux mesures réalisées dans de relativement
bonnes conditions, et la borne supérieure s’applique aux mesures réalisées dans des conditions difficiles.
2. L’obtention de la précision 3–7 % recommandée pour la mesure des précipitations dépend de nombreux facteurs, dont les caractéristiques
du pluviomètre. Pour les pluviomètres dont la surface de collecte est située au-dessus du sol, le déficit de collecte du pluviomètre dépend
beaucoup de la vitesse du vent et du type de précipitation. Le déficit de collecte pour la neige légère par grand vent peut par exemple
atteindre 50 % ou plus.
peuvent faire partie intégrante d’un réseau peuvent être destinées à des usages très disparates.
d’annonce de crues. Cette multiplicité d’utilisation du terme «réseau»
est bien plus qu’une curiosité sémantique. Elle peut
Le terme «réseau» est fréquemment utilisé dans un être source de confusion et de faux espoirs lors de
sens moins rigoureux. On entend souvent parler de discussions sur l’analyse et la conception du réseau
réseau pour les eaux de surface, les eaux souter- entre hydrologues et gestionnaires.
raines, les précipitations ou encore pour la qualité
des eaux, même lorsqu’on se réfère à un ensemble Les réseaux devraient être conçus de façon à maxi-
de stations hydrologiques n’ayant pas toujours de miser la valeur économique des données collectées.
lien fonctionnel entre elles. Les données fournies Toutefois, ce n’est pas souvent le cas dans la réalité.
par les stations d’un réseau ainsi librement défini Généralement, on ne tient jamais compte des
I.2-20 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
point de vue taxonomique comme faisant partie de être mis en place pour aider les gestionnaires de l’eau
l’analyse socioéconomique. Cependant, même en à faire face aux événements extrêmes (inondations,
l’absence d’éléments socioéconomiques, elle est sécheresses, allocation d’eau en situation de conflits
couramment utilisée lors de la conception des d’usage) ou à satisfaire les exigences réglementaires.
réseaux hydrologiques. Elle figure donc ici comme Les sites exploités à ces fins peuvent également
une composante séparée de la structure pyramidale. conduire à une compréhension hydrologique accrue,
L’ensemble des programmes mathématiques utili- mais le réseau qui en résulte n’est en aucun cas opti-
sés, chacun avec sa propre utilité et ses insuffisances, misé pour cette finalité.
se base sur la théorie de l’optimisation, souvent
appelée recherche opérationnelle. Le cadre dans
2.4.1.2 Méthodes de substitution
lequel a lieu la conception du réseau détermine le
choix du programme mathématique pouvant être La conception détaillée d’un réseau étant aujourd’hui
éventuellement utilisé. Souvent, le choix entre soit difficile, soit impossible à réaliser, on utilise, pour
deux ou plusieurs conceptions de réseaux, doit être résoudre les problèmes posés, des objectifs, des critères
fait sur la base du bon sens, car les outils permettant et des mesures de substitution. Par exemple, une subs-
d’optimiser de façon appropriée soit n’existent pas, titution fréquente consiste à maximiser l’information
soit requièrent trop de ressources informatiques provenant d’un réseau plutôt que d’optimiser la
pour être vraiment efficaces. valeur économique des données. Des études ont
montré que, si l’information est convenablement
Au sommet de la pyramide se trouve la théorie de la utilisée, on peut s’attendre à ce qu’elle contribue à la
décision, qui est un mécanisme formel permettant valorisation économique découlant d’une décision.
d’intégrer toutes les composantes sous-jacentes. Plus il y a d’informations, meilleures seront les
L’application de cette théorie dans la conception décisions. Cependant, l’impact économique de l’in-
des réseaux n’est pas absolument nécessaire – elle formation n’est pas corrélé linéairement avec son
est même le plus souvent impossible. Toutefois, la importance. La valeur marginale de l’information
compréhension des circonstances et des conditions supplémentaire décroît avec la quantité d’informa-
de son utilisation peut rendre le concepteur de tions disponibles. Ainsi, l’usage de ce critère de
réseaux plus conscient des impacts qu’auront ses substitution ne peut guider un service hydrologique
décisions finales. dans la bonne direction que lorsque l’information
hydrologique locale est rare. Mais il peut entraîner la
La partie gauche de la pyramide représente un groupe collecte de données superflues lorsqu’une densité
mal défini de techniques réunies sous l’appellation raisonnable d’information existe déjà.
d’analyse socioéconomique. En plus des sciences
sociales et économiques, cette partie de la structure Parmi les techniques analytiques de base qui bénéfi-
pyramidale englobe aussi les sciences politiques, de cient de ces substitutions, on peut citer: l’analyse
même que la politique au sens large du terme. cartographique, les méthodes de régression et de
Celle-ci joue un rôle prépondérant dans l’exploita- corrélation, la modélisation probabiliste, la modéli-
tion du potentiel en eau, ainsi que, par conséquent, sation déterministe et les techniques de
dans la valorisation des données du réseau. Cette régionalisation. Chaque méthode possède ses appli-
partie gauche de la pyramide est rarement prise en cations spécifiques, et son utilisation dépend de la
compte de façon rigoureuse lors de la conception quantité de données disponibles et du type de
d’un réseau de mesures. Ceci pour deux raisons: le problème à résoudre. Ces différentes techniques sont
sujet est difficile à traiter de manière objective et assez fréquemment combinées pour certaines appli-
mathématique, et le faire réellement requiert la cations. Le Casebook on Hydrological Network Design
synthèse de connaissances provenant de plusieurs Practice (WMO-No. 324) présente des applications de
disciplines autres que l’hydrologie et l’ingénierie des ces techniques comme moyen pour déterminer les
ressources en eau. Effectuer ainsi une analyse socioé- conditions que le réseau doit remplir. D’autres
conomique importante lors de la conception d’un exemples peuvent être trouvés dans diverses publica-
réseau demande du temps et de l’argent. tions de l’OMM (OMM, 1969, 1976, 1982, 1994).
Néanmoins, les sites de collecte des données hydro- 2.4.1.3 Le réseau de base
logiques sont souvent mis en place pour répondre à
des demandes sociales pressantes et à des contraintes La valeur des données fournies par un réseau est
économiques avec relativement peu d’attention fonction de leur utilisation ultérieure. Néanmoins,
portée aux besoins à long terme en information de nombreuses applications des données hydro-
hydrologique. Au delà de la réponse aux besoins logiques ne sont pas encore connues lors de la
scientifiques, les sites de collecte de données peuvent conception du réseau et ne peuvent donc pas
I.2-22 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
base. Une telle approche permet de classer les peuvent être définis, ceux-ci pourraient être optimi-
stations en stations de base ou principales et stations sés conjointement, et chacun d’eux pourrait alors
secondaires. Ces dernières ne seront exploitées que produire avec efficacité le maximum d’information.
jusqu’à ce qu’il soit possible d’établir une relation En dépit de ces imperfections technologiques, les
stable (habituellement au moyen de corrélations), réseaux devraient être conçus itérativement et les
avec une ou plusieurs stations de base. Une nouvelle résultats d’une configuration de réseau existante
station secondaire peut alors être installée avec devraient servir de point de départ à une nouvelle
l’équipement et les fonds qui ont servi au site de conception. Illustrons ceci en reprenant l’exemple
mesure abandonné. Les relevés à la station de précédent. Le réseau de prévision de crues compren-
mesure abandonnée pourront être reconstruits au dra probablement des pluviomètres et des
moyen des enregistrements réalisés à la station de limnimètres placés à des endroits bien spécifiques
base, en s’appuyant sur la relation interstations. Il pour fournir l’information requise. L’évaluation des
sera peut être nécessaire, parfois, de remettre en ressources en eau ayant des exigences moins spéci-
fonction des stations secondaires, si l’on a des fiques en ce qui concerne ses sources d’information,
raisons de supposer que les conditions ont changé il est vraisemblable que de nombreuses stations
au site secondaire ou aux stations de base connexes. faisant partie du réseau de prévision de crues pour-
Le caractère permanent des principales stations du ront être incorporées dans le réseau d’évaluation
réseau de base fournit un support permettant de des ressources en eau et utilisées comme données
contrôler les tendances des conditions hydrolo- initiales dans sa conception. Cette approche itéra-
giques à long terme dans la région concernée. Ceci tive est particulièrement intéressante quand la
est particulièrement important si l’on considère les conception de réseaux à buts généraux, comme le
changements potentiels dans le cycle hydrologique, réseau de base, se fonde sur des réseaux à exigences
pouvant être causés par des changements d’utilisa- plus restrictives. Les réseaux avec des exigences plus
tion du sol ou par l’accroissement de la teneur en restrictives comprennent les réseaux de stations
gaz à effet de serre dans la stratosphère. repères (ou de référence), les réseaux de bassins
représentatifs ou encore les réseaux à buts
opérationnels.
2.4.1.4 Conception d’un réseau intégré
station modèle fournissant de façon continue des définis et identifiés, en particulier leurs responsabi-
observations simultanées des divers paramètres lités législatives. La communication entre ces
climatologiques et hydrologiques. Ces stations organisations devrait être améliorée, afin d’assurer
hydrologiques de référence devraient être placées à la coordination et l’intégration des réseaux de
des endroits où les conditions naturelles sont relati- collecte de données.
vement préservées des changements anthropiques
passés ou futurs. Puisque la longue durée des enre-
Buts du réseau
gistrements est l’une des caractéristiques principales
des stations de référence, on devrait tout d’abord Les buts du réseau devraient être définis du point
s’assurer qu’aucune station existante ne peut jouer de vue des utilisateurs et de l’utilisation des
ce rôle. Le réseau hydrométrique de référence du données, qui peuvent varier dans l’espace et dans
Canada en est un exemple (Harvey et. al., 1999). Les le temps. Il faut aussi identifier les besoins poten-
stations modèles climatologiques sont appelées tiels futurs et en tenir compte lors de la conception
généralement stations de référence. du réseau.
Il est souhaitable d’équiper un bassin versant En se fondant sur les buts du réseau, le ou les objec-
représentatif dans chaque région naturelle, tout tifs à atteindre en termes d’information requise
particulièrement dans les régions destinées à un fort peuvent à leur tour être définis. Il peut être utile de
développement économique et dans celles qui préciser les conséquences qu’aurait l’impossibilité
posent les problèmes hydrologiques les plus ardus. de fournir cette information.
Ces bassins, dans le cas le plus simple, doivent au
moins permettre l’étude simultanée des précipitations
Établissement des priorités
et des débits, et ainsi suppléer, dans une certaine
mesure, à la courte durée des observations et à la S’il existe plus d’un objectif, il faut établir des prio-
faible densité des réseaux minimaux. rités pour une évaluation postérieure, mais ceci
n’est pas nécessaire si tous les objectifs peuvent être
atteints dans le cadre budgétaire prévu. Si ce n’était
2.4.1.4.4 Stations de projet
Le rôle et le but des organisations impliquées dans Figure I.2.6. Un cadre pour l’analyse et
la gestion des ressources en eau devraient être la reconception des réseaux
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-25
cependant pas le cas, les objectifs considérés comme du budget. Afin d’être prêt à faire face à de tels
les moins importants devront être abandonnés. changements, un processus de révision continue est
essentiel.
Évaluation des réseaux existants
2.4.2 Densité des stations d’un réseau
L’information fournie par les réseaux existants
devrait être compilée et interprétée afin de détermi- Le concept de densité du réseau sert de ligne direc-
ner si les objectifs sont atteints. Une comparaison trice si des directives précises font défaut. Les
avec d’autres bassins versants et/ou d’autres réseaux densités projetées doivent donc être adaptées aux
peut s’avérer utile. conditions socioéconomiques et physioclimatiques.
Des techniques d’analyses mathématiques informa-
tisées devraient être appliquées pour optimiser la
Conception du réseau
densité d’un réseau nécessaire à des besoins spéci-
Les techniques de conception de réseaux les plus fiques, si les données nécessaires sont disponibles.
appropriées seront appliquées, en fonction de l’in-
formation disponible et des objectifs définis. Il peut Comme indiqué dans la section 2.4.1.3.1, le réseau
s’agir de caractéristiques hydrologiques simples, de minimal est celui qui permet d’éviter de sérieuses
simples relations de régression ou de méthodes plus lacunes dans la mise en valeur et la gestion des
complexes comme celle des moindres carrés ressources en eau, compte tenu du niveau général
généralisés. de développement économique et des besoins envi-
ronnementaux du pays. Il devrait être mis en place
Optimisation des opérations le plus rapidement possible, en y incorporant les
stations existantes, selon les besoins. En d’autres
Les procédures d’exploitation représentent une part termes, un tel réseau fournira le cadre de dévelop-
importante du coût de collecte des données. Cela pement futur permettant de répondre aux besoins
inclut le type d’instrument, la fréquence des visites d’information pour des usages spécifiques de
aux stations et l’organisation des tournées de l’eau.
terrain. Les procédures opérationnelles de coût
minimum devraient être adoptées. Dans les sections suivantes, une densité minimale
de différents types de stations hydrologiques est
recommandée, et ceci pour différentes zones clima-
Budget
tiques et géographiques. Ces recommandations se
Une fois le réseau et les procédures opérationnelles fondent sur les propositions émises en 1991 par les
définis, le coût de son fonctionnement peut être membres du projet OMM d’évaluation de réseaux
estimé. S’il s’inscrit dans le cadre du budget, on de base (BNAP) (OMM, 1992) et sont présentées au
peut passer à l’étape suivante. Si ce n’est pas le cas, tableau I.2.6. Cependant ces densités recomman-
des crédits supplémentaires doivent être alloués, dées sont en cours de révision à travers une étude
sinon les objectifs et/ou priorités devront être menée par la Commission d’hydrologie dont les
soigneusement réexaminés, en vue d’une réduc- résultats seront publiés sur le site Web de la version
tion des coûts. Cette façon de faire devrait électronique du Guide.
permettre au planificateur de préciser les consé-
quences d’un financement réduit en termes Il est impossible de définir suffisamment de zones
d’objectifs non atteints, d’informations réduites, aptes à représenter toutes les variétés de conditions
et de répercussions globales. hydrologiques. Le critère le plus simple et le plus
précis pour une classification des zones est la varia-
tion saisonnière et spatiale des précipitations.
Mise en œuvre
Chaque pays devrait préparer une carte des précipi-
Le nouveau réseau doit être mis en place sous forme tations annuelles de bonne qualité, ce qui
d’une planification à court et à long terme. permettrait de définir un réseau minimal. Mais
cette démarche ne pourrait aider de nombreux pays
dont le besoin d’un réseau est d’autant plus criant
Révision des réseaux
qu’ils n’ont pas ou très peu de données historiques
Nombre de composantes décrites ci-dessus étant et ne peuvent ainsi pas établir une carte des précipi-
variables dans le temps, une révision peut être tations de bonne qualité. Il faudrait également
rendue nécessaire par la modification de l’une considérer les pays où les précipitations sont distri-
d’entre elles – par exemple, changements d’utilisa- buées de façon très irrégulière comme faisant partie
teurs, de l’utilisation des données ou modification d’une catégorie à part. Dans de tels cas il n’est pas
I.2-26 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
judicieux de déterminer des zones hydrologiques des densités suffisantes, en raison de la grande
sur la base de cette seule caractéristique. dispersion de la population, du faible développe-
ment des moyens de communication ou d’autres
La densité de la population influence aussi la raisons économiques.
conception du réseau. Il est quasiment impossible
d’installer et d’exploiter de façon satisfaisante un
2.4.2.1 Stations climatologiques
nombre important de stations sur un territoire où la
population est très clairsemée, sauf si les stations Les données suivantes sont collectées par les
sont très automatisées. En général, ces zones peu stations climatologiques faisant partie d’un réseau
habitées coïncident avec les zones d’un climat de base: précipitations, manteau neigeux et évapo-
extrême: régions arides, polaires ou de forêts ration. Il est entendu ici que les stations de mesures
tropicales. de l’évaporation et du manteau neigeux, particu-
lièrement les premières, fourniront généralement
À l’opposé, les zones urbaines à forte densité de les données de température, d’humidité et de
population requièrent un réseau de stations pluvio- vitesse du vent, puisque ces éléments météorolo-
métriques très dense pour la résolution giques conditionnent l’évaporation et la fonte des
spatio-temporelle des perturbations, ainsi que pour neiges.
la conception, la gestion, et le contrôle en temps
réel des systèmes d’évacuation des eaux pluviales,
2.4.2.1.1 Stations pluviométriques
ou pour d’autres projets d’aménagement.
Si l’on respecte certains principes lors de l’installa-
À partir de ces considérations, un nombre limité de tion et de l’utilisation des stations pluviométriques,
grandes zones a été défini, de façon quelque peu on constate que quelques stations du réseau
arbitraire, en suivant certaines règles générales, minimal peuvent déjà répondre aux besoins les
pour déterminer les normes de densité. Six catégo- plus immédiats. En général, les pluviomètres
ries de régions physiographiques ont été ainsi devraient être répartis de manière aussi uniforme
définies pour les réseaux minimaux: que possible, en tenant compte de l’utilisation
a) Zones côtières; prévue des données et de la proximité des observa-
b) Zones montagneuses; teurs bénévoles. Dans les régions montagneuses, il
c) Plaines intérieures; faut mettre l’accent sur la notion de gradient alti-
d) Régions de collines; métrique des précipitations par l’utilisation à haute
e) Petites îles (d’une superficie inférieure à altitude de pluviomètres totalisateurs. Les pluvio-
500 km2); mètres peuvent être conçus spécialement pour
f) Zones polaires et arides. mesurer l’équivalent en eau du manteau neigeux,
soit par l’ajout d’un bouclier pour réduire les pertes
En ce qui concerne la dernière catégorie, il est dues au vent, soit par l’utilisation de capteurs de
nécessaire de regrouper les régions dans lesquelles il pression. Un suivi manuel périodique du manteau
ne semble pas possible pour l’instant d’atteindre neigeux peut être utilisé pour compléter le réseau,
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-27
mais il ne devrait pas être considéré comme faisant et à l’amont de la station de jaugeage. Un pluvio-
partie du réseau. mètre ne sera installé à la station de jaugeage que
si les observations qui y sont effectuées sont bien
Le réseau devrait comporter trois sortes de représentatives de la région. Il est parfois préfé-
pluviomètres: rable d’implanter cet appareil à quelque distance
a) Les pluviomètres ordinaires: ce sont des appa- de la station de jaugeage, par exemple lorsque
reils à lecture quotidienne. À ces stations celle-ci est située dans une vallée étroite et
pluviométriques standard, en plus des hauteurs profonde.
de précipitations journalières, les observations
suivantes seront effectuées: chutes de neige,
2.4.2.1.2 Observation du manteau neigeux
épaisseur de la couverture neigeuse au sol, ainsi
que le temps qu’il fait; Le cas échéant, l’observation des précipitations
b) Les pluviomètres enregistreurs: dans les réseaux neigeuses, de leur équivalent en eau et de la
en développement il faudrait qu’au moins 10 % hauteur de neige au sol devrait être faite à toutes
des pluviomètres soient enregistreurs. Une les stations pluviométriques du réseau minimal.
plus forte densité d’enregistreurs est souhai-
table là où se produisent des pluies intenses La mesure de l’équivalent en eau de la couverture
de courte durée. De telles stations fournissent neigeuse au moment de l’accumulation maximale
une précieuse information sur la répartition, donne une indication approximative du total des
l’intensité et la durée des précipitations. précipitations saisonnières dans les régions où le
En zone urbaine, où le pas de temps requis pour dégel et la fonte des neiges en hiver ne sont pas
la mesure des précipitations est de l’ordre de importants. Dans ces régions, le relevé de la
une à deux minutes, il faudra porter une atten- couche de neige le long d’un cheminement fixé
tion toute particulière à la synchronisation des d’avance peut fournir une estimation des précipi-
pluviomètres. Afin d’obtenir des mesures fiables, tations saisonnières si l’on ne dispose pas
il est recommandé d’utiliser des pluviomètres à d’observations normales. Ces relevés nivomé-
augets basculants, reliés à une mémoire électro- triques réguliers sont utiles pour la prévision des
nique (ou tout autre support informatique). débits des cours d’eau et l’étude des crues.
Les zones suivantes devraient être considérées
comme prioritaires pour l’installation d’appareils L’observation du manteau neigeux est effectuée
enregistreurs: les zones urbanisées (population par du personnel équipé pour prélever des échan-
supérieure à 10 000 habitants) dans lesquelles tillons de la neige accumulée ainsi que pour
des systèmes d’évacuation des eaux pluviales déterminer son épaisseur et son équivalent en eau
doivent être installés, les bassins dans lesquels (3.5). Le nombre de cheminements nivométriques,
des systèmes de contrôle importants des rivières leur emplacement et leur longueur dépendent des
fonctionnent déjà ou doivent être construits, conditions topographiques du bassin versant et
les vastes zones insuffisamment couvertes par le des objectifs pour lesquels les données sont collec-
réseau existant et enfin les régions faisant l’objet tées. La dénivellation totale et les différents types
de recherches particulières; d’expositions et de couverture végétale de la zone
c) Les pluviomètres totalisateurs: dans les régions étudiée devraient être pris en considération pour
peu habitées ou isolées telles que déserts et choisir un cheminement représentatif. On suggère
montagnes, des pluviomètres totalisateurs qu’un cheminement nivométrique pour 2 000 à
peuvent être installés. Les relevés y seront effec- 3 000 km 2 comme densité raisonnable dans
tués une fois par mois, une fois par saison ou les régions les moins homogènes; et un pour
chaque fois qu’il sera possible de se rendre sur 5 000 km 2 dans les régions homogènes de
place. plaine. Cependant, chaque cas doit être considéré
selon ses propres caractéristiques et ces règles
Situation des pluviomètres par rapport aux stations générales ne doivent pas être appliquées sans
hydrométriques: pour que les données pluviomé- discernement.
triques complètent les relevés de débits (pour les
prévisions de crues ou pour des analyses hydrolo- Au début de la mise au point d’un réseau, l’étude
giques), le choix des emplacements des deux types du manteau neigeux devrait en général être faite
de stations devra être soigneusement coordonné. une fois par an à l’époque présumée de l’accumu-
Les pluviomètres devraient être situés de façon à ce lation maximale. Par la suite, il conviendra de
que les précipitations tombées sur le bassin versant développer l’étude et de procéder à de telles
puissent être estimées pour chaque station de mesures à intervalles réguliers pendant toute la
jaugeage, ils seront généralement situés à proximité période durant laquelle se produisent les chutes de
I.2-28 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
neige. Dès que possible, ces mesures devraient être l’équipera d’une station débitmétrique, qui devien-
complétées par la mesure régulière des précipita- dra une station secondaire du réseau minimal. Les
tions neigeuses et l’observation des facteurs stations de jaugeage devraient être entrecoupées
météorologiques connexes, comme le rayonne- de stations de mesure du niveau d’eau (section
ment, la température du sol et la vitesse du vent. 2.4.2.2.2).
l’exposition variable des pentes, qui joue un rôle Le concepteur d’un réseau de base doit garder
important en terrain accidenté, et de l’occupation présent à l’esprit le fait que la collecte des données
du sol qui peut varier selon l’exposition et d’autres relatives au transport solide est plus onéreuse que
facteurs. De même faut-il envisager d’augmenter la celle de toutes les autres données hydrologiques. En
densité de stations dans les régions riches en conséquence, le plus grand soin doit être apporté au
lacs, seul moyen pour pouvoir en déterminer choix du nombre et de l’emplacement de telles
l’influence. stations. On ne devrait ainsi porter l’accent qu’aux
régions où l’érosion est très active. Après quelques
années de mesure, il peut être souhaitable d’inter-
2.4.2.2.2 Niveaux des cours d’eau
rompre les observations aux stations où le transport
Le relevé des niveaux (hauteur de la surface de l’eau) solide s’avère insignifiant.
est effectué à toutes les stations de jaugeage pour
déterminer le débit. Dans le cadre du réseau mini- Les données de transport solide peuvent être
mal, la mesure de la hauteur d’eau seule peut être complétées par le relevé des sédiments accumulés
nécessaire en d’autres endroits: dans les lacs et les réservoirs. Des appareils de
a) Dans toutes les grandes villes traversées par des sondage par ultrasons sont utiles à cet effet.
cours d’eau, les relevés des niveaux d’eau sont Toutefois, les informations ainsi obtenues ne
utilisés dans le cadre de la prévision des crues, doivent pas se substituer à l’observation directe du
de l’approvisionnement en eau potable ou du transport solide aux stations fluviales. La mesure
transport; des débits solides et le calcul du transport sédimen-
b) Sur les grandes rivières, entre les stations de taire sont abordés dans la section 5.5.
jaugeage, le relevé des hauteurs d’eau peut être
utile pour l’étude de la propagation des crues et 2.4.2.2.5 Stations de mesure de la qualité des
leur prévision. eaux
fournir des données utiles pour des études d’hydro- 2.4.3.1 Paramètres caractérisant la qualité
biologie, de pollution, de formation de la glace, de de l’eau
sources d’eau de refroidissement pour l’industrie,
des effets de la température sur le transport solide, Les caractéristiques mesurables de qualité des eaux
de la solubilité des minéraux contenus dans l’eau peuvent être classées de différentes manières: on peut
ou du changement climatique. distinguer les propriétés physiques (température,
conductivité électrique, couleur, turbidité), les teneurs
2.4.2.2.7 Couche de glace sur les rivières et en composants chimiques inorganiques (oxygène
les lacs dissous, chlorures, alcalinité, fluorures, phosphore,
métaux) et organiques (phénols, hydrocarbures
L’observation régulière de la couche de glace devrait chlorés, hydrocarbures aromatiques polycycliques,
comprendre: pesticides), ou encore les composants biologiques et
a) Des observations visuelles des divers processus microbiologiques (comme les coliformes fécaux) ou la
de formation et de destruction de la glace, avec macrofaune (comme les vers, le plancton et les pois-
indication des dates respectivement de l’appa- sons), qui donnent des indications sur la santé
rition des premières glaces flottantes, du gel écologique de l’environnement aquatique.
de toute la surface du cours d’eau, du début de
la débâcle et de la disparition complète de la Une seconde classification se base sur l’importance
glace. Ces observations devraient être faites sur accordée à certaines caractéristiques, qui seront diffé-
une base journalière; rentes selon le type d’eau observé, les utilisations qui
b) La mesure de l’épaisseur de la glace, en deux en sont prévues et les objectifs du programme de
ou trois points caractéristiques près de quelques contrôle. Les variables concernant la qualité de l’eau
stations hydrométriques, une fois tous les cinq sont parfois réparties en deux groupes:
à dix jours. L’emplacement de ces points de a) Variables de base (tableau I.2.7) (PNUE, 2005);
mesure sera choisi à la suite d’études détaillées b) Variables liées à l’utilisation de l’eau:
de la couche de glace, effectuées au début de la i) Approvisionnement en eau potable;
période d’observation de ces stations. ii) Irrigation;
iii) Qualité générale nécessaire à la vie
2.4.3 Besoins spécifiques au contrôle de aquatique.
la qualité de l’eau
Une troisième classification se rapporte aux procé-
Le contrôle de la qualité des eaux peut être organisé dures d’échantillonnage, en fonction de la stabilité
de différentes façons. Il peut se faire par un réseau des divers composants:
de stations à long terme placées de façon straté- a) Stables: les composants ne se modifient pas
gique, ou par répétition de campagnes d’étude de dans le temps;
courte durée ou, plus couramment, par la combi- b) Peu stables: les composants se modifient dans
naison des deux. Pour l’emplacement des stations le temps, mais peuvent être stabilisés durant
on tiendra compte, en plus des objectifs de base du au moins 24 heures, grâce à un traitement
programme, des facteurs suivants: approprié;
a) Conditions générales et problèmes relatifs à c) Instables: les composants se modifient
l’eau; rapidement et ne peuvent être stabilisés.
b) Potentiel de développement des centres indus-
triels et urbains; Les composants des deux premiers groupes
c) Tendances démographiques; peuvent être analysés en laboratoire sur des échan-
d) Climat, géographie et géologie; tillons d’eau représentatifs. Les composants du
e) Accessibilité; troisième groupe doivent être impérativement
f) Main-d’œuvre, financement et moyens dispo- mesurés in situ.
nibles pour traiter les données sur le terrain et
en laboratoire; 2.4.3.2 Qualité des eaux de surface
g) Aspects interjuridictionnels;
h) Durée du transport jusqu’au laboratoire (pour Parfois les objectifs du programme d’étude définis-
les échantillons instables); sent avec précision les meilleurs emplacements pour
i) Sécurité du personnel. le prélèvement d’échantillons dans une rivière ou un
lac. Par exemple, pour déterminer les effets d’un
Le programme d’échantillonnage devrait être contrôlé affluent sur le cours d’eau récepteur, les échantillons
et évalué durant sa phase initiale, afin de s’assurer de devront être prélevés en amont et en aval de la
son efficacité par rapport aux objectifs de l’étude. confluence. Dans d’autres cas, les lois antipollution
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-31
R Variables de base seulement pour les rivières GRF Essentiel pour les stations de suivi mondial du flux des
L Variables de base seulement pour les lacs et réservoirs rivières (Global River Flux)
GW Variables de base seulement pour les eaux souterraines R, L Variables de base seulement pour les stations de rivière/
R Variables de base seulement pour les stations de rivière lacs et réservoirs
L Variables de base seulement pour les stations de lacs et
réservoirs
ou les exigences imposées par l’utilisation particu- sives mais peu fréquentes, pour comprendre les
lière d’une eau définiront la fréquence et le lieu des fluctuations rapides des paramètres de qualité de
prélèvements. Par exemple, une autorisation de rejet l’eau. De même, des situations spéciales peuvent
en eaux de surface devra préciser les modalités de conduire à un suivi continu, selon des paramètres
contrôle de qualité, ainsi que l’emplacement du sélectionnés, de la qualité de l’eau.
prélèvement des échantillons, leur nombre, la
fréquence et les paramètres à analyser. Les Les stratégies d’échantillonnage ne seront pas les
programmes de contrôle de la qualité de l’eau mêmes selon les différents types de masse d’eau ou
peuvent être complétés par des campagnes inten- de milieu, par exemple selon que l’on s’intéresse à
I.2-32 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Station Critères
Front ière intern ation ale
1 Aval immédiat d’une frontière
X1 internationale
2 Dérivation pour l’alimentation
X2 publique d’une grande ville
Ville importante
3 Zone importante pour la pêche,
8
X les loisirs et le tourisme
Région peu
développée et 4 Dérivation pour une irrigation
peu peuplée agricole de grande ampleur
Loisirs et 5 Limite de la zone estuarienne
X3
pêche d’une grande rivière
X
6 6 Dérivation pour une importante
alimentation industrielle
X 7 Aval d’un rejet industriel et
Zone urbaine 7
fortement effluent important influençant
X
industrialisée 4 Irrigation X8 la rivière principale
Mer
l’eau en soi, aux sédiments ou aux biotopes. Les cours d’eau. Également de la taille et de l’emplace-
eaux des rivières se mélangent complètement sur ment des aquifères, de l’emplacement des stations
des distances comprises entre quelques kilomètres existantes (de jaugeage et de contrôle de la qualité
et plusieurs centaines de kilomètres en aval des des eaux), des débits et des conditions climatiques
sources de pollution. Les lacs peuvent être stratifiés à l’intérieur du bassin versant. Importent en outre
verticalement en raison de la température de l’eau les développements historiques, les centres urbains
ou d’arrivées d’eau salines de haute densité. Les et industriels présents et futurs, les prises d’eau et
eaux souterraines peuvent s’écouler très lentement les rejets d’eaux usées actuels, les sources salées
alors qu’en surface, rien ne trahit les modifications naturelles, les drainages de mines, les plans d’irri-
des solutés en profondeur. gation, la régulation des débits (barrages). De
même les utilisations actuelles et prévues des eaux,
Si l’objectif principal du programme est l’étude de les objectifs ou normes de qualité pour les lacs et
l’impact des activités humaines sur la qualité de les rivières, tout comme l’accessibilité aux sites
l’eau d’un bassin versant, celui-ci peut être subdi- potentiels d’échantillonnage (propriétaires des
visé en régions naturelles ou anthropisées. Ces terrains, routes, aérodromes). Et enfin la disponibi-
dernières peuvent être à leur tour subdivisées en lité de services comme l’électricité, et des données
zones stables (durant au moins 10 ans) et en celles de qualité des eaux déjà disponibles. La figure I.2.9
où l’impact anthropique est variable, comme dans montre les étapes à suivre pour choisir les sites
les zones agricoles, résidentielles ou industrielles. d’échantillonnage. La distance en aval jusqu’au
Lors d’études concernant les précipitations acides, point de brassage complet des eaux est grosso modo
la sensibilité du sol aux dépôts se révèle un facteur proportionnelle à la vitesse du courant et au carré
important. Les figures I.2.7 et I.2.8 donnent de la largeur du chenal d’écoulement. Les rivières
quelques exemples d’emplacements de stations sont généralement suffisamment peu profondes
d’échantillonnage en rivière et en lacs selon la pour qu’en aval d’un point de rejet de substances
poursuite d’objectifs spécifiques. polluantes, les eaux atteignent rapidement une
certaine homogénéité dans un plan vertical. Quant
Une fois le site choisi, l’étape suivante est la au brassage latéral, il se réalise beaucoup plus
collecte de l’information pertinente sur la région lentement. Ainsi, dans des rivières larges et
étudiée. L’information recherchée tiendra compte: rapides, le brassage complet peut n’être effectif
des aspects géologiques, hydrologiques et démo- que plusieurs kilomètres en aval du point
graphiques aussi bien que du nombre de lacs et de d’injection.
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-33
Station Critères
X
9 9 Affluent d’alimentation principal
10 Qualité générale de l’eau du lac
11 Alimentation en eau d’une grande
ville
X
12 Effluent du lac
10
Lo
isi 11
rs X
12
X
Préparation de cartes de
qualité et d’usage
Besoin en
données
Information requise
Planification du contrôle
Sites envisageables
Collecte des données
Suivi prolongé
Bilan
Inspection de contrôle
de la pertinence du site
Site choisi
Échantillonnage et
analyse
Figure I.2.9. Schéma pour le choix de sites d’échantillonnage sur la qualité de l’eau
I.2-34 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Divers protocoles sont recommandés pour un échan- Un graphique représentant les variations des para-
tillonnage représentatif dans la section transversale mètres en fonction du temps peut faire apparaître
d’une rivière. On peut prélever six échantillons (en des variations cycliques parmi les fluctuations aléa-
dupliquant les analyses), par exemple sur trois verti- toires. Pour la détection de tels cycles, il faut que
cales de la section, à deux profondeurs différentes, l’intervalle d’échantillonnage ne soit pas plus long
ou échantillonner à moyenne profondeur au quart, à que le tiers de la durée du plus court des cycles, et
la moitié et aux trois quarts de la largeur de la rivière, que la prise d’échantillons s’étende sur une période
ou à des intervalles réguliers sur toute la largeur du au moins dix fois plus longue que la durée du plus
cours d’eau. Si l’on n’obtient pas d’échantillon repré- long d’entre eux. Par conséquent, des cycles de
sentatif, il est conseillé de choisir un autre longue période ne seront pas détectés lors des
emplacement à proximité, à l’amont ou à l’aval. Une études initiales, mais seront mis en évidence après
autre possibilité consiste à analyser un échantillon la mise en exploitation du réseau. Pour détecter ces
composite pondéré en fonction du débit, provenant variations cycliques, il est recommandé de prélever
du mélange d’échantillons prélevés sur des verticales des échantillons aléatoires, par exemple à différents
de la section. jours de la semaine, ou à différentes heures du jour.
Le mélange longitudinal dans une rivière au débit 2.4.3.3 Qualité de l’eau des précipitations
irrégulier ou cyclique aura une influence secondaire
quant à l’emplacement du site de prélèvement. En général, les sites d’échantillonnage devraient
Mais il est nécessaire de prendre en compte cette être choisis de façon à donner une information
caractéristique du débit au moment de décider de la précise et représentative de la variation spatio-
fréquence d’échantillonnage et lors de l’interpréta- temporelle des teneurs en composants chimiques
tion des résultats. dignes d’intérêt. Il faut tenir compte de certains
facteurs importants tels que la direction des vents
La fréquence d’échantillonnage dépend des buts dominants, l’origine des composés analysés, la
attribués au réseau, de l’importance relative de la fréquence des précipitations (pluie, neige, grêle)
station de prélèvement, de la gamme des valeurs ainsi que d’autres processus météorologiques
mesurées, de la variabilité temporelle des paramètres influençant le dépôt. Il y a aussi des critères locaux
étudiés et de la disponibilité des ressources. En à prendre en compte:
l’absence d’information antérieure suffisante, on a) Aucune source mobile de pollution (trafic
choisira une fréquence arbitraire basée sur la connais- courant aérien, maritime ou routier) ne
sance des conditions locales. Cette fréquence pourra devrait se trouver à moins de 1000 m du site
être ajustée, en accord avec la variabilité observée, d’échantillonnage;
lorsqu’on aura récolté suffisamment de données. La b) Aucun dépôt en surface de produits agri-
fréquence d’échantillonnage est déterminée par coles, de combustibles ou d’autres matériaux
l’importance relative de la station, et dépendra du exogènes ne devrait se trouver à moins de
fait que les concentrations de quelques-unes des 1000 m du site;
substances analysées s’approchent ou pas de valeurs c) Les échantillonneurs devraient être installés en
critiques. terrain plat, non aménagé, de préférence recou-
vert d’herbe et être entourés d’arbres distants
Aux stations lacustres, il est recommandé de préle- de plus de cinq mètres des préleveurs. Aucune
ver des échantillons pendant cinq jours consécutifs, source de matériaux pouvant être emporté par
durant la période la plus chaude de l’année ainsi le vent (champs labourés, routes non asphal-
que cinq échantillons consécutifs par trimestre. Les tées, etc.) ne devrait se trouver à proximité. Les
lacs situés sous un climat tempéré et qui présentent zones à forts tourbillons verticaux ou les zones à
une stratification des eaux constituent un cas parti- remous situées du coté sous le vent d’une crête,
culier et devraient être échantillonnés au moins six les sommets balayées par le vent et les toits des
fois par an avec, en outre, des prélèvements occa- bâtiments, etc. devraient être évités en raison
sionnels aléatoires au cours des périodes suivantes: des fortes turbulences qu’ils peuvent engendrer;
au moment des eaux libres avant la stratification d) Aucun objet d’une taille supérieure à celle de
estivale, puis au moment du brassage des eaux l’échantillonneur ne devrait se trouver à moins
suivant la stratification de l’été, sous la glace lorsque de cinq mètres du site;
le plan d’eau est gelé et enfin en période de fonte e) Tout objet plus haut que l’échantillonneur
des neiges et de ruissellement. De même, des échan- devrait se trouver à une distance supérieure à
tillons supplémentaires devraient être prélevés en 2,5 fois la différence de hauteur entre les deux.
rivière, si possible après de fortes pluies, durant la Il faut faire tout particulièrement attention à la
période de fonte des neiges et de ruissellement. présence de fils métalliques aériens;
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-35
f) L’ouverture de l’échantillonneur devrait se Pour les rivières où des données de transport solide
trouver au moins à un mètre au-dessus du sol sont requises, il est nécessaire de placer les sites
afin d’éviter que des matériaux indésirables d’échantillonnage près des stations de jaugeage,
n’y pénètrent, par transport éolien ou par afin de pouvoir disposer à tout moment de données
éclaboussures; débitmétriques précises. Il faut éviter d’installer un
g) Les échantillonneurs automatiques doivent échantillonneur juste en amont d’une confluence,
être alimentés en énergie pour faire fonctionner car les prélèvements risquent d’être faussés par les
les clapets et capteurs, ainsi que les éventuels phénomènes de remous. Dans les cours d’eau trop
systèmes de réfrigération en été ou d’antigel en profonds pour être traversés à gué, les échantillon-
hiver. Si cette énergie est fournie par des lignes neurs pourront être placés sous un pont ou à
électriques, elles ne devront pas être aériennes. proximité d’un téléphérique. Les prélèvements
Si l’électricité est produite par des générateurs, depuis des ponts se feront de préférence du côté
la sortie des gaz d’échappement devra être amont de l’ouvrage. Dans les zones à forte turbu-
suffisamment éloignée de l’échantillonneur et lence, comme au voisinage des piles, les échantillons
située sous le vent; sont rarement représentatifs. Il faut aussi faire
h) Pour des études à l’échelle continentale, les attention à l’accumulation de débris ou de détritus
sites devraient être de préférence situés en autour des piles, car cet amoncellement peut modi-
milieu rural et éloigné, sans source de pollu- fier profondément l’écoulement et, par conséquent,
tion continue à moins de 50 kilomètres dans la la distribution des sédiments. Un échantillon global
direction des vents dominants, et à moins de résultant du mélange, en fonction de leur charge
30 kilomètres dans les autres directions. moyenne, de prélèvements provenant de plusieurs
points pris le long de la colonne d’eau peut être
Ces conditions peuvent ne pas être remplies dans considéré comme représentatif pour autant que le
tous les cas. La description des stations de mesure brassage latéral soit suffisant.
devrait, pour chacune de ces conditions, indiquer les
caractéristiques spécifiques de l’emplacement choisi. Dans les rivières à écoulement rapide, les meilleurs
endroits pour effectuer des prélèvements de sédi-
Sur les grands lacs, les précipitations sur le plan ments du fond sont les bancs de sable, les méandres,
d’eau peuvent ne pas être aussi fortes que le long les hauts fonds, le milieu du chenal et, de façon
des rives et la proportion des particules solides gros- générale, les zones abritées, où la vitesse de l’eau est
sières y être plus faible. La collecte d’échantillons au son minimum.
milieu d’un lac se fait en installant l’échantillon-
neur sur une bouée, un rocher, un haut-fond ou Les sites d’échantillonnage devraient être acces-
une petite île. sibles lors des crues, car c’est durant ces périodes
que le transport solide est plus important.
En ce qui concerne la méthode d’échantillonnage
des précipitations, préférence est donnée aux prélè- La détermination, en rivière, du pic de charge
vements par événement. Chaque averse, tempête polluante peut se faire de deux façons différentes:
ou chute de neige constitue un événement. a) Si la pollution est ponctuelle, les prélèvements
L’analyse des échantillons provenant d’un épisode seront faits durant les périodes de basses eaux,
de précipitations particulier permet de déterminer lorsque les polluants sont les plus concentrés;
les polluants qui lui sont associés. Une analyse de la b) Si les polluants sont d’origine diffuse (ruissel-
direction des vents, peut permettre de définir les lement de nutriments ou de pesticides prove-
sources probables d’émissions. Cependant, ce nant de terrains agricoles), les prélèvements
système d’échantillonnage est très sensible. On devraient être effectués durant les périodes de
applique ici les mêmes considérations statistiques crues, lorsque les polluants arrivent par lessivage
concernant la fréquence d’échantillonnage que du sol.
celles définies pour le prélèvement d’eau de surface.
Si l’un des objectifs poursuivi est de quantifier le
transport solide dans une rivière, il faut se souvenir
2.4.3.4 Qualité des sédiments
que le moment où la concentration des sédiments
La plupart des critères utilisés pour choisir les est maximale ne correspond pas forcément au
emplacements de mesure, exposés dans les sections moment où le débit est le plus fort. En outre, une
précédentes, sont aussi applicables à l’échantillon- succession de forts débits aboutira progressivement à
nage des sédiments. Nous ne décrirons donc une diminution des concentrations de sédiments, la
ci-dessous que les recommandations supplémen- diminution des matériaux mobilisables provoquant
taires spécifiques. un effet de tarissement.
I.2-36 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Sur les lacs, le site d’échantillonnage de base devrait que les échantillons soient représentatifs de l’eau de
se trouver au centre géographique du plan d’eau. la nappe souterraine. C’est en particulier le cas
Si le lac a une grande superficie (supérieure à lorsque le puits a un revêtement sensible à la
500 km2), il faudra installer plusieurs stations de corrosion.
base. Dans le cas où différents types de sédiments
devraient être prélevés, on peut utiliser les infor- L’utilisation de puits existants est une solution
mations provenant de relevés acoustiques économique, même s’ils ne sont pas toujours situés
(échosondeurs), qui permettent à la fois d’identi- au meilleur endroit ou construits avec des maté-
fier le type des matériaux couvrant le fond (sable, riaux inertes. Les puits en activité ou pompés
gravier, vase) et d’indiquer la présence d’une strati- occasionnellement sont préférables à ceux qui ne
fication sous la surface. Des échantillonneurs sont plus utilisés. Les puits abandonnés ou inex-
secondaires devraient être placés entre la station de ploités sont souvent en mauvais état: tubage
base et l’embouchure des principaux affluents ou endommagé ou percé, système de pompage corrodé.
les sources de pollution. La stratégie habituelle Il est souvent difficile d’y mesurer les niveaux d’eau
consiste à placer des points de prélèvement sur et ils peuvent présenter des dangers.
l’axe longitudinal du lac, avec éventuellement des
points placés sur des axes transversaux. En général, Les variations de la qualité des eaux souterraines
pour un lac de taille moyenne, trois à cinq stations peuvent être très lentes; des prélèvements mensuels,
donnent une bonne approximation de la qualité saisonniers, voire même annuels suffisent générale-
des sédiments. Cependant, il sera nécessaire d’aug- ment à les appréhender.
menter la densité de ce réseau, si l’on veut pouvoir
réaliser des études statistiques valables.
2.4.4 Réseaux opérationnels d’acquisition
des données
La fréquence d’échantillonnage dans les lacs est
conditionnée par la concentration généralement La plupart des prévisions hydrologiques sont tirées
faible des matières en suspension. Les pièges à sédi- de données provenant des réseaux d’observation.
ments devraient être utilisés durant les périodes de Ces données comprennent non seulement les
productivité maximale et minimale d’algues, ainsi mesures instrumentales, mais également le détail
qu’au moment où les apports de sédiments par les des opérations de gestion de l’eau et des ouvrages
rivières sont les plus élevés. de protection contre les crues. Un système de prévi-
sion devrait utiliser autant que possible des données
Lors d’échantillonnages répétés de sédiments repo- du réseau de base (section 2.4.1.3). Le domaine
sant au fond des lacs, il faut tenir compte de la couvert par le réseau de prévision est déterminé par:
vitesse d’accumulation des matériaux. Dans les a) Les demandes des utilisateurs en matière
bassins versants situés sous des climats tempérés de prévision à des points précis, ainsi qu’en
froids, on compte une accumulation moyenne de matière d’information courante sur l’état des
0,1 à 0,2 millimètre par an. Une période d’échan- masses d’eau;
tillonnage sur un intervalle de cinq ans peut b) La densité de réseau nécessaire pour évaluer
s’avérer trop courte pour fournir des informations correctement les caractéristiques du régime
nouvelles, à moins qu’il ne s’agisse de détecter la hydrologique et l’étendue des masses d’eau;
présence de nouvelles substances polluantes. c) La technologie de transmission des données au
centre de prévision;
d) La représentativité des observations;
2.4.3.5 Qualité des eaux souterraines
e) Les moyens de diffusion des prévisions.
Un grand nombre d’informations hydrogéolo-
giques sont nécessaires pour mettre sur pied une La collecte de l’information sur la gestion de l’eau
stratégie d’échantillonnage pour les aquifères. Il devrait être organisée de telle manière qu’elle
faut connaître les niveaux d’eau, les gradients s’harmonise avec le travail normal d’exploitation
hydrauliques, la vitesse et la direction des écoule- des agences qui fournissent ces données.
ments. Un inventaire des puits, des forages et
des sources alimentées par l’aquifère, ainsi que de Un programme de transmission des observations au
l’utilisation du sol devront être établis. centre de prévision par les stations de contrôle non
automatisées devrait être établi et ces observations
Les échantillons d’eaux souterraines sont prélevés devraient être classées selon la régularité ou le
dans les eaux de drainage et les puits naturels et caractère occasionnel de leur transmission. Les bulle-
forés. Les prélèvements dans les puits devraient être tins réguliers devraient comprendre l’information
précédés d’un pompage suffisamment long pour journalière sur les niveaux d’eau, les débits, les
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-37
températures et si cela est approprié le gel, ainsi que qui n’est pas accessible par les seules études de suivi,
les observations tous les 5 ou 10 jours sur l’épaisseur est utile pour la gestion de la pisciculture, les études
de la glace, la hauteur de neige et son équivalent en d’aménagement de cours d’eau, et les études de
eau. Les bulletins occasionnels contiennent les infor- qualité de l’eau.
mations d’urgence sur les changements importants
dans le régime des masses d’eau et les données À une autre échelle, les considérations concernant
d’exploitation, ainsi que les informations néces- la qualité de l’eau sont de plus en plus importantes
saires pour expliquer l’évolution d’un phénomène pour la conception de l’assainissement urbain. La
hydrologique particulier. conception des programmes de surveillance appro-
priés devrait inclure un échantillonnage à faible pas
Le Casebook on Hydrological Network Design Practice de temps, un suivi intégré des précipitations et des
(WMO-No. 324) donne des exemples de densités écoulements et des temps de réponse très courts si
spatiales pour différentes variables hydrologiques, et on veut que ces données soient utiles. Ces condi-
les principes généraux pour les évaluer en fonction tions sont assez différentes de celles qui sont
de la variabilité spatiotemporelle. réalisées par les procédures habituelles. L’usage de
modèles informatiques est une dimension supplé-
mentaire pour l’amélioration des informations
2.4.5 Options stratégiques pour
extraites des activités de surveillance de l’eau. Dans
les réseaux
certains cas, la conception même du réseau de
En plus des tentatives pour améliorer la représenta- contrôle peut être améliorée par l’usage de tels
tivité des réseaux de mesure des eaux de surface, les modèles.
services hydrologiques devraient développer des
stratégies de suivi plus détaillées. Pour certains
bassins, les activités de collecte de données hydro-
métriques doivent être intégrées aux programmes 2.5 COLLECTE DES DONNÉES
de suivi des sédiments, de la qualité des eaux,
de la météorologie et de l’habitat aquatique
2.5.1 Choix du site
(section 2.4.1.4). Par exemple, les études de trans-
fert des polluants associés aux sédiments doivent Une fois la phase de conception du réseau achevée,
tenir compte des origines, cheminements et deve- les emplacements de collecte des données approxi-
nir des particules fines. Ceci exige la compréhension mativement localisés en fonction des contraintes
simultanée des régimes hydrologique et sédimento- opérationnelles, les types d’instruments de mesure
logique. Que ce soit pour l’interprétation des définis, un emplacement peut être choisi de façon
concentrations ou pour le calcul des charges plus précise en fonction des contraintes de l’instru-
polluantes, un tel suivi intégré nécessite une coor- mentation, comme décrit dans les chapitres
dination étroite à tous les stades de la collecte de suivants de ce volume (sections 5.3.2.1 et 5.4.2).
données, de sa planification à la présentation des Afin d’assurer la qualité des données, il est parfois
résultats. nécessaire d’aménager le site par des déboisements
ou une stabilisation du lit du cours d’eau.
La planification intégrée des réseaux devrait être
développée pour maximiser l’efficacité de tous les Lorsqu’un endroit a été choisi et les instruments de
programmes concernant les données sur l’eau. Des mesure installés, deux types de données seront rele-
efforts importants sont nécessaires pour définir les vées: des informations relatives au site lui-même et
besoins des réseaux selon des perspectives multiples, les observations hydrologiques pour lesquelles la
afin de coordonner la collecte de données par bassin station a été conçue. La station, une fois installée,
versant de telle sorte que les données appropriées, devra être exploitée et entretenue en accord avec
comme les précipitations, le ruissellement, les eaux ses prescriptions initiales. Cela nécessite l’établisse-
souterraines et la qualité de l’eau soient utilisables ment d’un programme adéquat d’inspection et de
pour les besoins futurs. maintenance assurant la continuité et la fiabilité
des mesures, et la mise en place de routines de véri-
Les programmes de suivi actuels peuvent être fication et d’étalonnage conférant aux données
améliorés à l’aide d’études complémentaires. Des l’exactitude requise.
études des changements sédimentologiques et
morphologiques du cours d’eau (Church et al.,
2.5.2 Identification de la station
1989; Carson, 1987) peuvent, par exemple, complé-
ter les suivis réguliers pour la caractérisation du Pour que les caractéristiques d’un site de collecte
comportement de la rivière. Cette connaissance, de données et leur évolution soient documentées,
I.2-38 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
il faudra assurer la mise en place d’un système d’Ontario, le bassin versant 02, le sous-bassin
d’identification et d’archivage des informations versant IE, son numéro d’ordre étant le 9.
descriptives.
Pour l’identification des stations, l’OMM a admis un
2.5.2.1 Identification des sites de collecte de système de codage (Moss et Tasker, 1991) similaire
données aux énumérations b) et c) du système NAQUADAT.
Chaque site permanent devra être doté d’un code Un autre système reconnu de codage des points de
d’identification unique qui sera utilisé pour marquer prélèvement, utilisé par l’Agence de protection de
toutes les données et informations pertinentes pour l’environnement des États-Unis d’Amérique (EPA),
le site. La plupart des codes d’identification sont est le River Mile Index, qui correspond à une partie
numériques, mais ils peuvent également être du système STORET. Dans ce cas, le point de prélè-
alphanumériques. vement est défini par sa relation hydrographique
par rapport à l’embouchure du système fluvial et
Il arrive souvent que plusieurs services ou agences par la distance qui l’en sépare. Il comprend les
possèdent des stations de collecte de données dans codes des bassins versants principaux et secon-
une même région ou un même pays. L’échange de daires, le numéro du cours d’eau terminal, la
données et la coordination de la collecte entre les direction et la cote de l’écoulement, la distance en
différentes personnes intéressées seront plus aisés si miles entre et jusqu’aux confluences du système
un seul système d’identification est utilisé par tous. fluvial, ainsi qu’un code identifiant le niveau du
Chaque région sera définie selon le(s) bassin(s) cours d’eau au point de prélèvement.
versant(s) ou les zones climatiques qu’elle couvre, et
une partie du code d’identification du site devrait 2.5.2.2 Information descriptive
contenir des éléments permettant sa localisation
dans la région. Dans bien des cas, la valeur des données sera
meilleure si, dans le cadre de la production de
L’identificateur du site peut être simplement un métadonnées, l’utilisateur peut disposer d’infor-
numéro d’accès, c’est-à-dire un numéro d’ordre mations sur l’historique de la collecte. À cette fin,
attribué aux stations au fur et à mesure de leur ces informations devraient être inscrites dans un
établissement. Le système sophistiqué d’identifica- fichier de remarques propre à chaque station. Le
tion de la Banque nationale de données pour la niveau de détail, variable, sera fonction de chaque
qualité des eaux (NAQUADAT), a été conçu pour un paramètre mesuré. Typiquement, ce fichier devrait
traitement informatique des données. Il se compose contenir le nom de la station et des indications
d’un code alphanumérique de 12 signes, qui consti- quant à sa localisation, son type, les stations asso-
tue la clé d’accès pour le stockage et la recherche des ciées (établissement, exploitation, autorités
données dans le système informatique. Ce nombre propriétaires), son altitude, la fréquence des obser-
est composé de plusieurs sous-sections (PNUE/OMS, vations, les périodes d’exploitation et les détails
1996): sur son équipement. On pourra y ajouter des
a) Type d’eau – Un code numérique de deux rubriques spécifiques à certains types de stations.
chiffres indique le type d’eau observée (cours Une sélection de ces informations devrait être
d’eau, rivières, lacs ou précipitations). Ce code systématiquement annexée aux fichiers de sortie
a été étendu à d’autres types de milieux aqua- des données (chapitre 10).
tiques. Une liste des codes attribués jusqu’ici est
donnée dans le tableau I.2.8; Un fichier contenant davantage d’informations
b) Province, bassin et sous-bassin versant – Trois sur l’historique des opérations devrait être établi
paires de chiffres et de lettres permettant d’iden- afin d’être distribué selon les besoins (chapitre 10).
tifier la province, le bassin et le sous-bassin Le niveau de détail sera, ici aussi, différent selon le
versant; type des observations enregistrées. Pour une
c) Numéro d’ordre – Un nombre de quatre chiffres station hydrométrique, le fichier peut inclure des
attribué habituellement par un bureau régional. informations concernant la zone climatique, et
des notes sur les précipitations et l’évaporation, la
Par exemple, le numéro de station 00BC08NA0001 géomorphologie, le relief, la végétation, l’utilisa-
indique que le site de prélèvement se situe sur un tion du sol et le déboisement, ainsi que des détails
cours d’eau, dans la province de Colombie britan- sur la station. Un tel fichier devra contenir les
nique, dans le bassin versant 08, dans le sous-bassin informations suivantes: description de la station,
versant NA et le numéro d’ordre est le 1. La station croquis détaillé du site, carte régionale ainsi qu’une
01ON02IE0009 concerne un lac, dans la province description du site et de la région. Des exemples de
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-39
Source: Organisation météorologique mondiale, 1998a: Manual on Water Quality Monitoring – Planning and Implementation of Sampling
and Field Testing, Rapport d’hydrologie opérationnelle N° 27, WMO-No. 680, Genève.
tels fichiers peuvent être trouvés dans le Guide points de référence spécifiques. Il est important que
pratique GEMS/Eau (PNUE, 2005) et dans Sampling ces points de référence soient permanents et claire-
for water quality (Ministère de l’environnement du ment identifiables. Par exemple, «cinq mètres au
Canada, 1983). La figure I.2.10 en présente un nord-ouest du jeune saule» est une mauvaise
exemple de format possible. description de l’emplacement. Voici l’exemple
d’une description utile: «30 mètres en aval du pont
2.5.2.2.1 Description de la station Lady Aberdeen (route 148), entre Hull et Pointe
Gatineau, à 15 mètres vers l’aval du pilier situé dans
Une description précise du site de prélèvement le cours d’eau, près de la rive gauche». Si un appareil
devra mentionner la distance de la station à des de Système de positionnement mondial (GPS) est
I.2-40 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
0 0 QU 0 2 L H 0 0 3 6 0 0 0 ____________________________________________________
Approx. 3 m drop to river; slope allows only shrubby vegetation
LATITUDE LONGITUDE PR
Description of right bank:
S DEG MIN SEC S DEG MIN SEC
45 27 2500 075 42 0 2 0 0 5 ____________________________________________________
Edge of park land; gentle slope
UTM E ASTING N ORTHING PR
Bed: rocky, gravel, sandy, clean, vegetated:
ZO N E
____________________________________________________
Probably wood chips, muddy
S 0 S
Farmers rapids
Location of station with respect to towns, bridges, highways, railroads, _____________________________________________________
tributaries, islands, falls, dams, etc.:
im
__________________________________________________________
30 m downstream of Lady Aberdeen bridge (Highway 148) Sources of chemical or physical inputs:
__________________________________________________________
between Hull and Pointe Gatineau and 15 m off pier on _____________________________________________________
Logs, local sewage input
ec
__________________________________________________________
left side (looking downstream)
__________________________________________________________ _____________________________________________________
Sp
disponible, les coordonnées géographiques du lieu description des environs de la station devrait
de prélèvement devraient être déterminées et enre- mentionner les changements saisonniers suscep-
gistrées avec la description de la station. Il faudra tibles de gêner la collecte des données tout au
également noter la date de la première mise en long de l’année. Pour les stations sur les lacs, il
service de la station, ainsi que celle du début de la faudra mentionner la surface du lac, ses profon-
collecte des données. deurs maximale et moyenne, son volume et le
temps de résidence de l’eau.
Pour les stations de mesure des débits et de la
qualité des eaux, l’information sur l’emplace- Toutes les informations supplémentaires sur les
ment comprendra aussi une description du cours conditions, naturelles ou non, pouvant influencer
d’eau en amont et en aval de la station, la profon- les résultats des mesures seront consignées. On
deur de l’eau, la description des berges et des mentionnera aussi les modifications passées et
matériaux du lit du cours d’eau, ainsi que des irré- prévisibles du terrain, de même que les sources de
gularités de sa morphologie pouvant modifier pollution comme les feux de forêt, les constructions
l’écoulement ou la qualité des eaux. Ces irrégula- de routes, d’anciennes mines, ou l’utilisation du sol
rités peuvent inclure des méandres, l’élargissement présente et future.
ou le rétrécissement du chenal, la présence d’une
île, de rapides ou de chutes, ou la confluence avec
2.5.2.2.2 Esquisse détaillée de la localisation
un autre cours d’eau près de la station. La descrip-
de la station
tion des berges devrait mentionner leur pente et
les matériaux qui les composent, ainsi que l’im- Un plan de localisation de la station devrait être
portance de la végétation. Le lit ou les sédiments établi, comprenant la distance (exprimée en unités
peuvent être caractérisés brièvement par les maté- appropriées) de la station à des points de repère
riaux qui les composent: rocheux, vaseux, locaux et à des points de référence permanents
sableux, couvert de végétation aquatique, etc. La (figure I.2.11). Sur cette esquisse, les emplacements
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-41
St
Je
an
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Blvd Greber
ap
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Gat
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Pointe Gatineau
N
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Log boom
er
Riv
Figure I.2.11. Croquis de disposition d’une station Figure I.2.12. Carte de localisation d’une station
des prélèvements ou des mesures et de leur équipe- situés à ± 40 m environ, alors que sur une carte au
ment devraient être clairement indiqués. 1/250 000, la précision est de ± 200 m environ
(WMO-No. 559). Si des cartes de navigation
aérienne existent, il faut les utiliser de préférence,
2.5.2.2.3 Plan de situation
car elles fournissent des valeurs plus exactes que
Une carte de situation à grande échelle celles qui proviennent des cartes topographiques.
(figure I.2.12), permettant de localiser le site par
rapport aux routes et autoroutes, ainsi qu’aux 2.5.2.2.5 Descriptif
agglomérations devrait également faire partie du
descriptif de la station. L’association de cette carte Pour les stations de mesure de débit et de qualité
au plan de la station devrait donner une informa- des eaux, il est recommandé de commencer la
tion complète pour localiser la station, de façon description par le nom du cours d’eau, du lac ou de
qu’un enquêteur s’y rendant pour la première fois, la retenue, suivi par sa position (en amont ou en
puisse y arriver sans problème. aval) et sa distance (au moins à 0,1 km près) par
rapport à l’agglomération la plus proche, aux ponts
importants, aux routes principales ou à tout autre
2.5.2.2.4 Coordonnées
point de repère fixe. Le nom de la province, du
Les coordonnées géographiques sont données en territoire ou de toute autre division administrative
latitude et longitude, et peuvent en outre être reliées devrait aussi être mentionné.
à un autre système de référence tel que l’UTM
(Universal Transverse Mercator) ou les plans cadas- Il faudra aussi, dans cette description, signaler tous
traux. Si le site se trouve sur un cours d’eau, la les changements apportés au site et aux instruments.
distance le séparant d’un point situé plus à l’aval, Ces informations constitueront la description
comme un point de référence ou l’embouchure historique du site et de sa région. Un exemple de
d’une rivière, devrait être notée. Il faudra aussi four- descriptif selon le format suggéré est proposé au
nir, si cela est possible, les coordonnées selon le chapitre 10.
système de référence national. Le système interna-
tional GLOWDAT (c’est-à-dire la banque de données
2.5.3 Fréquence et programme des visites
GEMS/Eau (PNUE, 2005)) utilise, lui, le code de
à la station
l’OMM qui divise le globe en huit parties et attribue
à l’hémisphère Nord les valeurs 0, 1, 2 et 3, corres- La fréquence et le programme des relevés, donc des
pondant respectivement à 0°–90° Ouest, 90°–180° visites à la station, seront déterminés par l’utilisa-
Ouest, 180°–90° Est et 90°–0° Est (WMO-No. 683). tion prévue des données collectées. Ils devraient
Pour l’hémisphère Sud, les valeurs 5, 6, 7 et 8 corres- permettre d’organiser les observations à effectuer
pondent respectivement à 0°–90° Ouest, 90°–180° dans le temps. Les visites à la station auront pour
Ouest, 180°–90° Est, et 90°–0° Est (WMO-No. 559). but l’observation ou la collecte des données, mais
aussi la maintenance du site.
Latitude et longitude devraient être tirées de cartes
topographiques au 1/50 000 ou au 1/250 000. Sur Lorsque le paramètre mesuré varie rapidement, les
les cartes au 1/50 000, les points peuvent être visites aux stations de mesure manuelles devront
I.2-42 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
être plus fréquentes si l’on veut maintenir un enre- partie de l’année, il faut prendre des dispositions pour
gistrement valable. Dans ce cas, il est préférable que les observations soient faites toute l’année à la
d’installer un système d’enregistrement automa- même heure UTC.
tique des données ou de transmission en temps
réel, si le personnel compétent et les fonds néces- L’heure d’observation fixée devrait être la fin de la
saires sont disponibles. Cela peut s’avérer période où une série d’observations sont faites à la
particulièrement le cas si des observations plus station. Dans la mesure du possible, la série d’observa-
fréquentes sont souhaitables dans un but hydrolo- tions à effectuer devrait être faite dans les 10 minutes
gique lors de tempêtes ou de crues, mais aussi pour qui précèdent l’heure d’observation fixée. Toutefois, il
des biefs influencés par les marées. est important que l’heure à laquelle l’observation a
réellement été faite soit soigneusement notée, qu’elle
soit effectuée à l’heure prescrite ou non. Dans les biefs
2.5.3.1 Stations manuelles
à marée, les heures d’observation devraient être
Il est important d’encourager le relevé des observa- adaptées au cycle des marées.
tions à heures fixes, dites observations «synoptiques»,
aux stations climatologiques. Le Manuel du Système
2.5.3.2 Stations avec enregistrements
mondial d’observation (OMM-N° 544) recommande les
heures auxquelles il y a lieu d’effectuer, aux stations La fréquence et l’horaire des visites aux stations à
synoptiques, les observations météorologiques à des enregistrement seront directement dictés par la
intervalles de trois et six heures: 0000, 0300, 0600, durée pendant laquelle on peut espérer qu’elles
0900, 1200, 1500, 1800 et 2100 en temps universel fonctionneront sans entretien. Par exemple, les
coordonné (UTC). Dans la plupart des pays, ces pluviographes, inscrivant les mesures sur des
stations constituent les stations de base des feuilles à déroulement hebdomadaire, nécessiteront
programmes d’observation météorologique et clima- des visites chaque semaine pour le changement de
tologique. Si l’observateur doit effectuer trois ces feuilles. D’autres instruments ont une capacité
observations par jour, il est commode que ce soit au de stockage des données plus importante; les visites
voisinage des heures où il se lève et où il se couche, peuvent y être plus espacées. Il faut trouver un juste
ainsi que vers midi. Là où sont effectuées une ou deux équilibre entre la fréquence des visites et la qualité
observations par jour, il sera souvent possible de les des données obtenues. Des visites peu fréquentes
faire aux heures synoptiques. peuvent aboutir, en cas de dysfonctionnement non
détecté de l’enregistreur, à une perte de données,
Toutes les stations où n’est effectuée qu’une observa- alors que des visites trop rapprochées sont onéreuses
tion par jour devraient avoir une heure d’observation en terme de temps comme d’argent. Diverses études
commune, de préférence durant la matinée. ont déjà été réalisées sur le rapport coût-efficacité et
sur l’efficacité de la collecte des données. De plus
Certains cours d’eau, par exemple les rivières alimen- amples informations sont données dans les
tées par de petites montagnes, présentent des Proceedings of the Technical Conference on the Economic
fluctuations diurnes du niveau de l’eau durant and Social Benefits of Meteorological and Hydrological
quelques saisons. L’observation du niveau devrait être Services (WMO-No. 733).
effectuée plusieurs fois par jour aux nouvelles stations
pour s’assurer qu’une lecture unique représente La fréquence des visites peut aussi dépendre du
correctement le niveau d’eau journalier. En outre les niveau d’exactitude désiré pour les données. Des
petites rivières ont des montées violentes de niveau dispositifs de collecte de données peuvent subir une
en réponse aux pluies d’orage. Des lectures supplé- dérive de la relation entre la variable enregistrée et
mentaires du niveau devraient être obtenues durant ce qu’elle représente. Une courbe de tarage non
ces événements pour mieux définir l’hydrogramme stable en est un exemple. Dans ce cas, des visites
correspondant. Les observations du niveau de l’eau périodiques à la station sont nécessaires, afin de
devraient aussi être faites au moment de l’échantillon- recalibrer les instruments de mesure ou établir de
nage de la qualité de l’eau. nouvelles courbes de tarage.
Certes, il est souhaitable que les observations régu- 2.5.3.3 Nouvelles technologies
lières soient effectuées à des heures synoptiques, mais
cela n’est pas possible partout. Il importe alors que les La mise en service d’appareils électroniques d’acqui-
observations soient effectuées tous les jours à la même sition de données et la transmission des données
heure. Cette heure sera notée en temps local ou en par téléphone ou satellite peuvent avoir un impact
UTC, en utilisant la notation de 0 à 24 heures. Si le déterminant sur la fréquence des mesures et des
régime de l’heure d’été est appliqué pendant une inspections (section 2.5.6). Notons cependant qu’une
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-43
maintenance régulière de la station reste nécessaire routiniers. Avant le début de la saison des orages, il
pour assurer une bonne qualité des données. faut établir un plan de mesure des crues dans lequel
devraient figurer les stations prioritaires de mesure,
ainsi que le type des données requises. Si la mesure
2.5.4 Maintenance des sites
des crues est demandée sur un site, sa préparation
Les opérations de maintenance ci-dessous doivent devra être effectuée durant la saison sèche, de sorte
être effectuées aux sites de collecte de données à des que tout soit prêt pour la saison des hautes
intervalles donnés de façon à garantir une qualité eaux. Des mesures supplémentaires peuvent être
adéquate des données enregistrées. Ceci peut être nécessaires si des crues extrêmes sont probables.
mené par l’observateur responsable du site, s’il en
existe un. Elles devraient aussi être occasionnelle- Les travaux préparatoires consistent à:
ment effectuées par un inspecteur (section 9.8.4). a) Surélever l’accès (aire d’atterrissage pour
hélicoptère si nécessaire);
À tous les sites de collecte de données, il faut: b) Équiper un campement provisoire avec des
a) Entretenir les instruments; provisions;
b) Remplacer ou mettre à jour les instruments, si c) Entreposer sur place les appareils de mesure et
nécessaire; les contrôler;
c) Récupérer ou enregistrer les observations; d) Protéger des inondations les instruments tels
d) Effectuer les vérifications recommandées sur les que les enregistreurs de niveau.
enregistrements récupérées;
e) Effectuer un contrôle général des installations Après la décrue, une attention particulière doit être
annexes, par exemple, des lignes de transmission; portée à la sécurité du site et à la restauration de son
f) Effectuer le contrôle et la maintenance de la fonctionnement normal. Dans certains cas, la
station, selon les spécifications recommandées; refonte et la reconstruction du site peuvent être
g) Contrôler et maintenir les accès à la station; nécessaires. Cette opération devra tenir compte des
h) Faire un compte-rendu écrit de toutes les informations obtenues à la suite de l’inondation.
activités ci-dessus;
i) Commenter les modifications de l’utilisation
2.5.5 Observations
du sol ou de la végétation;
j) Enlever les détritus et la végétation gênante À tous les sites de mesure, les valeurs doivent être
dans toute l’installation. relevées puis codées ou enregistrées et finalement
transmises. Des éléments de la collecte de don-
Aux stations de mesure des débits, il faut: nées sont présentés à titre d’exemple dans le
a) Contrôler la stabilité des berges, si nécessaire; tableau I.2.9.
b) Contrôler le niveau et le support de la jauge, si
nécessaire;
2.5.5.1 Stations manuelles
c) Contrôler et entretenir le dispositif de mesure
des débits (téléphérique, etc.), si nécessaire; Les observateurs devraient au moins être équipés
d) Contrôler et réparer l’ensemble des installa- d’un carnet de terrain et/ou d’un journal pour
tions, si nécessaire; chaque station, dans lesquels ils noteront au fur et
e) Lever régulièrement des sections en travers et à mesure leurs observations brutes. Des formulaires
photographier les principaux changements devraient être fournis à l’observateur pour noter les
affectant la station après des événements excep- observations quotidiennes, hebdomadaires, bimen-
tionnels, des changements de végétation ou suelles ou mensuelles, selon les besoins. Le carnet
d’utilisation du sol; de terrain ou le journal de la station devraient être
f) Faire un compte-rendu écrit de toutes les conservés par l’observateur, pour le cas où son
activités ci-dessus et de leurs résultats; rapport se perdrait durant sa transmission jusqu’au
g) Inspecter le terrain autour ou en amont du centre de traitement des données.
site et noter toute modification importante
de l’utilisation du sol ou des caractéristiques La présentation du formulaire de rapport devrait
hydrologiques, comme la présence de glace. permettre d’y copier facilement les résultats notés
sur le carnet de terrain ou le journal de la station.
Pour davantage de détails, voir le Manual on Stream Présenter le rapport sous une forme identique à
Gauging (WMO-No. 519). celle d’une page du carnet ou du journal serait une
bonne solution. Les divers éléments du rapport et
Les crues n’étant pas prévisibles, leur mesure ne du carnet devraient au moins se trouver dans les
peut être incluse dans le programme des contrôles mêmes colonnes ou lignes. Des espaces seront
I.2-44 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Note: Le tableau s’applique aux éléments ou variables observés sur le terrain. Il existe d’importants groupes de données, relatifs par
exemple à la qualité des sols et de l’eau, pour lesquels on effectue des analyses au laboratoire, ou pour lesquels des échantillons sont prélevés.
Dans ces cas, le système de collecte de données est presque invariablement:
a) Échantillonnage mécanique;
b) Saisie sur carnet ou sur formulaire de terrain.
réservés dans le journal, et peut être sur le formu- des influences temporaires. De plus, les formulaires
laire du rapport, pour toutes conversions ou et les formats d’entrée devront permettre l’ajout de
corrections à apporter aux valeurs brutes. commentaires qui soient accessibles en même temps
que les données finales. Il est important que les
Il est également possible d’utiliser une feuille de commentaires publiés soient exprimés selon une
papier carbone entre les pages d’un carnet d’obser- terminologie normalisée et que l’on utilise, pour les
vation; ceci permettra d’obtenir facilement et rapports de terrain, un vocabulaire correct.
rapidement l’original destiné au centre de traite-
ment des données et une copie, qui sera conservée Il est aussi utile de mettre en place un système de
à la station. L’utilisation de ce procédé n’est pas traitement des données tel que le codage et le
recommandée lorsque le carnet doit être transporté marquage de la qualité des mesures soient réalisés
sur le terrain, l’humidité pouvant rendre les inscrip- en même temps que les observations. Ceci
tions illisibles. Les formulaires peuvent également s’applique tout particulièrement aux observations
être des formes appropriées de codage pour la faites manuellement, car cela pousse l’observateur à
conversion directe au support informatique. formuler un jugement au moment où il effectue ses
observations. Les données des carnets de terrain
La valeur des données peut être fortement améliorée peuvent être traitées en utilisant des lecteurs
ou dévaluée selon la qualité de la documentation qui optiques ou des ordinateurs portables, ce qui permet
les accompagne. Les observateurs devront être le stockage informatique direct des observations.
encouragés à faire des commentaires sur tout phéno- Ces dispositifs permettent la réduction les erreurs
mène extérieur pouvant affecter les observations, de transfert des données ainsi que la vérification
qu’il soit relatif à l’équipement, à l’exposition ou à automatique de leur qualité.
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-45
Les observations de terrains pouvant aider à l’inter- terrain intelligent. Par exemple, les données de
prétation de la qualité de l’eau devraient être notées précipitations peuvent être enregistrées toutes les
dans le rapport. Ces observations peuvent concer- cinq minutes ou à chaque basculement d’auget,
ner une couleur ou une odeur inhabituelles de l’eau, alors que les hauteurs d’eau le seront à chaque fois
un développement algal excessif, des nappes de que la variation du niveau est supérieure à un
pétrole, des films de surface ou de nombreux pois- centimètre; quant aux paramètres de qualité des
sons morts. De telles observations peuvent conduire eaux, ils seront aussi enregistrés, mais à chaque
l’enquêteur de terrain à prélever des échantillons en variation de hauteur d’eau de 10 centimètres, et/
plus de ceux qui sont prévus dans le programme de ou à chaque 24 heures.
routine. Les types d’échantillons et leur mode de
conservation devraient être compatibles avec les Les enregistrements graphiques permettent la
analyses que l’enquêteur pense être justifiées par les collecte en continu des observations, mais nécessi-
conditions prévalentes. Si des échantillons supplé- tent un traitement au bureau. Les éventuels
mentaires sont prélevés à d’autres sites que celui de commentaires ou erreurs détectées seront reportés
la station, la description de leur localisation devra directement sur les graphiques ou sur les feuilles de
être notée avec précision. Ce type d’information et contrôle. De même qu’avec les enregistreurs numé-
les échantillons supplémentaires peuvent se riques, des observations de terrain indépendantes
révéler très utiles dans la phase d’interprétation de devront être faites et notées à chaque visite.
l’étude.
Lorsqu’une station a fonctionné un certain temps,
2.5.5.2 Stations enregistreuses la fréquence et l’horaire des inspections de mesure
devraient être revus, sur la base de l’autonomie des
Aux stations à enregistrement automatique, les instruments de mesure et des besoins en données à
observations sont relevées sous forme graphique ou cet emplacement. Parfois, il faudra étudier la possi-
numérique. Néanmoins, les observations suivantes bilité de récolter les données en temps réel, par le
devront être notées à chaque visite (pour recueil de biais de différents systèmes de communication.
données ou pour maintenance) à la station: Cela peut s’avérer moins coûteux que des visites
a) Le numéro d’identification de la station; régulières sur place (section 2.5.6).
b) Les observations provenant de sources indé-
pendantes (par exemple, tabelles de jaugeage, 2.5.5.3 Compte rendu en temps réel
pluviomètres totalisateurs);
c) Les commentaires spécifiques relatifs au Des données en temps réel sont requises à de
mécanisme d’enregistrement et à son état, nombreuses stations, enregistreuses ou non, par
observations courantes et heure. exemple pour la gestion de réservoirs, des
situations d’annonce et de prévision de crues, et
La feuille de contrôle de la station devrait être dans quelques autres cas comme celui de
remplie à chaque inspection. Les données peuvent l’établissement d’une méthode coût-efficacité de la
être enregistrées sur des disques durs ou des bandes collecte de données.
perforées. Dans ce dernier cas, ou si une carte de
mémoire portable a été utilisée, l’extraction finale Les données en temps réel collectées par un
des observations à partir des données enregistrées observateur de terrain doivent être communiquées
peut être effectuée à l’aide de matériel informatique. à l’agence par un moyen de transmission comme la
Cependant, la personne chargée de la collecte des radio ou le téléphone public. Les stations
données peut utiliser un ordinateur de terrain pour enregistreuses doivent également communiquer les
extraire et valider les données enregistrées avant de données via des installations de transmission. Les
quitter la station. La vérification sur le terrain permet appareils enregistreurs peuvent avoir l’avantage d’à
d’effectuer, sur place, tous changement et réparation la fois transmettre les données à des pas de temps
nécessaires. ou des intervalles de variation du paramètre prescrit,
et de pouvoir être interrogés par le bureau central, si
Les enregistreurs automatiques transcrivent les celui-ci désire connaître la situation à un moment
données à des pas de temps prédéfinis par l’utili- donné, voire modifier la fréquence des mesures. Les
sateur. Les enregistreurs plus sophistiqués, dits enregistreurs automatiques de données peuvent, en
«intelligents», tiennent également compte du plus, fournir des informations sur leur capacité de
compactage et de la variabilité de l’heure d’obser- stockage et leur alimentation en énergie encore
vation. Lorsque plusieurs paramètres doivent être disponibles. Des processus de contrôle de qualité
observés simultanément, la coordination des automatisés peuvent être développés pour ces
opérations peut être réalisée par un enregistreur de situations.
I.2-46 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
2.5.5.4 Instructions pour les observateurs observations de contrôle. Ces instructions doivent
souligner l’importance qu’il y a à porter sur les
Tous les observateurs devraient recevoir des instruc- graphiques toutes les informations qui pourraient
tions écrites, clairement rédigées. Elles devront être utiles lors du traitement ultérieur. Cela
aborder les points suivants: comprend l’identification de la station, l’heure du
a) Une brève description des appareils, avec des début et de la fin de l’observation, la valeur lue
diagrammes; directement sur la jauge et toute autre donnée
b) L’entretien et la réparation de routine des facilitant l’interprétation du relevé par la suite.
instruments et les mesures à prendre en cas
d’avaries ou de dysfonctionnements graves; Le personnel affecté à plein temps à une station
c) Les protocoles pour effectuer les observations; devra posséder une formation suffisante pour
d) Les heures normales des observations; extraire les données des enregistreurs automatiques.
e) Les critères déterminant le déclenchement, la Il devra recevoir des instructions soigneusement
fin et la fréquence des observations spéciales rédigées sur les méthodes à employer pour l’extrac-
effectuées en dehors du programme normal tion des données et la préparation des rapports.
(par exemple, observations du niveau des cours Cependant, dans de nombreux cas, les observateurs
d’eau lorsqu’il dépasse une limite donnée); ne possèdent pas toujours une formation poussée et
f) Les méthodes à employer pour contrôler l’heure il sera préférable de ne pas leur demander d’entre-
et pour reporter les observations de contrôle sur prendre les taches complexes d’extraction des
les graphiques, aux stations munies d’appareils données. Dans ce cas, les documents numériques
enregistreurs; ou graphiques devront être envoyés au bureau
g) La façon de remplir le carnet de terrain ou le central pour le traitement des données.
journal de la station;
h) La façon de remplir les formulaires, y compris
des indications sur la façon de calculer des
2.5.6 Systèmes de transmission
moyennes et des totaux, avec exemples;
i) L’expédition des rapports au bureau central;
2.5.6.1 Généralités
j) Les procédures spéciales pour les stations de
mesure en temps réel. Ces dernières années, les demandes des utilisateurs
de données hydrologiques sont devenues de plus
L’inspecteur complétera ces instructions écrites en plus complexes, de sorte que des systèmes
faites à l’observateur, de vive voix lors de l’installa- incluant la transmission automatique des observa-
tion des instruments, puis à intervalles réguliers tions hydrologiques ont été introduits dans les
par la suite. réseaux nationaux. Ceci a conduit au développe-
ment de codes facilitant la mise en forme des
Les instructions devraient mettre l’accent sur l’im- observations en vue de la transmission et de la
portance de la régularité des observations; elles diffusion des prévisions. Les codes hydrologiques
pourront aussi indiquer brièvement la manière sont présentés en section 2.3.2. Les différentes
dont les données sont utilisées pour les études de options possibles pour l’organisation des systèmes
mise en valeur des ressources en eau, de prévision de transmission sont:
hydrologique et de lutte contre les inondations. Il y a) La transmission manuelle – l’observateur
a lieu d’indiquer de façon précise toutes les observa- adresse, par courrier postal, par radio ou par
tions spéciales nécessaires lors d’événements téléphone, les données au bureau central, selon
exceptionnels, par exemple lors de crues, ainsi que des critères préétablis;
les rapports spéciaux qui devraient alors être rédi- b) La transmission manuelle/semi-automatique –
gés. Les observateurs seront aussi invités à ne pas le bureau central interroge, en mode manuel,
oublier de remplir les cases réservées au nom de la la station automatique par téléphone, Internet
station, ni à la date, et de signer leurs rapports. On radio, radiotéléphone ou satellite et reçoit, à
insistera sur la nécessité de faire connaître sans chaque appel, des valeurs discrètes instanta-
retard toute avarie des appareils ou toute modifica- nées; il peut aussi disposer d’une installation
tion importante du site d’observation. téléphonique automatique pouvant faire des
appels en série;
Aux stations équipées d’appareils à enregistrement c) La transmission automatique programmée – équi-
automatique, les observateurs devront recevoir des pement automatique à la station, programmé
instructions sur les méthodes à employer pour pour lancer la transmission d’une seule obser-
vérifier le fonctionnement des enregistreurs, chan- vation instantanée et/ou d’observations anté-
ger les feuilles d’enregistrement et effectuer les rieures stockées dans un enregistreur à mémoire;
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-47
c) Fiabilité de l’appareil enregistreur. Lorsque les 2.5.7.2 Feuilles de terrain pour le suivi de
conditions climatiques locales sont rigoureuses, la qualité des eaux
le bon fonctionnement de l’équipement méca-
nique sur le site est difficile. Dans ce cas, il L’inscription sur les feuilles d’observation de terrain,
peut être plus sûr de transmettre l’information de la date et de l’heure du prélèvement, de
par circuit électronique à un centre de récep- l’emplacement et des mesures effectuées constitue
tion protégé des aléas climatiques. Ce système certainement l’étape la plus importante de tout le
permet également un contrôle continu du programme de prélèvement. Tous ces éléments
fonctionnement des capteurs; doivent être reportés sur les feuilles de terrain avant
d) Personnel nécessaire pour l’exploitation, la de quitter la station. La section 2.5.5 contient des
maintenance et la logistique. Il est important instructions complémentaires à ce sujet.
de prendre en considération ces aspects dans la
phase de conception et de bien voir que chaque Les figures I.2.13 et I.2.14 présentent deux exemples
projet aura ses propres particularités. On devrait de formulaire pour l’enregistrement systématique
prêter une grande attention aux coûts et aux des analyses et des observations effectuées in situ.
bénéfices de toutes les alternatives, avant de Ces formulaires sont spécialement conçus pour le
prendre la décision finale. Lors de la conception stockage des résultats dans un système informatique
d’un projet de transmission automatique des approprié. Le formulaire de la figure I.2.13 peut être
données, les points les plus importants à consi- utilisé par toute personne chargée de collecter les
dérer pour les besoins en personnel sont: données de qualité des eaux. Les deux formats
i) Les capteurs et équipements de codage; peuvent être adaptés à des situations particulières.
ii) Les voies de transmission; On note habituellement les informations suivantes:
iii) L’équipement de réception et de décodage. a) Le site de prélèvement et la date;
b) Les paramètres mesurés in situ;
Il est nécessaire d’avoir une vue globale de ces critères c) L’étalonnage des instruments;
au stade de la conception. Ceci est essentiel du fait d) Les appareils et procédures d’échantillonnage
que les caractéristiques particulières de l’une de ces utilisés;
composantes peuvent avoir de sérieuses consé- e) Les mesures de contrôle de qualité utilisées;
quences sur les décisions qui seront prises pour les f) Les remarques générales et les observations de
autres. Si l’usage ultime du système de transmission terrain.
de données est destiné à la prévision, alors la détec-
tion, la transmission et la réception des données
2.5.7.3 Transport des échantillons pour
hydrométéorologiques est une composante essen-
la qualité de l’eau
tielle mais insuffisante pour atteindre cet objectif.
Un centre de prévision disposant d’un personnel Une fois collectés, les échantillons doivent parfois
bien formé à l’élaboration des prévisions et des être transportés jusqu’au laboratoire d’analyse. Le
alertes ainsi qu’à l’information du public en cas de mode de transport dépendra de l’emplacement du
risque est aussi fondamental (Nations Unies, 2004). site de prélèvement et de l’intervalle de temps
maximal toléré par chaque constituant entre le
moment du prélèvement et celui de l’analyse.
2.5.7 Suivi de la qualité des eaux
L’opérateur de terrain est responsable de l’achemi-
Le chapitre 7 fournit des détails sur le type d’instru- nement des échantillons (par avion, par bus, par
ments et les pratiques de terrain nécessaires à la train ou par poste) dans les délais, de façon à réduire
collecte des données de qualité des eaux. au minimum le temps de transport. La logistique de
L’emplacement, l’heure de prélèvement ainsi que le transport et de stockage des échantillons devrait
type de paramètres et les valeurs correspondantes être définie avant le début des travaux de terrain.
doivent être notés. Il faut maintenir une certaine
cohérence tout au long du processus d’élaboration des 2.5.7.4 Test in situ de la qualité des données
données. Si une seule de ces rubriques essentielles
vient à manquer, tout l’effort consenti est perdu. Un programme permettant de tester la qualité des
données in situ est un processus systématique qui
permet d’assurer un certain degré de confiance dans
2.5.7.1 Identification de la station
les données, conjointement avec les programmes
L’importance primordiale d’une description écrite de contrôle en laboratoire et ceux qui sont effectués
exacte de chaque site de prélèvement et des condi- lors du stockage des données. Un tel programme
tions d’échantillonnage est présentée en détail dans comprend toute une série d’étapes. Tous les équipe-
la section 2.5.2.2. ments devront être maintenus propres et en bon
CHAPITRE 2. MéTHODES D’OBSERVATION I.2-49
état de marche et les comptes rendus des opérations on quality assurance of environmental water sampling
d’étalonnage et de maintenance effectués. Des and handling, dans Water Quality Monitoring: A
méthodes normalisées et approuvées, comme celles Practical Guide to the Design and Implementation of
qui sont recommandées dans ce Guide, devraient Freshwater Quality Studies and Monitoring Programmes
être utilisées par le personnel de terrain. (PNUE/OMS, 1996) ou dans le Manual on Water
Quality Monitoring: Planning and Implementation of
La qualité de l’analyse au laboratoire dépend de Sampling and Field Testing (OMM, 1988a).
l’état des échantillons qu’il reçoit. L’opérateur de
terrain doit donc prendre toutes les précautions 2.5.8 Collecte de données particulières
nécessaires pour les protéger contre toute conta-
mination ou détérioration. De plus amples 2.5.8.1 Besoins
informations sur les tests de qualité in situ se trou- Les données relatives aux précipitations et aux crues
vent au chapitre 7, dans les normes ISO 5667-14: exceptionnelles sont extrêmement importantes
1998, Water quality-Sampling – Partie 14: Guidance pour le calcul des caractéristiques de nombreux
I.2-50 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
STATION N° ___________________________________________________________________________________________________
DESCRIPTION _________________________________________________________________________________________________
______________________________________________________________________________________________________________
ÉTALONNAGE DE L’INSTRUMENT
Modèle de mesure de l’oxygène diss. _______________________ Étalonnage Winkler ______________________________ mg/L
Affichage du compteur avant étalonnage _________________________________________________________________________
Modèle du compteur de conductivité ____________________________________________________________________________
Modèle de compteur pH _______________________ Type de tampons d’étalonnage utilisés ___________________________
Remarques ____________________________________________________________________________________________________
______________________________________________________________________________________________________________
CARACTÉRISTIQUES DE L’ÉCHANTILLON
Matériau du récipient Volume prélevé Conservation Contrôle qualité
Ions majeurs
Métaux
Matières organiques
Pesticides et herbicides
Mercure
Phénols
Nutriments
DBO et DCO
Autres
ouvrages hydrauliques. En général, les réseaux Les laisses de crue le long des rivières sont utiles
de mesure classiques ne fournissent pas de pour délimiter sur les cartes les zones inondées,
renseignements suffisamment détaillés sur la ainsi que pour les projets d’infrastructures tels que
distribution des précipitations extrêmes, ni sur les les ponts autoroutiers et pour l’estimation de la cote
débits de crue des affluents. Il peut également des hautes eaux. Ces marques, si elles sont soigneu-
arriver que, pendant les fortes crues, les stations sement relevées, peuvent être utilisées avec d’autres
hydrométriques permanentes soient submergées ou données pour calculer le débit de pointe du cours
emportées, si bien que les enregistrements sont d’eau par des méthodes indirectes (section 5.3.5).
perdus. Par conséquent, des informations très utiles
peuvent être recueillies par une équipe intervenant La mesure sur le terrain des débits d’étiage à des
sur le terrain immédiatement après les événements sites non jaugés fournit des données précieuses à un
en question. Enfin, il faut signaler que les données coût très économique. Ces débits mesurés peuvent
fournies par des appareils tels que les radars être corrélés avec les débits observés aux stations de
météorologiques sont souvent très utiles pour les référence pour déterminer les caractéristiques des
études hydrologiques (section 3.7). basses eaux aux sites non jaugés.
bassin versant. L’emplacement du bassin détermine 360 degrés, la méridienne origine passant par
en partie les caractéristiques climatiques engendrant Greenwich. Ce système est celui dont l’utilisation
les événements météorologiques qui constituent le est la plus répandue. Son seul inconvénient est que
moteur de l’hydrologie. Toutefois, les caractéris- la longueur d’un degré de longitude varie de
tiques du bassin déterminent non seulement la 111,111 km à l’Équateur à 0 aux pôles en passant
réponse hydrologique aux événements météorolo- par 78,567 km à la latitude de 45° (un degré de lati-
giques, mais certaines caractéristiques, comme tude mesure toujours 111,111 km). Des systèmes
l’orographie et l’aspect, peuvent également être des locaux et d’autres méthodes de projection sont
facteurs déterminants du climat du bassin. également pratiqués, par exemple le système de
Lambert utilisé en France. L’utilisation de ces
Les caractéristiques physiographiques sont mainte- systèmes ne peut toutefois être recommandée dans
nant intégrées comme couche d’information dans un guide international. En outre, des algorithmes
les SIG. Ainsi la réponse du bassin versant aux événe- facilement accessibles existent pour la conversion
ments météorologiques peut être analysée en des coordonnées géographiques en systèmes de
utilisant des modèles hydrologiques et hydrauliques. référence locaux si cela est nécessaire.
Les procédures fondamentales présentées dans cette
section sont la base des opérations assistées par ordi- La troisième dimension, l’altitude, est déterminée
nateur de rassemblement et d’analyse des données. par rapport à un niveau ou un plan de référence.
Bien que des niveaux de référence locaux soient
parfois utilisés, le niveau moyen de la mer était,
2.6.2 Systèmes de référence
jusqu’à très récemment, le plan de référence le plus
Les caractéristiques physiographiques ne sont qu’un couramment utilisé. La généralisation de l’utilisa-
élément de l’information géospatiale, c’est-à-dire tion des observations GPS conduit à l’adoption des
l’information afférente au caractère et à la localisa- données géocentriques en accord avec le système
tion des ressources naturelles et culturelles et leur géodésique, de préférence à celles qui sont basées
relation à l’activité humaine. Cette information sur le niveau moyen de la mer. L’ellipsoïde de
est devenue si importante que les concepts d’infra- référence WGS-84 ou une variante nationale
structure nationale et internationale de données géocentrique sont donc les références verticales
spatiales et de données-cadre ont été développés. préférées. L’exigence fondamentale pour l’utilisa-
L’infrastructure de données spatiales peut être consi- tion d’un système de coordonnées est de préciser les
dérée comme intégrant la technologie, les politiques, données utilisées.
les critères, les normes et les personnes nécessaires
pour permettre l’échange de données géospatiales à La topographie d’un bassin hydrographique peut
tous les niveaux du gouvernement et des secteurs être représentée de deux façons différentes: un
privé, à but non lucratif et académique. Elle fournit Modèle numérique de terrain (MNT) ou un Réseau
la base ou le cadre des pratiques et des relations entre irrégulier de triangles (Triangulated irregular network,
producteurs et utilisateurs facilitant le partage et TIN). Un modèle numérique de terrain est une grille
l’usage des données. Les données-cadre peuvent être régulière de valeurs d’altitude alors qu’un réseau
considéré comme un ensemble de données géospa- irrégulier de triangles est une série de points reliés
tiales continues et pleinement intégrées fournissant par des triangles représentant au mieux la surface
le contexte et l’information de référence pour le pays du terrain. L’espacement des points dans ce dernier
ou la région. En général, il s’agit de données de posi- cas est non uniforme et ils peuvent être localisés en
tionnement comme la géodésie, de données sur la tenant compte des caractéristiques intéressantes du
forme et les caractéristiques des terres comme les terrain, ou bien sur des routes ou des berges de
données physiographiques, et de données concep- rivière. La précision de ces modèles numériques
tuelles comme les unités de gouvernance. Un cadre dépend de la source des données d’altitude, de la
national rigoureux de référence des données facilite densité et de la répartition des points, ainsi que
les échanges et réduit significativement la redon- d’autres données connexes utilisées pour leur déve-
dance des efforts. Les données-cadre intéressant loppement. Des cartes classiques peuvent être
l’analyse hydrologique comportent la géodésie, préparées à partir des modèles MNT ou TIN.
l’altitude, l’ortho-imagerie, l’hydrographie, les
infrastructures de transport, les unités gouverne- Les orthophotoplans sont des images du paysage
mentales et l’information cadastrale (National où chaque entité peut être référencée par rapport à
Research Council, 1995). une autre. Ce sont des images digitales produites
par le traitement des photographies aériennes
La géodésie est définie au moyen du réseau inter- pour obtenir des données d’altitude en suppri-
national des méridiens et des parallèles divisés en mant toutes les sources de distorsion. L’image a les
CHAPITRE 2. MÉTHODES D’OBSERVATION I.2-53
propriétés d’échelle et la précision d’une carte. Ces etc.) et ses propriétés physiques permanentes
images peuvent être obtenues à partir de capteurs (perméabilité, nature des roches, structure du sol,
satellites ou aéroportés. type d’utilisation des terres, etc.). Les premières se
limitent à la pente locale alors que les dernières
Les éléments fondamentaux utilisés pour l’estima- regroupent toute une gamme de propriétés physiques
tion des paramètres physiographiques sont possibles, exprimées sous forme scalaire pour un
rarement directement mesurés par l’hydrologue, point sur une surface horizontale ou sous forme
qui travaille essentiellement sur des données GPS, vectorielle pour un profil (par exemple carotte
des orthophotoplans, des cartes, des photographies géologique).
aériennes et des images satellitaires. Par consé-
quent, l’exactitude de l’évaluation dépend de
2.6.4 Mesures linéaires
l’exactitude de chaque type de document de base.
Un élément physiographique est linéaire s’il peut
être représenté par une ligne sur une carte ou dans
2.6.3 Mesures ponctuelles
l’espace. En hydrologie, on rencontre couramment
En géométrie le point est défini comme un endroit trois types d’éléments linéaires:
unique le long d’une ligne, sur une surface ou à l’in- a) Limites;
térieur d’un volume. Un point peut être un élément b) Lignes d’isovaleurs d’une caractéristique perma-
physique, comme l’emplacement d’un instrument nente (par exemple courbes de niveau);
de mesure ou l’exutoire d’un bassin. Il peut égale- c) Thalwegs.
ment être un élément d’une surface (parcelle de
terrain) sur laquelle une caractéristique (ou un Les deux premiers types sont reliés aux aspects de
ensemble donné de caractéristiques) doit être définie surface qui seront abordés plus loin.
ou mesurée. Les caractéristiques physiographiques
attribuées à un point peuvent être simples ou Le thalweg lui-même doit être considéré comme
complexes. L’altitude d’un point, qui est l’un de ses représentant le profil longitudinal du cours d’eau
éléments d’identification unique dans un espace en projection horizontale. On doit également le
tridimensionnel, constitue un exemple de caracté- considérer par la manière dont il se combine avec
ristique simple d’un point sur une carte. Une les autres thalwegs pour constituer un réseau de
description du profil du sol sous ce point serait une drainage présentant ses propres caractéristiques
caractéristique plus complexe. physiographiques. Certaines caractéristiques des
réseaux hydrographiques sont linéaires, comme le
Les applications des méthodes de télédétection, à rapport de confluence, alors que d’autres sont de
commencer par la photographie aérienne, ont eu nature surfacique, comme la densité de drainage.
l’effet d’étendre la notion de point à une surface
(pixel) pouvant mesurer plusieurs kilomètres carrés.
2.6.4.1 Le cours d’eau
Compte tenu de leur précision (par exemple limite
de résolution d’un instrument), les méthodes dispo- En projection horizontale, un cours d’eau peut être
nibles peuvent ne pas permettre de distinguer deux représenté, si l’échelle le permet, par deux lignes
points, et un pixel peut être assimilé à un point. représentant ses rives. Un axe, équidistant de ces
deux lignes, peut être tracé. Cet axe peut également
La position d’un point sur le plan horizontal, c’est- être défini comme étant la ligne joignant les points
à-dire sa position à la surface du globe, est déterminée les plus bas sur des sections en travers successives.
par rapport à un système de coordonnées (section En fait, ces éléments, les rives visibles et les points
2.6.2), ce qui est du ressort de la géodésie et de la les plus bas, ne sont pas toujours très nets, et
topographie. Un système universel a été mis au l’échelle de la carte ne permet pas toujours de repré-
point afin de rendre explicite le codage d’un point senter convenablement les rives. La cartographie en
dans un catalogue en indiquant sa position géogra- est donc réduite à représenter le cours d’eau par une
phique. C’est le système de quadrillage GEOREP ligne.
(UNESCO, 1974) pour la représentation des éléments
linéaires. D’autres systèmes peuvent permettre de Les distances le long d’un cours d’eau sont mesu-
localiser des points le long de cours d’eau au moyen rées en parcourant la ligne qui le représente avec un
de distances linéaires les séparant d’une origine curvimètre. L’exactitude de la détermination
donnée (par exemple embouchure ou confluence). dépend de l’échelle et de la qualité de la carte ainsi
que de l’erreur du curvimètre, qui ne devrait pas
La description physiographique d’un point englobe dépasser 6 % pour une distance sur la carte de
ses propriétés géométriques (forme, relief, pente, 10 cm, 4 % pour 100 cm et 2 % pour de plus grandes
I.2-54 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
lmx = Rl * lmx–1 (2.10) Un cas particulier important est le calcul du débit par
mesure du flux à travers une section dont la forme
qui forment des progressions géométriques et est déterminée en mesurant la profondeur par
peuvent s’écrire ainsi: sondage (section 5.3). Les sections en travers sont
habituellement établies en effectuant des mesures
Nx = N1 * Rc1–x (2.11) topographiques normales pendant les étiages.
CHAPITRE 2. MÉTHODES D’OBSERVATION I.2-55
3
1 1
2
1
1 1
2
3 1 2
2 1
1 2
2
1
1 2 4
1 4
1
1
2
1 1
2 1
1
1
3
3
2
1
2
1 1
1
2 3
1
4
1
1
1 1
1
1
1 1
1
1 2 1
2 2
1 2
3 2 1
1 1
1 1
1
1
3 2
1
1
1
1 2 1
2 3 3
4 2
1 2 1
1 1
1 1
1
4
Changement de pente
Changement de pente
F
Plan d’eau
Plan d’eau
Altitude
Seuil
Seuil
Rapide
1000
900
Kissidougou
800
Faranah Tinkisso
Konsankoro
Altitude en m
DION
700
MolokoroKouroussa
Kérouané
Baro
600
MandianaKankan
NIA
Siguiri-Tiguiberi
Noura-Souba
NDA S
Kenié
Kenieroba
Dialakoro
Koulikoro
Bamako
Ouaran
N AN
500
Gouala
Sotuba
M
AF
I Dabola
O
U
KA
MIL
RA
O
NI
NIGE
R
400 TIN
KIS
SO
NIGER
300
900 800 700 600 500 400 300 200 100
Distance horizontale en km
118˚E
119˚E
2.6.5.1 Le bassin Périmètre mesuré
100
Iko
Be
75
tsi
pa
l’aide d’un SIG ou par calcul planimétrique des
bo
àA
Pourcentage de l’aire du bassin
ka
an
od
a
iro
où z est l’équidistance des courbes, ∑l la longueur 600–900 m ... 0,14 300–800 m ... 0,10
totale de toutes les courbes de niveau à l’intérieur 900–1 200 m ... 0,23 600–900 m ... 0,18
du bassin et A la superficie du bassin. La difficulté et
1 200–1 500 m ... 0,43 900–1 200 m ... 0,37
la principale source d’erreur dans l’estimation de
cette caractéristique découlent de la mesure de ∑l. 1 500–1 800 m ... 0,12 1 200–1 500 m ... 0,30
Les courbes de niveau sont presque toujours très 1 800–2 100 m ... 0,01 1 500–1 800 m ... 0,02
sinueuses et leur longueur réelle totale n’est
pas vraiment caractéristique de leur rôle dans le Figure I.2.21. Courbes hypsométriques
calcul de l’indice. Il est par conséquent nécessaire (Avec l’aimable autorisation de ARPA-Piémont)
CHAPITRE 2. MÉTHODES D’OBSERVATION I.2-59
Ikopa à Antsatrana
1800 m
2100 m
1500 m
1200 m
900 m
600 m
300 m
Betsiboka à Ambodiroka
1800 m
1500 m
1200 m
900 m
600 m
300 m
40 m
100 km
rectangle équivalent, la pente moyenne adoptée Elles peuvent également être exprimées en termes de
entre ces deux courbes est égale à (ai – ai–1) / xi, et réaction du bassin aux précipitations c’est-à-dire en
l’indice de pente est obtenu, en appelant ñi la frac- classes de perméabilité. Ces caractéristiques
tion de la superficie totale du bassin comprise entre physiques peuvent être représentées comme des
ai et ai–1, par: couches d’un SIG.
Des SIG pour les ordinateurs courants sont main- lentilles de glace ou de l’eau liquide sur le manteau
tenant disponibles à faible coût et dans des formats neigeux, un sol glacé ou des eaux stagnantes
pratiques. En termes de coûts, les postes les plus peuvent affecter les résultats (Carroll, 2001). Des
lourds demeurent la compilation de bases de capteurs micro-ondes, aéroportés et sur satellite,
données, la formation des techniciens et leur ont été utilisés pour contrôler les propriétés du
perfectionnement. manteau neigeux. Le radar actif, RadarSat a aussi été
utilisé pour cartographier l’extension spatiale de la
2.6.8 Nouvelles technologies neige mouillée.
Les chapitres suivants du Guide traitent des tech- Les dispositifs optiques aéroportés (Lidar) sont
niques éprouvées qui sont d’un usage courant dans maintenant utilisés pour déterminer la topographie
de nombreux endroits du globe. Cependant, comme de façon plus rapide, souvent plus précise et à
indiqué plus haut, de nouvelles techniques appa- moindre coût que les photographies aériennes
raissent continuellement. La présente section en conventionnelles. Le modèle numérique de terrain
donne un aperçu afin que les services hydrologiques qui en est tiré a des applications en modélisation
soient au courant des nouvelles possibilités qu’elles hydraulique et hydrologique et dans la détermina-
offrent. tion du bilan massique des glaciers. Le satellite
topographique Lidar a été utilisé pour obtenir une
très bonne topographie à des fins militaires et de
2.6.8.1 Télédétection
recherche, mais n’est pas encore commercialisé. En
Dans le domaine des mesures hydrologiques, deux l’absence de données topographiques nationales,
types de techniques de télédétection sont commu- on peut envisager d’utiliser le modèle global numé-
nément utilisées: technique active (par émission rique d’altitude à basse résolution GTOPO30. Sa
d’un faisceau de rayonnement artificiel vers la cible, résolution est horizontalement de 30 secondes d’arc
et analyse de la réponse de cette dernière) ou passive (environ 1 km) et verticalement de 30 m. Ce modèle
(par analyse du rayonnement naturel émis par est aussi relié au paquet HYDRO1k qui fournit une
l’objet). suite de six images raster et deux ensemble de
données vectorielles. Cet ensemble de données
Dans les méthodes actives, il s’agit d’un rayonne- couvre de nombreux produits dérivés utilisés en
ment électromagnétique de haute fréquence analyse hydrologique. Les données des images
(radar) ou acoustique (appareils à ultrasons). raster constituent un modèle numérique hydrologi-
L’appareillage est installé soit au sol (radar, appa- quement acceptable fournissant les directions
reil à ultrasons), soit à bord d’avions ou de satellites d’écoulement, la pente, l’exposition et les index
(radar). La télédétection active concerne habituel- topographiques composés (humidité). Les lignes de
lement la mesure sur une zone, mais elle peut être courant et les limites de bassin sont données sous
utilisée aussi pour la mesure ponctuelle (appareil à forme de données vectorielles.
ultrasons).
Une autre option disponible consiste à utiliser
Dans les méthodes passives le rayonnement est les données topographiques d’une résolution de
électromagnétique (de l’infrarouge au violet et 3 secondes d’arc (90 m) produites par le modèle
rarement ultraviolet). Les applications les plus numérique de terrain de la Shuttle Radar Topography
courantes font usage d’un spectromètre à bandes Mission. Les données pour la plus grande partie de
multiples qui est soit aéroporté soit, le plus la zone de couverture ont été traitées au niveau 1,
souvent, installé à bord d’un satellite. La mesure qui fournit une résolution absolue horizontale
par technique passive est toujours une mesure sur de 50 m et verticale de 30 m. Le modèle numérique
une zone donnée. de niveau 2, actuellement disponible pour les
seuls États-Unis d’Amérique, a une résolution
Le radar est utilisé actuellement pour la mesure de horizontale de 30 m et verticale de 18 m.
l’intensité de la pluie sur une surface donnée.
L’équivalent en eau du manteau neigeux, sur un L’utilisation de la télédétection en hydrologie
sol nu, peut être déterminé par la mesure du rayon- comprend aussi la détection de l’humidité superfi-
nement gamma naturel des isotopes du potassium, cielle du sol par mesure aéroportée du rayonnement
de l’uranium et du thorium présents dans les gamma ou par les techniques satellitaires passives
20 premiers centimètres du sol. Les observations utilisant les micro-ondes, ainsi que la mesure de la
sont faites à partir d’un avion volant à basse alti- température du sol comme indice pour déterminer
tude. Les données sont collectées sur un couloir l’évapotranspiration. La télédétection peut égale-
d’environ 300 m de large sur 15 km de long. Des ment servir dans la mesure de l’index de surface
I.2-62 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
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CHAPITRE 3
Des obstacles tels que des brise-vent constitués par qu’on peut améliorer les résultats sur les précipita-
une simple rangée d’arbres devraient être évités, car tions liquides en installant le pluviomètre dans une
ils ont tendance à augmenter la turbulence sur le fosse, de manière à ce que la collerette soit au niveau
site de mesure. Une protection discontinue ou du sol (figure I.3.2). Il est recommandé de couvrir la
inégale devrait aussi être écartée à cause de ses effets fosse d’une solide grille anti-éclaboussures, en métal
variables et imprévisibles sur le captage des précipi- ou en plastique, percée d’une ouverture centrale
tations par le pluviomètre. Lorsqu’il n’est pas pour le passage de l’entonnoir. Cette grille devrait
possible d’assurer une protection adéquate contre être composée de lames minces, de 5 à 15 cm de
les effets du vent, il est préférable de supprimer tout large, posées verticalement de manière à former des
obstacle isolé situé à une distance de l’appareil carrés symétriques de 5 à 15 cm de côté. Autour de
inférieure à quatre fois leur hauteur. Compte tenu l’appareil, le sol devrait être plat et sans obstacle
de toutes ces restrictions, il faudrait choisir un important sur une distance d’au moins 100 mètres
emplacement abrité du vent le plus fort, afin de et dans toutes les directions.
limiter les erreurs de mesure qu’il peut induire. Il
faudrait toujours faire attention à ce que le site On peut également, mais avec moins d’efficacité,
choisi ne crée pas de perturbations importantes installer l’appareil au centre d’une enceinte circu-
dans le vent. On devrait en particulier éliminer les laire gazonnée, avec une paroi intérieure formant
pentes ou les emplacements dont le sol est forte- un cercle d’environ 3 mètres de diamètre, un flanc
ment incliné dans une direction (notamment si extérieur incliné d’un angle d’environ 15° par
cette direction est celle du vent dominant). rapport à l’horizontale et dont le sommet sera au
même niveau que l’orifice du pluviomètre.
Le sol environnant peut être couvert d’herbe courte,
de gravier ou de galets, mais une surface plane et Des dispositions devraient être prises pour le drai-
dure, comme du béton, provoque des éclaboussures nage. Il faut se souvenir que le pluviomètre dans
excessives. une fosse est prévu pour mesurer les précipitations
liquides et non les chutes de neige.
L’ouverture du pluviomètre devrait être à une
hauteur aussi peu élevée que possible (la vitesse du Un autre moyen de modifier l’environnement du
vent augmentant avec la hauteur), mais suffisante pluviomètre est de disposer autour de l’appareil des
pour éviter que les éclaboussures sur le sol écrans de forme appropriée, afin de le protéger du
n’atteignent l’intérieur du pluviomètre. Dans les vent. Lorsque leur forme est bien conçue, ces écrans
régions où il y a peu de neige, et lorsque les envi- permettent d’obtenir des résultats bien plus
rons immédiats ne risquent pas, même par forte représentatifs qu’avec des pluviomètres non
pluie, d’être recouverts en partie par des flaques protégés complètement exposés au vent. L’écran
d’eau, on recommande une hauteur standard de idéal devrait:
30 centimètres, pratiquée dans de nombreux pays. a) Assurer un écoulement parallèle de l’air
Là où ces conditions ne sont pas remplies, la au-dessus de l’ouverture du pluviomètre;
hauteur standard préconisée est de 1 mètre. b) Éviter toute accélération du vent localisée
au-dessus de l’ouverture;
Dans les endroits très exposés, où l’on ne dispose c) Réduire le plus possible la vitesse du vent
pas d’une protection naturelle, l’expérience montre qui frappe le récepteur latéralement. Ainsi,
B ≥ 5 cm
E C ≥ 5 cm
D ≥ 60 cm
C E ≥ 60 cm
B
N ≥ 30 cm
N
Dans le récipient, on met une solution antigel desti- Pour atteindre cette exactitude avec de petites
née à faire fondre sous forme liquide la neige qui y quantités de pluie, l’intérieur de l’éprouvette
sera recueillie. Un mélange à 37,5 % de chlorure de devrait avoir une forme conique à sa base. Pour
calcium du commerce (pur à 78 %) et 62,5 % d’eau toutes les mesures, le point inférieur du ménisque
par unité de poids, donne des résultats satisfaisants. de l’eau devrait être pris comme ligne de référence.
Sinon, une solution éthylène-glycol peut être utili- Il est donc important de maintenir l’éprouvette
sée. Cette dernière solution, bien que plus onéreuse, verticale et d’éviter les erreurs de parallaxe. À cette
est moins corrosive que la première et protège du fin, il est utile que les principaux traits de gradua-
gel l’eau contenue dans le tube jusqu’à un degré de tion soient également indiqués de l’autre coté de
dilution, causée par les précipitations qui s’ensui- l’éprouvette.
vent, beaucoup plus élevé que ne le permet l’autre
mélange. La quantité d’antigel placée dans le réci- Les jauges graduées devraient être en bois de cèdre
pient ne devrait pas excéder le tiers de la capacité ou de toute autre matière appropriée qui n’absorbe
totale de ce dernier. que des quantités infimes d’eau, et à faible effet de
capillarité.
Pour réduire l’évaporation, on mettra une fine
couche d’huile dans le pluviomètre; 8 mm d’épais- Si, pour éviter l’évaporation, on a mis de l’huile
seur suffisent. Les huiles de moteur non détergentes dans le récipient, on ne pourra donc pas utiliser de
et à faible viscosité sont recommandées. Les huiles jauges en bois. On se servira de jauges en métal ou
à la silicone et pour transformateurs se sont révélées en toute autre matière dont on peut facilement
inadaptées. nettoyer des traces d’huile.
On détermine l’importance des précipitations Les jauges devraient avoir un pied de laiton afin
saisonnières en pesant ou en mesurant le volume d’éviter l’usure et être graduées en tenant compte
d’eau contenu dans le récipient. Dans les deux du rapport entre les aires des sections transversales
cas, on tiendra évidemment compte de la quantité de l’entonnoir et du récipient, et du volume d’eau
d’antigel préalablement mise dans l’appareil en déplacé par la jauge elle-même. Des marques
début de saison. devraient être faites au moins tous les 10 mm.
L’erreur maximale dans la graduation de la jauge
ne devrait jamais dépasser ± 0,5 mm sur toute
3.3.4 Méthodes de mesure
l’échelle. Bien que ce genre de mesure soit tout à
Deux méthodes sont couramment employées pour fait admissible, il serait toujours préférable, chaque
mesurer la pluie recueillie: l’éprouvette et la jauge fois qu’on le pourra, d’en contrôler le résultat en
graduée. utilisant une éprouvette graduée.
CHAPITRE 3. MESURE DES PRéCIPITATIONS I.3-5
On peut aussi mesurer la quantité d’eau recueillie 3.3.6 Correction des erreurs systématiques
par pesées précises. Cette méthode a plusieurs avan-
tages: on pèse le récipient avec son contenu d’eau et Les effets du vent, de l’humectation, de l’évapora-
on soustrait le poids du récipient seul. Il n’y a ainsi tion, de chasse-neige, et du rejaillissement, sont
pas de risque de renverser de l’eau et on n’en perd habituellement la cause de mesures de précipitations
pas par adhérence au récipient. Les méthodes inférieures (de 3 à 30 % ou plus) aux précipitations
courantes sont toutefois les plus simples et les réellement tombées. L’erreur systématique peut être
moins coûteuses. corrigée si les données recueillies le sont à des fins
hydrologiques (OMM, 1982). Avant d’apporter des
corrections, les données brutes devraient être archi-
3.3.5 Erreurs et exactitude des
vées. Les données publiées devraient porter la
lectures
mention «mesurées» ou «corrigées», selon le cas.
Les erreurs dans la mesure de la quantité d’eau
recueillie dans un appareil sont faibles par rapport Les corrections que l’on peut apporter à la mesure
à celles qui sont dues à l’installation de l’appareil, des précipitations dépendent des relations entre les
pourvu qu’un soin légitime soit apporté aux composantes de l’erreur et les facteurs météorolo-
lectures. Les quantités journalières devraient être giques. Ainsi, la perte due aux perturbations du
lues à 0,2 mm près et, de préférence, au dixième de champ du vent à proximité du bord du collecteur
millimètre près, et les quantités hebdomadaires ou est fonction de la vitesse du vent et de la structure
mensuelles au millimètre près. Les principales des précipitations.
causes d’erreur susceptibles de se présenter sont
dues à l’emploi d’éprouvettes ou de jauges graduées Cette dernière peut être caractérisée, selon la
de manière inexacte, au fait que l’on peut renver- période de temps utilisée, par la proportion de
ser un peu d’eau au moment du transfert dans pluies de faible intensité (ip ≤ 0,03 mm min–1), par
l’éprouvette et à l’impossibilité de vider complète- un logarithme de l’intensité de la pluie, par la
ment l’eau du récepteur dans l’éprouvette. température et/ou l’humidité de l’air et par le type
de précipitation. La perte par mouillage est liée au
En plus de ces erreurs, des pertes par évaporation nombre d’épisodes et/ou de jours pluvieux tandis
peuvent se produire. Celles-ci ne risquent d’être que la perte par évaporation est tributaire du déficit
sérieuses que dans des climats chauds et secs, et de saturation et de la vitesse du vent. L’erreur
avec des appareils qui ne sont relevés qu’à inter- par excès résultant des bourrasques de neige est en
valles espacés. relation avec la vitesse du vent.
Elles peuvent être réduites en mettant un peu Si des corrections journalières doivent être appli-
d’huile dans le récipient ou en concevant le quées, on peut se servir des données d’observation
pluviomètre de manière que la surface de l’eau standard des facteurs météorologiques précités
exposée à l’évaporation soit réduite, que la venti- recueillis sur le site de mesure ou dans son voisinage.
lation soit faible, et que la température à l’intérieur Aux endroits où les observations météorologiques
de l’appareil ne puisse pas devenir excessive. Il est font défaut, des évaluations ne devraient être faites
également nécessaire de s’assurer que la surface que pour des périodes dépassant un jour, par exemple
réceptrice du pluviomètre soit lisse afin que les pour un mois.
gouttes de pluie n’y adhèrent pas. Elle ne devrait
jamais être peinte. La valeur de la correction varie de 10 à 40 % pour les
mois pris séparément, et dépend de l’estimation
En hiver, quand les pluies sont souvent immédia- des facteurs météorologiques pris en considération.
tement suivies de gel, on peut éviter que le
récipient soit endommagé et que, par conséquent, Les principaux termes de l’erreur systématique
des fuites se produisent causant des pertes en eau, dans la mesure des précipitations sont donnés au
en ajoutant un produit antigel. Ceci encore une tableau I.3.1.
fois s’applique principalement aux pluviomètres
rarement relevés. Le facteur de correction k relatif à la déformation
du champ de vent au-dessus de l’ouverture du
On doit naturellement tenir compte de la quan- collecteur, estimé expérimentalement sur divers
tité de solution antigel ajoutée lorsqu’on procède à appareils, est donné à la figure I.3.4. C’est une
la lecture. Tous les pluviomètres devraient être fonction de deux variables, la vitesse du vent
vérifiés régulièrement pour déceler des fuites durant la précipitation au niveau du bord du
éventuelles. collecteur, et la vitesse de chute des particules
I.3-6 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Tableau I.3.1. Principales composantes de l’erreur systématique dans la mesure des précipitations et
leurs facteurs météorologiques et instrumentaux classés par ordre d’importance
Pk = kPc = k(Pg + ΔP1 + ΔP2 + ΔP3 ± ΔP4 – ΔP5)
où Pk est la quantité de précipitations corrigée, k est le facteur de correction, Pc est la précipitation captée par le
collecteur du pluviomètre, Pg est la précipitation mesurée dans le pluviomètre, et P1 à P5 sont les corrections pour
les composantes de l’erreur systématique décrites ci-dessous:
k Perte due à la déformation du 2–10 % Vitesse du vent au bord Forme, aire de la surface
champ du vent au-dessus de 10–50 %a du pluviomètre durant la de collecte et profondeur
l’ouverture du pluviomètre précipitation et structure du pluviomètre et de
de la précipitation sa bordure
ΔP1 + ΔP2 Perte due au mouillage des parois 2–10 % Fréquence, type et quantité Mêmes éléments que
intérieures du collecteur et du de précipitations, temps de ci-dessus auxquels on
récipient de collecte lorsqu’ils séchage du pluviomètre et ajoutera la couleur et la
sont vidés fréquence de vidange vétusté du collecteur et
du récipient du récipient
ΔP3 Perte due à l’évaporation dans le 0–4 % Type de précipitation, Aire et isolation du
récipient déficit de saturation et récipient, la couleur
vitesse du vent au bord et, dans certains cas, la
du pluviomètre pendant vétusté du collecteur, ou le
le temps écoulé entre la type d’entonnoir (fixe ou
fin de la précipitation et la amovible)
mesure de celle-ci
ΔP4 Éclaboussement de l’eau vers 1–2 % Intensité de la pluie et Forme et profondeur
l’appareil et hors de celui-ci vitesse du vent du collecteur et type
d’installation du
pluviomètre
ΔP5 Soufflage et dépôt de neige Intensité et durée de Forme, aire de la surface de
la tempête de neige, collecte et profondeur du
vitesse du vent et état de pluviomètre et de
l’enneigement sa bordure
a Neige
précipitées. Cette dernière dépend de la structure Lorsque la quantité de précipitation est mesurée
de la précipitation. plus d’une fois par jour, la perte totale mensuelle est
donnée par:
La valeur absolue de la perte par mouillage dépend
de la géométrie et du matériau de l’entonnoir et du ΔP1,2 = ax Mp (3.2)
récipient, du nombre de mesures des précipitations
et de la quantité, de la fréquence, et de la forme des où ax est la perte moyenne par mouillage et par
précipitations. Elle est différente selon que les préci- mesure pour un appareil particulier et une certaine
pitations tombent sous forme liquide, mixte ou forme de précipitation, et Mp le nombre de mesures
solide, et peut être estimée par pesée ou par mesure des précipitations durant la période considérée.
volumétrique en laboratoire. La perte par mouillage
affectant les précipitations solides est généralement La perte par évaporation peut être estimée comme
plus faible que celle affectant les précipitations suit:
liquides du fait que le collecteur n’est habituelle-
ment mouillé qu’une fois, lorsque la neige fond. ΔP3 = ie τe (3.3)
La perte totale mensuelle, ΔP1, peut être estimée par où ie est l’intensité de l’évaporation et τe le temps
l’équation: écoulé entre la fin des précipitations et leur mesure.
La valeur de ie dépend de la configuration, du
DP1 = a M (3.1) matériau et de la couleur de l’appareil, de la forme
et de la quantité des précipitations, du déficit de
oùa est la perte journalière moyenne par mouillage saturation de l’air d (hPa), et de la vitesse du vent,
pour un collecteur particulier et M le nombre de au moment de l’évaporation, au niveau de l’orifice
jours avec précipitations. de l’entonnoir. Il est difficile d’estimer ie par voie
CHAPITRE 3. MESURE DES PRéCIPITATIONS I.3-7
18 17 16 15 14 13
a) 100 80 60 0,14
1,3 N (%)
1
2 100 12
80 0,12
1,2 60
40
40 11
k
20 0,10
10
1,1
20
0,08
ie (mm h–1 )
9
1,0
0 2 4 6 8 10
uph (m s–1) 0,06
b) 8
5
1 C
C
7
8°
27 °
2
t≤–
0,04
1≤ –
6
C<
5
7°
4
4
–2
3
0,02
2
7 °C
k 3 t≤–2 C °C 1
0 ° <t≤–8
C<t 27 °C
≤ 0,00
– 8 ° – 0 5 10 15 20 25
°C
t>–8 °C d (hPa)
2 <t<2
–2 °C Précipitations liquides Précipitations solides
théorique à cause de la configuration complexe par le vent dans le collecteur devrait être prise en
d’un pluviomètre. Cependant, ie peut être calculé à considération lors de tempêtes de neige
l’aide d’équations empiriques ou de fonctions accompagnées d’un vent supérieur à 5 m s-1. Les
graphiques ainsi que le montre la figure I.3.5. La valeurs par demi-jour peuvent être estimées sur le
valeur de τe peut être estimée à l’aide d’appareils site par observation visuelle de la durée de la
enregistreurs de précipitations, mais elle dépend tempête de neige, ainsi que dans les lieux
également du nombre d’observations des précipita- d’observation où existent des données sur la
tions par jour. Ce temps est de trois à six heures vitesse du vent et sur le nombre de jours avec
pour des précipitations liquides mesurées deux fois apport de neige par le vent (dans l’appareil de
par jour, et de six heures pour la neige du fait que mesure) et balayage de neige (hors de celui-ci). Les
l’évaporation a lieu durant la chute de neige. moyennes à long terme des valeurs mensuelles
peuvent être estimées à l’aide du graphique de la
L’erreur nette due l’éclaboussement de l’eau vers figure I.3.6, si la durée de la tempête de neige et la
l’appareil de mesure et hors de celui-ci peut être vitesse du vent sont connues.
soit négative soit positive, et par conséquent
supposée nulle pour la plupart des appareils de Outre les erreurs systématiques, il existe également
mesure des précipitations correctement conçus des erreurs aléatoires, instrumentales et liées à
(section 3.3.2). L’erreur résultant de neige chassée l’observation. Leurs effets sont souvent négligeables
I.3-8 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
0,04
Dans ce type d’appareil, les précipitations passent
6 10 14 18
dans un récipient contenant un flotteur léger. Le
ub (m s–1) mouvement vertical du flotteur lorsque s’élève le
niveau de l’eau est transmis par un mécanisme
Figure I.3.6. Intensité saisonnière à long terme approprié qui actionne un stylet sur un diagramme.
du soufflage de la neige (ib) en fonction de En ajustant convenablement les dimensions de
la vitesse du vent à long terme (ub) au l’entonnoir récepteur, du flotteur et du récipient
niveau de l’anémomètre (10 à 20 m) qui le contient, on peut obtenir sur le diagramme
au cours du soufflage. toutes les échelles souhaitées.
limitée au strict nécessaire empêchant le gel, car la ou par très faible pluie ne donne pas entière
chaleur dégagée peut avoir des répercussions sur satisfaction, le début et la fin du phénomène ne
l’exactitude des observations en modifiant le pouvant pas être déterminés avec exactitude.
mouvement vertical de l’air au-dessus du
pluviomètre, et en augmentant les pertes par
3.4.4 Pluviographe à intensité
évaporation.
Un certain nombre d’appareils ont été conçus afin
d’enregistrer l’intensité des pluies, pour des usages
3.4.3 Enregistreur à auget basculeur
particuliers. En raison de leur complexité, leur utili-
Le principe de ce pluviomètre enregistreur est très sation est toutefois à déconseiller dans le cadre d’un
simple. Un récipient en métal léger, divisé en deux usage général. Des renseignements suffisamment
compartiments, est placé en équilibre instable sur précis sur l’intensité des précipitations peuvent être
un axe horizontal. Dans sa position normale, il obtenus en utilisant un enregistreur à pesée ou à
repose sur une des deux butées qui l’empêchent de flotteur, et en utilisant pour le diagramme une
se renverser complètement. L’eau de pluie est échelle de temps appropriée.
amenée de l’entonnoir collecteur conventionnel au
compartiment supérieur. Lorsqu’une certaine quan-
3.4.5 Disdromètre
tité d’eau a été recueillie, l’équilibre normal est
rompu et l’auget bascule sur sa seconde butée. La Les disdromètres (ou capteurs de gouttelettes)
forme des compartiments est étudiée de sorte que mesurent la gamme des particules de précipitations,
l’eau puisse alors s’écouler du compartiment infé- soit par la traduction en signal électronique de la
rieur qui se vide complètement. Pendant ce temps, quantité de mouvement transmise à un capteur par
la pluie continue à être recueillie dans le com- le choc des hydrométéores, soit par l’interprétation
partiment supérieur nouvellement positionné. Le de la perturbation ou de l’image du passage des
basculement de l’auget peut être utilisé pour hydrométéores dans un faisceau de micro-ondes ou
déclencher le contact d’un relais et donner un enre- d’ondes lumineuses (Bringi et Chandrasekar, 2001).
gistrement sous forme de traits discontinus. La Ils ont l’avantage de donner une information
distance entre deux traits correspondant au temps complète sur la distribution de la taille des hydro-
d’accumulation d’une quantité prédéterminée de météores (figure I.3.7). Ces instruments sont
pluie. Cette quantité ne devrait pas excéder 0,2 mm disponibles dans le commerce même si leur coût est
si on recherche un enregistrement très précis. Mais, élevé par rapport aux pluviomètres à auget
pour beaucoup d’applications hydrologiques, en basculeur.
particulier pour les régions à fortes pluies et pour les
systèmes d’alerte de crue, des augets à 0,5 et 1,0 mm
peuvent convenir.
Données non normalisées
4
10
Le principal avantage de ce type d’appareil réside
dans le fait qu’il est équipé d’une sortie électro-
nique et de fait s’adapte très bien à l’enregistrement 10
3
inconvénients:
N (D)
séparations verticales à angles droits le divisant en eau puissent fournir un indice fiable de la quantité
quarts de cercle). d’eau représentée par la neige sur la totalité du
bassin.
Lorsque le vent est fort, on ne peut pas se fier aux
nivomètres ordinaires sans écrans à cause des tour- En région montagneuse, les emplacements idéaux
billons autour de l’ouverture. La quantité de neige pour cheminements nivométriques ne sont pas
recueillie ainsi étant habituellement bien infé- faciles à choisir à cause des difficultés du terrain
rieure à celle qu’on obtiendrait avec un nivomètre et des effets du vent. Ils doivent répondre aux
à écran. En revanche, des erreurs importantes conditions suivantes:
peuvent se produire malgré l’utilisation d’un écran a) Une altitude et une exposition telles qu’il n’y
en raison des tourbillons qui envoient de la neige ait pas, ou presque pas, de fonte avant que
dans le nivomètre. On peut réduire l’importance l’épaisseur maximale ne soit atteinte, si on
de ces effets en surélevant le nivomètre de trois à désire mesurer la précipitation neigeuse totale
six mètres au-dessus de la surface. durant la saison;
b) Un accès relativement aisé pour permettre la
continuité des relevés;
3.5.2 Équivalent en eau d’une chute
c) En forêt, les sites des relevés doivent se trouver
de neige
dans des clairières suffisamment vastes pour
L’équivalent en eau est la quantité de précipitation que la neige puisse atteindre le sol sans être
liquide que représente la chute de neige. Il devrait interceptée par les arbres;
déterminé par l’une des méthodes indiquées d) Le site doit être à l’abri des vents violents.
ci-dessous. Il est important, lors de chaque mesure,
de prélever plusieurs échantillons considérés De ce point de vue, les critères de choix pour les
comme représentatifs. Les méthodes utilisées sont cheminements nivométriques sont les mêmes que
les suivantes: pour l’emplacement des pluviomètres susceptibles
a) Par pesée ou fusion – on prélève des échantillons de recevoir des précipitations neigeuses.
cylindriques de neige fraîche (ou «colonnes de
neige») à l’aide d’un échantillonneur conve- En plaine, on devrait choisir les cheminements
nable, et la mesure se fait par pesée ou par nivométriques de manière que l’équivalent en eau
mesure volumétrique après fusion; moyen obtenu représente autant que possible
b) En utilisant les pluviomètres – on fait immé- l’équivalent réel moyen en eau de la région. C’est
diatement fondre la neige recueillie dans un pourquoi il est souhaitable d’installer ces chemine-
pluviomètre non enregistreur, et on mesure au ments sur des terrains types, tels que champs
moyen d’une éprouvette normalement graduée découverts et forêts, présentant des conditions
pour la pluie. variées d’accumulation de la neige.
Les pluviographes à pesée sont également satisfai- Si le manteau nival dans la région considérée est
sants pour ce type de mesure. Durant les périodes homogène et isotopique, et s’il existe une fonction
de chutes de neige, il faudrait enlever les enton- de corrélation spatiale pour la profondeur de la
noirs de façon que toutes les précipitations neige ou son équivalent en eau, on peut détermi-
tombent directement dans le récepteur. Les échan- ner la longueur à donner au cheminement
tillonneurs à neige sont largement utilisés à l’ouest nivométrique et le nombre de points de mesure à
des États-Unis d’Amérique, où le réseau SNOw prévoir le long de ce parcours pour obtenir une
TELemetry (SNOTEL) comporte plus de 500 jauges. certaine exactitude dans l’évaluation de la valeur
Un taux élevé de fonte peut se produire avec du moyenne du stock neigeux.
vent de forte vitesse lors du passage d’un front
chaud.
3.5.3.2 Points de mesure
g) a) f)
La position des points de prélèvement devrait être
déterminée par leur distance à un point de réfé-
52
51
47
46
45
44
41
2
50
49
48
43
42
rence indiqué sur une carte de cheminement. Les
perches devront être assez longues pour toujours a) sonde à neige e) clés à ergot
dépasser visiblement, même de la neige la plus b) peson tubulaire à ressort f) coupoir
haute, et placées suffisamment à l’écart du chemi- c) nacelle g) couplages à vis
nement pour ne pas perturber la couverture d) clé de guidage h) échelle de lecture
de fentes. D’une manière générale, notamment Dans toutes les mesures de ce genre, il faut toujours
avec la neige mouillée, la longueur de la carotte garder à l’esprit les conditions physiques extrêmes
pourra être nettement plus courte, en raison du dans lesquelles les observations doivent souvent
tassement, que l’épaisseur réelle de la couche être effectuées, et la priorité devra être donnée aux
telle qu’elle est lue sur l’échelle graduée à considérations pratiques dans la conception de
l’extérieur du tube. Les fentes permettent d’autre l’échantillonneur.
part un nettoyage plus facile du tube. Elles
présentent enfin l’avantage de pouvoir détec-
3.5.3.4 Méthodes de prélèvement
ter immédiatement les erreurs dues à l’obtura-
tion du tube et de rejeter, bien évidemment,les Les points de prélèvement devront être repérés par
prélèvements qui seraient visiblement défec- la distance qui les sépare d’un point de référence
tueux. Cependant, de la neige supplémentaire noté sur la carte du cheminement. Un écart de
peut entrer par les fentes, ce qui risque de quelques mètres peut suffire à causer une erreur
fausser à l’excès la valeur de l’équivalent en significative.
eau;
c) Un système de pesée – Pour mesurer l’équivalent Pour prélever la carotte, la sonde est enfoncée
en eau des carottes de neige, le moyen habituel- verticalement dans la couche de neige jusqu’à ce
lement employé est la pesée. Le poids du tube qu’elle atteigne le sol. Si les conditions de l’ennei-
étant connu, on conserve la carotte dans le tube gement le permettent, la meilleure façon de
et on pèse l’ensemble, tube plus carotte. procéder est d’enfoncer la sonde sous une poussée
régulière pour que la neige y pénètre de manière
Cette opération s’effectue généralement au moyen ininterrompue. On peut faire tourner légèrement
d’un dynamomètre (peson) ou d’une balance l’appareil dans le sens des aiguilles d’une montre,
spéciale. Le dynamomètre est l’appareil de pesée le sans interrompre la pression vers le bas. Ceci fait
plus pratique, car il est d’un emploi et d’une lecture travailler le coupoir et permet de traverser rapide-
facile même par grand vent. Cependant, son exac- ment les minces couches de glace.
titude ne dépasse pas les 10 grammes, et l’erreur de
pesée peut alors être importante pour les sondes de Lorsque le coupoir a atteint le sol ou y a légère-
petit diamètre et sur des couches de neige peu ment pénétré, l’appareil étant bien vertical, on lit
épaisses. Les balances à plateau, plus précises en sur l’échelle graduée la hauteur à laquelle arrive la
théorie, sont très difficiles à employer sous le vent. neige.
Il est peu probable que l’on puisse tirer avantage
de la plus grande exactitude intrinsèque de ces Après avoir déterminé la profondeur à laquelle
appareils, sauf par temps calme. l’appareil a pénétré dans le sol, et après avoir
déduit cette profondeur de la valeur lue sur
Un autre système consiste à mettre les carottes l’échelle graduée, on enregistre le résultat obtenu.
dans des sacs ou des récipients en plastique et à les Celui-ci est très important, car il sert à calculer la
transporter à une station où elles seront pesées densité de la neige.
avec exactitude ou fondues et mesurées avec une
éprouvette graduée. En pratique, ce procédé est Pour éviter qu’une partie de la carotte ne s’échappe,
difficile à appliquer car les carottes doivent être on s’arrange pour que le coupoir prélève une
ensachées sans aucune perte, soigneusement certaine quantité de terre qui sert de bouchon.
étiquetées et transportées jusqu’à la station de Cette quantité est fonction de l’état de la neige.
base. Les mesures effectuées sur place présentent
au contraire le grand avantage de permettre de Près de 25 mm de terre compacte peuvent être
déceler immédiatement les erreurs grossières dues nécessaires pour retenir de la neige fondue.
à l’obturation de l’appareil, ou aux pertes consécu- Quelques traces de terre sur la tranche inférieure
tives à la chute accidentelle d’une partie du de la carotte prouvent qu’il n’y a eu aucune perte.
prélèvement, et de pouvoir procéder sur-le-champ
à de nouvelles mesures. On repère la longueur du cylindre de neige à
travers les fentes du tube et on note la graduation
Les résultats peuvent donc être notés sur place et correspondante de l’échelle externe. Après correc-
complétés par des observations pertinentes et, si tion tenant compte de tout élément étranger à la
l’on tient un bon carnet de notes, il y a peu de neige ayant pu pénétrer dans le tube, la lecture est
risques de confusion sur les emplacements et les enregistrée. Cette observation a pour seul but
conditions dans lesquelles ont été effectuées les de vérifier rapidement si on a bien obtenu un
mesures. prélèvement complet de la couche de neige.
I.3-14 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
La pesée précise de la carotte dans le tube constitue sonde à neige graduée, en général lors des mesures
la dernière phase de l’opération. de l’équivalent en eau.
Dans les zones inaccessibles, les perches sont La source est placée dans un blindage en plomb
munies de barres transversales pour qu’on puisse les disposé de manière à ce que le haut du blindage soit
lire à distance, à la jumelle, au télescope ou à partir au niveau du sol, et que le rayonnement gamma
d’un avion. Dans le cas des relevés par avion, on soit dirigé vers le détecteur de radiations qui doit se
peut doubler l’observation visuelle par des prises de trouver au-dessus de la neige. Le détecteur est
vues à grande échelle, afin d’obtenir des résultats un compteur Geiger-Müller, ou compteur à
moins subjectifs. scintillation. Les impulsions du compteur sont
transmises à un cadran gradué ou, en cas d’enre-
L’épaisseur de la couverture de neige peut égale- gistrement continu, à un intégrateur et à un
ment se mesurer directement au moyen d’une enregistreur.
CHAPITRE 3. MESURE DES PRéCIPITATIONS I.3-15
La source de rayonnement peut également être neigeuse son état naturel, il est recommandé de
placée à une certaine profondeur dans le sol (50- clôturer le site. Dans des conditions normales, les
60 cm), de façon que les rayons gamma ne traversent coussins à neige peuvent durer 10 ans et plus.
pas seulement la couche de neige, mais aussi une
certaine épaisseur de sol. Cela permet, pendant la Le poids de la neige accumulée sur le coussin est
fonte de la neige, d’avoir des indications sur l’eau mesuré par la pression hydrostatique du liquide qu’il
de fonte qui s’infiltre dans le sol ou qui ruisselle à la contient. La mesure de cette pression est faite par un
surface. On peut enfin placer le détecteur dans le sol limnigraphe à flotteur ou par un capteur de pression.
et la source, munie de son blindage, au-dessus du Les mesures provenant des coussins à neige diffèrent
niveau maximal présumé de la neige. Ce dispositif de celles que l’on obtient à partir des sondes à neige,
permet de réduire les variations de température du surtout pendant les périodes de fonte. Elles sont
détecteur et d’obtenir un comptage de fond surtout fiables lorsque la neige ne contient pas de
constant. couches de glace pouvant former un «pont» au-dessus
du coussin. La comparaison de l’équivalent en eau
mesuré par coussin avec les résultats que donne la
Nivomètres à radio-isotopes horizontaux
méthode habituelle par pesée montre une différence
En France et aux États-Unis d’Amérique, on a étudié de 5 à 10 %.
des variantes de nivomètres télémétriques à radio-
isotopes permettant d’obtenir un profil vertical et
3.5.3.9 Relevés par rayonnement gamma
horizontal de la couche de neige, la transmission
naturel
des résultats se faisant par voie terrestre, par radio
ou par satellite vers des stations de base. Dans l’un Le relevé de l’enneigement à partir du rayonnement
et l’autre type, la mesure est effectuée au moyen de gamma est basé sur l’atténuation par la couche de
deux tubes verticaux de même longueur, séparés de neige du rayonnement gamma émanant d’éléments
0,5 à 0,7 m. Un des tubes contient une source de radioactifs naturels contenus dans la couche super-
rayonnement gamma (137 Cs d’une période de ficielle du sol. Ce rayonnement est d’autant plus
34 ans, ayant une activité de 10 ou 30 millicuries), atténué que l’équivalent en eau de la couche de
et l’autre un détecteur (compteur Geiger-Müller ou neige est important. Les mesures peuvent être faites
scintillateur à cristal avec photomultiplicateur). par relevé aérien ou terrestre. Le rapport de l’inten-
Lors de l’exécution d’un profil, un moteur spécial sité du rayonnement gamma mesurée au-dessus du
déplace la source radioactive dans son tube, vers le manteau nival à celle mesurée sur le même chemi-
haut et vers le bas, en synchronisation avec le détec- nement avant la formation du stock neigeux,
teur, de telle façon que source et détecteur soient fournit une estimation de l’équivalent en eau de ce
toujours au même niveau. stock.
Tableau I.3.2. Longueurs recommandées des On peut installer un détecteur fixe, au sol (tel qu’un
parcours d’enneigement (L) et compteur Geiger-Müller ou un scintillateur à cristal
des distances entre parcours (S) avec photomultiplicateur), au-dessus d’une portion
du cheminement et l’utiliser pour surveiller l’équiva-
Régions naturelles S km L km lent en eau à cet endroit. Cependant l’arrivée d’une
précipitation apporte à la couche de neige un maté-
Forêt-steppe 40–50 25–30 riel riche en rayonnement gamma, et les mesures
effectuées pendant et immédiatement après la
Steppe 40–50 15–20
précipitation sont affectées par ce rayonnement
Forêt 60–80 30–35 supplémentaire.
Toundra 80–100 35–40
Il faut attendre quatre heures environ après la fin
d’un épisode de précipitation pour que ce matériel
l’appareillage utilisé pour la mesure du rayonne- rayonnant décline, et avant d’obtenir une mesure
ment (par exemple la régularité des instruments de précise de l’équivalent en eau. La comparaison des
mesure), des fluctuations de l’intensité du rayonne- mesures avant et après la précipitation fournit une
ment cosmique et de la radioactivité des couches information sur la variation de l’équivalent en eau
atmosphériques près du sol, des variations de du stock neigeux.
l’humidité du sol dans les 15 cm supérieurs, de
l’uniformité de la répartition de la neige, de
3.5.4 Tampon à grêle
l’absence de zones de dégel étendues, etc. (par
exemple: conditions de vol constantes, erreurs de Des mesures directes de la distribution des tailles des
trajets lors des vols successifs). Il faut s’attendre à grêlons sont faites en utilisant, par exemple, une pièce
des marges d’erreurs de ± 10 %, avec une limite carrée de 1 m x 1 m formée d’un matériau comme du
inférieure de 10 mm d’équivalent en eau. polystyrène, dans lequel la grêle en tombant laisse
une empreinte pouvant être mesurée.
Des expériences détaillées ont montré que l’écart
type pour la mesure de l’équivalent en eau par
survol aérien sur un parcours de 10 à 20 km est
d’environ 8 mm, et est de nature aléatoire. 3.6 ESTIMATION DES PRÉCIPITATIONS À
PARTIR DU BILAN HYDROLOGIQUE
Pour obtenir une évaluation de l’équivalent en eau DU BASSIN VERSANT
de la neige jusqu’à 3 000 km2 de surface, avec une
erreur inférieure ou égale à 10 %, on recommande de Ce chapitre s’intéresse principalement à l’instru-
respecter les longueurs de parcours et les distances mentation, mais il est important de comprendre
entre parcours indiquées dans le tableau I.3.2. que les mesures intégrées de pluie sur le bassin
versant peuvent être obtenues à partir de l’équation
Un des grands avantages de cette méthode est du bilan hydrologique dans les bassins non jaugés,
qu’elle fournit une estimation aérienne de l’équiva- où aucune instrumentation n’est disponible. La
lent en eau sur une bande d’une certaine largeur le quantité d’eau infiltrée dans le sol est liée à la pluie
long de la ligne de vol. La largeur effective est envi- efficace, c’est à dire à la différence entre la précipita-
ron deux ou trois fois l’altitude de l’avion au-dessus tion atteignant le sol et l’évaporation à partir de sa
du sol. Un second avantage est que le taux d’atté- surface et de la végétation. Un modèle hydrolo-
nuation du rayonnement gamma ne dépend que de gique simple, entrée-stockage-sortie, peut être
la masse d’eau représentée par la neige, et non de utilisé pour relier la pluie effective à l’hydrogramme
son état. mesuré sur la rivière (chapitre 4).
Relevés au sol
dans laquelle Pr est la puissance moyenne, en watts, 3.7.3.2 Perturbations dues au sol
reçue d’une série d’impulsions réfléchies, Pt, la puis-
sance de pointe transmise en watts, G le gain de La partie principale du faisceau et les lobes secon-
l’antenne, θ et φ les largeurs verticale et horizontale daires peuvent rencontrer des cibles au sol. Cela
du faisceau, h la longueur d’impulsion en mètres, produira des échos forts et persistants, dits «effets
I.3-18 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
de sol» (ground clutter) pouvant être interprétés, à l’absorption et la dispersion. D’une façon générale,
tort, comme de la pluie. Bien que les radars puissent les gaz n’agissent que sur l’absorption, tandis que les
être installés de façon à minimiser ces échos, il n’est nuages et les gouttes de pluie agissent sur l’absorp-
pas possible de les supprimer complètement. tion et sur la dispersion. Pour les radars travaillant
D’autres techniques doivent être utilisées, comme sur les plus grandes longueurs d’onde, ce type d’atté-
le traitement par effet Doppler avec élimination des nuation n’est pas un problème et peut être négligé.
perturbations (Germann et Joss, 2003). L’atténuation s’exprime généralement en décibels.
Le décibel (dB) mesure une puissance relative et peut
En plus de produire des échos persistants, son inter- s’exprimer par:
ception par le sol provoque l’occultation ou le
mitage de la majeure partie du faisceau. Dans ce cas, dB = 10 log10 Pt / Pr (3.7)
pour les grandes portées, seule une fraction de la
puissance atteint effectivement la pluie. Cela peut où Pt et Pr sont les intensités à l’émission et à la
être corrigé si au moins 40 % du faisceau n’est pas réception. Le tableau I.3.4 donne l’atténuation du
occulté. Il est possible de simuler la visibilité d’un signal en fonction de l’intensité de la précipitation
radar en utilisant un modèle numérique de terrain, et de la longueur d’onde.
bien que le résultat soit alors imparfait en raison de
petites erreurs dans l’angle de pointage, d’incerti- Les corrections peuvent être faites pour tenir
tudes dans la simulation de la réflexion du faisceau compte de la distance de la station radar (1/R2, R =
et de l’insuffisante résolution du modèle numérique portée), de l’atténuation due à la dispersion du fais-
de terrain, particulièrement pour les courtes portées. ceau par les gaz de l’atmosphère (0,08 dB km–1) et
de l’atténuation du signal au travers d’une forte
pluie (tableau I.3.4). Cependant, de telles procé-
3.7.3.3 Largeur et portée du faisceau
dures (Meischner, 2003; Collier, 1996) peuvent être
À 160 km, le faisceau peut atteindre plusieurs kilo- instables dans le cas d’atténuations sévères, et les
mètres de large, selon l’angle d’ouverture utilisé. corrections opérationnelles sont bornées par une
Normalement, de nettes variations dans la réflectivité
du radar se produisent à l’intérieur de ce très grand
volume. C’est pourquoi on obtient sur un tel volume Tableau I.3.4. Atténuation du signal radar
une valeur moyenne plutôt qu’une valeur ponctuelle. due aux précipitations (dB km–1)
L’équation radar suppose que le faisceau est entière-
ment intercepté par des objectifs météorologiques. Il Intensité des
ne faut donc pas s’attendre à ce que les données rela- précipitations Longueur d’onde (m)
tives à l’intensité des précipitations fournies par le (mm h–1)
radar soient en relation étroite avec les mesures
données ponctuellement par les pluviomètres. 0,1 0,057 0,032 0,009
Cependant, la description spatiale fournie par le radar 1,0 0,0003 0,002 0,007 0,22
devrait être généralement beaucoup plus représenta- 5,0 0,0015 0,015 0,061 1,1
tive de la configuration exacte des isohyètes relatives
10,0 0,003 0,033 0,151 2,2
à une averse que celle fournie par la plupart des
réseaux de pluviomètres. 50,0 0,015 0,215 1,25 11,0
100,0 0,015 0,481 3,08 22,0
Par temps d’averses, on a remarqué que la fréquence Taille (km) du champ de précipitations d’une intensité donnée
des échos enregistrés à 160 km ne représentait que devant être atteinte pour provoquer une atténuation de 10 dB à
4 % seulement de ceux qui sont enregistrés à 64 km. diverses longueurs d’onde
On voit donc qu’une averse qui remplirait exacte-
ment le faisceau à 64 km n’en couvrirait qu’un Intensité des
précipitations Longueur d’onde (m)
huitième environ à 160 km. Ce résultat est la consé- (mm h–1)
quence de la combinaison des facteurs relatifs à la
largeur et à la hauteur du faisceau. 0,1 0,057 0,032 0,009
1,0 33 000 4 500 1 350 45
3.7.3.4 Atténuations par l’atmosphère et
5,0 6 600 690 164 9,1
le radôme
10,0 3 300 310 66 4,5
Les micro-ondes sont atténuées par les gaz de 50,0 600 47 8 0,9
l’atmosphère, les nuages et les précipitations.
100,0 300 21 3,2 0,4
L’atténuation des ondes radio a deux causes:
CHAPITRE 3. MESURE DES PRéCIPITATIONS I.3-19
6 000
Altitude (m)
Les ondes radar se propagent dans l’espace avec un
effet de réfraction qui donne à l’onde une trajec- 5 000
toire incurvée. Le rayon moyen de celle-ci est 4 000
d’environ les 4/3 du rayon moyen de la Terre. En
raison de la discontinuité verticale de l’humidité, 3 000
il peut se produire une réfraction additionnelle
2 000
accentuant la courbure du faisceau. Ceci produit
ce que l’on appelle souvent l’inflexion du faisceau 1 000
dans un sens ou dans l’autre, et les deux phéno-
0
mènes font que le faisceau est réfléchi soit vers la –20 –10 0 10 20 30 40
Terre, soit au contraire vers le ciel, passant
dBZ
au-dessus des précipitations distantes de 80 à
120 km. Les conditions météorologiques à l’ori- Figure I.3.9. Deux profils verticaux de
gine de ce phénomène d’inflexion peuvent être réflectivité moyennés à partir de volumes polaires
déterminées mathématiquement. individuels dans la gamme de 2 à 40 km du radar.
La ligne en trait plein représente une pluie et
Si les impulsions radar sont dispersées par l’eau la ligne en pointillé une averse de neige
enrobant les sphères de glace, un processus appelé (d’après Koistinen et al., 2003)
réflexion à trois corps peut produire une signature
inhabituelle des précipitations: la «pointe de grêle» une erreur de mesure, mais un problème
en est un exemple. Ce processus impliquant la d’échantillonnage.
diffusion à partir du sol aussi bien qu’à partir des
hydrométéores n’est cependant pas un phénomène Quand le faisceau radar recoupe le niveau de
courant. l’atmosphère où la neige commence à fondre, la
réflectivité est accentuée, donnant naissance à ce
qu’on appelle une bande brillante. Ceci se produit
3.7.3.6 Vitesse verticale
quelques centaines de mètres en dessous du niveau
La vitesse verticale de la pluie, lors de systèmes de congélation (voir figure I.3.9). Dans cette figure,
convectifs intenses, peut entraîner des échos radar lorsque la neige est présente sur toute la hauteur des
provoquant à leur tour une relation entre précipita- précipitations, il n’y a pas de bande brillante et la
tion R et réflectivité Z significativement différente réflectivité décroît avec l’altitude.
de celle observée en atmosphère calme. Par exemple,
dans un courant descendant de 8 m s–1, la réflecti- Le profil vertical de réflectivité (VPR) au-dessus de
vité, pour une pluie donnée, serait d’environ 3 dB chaque point de la surface de la Terre peut être
de moins que dans une atmosphère calme, ce qui représenté par une fonction Ze(h), où h est la
produit une sous-estimation de 40 % de l’intensité hauteur à partir du sol à la distance r de la station
de la pluie. radar. La forme du profil vertical de réflectivité
détermine l’ampleur de la différence d’échantillon-
nage (Koistinen et al., 2003). Si la forme du faisceau
3.7.3.7 Profil vertical de réflectivité
radar est notée f 2, alors:
Le principal biais dans les estimations radar
des précipitations à la surface du sol est lié à la Ze (h, r) = ∫ f 2 (y) Ze (h) dy (3.8)
dimension verticale de la mesure des radars météo-
rologiques. Lorsque la portée augmente le volume L’intégration est faite selon la verticale (y) entre les
concerné par la mesure radar est situé à des alti- bords inférieur et supérieur du faisceau. La diffé-
tudes d’autant plus élevées par rapport à la surface rence verticale d’échantillonnage (en décibels ou
de la Terre. Par conséquent, les mesures en altitude dB) est alors:
peuvent être exactes mais non représentatives des
conditions à la surface du sol. Ce qui est, non pas c = 10 log (Ze (0) / Ze (h, r)) (3.9)
I.3-20 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
où Ze (0) est la réflectivité à la surface du profil verti- puissance sixième de la taille de la particule, et la
cal de réflectivité. D’où, la réflectivité à la surface du théorie de Mie (sur la diffraction de la lumière par
sol BZ(0, r), en ajoutant la différence d’échantillon- des particules sphériques) est applicable. Quand on
nage c à la réflectivité mesurée en altitude (dBZ): observe seulement de la grêle, le nombre de grêlons
dans le volume concerné par les impulsions est
dBZ (0, r) = dBZ + c (3.10) directement lié à leur diamètre DH (mm) par (Auer,
1972):
Pendant les chutes de neige, la différence d’échan-
tillonnage augmente avec la distance, ce qui montre N (DH) = 561 DH–3,4 (3.11)
une sous-estimation des précipitations à la surface
du sol, même à courte distance. Toutefois, pour la Et en supposant une diffusion Rayleigh pour la
pluie, les mesures radar sont relativement précises grêle dans la bande C:
jusqu’à une distance de 130 à 140 km. Lorsque la
hauteur, par rapport à l’antenne du radar, de la Z = 10 log10 (561 DH2.6) dBZ (3.12)
bande brillante est supérieure à 1 km, les surestima-
tions qui lui sont imputables compenseront les Des problèmes se produisent avec de fortes pluies
sous-estimations dues à la présence de neige dans le qui contiennent souvent de la grêle, cela augmente
faisceau. Il en résulte que la mesure radar est plus la réflectivité. Alors que les radars à double pola-
précise à plus grande distance qu’elle ne le serait risation peuvent détecter la présence de grêle
sans bande brillante. directement, ceux à polarisation simple ne le
permettent pas et d’autres techniques devront être
Dans certaines parties du globe, les précipitations utilisées (Collier, 1996).
présentent une augmentation orographique à de
faibles altitudes au-dessus de collines exposées à de 3.7.5 Protocole de balayage
forts courants maritimes d’air humide. Ces augmen-
tations peuvent être reflétées par un profil vertical Des convertisseurs numériques automatiques pour
de réflectivité, mais peuvent parfois se produire en radar, capables d’échantillonner des échos radar
dessous du faisceau radar. Dans ce cas, l’augmenta- avec une résolution de 80 graduations par tranche
tion peut être estimée, dans une certaine mesure, de 1–2° d’azimut ont été développés, et sont main-
en appliquant des corrections climatiques. Dans tenant montés en série sur tous les radars
certaines situations synoptiques, par exemple commerciaux. Les données y sont enregistrées sur
devant des fronts chauds, l’effet opposé peut être une bande magnétique, ou tout autre support, pour
observé, essentiellement un faible niveau d’évapo- leur analyse immédiate in situ sur ordinateur, leur
ration. Il est alors plus difficile d’appliquer une transmission à un ordinateur éloigné, ou leur stoc-
correction et il peut être nécessaire de recourir aux kage en vue d’une analyse ultérieure. Les résultats
sorties d’un modèle numérique de prévision à ainsi obtenus sont analogues à ceux qui résultent
méso-échelle. Toutefois, des précautions devraient d’opérations manuelles, sauf que le nombre
être prises dans l’utilisation de ces sorties de d’échantillons discrets est supérieur d’au moins un
modèles, et il pourrait être plus fiable d’utiliser la ordre de grandeur à celui de la plus fine grille des
plus faible hauteur possible du faisceau radar pour méthodes manuelles (calque quadrillé). Le temps
l’observation de l’évaporation dans un profil nécessaire pour analyser et enregistrer entièrement
vertical de réflectivité. le champ balayé par le radar est d’environ une à
quatre minutes, 8 à 14 altitudes différentes peuvent
être traitées.
3.7.4 Neige et grêle
Un radar est capable de mesurer les chutes de neige Le protocole de balayage employé dépend de l’usage
aussi précisément que les pluies. Toutefois, la pour lequel les données radar doivent être fournies.
précision dépend beaucoup du profil vertical de Deux types de protocoles peuvent être employés:
réflectivité, en particulier à la hauteur de la bande contigu et entrelacé. Pour la numérisation contiguë,
brillante. Comme pour les pluies, les termes a et b le faisceau radar est balayé rapidement à travers
de la relation R – Z (équation 3.5) peuvent varier toutes les altitudes, après quoi la procédure est répé-
largement, en fonction par exemple du fait que la tée. Pour la numérisation entrelacée, toutes les autres
neige est humide ou sèche. Les valeurs caracté- altitudes sont omises lors de la première phase de
ristiques souvent utilisées sont a = 2000 et b = 2,0. numérisation, et sont introduites ensuite durant la
deuxième phase qui suit immédiatement. Les
Dans les observations radar de la grêle, la puissance données produites à partir des faisceaux radar indivi-
rétrodiffusée n’est plus proportionnelle à la duels peuvent être combinées entre elles pour utiliser
CHAPITRE 3. MESURE DES PRéCIPITATIONS I.3-21
à chaque fois les meilleures données, compte tenu de précipitations instantanées. Il n’est cependant pas
la hauteur du faisceau, des effets du terrain et des encore atteint de façon fiable.
obstacles.
3.7.7 Radar Doppler
3.7.6 Résumé des questions de précision
3.7.7.1 Notions de base
Comme indiqué précédemment, on doit faire face à
un certain nombre de difficultés pour extraire des Pour mesurer instantanément la vitesse absolue de
estimations des précipitations au sol à partir de déplacement d’une goutte de pluie et sa direction, il
l’image radar. La variabilité verticale de la réflecti- est nécessaire d’utiliser un radar à transmetteur de
vité est d’une importance particulière (VPR, voir fréquence très précis et doté d’un récepteur sensible
aussi la section 3.7.3.7). aux changements de fréquence induits par le dépla-
cement de la cible, même à des changements
Vignal et al. (2000) présentent trois approches pour pouvant être minimes, comme c’est le cas avec des
déterminer le profil vertical de réflectivité. Ils cibles météorologiques. Ce type de radar est parfois
constatent qu’un schéma de correction basé sur un appelé «cohérent» mais plus fréquemment «radar
profil climatique améliore, de façon significative, la Doppler» du fait qu’il est basé sur l’effet Doppler bien
précision des estimations radar de la pluie journa- connu. Une approche plus détaillée du sujet et des
lière jusqu’à 130 km de la station radar. L’erreur références bibliographiques supplémentaires sont
relative standard (ERS) passe de 44 % pour la valeur données dans les publications de la Commission
non corrigée, à 31 % pour la valeur corrigée. européenne (2001) ainsi que dans Meischner (2003).
D’autres améliorations sont obtenues en utilisant
un simple profil vertical moyen horaire de réflecti- Les radars Doppler ont été utilisés à des fins de
vité (ERS = 25 %) et un profil identifié localement recherche depuis de nombreuses années, à la fois
(ERS = 23 %). Cette analyse a été effectuée à la fois isolément et, plus récemment, en réseaux composés
pour les précipitations stratiformes et convectives de deux ou trois radars. Ils jouent un rôle considé-
avec, cependant, une bien meilleure amélioration rable dans l’observation de l’atmosphère et sont
pour le premier type d’événement. considérés par les experts comme indispensables
pour l’étude de la dynamique des masses d’air, parti-
Bien qu’il soit admis maintenant que l’application culièrement des nuages convectifs. Cependant,
d’une correction basée sur un profil vertical de réflec- l’interprétation des données reste un problème, et ce
tivité soit une première étape essentielle après la n’est que dans les dernières années que l’on a envi-
suppression des échos parasites dus au sol, l’estima- sagé leur emploi au stade opérationnel. Dans
tion des précipitations de surface peut encore se certaines parties du monde, particulièrement sujettes
trouver biaisée. La pertinence de l’ajustement avec à des événements météorologiques violents, ce type
un pluviomètre pour atténuer les erreurs résiduelles de radar est opérationnel et considéré comme indis-
reste incertaine (Meischner, 2003). Cependant, l’uti- pensable. Ce sont des appareils qui, s’ils ne sont pas
lisation des données pluviométriques intégrées dans plus chers que les radars conventionnels, sont plus
le temps apporte des améliorations, particulièrement complexes et exigent une plus grande capacité de
pour les terrains montagneux (Collier, 1996). traitement, et davantage d’entretien. Malgré cela des
radars Doppler font partie de grands réseaux natio-
Il est clair qu’un radar à polarisation simple peut naux aux États-Unis d’Amérique et ailleurs. Les
être utilisé pour la mesure de la pluie journalière radars Doppler peuvent être utilisés à des fins de
avec une précision approchant les 10 %, sous prévision générale en fournissant des données qui
réserve que le profil vertical de réflectivité soit ajusté peuvent s’avérer des indicateurs utiles pour l’an-
avec soin. Un tel niveau de précision est compa- nonce précoce de phénomènes tels que tornades et
rable à celui des pluviomètres. Toutefois, les pas de tempêtes sévères. En outre, ils peuvent procurer plus
temps infrajournaliers sont plus problématiques, d’information sur l’intensité et la structure de ces
particulièrement pour la bande de fréquence C et phénomènes que n’importe quel autre moyen
les longueurs d’onde plus courtes, pour lesquelles habituel.
l’atténuation est un sérieux problème en cas de
pluie convective. La pluie horaire sur des bassins
3.7.7.2 Suppression des échos fixes
versants d’environ 100 km2 peut être mesurée avec
une précision moyenne de 20 % si elle est strati- La plupart des systèmes mesurent l’intensité des
forme, mais seulement 40 % en cas de forte pluie précipitations d’une manière conventionnelle aussi
convective. L’objectif actuel est de réduire l’erreur bien qu’en fournissant des données Doppler. Un
d’un facteur deux pour les mesures ponctuelles de avantage important de ce système double réside
I.3-22 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
dans la possibilité de déterminer avec une certaine états de polarisations (circulaire entre autres)
exactitude la position et l’extension des échos fixes ainsi qu’à la reconnaissance du potentiel des radars
(qui sont, par définition, stationnaires), et dans une multiparamètres pour la mesure des précipitations.
certaine mesure des propagations anormales, à
partir du «canal Doppler». Cette information peut Des radars de recherche polyvalents, comme le
être exploitée ensuite pour tenter de s’assurer que CSU-CHILL aux États-Unis d’Amérique et Chilbolton
seules les données de précipitation sont mesurées au Royaume-Uni, ont servi de banc d’essai pour
par le signal «hors canal Doppler». Comme avec établir quelles approches basées sur la polarisation
n’importe quel système destiné à masquer les échos sont les plus efficaces pour la mesure de la pluie et
parasites, il ne faut pas s’attendre à ce que la des hydrométéores. Il est maintenant possible de
méthode seule soit totalement satisfaisante du fait transmettre simultanément des rayonnements à
que, dans certaines conditions météorologiques et polarisation horizontale (H) et verticale (V) sans
de transmission, les cibles fixes peuvent donner qu’un commutateur à haute puissance ne soit néces-
l’impression de se déplacer et, à l’inverse, les préci- saire. Cette forme de transmission simultanée est
pitations sont parfois effectivement stationnaires. actuellement mise en œuvre dans le radar de
L’élimination des échos fixes par l’utilisation des recherche à bande S, WSR-88D du National Severe
données Doppler est habituellement accompagnée Storms Laboratory (NSSL) et est considérée comme la
d’autres procédures comme la carte des échos fixes base de l’amélioration polarimétrique des radars
et l’utilisation du profil vertical de réflectivité. WSR-88D aux États-Unis d’Amérique.
pays font un usage quantitatif des données dans le 07:00 30 octobre 2000 mm h–1
cadre d’un système de prévision des débits. Et même
dans ce cas, les données radar ne sont utilisées qu’en < 0,125
complément des informations fournies par des 0,25
réseaux de pluviomètres. Le développement de 0,5
modèles distribués de prévision des crues (spéciale- 1
ment conçus pour utiliser les données radar 2
distribuées à travers un modèle maillé) en est encore 4
au stade préopérationnel. En outre, l’implémenta- 8
tion en temps réel ne devrait être envisagée qu’à la 16
suite d’une estimation détaillée hors connexion, et 32
seulement en prouvant que cela améliore la perfor- > 64
mance en comparaison de modèles globaux plus
simples et plus conventionnels (OMM, 1998, 1999).
Les données du radar météorologique sont moins
immédiatement adaptées aux applications con-
cernant l’estimation des pluies de projet en
comparaison de leur utilisation en prévision des
crues. Cela est lié à la courte durée des enregistre-
ments relatifs aux tempêtes. Cependant, ceci est en
partie compensé par la couverture spatiale complète
fournie par le radar. Qui plus est, les avantages de la Figure I.3.10. Image du réseau radar du
haute résolution temporelle et spatiale des données Royaume-Uni, utilisant des données radar du
radar devraient revêtir une importance particulière Royaume-Uni et d’Irlande à 0700 UTC le
pour les estimations de projets de courte durée. 30 octobre 2000. Les différentes couleurs
représentent différentes intensités de précipita-
tion en mm h–1. On a tracé la ligne de côte
(Avec l’aimable autorisation du Met Office du
3.9 RÉSEAUX DE RADARS OPÉRATIONNELS Royaume-Uni)
y = 0,03 + 0,6x R = 0,94 de mesure sont basées sur les deux principes
1 physiques d’absorption et de diffusion.
T > 245 CRrad < CRmax
T < 245
0,8
multicouche Mesures basées sur l’absorption
Figure I.3.12. Fraction de la surface précipitante, Des particules de glaces ont une absorption/émis-
définie par reff ≥ 14 microns (Asat), fonction de la sion relativement faible, mais elles sont de bons
fraction de la surface précipitante détectée par diffuseurs des rayonnements micro-ondes, surtout
radar (Arad) pour des nuages convectifs. Les pour les hautes fréquences. Par conséquent, aux
fenêtres avec nuages multicouches sont hautes fréquences (85 GHz), dans la partie la plus
représentées par des croix, les fenêtres avec haute des nuages, la grande diffusion due à la glace
température de sommet des nuages supérieure à en fait un véritable écran car elle reflète vers le bas
245 K sont représentées avec des cercles pleins, et la plupart des radiations émises par la surface et la
les fenêtres avec température de sommet des pluie. Le rayonnement restant qui atteint le capteur
nuages inférieure à 245 k sont représentées est interprété comme une température de brillance
par des cercles vides. CRsat est le paramètre du plus froide. Une source majeure d’imprécision pour
rayon du nuage et CRmax le rayon maximum les mesures basées sur la diffusion est le manque de
du nuage pour une profondeur donnée. relation cohérente entre les hydrométéores gelés en
(Rosenfeld et Gutman, 1994; Lensky et altitude et la pluie atteignant la surface du sol. Les
Rosenfeld, 1997) deux principes physiques d’absorption et de diffu-
sion décrits plus haut ont été utilisés pour définir
un grand nombre de méthodes d’estimation de la
précipitation, auquel cas la technique du seuil pluie. Les estimations de pluie par micro-ondes
infrarouge ne fonctionne plus. Le processus de passives sur les océans ont été, en général, d’une
formation des précipitations nécessite la présence bonne précision. Cependant, sur l’océan Pacifique
de nuages de grandes gouttelettes et/ou de parti- équatorial, elles n’ont pas donné d’amélioration
cules de glace qui se propagent souvent vers le significative par rapport aux méthodes infrarouge
sommet du nuage. Ces particules absorbent les les plus simples (GPI).
radiations de 1,6 et 3,7 microns beaucoup plus
fortement que ne le ferait un nuage de petites Sur les continents les algorithmes utilisant les
gouttelettes. Cet effet permet de calculer le rayon micro-ondes passives peuvent détecter la pluie,
effectif (reff = volume total divisé par la surface essentiellement par le mécanisme de diffusion par
totale) des particules. Il a été montré que la valeur la glace. Cette méthode indirecte d’estimation de la
reff = 14 microns pour le rayon effectif peut servir à pluie est moins précise. En outre, les pluies conti-
délimiter les nuages précipitants, indépendamment nentales issues de nuages ne contenant pas de
de leur température sommitale (figure I.3.12). quantités significatives de glace en altitude ne sont,
la plupart du temps, pas détectées.
3.11.3 Micro-ondes passives
3.11.4 Micro-ondes actives (radar de
Les micro-ondes donnent les mesures les mieux
pluie; Mission pour la mesure
reliées aux précipitations effectives, notamment
des pluies tropicales)
dans les plus grandes longueurs d’ondes. La
figure I.3.13, avec deux bandes de fréquence, plus Un des principaux facteurs limitant la précision des
courte (85 GHz) et plus longue (19 GHZ), montre méthodes micro-ondes passives est la grande
les interactions des micro-ondes passives avec les empreinte remplissant en partie le faisceau,
nuages précipitants et la surface du sol. Les techniques particulièrement aux plus hautes fréquences. La
I.3-26 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
12 10
11
8
0 ˚C
5 8
7
6
1 2 1 2 3 4
Figure I.3.13 Intersection de micro-ondes passives de haute (par exemple 85 GHz) et de basse
(par exemple 19 GHz) fréquence avec les nuages précipitants et le sol. La largeur des colonnes verticales
représente l’intensité des températures de la radiation ascendante. Les caractéristiques illustrées et
leurs démarcations sont: a) la faible émissivité de la surface de la mer à la fois pour les basses 1) et
hautes 2) fréquences; b) la forte émissivité de la surface terrestre à la fois pour les basses 3) et les hautes
4) fréquences, c) l’émission depuis le nuage et les gouttes de pluie, qui augmente avec l’eau liquide
intégrée verticalement pour les basses fréquence 5), mais sature rapidement pour les hautes fréquences
6); d) le signal émissif de l’eau aux basses fréquences est masqué par l’émissivité du sol 7); e) l’émission
de haute fréquence saturée de la pluie 8) n’est pas franchement différente du bruit de fond de la surface
terrestre 4); f) les particules de glace du haut rétrodiffusent vers le bas les émissions de haute fréquence
9), causant de basses températures de brillance10) indépendamment des propriétés émissives de surface;
g) la glace laisse passer librement vers le haut les émissions de basse fréquence 11), permettant la
détection de leur température de brillance chaude au-dessus du sommet du nuage 12).
(Rosenfeld et Collier, 1999)
0,4 0,8 1,2 1,6 2,0 pouces/heure
0 10 20 30 40 50 mm/hr
0 100 200km
Figure I.3.14. Pluie intense au-dessus du Texas à partir de l’imageur hyperfréquence de TRMM et
du radar du satellite TRMM à 0439 UTC le 1er mai 2004 (Avec l’aimable autorisation de la NASA)
CHAPITRE 3. MESURE DES PRéCIPITATIONS I.3-27
résolution est grandement améliorée avec le satel- À l’heure actuelle, la meilleure précision pour les
lite de la Mission pour la mesure des pluies tropicales mesures des précipitations sur une zone à partir de
(TRMM), s’accompagnant d’une amélioration l’espace, est obtenue sur les océans tropicaux. Cela
correspondante de la précision attendue des estima- est réalisé avec le GPI aussi bien qu’avec les micro-
tions par micro-ondes. Le satellite TRMM est équipé ondes passives pour les pluies intégrées sur de
d’un radar émettant une onde de 2,2 cm (micro- longues périodes (de l’ordre de plusieurs mois).
ondes actives) et d’un radiomètre micro-ondes, 19 à Cependant, les erreurs pour des évènements isolés
90 GHz, (figure I.3.14). La résolution de ces instru- peuvent être plus importantes du fait que les pluies
ments est d’environ 1 km pour le radiomètre en «chaudes» issues de nuages peu épais sont un
visible et infrarouge, de 10 km pour celui à micro- phénomène courant dans certains lieux sous les
ondes et de 250 m pour le radar. Le radar fournit tropiques. Les techniques de micro-ondes passives
une amélioration de la précision de l’estimation de sont de plus en plus avantageuses sur les hautes
la pluie instantanée dépassant celles qui ont été latitudes où les pluies convectives sont moins
obtenues jusque-là à partir de l’espace. Étant donné fréquentes. En ces lieux, on obtient la meilleure
que l’échantillonnage de ce satellite concerne la précision par la combinaison des micro-ondes
zone comprise entre les latitudes 35 degrés nord et passives avec les infrarouges à partir de satellites
sud et qu’il est au mieux biquotidien, l’erreur d’échan- géostationnaires. Une précision légèrement
tillonnage est la source principale d’imprécision. inférieure des techniques infrarouges est obtenue,
sur le continent, pour des pluies convectives dues
La combinaison de mesures à partir de satellite de à la forte dynamique et à la diversité micro
type TRMM et de satellites géostationnaires offre physique des systèmes de nuages pluvieux. Cela
le meilleur potentiel pour des estimations précises entraîne une plus grande variabilité entre la pluie
des précipitations à partir de l’espace. Des projets et les propriétés des parties supérieures des nuages.
sont actuellement développés pour mettre en L’efficacité des techniques de micro-ondes passives
œuvre de tels systèmes dans le cadre de la Mission est aussi réduite sur le continent du fait que leur
de mesure des précipitations mondiales (GPM). émissivité limite grandement leur utilité dans les
fréquences inférieures à 35 GHz. Néanmoins, sur
le continent, les résultats sont encourageants pour
3.11.5 Résumé des questions de
une fréquence de 88,5 GHz.
précision
sont actuellement utilisées, de façon opération- De bonnes relations ont été établies entre la profon-
nelle, pour les mesures de couverture neigeuse, deur de la neige et les micro-ondes émises et
d’équivalent en eau et pour la prévision des écoule- rétrodiffusées pour des couvertures neigeuses sèches
ments saisonniers dus à la fonte de la neige. La et uniformes (avec peu de traces de stratification).
capacité des satellites à fournir une information De telles relations ne sont pas aussi claires, une fois
utilisable sur la dynamique de la couverture que le manteau neigeux a été soumis à des cycles de
neigeuse est, maintenant, largement reconnue. Il gel et de dégel, pendant lesquels la présence d’eau
existe aujourd’hui de nombreux projets utilisant les non gelée, n’importe où dans le manteau, entraîne
mesures satellitaires de la neige pour prévoir les des changements nets dans la réponse micro-ondes.
écoulements de fonte de la neige (Lucas et Harrison, En général, l’utilisation de la radiométrie micro-
1990). ondes semble plus fiable que celle du radar pour ce
type de mesures (Blyth, 1993).
La dimension verticale de la couverture neigeuse est
plus importante encore que son extension spatiale Les données du nouvel imageur en hyperfréquence
et sa localisation, pour de nombreux processus spécialisé (SSM/I) sont utilisées pour produire des
inhérents. Cette dimension fournit essentiellement cartes d’équivalent en eau dans les prairies cana-
l’information nécessaire pour l’estimation du diennes, opération réalisée en partenariat avec les
volume de la neige. Celui-ci est directement relié au utilisateurs canadiens (Goodison et Walker, 1993).
potentiel de ruissellement dû à la fonte.
Le domaine des micro-ondes actives présente un
Bien que la spectrométrie aéroportée du rayonne- potentiel semblable à celui des micro-ondes
ment gamma soit une méthode de télédétection passives. Toutefois, il conviendrait de noter que
très précise pour la mesure de l’équivalent en eau de non seulement les observations de stocks neigeux
la neige, ses inconvénients, cités précédemment, par micro-ondes actives sont très rares et presque
limitent son usage. Toutefois les données fournies inexistantes, mais que l’analyse de ces données est
par cette dernière technique et celles qui provien- beaucoup plus complexe que celle des données
nent de satellites météorologiques offrent, passives. Ceci à cause de la confusion introduite par
ensemble, de bonnes possibilités pour la cartogra- les caractéristiques de la surface (dont le sol) et les
phie opérationnelle de la couverture neigeuse considérations géométriques dans l’onde radar
(Kuittinen, 1989; Carroll, 1990). réfléchie. La résolution plus élevée (10 m à partir de
l’espace) des micro-ondes actives constitue un
La spectrométrie aéroportée du rayonnement avantage considérable sur les micro-ondes passives.
gamma peut être utilisée pour déterminer l’équiva- Le problème majeur est le manque de capteurs à
lent en eau de la couverture neigeuse car la neige longueur d’ondes d’environ 0,8 cm pour des expé-
atténue le rayonnement gamma terrestre (OMM, riences sur tout type de plateforme. Bien que les
1992b). Le bruit de fond dû au sol est déterminé satellites équipés d’un radar à synthèse d’ouverture
avant les chutes de neige, et des vols ultérieurs sont (RSO), puissent fournir des données haute résolu-
effectués pour mesurer le rayonnement gamma à tion, les systèmes courants à simple fréquence,
travers la couverture neigeuse. Le degré d’atténua- comme l’ERS-1, doivent, probablement, être limités
tion est relié à l’équivalent en eau à l’aide de courbes au constat du déclanchement de la fonte et à la
d’étalonnage diverses. délimitation de l’extension de la neige humide.
Certains de ces problèmes peuvent être dépassés par
Comme la résolution des capteurs de micro-ondes l’utilisation de mesures RSO multifréquences et
passives augmente (un radiomètre russe de 0,8 cm multipolarisations.
de longueur d’onde avec une résolution d’environ
8 km a été lancé en 1996), leurs capacités à fonc- Certaines des recherches, parmi les plus promet-
tionner en toutes conditions météorologiques teuses, sur les mesures de la neige par télédétection
seront de plus en plus exploitées. Le dernier avan- sont listées dans les références bibliographiques à la
tage du spectre micro-ondes réside dans la facilité à fin de ce chapitre.
effectuer des mesures de nuit grâce à la fiabilité d’un
rayonnement micro-ondes émis, par opposition à
un rayonnement visible réfléchi. L’émittance et la
rétrodiffusion du rayonnement micro-ondes sont 3.13 TÉLÉDÉTECTION PAR SATELLITE DU
affectées par presque tous les paramètres de la neige. COUVERT NEIGEUX
Cela complique la mesure des paramètres les plus
nécessaires: équivalent en eau, extension spatiale et Les données de télédétection sont actuellement
quantité d’eau libre. utilisées, de façon opérationnelle, pour les mesures
CHAPITRE 3. MESURE DES PRéCIPITATIONS I.3-29
de couverture neigeuse, d’équivalent en eau et pour les zones sans neige. Il faut noter que bien que
la prévision des écoulements saisonniers dus à la Landsat et SPOT puissent fournir une résolution
fonte de la neige. La capacité des satellites à fournir adaptée à la cartographie de la neige, la faiblesse de
une information utilisable sur la dynamique de la leurs fréquences de balayage entrave leurs capacités
couverture neigeuse est, maintenant, largement pour cette application. De ce fait, de nombreux
reconnue. Il existe aujourd’hui de nombreux projets utilisateurs se sont tournés vers les satellites à orbite
utilisant les mesures par satellite de la neige pour polaire de la NOAA, équipés du radiomètre dit
prévoir les écoulements. AVHRR (Advanced Very High Resolution Radiometer).
Cependant, alors qu’ils ont une fréquence de
Seuls les satellites permettent, pour la couverture balayage beaucoup plus élevée (toutes les 12 heures
neigeuse, un suivi périodique, efficace et à une au lieu de 16 à 18 jours), le problème des données
échelle suffisamment grande. Une quantité impor- des satellites du NOAA-AVHRR est que la résolution
tante de données pour la cartographie opérationnelle de 1 km (dans la bande rouge visible – 0,58 à 0,68 µm)
de la neige est disponible à partir de satellites. C’est peut être insuffisante pour la cartographie de la
le cas du Satellite pour l’observation de la Terre neige dans les petits bassins.
(SPOT), de Landsat, de l’Administration américaine
pour les océans et l’atmosphère (NOAA), du satel- Les satellites actuels EOS AM et PM, équipés du
lite géostationnaire d’exploitation pour l’étude de spectroradiomètre imageur à moyenne résolution
l’environnement (GOES), du Système d’observation (MODIS), fournissent des données journalières à
de la Terre (EOS) et du Programme des satellites une assez haute résolution spatiale. Le programme
météorologiques de défense (DMSP). Le choix du EOS est aussi soutenu par une série d’algorithmes
satellite pour la cartographie de la neige dépend de de neige assez robustes. Malgré ses problèmes de
la plus petite partie de la région à surveiller. Bien résolution spatio-temporelle, l’imagerie visible
que la précision de la délimitation de la couverture fournie par les aéronefs et les satellites a prouvé sa
neigeuse et de l’estimation de sa surface dépende de grande utilité pour le suivi de la formation de la
la résolution spatiale des capteurs impliqués, les couverture neigeuse et de sa disparition au prin-
systèmes opérationnels de cartographie sont rare- temps. Les données Meteor (conçu pour déterminer
ment nécessaires pour ces petites surfaces (Lucas et la limite de la neige pour les bassins versants et
Harrison, 1990). En conséquence, le capteur Landsat autres surfaces dans l’ancienne URSS) et NOAA ont
Thematic Mapper (TM) est plutôt utilisé dans le cadre été combinées pour la cartographie de la couverture
de projets de recherche. Dans certains cas, les neigeuse dans des bassins allant de 530 à plus de
photographies aériennes peuvent être préférées aux 12 000 km2 (Shcheglova et Chemov, 1982). Bien
images TM, car elles peuvent être prises en choisis- que la neige puisse être détectée dans la bande du
sant les jours sans nuages et pour des zones de proche infrarouge, le contraste avec les zones sans
même taille. neige est considérablement plus faible que pour la
partie visible du spectre électromagnétique.
L’extension de la couverture neigeuse est cartogra- Toutefois, le contraste entre les nuages et la neige
phiée de façon opérationnelle, à partir des données est plus grand avec la bande 5 Landsat TM (1,57 à
de satellites météorologiques, dans de nombreux 1,78 µm). Ainsi la bande du proche infrarouge,
pays. Bien que la couverture neigeuse puisse être lorsqu’elle est disponible, est un discriminant utile
détectée et surveillée avec des dispositifs de télédé- entre nuages et neige. La différence entre les
tection variés, les applications les plus importantes données visibles et proches infrarouge des images
ont été trouvées à la partie visible et proche infra- NOAA-9 pour le Royaume-Uni, a été utilisée pour
rouge du spectre électromagnétique (SEM). La localiser les zones de couverture neigeuse complète
raison tient au fait que la réflectance de la neige ou partielle, et pour identifier les zones de fonte et
dans cette partie du SEM est beaucoup plus forte d’accumulation. Des cartes journalières des surfaces
que celle de tout autre matériau naturel sur le enneigées ont été produites et ensuite assemblées
terrain. La neige peut, ainsi, être aisément détectée pour générer des estimations hebdomadaires de la
pour déterminer l’extension de la couverture distribution de la neige. Il est envisagé, actuelle-
neigeuse. La réflectivité (albédo) dépend des ment, d’utiliser de façon opérationnelle cette
propriétés de la neige, comme la taille et la forme technique au Royaume-Uni et ailleurs.
des grains, le contenu en eau, la rugosité de surface,
l’épaisseur et la présence d’impuretés. La bande Les données de thermographie infrarouge ont une
rouge du spectre visible (0,6 à 0,7 µm) du scanner importance limitée pour la cartographie de la neige
multispectral (MSS) de Landsat est, en particulier, et la mesure de ses propriétés du fait de l’entrave que
largement utilisée pour la cartographie du couvert représente la couverture nuageuse. De plus, la tempé-
neigeux à cause du fort contraste qu’il fournit avec rature de surface de la neige n’est pas toujours très
I.3-30 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
éloignée de la température de surface des zones adja- Les satellites opérationnels à orbite polaire trans-
centes de couverture différente (rochers ou herbe). portent aussi des sondes – comme le sondeur
Toutefois, les données acquises dans l’infrarouge vertical opérationnel du TIROS-N, satellite d’opé-
thermique peuvent être utiles pour déterminer la ration télévisuel à infrarouge (TVOS) et le sondeur
limite de la couverture neigeuse, et pour discriminer amélioré à hyperfréquence (AMSU) – qui fournis-
les nuages et la neige avec le radiomètre AVHRR qui sent des données pour la prévision des pluies par
ne dispose pas de bande proche infrarouge. En outre, modèle de prévision météorologique numérique.
Kuittinen (OMM, 1992b) soutient que le meilleur La famille NOAA transportant ces instruments est
résultat pour cartographier la limite de la neige peut maintenant remplacée par les satellites météorolo-
être obtenu en combinant les informations des émis- giques opérationnels (METOP) du Programme de
sions thermiques avec celles de la réflectance dans la l’organisation européenne pour l’exploitation de
partie visible du spectre électromagnétique. satellites météorologiques (EUMETSAT). Les radio-
mètres à micro-ondes passives sont opérationnels
Bien que l’on rencontre actuellement beaucoup de à ce jour, et suite au succès du satellite TRMM, il
problèmes avec l’utilisation de la détection par existe, maintenant, des projets très avancés de
micro-ondes pour la cartographie de la neige, son lancement de satellites utilisant les bandes visibles,
principal avantage est la capacité à pénétrer la infrarouges et micro-ondes (passives et actives) du
couverture nuageuse et à cartographier l’extension spectre électromagnétique (Programme EUMETSAT
de la couverture neigeuse. En raison de leur capacité Polar System, EPS).
à pénétrer les nuages ou toute autre condition météo-
rologique, les micro-ondes (autour de 1 cm de Alors que les satellites du programme ERS 1 et 2
longueur d’onde) ont globalement le plus grand (satellite européen de télédétection) fournissent des
potentiel pour la cartographie de la neige. Cependant, données semi-opérationnelles, le satellite d’étude
actuellement, leur inconvénient majeur est la faible de l’environnement (ENVISAT) de l’EUMETSAT a
résolution spatiale des micro-ondes passives (envi- remplacé le satellite ERS et est maintenant opéra-
ron 25 km) qui ne leur permet de détecter que des tionnel, proposant une gamme de capteurs incluant
couvertures neigeuses de grande superficie. Des un radar à antenne synthétique (SAR). Ce satellite
cartes de couvert neigeux à grande échelle sont est complété par le système japonais ADEOS (satel-
actuellement produites en appliquant des algo- lite de pointe d’observation de la Terre). La seconde
rithmes physiques aux données de satellites à génération de Meteosat (MSG) est aussi maintenant
radiomètres micro-ondes, comme l’imageur en opérationnelle, fournissant des images dans le
hyperfréquence spécialisé SSM/I (DMSP). Ces cartes visible et l’infrarouge avec une haute résolution
sont plus fiables pour de vastes régions plates avec spatio-temporelle. Des données multispectrales
une végétation faible ou peu étendue, lorsque la sont aussi disponibles à partir de Landsat, SPOT et
neige est sèche. Le problème de résolution peut, plus récemment, MODIS.
potentiellement, être réglé par l’utilisation de
capteurs de micro-ondes actives haute résolution. Il
y a, malheureusement, peu ou pas d’expérimenta-
tions publiées concernant la bande des courtes 3.15 ROSÉE
longueurs d’ondes (d’environ 1 cm) du spectre des
micro-ondes sensibles à la neige. Bien que la rosée, phénomène essentiellement
nocturne, ne soit pas une source spectaculaire
d’humidité, en raison de la quantité d’eau relative-
ment faible qu’elle représente et de ses variations
3.14 SATELLITES OPÉRATIONNELS locales, elle peut néanmoins présenter un grand
intérêt dans les régions arides où elle peut aller
La télédétection satellitaire permet l’observation des jusqu’à atteindre le même ordre de grandeur que
précipitations et du couvert neigeux en temps réel celui des pluies. Comme le processus selon lequel
ou quasi réel sur de grandes étendues. Elle complète l’humidité se dépose sur les objets est largement
ainsi les mesures ponctuelles conventionnelles, plus fonction de la source d’humidité, il faut donc faire
précises, données par les radars météorologiques. la distinction entre la rosée résultant de la conden-
Des données utiles peuvent être obtenues à partir de sation se déposant sur des surfaces plus froides de
satellites utilisés principalement à des fins météoro- la vapeur d’eau contenue dans l’air, phénomène
logiques, comme les satellites à orbites polaires de la que l’on appelle le serein, et celle qui résulte de la
NOAA et du DMSP, les satellites géostationnaires condensation sur des surfaces plus froides de la
GOES, GMS (satellite météorologique stationnaire) vapeur d’eau provenant de l’évaporation du sol et
et Meteosat (Engman et Gurney, 1991). des plantes, appelée rosée de distillation. En fait,
CHAPITRE 3. MESURE DES PRéCIPITATIONS I.3-31
les deux constituent généralement et simultané- régionale. Dans les deux cas, l’interprétation des
ment ce qu’il est convenu d’appeler rosée, bien résultats devra être faite avec la plus grande
que parfois ils se forment séparément. prudence. À moins que la surface réceptrice de ces
appareils de mesure ne soit plus ou moins à fleur de
Enfin, les gouttelettes d’eau des brouillards et des la surface naturelle et n’en possède des propriétés
nuages qui se déposent sur les feuilles et les branches très proches, elle ne pourra fournir de données
et atteignent le sol en s’égouttant ou par ruisselle- correctes sur la quantité de rosée déposée sur la
ment le long des troncs et des tiges constituent une surface naturelle.
autre source d’humidité. On a souvent eu tendance
à surestimer la quantité moyenne de rosée tombant Théoriquement, les techniques du flux d’humidité
sur une région, essentiellement parce que l’on a devraient fournir des valeurs moyennes raison-
négligé les conditions qui, physiquement, en limi- nables pour une région, mais le manque de
tent les quantités possibles. L’étude de l’équation connaissances sur les coefficients de transfert dans
du bilan énergétique montre qu’il est peu probable des conditions atmosphériques très stables les rend
que la température latente du serein ou de la rosée extrêmement difficiles à mettre en pratique. La
de distillation dépasse celle du rayonnement net, et seule méthode de mesure sûre du serein est d’utili-
qu’elle devrait en fait lui être inférieure si l’on prend ser un lysimètre sensible. Mais cette méthode ne
en considération les transferts de chaleur sensible et mesure pas la rosée par distillation étant donné
de chaleur du sol. Dans des conditions favorables, qu’aucun changement de poids n’accompagne ce
on atteint une limite finie qui se situe à 1,1 mm h-1 phénomène.
environ comme moyenne de rosée sur une région.
La rosée peut cependant être sensiblement plus Le seul moyen généralement accepté pour mesu-
importante à des endroits où la température rer la quantité totale de rosée est la méthode du
moyenne n’est pas horizontalement homogène et papier buvard, qui consiste à peser un certain
où il se produit une advection de petite échelle nombre de papiers filtres avant et après qu’ils ont
depuis des zones relativement chaudes et humides été très soigneusement pressés contre les feuilles.
vers des zones plus fraîches. En outre, on devra Le Guide des instruments et des méthodes d’observa-
modifier la forme unidimensionnelle des calculs de tion météorologiques (OMM-N° 8) donne un bref
flux d’énergie lorsqu’on l’appliquera à des végétaux résumé des méthodes de mesure de la rosée.
isolés, car la distribution du flux de rayonnement et
d’humidité est extrêmement différente de celle
d’une source homogène. Ceci ne veut pas dire que
la couche moyenne de rosée sur une vaste région 3.16 ÉCHANTILLONNAGE POUR LE SUIVI
plane en soit affectée, mais seulement que certaines DE LA QUALITÉ DES PRÉCIPITATIONS
zones seront favorisées au détriment d’autres.
Au cours des dernières années, on a pris de plus en
En réalité, les taux de dépôt effectif de rosée tombe- plus conscience que le dépôt de polluants atmo-
ront généralement bien en dessous de la limite sphériques présente un impact considérable du
supérieure. point de vue écologique. Parmi les plus manifestes,
on peut citer les effets des précipitations acides
On a consacré beaucoup d’effort, mais sans beau- observées au Royaume-Uni, en Scandinavie, dans
coup de succès, à mettre au point des moyens pour l’est du Canada et dans le nord-est des États-Unis
mesurer l’humidité présente sur les feuilles à partir d’Amérique. Pour avoir une vue complète du
de surfaces artificielles dans l’espoir de parvenir à transport des substances toxiques dans l’atmos-
des résultats comparables à ceux obtenus dans des phère, il faut prélever et analyser des échantillons
conditions naturelles. On trouvera, dans l’appen- de dépôts humides et secs ainsi que des échan-
dice de la publication intitulée The Influence of tillons de l’air lui-même. La présente section a trait
Weather Conditions on the Occurrence of Apple Scab aux critères à respecter pour la collecte d’échan-
(WMO-No. 140), un recensement des différents tillons de précipitations liquides et solides, ainsi
instruments et méthodes conçus pour mesurer la que de dépôts superficiels. Pour analyser les dépôts
durée pendant laquelle les feuilles restent humides, atmosphériques accumulés sur des dizaines et des
et une évaluation de la mesure dans laquelle les centaines d’années, plusieurs autres substrats se
données fournies par ces appareils sont représenta- révèlent être d’utiles marqueurs. Ils comprennent
tives du degré d’humidité superficielle des végétaux. les mousses à croissance naturelle, qui retiennent
Ces appareils ne peuvent être utilisés que comme une certaine quantité de métaux, les carottes de
des guides qualitatifs pour chaque cas particulier, glace des glaciers, et les sédiments profonds.
ou comme des moyens grossiers de comparaison L’échantillonnage pour le suivi de la qualité des
I.3-32 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
précipitations est présenté plus loin dans la est très controversée. La turbulence de l’air au
section 7.2.3. voisinage de l’appareil n’est pas la même qu’à la
surface d’un lac, par exemple. L’efficacité de
l’appareil diffère selon les dimensions des parti-
3.16.1 Collecteurs de pluie et de neige
cules piégées tant en valeur absolue qu’en valeur
[SHOFM C53]
relative. D’autres méthodes ont été suggérées,
Des collecteurs de tous types sont utilisés pour telles des assiettes en verre enduites de matériaux
prélever des échantillons de précipitation, depuis le adhésifs, et des bacs peu profonds remplis d’une
récipient en plastique, en acier inoxydable, ou en solution d’éthylène-glycol ou d’huile minérale.
verre mis en place lorsque débute la précipitation,
jusqu’à l’échantillonneur séquentiel sophistiqué
conçu pour prélever automatiquement des échan-
tillons à intervalles réguliers durant l’épisode 3.17 INTÉGRATION DES PLUIES DANS
pluvieux. LES MODÈLES HYDROLOGIQUES ET
HYDRAULIQUES: RASSEMBLEMENT
Un dispositif courant pour la collecte séparée de ET ÉVALUATION DES DONNÉES DE
dépôts secs et humides est le collecteur à auget SOURCES DIFFÉRENTES
double. Un auget sert à la collecte des précipitations,
l’autre à la collecte des dépôts secs. Le collecteur est De plus en plus de travaux sont entrepris pour l’in-
équipé d’un capteur qui détecte automatiquement la tégration de données de réflectivité radar et de
précipitation, liquide ou gelée. À l’amorce de la préci- précipitations de surface à des modèles météorolo-
pitation, un couvercle se déplace de l’auget «humide» giques numériques de prévision. Il y a cependant
à l’auget «sec». Dès que la précipitation cesse, il de nombreuses difficultés inhérentes à ces travaux,
recouvre à nouveau l’auget «humide». Le collecteur comme le fait que les modèles météorologiques
d’échantillon d’usage courant est un récipient en traitent d’échelles beaucoup plus grandes que celle
polyéthylène noir. On y distingue deux parties. La des données observées, et que la réflectivité radar
partie supérieure est une couronne amovible fabri- n’est pas un modèle de diagnostic direct.
quée spécialement pour que la surface réceptrice soit L’utilisation des données radar comme moyen
uniforme et de dimensions rigoureusement définies. d’obtenir des informations sur l’humidité, a connu
L’autre partie est l’auget lui-même. La couronne et quelques succès (Meischner, 2003), mais le
l’auget doivent être rincés à l’eau distillée désionisée problème est loin d’être résolu. Il est probable que
après chaque vidange de l’appareil. Pour prélever un les techniques d’assimilation variationnelles, tri et
échantillon de précipitation en vue d’y relever les quadridimensionnelles (3D-VAR, 4D-VAR) seront
polluants organiques, il faut utiliser un auget en nécessaires.
acier inoxydable ou en verre.
L’entrée des données de précipitation dans les
Lorsqu’on souhaite avoir des informations sur la modèles hydrologiques présente aussi des difficul-
direction des phénomènes de pollution, une tés. Il est essentiel de contrôler la qualité des
instrumentation météorologique associée peut données d’entrées issues de radars ou de satellites.
être utilisée. À cette fin, on a conçu un équipement Il est aussi nécessaire d’utiliser des méthodes statis-
dans lequel la précipitation est dirigée vers un ou tiques avancées pour s’assurer que les erreurs
plusieurs récipients, en fonction de la direction du caractéristiques de ces données seront prises en
vent à l’aide d’une girouette qui règle le méca- compte dans les sorties du modèle. L’hydrogramme
nisme de distribution. produit à partir de telles données d’entrée ne doit
jamais être utilisé sans que soient fournies certaines
Les collecteurs modernes de neige sont semblables mesures d’incertitude.
aux collecteurs de pluie, sauf qu’ils sont chauffés
afin de faire fondre la neige recueillie, qui s’accu-
mule ensuite sous forme liquide dans un réservoir
inférieur [SHOFM C53]. 3.18 PROJET MONDIAL DE CLIMATOLOGIE
DES PRÉCIPITATIONS
3.16.2 Prélèvement des dépôts secs
Le Projet mondial de climatologie des précipita-
Nombre de problèmes ayant trait à l’échantillon- tions (GPCP) a fourni depuis 1979, des estimations
nage de la neige se posent aussi pour la collecte des des précipitations mondiales mensuelles sur des
dépôts secs. Les collecteurs à auget double mesu- mailles de 2,5° x 2,5° en latitude et longitude (Adler
rent des quantités, mais la validité de telles mesures et al., 2003). Des estimations indépendantes, en
CHAPITRE 3. MESURE DES PRéCIPITATIONS I.3-33
général basées sur des pluviomètres, fournissent Collier, C.G., 1996: Applications of Weather Radar Systems:
une évaluation essentielle de la précision des esti- A Guide to Uses of Radar Data in Meteorology and
mations du GPCP, mais une évaluation statistique Hydrology. Deuxième édition, Wiley, Chichester.
des erreurs d’échantillonnage entre ces systèmes est Collier, C.G., 2002: «Developments in radar and
nécessaire. Cela a été réalisé récemment, par la remote-sensing methods for measuring and
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CHAPITRE 4
essentiellement les mêmes que pour l’évaporation, avoir atteint la surface du sol. Le volume d’eau ainsi
quoique légèrement différents. D’un point de vue perdu est appelé pertes par interception.
pratique, le gradient de pression de vapeur, la tempé-
rature, la radiation solaire, le vent, l’humidité Ces pertes sont en général négligées dans les études
disponible dans le sol sont les plus importants concernant les tempêtes majeures et les inondations.
facteurs influençant la transpiration. Elles peuvent, cependant, être très significatives
pour les études du bilan hydrique. Les précipitations
Évapotranspiration tombant sur la végétation peuvent être retenues par
les feuilles et les brins d’herbe, descendre le long des
L’évapotranspiration (ET) est la vapeur d’eau troncs ou tomber des feuilles et faire partie de la
produite à partir d’un bassin versant, résultant de la pluie au sol. La quantité d’eau interceptée est
croissance des plantes qui y poussent. fonction: a) des caractéristiques de la tempête; b) de
l’espèce, de l’âge et de la densité des plantes et des
L’évapotranspiration et la consommation d’eau arbres; et c) de la saison de l’année. Durant la saison
incluent toutes les deux la transpiration par les de croissance, un taux d’environ 10 à 20 % de la
végétaux et l’évaporation à partir des surfaces d’eau précipitation est intercepté et retourne au cycle
libre, du sol, de la neige, de la glace et de la végéta- hydrologique par évaporation. Au sein de forêts très
tion. Il est important de souligner ici la différence denses ce taux peut même se porter à 25 % de la
entre évapotranspiration et consommation d’eau. précipitation totale. Dans les régions tempérées,
La consommation d’eau ne diffère de l’évapotrans- l’évaporation de l’eau interceptée représente une
piration que parce qu’elle inclut l’eau utilisée pour part importante de l’évapotranspiration. Il existe
la formation du tissu des plantes (Singh, 1994). une grande variété de techniques pour la mesure de
Dans le calcul de l’évapotranspiration sont prises en l’interception de la pluie (eau stockée dans la
compte à la fois la transpiration et l’évaporation du canopée), de la capacité d’interception-stockage de
sol. L’évapotranspiration réelle peut être déduite de la canopée, du temps d’imbibition des feuilles, de la
l’analyse de l’enregistrement simultané des pluies pluie au sol, de l’évapotranspiration de la canopée
et des débits d’un bassin versant. et de l’évaporation de l’eau interceptée (souvent,
mais de façon peu appropriée, appelée perte par
Il y a une grande différence entre évapotranspira- interception). Une revue des méthodes de mesure
tion et évaporation des surfaces libres. La de l’interception et de l’imbibition des feuilles est
transpiration est associée à la croissance des plantes donnée, par exemple, par Bouten et al. (1991) et
et l’on ne peut donc parler d’évapotranspiration Lundberg (1993), tandis que les mesures de la
que durant cette croissance. Il en résulte des varia- capacité de stockage de la canopée sont résumées
tions diurnes et saisonnières, qui se superposent à par Klaassen et al. (1998). Les méthodes micro-
l’évaporation annuelle normale des surfaces d’eau météorologiques de mesure de l’évaporation sont
libre. décrites, par exemple, par Garratt (1984) et Sharma
(1985).
Évapotranspiration potentielle
4.1.3 Mesure de l’évaporation
L’évapotranspiration potentielle (ETP) est définie
[SHOFM C46]
comme l’évapotranspiration d’un couvert végétal
continu suffisamment alimenté en eau. Pour une revue générale des instruments de
mesure voir le Guide des instruments et des méthodes
Ceci implique une alimentation en eau des plantes d’observation météorologiques (OMM-N° 8).
qui soit idéale. Dans le cas où cette alimentation
est inférieure à l’ETP, le déficit sera comblé par
4.1.3.1 Méthodes directes
ponction dans l’eau de la réserve utile du sol,
jusqu’à ce qu’environ 50 % de l’eau disponible Des méthodes de mesure relativement précises de
soit utilisée. Avec un déficit d’humidité plus l’évaporation et de l’évapotranspiration sont dispo-
grand l’évapotranspiration réelle (ETR) sera plus nibles à partir de bacs, de petits plans d’eau ou du
faible que l’ETP jusqu’au point de flétrissement où sol, mais leur mesure directe sur de très grandes
l’évapotranspiration cesse. surfaces n’est pas possible actuellement. On a
cependant mis au point plusieurs méthodes d’éva-
luation indirecte qui fournissent des résultats
Interception
acceptables. Dans les réseaux de mesure, on utilise
L’interception est la partie des précipitations captée des bacs d’évaporation et des lysimètres; ces appa-
et retenue par la végétation, puis évaporée sans reils sont étudiés ci-après. En ce qui concerne les
CHAPITRE 4. ÉVAPORATION, ÉVAPOTRANSPIRATION ET HUMIDITÉ DU SOL I.4-3
réservoirs existants, les parcelles et les bassins mondiale a patronné dans plusieurs pays, un
versants de petite dimension, les évaluations programme d’observations comparatives (OMM,
peuvent être faites à partir du bilan hydrique, du 1976) effectuées à l’aide du bac de classe A, du bac
bilan énergétique, des méthodes basées sur l’aéro- GGI-3000 et du bac de 20 m2. Ce qui a permis la mise
dynamique des fluides et d’autres méthodes au point de recommandations d’ordre opérationnel
disponibles. Ces techniques ne sont étudiées ici quant à leur pertinence en fonction de conditions
que sous l’angle des instruments et des besoins en climatiques et physiographiques diverses.
observations. Le calcul de l’évaporation et de l’éva-
potranspiration des plans d’eau et de surfaces de Les appareils suivants complètent l’équipement des
sol par les diverses méthodes indirectes est présenté stations évaporimétriques: un anémomètre ou
séparément dans ce chapitre. Quelques méthodes anémographe totalisateur, un pluviomètre non enre-
directes sont présentées ci-dessous. gistreur, un thermomètre ou un thermographe pour
la température de l’eau du bac, ainsi qu’un thermo-
Bac d’évaporation mètre ou thermographe à maxima et minima pour la
température de l’air, ou un psychromètre ou un
Pour déterminer l’évaporation au-dessus des lacs et hygrothermographe.
des réservoirs, on utilise fréquemment les données
fournies par les bacs d’évaporation. Certains sont L’emplacement choisi devra être plat et dégagé.
carrés, d’autres cylindriques; certains sont installés Lorsque le climat et la nature du sol ne permettent
au-dessus du sol, d’autres sont enterrés de façon que pas d’entretenir une couverture végétale, le sol
l’eau soit sensiblement au même niveau que le sol. devra rester dans un état aussi proche que possible
Les bacs d’évaporation sont parfois installés sur des de la couverture naturelle de la zone environnante.
plates-formes flottantes ancrées sur des lacs ou S’il y a des obstacles environnants (arbres, bâti-
d’autres plans d’eau. ments, buissons ou abris d’appareils), le bac devra
être à une distance au moins égale à quatre fois la
Trois types de bacs méritent d’être mentionnés: le bac hauteur de l’obstacle au-dessus du bac. En aucun
américain de classe A (figure I.4.1), le bac GGI-3000 cas, le bac et l’abri destinés aux appareils ne devront
(figure I.4.2) et le bac de 20 m2 de la Fédération de être placés sur un socle ou un piédestal en béton,
Russie. Le bac américain a été recommandé par sur une surface asphaltée ou des graviers.
l’OMM et l’AISH (Association internationale des
sciences hydrologiques) comme instrument de réfé- Les appareils ne devront à aucun moment créer une
rence. Ses performances ont pu être ainsi étudiées ombre sur le bac. La parcelle de terrain devra faire
dans des conditions climatiques très diverses, sous des au moins 15 x 20 mètres de surface et sera clôturée
latitudes et à des altitudes très différentes. Le bac pour protéger les appareils et empêcher les animaux
GGI-3000 et le bac de 20 m2 sont utilisés en Fédération de venir y boire. La clôture sera telle qu’elle ne
de Russie et dans certains autres pays dans diverses pourra pas perturber le régime du vent au-dessus du
conditions climatiques. Ils fonctionnent bien et se bac. Dans les endroits inhabités, particulièrement
caractérisent par une relation extrêmement stable dans les régions arides et tropicales, il est souvent
avec les facteurs météorologiques qui condition- nécessaire de protéger les bacs contre les oiseaux
nent l’évaporation. L’Organisation météorologique et les petits animaux en utilisant des produits
À remplir jusqu’à 5 cm
en dessous de l’anneau
chimiques répulsifs et un grillage fixé au-dessus du l’eau provenant d’un réservoir ou, dans le cas de
bac. Afin d’évaluer les erreurs causées par les effets précipitations, de prélever l’excès d’eau, la quantité
du grillage sur le régime du vent et sur les caractéris- d’eau ajoutée ou prélevée étant enregistrée.
tiques thermiques du bac, des mesures devront être
prises pour comparer les mesures du bac protégé à La principale difficulté dans la mesure directe de
celle d’un bac standard du site habité le plus proche. l’évaporation avec un bac de classe A réside dans le
fait qu’il est nécessaire d’utiliser des coefficients
Il faudra mesurer le niveau de l’eau dans le bac avec pour étendre les mesures obtenues sur un petit
exactitude avant et après l’adjonction d’eau. réservoir à de grandes étendues d’eau libre. La
logique floue suggérée par Keskin et al. (2004) peut
Cette opération peut s’effectuer de deux manières: constituer une alternative à l’évaluation classique
a) Le niveau de l’eau peut être mesuré au de l’évaporation.
moyen d’une pointe limnimétrique recourbée
se composant d’une échelle mobile et d’un
Évaporation de la neige
vernier, munie d’un crochet et placée à l’inté-
rieur d’une chambre d’eau calme dans le bac. Des évaporimètres en polyéthylène ou en plastique
On peut aussi utiliser un flotteur. On utilisera incolore sont utilisés dans de nombreux pays pour
un récipient gradué pour ajouter ou retirer de mesurer l’évaporation de la neige ou la condensa-
l’eau à chaque observation, de façon à ramener tion qui se produit à sa surface. Les évaporimètres à
la surface de l’eau à un niveau prédéterminé; neige doivent avoir une surface d’au moins 200 cm2
b) Le niveau de l’eau peut également être déter- et une profondeur de 10 cm.
miné par la méthode suivante:
i) On amène, dans le bac, un récipient de On prélève un échantillon qu’on dépose dans
petit diamètre muni d’une vanne, sur le l’évaporimètre, on pèse le tout et on installe l’éva-
sommet d’un repère situé au-dessous de porimètre de telle sorte que le haut affleure au
la surface de l’eau du bac; niveau de la surface de la couverture de neige. Il
ii) On ouvre la vanne et l’on attend que l’eau faut veiller à ce que les caractéristiques de surface
contenue dans le récipient ait atteint le de l’échantillon soient comparables à celles de la
niveau de l’eau du bac; couverture de neige dans laquelle on le place. À la
iii) On ferme la vanne et l’on détermine avec fin de la période de mesure, on récupère l’évapori-
exactitude le volume d’eau contenu dans mètre, on essuie soigneusement l’extérieur et on le
le récipient à l’aide d’une éprouvette. pèse. La différence de poids entre la première et la
deuxième pesée donne, en centimètres, la quantité
On détermine la hauteur du niveau de l’eau d’évaporation ou de condensation. Les mesures
au-dessus du repère d’après le volume d’eau faites en période de chute de neige ou de chasse-
contenu dans le récipient et les dimensions de neige n’ont aucune valeur. Pendant la fonte de la
celui-ci. neige, les évaporimètres doivent être pesés, et les
échantillons renouvelés, et ce à intervalles plus
L’évaporation journalière est calculée en prenant fréquents, car la couverture de neige s’affaissera
la différence du niveau de l’eau dans le bac d’un en découvrant les parois de l’évaporimètre et
jour à l’autre et en tenant compte éventuellement perturbant l’écoulement de l’air au-dessus de
des précipitations qui se sont produites pendant la l’échantillon.
période considérée. La valeur de l’évaporation
entre deux observations du niveau de l’eau dans le
4.1.3.2 Méthodes indirectes
bac est déterminée par:
Par suite des difficultés que présentent les observa-
E = P ± Δd (4.1) tions directes de l’évaporation sur les lacs et
réservoirs, on a généralement tendance à utiliser des
où P est la hauteur des précipitations pendant la méthodes indirectes d’évaluation basées sur le bilan
période entre les deux mesures et Δd est la hauteur hydrique, le bilan énergétique, l’aérodynamique ou
d’eau ajoutée (+) ou enlevée (–) au volume contenu une combinaison de ces approches. Les facteurs
dans le bac. météorologiques qui entrent dans ce mode d’évalua-
tion sont le rayonnement solaire et le rayonnement
Plusieurs types de bacs d’évaporation automatiques de grande longueur d’onde, les températures de l’air
sont utilisés. L’eau contenue dans le bac est main- et de la surface de l’eau, l’humidité atmosphérique
tenue automatiquement à un niveau constant grâce ou la tension de vapeur, et le vent. L’appareillage et
à un système permettant d’ajouter dans le bac de les méthodes d’observation pour la mesure de ces
CHAPITRE 4. ÉVAPORATION, ÉVAPOTRANSPIRATION ET HUMIDITÉ DU SOL I.4-5
facteurs sont décrits ci-après. L’utilisation de ces Un autre type d’instrument, le pyrradiomètre diffé-
observations dans les diverses méthodes indirectes rentiel, mesure la différence entre le rayonnement
d’évaluation de l’évaporation est décrite, plus loin, total (de courtes et de grandes longueurs d’onde)
dans ce chapitre. entrant (vers le bas) et le rayonnement sortant (vers
le haut). L’instrument consiste en un plateau hori-
zontal aux faces supérieure et inférieure noircies. La
Rayonnement solaire
moitié des jonctions de la thermopile sont attachées
Le rayonnement solaire total incident (de courtes à la face supérieure et les autres à la face inférieure,
longueurs d’onde) doit être mesuré à proximité du de sorte que le courant produit par la thermopile
réservoir à l’aide d’un pyranomètre et enregistré de soit proportionnel au rayonnement net dans la
manière continue. Le rayonnement de courtes bande 0,3-100 µm. Ces instruments sont classés en
longueurs d’onde atteignant une surface horizontale deux types: les appareils ventilés et ceux qui sont
est mesuré à l’aide d’un pyranomètre. La plupart des munis d’une protection conçue pour réduire le
pyranomètres modernes sont des thermopiles à transfert de chaleur convective en provenance de
jonctions multiples placées sous une coupelle simple l’élément sensible. Les instruments doivent être
ou double en verre qui permet aux seules radiations placés à un mètre au moins au-dessus de la
comprises entre 0,3 et 3 µm d’atteindre la surface couverture végétale.
sensible du pyranomètre (figure I.4.3). Certains types
de pyranomètres ont une surface entièrement noircie
Température de l’air
avec une moitié des thermojonctions en contact
avec elle, et l’autre moitié disposée de façon à La température de l’air doit être mesurée à deux
détecter les lentes variations de température de réfé- mètres au-dessus de la surface de l’eau près du
rence d’un grand bloc de cuivre isolé. Dans d’autres centre du réservoir. Pour des réservoirs de petites
types, l’élément sensible consiste en deux surfaces dimensions, la température de l’air ne se trouvera
peintes l’une en noir et l’autre en blanc auxquelles guère modifiée par son passage au-dessus de l’eau;
sont soudées les thermojonctions. aussi pourra-t-on la mesurer de façon satisfaisante
sur une rive au vent.
Rayonnement de grandes longueurs d’onde
Bien qu’il suffise en général d’effectuer des obser-
Pour mesurer le rayonnement de grandes longueurs vations à des intervalles d’une, quatre ou six
d’onde, on utilise des radiomètres à plaque. Ces heures, il est cependant préférable d’avoir un
appareils ne sont pas sélectifs: ils mesurent tous les relevé continu de la température, en particulier
rayonnements, quelle que soit leur longueur dans le cadre de mesures d’humidité de l’air. Des
d’onde. Le rayonnement de grandes longueurs thermographes électriques à thermocouples
d’onde est déterminé par la différence entre le conviennent très bien pour l’enregistrement de la
rayonnement total reçu du soleil et du ciel, mesurés température sur les potentiomètres enregistreurs
par un radiomètre; le rayonnement solaire est multicanaux utilisés pour les mesures de
mesuré par un pyranomètre au même endroit. rayonnement.
Un type de radiomètre consiste en une plaque Lorsqu’on mesure la température de l’air, il faut
carrée de 5 cm2, placée horizontalement dans le s’assurer que les thermomètres sont placés à l’abri
I.4-6 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
du soleil, sans que pour autant leur ventilation Humidité et pression de vapeur de l’air
naturelle s’en trouve diminuée. Des écrans spéciaux
contre le rayonnement ont été conçus pour les ther- Les mesures d’humidité sont effectuées au même
momètres à thermocouples. Les mesures de la endroit que les mesures de la température. Les
température de l’air doivent être faites avec une appareils les mieux adaptés pour l’enregistrement
exactitude de ± 0,3 °C. sont des psychromètres utilisant des thermomètres
à thermocouples. Ceux qui sont décrits à la section
précédente – température de l’air – auxquels on
Température superficielle de l’eau
ajoute un thermocouple pour le thermomètre
On utilise divers types de thermomètres pour mouillé, donnent des résultats satisfaisants. Pour
mesurer la température de l’eau: thermomètre à les thermocouples mouillés, on utilise une mèche et
mercure en verre ou acier (avec maxima et minima un réservoir qui devront être conçus de telle sorte
et thermomètre à renversement), résistance de que l’eau y arrive à la même température que le
platine ou thermistors avec circuit électronique et thermomètre mouillé. Par ailleurs, ce type de ther-
compteur ou enregistreur, et thermomètres à momètre doit être protégé contre le rayonnement,
thermocouple avec voltmètre, avec ou sans tout en ayant une ventilation suffisante pour
enregistreur. obtenir une indication vraie du thermomètre
mouillé. Si la vitesse du vent est supérieure à
Les applications particulières déterminent le 0,5 m s–1, on pourra utiliser un écran du type de
modèle qui convient le mieux. Par exemple, les celui qui sert pour la mesure de la température de
observations directes se font très bien avec un l’air. Pratiquement, l’écran pour thermomètre
thermomètre à mercure en verre, tandis que les mouillé est fixé juste au-dessous de l’écran uti-
enregistrements continus peuvent se faire avec lisé pour le thermomètre servant à mesurer la
une sonde à résistance ou un thermocouple. température de l’air.
Les thermographes qui fournissent un enregistre- Si les mesures des températures des thermomètres
ment continu de température se composent, en secs et mouillés sont faites avec une précision de
général, d’un thermomètre à mercure en acier, l’ordre de ± 0,3 °C, l’humidité relative est obtenue
immergé dans l’eau, relié à un enregistreur circu- avec une précision de ± 7 % pour des températures
laire ou à un cylindre par un tube de Bourdon. modérées, ce qui est suffisant pour déterminer la
L’installation des thermographes doit être faite tension de vapeur d’eau dans l’air.
soigneusement afin que la température mesurée
soit bien celle de l’eau (Herschy, 1971).
Vent
Dans le cas de stations automatiques où les mesures La mesure de la vitesse du vent doit être effectuée
(qui comprennent généralement d’autres variables) à une hauteur de deux mètres au-dessus de la
sont enregistrées sur bande magnétique ou trans- surface de l’eau, près du centre du réservoir. On
mises par fil ou par radio, on emploie très souvent utilise en pratique un radeau ancré sur lequel sont
des thermomètres à résistance de platine ou à ther- fixés les appareils nécessaires.
mistances. Comme ils n’ont aucune partie mobile,
ils sont plus fiables et fournissent des mesures plus N’importe quel type d’anémomètre capable de
exactes avec une plus grande sensibilité. Le capteur mesurer ou d’enregistrer à distance fournira des
est généralement monté dans un circuit du genre indications suffisantes sur la vitesse moyenne
pont de Wheatstone, avec un amplificateur élec- journalière du vent. Les anémomètres à trois
tronique qui fournit un signal de sortie convenable coupelles ou à ailettes sont ceux qui conviennent
pour l’enregistrement ou la transmission. le mieux pour l’enregistrement à distance.
L’exactitude obtenue avec ce type d’instrument est
En général, la précision nécessaire d’une mesure de de l’ordre de ± 0,5 m s–1, ce qui est suffisant pour
température de l’eau est de ± 0,1 °C, sauf pour des les mesures relatives à l’évaporation.
usages particuliers où l’on peut avoir besoin d’une
plus grande exactitude. Cependant, dans bien des Si on utilise un anémomètre totalisateur, le
cas, une précision de ± 0,5 °C est suffisante, et bien compteur devra être relevé à intervalles réguliers,
souvent les résultats statistiques de températures de préférence quotidiennement. Si l’anémomètre
sont arrondis au degré Celsius le plus proche. est à contact électrique, on doit lui adjoindre un
Ainsi, il est important de préciser les besoins enregistreur, ce qui peut être réalisé au moyen
opérationnels, de façon à choisir le thermomètre d’un marqueur électrique d’événement en marge
le mieux adapté. de la courbe de température.
CHAPITRE 4. ÉVAPORATION, ÉVAPOTRANSPIRATION ET HUMIDITÉ DU SOL I.4-7
l’évaporation, du fait de la couverture spatiale pour assurer dans le temps les observations est
qu’elle permet. substantiel. Il en résulte que la méthode du bilan
hydrologique et l’utilisation des bacs d’évaporation
sont plus courantes. La méthode du bac d’évapora-
Mesure par télédétection des paramètres de
tion est la moins coûteuse et fournit, souvent, de
l’évapotranspiration
bonnes estimations de l’évaporation annuelle. Le
Des chercheurs (par exemple, Bastiaanssen et al., choix d’une approche dépend cependant du degré
1998; Choudhury, 1997; Granger, 1997) ont utilisé, de précision souhaité. Comme l’aptitude à évaluer
récemment, des données satellitaires pour estimer les paramètres des budgets hydrologique et éner-
l’évapotranspiration réelle régionale. Plusieurs gétique augmente, il en sera de même pour les
paramètres importants dans l’estimation de l’éva- estimations de l’évaporation.
potranspiration sont obtenus par la mesure, par
télédétection d’un rayonnement électromagnétique
4.2.2 Bilan hydrologique
de longueur d’onde donnée, émis ou réfléchi à
partir de la surface de la Terre. La radiation solaire La méthode, est basée sur l’équation de continuité
incidente, l’albédo et la température de surface et peut être utilisée pour le calcul de l’évaporation:
peuvent être estimés à l’aide des mêmes mesures
satellitaires que celles décrites dans la section 4.1.3. E = I – O – DS (4.2)
L’humidité du sol peut être estimée par la mesure
des micro-ondes émises ou reçues par le sol (émis- avec E = évaporation, I = flux entrant, O = flux
sion et réflexion, ou rétro diffusion depuis le sol). Il sortant, ΔS = variation du stock.
y a, cependant, des incertitudes dans ces estima-
tions dues aux facteurs déjà signalés comme la En ajoutant les indices s et g aux différents termes
rugosité de la surface et le couvert végétal. de l’équation 4.2 pour distinguer, respectivement,
les flux de surface et les flux souterrains, l’équation
À l’avenir, l’approche la plus pratique pour la télé- devient:
détection consistera en des observations répétées
dans le visible, le proche infrarouge, l’infrarouge Es = P + R1 – R2 – Rg – Ts – F – DSs (4.3)
thermique et les micro-ondes. Les éléments pour la
détermination du flux de chaleur seront mesurés avec Es = évaporation du réservoir, P = précipitation,
par les satellites EOS. Le flux de chaleur latente ne R 1 = écoulement superficiel entrant dans le
peut pas être mesuré directement mais EOS fournira réservoir, R2 = écoulement superficiel sortant du
une certaine capacité d’échantillonnage. En outre, réservoir, Rg = entrée d’eau souterraine, Ts = pertes
les futurs programmes tels que EOS, devraient par transpiration, F = infiltration (ou fuites) et
fournir les données nécessaires pour l’évaluation de ΔSs = variation du stock.
l’évapotranspiration aux échelles locale, régionale
et globale. Si Os = (Rg – F) est l’échange net souterrain et que le
terme de transpiration Ts est nul, l’équation 4.3
devient:
partir de la conductivité hydraulique du fond du lac longueurs d’onde provenant de l’atmosphère, Qar le
et du gradient hydraulique. Néanmoins, il faut rayonnement réfléchi de grandes longueurs d’onde,
reconnaître que la méthode du bilan hydrologique Qbs le rayonnement de grandes longueurs d’onde
se révélera plus efficace quand elle est appliquée à émis par la masse d’eau, Qv l’énergie nette transmise
un lac relativement imperméable où les fuites par advection (entrées et sorties) dans la masse
souterraines sont négligeables comparativement à d’eau, Qe l’énergie consommée par l’évaporation,
la valeur de l’évaporation. Qh l’énergie transmise par convection par la masse
d’eau sous forme de chaleur sensible, Qw l’énergie
Pour évaluer ΔSs, une courbe précise surface-capa- transmise par advection par l’eau évaporée.
cité du lac doit être disponible. Même avec ces
données, le stockage dans les rives peut introduire Tous les termes de l’équation 4.5 sont en watt par
une erreur dans le bilan hydrologique. Cependant mètre carré par jour (W m–2jour). La chaleur dégagée
si on néglige ce stockage des rives, le bilan hydrolo- par les processus chimiques et biologiques est
gique ne sera pas utilisable pour un cycle annuel. négligée car il s’agit d’un transfert se produisant à
l’interface eau-sol. La transformation d’énergie
Bien qu’il soit théoriquement possible d’utiliser cinétique en énergie thermique est également
cette méthode pour estimer l’évaporation sur toutes négligée. Ces facteurs sont, généralement, quantita-
les surfaces libres, elle est généralement imprati- tivement très faibles par comparaison avec les
cable, à cause des erreurs dans la mesure des autres termes du budget si on s’intéresse à de grands
différents paramètres. L’évaporation estimée par réservoirs. Leur omission a donc peu d’effet sur la
cette méthode est le terme résiduel du bilan, et peut fiabilité des résultats.
donc être entachée d’erreurs considérables s’il est
petit relativement aux autres paramètres. Chaque terme de l’équation du bilan d’énergie est
mesuré directement ou calculé à l’aide de relations
En résumé, la méthode est difficile et imprécise, connues. La procédure pour évaluer chacun d’entre
dans la plupart des conditions, particulièrement eux est décrite ci-dessous.
pour de courtes périodes de temps. Quelques-uns
des paramètres les plus difficiles à mesurer sont la Les termes pouvant êtres mesurés sont Qs, Qr et Qa
variation du stockage, les pertes par percolation, les et le bilan radiatif net est donné par:
flux souterrains et advectifs.
Rf = Qs – Qsr + Qa – Qar – Qbs (4.6)
4.2.3 Bilan énergétique
Toutes les valeurs ci-dessus sont exprimées en
La méthode du bilan d’énergie est une application W m–2.
de l’équation de continuité écrite en termes
d’énergie. Elle a été employée pour calculer l’évapo- La description détaillée des instruments et techniques
ration à partir des océans et des lacs, par exemple au de mesure concernant les éléments mentionnés est
réservoir Elephant Butte au Nouveau-Mexique donnée dans les sections 4.1.3, 4.1.4 et 4.1.5 ou dans
(Gunaji, 1968). Dans l’équation, les entrées et le Guide des instruments et des méthodes d’observation
sorties d’énergie sont équilibrées par la quantité météorologiques (OMM-N° 8).
d’énergie stockée dans le système. La précision des
estimations obtenues par cette méthode dépend Pour le rayonnement réfléchi de grande longueur
fortement de la fiabilité et de la précision des d’onde (Qar), il est admis que la surface de l’eau
données mesurées. Dans de bonnes conditions, on réfléchit environ 3 % du rayonnement de grandes
peut s’attendre à des erreurs moyennes de l’ordre de longueurs d’onde qu’elle reçoit.
10 % pour les périodes estivales et de 20 % les mois
d’hiver. Pour calculer le rayonnement émis par la surface de
l’eau (Qbs), on applique la loi de Stefan-Boltzmann
L’équation du bilan d’énergie pour un lac peut être sur le rayonnement d’un corps noir, avec un coeffi-
écrite sous la forme (Viessman et al., 1989): cient d’émissivité de 0,970 pour l’eau. L’équation
pour le calcul du rayonnement émis par la surface
Q0 = Qs – Qr + Qa – Qar – Qbs + Qv – Qe – Qh – Qw (4.5) de l’eau est:
(5,67 x 10–8 W m–2 °K–4) et θ la température de la que la chaleur spécifique sont considérées égales à
surface de l’eau en °K. Pour le calcul, la température l’unité pour la plage des températures de ces volumes
de la surface de l’eau, prise près du centre du réser- d’eau. Le produit de la température par le volume
voir, est déterminée pour chaque période d’étude. donne la quantité d’énergie pour chaque volume, en
Elle est convertie en °K et le rayonnement moyen joules (énergie nette d’advection, Qv). La différence
émis par la surface de l’eau est calculé pour la entre les quantités d’énergie calculées pour l’eau
période et exprimé en W m–2. stockée d’après les relevés des températures effectués
au début et à la fin de la période d’étude détermine la
L’énergie thermique stockée dans la masse d’eau à variation d’énergie stockée (Q0).
une date donnée est calculée à partir d’un relevé des
températures effectué à cette date. Les températures Durant les mois d’hiver, lorsqu’une couche de glace
devraient être mesurées avec une exactitude de recouvre partiellement ou complètement le plan
0,1 °C, habituellement à des intervalles de deux d’eau, le bilan énergétique ne donne de bons résultats
semaines ou d’un mois. La masse d’eau du réservoir qu’occasionnellement, car il est difficile de mesurer
peut être séparée en plusieurs couches horizontales le rayonnement solaire réfléchi, la température de
de la surface au fond. Le volume d’eau de chaque surface de la glace et l’extension de la couche de
couche est déterminé d’après la relation hauteur- glace. Dans de nombreux cas, l’estimation de
volume du réservoir. Pour obtenir une température l’évaporation journalière basée sur le bilan d’énergie
moyenne pour le volume d’eau d’une couche déter- n’est pas possible, car une caractérisation fiable de la
minée, on fait la moyenne des résultats de toutes les variation de l’énergie stockée est impossible sur des
mesures de températures effectuées dans cette périodes aussi courtes. Des périodes d’une semaine
couche. ou plus sont mieux à même de donner des mesures
satisfaisantes.
La sommation des produits du volume par la tempé-
rature (en supposant une température de base de Dans l’approche par bilan d’énergie, il a été démontré
0 °C) fournit une valeur pour l’énergie totale à cette que les différentes variables ne demandent pas la
date. La masse volumique et la chaleur spécifique même précision de mesure. Par exemple, une erreur
sont considérées égales à l’unité pour la plage de d’à peine 2 % sur la mesure du rayonnement longues
température de l’eau dans le réservoir. Pour déter- ondes incidentes entraîne des erreurs de 3 à 15 %
miner l’énergie absorbée par l’évaporation Qe, il faut dans les estimations de l’évaporation mensuelle,
évaluer la variation de l’énergie stockée résultant du alors qu’elles ne sont que de 1 à 5 % pour une erreur
déplacement de l’énergie contenue dans les volumes de l’ordre de 10 % sur l’énergie solaire réfléchie. Pour
d’eau entrants et sortants du réservoir. Là encore, on déterminer l’évaporation par l’équation 4.5, on
prend habituellement 0 °C comme température de utilise couramment la relation suivante:
base pour effectuer les calculs. Les températures de
ces volumes d’eau sont déterminées d’après des Qh
B = (4.8)
observations ou des enregistrements (section 4.1.3) Qe
suivant la variation de température en fonction du
débit. Si la température de l’eau varie en fonction du où B est appelé rapport de Bowen (Bowen, 1926) et:
débit, la température moyenne du volume doit être
pondérée en fonction de ce débit. Les températures c pQ e (T e − T b )
de l’eau stockée dans les berges et de l’eau qui s’in- Qw = (4.9)
L
filtre sont supposées égales à la température annuelle
moyenne de l’air. On reconnaît que cette hypothèse où cp est la chaleur spécifique de l’eau (cal/g °C)
peut introduire des erreurs, mais celles-ci ne sont pas égale à 4186.8 J/kg °C, Te la température de l’eau
considérées comme importantes si l’apport par la évaporée (°C), Tb la température de base prise
surface constitue un facteur important du bilan d’habitude arbitrairement à 0 °C, et L la chaleur
hydrologique. latente de vaporisation (cal/g) égale à 2260 kJ/kg.
En introduisant cette expression dans l’équa-
Si les précipitations constituent un élément impor- tion 4.5 et résolvant par rapport à Qe, on obtient:
tant du bilan hydrologique, il faut tenir compte de
l’énergie fournie par ce volume d’eau. Dans ce cas, la Q s − Q r + Q a − Q ar − Q bs − Q o + Q v
Qe = (4.10)
température d’une précipitation liquide est supposée 1 + B + c p (T e − T b ) / L
être celle du thermomètre humide au moment de la
précipitation. Le calcul de l’énergie pour chaque Pour déterminer la hauteur d’eau évaporée par
volume est effectué dans le système centimètre- unité de temps, l’expression suivante peut être
gramme-seconde (CGS), et la masse volumique ainsi utilisée:
CHAPITRE 4. ÉVAPORATION, ÉVAPOTRANSPIRATION ET HUMIDITÉ DU SOL I.4-11
n ⎞ n
⎜ 0 ,9
⎛ ⎛ ⎞
S0 –
216 Évaporation dans l’atmosphère
R n = ⎜0 ,2 5 + 0 ,5 ⎟ + 0 ,1 ⎟
1,5 ⎝ N ⎠ ⎝ N ⎠ (4.16)
Δ/Δ ⎛0 ,3 4 – 0 ,1 4
⎝
ed ⎞⎠ σ T 4
1,0
Δ/(Δ + γ) où n/N est le rapport du nombre réel d’heures d’in-
solation sur le nombre d’heures d’insolation
0,5 maximal possible, S0 le rayonnement extraterrestre
(en MJ m–2 jour), ed la tension de vapeur d’eau réelle
dans l’air ambiant en mm de mercure, σ la constante
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
de Stefan-Boltzmann également exprimée en
Température (°C) évaporation équivalente en mm j–1 et T la tempéra-
ture absolue moyenne de l’air exprimée en degrés
Dépendance à la température de (γ/D) et
D/(D + γ) à 1000 mb Kelvin.
D’après Brutsaert (1982, figure 10.2)
Bien qu’il puisse être nécessaire d’utiliser cette
équation, il serait préférable d’utiliser les valeurs
mesurées du rayonnement solaire et du rayonne-
La constante psychrométrique γ pour une tempéra- ment de grandes longueurs d’onde.
ture de l’air exprimée en °C est la même que la
constante du rapport de Bowen, et est égale à Kohler et al. (1959) ont utilisé une approche
0,61 pour une pression de 1000 mb. Le rayonnement analogue dont une représentation graphique est
net Rn (en MJ m–2 jour) peut être estimé par l’équation donnée à la figure I.4.4. Les observations météoro-
suivante: logiques relatives au rayonnement solaire, à la
40 40
35
35 35
30
Température moyenne journalière de l’air (°C)
30 30
25
ur
25 25
0
20
jo
5
r
10
pa
C
15
c
et
n°
20
20 20 15 ba
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–10 –10
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40
7
30
20
6
10
0
5
4
3
2
1
0
Note: L’échelle pyrhéliométrique internationale, qui est entrée en vigueur aux États-Unis d’Amérique le
1er juillet 1957, fournit des valeurs inférieures de 2 % à celles obtenues auparavant. Pour les calculs basés
sur des données antérieures au 1er juillet 1957, il faut donc augmenter de 2 % la valeur du rayonnement.
température de l’air, au point de rosée et à la vitesse Des observations sur la température de surface de
du vent d’un anémomètre placé au niveau d’un bac l’eau du lac et la vitesse du vent à quatre mètres
de classe A sont nécessaires à l’application de cette au-dessus de la surface sont nécessaires pour l’appli-
méthode. En l’absence d’observation sur le rayon- cation de cette relation. Cette méthode ne permet
nement solaire, on peut estimer sa valeur à partir d’obtenir des estimations valables sur l’évaporation
des données d’insolation possible en pourcentage hebdomadaire ou mensuelle depuis un lac unique-
ou de données sur la nébulosité. L’évaporation ment si l’on effectue une évaluation de l’énergie
depuis un lac, calculée selon cette méthode, sur de transmise par advection et de la variation de
courts intervalles, n’a de valeur que pour des lacs l’énergie stockée.
très peu profonds où les apports advectifs d’énergie
sont faibles ou nuls. Dans le cas de lacs plus profonds
4.2.6 Extrapolation à partir de mesures
et d’apports advectifs d’énergie non négligeables
sur bac [SHOFM C46]
attribuables aux écoulements entrants et sortants, il
faut corriger l’évaporation calculée en tenant Les caractéristiques des bacs enterrés ou hors sol
compte de l’énergie nette transmise par advection, influencent leur mesure de l’évaporation. Les bacs
et de la variation de l’énergie stockée dans la masse enterrés dans le sol peuvent avoir des fuites non
d’eau du réservoir. Ces facteurs sont détaillés dans détectées, des débris divers peuvent s’accumuler à la
la méthode du bilan énergétique exposée dans la surface de l’eau, et les conditions de contact avec le
section 4.2.3. Il faut cependant considérer que sol sont différentes de ce qu’elles sont dans un lac
l’évaporation ne consomme ni toute l’énergie de grande superficie. Les bacs placés au-dessus du
transmise par advection, ni toute la variation sol sont exposés à des échanges de chaleur par leurs
d’énergie stockée. La portion de cette énergie ainsi parois latérales, et à d’autres effets qui n’existent
consommée peut être déterminée à partir d’une pas dans les lacs. Les bacs flottants sont sujets à des
relation telle que celle exposée dans la figure I.4.5. rejaillissements d’eau de l’extérieur vers l’intérieur
0,9 0,9
r
j ou
r ar
ou sp
0,8 a rj ue 0,8
sp u tiq
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tiq
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10 1 2 40 00 us d
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Vit
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0,4 0,4
60
40
40
0,3 0,3
20 20
0,2 0,2
10 10
0,1 0,1
Figure I.4.5. Proportion d’énergie advectée dans un lac, utilisée pour l’évaporation
I.4-14 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
et vice versa, et leur installation ainsi que leur rivage du bac, dans la direction moyenne du vent
exploitation sont coûteuses. (fetch).
Les bacs ont beaucoup moins de réserve de chaleur Il ne faut déterminer le rapport β/γ que pour des
que les lacs et ont tendance à fournir un cycle étendues d’eau situées dans la toundra, en forêt ou
d’évaporation annuel différent de celui des lacs, les dans les steppes boisées, et lorsque le bac est
évaporations extrêmes s’y produisant plus tôt dans la implanté à moins de 500 mètres du rivage. Dans
saison. Des estimations fiables de l’évaporation tous les autres cas, ce rapport est supposé égal à 1.
annuelle depuis un lac peuvent être obtenues en Pour les étendues d’eau de forme approximative-
multipliant l’évaporation annuelle depuis un bac par ment ronde ou carrée, β est déterminé en fonction
un coefficient lac-bac convenable. Ces estimations de la superficie au moyen du tableau I.4.1.
ne seront toutefois fiables seulement si l’on peut
supposer que, sur une année, tout apport advectif Tableau I.4.1. Détermination de β
d’énergie dans le lac est compensé par une variation
de la réserve de chaleur. Le coefficient lac-bac pour Surface de la
un bac donné est déterminé par comparaison avec masse d’eau 0,01 0,05 0,1 0,5 1,0 2,0 5,0
l’évaporation réelle depuis le lac, si elle est connue, (km2)
ou plus couramment par comparaison avec Facteur de
l’évaporation depuis un bac de dimension suffisante 1,03 1,08 1,11 1,18 1,21 1,23 1,26
correction β
pour simuler les conditions d’un lac (bacs enterrés de
quatre mètres de diamètre ou plus). Le coefficient
d’un bac donné dépend également, dans une certaine Pour les étendues d’eau de forme irrégulière (forme
mesure, du régime climatique, c’est-à-dire qu’il ne allongée avec des îles et des golfes), la superficie à
sera pas le même dans les régions arides que dans les introduire est celle d’un cercle virtuel dont le
régions humides. Pour qu’un bac d’évaporation diamètre serait égal à une distance moyenne l,
puisse fournir une indication valable de l’évaporation pondérée d’après la fréquence de la direction du
d’un lac, il faut qu’il soit exposé de façon à être vent en pourcentage suivant les huit points de la
protégé des effets environnementaux du lac. Une rose des vents. La distance pondérée peut être
exposition convenable consisterait à placer le bac calculée au moyen de l’équation:
près du lac, mais sur la rive exposée aux vents
i=8
dominants. Une île ne constituerait pas une 1
l= i ∑l N (4.18)
exposition satisfaisante. 1 0 0 i=1 i i
que celle de l’air, et la valeur du coefficient peut l’énergie stockée tel que décrit dans la section 4.2.3.
atteindre 0,80 ou plus. Dans les zones arides et Il est utile de disposer d’un bac d’évaporation près
pendant les saisons sèches, la température de l’eau d’un lac ou d’un réservoir comme source de données
du bac est inférieure à celle de l’air, et la valeur du de remplacement en l’absence d’autres données
coefficient peut tomber à 0,60 voire moins. Aussi météorologiques et pour aider à vérifier les estima-
admet-on que si l’eau et l’air sont à températures tions faites selon les méthodes aérodynamiques et
égales on peut appliquer au coefficient une valeur de celles du bilan énergétique.
0,70. Les relations concernant l’estimation de l’éva-
poration depuis un lac par correction des valeurs de
4.2.7 Formules empiriques
l’évaporation obtenues avec un bac de classe A pour
tenir compte des gains et pertes de chaleur par les Les méthodes du bilan énergétique et du transfert
parois sont fournies aux figures I.4.7 et I.4.8. En de masse, bien que théoriquement intéressantes,
raison de la variation importante de la vitesse du demandent des données qui pour de nombreuses
vent en fonction de l’altitude, l’utilisation de études ne sont pas facilement disponibles. En outre,
hauteurs normalisées pour les instruments est essen- dans de nombreux cas, l’acquisition de telles
tielle dans les stations équipées d’un bac de classe A. données par une instrumentation du lac est écono-
miquement discutable. On est ainsi conduit à
Pour obtenir des estimations de l’évaporation d’un utiliser des formules empiriques pour l’estimation
lac pendant de courts intervalles au moyen d’un de l’évaporation. De nombreuses formules ont été
bac, il est également nécessaire d’évaluer l’énergie développées dans ce but (Mutreja, 1986), basées soit
nette transmise par advection et la variation de sur le bilan énergétique, soit sur le transfert de
0,9 0,9
0,8 0,8
0
35
0,7 0 0,7
17 ur
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0,2 0,2
0,1 0,1
Figure I.4.7. Proportion d’énergie advectée dans un bac de classe A, utilisée pour l’évaporation
I.4-16 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
220 11
16
200 15 10
14
Altitud
180 9
Vitesse du vent au niveau du bac en miles nautiques par jour
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masse. Cependant, la plupart des équations sont E(cm jour–1) = 0,0918U8(es – e8) (4.20)
basées sur l’équation aérodynamique 4.14.
E(cm jour)–1 = 0,1156U4(es – e2) (4.21)
Quelques-unes des formules empiriques les plus
courantes, utilisées pour l’estimation de l’évapora- Formule de Kuzmin, ex-URSS (Kuzmin, 1957) –
tion à partir de la surface d’un lac, sont données réservoirs de surface > 20 – 100 m
ci-dessous:
E(cm mois–1) = 15,24 (1 + 0,13Us) (es – ea) (4.22)
Formule de Penman, Royaume-Uni – petits réservoirs
(Penman, 1948) Formule de l’United States Geological Survey, des
États-Unis d’Amérique et du Bureau of Reclamation
E(cm jour–1) = 0,89 (1 + 0,15U2) (es – ea) (4.19) (USGS, 1977)
où es est la pression de vapeur saturante à la tempé- L’évapotranspiration est l’un des sujets de recherche
rature de la surface de l’eau (cm Hg –1) et ea la les plus populaires dans le domaine de l’hydrologie
pression de vapeur réelle (cm Hg–1). et de l’irrigation. De nombreuses procédures ont été
développées pour estimer l’évapotranspiration.
Dans les équations précédentes, sauf indication Elles peuvent être classées dans les catégories
contraire, la vitesse du vent (U) est en km h–1 et la suivantes: a) méthode du bilan hydrologique avec
pression de vapeur en cm de mercure. En outre les évapotranspiromètres, bilans hydrauliques sur des
indices attachés à ces termes renvoient à la parcelles expérimentales et suivi de la baisse de
hauteur en mètres à laquelle les mesures doivent l’humidité du sol; b) bilan énergétique; c) transfert
être faites. De même, le terme de pression de de masse avec mesure de la vitesse du vent, du
vapeur est fréquemment pris égal à la tension de flux turbulent et observation sur des enclos;
vapeur saturante à la température moyenne d) combinaison du bilan énergétique et du transfert
pendant l’intervalle de mesure. de masse comme dans la méthode de Penman;
e) prévision à partir de formules empiriques ou de
Les équations requièrent la température de surface données de bac d’évaporation et f) méthodes pour
de l’eau, laquelle est très difficile à mesurer. Si ce des cultures spécifiques. Elles sont décrites dans le
terme est remplacé par la température moyenne National Handbook of Recommended Methods for
de l’air, alors les effets des échanges d’énergie Water Data Acquisition (USGS, 1977).
advective vers le lac ne sont pas pris en compte.
Comme une petite erreur de température induit Dans ce contexte, Thornthwaite et Holzman (1941)
de grandes erreurs dans les calculs, les quantités ont introduit le terme «évapotranspiration poten-
d’eau évaporées calculées peuvent être entachées tielle». Elle est définie comme l’évapotranspiration
d’erreurs considérables. De plus, la vitesse du qui se produit lorsque le sol contient toujours assez
vent et la pression de vapeur doivent être mesu- d’eau de telle sorte que son humidité ne soit pas un
rées aux hauteurs spécifiées dans l’équation facteur limitant du processus. Les méthodes de
utilisée. Il est, habituellement, difficile de corriger prévision estiment l’évapotranspiration potentielle.
les données collectées à des hauteurs différentes Ceci peut être fait par la plupart des autres méthodes
car ni une loi précise pour le vent, ni des lois liant disponibles en estimant l’évapotranspiration réelle
la variation d’humidité avec la hauteur ne sont dans des conditions où l’eau est toujours disponible
disponibles actuellement. en quantité suffisante. L’évapotranspiration réelle
est obtenue à partir de l’évapotranspiration poten-
La raison principale de l’utilisation de ces tielle en utilisant une fonction simple, f(φ), de
formules empiriques tient au fait qu’elles sont l’humidité du sol, (Saxton et al., 1986):
simples à mettre en œuvre avec les données
météorologiques standard disponibles. Il faut λEactuel = f(φ)* λE (4.25)
néanmoins avoir clairement conscience de leurs
limites. où λEactuel est l’évapotranspiration réelle et où la
fonction de l’humidité du sol est une variable
adimensionnelle obtenue par un modèle linéaire
simple. La fonction d’humidité du sol est définie par:
4.3 ÉVAPORATION DES BASSINS
HYDROGRAPHIQUES [SHOFM I50] f(φ) = M/Capacité au champ (4.26)
approximations, l’équation du bilan énergétique Dans les pays de la CEI, la méthode de Konstantinov
peut être réécrite ainsi: (Konstantinov, 1966) est appliquée pour l’estima-
tion de l’évaporation d’après des mesures de la
LE = Rn – B (Ts – Ta)i + A (4.28) température et de l’humidité de l’air au psychro-
mètre sous abri, à deux mètres au-dessus du sol.
où LE est le flux de chaleur latente (évapotranspi- Cette méthode est principalement applicable au
ration, ET), Ts la température de surface estimée calcul de l’évapotranspiration moyenne mensuelle,
à distance, disons à partir d’un satellite équipé saisonnière ou annuelle à long terme.
d’un capteur IR thermique, Ta la température de
l’air obtenue à une station météorologique proche,
4.3.5 Méthode de Penman-Monteith
l’indice i représente l’observation «instantanée»
par le satellite au-dessus de la région étudiée, et A et L’équation de combinaison 4.14 représente le bilan
B des constantes dépendant de sa localisation énergétique à la surface d’une étendue de terre et le
(Caselles et Delegido, 1987). En pratique cependant, transfert de vapeur d’eau et de chaleur entre la
A et B varient en fonction d’un large éventail de surface et l’atmosphère. La méthode de Penman-
facteurs météorologiques et de surface (Bailey, 1990). Monteith (Monteith, 1965) introduit les notions de
Cette expression et celles qui en dérivent ont été résistance aérodynamique et de résistance de la
testées et elles produisent des estimations raison- surface. Par la première il est tenu compte des effets
nables de l’ET journalière (Brunel, 1989; Kerr et al., de la rugosité de la surface sur le transfert de chaleur
1987; Nieuwenhuis et al., 1985; Rambal et al., 1985; et de masse. La deuxième de ces notions permet de
Thunnissen et Nieuwenhuis, 1990; Riou et al., 1988). tenir compte de la résistance au transfert de vapeur
Bien que l’équation 4.28 demande peu de données et d’eau de la surface évaporante vers l’air. La résis-
soit facile à utiliser, elle rencontre des limites spatiales tance de la surface des étendues d’eau est nulle.
et temporelles à son application, et sa précision est Dans le cas où il y ait de la végétation, la résistance
faible, spécialement en présence d’une couverture de la surface constitue le facteur biologique limitant
nuageuse si on utilise un satellite IR thermique pour la transpiration et dépend en grande partie de la
obtenir Ts (Bailey, 1990). résistance stomatique. Pour un sol qui s’assèche, la
résistance de la surface dépend de la disponibilité
Selon l’OMM, l’Allemagne utilise les données de l’humidité dans le sol. Cette méthode peut être
NOAA AVHRR comme entrée des modèles numé- utilisée sur une base horaire ou journalière. Son
riques d’évaporation pour de petites surfaces utilisation est cependant restreinte, parce qu’elle
agricoles. Les données satellites comprennent la exige des sous-modèles pour la résistance de la
végétation, les gradients de température de surface surface.
du sol, l’humidité du sol, les variations diurnes de
température et l’irradiance solaire. L’extrapolation L’équation de Penman-Monteith s’écrit:
des résultats du modèle doit être testée (OMM,
1992a). lE = (DD + CprD / raa) / (D + g + g (rcs / raa)) (4.29)
Dans certains pays, l’évapotranspiration est estimée lEc = (DD( – As + rcpD0/rca)/(D + g(l + rcs/rca)) (4.31)
par des méthodes empiriques: la méthode de Penman
et la formule de Thornthwaite. La méthode de où As est l’énergie du sol disponible, D0 le déficit de
Penman convient aux conditions d’humidité suffi- pression de vapeur dans la canopée, rsa la résistance
sante, et la formule de Thornthwaite (Thornthwaite aérodynamique entre le substrat et la hauteur de la
et Holzman, 1941) est appliquée aux régions dont les canopée, rca la résistance de la couche limite de la
conditions climatiques sont similaires à celles de la végétation et rss la résistance du sol. La résistance
partie centrale de la côte atlantique des États-Unis aérodynamique au dessus de la canopée (raa) et la
d’Amérique, où cette formule a été mise au point. résistance aérodynamique entre le substrat et la
I.4-20 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
hauteur de la canopée (rsa) sont fonction de l’index conditionne davantage l’évaporation que les phéno-
foliaire, de la constante de décroissance de la diffu- mènes d’advection. Si l’air reste saturé au contact de
sivité turbulente, du coefficient de rugosité de la la surface humide, le transfert de chaleur latente
végétation (fonction de la hauteur de la végétation), (évaporation) peut être exprimé par l’équation:
du plan de vitesse nulle (fonction de la hauteur de
la végétation), de la hauteur de référence au dessus
λE=
⎛ ε ⎞
( Q*− G ) (4.41)
de la canopée où les mesures météorologiques sont ⎝ε + 1⎠
disponibles, de la vitesse du vent, de la constante de
Karman et du coefficient de rugosité du substrat. D0 où Q* est le rayonnement net disponible, G le flux
est déduit de l’analogue de la loi d’Ohm pour les de chaleur du sol et ε égal à sλ/cp, s étant la pente de
différences de pression de vapeur et de température la courbe d’humidité spécifique de saturation, λ la
entre la canopée et la hauteur de référence au-dessus chaleur latente de vaporisation et cp la chaleur
d’elle, où les flux sortant de la végétation sont spécifique de l’eau.
mesurés. D0 est fonction du déficit de pression de
vapeur à la hauteur de référence D: L’équation suivante a été proposée pour l’évapo-
ration à l’équilibre:
D0 = D + (DD – raalEc(D + g))/rcp (4.32)
λ E= α
⎛ ε ⎞ ( Q* − G ) (4.42)
et D peut ainsi être substitué à D0 dans les équations ⎝ ε + 1⎠
de combinaison. L’évaporation totale à partir d’une
culture, lE, dans le modèle Shuttleworth-Wallace α étant une constante empirique égale à 1,26. Cette
est la somme des équations combinaison de expression est utilisée pour l’estimation de l’évapo-
Penman-Monteith avec D substitué à D0: ration potentielle en l’absence d’advection locale.
Elle fournit également une bonne estimation de
lE = CcPMMc + CsPMs (4.33) l’évaporation d’une végétation bien arrosée, mais
non mouillée, pour des régions beaucoup plus
où PMc représente l’évaporation à partir de la petites.
canopée fermée, et PMs l’évaporation à partir du sol
nu. Les nouvelles équations de Penman-Monteith
4.3.7 Méthode complémentaire
ont la forme:
La méthode complémentaire, proposée pour la
( Δ Δ + ( ρ ρ p D − Δ rca A s ) / ( raa + rca ))
P Mc = (4.34) première fois par Bouchet (1963), est de plus en
( Δ + γ (1 + rcs / ( raa + rca ))) plus utilisée pour des applications hydrologiques
touchant de grandes régions parce qu’elle ne
( Δ Δ + ( ρ ρ p D − Δ rsa A s ) / ( raa + rsa )) fait essentiellement intervenir que des données
P Ms = (4.35)
( Δ + γ (1 + rss / ( raa + rsa ))) climatiques ordinaires.
Les coefficients Cc et Cs sont des équations de Dans cette méthode, il est considéré que l’évapo-
combinaisons de résistance: ration potentielle est autant l’effet que la cause de
l’évaporation réelle. La chaleur et l’humidité déga-
Cc = l/(l + RcRa/(Rs(Rc + Ra))) (4.36) gées par la surface modifient la température et
l’humidité de l’air sus-jacent. Bouchet a suggéré
Cs = l/(l + RsRa/(Rp(Rs + Ra))) (4.37) que l’accroissement de l’évaporation potentielle
observé lorsqu’une région s’assèche peut être
où utilisé comme mesure du taux réel d’évaporation.
modifiée et celle qui est au-delà, Q devrait être tout point de flétrissement déterminent l’apport du sol
juste égal à l’accroissement de λEp, l’évaporation à l’évapotranspiration. Le drainage de la partie
potentielle pour la région qui s’assèche. supérieure du sol est pris en compte. En revanche
la remontée d’eau à partir de la zone saturée
Ainsi: n’est pas prise en compte, ce qui peut causer une
surestimation du stress hydrique entre deux irriga-
λEp – λEpo = Q (4.44) tions. Dans la procédure FAO-56, le stress hydrique
est expliqué par la réduction de la valeur de Ks.
et, par conséquent:
4.3.9 Scintillomètre à grande ouverture
E + Ep = 2 Epo (4.45)
L’estimation de l’évapotranspiration réelle par la
Dans la plupart des applications de la relation méthode du bilan énergétique nécessite la connais-
complémentaire (Morton, 1982), on a cherché à sance du flux de chaleur sensible. Selon la théorie
trouver des expressions convenables pour Ep et Epo. de similitude de Monin-Obukhov, le flux de chaleur
Ces éléments peuvent être estimés respectivement sensible H est relié au paramètre de structure de la
au moyen de l’équation 4.15 et de la méthode de température CT2. Le scintillomètre à large ouverture
Priestley-Taylor (section 4.3.6). L’approche ne tient est un instrument collectant les valeurs moyennes
pas compte de l’advection, et l’on suppose que Q de CT2 (de Bruin et al., 1995). Le scintillomètre se
reste constant. De plus, il n’est pas tenu compte de compose d’un émetteur avec une source lumineuse,
l’échange vertical d’énergie, c’est-à-dire des masses et d’un récepteur qui analyse les fluctuations de la
d’air apportées par les systèmes météorologiques à turbulence dues aux variations de l’indice de réfrac-
grande échelle. tion de l’air. Ces fluctuations sont dues aux
changements de température et d’humidité causés
par les tourbillons de chaleur et d’humidité le long
4.3.8 Coefficient cultural et méthode de
du trajet du rayon lumineux. Des données supplé-
l’évapotranspiration de référence
mentaires de température, de pression et d’humidité
En 1998, le rapport Crop evapotranspiration – sont nécessaires pour le calcul des paramètres carac-
Guidelines for computing crop water requirements térisant l’indice de réfraction. Cela peut alors être
(FAO-56 report) a proposé une nouvelle norme converti en flux de chaleur sensible. À cause des
pour l’évapotranspiration des cultures de référence effets du vent, bien que la mesure se fasse le long du
utilisant les méthodes de Blaney-Criddle, de trajet lumineux, la technique du scintillomètre
Penman, de rayonnement et de bac d’évaporation. donne en fait une estimation de H sur une surface.
L’approche FAO-56 (FAO, 1998; Allen 2000) calcule La méthode constitue donc un niveau intermédiaire
d’abord une évapotranspiration de référence (ETo) entre les mesures à l’échelle du terrain et les estima-
pour de l’herbe ou une culture de luzerne de réfé- tions par télédétection sur de grandes surfaces.
rence, et la multiplie ensuite par un coefficient
cultural empirique (Kc) pour avoir une estimation
de l’évapotranspiration potentielle d’une culture
donnée (ETc). Ce calcul utilise une approche duale 4.4 RÉDUCTION DE L’ÉVAPORATION
du coefficient cultural comprenant un calcul
séparé de la transpiration et de l’évaporation se
4.4.1 À partir des surfaces libres
produisant après un épisode pluvieux ou une
irrigation. L’évaporation à partir d’une surface d’eau entière-
ment libre est essentiellement fonction de la vitesse
La méthode FAO-56/Penman-Monteith calcule et du déficit de saturation de l’air circulant à sa
l’évapotranspiration de référence à partir du surface, ainsi que de la température de l’eau. Les
rayonnement net de la culture, du flux de chaleur pertes par évaporation seront limitées à une valeur
du sol, de la température de l’air, de la vitesse du minimale par:
vent et du déficit de pression de vapeur saturante. a) L’exposition de la plus faible surface d’eau possible.
Le coefficient cultural est déterminé à partir d’un Ce qui veut dire que les rivières et les réservoirs
coefficient de réduction du stress (Ks), d’un coeffi- devraient être plutôt profonds que large;
cient cultural de base (K cb) et du coefficient b) La couverture de la surface de l’eau;
d’évaporation de l’eau du sol (K e). La courbe c) Le contrôle de la croissance des plantes
donnant Kcb comporte quatre phases de croissance: aquatiques;
initiale, développement, mi-saison et fin de saison. d) La plantation d’arbres autour du réservoir pour
Les estimations de la capacité au champ et du servir de brise vent. Cependant, cette méthode
I.4-22 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
n’est jugée utile que sous certaines conditions, La réduction des points de contact entre les
pour de petits étangs; particules du sol réduira la remontée capillaire.
e) Le stockage de l’eau dans le sous-sol plutôt que Il a été constaté que le labourage s’avère
de créer des réservoirs de surface. Des problèmes nécessaire seulement pour tuer les mauvaises
physiques et légaux se posent alors pour pré- herbes et préparer le sol à l’absorption de l’eau,
server les eaux ainsi stockées de prélèvements et que le labourage profond est inefficace comme
indésirables; moyen de lutter contre la sécheresse ou d’accroître
f) Le développement de l’utilisation des eaux le rendement. Des expériences ont aussi montré
souterraines; que le binage ne fait pas que diminuer la quan-
g) Le fonctionnement intégré des réservoirs; tité d’eau du sol mais provoque aussi la perte de
h) Le traitement par des retardateurs chimiques de plus d’humidité que sur un sol nu non perturbé.
l’évaporation de l’eau. Dans des essais sur bac et sur le terrain il a aussi
été constaté que le binage par labour profond,
Les sept premières méthodes ci-dessus sont directe- à des intervalles hebdomadaires, ne réussit
ment et facilement compréhensibles. La dernière pas à préserver l’humidité du sol, mais que la
méthode en revanche requiert quelques explica- couche de surface peu épaisse créée par l’assè-
tions. Elle consiste à déposer un fluide à la surface chement rapide agit comme protection contre
de l’eau, de façon à former un film monomolécu- de nouvelles pertes. Depuis ces premières inves-
laire. Le problème, cependant, avec ce film, est qu’il tigations de nombreux autres résultats ont été
peut être endommagé par le vent et la poussière et publiés. Beaucoup de stations d’expérimenta-
qu’il est trop rigide alors pour être réparé. Des tion agricoles ont étudié ce problème avec des
produits chimiques comme l’hexadécanol (alcool conclusions similaires à celle mentionnées plus
cétylique) et l’octadécanol (alcool stéarique) haut. Diverses expériences ont aussi montré
peuvent bien sûr être utilisés à cette fin (Gunaji, que le binage du sol ne peut réduire les pertes
1965). d’humidité que si la nappe phréatique est
perchée ou permanente, pour que la remontée
Des études du Bureau of Reclamation montrent que capillaire atteigne la surface;
l’évaporation peut être réduite jusqu’à 64 % avec un b) Couverture avec du papier: la couverture du sol
film d’hexadécanol, pour un bac de 1,22 m de avec du papier pour réduire l’évaporation a été
diamètre et dans des conditions contrôlées. La largement utilisée à la fin des années 1920 mais
réduction réelle pour de grandes masses d’eau sera, l’est rarement actuellement. Il a été constaté, en
bien sûr, significativement plus faible à cause de la effet, que l’utilisation de ce procédé est limitée
difficulté à maintenir le film sous l’action du vent et à des surfaces réduites de sol, pour lesquelles
des vagues. Des réductions atteignant 22 à 35 % ont intervient aussi la condensation de l’eau sous le
été observées pour des petits lacs d’environ 100 ha, papier;
alors que des valeurs de 9 à 14 % sont données pour c) Altération chimique: au début des années 1950,
de grand lacs (La Mer, 1963). des expériences ont montré que l’altération
chimique des caractéristiques d’humidité du sol
En Australie des réductions de l’évaporation allant peut diminuer l’évaporation. L’adjonction de
jusqu’à 30 à 50 % ont été observées pour des lacs polyélectrolytes au sol diminue le taux d’évapo-
moyens d’une taille de l’ordre de 100 ha. Bien que ration et augmente la quantité d’eau disponible
l’utilisation de films monomoléculaires soit encore pour les plantes;
au stade de la recherche, quelques mesures de d) Gravillonnage: en Chine, cette méthode a été
contrôle de l’évaporation peuvent être toutefois utilisée pour un contrôle partiel de l’évapora-
basées sur cette technique. tion dans certaines zones arides.
Il existe différentes méthodes pour contrôler les 4.5 MESURE DE L’HUMIDITÉ DU SOL
pertes par évaporation à partir du sol (Chow, 1964). [SHOFM E55]
a) Binage: c’est une pratique séculaire de la culture
du sol pour le maintenir désagrégé en surface.
4.5.1 Généralités
En théorie, la désagrégation du sol en surface
facilite son assèchement et réduit sa cohésion Un immense réservoir d’eau douce existe sous la
(et donc le contact entre les particules du sol). surface de la terre. Ces eaux sous la surface du sol
L’assèchement rapide produit un sol sec qui agit peuvent être classées en humidité du sol, eau vadose
comme une couverture réduisant l’évaporation. et eaux souterraines peu profondes et profondes.
CHAPITRE 4. ÉVAPORATION, ÉVAPOTRANSPIRATION ET HUMIDITÉ DU SOL I.4-23
Les zones d’humidité du sol et d’eau vadose consti- pauvre en humidité. La mesure de l’humidité du sol
tuent ensemble la zone d’aération. La quantité est donc un élément important pour éviter à la fois
d’eau retenue sous forme d’humidité du sol à tout la surirrigation génératrice de gaspillage d’eau et de
moment est insignifiante si on la compare à toute lessivage des engrais, et la sous-irrigation condui-
l’eau disponible sur la Terre, mais elle est cruciale sant à un déficit hydrique.
pour les plantes et la production alimentaire, et
donc indispensable à la vie. L’humidité du sol est mesurée par deux sortes
de méthodes: quantitatives et qualitatives, qui
L’humidité du sol correspond à l’eau qui y est donnent une indication sur la force avec laquelle
retenue par attraction moléculaire. Les forces en jeu l’eau est retenue par les particules du sol.
sont des forces d’adhésion et de cohésion. Elles
s’opposent aux forces de gravité et à l’évaporation,
4.5.2 Méthodes quantitatives
ainsi qu’à la transpiration. La quantité d’eau de
l’humidité du sol à un instant donné est ainsi déter-
4.5.2.1 Méthode gravimétrique (dessiccation
minée par l’intensité et la durée des forces agissant
à l’étuve et pesée)
sur l’eau, ainsi que par l’humidité initiale.
La méthode gravimétrique est l’une des méthodes
Les sources naturelles d’eau du sol comme la pluie directes de mesure de l’humidité du sol. Elle consiste
ou la fonte de la neige sont, normalement, forte- à prélever un échantillon de sol (généralement
ment réduites en période de sécheresse. La 60 cm3), à le peser avant et après dessiccation, et à
morphologie, la pente et la rugosité de la surface du calculer sa teneur en eau. L’échantillon de sol est
sol affecteront son contenu en eau. En effet le ruis- considéré comme sec quand son poids reste constant
sellement de surface ou de subsurface, provenant de à la température de 105 °C. De nombreux types
parcelles plus élevées adjacentes au site étudié, peut différents d’instruments de prélèvement, d’étuves
alimenter l’humidité du sol alors que le ruisselle- et de balances spéciales ont été mis au point pour
ment, sur le site lui même, peut lui retirer de l’eau. l’application de cette méthode.
L’évaporation, l’évapotranspiration, la percolation
profonde au-delà de la zone racinaire sont d’autres La méthode gravimétrique est la plus exacte pour
facteurs de diminution de l’humidité du sol. mesurer l’humidité du sol, et sert à étalonner les
équipements utilisés dans toutes les autres méthodes.
C’est pourquoi l’humidité du sol doit être quanti- Toutefois, elle ne peut être employée pour obtenir
fiée pour donner avec précision la quantité d’eau un relevé continu de l’humidité en un point quel-
stockée dans le sol à un moment donné. À satura- conque du sol, puisqu’il est nécessaire de prélever les
tion, après une forte pluie ou la fonte des neiges, échantillons dans le sol pour effectuer les mesures en
une certaine quantité d’eau est libre de percoler vers laboratoire.
le bas du profil de sol. Cette eau excédentaire est
appelée eau de gravité. Elle peut s’infiltrer plus bas Prélèvement des échantillons
que les racines de certaines plantes. Il est important
ici de définir certains termes relatifs à l’humidité du La procédure de prélèvement d’un échantillon pour
sol. La capacité au champ est la quantité d’eau la méthode gravimétrique est différente selon que
retenue dans le sol après que l’eau de gravité s’est l’humidité doit être déterminée sur la base de la
écoulée. Le point de flétrissement permanent est masse de matière sèche de l’échantillon ou de son
la teneur en eau du sol pour laquelle la capacité volume. Pour déterminer l’humidité par rapport à
d’absorption des racines des plantes est contreba- la masse de matière sèche, l’échantillon peut être
lancée par la capacité de rétention du sol. La remanié. Ce n’est pas le cas pour la détermination
quantité d’eau correspondant à la différence entre du volume. Il est difficile de prélever des échan-
la capacité au champ et le point de flétrissement tillons lorsque le sol est très sec ou très humide et
permanent est généralement considérée comme qu’il est caillouteux, rocailleux ou qu’il contient des
l’eau disponible pour les plantes, bien que ces matériaux qui en rendent le découpage peu aisé par
dernières puissent aussi extraire de l’eau de gravité les appareils servant au prélèvement.
lorsqu’elle est disponible.
Les appareils et techniques utilisés pour le prélè-
La teneur en eau du sol est un élément clé pour la vement des échantillons doivent être conçus de
programmation de l’irrigation. La zone racinaire façon que les échantillons ne perdent ni ne gagnent
sert de réservoir à l’humidité du sol. Durant la d’humidité, et ne soient jamais altérés ou conta-
saison des pluies, la teneur en eau est élevée, mais, minés au cours du prélèvement ou du transport. Si
au moment de la récolte, le sol est généralement le prélèvement est effectué dans une couche sèche
I.4-24 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
en passant par une couche mouillée, on devra base de deux dents coupantes incurvées. Le cylindre
s’assurer que le matériel reste aussi sec que possible étant à parois pleines, l’échantillon ne risque pas
et éviter que l’eau de cette dernière couche ne d’être contaminé par les couches de terrain traver-
pénètre dans le trou et n’humidifie le terrain sec. Si sées lors du forage. Avec cet appareil, on obtient un
le terrain regorge d’eau, le contenu d’humidité bon échantillon représentatif, encore qu’il soit
mesuré sera probablement inférieur au taux réel, car remanié. Pour faciliter le prélèvement à des profon-
une certaine quantité d’eau pourra s’égoutter deurs supérieures à 1,50 m, on peut utiliser, si besoin
lorsque l’on retirera l’échantillon du sol, ou pourra est, des rallonges en tube d’aluminium de 19 mm de
en être expulsée par compression au cours de diamètre et de 0,9 m de longueur (figure I.4.10).
l’opération.
Pour prélever un échantillon selon cette méthode,
Dans le cas de sédiments secs, durs, à texture très on enfonce la tarière dans le sol en tournant la
fine, il est difficile d’enfoncer le cylindre de carot- poignée. Normalement, pour remplir le cylindre, il
tage ou de tourner la tarière. Lorsque l’on procède faut pénétrer de 80 mm environ dans la couche pour
au prélèvement de sédiments secs à texture gros- remplir la tarière. On retire alors l’appareil du sol et
sière, l’échantillon risque de s’échapper par on fait tomber l’échantillon en vrac dans un réci-
l’extrémité du cylindre ou de la tarière au moment pient, en frappant sur le cylindre avec un marteau de
où on le retire du sol. Il est très difficile de faire des caoutchouc.
prélèvements dans les terrains rocailleux, surtout
volumétriquement, la lame coupante de l’appareil Carottiers (figure I.4.9)
risquant, d’une part de heurter une pierre et, d’autre
part, parce que l’échantillon doit être d’un assez Le cylindre pour échantillonnage, la sonde de
grand volume. Il est également difficile d’effectuer carottage ou tout appareil de même type offrent un
des prélèvements dans les terrains encombrés de avantage certain, car ils permettent d’obtenir des
racines ou contenant d’autres matières organiques. échantillons volumétriques à partir desquels on
peut calculer le contenu d’humidité en volume. Le
Lorsqu’on utilise la méthode gravimétrique, la carottage fournit des échantillons exempts de toute
quantité de sol à prélever dans le cas d’un sol contamination si les appareils sont maintenus dans
contenant des graviers est beaucoup plus impor-
tante que pour les sols dépourvus de gravier, et
dépend de la taille et de la teneur du gravier.
L’humidité est déterminée en pourcentage
pondéral. Son produit par la densité apparente
donne un pourcentage volumique.
Procédure de laboratoire
un grand état de propreté. On ne doit jamais les
huiler et ils doivent toujours être protégés contre la Les échantillons de sol humides doivent d’abord
saleté, la rouille et l’humidité. Normalement, il faut être pesés individuellement dans leur récipient de
deux personnes pour effectuer les prélèvements en transport. Les récipients sont alors ouverts et placés
profondeur, celle-ci pouvant atteindre 20 mètres dans une étuve à 105 ± 0,5 °C. Pour les échantillons
(figure I.4.11). Il est recommandé que le volume de contenant de la tourbe ou une fraction importante
la carotte de sol soit au moins de 100 cm3. de gypse, la température dans l’étuve devrait être
maintenue à 50 ± 0,5 °C, ce qui requiert un séchage
La sonde ouverte comprend un cylindre de carot- plus long.
tage de 50 mm de diamètre intérieur et de 100 mm
de long, avec des rallonges de 25 mm de diamètre et Après séchage, les échantillons sont pesés à nouveau
de 1,5 m de longueur pour les prélèvements en dans leurs récipients. La différence entre le poids
profondeur. On utilise des chemises de laiton de humide et le poids sec est une mesure du contenu
50 mm de long pour retenir des échantillons non en eau initial. D’autres méthodes de séchage sont
remaniés. On les retire du cylindre au moyen d’un plus rapides que l’étuve classique, par exemple, le
piston. Comme rallonge, on peut utiliser de petites brûlage à l’alcool, les lampes infrarouges et les fours
tiges de forages ou un tube de 15 mm. à micro-ondes.
L’émetteur et le détecteur sont descendus dans le L’installation des tubes d’accès doit être effectuée
sol à l’intérieur d’un puits à tubage d’aluminium; avec précaution afin d’éviter le tassement du sol et
CHAPITRE 4. ÉVAPORATION, ÉVAPOTRANSPIRATION ET HUMIDITÉ DU SOL I.4-27
d’assurer le contact entre le sol et l’extérieur du tube, les temps de comptage peuvent être réduites au
c’est-à-dire qu’aucun espace vide ne devrait être créé minimum en utilisant un intervalle de temps
à l’extérieur des tubes au cours de leur installation. constant de deux minutes.
Les tubes d’accès peuvent être installés:
a) En insérant les tubes dans des trous déjà pré- Les teneurs en sel, dans la gamme trouvée habi-
parés de même diamètre ou de diamètre tuellement dans l’eau du sol, n’affectent pas
légèrement inférieur (ces trous peuvent être matériellement les données fournies par la méthode
préparés à l’aide d’une tarière manuelle ou neutronique mais, si le degré de salinité est égal à
motorisée); ou celui de l’eau de mer, on enregistre des effets
b) En enfonçant les tubes dans le sol à l’aide d’un sensibles. Un effet de la température a été mis en
marteau et en enlevant la terre de l’intérieur évidence.
des tubes à l’aide d’une tarière.
Les lectures correspondant aux mesures à faible
Les extrémités inférieures des tubes devront être profondeur sont sensibles à la position de la sonde
scellées de manière à empêcher les infiltrations par rapport à la surface de contact air-sol. La proxi-
d’eau du sol. Les sommets des tubes devront être mité de cette dernière se traduit par des comptages
protégés à l’aide d’un couvercle ou d’un bouchon plus faibles que ceux qui caractérisent une teneur en
en dehors du moment des mesures. humidité déterminée à une plus grande profondeur.
Les deux méthodes diélectriques pour mesurer la faisant partie d’une boucle de rétroaction d’un
constante diélectrique du milieu sol-eau et estimer la oscillateur électronique haute fréquence. La
teneur en eau volumétrique du sol sont: fréquence varie suivant les fabricants, mais est géné-
a) La réflectométrie dans le domaine temporel; et ralement autour de 150 MHz. La capacité du sol est
b) La réflectométrie dans le domaine fréquentiel. reliée à sa constante diélectrique par la géométrie du
champ électrique créé autour des électrodes. Elle est
Ni l’une, ni l’autre de ces méthodes n’utilise de donc reliée à la teneur en eau volumétrique, comme
source radioactive, ce qui réduit les coûts d’habili- expliqué dans la méthode TDR. Deux sortes d’instru-
tation, de formation et de suivi par rapport aux ments utilisent la technique FDR: la méthode du
sondes à neutrons. tube d’accès et celle de la sonde manuelle.
Cette approche utilise des ondes radio pour mesurer Avantages: Les avantages des équipements TDR et
la capacité électrique du sol. Le sol se comporte FDR sont: fournir une relative précision (± 1 à 2 %);
comme un diélectrique dans un circuit capacitif permettre un relevé direct de la teneur en eau
CHAPITRE 4. ÉVAPORATION, ÉVAPOTRANSPIRATION ET HUMIDITÉ DU SOL I.4-29
volumique utilisable par les plantes ou des relevés Il existe un dispositif complexe muni de deux sources
en continu avec un enregistreur automatique de de rayons gamma d’intensités différentes qui permet
données, ne pas nécessiter d’étalonnage et n’être d’étudier simultanément les variations de la densité
pratiquement pas être affectés par les sels dans le sol. apparente et de la teneur en eau du sol. Un tel équi-
Les appareils TDR sont moins affectés par la présence pement est utilisé principalement en laboratoire et
de sels, alors que le FDR détecte l’eau «liée» aux non sur le terrain.
particules fines du sol, qui est encore disponible
pour les plantes. Le TDR est donc plus approprié
4.5.3 Méthodes qualitatives
pour des superficies étendues de sols contaminés par
le sel. Alors que l’utilisation du FDR est préférable
4.5.3.1 Méthode tensiométrique
pour les sols non salins à texture fine. Ces instru-
[SHOFM C62]
ments sont en général précis, à des prix raisonnables,
faciles à utiliser et très appropriés au travail sur de Les différentes parties du tensiomètre sont la coupelle
grandes surfaces. poreuse, le tube de connexion et/ou le tube de
l’instrument et le capteur de pression (manomètre).
Inconvénients: Ces méthodes sont plus coûteuses La coupelle poreuse est fabriquée en une matière
que les autres en raison du prix des instruments. Les rigide et poreuse (habituellement de la céramique).
relevés peuvent être affectés par un mauvais contact Les pores de la cellule sont suffisamment petits pour
entre le sol, et l’appareil et les broches peuvent être empêcher le passage de l’air. Un tube semi-rigide et/
endommagées dans des sols durs ou rocheux. ou un tube rigide sont utilisés pour relier la coupelle
L’électronique du TDR est complexe et il est le plus du tensiomètre au capteur de pression. Le tout étant
cher, alors que le FDR est plus sensible aux erreurs rempli d’eau, l’eau de la coupelle se met en équilibre
dues à la salinité. Les données relevées par les enre- avec l’eau du sol avoisinant. L’eau est drainée hors de
gistreurs sont issues sous forme de graphiques la cellule si le sol s’assèche et engendre une tension
nécessitant une interprétation. plus grande; l’eau reflue dans la cellule si le sol se
réhumecte et fait baisser la tension. Ces variations de
pression ou de tension sont indiquées par l’appareil
4.5.2.4 Méthode gammamétrique
de mesure. Plusieurs tensiomètres placés à des
L’intensité d’un rayonnement gamma traversant un profondeurs différentes permettent de calculer des
volume de sol subit une décroissance exponentielle profils d’humidité du sol.
qui dépend principalement de la densité apparente
du sol, de l’eau contenue dans le sol et des coeffi- Les tensiomètres fournissent des données sur le
cients d’atténuation du sol et de l’eau qui sont potentiel hydrique du sol (composante de pression).
constants. La méthode consiste à descendre, simulta- Si un tensiomètre est utilisé pour des déterminations
nément, une source de rayons gamma (généralement d’humidité, une courbe d’étalonnage est nécessaire.
du Césium 137) et un détecteur de rayons gamma La courbe d’étalonnage peut être constituée en partie
(scintillateur photomultiplicateur) dans une paire de de la courbe caractéristique de rétention, mais il est
tubes d’accès parallèles installés dans le sol. À chaque recommandé de l’établir à partir des données obte-
niveau de mesure, le signal peut être traduit en nues sur le terrain par la méthode gravimétrique
densité apparente du sol à l’état humide ou, si la (section 4.5.2.1) et des valeurs indiquées par le
densité apparente du sol à l’état sec est connue, en tensiomètre. Même ainsi, les données d’humidité ne
mesure de teneur en eau volumique du sol. sont qu’approximatives, en raison de l’hystérésis
entre les branches d’humectation et de dessèche-
Le dispositif de mesure permet de suivre l’évolution ment de la courbe caractéristique de rétention d’eau
du profil de la densité apparente humide et, si la du sol. Le domaine d’utilisation des tensiomètres est
densité apparente du sol sec ne varie pas au cours du réduit à la zone de 0 à 0,8 bars (0 à 8 m de charge
temps, l’évolution du profil d’humidité volumique à hydraulique négative). La méthode ne convient
plusieurs dizaines de centimètres de profondeur sous donc qu’en régions humides.
la surface du sol.
L’instrument de mesure de pression est habituelle-
La méthode a l’avantage d’avoir une haute résolu- ment une jauge à vide de Bourdon ou un manomètre
tion spatiale (elle mesure une tranche de sol de 20 à à mercure. Le tensiomètre peut être aussi connecté
50 mm d’épaisseur avec des tubes d’accès séparés à un capteur électronique de pression, afin de main-
d’environ trois mètres). Cependant, l’eau n’est pas la tenir un enregistrement continu des variations de
seule variable explicative des mesures. Les variations tension. Comme le système est sous vide partiel en
de la densité apparente du sol à l’état sec peuvent conditions de sol non saturé, il est indispensable que
perturber les mesures de la teneur en eau du sol. tous les éléments et connections soit imperméables
I.4-30 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
à l’air. Les jauges à vide de Bourdon conviennent donnée directement par les tensiomètres équipés de
mieux à l’utilisation sur le terrain que les mano- capteurs de pression électroniques.
mètres à mercure, mais sont moins exactes. Les
capteurs électroniques de pression sont à la fois Il est difficile de déterminer la précision des mesures
plus pratiques et plus précis. du potentiel de pression de l’eau du sol réalisées
avec les tensiomètres. L’exactitude des mesures
Le temps de réponse des tensiomètres est plus court dépend de la température, de l’exactitude du mano-
avec les capteurs de pression car ils ont une variation mètre et de la quantité d’air accumulée dans le
de volume plus faible que d’autres appareils. système. De plus, le temps de réponse des tensio-
L’inconvénient du coût peut être diminué en utili- mètres peut provoquer des mesures erronées si le
sant un seul capteur électrique connecté à plusieurs potentiel de pression du sol varie rapidement. Dans
tensiomètres au moyen d’un dispositif de commuta- ce cas, l’équilibre entre l’eau du tensiomètre et l’eau
tion. Une autre solution consiste en un appareil de du sol ne peut être atteint. Des études récentes ont
mesure qui échantillonne brièvement la pression montré que des bougies en plastique semi-
dans le tensiomètre au moyen d’une aiguille. Cette perméables réagissent beaucoup plus vite que les
aiguille perfore un bouchon spécial sur le tube du coupelles en céramique (Klute, 1986).
tensiomètre uniquement pendant la durée de la
mesure. Un seul dispositif à aiguille peut être utilisé Le tensiomètre est sans doute le plus facile à installer
pour échantillonner de nombreux tensiomètres et le plus rapide à lire de tous les instruments de
placés dans le champ. Cependant, à part le système mesure de la teneur en eau du sol. Cependant, les
décrit ci-dessus, ce type de tensiomètre ne peut pas tensiomètres ne peuvent être utilisés à des profon-
enregistrer les variations du potentiel de pression du deurs supérieures à trois mètres. À la pression
sol. atmosphérique usuelle, la méthode est limitée à un
potentiel d’environ –85 kPa. Les tensiomètres
Les tensiomètres doivent d’abord être remplis d’eau requièrent un entretien fréquent pour obtenir des
préalablement dégazée. Il est ensuite possible de mesures fiables dans les conditions de terrain.
retirer l’air piégé dans le système au moyen d’une
pompe à vide. Les tensiomètres sont généralement Avantages: Les tensiomètres ne sont pas affectés
insérés dans le sol verticalement, dans des trous préa- par la quantité de sels dissous dans l’eau du sol.
lablement aménagés et de même diamètre que celui Ils mesurent la pression de l’eau du sol avec une
des cellules poreuses. Le centre de la bougie poreuse précision raisonnable en conditions humides.
est placé à la profondeur choisie pour la mesure de
tension. Les tensiomètres sont sensibles aux varia- Inconvénients: les tensiomètres ne fonctionnent
tions de température qui provoquent une dilatation qu’entre la saturation et –85 kPa. Ils ne sont donc
ou une rétraction thermique des différentes compo- pas adaptés aux mesures sur sols secs.
santes du système et influencent les lectures de
tension. Sur le terrain, il est recommandé de protéger
4.5.3.2 Méthode par mesure de résistivité
contre le soleil les tensiomètres qui dépassent du sol
(blocs poreux) [SHOFM C60]
pour réduire cet effet. De même, les tensiomètres
utilisés en hiver devront être protégés contre le gel Les blocs poreux sont réalisés en plâtre, verre/matrice
de la colonne d’eau et du capteur de pression. Les de gypse, céramique, nylon et fibres de verre. Ils sont
tensiomètres doivent être purgés régulièrement pour enterrés à la profondeur à laquelle la mesure doit être
enlever l’air qui s’accumule dans le dispositif. effectuée. Avec le temps, les blocs se mettent en
équilibre avec la teneur en eau du sol environnant.
La lecture du tensiomètre indique la pression dans Par conséquent, la mesure qui sera faite est liée à la
la coupelle poreuse, moins la différence de pression pression de l’eau du sol.
causée par la colonne d’eau entre la coupelle
poreuse et le capteur de pression. Ainsi, le potentiel Deux électrodes sont enterrées à l’intérieur du bloc
hydrique du sol à la profondeur de la coupelle est avec un câble arrivant jusqu’à la surface. La résis-
égal à la lecture du capteur de pression plus la tance électrique est mesurée entre les deux électrodes
pression de la colonne d’eau. Si la pression est en utilisant un multimètre relié au câble. Une
exprimée en termes de succion, c’est-à-dire la pres- résistance élevée du bloc signifie son faible contenu
sion atmosphérique moins la pression du capteur, en eau, et donc une tension hydrique (succion =
le potentiel de pression du sol est égal à la lecture pression négative) forte.
du capteur moins la différence de pression corres-
pondant à la colonne d’eau dans le tube. La valeur Comme les tensiomètres, les blocs poreux doivent
corrigée du potentiel de pression du sol peut être être installés avec attention en veillant à un bon
CHAPITRE 4. ÉVAPORATION, ÉVAPOTRANSPIRATION ET HUMIDITÉ DU SOL I.4-31
contact avec le sol. Leur demande en entretien est 4.5.4 Télédétection [SHOFM D]
faible et très inférieure à celle des tensiomètres. Les
blocs de plâtre ont montré des défaillances dans les La télédétection est l’outil le plus récent utilisé dans
sols alcalins qui peuvent les dissoudre, et entraîner l’estimation de l’humidité du sol à la surface ou en
leur abandon ou leur remplacement. Les sols très subsurface. Cette information peut être utilisée pour
salés peuvent conduire à des résultats erronés, car les déduire les profils d’humidité du sol jusqu’à des
sels affectent la conductivité et la résistivité du sol. profondeurs de plusieurs mètres. Cette technique
Les blocs de plâtre sont les mieux adaptés pour les peut être mise en œuvre en utilisant les données
sols à fine texture car ils ne sont, en général, pas du rayonnement visible, infrarouge (proche et
sensibles en dessous de 1000 hPa. Pour les sols thermique), micro-ondes et gamma (Engman et
sableux, ils seraient en dehors du champ des niveaux Gurney, 1991; Schultz et Engman, 2000). Toutefois,
d’eau rencontrés. les techniques les plus prometteuses utilisent les
micro-ondes passives ou actives. Les techniques
Un nouveau type de bloc se compose d’une matrice utilisant les bandes visibles et proche infrarouge,
de gypse de fine granulométrie, compressée dans basées sur la mesure du rayonnement solaire réfléchi,
un bloc contenant des électrodes. La surface exté- ne sont pas particulièrement valables car beaucoup
rieure de la matrice est découpée dans une trop de «bruits» brouillent l’interprétation des
membrane synthétique et placée dans une enve- données. La technique infrarouge thermique est
loppe protectrice perforée en PVC ou en acier basée sur la relation entre le cycle diurne de la
inoxydable. Les matériaux utilisés augmentent le température et l’humidité du sol, qui dépend du type
mouvement de l’eau du et vers le bloc, le rendant de sol et est largement limitée aux conditions de sol
plus sensible à la tension de l’eau du sol dans nu. Le plus gros problème avec cette dernière
l’intervalle de 300 à 2000 hPa. Ceci en fait un technique est l’interposition de la couverture
procédé mieux approprié à un plus large éventail de nuageuse. Les techniques micro-ondes passives et
textures du sol. actives ont chacune leurs propres avantages. Elles
sont basées sur le fort contraste entre les propriétés
Blocs de dissipation thermique: ils sont faits en diélectriques de l’eau liquide et du sol sec. Le
céramique poreuse. Un petit élément chauffant et rayonnement gamma terrestre naturel étant
un capteur de température, reliés à un appareil de fortement atténué par l’eau, ses variations peuvent
mesure en surface, sont insérés dans un bloc servir à mesurer l’humidité du sol. Il est clair que la
poreux. La mesure consiste à appliquer un courant télédétection opérationnelle de l’humidité du sol
électrique à l’élément chauffant et à mesurer la doit utiliser plus d’un type de capteur. En outre, aussi
proportion dans laquelle la chaleur produite est bien les applications micro-ondes que celles basées
évacuée (dissipation de chaleur). La proportion de sur l’infrarouge thermique demanderont beaucoup
chaleur dissipée est liée à la teneur en eau. d’autres recherches avant de pouvoir être utilisées
pour l’obtention d’informations sur l’humidité du
Les appareils à dissipation de chaleur sont sensibles sol.
à l’eau du sol pour un large éventail de teneurs en
eau. Ils doivent cependant être étalonnés pour La réflexion par le sol nu dans les bandes visible et
chaque utilisation. Ces blocs sont beaucoup plus proche infrarouge du spectre électromagnétique
chers que les blocs à résistance électrique. peut être utilisée, seulement sous certaines
conditions, pour estimer l’humidité du sol. Cette
Avantages: la méthode est rapide, reproductible et méthode ne donne qu’une faible précision et ne
relativement peu coûteuse. fournit pas les valeurs absolues de l’humidité. Pour
l’estimation de l’humidité du sol et les objectifs
Inconvénients: les blocs ne fonctionnent pas très agronomiques, il est nécessaire de disposer de plus
bien dans des sols à texture grossière, soumis au de bandes spectrales et d’une plus grande précision
retrait-gonflement ou salés. La précision en est assez géométrique (dans le visible et le proche infrarouge)
faible, sauf si les blocs sont étalonnés spécialement que celles qui sont disponibles avec les satellites
pour chaque sol devant être suivi. Cela peut se faire Landsat, SPOT et NOAA. L’humidité du sol a été
par tensiométrie en laboratoire (pressure plate estimée en utilisant des indices de précipitation;
extractor) ou par méthode gravimétrique. La durée des applications opérationnelles ont été développées
de vie des blocs est de un à trois ans. Le point le plus par la FAO à partir de l’imagerie géostationnaire
important à noter est leur faible sensibilité en pour les régions intertropicales (OMM, 1993). La
condition de sol sec. Ils doivent être trempés dans demande de données haute résolution augmente
l’eau plusieurs heures avant d’être installés sur le avec l’avènement du Programme international
terrain. géosphère-biosphère (PIGB).
I.4-32 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
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CHAPITRE 5
5.1 NIVEAUX DES COURS D’EAU DES adhérent à une échelle graduée, maintenue en
LACS ET DES RÉSERVOIRS position fixe par rapport au zéro.
Le niveau d’eau ou la hauteur d’eau est la hauteur De nombreux types d’instruments enregistrant en
de la surface de l’eau d’un cours d’eau d’un lac ou continu sont utilisés. On peut les classifier selon
d’une autre masse d’eau relativement à un plan de leur mode de fonctionnement et d’enregistrement.
référence (ISO, 1988b) et peut être utilisé directe-
ment pour la prévision des écoulements, pour On utilise couramment une installation comportant
délimiter les zones exposées aux inondations et un puits de mesure relié au cours d’eau par des
pour la conception d’ouvrages hydrauliques ou qui conduites, avec dans le puits un flotteur raccordé à la
soient proches d’une masse d’eau. Par leurs rela- poulie commandant le dispositif d’enregistrement
tions avec les débits des cours d’eau ou les volumes par une chaînette perlée ou un ruban perforé. Dans
d’eau contenus dans les réservoirs et les lacs, les les cours d’eau rapides il peut être nécessaire
niveaux d’eau constituent l’information de base d’installer des tubes de prise d’eau statiques à
pour la détermination des débits ou des stocks. Ce l’extrémité des conduites de raccordement pour
sujet est développé en profondeur dans le Manual éviter le phénomène d’abaissement du niveau d’eau
on Stream Gauging (WMO-No. 519). dans le puits.
Les critères de choix pour l’emplacement de la L’enregistreur peut être mécanique ou électronique.
station devraient répondre à l’objectif final des Les enregistreurs dont la poulie est reliée à une mine
observations qui y seront effectués et à son accessi- ou à une plume, la mine ou la plume s’appuyant sur
bilité. Les conditions hydrauliques constituent un diagramme entraîné par un mouvement
également un facteur important pour le choix du d’horlogerie sont encore communément utilisés et
site le long de cours d’eau, particulièrement lorsque ont prouvé leur fiabilité. Les échelles de temps et de
les niveaux d’eau sont utilisés pour le calcul des niveau choisies pour une station particulière
débits. Les stations sur les lacs et les réservoirs dépendent de la gamme de variation du niveau, de la
sont normalement situées près des exutoires, sensibilité de la relation entre niveau et débit, et des
mais suffisamment en amont pour éviter l’influence caractéristiques de l’écoulement du bassin. Une fois
du phénomène d’abaissement du niveau dû à de retour au bureau principal, le diagramme peut
l’augmentation de la vitesse. être numérisé de telle sorte que les données puissent
être entrées dans un ordinateur. La poulie peut aussi
être directement reliée à un encodeur, ce dernier
5.1.2 Instruments de mesure du niveau
fournira des valeurs analogiques ou digitales qui
[SHOFM C71]
peuvent être lues et stockées par un enregistreur
automatique de données.
5.1.2.1 Instruments non enregistreurs
Plusieurs types de limnimètres non enregistreurs Divers types de limnigraphes enregistreurs à pres-
sont utilisés en hydrométrie pratique pour la sion, d’usage fréquent, fonctionnent selon le
mesure du niveau d’eau. Les plus courants sont les principe que la pression en un point fixe du lit du
suivants: cours d’eau est proportionnelle à la plus grande
a) Échelle limnimétrique verticale graduée; hauteur de l’eau au-dessus de ce point. Cette relation
b) Rampe ou échelle inclinée; est décrite par l’équation suivante:
c) Sonde à câble lesté installée sur une construction
au-dessus du cours d’eau; Niveau d’eau = (Pstatique – Patm) C (5.1)
d) Perche graduée, ruban, fil ou pointe limni-
métrique pour mesurer la distance à la surface
de l’eau; où Pstatique est la pression en bar en un point fixé
e) Échelle à maxima pour mesurer la hauteur de la de la colonne d’eau (il faut s’assurer que l’on ne
pointe de crue par un flotteur de liège regranulé mesure aucune forme de pression dynamique due
I.5-2 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
au mouvement de l’eau), Patm est la pression atmo- mais utilise de hautes fréquences (aux alentours de
sphérique en bar à la surface de la colonne d’eau, et 20 GHz). Son avantage réside dans le fait que pour
C un facteur dépendant de la masse volumique de les fréquences plus hautes, la vitesse de propagation
l’eau (C = 10,2 pour l’eau douce à 20 °C), qui dépend de l’impulsion n’est pas affectée par la température
de la température et de la salinité de l’eau. Certains de l’air.
limnimètres utilisent un système de purge de gaz
pour transmettre la pression au capteur. On peut Le niveau de l’eau peut être enregistré sur un enre-
laisser une petite quantité d’air ou de gaz inerte gistreur graphique (analogique). Il peut aussi être
(par exemple de l’azote) s’échapper en bouillonnant enregistré de façon digitale selon des intervalles de
à travers une conduite ou un tuyau jusqu’à une temps fixes ou déclanchés.
ouverture débouchant dans le cours d’eau. La pres-
sion de l’air ou du gaz déplaçant l’eau dans la
5.1.3 Méthodes de mesure des
conduite est alors mesurée et enregistrée. D’autres
niveaux
limnimètres utilisent des transmetteurs de pression
placés directement dans le lit de la rivière. La
5.1.3.1 Calage du zéro de l’échelle
compensation pour la pression atmosphérique est
réalisée en extrayant de l’air par un petit tube de Une échelle devrait être implantée de façon à ce
ventilation dans la conduite, ou en le mesurant que sa graduation «zéro» soit au-dessous du niveau
avec un autre capteur en surface. L’avantage princi- le plus bas que puisse atteindre le cours d’eau, afin
pal des limnigraphes à pression est de se passer de d’éviter les lectures négatives. Le zéro de l’échelle
puits de mesure, quoiqu’une mauvaise orientation devrait faire l’objet d’une vérification annuelle à
du capteur par rapport au courant puisse causer partir de repères de niveau voisins. Il est important
des erreurs significatives, et que, en particulier, les de conserver le même zéro pendant toute la période
systèmes à purge de gaz ne soient pas sensibles aux d’observation. Le zéro de l’échelle devrait être
matières en suspension si leur concentration est rattaché dans la mesure du possible, à un repère
dans la gamme considérée normale pour un envi- national ou régional. La localisation précise des
ronnement naturel. Des précautions doivent être repères devrait être soigneusement documentée.
prises lors du placement du capteur de pression
ou de la jauge à bulle sur le lit de la rivière. Il est
5.1.3.2 Limnigraphes enregistreurs
important de s’assurer que cet élément ne bougera
pas et qu’il subit uniquement la pression statique. L’enregistreur graphique, numérique, électronique
La correction pour les changements de tempéra- ou de télémesure est réglé par référence à une
ture et de pression atmosphérique à la surface est échelle ou un limnimètre auxiliaire à flotteur situé
également critique. à l’intérieur du puits de mesurage. De plus, une
échelle droite ou inclinée, ou un limnimètre à fil,
Deux types de limnimètres enregistreurs d’usage ajustés au même zéro, est nécessaire pour comparer
récent sont ceux utilisant des capteurs ultraso- le niveau dans le puits avec celui du cours d’eau.
niques et radars. Le capteur ultrasonique est basé Pour les limnigraphes fonctionnant avec un purgeur
sur la vitesse de propagation d’une impulsion de de gaz sans puits de mesurage, l’échelle droite, incli-
fréquence ultrasonique (> 20kHz), produite par un née ou le limnimètre à fil de la rivière servent
émetteur situé dans une structure placée au-dessus d’échelle de référence. De petites différences pour-
d’un lac ou d’une rivière. Quand l’impulsion ront être constatées du fait de la vitesse de l’eau à
atteint la surface de la masse d’eau, elle est réfléchie l’extrémité de la conduite de raccordement au puits.
vers le capteur. Le temps T écoulé entre le moment Des différences importantes indiquent que cette
où l’impulsion est émise et le moment de récep- conduite est plus ou moins bouchée.
tion de l’écho par le capteur est directement
proportionnel à la distance d entre le capteur et la
5.1.3.3 Utilisation des limnigraphes en hiver
surface de l’eau, et inversement proportionnel à la
vitesse de l’impulsion dans l’air. Il peut être calculé a) Appareil à flotteur – Pour obtenir des relevés du
comme: niveau en hiver avec ce type d’appareil, il faut
empêcher la glace de se former dans le puits.
T = 2d/v (5.2) On peut pour cela chauffer ce puits par exemple
à l’électricité ou au gaz. On peut également
Comme la vitesse du son dépend de la température installer un plancher provisoire à l’intérieur du
de l’air, il est nécessaire d’introduire un facteur de puits juste en dessous de la hauteur de la ligne
correction pour obtenir une valeur précise. Le de gel, et installer un tube vertical sans fond, de
capteur radar est analogue au capteur ultrasonique, diamètre assez large pour recevoir le flotteur, à
CHApitre 5. MESURAGE DE LA QUANTITé DES EAUX SUPERFICIELLES ET DES SéDIMENTS I.5-3
l’intérieur duquel on déposera une couche de 5.2 GLACE SUR LES COURS D’EAU,
mazout sur la surface de l’eau; LES LACS ET LES RÉSERVOIRS
b) Limnigraphe à pression à servomanomètre et
fléau asservi – Ce type d’appareil se passe de
5.2.1 Généralités
puits de mesurage et de tout autre moyen de
fonctionnement sensible au gel. Toutefois, Les observations des caractéristiques de la glace
le tube ou le câble pénétrant dans l’eau doit couvrant les rivières, les lacs et les réservoirs sont
être protégé de la glace. d’un grand intérêt dans les régions où la glace
perturbe la navigation, où elle peut endommager les
constructions et où se forment des embâcles (même
5.1.4 Fréquence des mesures de niveau
jusqu’au point d’obstruer une rivière importante).
La fréquence des relevés de niveau est déterminée En endiguant ainsi le passage du courant la glace
par le régime hydrologique du cours d’eau et peut localement créer d’importantes inondations.
par les objectifs visés par la collecte des données. Les données à long terme sur les caractéristiques de
Aux stations limnimétriques effectuant des enre- la glace couvrant les rivières sont extrêmement utiles
gistrements continus les mesures horaires sont pour concevoir différents types d’ouvrages, pour
généralement suffisantes pour la plupart des étudier les processus de formation et de fonte de la
rivières. Pour les cours d’eau de taille réduite ou à glace, et enfin pour développer des méthodes de
variations rapides, ou pour les bassins hydro- prévision de son apparition.
graphiques urbains le niveau doit être enregistré
plus souvent afin d’obtenir un hydrogramme
5.2.2 Éléments du régime des glaces
suffisamment précis. En général on recommande
d’enregistrer le niveau aussi fréquemment que Les éléments les plus importants à recueillir sur le
possible dans la limite imposée par les capacités de régime des glaces sont les suivants:
la batterie et de la mémoire. La mise en place de a) Dates auxquelles apparaissent chaque hiver les
limnigraphes enregistreurs du niveau d’eau est premières glaces flottantes;
essentielle pour les cours d’eau dont le niveau est b) Rapport de la surface couverte par la glace déri-
sujet à des fluctuations brutales. Des limnimètres vante à la surface libre (rapport de la couverture
non enregistreurs sont fréquemment utilisés dans de glace);
les systèmes de prévision de crues, quand un c) Rapport de la surface couverte par la glace
observateur peut relever et transmettre la cote du dérivante à la surface couverte par de la glace
niveau. Lorsque les objectifs visés sont la prévision fixe;
ou la gestion des crues, il est possible d’utiliser des d) Dates auxquelles la glace devient immobile;
appareils de télémesure pour transmettre les e) Épaisseur de la glace;
données chaque fois que le niveau change par f) Caractéristiques de la dislocation de la glace;
rapport à une valeur fixée d’avance. g) Époques de débâcle;
h) Dates auxquelles la glace a complètement
Pour certains objectifs, il suffit d’avoir les cotes disparu des cours d’eau et des réservoirs.
maximales atteintes durant les crues et on utilise
alors des échelles à maxima. Dans les lacs et réser-
5.2.3 Méthodes d’observation
voirs une observation quotidienne est en général
suffisante afin de calculer les variations de stock. Le Plusieurs éléments mentionnés dans la section 5.2.2
pas de temps des observations pour une station ne peuvent pas être mesurés à l’aide d’instruments
déterminée est choisi en fonction de la vitesse avec et doivent donc être évalués subjectivement et notés
laquelle le niveau peut changer et de son influence en langage clair et détaillé. C’est pourquoi il est
sur la variation du débit. Les cours d’eau à variation important que les observateurs soient bien formés et
rapide demandent des pas de temps courts, alors que les instructions soient clairement préparées.
que les grands cours d’eau s’accommodent de pas
de temps plus longs (ISO, 1981). L’épaisseur de la glace peut être mesurée au moyen
d’une tarière et d’une tige graduée en des sites repré-
Les données provenant de capteurs de pression, de sentatifs de la rivière, du lac ou du réservoir. Afin de
codeurs, ou d’autres appareils fournissant les minimiser les erreurs dues à la variabilité spatiale de
données représentant le niveau de l’eau sous forme l’épaisseur de la glace, on devrait effectuer la
électronique peuvent être transcrites sur des enre- moyenne des mesures, prises au moins en trois
gistreurs électroniques de données (section 2.5). points espacés d’au minimum 5 m. La profondeur de
Grâce à des interfaces appropriées les données toute couche de neige recouvrant la glace devrait,
peuvent aussi être télétransmises à distance. elle aussi, être mesurée.
I.5-4 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Les repères kilométriques le long des rivières navi- dans lesquelles elles sont réalisées. Cependant, l’in-
gables ou des digues peuvent être utilisés pour certitude des mesures de l’épaisseur de la glace ne
localiser les sites où sont habituellement conduites devrait pas dépasser 10-20 mm ou 5 %, la mesure
les relevés concernant la glace. Les conditions parti- qui s’avère la plus importante s’appliquant.
culièrement dangereuses (formation d’embâcles par
exemple) doivent être identifiées par rapport à
d’autres repères (par exemple: ponts, ouvrages d’art
et ports). 5.3 Mesurages et calculs des débits
b1 b2 b3 b4 b5
1 2 3 4 5
d1
d2
d3 d4
d5
Figure I.5.1. Section transversale de rivière montrant la localisation des points d’observation
d) Le lit du chenal est régulier et stable; et le poids jusqu’à faire affleurer ce dernier à la
e) La profondeur est supérieure à 0,300 m; surface de l’eau, et on règle le cadran de lecture de
f) Il n’y a pas de végétation aquatique; profondeur sur le zéro. Le poids est ensuite descendu
g) La formation de bouillie de glace ou de sorbet jusqu’à ce qu’il repose sur le fond du lit du cours
est minime (section 5.3.2.5.1). d’eau, et la profondeur se lit sur le cadran.
b) Méthodes à partir d’un nombre réduit de points; b) Méthode à deux points – Pour chaque verticale,
c) Méthode par intégration. les mesures de vitesse devraient être faites aux
deux et huit dixièmes de la profondeur à partir
Le choix de la méthode appropriée dépend du de la surface. La moyenne de ces deux mesures
temps disponible, de la largeur et de la profondeur devrait être prise comme vitesse moyenne sur la
du cours d’eau, de la nature du lit, de la variation de verticale.
la cote, de la présence éventuelle d’une couverture c) Méthode à trois points – Les mesures de vitesse
de glace et de l’exactitude recherchée. sont faites sur chaque verticale aux deux, six
et huit dixièmes de la profondeur à partir de la
surface. La moyenne des trois valeurs obtenues
Méthode de distribution des vitesses
est prise comme vitesse moyenne de la verti-
Par cette méthode, on calcule la vitesse moyenne à cale. On peut aussi pondérer la vitesse mesurée
partir des vitesses mesurées en un certain nombre aux six dixièmes de la profondeur et la vitesse se
de points sur chaque verticale entre la surface de calcule alors à l’aide de l’équation suivante:
l’eau et le fond du lit. On reporte les mesures de _
vitesse en chaque point sur un graphique, et on v = 0,25 (v0,2 + 2v0,6 + v0,8) (5.6)
détermine la vitesse moyenne en divisant l’aire
ainsi formée par la profondeur. Lors de la réalisa- d) Méthode à cinq points – Il s’agit ici de mesurer la
tion du graphique, on peut trouver nécessaire vitesse sur chaque verticale aux deux, six et huit
d’estimer les vitesses près du fond du lit, en suppo- dixièmes de la profondeur à partir de la surface et
sant que la vitesse est, jusqu’à une certaine limite aussi près que possible de la surface et du fond.
distante du fond, proportionnelle au logarithme La vitesse moyenne peut être déterminée grâce
de la distance x par rapport à cette limite. Si l’on à un graphique représentant le profil de vitesse
porte les vitesses mesurées près du fond sur un comme pour la méthode de la répartition des
graphique en fonction de log x, on peut ajuster vitesses, ou à l’aide de la formule:
une droite avec les points représentés et, en extra- _
polant jusqu’au fond, lire sur ce graphique la v = 0,1 (vsurface + 3v0,2 + 3v0,6 + 2v0,8 + vfond) (5.7)
vitesse près du fond.
e) Méthode à six points – On mesure la vitesse sur
La méthode de la répartition des vitesses peut ne chaque verticale aux deux, quatre, six et huit
pas convenir lorsqu’il y a eu une modification dixièmes de la profondeur à partir de la surface
importante de niveau au cours du jaugeage, car le et aussi près que possible de la surface et du
gain de précision apparent peut être plus qu’inva- fond. Les observations sont reportées sur un
lidé par les erreurs résultant de l’allongement du graphique et la vitesse moyenne est déterminée
temps nécessaire au jaugeage. comme pour la méthode de la répartition des
vitesses, ou à l’aide de la formule:
La méthode de la répartition des vitesses est intéres- _
sante pour déterminer des coefficients à appliquer v = 0,1 (vsurface + 2v0,2 + 2v0,4 + 2v0,6
(5.8)
aux résultats obtenus par d’autres méthodes, mais + 2v0,8 + vfond )
elle n’est généralement pas adaptée aux mesures de
débit de routine, ce en raison du temps nécessaire f) Méthode des deux dixièmes – Dans cette
au calcul de la vitesse moyenne. méthode la vitesse est observée aux deux
dixièmes de la profondeur à partir de la surface.
On applique un coefficient d’environ 0,88 à la
Méthodes à partir d’un nombre réduit de points
vitesse observée pour obtenir la moyenne sur la
a) Méthode à un point – Il faudrait mesurer la verticale.
vitesse sur chaque verticale aux six dixièmes de g) Méthode de la vitesse de surface – Dans cette
la profondeur à partir de la surface. La valeur méthode on observe la vitesse aussi près que
mesurée devrait être adoptée comme vitesse possible de la surface. Un coefficient de surface
moyenne sur la verticale. Lorsque la mesure de 0,85 ou 0,86 est appliqué pour calculer la
est effectuée sous une couche de glace, cette vitesse moyenne sur la verticale.
méthode est applicable avec un coefficient de
correction égal à 0,92 pour des profondeurs La méthode à deux points est utilisée lorsque la
inférieures à 1 m. En cas de glace, on peut aussi distribution des vitesses est normale et que la
placer le moulinet à la moitié de la profondeur profondeur est supérieure à 60 cm. La méthode à
en appliquant un coefficient de correction de un point est utilisée pour les profondeurs infé-
0,88 au résultat. rieures. La méthode à trois points doit être utilisée
I.5-8 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
pour les mesures sous couverture de glace ou pour horizontale entre les deux verticales, alors le
les chenaux encombrés par la végétation aqua- débit q du secteur limité par 1 et 2 est:
tique. La méthode à cinq points est utilisée
lorsque la distribution verticale des vitesses est ⎛ v1 + v2 ⎞ ⎛ d1 + d 2 ⎞
q = ⎝ 2 ⎠⎝ 2 ⎠b (5.9)
très irrégulière. La méthode à six points peut être
utilisée dans les cas difficiles lorsque, par exemple,
il y a de la végétation aquatique ou une couver- Le débit total est obtenu en faisant la somme de
ture de glace. Elle peut être utilisée aussi lorsque tous les débits partiels.
la distribution verticale des vitesses est très irré- b) Méthode de la section médiane – Le débit de
gulière. La méthode des deux dixièmes est chaque secteur est calculé en multipliant vd
principalement utilisée lorsqu’il n’est pas possible pour chaque verticale par une largeur qui est
de positionner le moulinet aux huit ou six en fait la demi-somme des distances entre deux
dixièmes de la profondeur. La méthode de la verticales adjacentes. La valeur de d pour les
vitesse de surface peut être utilisée pour mesurer deux demi-largeurs voisines des berges peut
les courants dont la vitesse est telle qu’il n’est pas être estimée. Suivant la figure I.5.1 on peut
possible d’en sonder le fond. Dans ce cas une calculer le débit total Q de la façon suivante:
connaissance générale de la section de jaugeage,
ou une mesure de la section dès que possible, ⎛ b2 + b1 ⎞ ⎛ b1 + b2 ⎞
Q = v 1d 1 ⎝ + v 2d 2 ⎝ ⎠+K
peut être utilisée pour obtenir les profondeurs. 2 ⎠ 2 (5.10)
des observations comme moyenne le long de la L’espacement de ces sections devrait être suffisant
verticale. Pour la méthode à six points, se référer pour que le temps de passage des flotteurs d’une
à la section 5.3.2.3.3. section à l’autre, puisse être mesuré avec exactitude.
c) Remarques générales – Des mesures de sécu- On recommande un temps de 20 secondes, mais il
rité appropriées devraient être respectées pour est possible d’utiliser des temps plus courts pour de
les jaugeages faits sur la glace. Par exemple, petites rivières à fortes vitesses, pour lesquelles il est
lorsqu’on se déplace sur la glace, on devrait souvent impossible de trouver une portion de lit
s’assurer de sa solidité en la sondant avec un rectiligne de longueur suffisante.
ciseau à glace au fur et à mesure de sa progres-
sion. Au cas où la vitesse mesurée sous la glace
5.3.3.2 Flotteurs
est inférieure à la limite d’emploi du moulinet,
il faut choisir la section de jaugeage dans un On peut utiliser des flotteurs de surface ou des
endroit où la vitesse est plus grande. Il faut bâtons lestés. La profondeur d’immersion des flot-
s’assurer que le moulinet tourne librement, teurs de surface ne doit pas dépasser le quart de la
sans être gêné par la glace qui peut s’y accu- profondeur du cours d’eau. On ne devrait pas les
muler et geler lorsqu’on se déplace d’une utiliser si l’on pense qu’ils subiront les effets du
verticale à l’autre. Au cours des jaugeages, il vent. La profondeur d’immersion des bâtons lestés
faudrait noter de façon détaillée les conditions est supérieure au quart de la profondeur du cours
climatiques et l’état de la glace sur le cours d’eau. Ils ne doivent pas toucher le fond du lit. Des
d’eau, en particulier au niveau des sections de bois flottants ou des plaques de glace peuvent servir
contrôle. Plus tard, le calcul du débit entre les de flotteurs naturels lorsqu’il est dangereux de
mesures en sera facilité. s’aventurer sur la rivière.
Le calcul du débit sous la glace est le même qu’en Les trajets de flotteurs doivent être répartis réguliè-
eau libre, tel qu’il est décrit à la section 5.3.2.4, à rement sur toute la largeur du cours d’eau. Les
cette différence près que l’on utilise la profondeur flotteurs devraient être lâchés assez loin en amont
réelle de l’eau et non la profondeur totale. de la section transversale supérieure amont, afin
qu’ils atteignent la première section avec une
vitesse constante. Les temps de passage des flotteurs
5.3.2.6 Exactitude des mesures
au droit des trois sections devraient être relevés
La fiabilité de l’étalonnage du moulinet, les avec un chronomètre. On devrait répéter l’opéra-
particularités de l’écoulement, le savoir-faire de tion à différents endroits sur toute la largeur du
l’opérateur et le nombre de mesures de profondeur cours d’eau. La largeur du chenal devrait être divi-
et de vitesse conditionnent l’exactitude du jau- sée en segments de longueurs égales ou de débits
geage (ISO, 1981; 1985). En général, les jaugeages se approximativement équivalents. Le nombre de
font en mesurant la vitesse en deux points, et la segments ne devrait pas être inférieur à trois, mais
profondeur sur 20 ou 25 verticales de la section de un minimum de cinq sera retenu chaque fois que
jaugeage. Pour ce genre de mesures, dans les condi- cela sera possible. On peut mesurer la distance du
tions courantes d’écoulement, l’erreur type pour un flotteur à la rive, au moment où il passe au niveau
niveau de confiance de 95 % est de 5 % (ISO, 1979b). de chaque section, par des moyens optiques appro-
priés, par exemple à l’aide d’un théodolite.
5.3.3 Méthode de jaugeage à l’aide de
La profondeur de l’eau à des points de la section
flotteurs [SHOFM C86]
transversale peut être déterminée par des mesures
On devrait employer cette méthode dans les circon- topographiques.
stances suivantes: lorsqu’on ne peut utiliser un
moulinet à cause de la vitesse du courant ou de la
5.3.3.4 Calcul de la vitesse
profondeur inadéquates, ou lorsqu’une grande quan-
tité de matières en suspension est présente, ou enfin La vitesse du flotteur est égale à la distance entre
lorsque le jaugeage doit se faire en très peu de temps. les sections transversales amont et aval, divisée par
le temps de parcours. Au moins cinq valeurs de la
vitesse du flotteur devraient être mesurées pour
5.3.3.1 Choix des sections
chaque segment et la moyenne de ces valeurs
Trois sections transversales devraient être choisies devrait être multipliée par un coefficient pour
sur un tronçon rectiligne du cours d’eau. obtenir la vitesse moyenne de l’eau sur chaque
CHApitre 5. MESURAGE DE LA QUANTITé DES EAUX SUPERFICIELLES ET DES SéDIMENTS I.5-11
segment. Ce coefficient dépend de la forme du C’est une méthode parfaitement acceptable pour le
profil vertical des vitesses, et de la profondeur mesurage des débits aux sites où les conditions
d’immersion du flotteur. Le coefficient appliqué à d’utilisation requises sont réunies.
la vitesse mesurée en un site devrait être déter-
miné, si possible, par l’analyse des jaugeages au
5.3.4.1 Conditions générales
moulinet réalisés en ce site. Quand de telles obser-
vations ne sont pas disponibles, on utilisera le On injecte une solution d’un traceur stable dans le
facteur d’ajustement F du tableau I.5.2 pour une cours d’eau, soit selon un débit constant, soit d’un
estimation approximative. seul coup. La connaissance des facteurs suivants est
indispensable au calcul du débit:
On peut aussi tracer un diagramme des vitesses a) Le débit d’injection pour la méthode à injec-
en fonction des distances à la berge, et on peut tion continue, ou la quantité totale injectée
ainsi déduire la vitesse moyenne de surface sur pour la méthode à injection instantanée;
la largeur du cours d’eau. La vitesse moyenne b) La concentration du traceur dans la solution
du courant dans la section est égale à la vitesse injectée;
moyenne de surface multipliée par un facteur c) L’étalonnage de la relation entre la concen-
K, dont la valeur est, si possible, déduite de tration du traceur et la propriété (par exemple
précédents jaugeages au moulinet pour de plus conductivité, couleur, ou radioactivité) enregis-
faibles débits. trée au site de mesure après un bon mélange
latéral du traceur.
Tableau I.5.2. Facteur d’ajustement F de la
vitesse de flotteur en fonction de R, rapport L’exactitude de la méthode dépend essentiellement
de la profondeur d’immersion du flotteur des conditions suivantes:
à la profondeur de l’eau a) Le mélange complet au site de prélèvement,
sur toute la largeur du cours d’eau, de la
R F solution injectée. S’il s’agit d’une injection à
débit constant, la concentration en traceur
devrait avant tout être constante dans toute
0,10 ou moins 0,86
la section de mesurage. S’il s’agit d’une injec-
0,25 0,88 tion globale, l’intégrale somme de 0 à T de
0,50 0,90 c (c étant la concentration en traceur et T
le temps de nécessaire au passage de tout le
0,75 0,94
traceur en un point déterminé de la section)
0,95 0,98 devrait être la même en tout point de la section.
b) Il ne doit y avoir ni absorption, ni adsorption
du traceur injecté par les matériaux du fond,
les sédiments, la flore ou la faune, ni non plus
5.3.3.5 Calcul du débit
de décomposition du traceur dans le cours
Le débit dans chaque segment est calculé en multi- d’eau. La concentration devrait être mesurée à
pliant la surface moyenne de la section transversale la section de prélèvement et au moins à une
du segment par la vitesse moyenne de l’écoulement autre section en aval de celle-ci pour s’assurer
à travers ce segment. Le débit total est la somme de qu’il n’y a aucune différence systématique de la
tous ces débits (ISO, 1979b). concentration moyenne d’une section à l’autre.
mortes entre le site d’injection et le site de prélève- radioactifs constituent le type idéal de traceur pour
ment risque d’affecter le mélange, de telle sorte que la méthode de dilution, les risques pour la santé
le traceur ne sera pas mélangé correctement dans la inhérents peuvent limiter leur emploi pour la mesure
section du site de mesure. des débits en certains lieux.
la section transversale et la différence de cote définissant les cotes amont et aval, de la géométrie
entre deux points significatifs; de l’ouvrage, et des pentes et des sections transver-
c) Facteurs hydrauliques, tels que les coefficients sales définissant les conditions d’approche. Les
de rugosité fondés sur des caractéristiques relations entre charge et débit des franchissements
physiques. couverts ont été définies par des recherches en labo-
ratoire et des vérifications sur le terrain. Le débit de
pointe est déterminé en appliquant les équations de
5.3.5.2 Étude sur le terrain
continuité et de conservation d’énergie entre la
Pour choisir le site le plus favorable à la détermina- section d’approche et une section située à l’intérieur
tion du débit par l’une des méthodes indirectes, on du corps de l’ouvrage. Pour faciliter les calculs, les
effectue une reconnaissance (sur carte, par avion ou écoulements dans un franchissement couvert ont
au sol dans la région étudiée). Ce site devrait être été classifiés en six types définis par l’emplacement
aussi proche que possible du lieu où l’on désire de la section de contrôle et les hauteurs relatives des
connaître le débit et il faudrait éviter les affluents cotes amont et aval.
importants ou les dérivations. Le site doit présenter
les traces bien nettes des hautes eaux, permettant
5.3.5.5 Mesure du débit au rétrécissement
de déterminer le profil en long de la ligne d’eau au
d’un chenal
moment du maximum de crue.
Le rétrécissement d’un chenal sous un passage
Un relevé détaillé permet de définir les caractéris- traversant surélevé crée un abaissement brutal de la
tiques géométriques du chenal dans le bief choisi et ligne d’eau entre une section d’approche et la
à proximité, les profils en travers du chenal, les section rétrécie sous le pont. Cette dernière, limitée
dimensions et caractéristiques des franchissements par les culées du pont et le lit du chenal, peut servir
couverts, des ponts, des barrages, des routes ou de mesure pour évaluer les débits de crue. La pointe
autres ouvrages d’art, ainsi que la position et l’em- dans la section rétrécie est définie par les laisses de
placement des laisses de crue. Tous les facteurs crue (en amont et en aval) et la géométrie du chenal
affectant la rugosité du lit sont notés, et on choisit et du pont est établie par des relevés topogra-
des coefficients de rugosité. Des photographies des phiques. L’équation donnant le débit s’obtient en
sections transversales et du bief devraient être prises combinant les équations de continuité et de conser-
pour faciliter l’étude au bureau des conditions de vation de l’énergie entre ces deux sections.
l’écoulement.
5.3.5.6 Mesure du débit au-dessus d’un
À partir des notes prises sur le terrain, on fait des
déversoir, d’un barrage ou
dessins représentant le plan, les profils du lit du
d’un remblai routier
chenal et la surface des hautes eaux sur les deux
berges, les sections transversales et les caractéris- Un déversoir, un barrage ou un remblai constituent
tiques de tous les ouvrages d’art. On calcule les généralement des sections de contrôle où le débit
facteurs hydrauliques nécessaires, puis le débit. est en rapport avec la cote de la ligne d’eau en
amont. On peut déterminer le débit de pointe à la
section de contrôle en se basant sur un relevé topo-
5.3.5.3 Mesure par la méthode de la pente
graphique des laisses de crue et sur la géométrie de
de la ligne d’eau
l’ouvrage. Les méthodes employées sont issues des
L’estimation par la méthode de la pente de la ligne études des caractéristiques de débit des déversoirs,
d’eau se pratique sur un tronçon de cours d’eau barrages et remblais menées en laboratoire et sur le
choisi pour son caractère uniforme ou pour la terrain.
variation uniforme de ses caractéristiques hydrau-
liques (ISO, 1973b). Le débit se calcule à partir Le travail sur le terrain consiste en un relevé des
d’une équation d’écoulement uniforme, telle que cotes amont et aval d’après les laisses de crue, d’une
celle de Manning, utilisant les caractéristiques du section transversale amont pour déterminer la vitesse
chenal, la pente de la ligne d’eau et les coefficients d’approche, et des formes exactes de l’ouvrage de
de rugosité. contrôle afin d’obtenir un coefficient de débit
convenable. Des coefficients sont fournis pour:
a) Les déversoirs en paroi mince, dénoyés ou
5.3.5.4 Mesure du débit dans les
noyés;
franchissements couverts
b) Les déversoirs à seuil épais, non noyés;
Le débit de pointe à travers un franchissement c) Les déversoirs en doucine ou à seuil profilé,
couvert peut être calculé à partir des laisses de crue noyés ou non;
I.5-14 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
d) De nombreux ouvrages de forme irrégulière. Dans ce cas, il est préférable de comparer, avant et
après le jaugeage, les indications du moulinet à
celle d’un autre moulinet non utilisé pour le
5.3.6 Jaugeage en conditions difficiles
jaugeage.
On trouvera un exposé général à propos des
jaugeages en conditions difficiles dans Level and Dans les rivières sujettes à des détarages importants,
Discharge Measurements under Difficult Conditions la distribution des vitesses dans une section change
(WMO-No. 650). au cours du temps. On choisira alors les verticales
de mesure en fonction de la répartition des vitesses
au moment du jaugeage. L’utilisation de verticales
5.3.6.1 Lits instables
permanentes peut conduire à des erreurs systé-
L’instabilité d’un chenal se caractérise par des matiques. Si le détarage est important, il est
déplacements systématiques du lit, par la forte préférable de choisir une des méthodes utilisant un
teneur en sédiments et par la présence de débris de nombre réduit de points pour mesurer la vitesse,
toute sorte dans le courant. L’instabilité d’un chenal avec un nombre réduit de verticales (ISO, 1979b).
est une entrave au bon fonctionnement d’une
structure de jaugeage et/ou d’une section de mesure Si on a relevé la profondeur du fond deux fois
permanente. Ce problème peut être amoindri en (avant et après les mesures de vitesse) la surface de
choisissant un emplacement au milieu d’un tron- la section transversale est calculée en prenant la
çon droit et régulier du cours d’eau, l’écart moyenne des deux séries de mesures de profondeur.
d’obstacles divers (ponts, etc.). Les berges les plus Pour les cours d’eau de grande largeur, où la position
stables se trouvent généralement aux endroits où le des verticales est déterminée en général à l’aide de
chenal se rétrécit. Sur les petites rivières, le site jalons sur les berges, les verticales obtenues lors de
devrait permettre l’aménagement d’une section chacune des mesures peuvent ne pas coïncider.
permanente de mesure. Dans ce cas, un profil moyen du site de jaugeage est
utilisé pour choisir les valeurs de profondeur
Sur les petits cours d’eau qui ne charrient pas de intervenant dans le calcul du débit.
grosses pierres ni de débris, on peut mesurer le débit
à l’aide de canaux jaugeurs portables ou installés de
5.3.6.2 Cours d’eau de montagne
façon permanente. Sur ce type de cours d’eau, il est
parfois indiqué de disposer d’une section artificielle Les cours d’eau de montagne sont caractérisés par
pour les mesures, de manière à améliorer la relation une forte vitesse du courant, un lit peu profond et
hauteur-débit. Cette amélioration peut être réalisée irrégulier encombré de blocs de pierres et de débris,
sous la forme d’un seuil bas ou d’un canal jaugeur, une pente irrégulière et transversale de la surface de
selon les conditions spécifiques du site en question. l’eau, et un charriage important mais irrégulier de
La structure devrait être suffisamment haute pour pierres et de galets. Autant que possible, il faut
être à l’abri de remous provenant d’une section en éviter les emplacements ayant de telles caractéris-
aval, et suffisamment basse pour ne pas causer de tiques pour le jaugeage comme pour les prises de
perturbations excessives à l’aval. En basses eaux, le mesure.
dispositif devrait fournir une courbe de tarage
présentant une bonne sensibilité. Une passerelle Sur les petits cours d’eau de montagne, compte
pourra être installée de façon à permettre le tenu de la turbulence de l’écoulement, il est très
nettoyage du seuil des ouvrages, et la réalisation des souhaitable d’utiliser les méthodes de jaugeage par
jaugeages au moulinet. Compte tenu des fortes dilution (section 5.3.4).
teneurs en sédiments dans les rivières instables, il
est préférable d’utiliser des moulinets possédant Des améliorations du chenal peuvent être envisa-
une chambre de contact étanche. Les perches de gées pour permettre d’effectuer de meilleures
jaugeage devraient être munies d’une plaque de mesures. Il peut être souhaitable aussi d’équiper le
fond afin qu’elles ne s’enfoncent pas dans les site d’une passerelle de jaugeage (section 5.3.2). S’il
sédiments. est possible de construire un bief acceptable pour la
réalisation de jaugeages au moulinet, ceux ci
Lorsque l’on mesure le débit par la méthode devraient s’appuyer sur au moins 20 verticales. On
d’exploration du champ des vitesses, on mesure ne commet pratiquement guère d’erreurs systéma-
généralement la profondeur avant et après la tiques en mesurant la profondeur avec une perche à
mesure de vitesse. Lorsque la vitesse du courant est gué dans ces cours d’eau. Cependant, l’utilisation
élevée, le moulinet peut subir quelques dommages d’un saumon avec gouvernail peut faire sous-
du fait des débris variés entraînés par le courant. estimer la profondeur, si cette dernière est faible.
CHApitre 5. MESURAGE DE LA QUANTITé DES EAUX SUPERFICIELLES ET DES SéDIMENTS I.5-15
Pour des profondeurs de l’ordre d’un mètre, l’écart vitesse maximale mesurable par cette méthode est
avec les mesures à la perche à gué peut atteindre de 15 m s–1, mais ce maximum dépend de la hauteur
2,5 à 3 %, tandis que pour des profondeurs de 0,4 du point d’observation au-dessus de la surface de
à 0,8 m, il peut atteindre jusqu’à 10 ou 15 %. l’eau. Les mesures stroboscopiques peuvent se faire
même avec des eaux très chargées en matières en
Lorsque l’on utilise un moulinet, il vaut mieux suspension, charriant des glaces et autres corps
employer la méthode à deux points. Le débit se flottants, qui interdisent l’usage du moulinet. Le
calcule de la façon habituelle comme indiqué dans coefficient de conversion de la vitesse de surface
la section 5.3.2.4. en vitesse moyenne sur une verticale, déterminée
par des mesures semblables dans des conditions
moins difficiles, est généralement de 0,85-0,90.
5.3.6.3 Mesures en régime non permanent
Pour mesurer la profondeur, on utilise souvent un
échosondeur ou la section transversale habituelle.
5.3.6.3.1 Jaugeages pendant les crues et sur
les grandes rivières
Pour les fleuves de grande largeur (3 à 20 km)
C’est à partir des ponts, des transporteurs aériens à composés de plusieurs chenaux, la prise de mesure
câbles ou des bateaux que les jaugeages des fleuves au moulinet devient extrêmement difficile. Dans
en crue se font le mieux. Il existe de nombreux ce cas, la méthode du bateau mobile (section
modèles de treuils électriques portables que l’on 5.3.7.2) ou la mesure du débit par des appareils
peut fixer sur des camions spéciaux, automobiles Doppler acoustiques (section 5.3.7.5) peuvent être
ou tracteurs. Sur les grandes rivières, lorsqu’il n’y a utilisées.
pas de pont, on utilise des bateaux, de grands
canots ou des bacs. On peut utiliser un matériel Ces méthodes conviennent par ailleurs particulière-
optique ou télémétrique à bord et sur la rive pour ment bien lorsqu’il y a de brèves interruptions dans
déterminer la position de l’embarcation dans le la dérive de la glace ou en présence de matériaux
chenal. Les bacs utilisant un câble de traversée, détritiques. S’il y a des glaces ou des corps flottants
sont équipés d’engins électriques ou mécaniques sur une partie de la section de jaugeage, les mesures
pour le déplacement le long du câble et pour la y seront faites au flotteur, le moulinet étant employé
manœuvre du matériel de mesure. Généralement, il durant les périodes d’interruption dans le charriage
faut utiliser des saumons lourds (jusqu’à 200 kg), de débris. La photographie aérienne alliée aux
car les vitesses de ces grands cours d’eau peuvent flotteurs peut aussi être employée pour la prise de
atteindre 6 à 8 m s–1. Le profil de la profondeur de mesure sur des rivières larges.
la section de jaugeage peut aussi être relevé à
l’échosondeur.
5.3.6.3.2 Jaugeages dans les biefs à
marée
Des systèmes traversants, commandés à distance
ou manipulés à partir de la rive, conviennent Lorsque la marée remonte jusqu’à une section de
parfaitement pour la mesure des crues sur les petits jaugeage, on doit tenir compte des phénomènes
cours d’eau. Ces systèmes peuvent être portables et suivants:
être utilisés en différents endroits à condition que a) Le niveau de l’eau varie continuellement, avec
ces sites soient équipés d’un câble porteur prin- ou sans modification de la direction du courant;
cipal d’un côté à l’autre de la rivière. Si l’on ne b) La vitesse varie continuellement, même avec
dispose pas de tels systèmes, on peut utiliser des une profondeur stable sur la verticale, avec un
bateaux en duraluminium ou des radeaux pneu- gradient de vitesse très élevé;
matiques gonflables facilement transportables, c) La distribution des vitesses dans le temps est
avec moteurs hors-bord et plate-forme équipée. variable;
Les endroits difficiles d’accès peuvent être atteints d) Le courant change de sens au cours du cycle de
par hélicoptère. la marée avec annulation de la vitesse;
e) Stratification de la masse d’eau avec des
Pour des vitesses très élevées on peut utiliser des densités et des directions de courant variables;
flotteurs ou un stroboscope pour mesurer les vitesses f) La largeur et la section transversale se modi-
de surface Le stroboscope est muni d’un télescope fient considérablement;
qui est dirigé vers la surface de l’eau, et d’un certain g) Apparition d’une turbulence à grande échelle
nombre de miroirs tournants. On règle la vitesse de (c’est-à-dire des fluctuations de vitesse ayant
rotation de ces miroirs de façon que la surface de une période supérieure à 30 secondes, et
l’eau paraisse immobile. La vitesse de rotation des variation d’amplitude de la vitesse allant
miroirs permet de calculer la vitesse du courant. La jusqu’à 50 %) avec des seiches.
I.5-16 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
On emploie généralement une des méthodes Afin de déterminer le débit pendant le flux et le
suivantes pour jauger les rivières à marée (ISO, 1974): reflux, on mesure la vitesse à chaque verticale
méthode d’exploration du champ des vitesses, pendant la durée entière du cycle de la marée. Afin
méthode volumétrique ou résolution de l’équation de connaître avec précision le moment où la vitesse
d’écoulement non permanent. On peut aussi utiliser s’annule, on commence les mesures une demi-
la méthode du bateau mobile (section 5.3.7.2) ou la heure avant le début et on les arrête une demi-heure
méthode du Doppler acoustique (section 5.3.7.5) en après la fin de la marée. Selon le matériel disponible
particulier lorsque la courbe de distribution des et les caractéristiques du site choisi, différentes
vitesses est voisine de sa forme habituelle. D’autres méthodes sont utilisables pour les mesures de la
méthodes, comme la méthode par ultrasons vitesse:
(section 5.3.7.3) peuvent aussi convenir. a) Si l’on dispose d’un nombre de bateaux suffi-
sant, les mesures se font simultanément sur
Dans la méthode de calcul du débit par exploration toutes les verticales pendant toute la durée de
du champ des vitesses, on mesure la vitesse durant la marée;
tout le cycle de la marée. Généralement, on utilise b) Si le nombre de bateaux est limité, on repère les
plusieurs points de mesure de façon à tenir compte verticales choisies par des bouées ancrées. Un
des différentes directions du courant. Simulta- ou deux bateaux sont nécessaires pour effectuer
nément, on mesure de façon continue la cote ainsi les mesures, en se déplaçant d’une verticale à
que la profondeur à chaque verticale. Ensuite, la suivante, l’intervalle de temps entre deux
toutes les mesures sont ramenées à un même verticales ne devant pas dépasser une heure.
moment pour lequel on calcule le débit. Il faut au moins un bateau supplémentaire
qui stationne en permanence à une verticale
L’exactitude de cette méthode est plus grande de référence, exécutant des mesures continues
si: pendant tout le cycle de la marée. Dans ce cas,
a) Le cycle de marée pendant la mesure est la courbe des variations de vitesse à chaque
périodique ou quasi périodique; verticale pendant tout le cycle est tracée sur
b) Les lignes de courant, en particulier au moment la base des mesures faites sur la verticale de
du débit maximal, sont parallèles entre elles et référence, à titre de comparaison;
perpendiculaires en tous points à la section de c) Si la forme de la courbe de la marée ne change
mesure; pas beaucoup d’un jour à l’autre et si deux
c) Les courbes de répartition des vitesses, hori- bateaux au moins sont disponibles, l’un des
zontalement et verticalement, ont la forme bateaux stationne à la verticale de référence et
régulière rencontrée au site de jaugeage; poursuit ses mesures chaque jour pendant toute
d) Le profil en travers de la section de jaugeage est la marée tandis que l’autre exécute des mesures
uniforme et sans hauts-fonds. pendant toute la marée à chaque verticale, se
déplaçant chaque jour vers une nouvelle verti-
Autant que faire se peut, le site choisi devrait donc cale. Dans ce cas, le nombre de jours de mesure
avoir les caractéristiques suivantes: nécessaires à l’observation du cycle entier est
a) La section en travers du lit devrait être droite et égal au nombre de verticales de mesure;
de forme régulière; d) Si l’amplitude de la marée varie et si on ne peut
b) La profondeur de l’eau devrait être suffisante faire de mesures sur de nombreuses verticales,
pour que l’on puisse utiliser efficacement un les mesures sont faites sur chaque verticale pour
moulinet; le cycle entier de marées de différentes ampli-
c) Le chenal devrait rester stable durant le cycle de tudes pendant un mois lunaire, et aux marées
la marée; de vive eau et morte eau;
d) Le débit devrait être concentré dans un ou e) S’il y a de fortes oscillations, les mesures se feront
plusieurs chenaux dont on peut déterminer la sur chaque verticale avec plusieurs moulinets
section en travers avec un bon degré d’exactitude; à différentes profondeurs, sur des périodes de
e) Le site ne devrait pas être à proximité d’obstacles dix à quinze minutes. La vitesse moyenne est
naturels ou artificiels perturbant l’écoulement; calculée sur la moyenne de la période;
f) Le site de jaugeage ne devrait pas être encombré f) Dans le cas de courants obliques, on utilisera
de végétation; soit des moulinets à lecture directe, soit des
g) Il faudrait éviter les courants obliques ou instruments pouvant mesurer la direction du
contraires et les zones d’eaux mortes. courant.
Le site devrait être signalé par des repères de façon Lorsque la vitesse varie rapidement, les valeurs des
très visible sur les deux rives. vitesses mesurées à différents points de mesure
CHApitre 5. MESURAGE DE LA QUANTITé DES EAUX SUPERFICIELLES ET DES SéDIMENTS I.5-17
d’une verticale doivent être ajustées à un temps Par conséquent, un nettoyage fréquent du lit sera la
donné. Pour cela, on peut soit répéter les mesures à meilleure solution. On peut couper la végétation du
chaque point de la verticale, du fond vers la surface, lit avec un dispositif spécial mû par une scie à
soit à un point unique en surface seulement. chaîne mécanique, ou avec une faux ordinaire.
Pour calculer le débit sur chaque verticale, on trace La vitesse du courant devrait être mesurée sur chaque
la courbe des variations de la vitesse en fonction du verticale en trois points aux quinze, cinquante et
temps, sur laquelle on relève la vitesse au temps quatre-vingt-cinq centièmes de la profondeur. Pour
choisi. une profondeur inférieure à 0,40 m, on utilisera la
méthode du point unique.
Pour le calcul du débit par la méthode volumé-
trique, des mesures du niveau de l’eau synchronisées Dans le compte rendu de jaugeage, on devrait
sont faites aux limites du ou des secteurs de mesure décrire brièvement l’état présent de la végétation.
après que leurs caractéristiques géométriques
(section transversale, longueur, surface inondée) Comme les algues et les herbes peuvent s’entortiller
ont été déterminées. En outre, on installe en amont autour de l’hélice du moulinet, on devrait l’inspec-
de la zone d’influence de la marée une station de ter et le nettoyer fréquemment pendant les mesures.
jaugeage supplémentaire de manière à connaître le Lorsque les mesures sont faites en un seul point, on
débit propre de la rivière. Lorsqu’il y a des pentes doit contrôler avec soin la régularité avec laquelle
transversales dans de larges estuaires, on mesure les les signaux sont reçus. On a maintenant acquis une
niveaux sur les deux rives. La variation de volume certaine expérience de l’utilisation de la méthode
des prismes de marée, dans l’intervalle de temps électromagnétique pour les jaugeages soumis à de
pris en considération, est calculée à partir des varia- telles conditions (section 5.3.7.4).
tions des profondeurs moyennes et de la surface des
zones inondées à l’intérieur des limites du secteur.
5.3.7 Méthodes non traditionnelles
Pour déterminer le débit moyen, on divise la varia-
pour le jaugeage de rivières
tion de volume du prisme complet par le temps pris
en compte, et on retranche du résultat les apports
5.3.7.1 Généralités
au cours d’eau.
Les calculs du débit par la méthode d’exploration
Dans la méthode de calcul du débit à partir des du champ des vitesses et par la méthode de dilu-
équations en régime non permanent, la résolution tion, ou grâce à des structures hydrauliques (section
de ces équations peut être simplifiée par certaines 5.4) présentent certaines limites et ne peuvent être
hypothèses, comme le parallélisme des lignes de effectués en toutes circonstances. Il existe quatre
courant et l’uniformité de la densité, et le fait que le méthodes relativement nouvelles pour la mesure
chenal est prismatique. Habituellement les mesures du débit des cours d’eau, à savoir: celle du bateau
sont effectuées pour deux cycles typiques (haut et mobile, la méthode dite ultrasonique, la méthode
bas) de marée. Les mesures sont utilisées pour caler électromagnétique et celle du Doppler acoustique.
les paramètres des équations.
5.3.7.2 Méthode du bateau mobile
5.3.6.4 Prolifération de végétation dans [SHOFM E79]
les cours d’eau
Dans cette méthode, on équipe un bateau d’un
La prolifération de la végétation aquatique est une ensemble de mesure courantométrique spéciale-
source relativement importante d’erreur. Dans les ment conçu pour indiquer la valeur instantanée de
petites rivières, il est conseillé, si cela est faisable, de la vitesse. On fait le jaugeage en traversant le cours
construire des sections de contrôle artificielles. Si ce d’eau le long d’un itinéraire préétabli, perpendicu-
n’est pas possible, le débit devrait être mesuré par la laire au courant. Pendant la traversée, accomplie
méthode d’exploration du champ des vitesses. Pour d’une traite, on enregistre le profil en travers à l’aide
cela, un bief de la rivière de 6 à 10 m de long devrait d’un échosondeur, tandis que le moulinet mesure
être débarrassé de sa végétation pendant toute la en permanence les vitesses combinées du bateau
période de pousse. En outre, les berges devraient et du courant. Ces données, récoltées au niveau de
être débarrassées des buissons et des hautes herbes 30 à 40 points d’observation (verticales) le long du
sur un tronçon un peu plus long. trajet, sont converties en débit. La vitesse enregis-
trée à chaque point d’observation de la section
Les substances toxiques empêchant la croissance de transversale est une quantité vectorielle représen-
la végétation ne sont efficaces que quelque temps. tant la vitesse relative du courant qui passe par le
I.5-18 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
dispositif de mesure. Cet ensemble de mesure Deux types de dispositifs de mesure par ultrasons
comporte un gouvernail fixé à un arbre en acier sont d’usage courant. Dans le premier, les transduc-
inoxydable muni, à son extrémité supérieure, d’un teurs ont une position fixe et la station est étalonnée
cadran et d’un index qui permettent de mesurer au moulinet; dans le second, les transducteurs
l’angle entre la direction du gouvernail et celle du coulissent sur un support vertical ou incliné. Dans
véritable déplacement du bateau. Ceci se fait en ce dernier cas, le système peut s’étalonner lui-même
s’alignant soigneusement sur des balises placées sur et les mesures au moulinet ne sont donc pas néces-
les berges. En général, on effectue six traversées en saires. En déplaçant les transducteurs verticalement
sens alternés, et on prend la moyenne des mesures à différentes profondeurs (7 à 10 en moyenne), on
comme débit (ISO,1979a; Smoot et Novak, 1969). obtient les vitesses le long des différents trajets. À
partir de chaque série de mesures on établit des
Le calcul du débit est effectué de façon analogue à courbes de répartition verticale de vitesses pour une
celui de la méthode habituelle par exploration du gamme de hauteurs d’eau aussi étendue que
champ des vitesses, en additionnant les produits possible. Il est alors possible d’abord de déterminer
des surfaces des secteurs par les vitesses moyennes. une profondeur convenable pour fixer les transduc-
Il faut utiliser un coefficient pour corriger la vitesse teurs, ensuite de tracer une courbe du niveau en
mesurée, car le moulinet se trouve environ à un fonction du coefficient de débit, comme dans la
mètre en dessous de la surface de l’eau. Ce coeffi- première méthode.
cient est généralement uniforme pour toute la
section dans le cas de rivières importantes. Des Dans les rivières avec faible gamme de hauteurs, un
recherches réalisées sur différents cours d’eau ont système de transducteur à trajet unique peut s’avé-
montré que le plus souvent ce coefficient varie de rer acceptable. Pour les rivières sujettes à de grandes
0,85 à 0,95. La méthode du bateau mobile fournit variations de niveau, il peut devenir nécessaire
une mesure ponctuelle du débit, et on peut en d’installer un système à trajets multiples compor-
attendre une exactitude de plus ou moins 5 % au tant plusieurs paires de transducteurs.
seuil de confiance de 95 %.
L’exactitude de la méthode ultrasonique dépend de
la précision avec laquelle les temps de trajet peuvent
5.3.7.3 Méthode ultrasonique (acoustique)
être mesurés. Les différentes techniques disponibles
[SHOFM C73]
aujourd’hui sont susceptibles de mesurer le temps
Le principe de cette méthode est de mesurer la avec une très grande précision (Smoot et Novak,
vitesse du courant à une certaine profondeur en 1969, Herschy et Loosemore, 1974; Smith, 1969;
envoyant simultanément des ondes sonores à 1971; 1974; Botma et Klein, 1974; Kinosita, 1970;
travers l’eau à l’aide de transducteurs situés de Holmes et al., 1970; Halliday et al. 1975; Lenormand,
chaque côté du cours d’eau. Les transducteurs sont 1974).
conçus pour émettre et pour recevoir les impulsions
sonores et sont disposés sur les rives opposées de
5.3.7.4 Méthode électromagnétique
façon à ce que le trajet des ondes fasse un angle
compris entre 30° et 60° avec la direction du Le mouvement de l’eau s’écoulant dans une rivière
courant. La différence des temps de parcours des coupe la composante verticale du champ magné-
ondes remontant le courant et de celles descendant tique terrestre, une force électromotrice (fem) est
le courant est directement fonction de la vitesse induite dans l’eau que l’on peut mesurer à l’aide de
moyenne de l’eau à la profondeur des transduc- deux électrodes. Cette force électromotrice, qui est
teurs. Cette vitesse peut être corrélée avec la vitesse directement proportionnelle à la vitesse moyenne
moyenne dans l’ensemble de la section transverse. de la rivière, est induite le long de chaque filet d’eau
En incorporant un facteur de surface dans le système au moment où il coupe les lignes de force du champ
électronique, on peut obtenir le débit comme signal magnétique terrestre vertical.
de sortie.
On voit, sur la figure I.5.3, le schéma d’une station
Idéalement, les transducteurs sont positionnés à de jaugeage électromagnétique où la bobine est
une profondeur telle qu’ils mesurent la vitesse placée dans le lit et où le champ magnétique est
moyenne du courant. En pratique, ils sont fixés dirigé selon l’axe x, la force électromotrice selon
définitivement, si bien que, lors d’un changement l’axe y et le mouvement de l’eau selon l’axe z. La loi
de niveau, ils ne seront probablement plus à la d’induction électromagnétique de Faraday relie la
profondeur de la vitesse moyenne et il faudra longueur d’un conducteur se déplaçant dans un
corriger la vitesse mesurée à l’aide d’un coefficient champ magnétique à la force électromotrice induite
d’ajustement. par l’équation (Herschy et Newman, 1974).
CHApitre 5. MESURAGE DE LA QUANTITé DES EAUX SUPERFICIELLES ET DES SéDIMENTS I.5-19
Sondes de corrélation
Sonde conductrice du bruit
de fond
Sondes
du signal
Y X
Sondes de
conductivité
de fond
Z
Écoulement
de l’eau
Bobine créant le
Sondes d’annulation Cabane abritant
champ magnétique
du bruit l’instrumentation
En pratique, la plupart des lits de cours d’eau ont d’autres moyens, et d’établir une relation entre le
une conductivité non négligeable qui permet le débit et le signal de sortie.
passage d’un courant électrique dans le lit. Pour des
raisons pratiques, le champ induit sera spatialement
5.3.7.5 Mesure du débit avec des
limité et les courants électriques se propageant dans
instruments Doppler acoustiques
la zone extérieure au champ auront pour effet de
réduire le potentiel de sortie. Ces deux facteurs ont
5.3.7.5.1 Généralités
pour effet de réduire le signal, et donc le voltage
enregistré. En une station électromagnétique, il est Les développements de la technologie Doppler
par conséquent nécessaire de mesurer à la fois la acoustique ont fait de ces instruments une véritable
conductivité du lit et celle de l’eau. alternative pour la mesure des débits des rivières et
cours d’eau importants. Au cours des dernières
Le type de courant d’alimentation de la bobine années, les instruments et les techniques ont nota-
convenant le mieux est un courant continu dont la blement évolués, et il est devenu possible d’utiliser
direction est inversée un petit nombre de fois par les instruments Doppler acoustiques dans des petites
seconde pour obtenir une onde carrée alternative rivières peu profondes. Tous les instruments utilisent
d’environ 1 Hz de fréquence. Une installation type le principe de Doppler pour mesurer la vitesse de
comprendra une bobine de 12 spires faites d’un câble particules en suspension dans l’eau afin de calculer le
double de 16 mm2, isolé avec du PVC, et alimenté débit. Un instrument Doppler acoustique contient
avec un courant de 25 ampères, sous une tension de des transducteurs et des capteurs de température
20 volts environ (Herschy et Newman, 1974). conçus pour être utilisés dans l’eau. Aucun des com-
posants ne demande un réétalonnage périodique, à
La méthode électromagnétique conviendra bien moins qu’il n’ait été endommagé.
pour les cours d’eau encombrés de végétation,
fortement chargés de sédiments ou avec un lit
5.3.7.5.2 Principe de Doppler
mobile. Elle donne un enregistrement continu de la
vitesse moyenne dans la section qui, combinée avec Un instrument Doppler acoustique (figure I.5.4)
la cote, peut fournir le débit in situ. mesure la vitesse de l’eau en utilisant un principe
physique nommé effet Doppler. Ceci stipule que si
L’exactitude dépend du système électronique du la source d’un son se déplace par rapport au récep-
matériel de traitement du signal qui détecte et teur, la fréquence du son reçu au récepteur sera
mesure les faibles différences de potentiel recueillies différente de a fréquence de transmission du son
par les électrodes. On peut détecter un signal de émis. L’instrument émet une impulsion d’énergie
100 nanovolts, ce qui représente approximati- sous forme sonore dans l’eau, à la manière d’un
vement une vitesse de 1 mm s–1. Il est nécessaire sonar sous-marin mais à bien plus haute fréquence.
d’étalonner in situ les stations de jaugeage électro- Cette énergie est réfléchie par les particules en
magnétique à l’aide de mesures au moulinet ou par suspension dans l’eau et s’y déplaçant, et une partie
I.5-20 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
DÉPART Itin
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VECTEURS DE
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Le système utilise un PCDA large te
au
bande 1 200 kHz à quatre faisceaux
une profondeur du PCDA correcte, la distance aux eaux s’écoulant lentement. Ces appareils peuvent se
berges et s’assurer que le tangage, le roulis et la vitesse contenter de volumes d’eau d’échantillonnage plus
de l’instrument embarqué restent dans des limites modestes que les courantomètres traditionnels.
acceptables pendant les mesures. Un biais de n’im-
porte lequel de ces éléments peut entraîner un biais Le Flowtracker est un de ces CDA, actuellement le seul
significatif des valeurs mesurées des débits. sur le marché pouvant être tenu à la main. Cet instru-
ment est une alternative aux instruments mécaniques
Une autre sorte de profileur Doppler acoustique pour effectuer des jaugeages à la perche. Le Flowtracker
réalise les mesures de débit sans utiliser une trace de est constitué d’une sonde assujettie à une perche de
fond. À la place, il mesure en utilisant des sections jaugeage par une interface. L’interface permet l’entrée
ou «verticales». Selon les caractéristiques de la des paramètres de base requis pour réaliser une mesure
rivière, l’instrument explore de 10 à 20 verticales, de débit: station, distance, profondeur et positionne-
chacune étant mesurée pendant 30 à 60 secondes, ment vertical des mesures (six dixièmes, ou deux et
afin de réaliser une mesure de débit. De tels instru- huit dixièmes de la profondeur). En utilisant la
ments mesurent la totalité du profil vertical de méthode d’exploration du champ des vitesses, il
vitesse et peuvent facilement être suspendus à un calcule le débit en multipliant la surface de la section
pont ou à un câble tendu à travers la rivière. par la vitesse moyenne dans le chenal.
Les faisceaux sont tous orientés dans un espace Les véritables données de vitesse en deux ou trois
bidimensionnel (2D) permettant la mesure à proxi- dimensions (2D ou 3D) sont exprimées dans des
mité des berges de la rivière (chenal). L’utilisateur coordonnées cartésiennes (XYZ) relatives à l’orien-
doit régler la distance à la berge, et le logiciel calcule tation de la sonde. Seule la composante selon X de la
l’aire de la section transversale. Comme il n’y a pas vitesse (Vx) est utilisée pour les mesures de débit des
de traçage du fond, l’instrument doit être orienté rivières. La sonde doit être orientée perpendiculaire-
dans la direction de l’écoulement et se déplacer à ment à la section de mesure afin d’assurer un calcul
travers la rivière selon des segments/verticales correct du débit. L’opérateur n’a pas à estimer l’angle
prédéfinis. Ne pas respecter ces contraintes conduit du courant comme il le doit pour les courantomètres
à des mesures de débit imprécises. à une dimension (1D).
acoustique peut être utilisé sur des plateformes fixes cours d’eau donné devrait être guidé par les critères
pour calculer le débit des rivières. L’instrument est suivants définissant un site idéal:
habituellement monté sur une structure immergée, a) Le lit est rectiligne sur environ 100 m, en amont
faisant face perpendiculairement à l’écoulement, et et en aval du site de mesure;
mesure la vitesse de l’eau en différents points d’un b) La totalité de l’écoulement est concentrée
plan. On appelle souvent ces instruments céléri- dans un seul chenal quel que soit le niveau
mètres Doppler acoustiques, CMDA (Acoustic d’eau, sans aucune dérivation souterraine de
Doppler Velocity Meters, ADVM), (Gotvald, 2005). l’écoulement;
c) Le lit du cours d’eau ne risque ni affouille-
La vitesse de l’eau mesurée par le CMDA est utilisée ment ni comblement, et est libre de végétation
pour calculer la vitesse moyenne dans le chenal de la aquatique;
rivière. C’est ce qu’on appelle l’indice de vitesse de la d) Les berges sont stables, suffisamment hautes
rivière. En utilisant l’indice de vitesse, le débit peut pour contenir les crues et libres de broussailles;
être calculé de différentes façons. C’est ce qu’on e) Il existe des contrôles naturels invariables de
appelle la méthode de l’indice de vitesse. Un CMDA l’écoulement, tels qu’affleurements rocheux ou
permet de mesurer le débit d’une rivière dont la haut-fond pendant les étiages, contraction du
courbe de tarage est médiocre ou inexistante. La lit pour les hautes eaux, chutes ou cascades qui
méthode de l’indice de vitesse consiste fondamenta- ne sont noyées à aucune hauteur d’eau, de telle
lement à calculer le débit à partir de l’équation sorte que la relation hauteur-débit soit stable.
Q = VA, où Q est le débit total, V la vitesse moyenne S’il n’y a aucun contrôle naturel satisfaisant en
et A l’aire de la section du chenal. L’utilisation de basses eaux, il faudrait envisager l’installation
CMDA sur des plateformes fixes afin de fournir des d’un contrôle artificiel;
mesures de l’indice de vitesse pour le débit des f) Il existe un emplacement, juste en amont de la
rivières a récemment progressé. section de contrôle, pour abriter le limnigraphe
où le risque de détérioration par des glaces à la
dérive ou objets flottants pendant les épisodes
de crues est minimal. L’emplacement du limni-
5.4 STATIONS DE JAUGEAGE graphe devrait être au-dessus du niveau des
plus hautes crues éventuelles pendant la durée
de service de la station;
5.4.1 Objet des stations de jaugeage
g) La station de jaugeage est située suffisamment
Les stations de jaugeage ont pour objet de fournir en amont d’un confluent ou d’une zone soumise
des relevés systématiques de hauteurs d’eau et de à la marée pour qu’aucun effet de variation dû à
débit. Il est nécessaire de disposer de relevés continus l’un ou l’autre ne perturbe la relation hauteur-
des écoulements pour concevoir les systèmes débit;
d’alimentation en eau et d’assainissement, pour la h) Il existe un tronçon de rivière à distance raison-
conception des ouvrages hydrauliques, et pour esti- nable du site permettant de mesurer le débit de
mer la charge chimique ou en sédiments des cours façon satisfaisante quel que soit le niveau, mais
d’eau, y compris en polluants. il n’est pas nécessaire que les hautes et les basses
eaux soient mesurées dans la même section du
Comme on ne peut en général pas enregistrer les cours d’eau;
débits en continu, à moins d’utiliser une des i) Le site est facilement accessible pour faciliter
nouvelles méthodes exposées aux sections 5.3.7.3 l’installation et l’exploitation de la station;
et 5.3.7.4, les débits sont établis à l’aide de la rela- j) On dispose, si nécessaire d’installations de
tion entre hauteur et débit, telle qu’elle est définie télétransmission ou d’un relais satellite;
par des jaugeages périodiques et un enregistrement k) La formation de glace éventuelle ne doit pas
permanent de la cote, ou bien à l’aide d’un dispo- interrompre l’enregistrement des cotes et les
sitif de mesure étalonné en laboratoire ou sur le mesures de débit;
terrain. l) Il ne doit pas y avoir de vagues ou de clapotis à
la surface de l’eau à proximité de la station de
jaugeage.
5.4.2 Choix du site
Le choix des cours d’eau à jauger devrait être régi par On trouvera rarement un site idéal remplissant
les principes d’organisation du réseau (section 2.4) l’ensemble de ces critères; il faudra donc choisir
et par l’usage que l’on prévoit de faire des résultats. entre les sites possibles celui qui convient le
Le choix d’un site de station de jaugeage sur un mieux.
CHApitre 5. MESURAGE DE LA QUANTITé DES EAUX SUPERFICIELLES ET DES SéDIMENTS I.5-23
5.4.3 Contrôles de la relation hauteur- des lectures de niveau, que la construction des
débit structures afférentes soit faite avec soin, que les
conditions d’emploi en soient bonnes et que l’on
On appelle contrôle la ou les caractéristiques utilise les formules les plus appropriées (OMM,
physiques qui conditionnent les relations entre 1986b; ISO, 1977b, 1980, 1983, 1984, 1989).
hauteur d’eau et débit. Dans la principale classifica-
tion des contrôles, on fait la différence entre le En conditions moins favorables, il est nécessaire de
contrôle de la section et du chenal. Une autre procéder à des étalonnages de contrôle in situ pour
distinction est faite entre les contrôles naturels et vérifier l’écart avec la formule standard, ou pour
artificiels. établir directement la courbe de tarage. Il est alors
très important de mesurer périodiquement les
Lorsque la topographie d’une seule section trans- faibles débits par d’autres moyens pour détecter les
versale est telle qu’elle rétrécit le chenal ou modifications du coefficient de débit causés par des
lorsqu’une rupture de pente existe à cet endroit, dépôts de sédiments dans la fosse, ou bien par des
c’est une section de contrôle. Le rétrécissement de algues sur le déversoir ou dans le canal jaugeur.
la section peut avoir pour cause une surélévation du
lit du chenal, telles qu’en présence de rapides ou Nous sommes limités dans ce Guide aux considéra-
d’affleurements rocheux naturels, ou bien de déver- tions générales concernant le choix et l’emploi des
soirs ou barrages artificiels; il peut aussi être causé déversoirs et canaux jaugeurs. Des descriptions
par un rétrécissement latéral naturel ou artificiel de techniques plus précises sur leur géométrie et sur les
la section, tel qu’un pont dont l’ouverture est bien formules de tarage utilisées sont fournies l’utilisa-
plus étroite que le chenal naturel. tion dans Use of weirs and flumes in Stream Gauging
(WMO-No. 280).
Il y a chenal de contrôle lorsque la topographie et la
rugosité d’une grande longueur du chenal en aval
5.4.4.1 Domaine d’application
de la station de mesure déterminent la relation
hauteur-débit. La longueur du chenal nécessaire Les déversoirs et canaux jaugeurs utilisés aux
pour qu’il y ait contrôle augmente avec le débit. De stations peuvent être répartis en trois catégories:
façon générale, plus la pente de la ligne d’eau est a) Les déversoirs à paroi mince qu’on emploie en
faible, plus la longueur du chenal de contrôle général sur des petits cours d’eau peu chargés en
nécessaire est grande. matières solides, ou à l’exutoire de petits bassins
de recherche;
Souvent on construit un barrage bas, un déversoir b) Les canaux jaugeurs utilisés sur des petits cours
ou un canal jaugeur pour établir un contrôle artifi- d’eau ou canaux qui transportent des sédiments
ciel. De tels contrôles sont généralement noyés sous et des débris, ou lorsque la perte de charge d’un
les gros débits, mais fournissent une relation déversoir à paroi mince n’est pas admissible;
hauteur-débit fiable pour les débits faibles à moyens. c) Les déversoirs à seuil épais à profil triangulaire
et circulaire, que l’on utilise sur des cours d’eau
Les deux qualités d’un bon contrôle sont: la stabi- plus importants.
lité qui garantit celle de la relation hauteur-débit, et
la sensibilité qui assure une variation appréciable de Déversoirs et canaux jaugeurs peuvent être dénoyés
la cote pour une faible variation du débit. ou noyés. Dans le premier cas, le débit est fonction
de la cote en amont et on peut faire un étalonnage
exact. Dans le second cas, le débit est fonction à la
5.4.4 Installations de mesure
fois des cotes amont et aval, et l’exactitude de
On peut utiliser, à certaines stations hydromé- l’étalonnage en laboratoire est moins bonne. À de
triques, des contrôles artificiels construits de telle nombreuses stations déversoirs et canaux jaugeurs
sorte que la relation hauteur-débit soit établie sans ne sont utilisés que pour mesurer les plus faibles
qu’il soit nécessaire d’effectuer des jaugeages, en débits, et la relation hauteur-débit est établie par
utilisant des formules de débit. Il existe certains des méthodes directes pour les débits plus
déversoirs et canaux jaugeurs pour lesquels le importants.
rapport entre charge et débit est bien connu.
Cependant, c’est seulement dans des conditions
5.4.4.2 Choix de l’installation
naturelles favorables que l’on pourra utiliser avec
exactitude les formules de certains types de déver- Ce choix dépend du coût, des caractéristiques
soirs ou canaux jaugeurs. Par conséquent, il est du cours d’eau à la station, des débits observables,
important, si le débit est mesuré uniquement par de la précision désirée et de la perte de charge
I.5-24 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
potentielle. Les critères à prendre en compte sont lui-même. Des algues peuvent pousser directement
les suivants: sur le seuil de l’ouvrage en été, et de la glace s’y
a) En général, c’est le coût qui est le principal former en hiver.
facteur de décision à propos de la construction
ou non d’un ouvrage de mesure. Le coût dépend Pour assurer une exactitude optimale des mesures,
essentiellement de la largeur du cours d’eau et la zone d’approche du seuil devrait être débarrassée
de la nature et de l’état des matériaux consti- des dépôts de limon ou de végétation. On doit
tuant le lit et les berges. La largeur conditionne nettoyer le dispositif des débris, des algues et de la
la taille de l’ouvrage, et la nature des matériaux glace. Tout dégât touchant des parties cruciales de
du lit et des rives imposent le type d’ouvrage l’installation doit être réparé. Les données de la
qui permettra de réduire le plus possible les jauge devraient être vérifiées régulièrement. Il
fuites sous et autour de la construction; faudrait aussi faire des mesures périodiques de
b) Les caractéristiques du chenal et les conditions débit afin de déceler de possibles modifications de
d’écoulement influencent la conception du l’étalonnage d’origine.
dispositif de mesure. Les facteurs déterminant
la vitesse ou le nombre de Froude, la charge
5.4.5 Relations hauteur-débit
en sédiments, et la stabilité du lit doivent
être pris en compte lors de la conception de
5.4.5.1 Généralités
l’installation;
c) La gamme des débits, la gamme des hauteurs, Pour la plupart des stations de jaugeage, on définit la
la sensibilité souhaitée, et la perte de charge relation hauteur-débit en reportant sur un graphique
admissible doivent être prises en compte pour le débit mesuré en abscisse et la cote en ordonnée
la conception et le positionnement de l’ou- (ISO, 1981). La forme de la courbe de tarage est fonc-
vrage. La submersion par les hautes eaux ou les tion des caractéristiques géométriques des éléments
remous influence la forme et la hauteur de l’ou- du chenal qui constituent le contrôle aval. Reportée
vrage. La sensibilité, c’est-à-dire, la variation de sur un graphique en coordonnées orthogonales, la
hauteur correspondant à une variation de débit relation apparaît, en général, concave vers le bas
donnée pour les très basses eaux, permet de (dépendant de la valeur de l’exposant) car le débit
décider s’il faut un seuil en V ou un seuil plat; peut souvent être décrit comme une fonction puis-
d) Des déversoirs bon marché, faites par exemple sance de la profondeur de l’écoulement. Reportée sur
de toile et de plaques de métal légères, peuvent un graphique en coordonnées logarithmiques, elle
être utilisés sur de petits cours d’eau pour de est donc souvent à peu près linéaire pour les cotes
courtes périodes. fortes et moyennes, si elles représentent la hauteur
d’eau effective au contrôle. Si elle n’est pas linéaire,
la relation hauteur-débit est généralement consti-
5.4.4.3 Mesure de la hauteur de charge
tuée de deux ou de plusieurs segments en raison de
La hauteur d’eau se mesure généralement à une modifications brutales de la géométrie et/ou de la
distance en amont égale à trois fois la profondeur de rugosité du chenal. La relation hauteur-débit peut
l’eau, hmax, à l’emplacement du contrôle, au niveau facilement être exprimée par une équation mathé-
le plus haut pour lequel il est dimensionné. Sur matique à partir des mesures disponibles. Cette
certains seuils de type particulier et dans tous les équation peut être déterminée par des méthodes
canaux jaugeurs, la cote doit être mesurée à une graphiques ou par des méthodes de régression.
distance normalisée différente de celle définie par la Quelle que soit la méthode utilisée pour déterminer
règle générale ci-dessus. Le positionnement de la la relation hauteur-débit, sa précision dépend:
prise d’eau pour ces cas particuliers est décrit dans a) Du nombre de mesures disponibles;
Use of Weirs and Flumes in Stream Gauging, (WMO- b) De la gamme des mesures;
No. 280). Le zéro de l’échelle limnimétrique devrait c) De l’incertitude moyenne des mesures de débit.
être calé au niveau de la crête de l’ouvrage et devrait
être vérifié périodiquement. Une relation hauteur-débit ne devrait pas être
extrapolée. Lorsqu’une extrapolation se révèle
nécessaire, on recommande plutôt de s’appuyer sur
5.4.4.4 Exploitation des installations
l’application de méthodes indirectes basées sur les
Des modifications peuvent intervenir avec le temps caractéristiques physiques du chenal et du contrôle
aussi bien dans le chenal que dans le dispositif de hydraulique.
mesure, et affecter la relation hauteur-débit. Il
peut y avoir des dépôts de sable, de cailloux ou de Souvent le débit n’est pas uniquement fonction de
débris dans la zone d’approche ou sur le dispositif la cote et il est nécessaire de mesurer en permanence
CHApitre 5. MESURAGE DE LA QUANTITé DES EAUX SUPERFICIELLES ET DES SéDIMENTS I.5-25
d’autres paramètres pour obtenir un enregistrement De la glace accrochée au fond, ou sur la section de
de débit. Par exemple, lorsqu’un affluent en aval, contrôle, peut rehausser le lit ou le contrôle au point
ou la marée, ou les manœuvres d’un réservoir en que, pour un débit donné, la cote à l’échelle sera
aval provoquent un remous variable à la jauge, il supérieure à sa valeur normale. L’étendue des effets
faut installer une seconde échelle limnimétrique de la glace ne peut être déterminée précisément que
pour mesurer en permanence la pente de la ligne par la mesure des débits, l’observation des hauteurs
d’eau dans le bief jaugé. En régime d’écoulement correspondantes, et l’analyse des différences avec les
non permanent, avec un lit à faible pente, le hauteurs et débits tirés de la relation hauteur-débit
gradient de la cote à l’échelle peut jouer un rôle mesurée hors période de glace.
important et, pour un débit donné, la cote sera plus
élevée à la crue qu’à la décrue. Les diverses autres conditions dont il faut tenir
compte lorsqu’on effectue des jaugeages avec de la
glace, ainsi que les méthodes à suivre pour effectuer
5.4.5.2 Stabilité des relations hauteur-débit
de telles mesures, sont décrites dans la section
Cette stabilité est directement en rapport avec la 5.3.2.5.
stabilité du contrôle Dans les sections de contrôle
naturelles, un affleurement rocheux n’aura pas à Les contrôles artificiels éliminent ou réduisent au
souffrir de fortes vitesses, mais des bancs de galets, de minimum bien des inconvénients des sections de
gravier ou de sable risquent d’être déplacés, les galets contrôle naturelles. Non seulement ils sont physi-
étant les plus résistants au déplacement et les bancs quement stables mais encore ils sont moins soumis
de sable les moins stables. De tous les contrôles de que leurs équivalents naturels à la croissance pério-
cours d’eau, ceux s’écoulant sur du sable sont ceux dique ou progressive de végétation aquatique On
qui sont le plus sujets à des modifications du fait de peut éliminer avec une brosse dure les pellicules
l’affouillement et de la sédimentation dus au courant. d’algues qui s’y forment parfois, et les feuilles
mortes peuvent s’évacuer automatiquement. Dans
Le développement de la végétation aquatique dans les climats modérément froids, les contrôles artifi-
une section de contrôle est la cause d’un accroisse- ciels risquent moins d’être affectés par la formation
ment de la cote pour un débit donné, surtout pour de glace en hiver que les contrôles naturels.
les faibles débits. Sur le fond et les berges d’un Toutefois, même si le contrôle artificiel lui-même
chenal de contrôle, la végétation modifie également n’est pas altéré, la relation hauteur-débit peut l’être
la relation hauteur-débit en réduisant la vitesse et la par la modification de la vitesse d’approche due à
voie de passage de l’eau. En climat tempéré, à l’au- l’affouillement et/ou la sédimentation, ou encore
tomne, l’accumulation des feuilles mortes dans les par la croissance de la végétation dans le chenal
sections de contrôle comble les interstices des d’approche.
hauts-fonds alluviaux et relève les niveaux des
sections de contrôle naturelles. La première montée
5.4.5.3 Fréquence des mesures de débit
des eaux d’une certaine ampleur qui s’en suit dégage
généralement le contrôle provoqué par les feuilles Les facteurs à prendre en considération pour
accumulées. programmer le nombre et la répartition des mesures
de débit au cours de l’année, sont les suivants:
Une couche de glace modifie également la relation a) La stabilité de la relation hauteur-débit;
hauteur-débit en créant un remous variant selon la b) Les caractéristiques et la variabilité saisonnière
quantité et la nature de la glace. Si la section de du débit;
contrôle reste libre et si la station n’est pas trop éloi- c) L’accessibilité à la station en toute saison.
gnée du contrôle, on n’observera probablement très
peu ou pas d’effet de remous, même si tout le bief est Pour établir la relation hauteur-débit d’une
couvert de glace. Le seul effet de la couche de glace nouvelle station, il est nécessaire d’effectuer beau-
sera de réduire la vitesse d’approche, et cet effet sera coup de jaugeages à toutes les cotes de l’échelle.
probablement de faible portée. Cependant, si la Ensuite, il faudra effectuer des mesures périodiques
station hydrométrique est à une grande distance en pour suivre les variations de la relation hauteur-
amont du rapide, une couche de glace sur le bief débit. On recommande dix jaugeages par an au
pourra occasionner un remous si la partie couverte minimum.
du bief devient un chenal de contrôle partiel.
Pendant les crues et en période de gel, il est primor-
Une couche de glace en aval d’une section de dial de bien connaître le débit et il est essentiel que
contrôle peut refouler et bloquer suffisamment l’eau le programme prévoie des jaugeages hors routine
pour provoquer un effet de remous sur le contrôle. pendant ces périodes.
I.5-26 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Là où il est important de connaître le débit de façon Ce chapitre donne des conseils quant à la collecte
continue toute l’année, il faudra généralement de données de débit solide; le lecteur se référera,
procéder à davantage de jaugeages quand le cours pour une plus ample discussion de ce sujet sur
d’eau est recouvert de glace. chacune des formes de transport, au Manual on
Operational Methods for Measurements of Sediment
Du fait de l’extrême variabilité du débit pendant Transport (WMO-No. 686).
les périodes de gel et de dégel, les jaugeages
devraient être aussi fréquents que possible. En 5.5.2 Choix du site
plein hiver, leur fréquence dépendra du climat,
de l’accessibilité, de la taille du cours d’eau, des On devrait utiliser pour une station de mesure du
caractéristiques de ruissellement d’hiver et de débit solide les mêmes critères que pour le choix
l’exactitude souhaitée. Pour les climats très froids, d’une station de jaugeage (sections 5.3.2.1 et 5.4.2).
dans lesquels le débit décroît lentement, il n’est
pas nécessaire d’effectuer autant de jaugeages que
5.5.3 Mesure du débit des matières
pour les climats où alternent gel et dégel.
en suspension
dirigé vers l’aval, permet à l’air de s’échapper du à des distances égales, 6 à 10 verticales, et un
récipient. L’opérateur manœuvre des valves à échantillon est prélevé par intégration sur
commandes électriques situées dans le nez du chaque verticale avec une même vitesse de
saumon pour enclencher et arrêter l’opération de déplacement. De cette façon, tous les échan-
prélèvement. tillons peuvent être réunis en un seul échantillon
représentatif pondéré par le débit (ISO, 1977b).
L’usage de sondes optiques ou nucléaires constitue
une méthode relativement nouvelle de mesure in Avec un échantillonneur ponctuel, les échantillons
situ des concentrations de matières en suspension. peuvent aussi être prélevés en des points espacés
Le principe de base de cette méthode est que les régulièrement sur chacune des verticales définies
matières en suspension diffusent et/ou absorbent ci-dessus, et les concentrations de matières mesurées
une lumière visible ou des rayons X émis par une pondérées par les rapports des vitesses aux points de
source d’intensité constante. La diminution d’inten- prélèvement à la vitesse moyenne sur la verticale.
sité, mesurée par un détecteur photoélectrique ou Cette méthode peut être combinée en pratique avec
nucléaire situé à une distance fixe de la source, est les jaugeages par la méthode de la section médiane
proportionnelle à la concentration en matériaux, à (section 5.3.2.4) de mesure de débit, parce que les
condition que les autres caractéristiques de l’eau et des verticales de mesure des vitesses et de prélèvement
matériaux qui y ont une influence (nature chimique, coïncident.
composition minérale, etc.), restent inchangées.
Les sondes optiques ou nucléaires peuvent s’em-
Le bon fonctionnement d’ensemble des échan- ployer pour les mesures ponctuelles ou par
tillonneurs de matières en suspension devrait être intégration, à condition que le signal électrique de
vérifié en les remorquant dans une eau pure, à sortie, proportionnel à l’intensité de la lumière ou
une vitesse connue, ou en les maintenant dans du rayonnement X, soit totalisé par un intégrateur.
une eau s’écoulant à vitesse connue. Les sondes Le temps de comptage est de 3 à 5 minutes, selon
optiques et nucléaires doivent être étalonnées par les caractéristiques statistiques de comptage de
des prélèvements simultanés et répétés dans des chaque appareil.
canaux et des cours d’eau naturels chargés en
matières solides.
5.5.3.3 Détermination de la concentration
en matières en suspension
5.5.3.2 Méthode de mesure
Les échantillons de matières en suspension sont en
Les échantillons de matières en suspension sont général traités et analysés dans des laboratoires
prélevés dans les cours d’eau dans les sections de spécialisés. Les méthodes d’évaporation, de filtra-
jaugeage, mais pas nécessairement aux verticales de tion et de sédimentation sont généralement utilisées
mesure des vitesses. Dans les lacs, les verticales de à cette fin. De façon générale la méthode d’évapora-
mesure sont réparties sur une surface, car dans ce tion est appropriée pour les faibles concentrations.
cas, les mesures ont généralement pour but l’étude La filtration peut être utilisée pour des concentra-
de la répartition dans le temps et l’espace de la tions moyennes à importantes. La méthode de
concentration des matières en suspension. Les sédimentation ne convient en revanche que pour
échantillonneurs sont suspendus dans l’eau, soit les fortes concentrations (OMM, 1989). On laisse
par une perche, soit par un câble. reposer l’échantillon pendant un à deux jours, puis
l’eau est soigneusement vidée du récipient, les
Dans les cours d’eau, deux méthodes donnent des matériaux restants sont ensuite séchés au four à
résultats comparables: environ 110 °C, puis pesés. Si les matériaux solides
a) Méthode des incréments de débits égaux (IDE): sont séparés par évaporation, on doit faire une
la section transversale choisie est divisée en 3 correction pour tenir compte des éléments dissous.
à 10 secteurs de débits à peu près égaux. Un La concentration en matières en suspension est la
échantillon est prélevé par intégration sur masse de matières sèches contenues dans une unité
les verticales passant par le centre de chaque de volume du mélange eau-sédiment et s’exprime
secteur, en descendant l’échantillonneur de la en mgl–1, gl–1 ou en kgm–3.
surface vers le fond, puis en le remontant à la
surface à une vitesse de déplacement constante. Les échantillonneurs ont été normalisés dans
Cela donne un échantillon moyen pondéré certains pays pour avoir une capacité d’un litre ou
pour chaque centre de section; moins L’échantillonnage devrait alors être répété
b) Méthode d’égales vitesses de déplacement jusqu’à ce que l’on obtienne le prélèvement de
(EVD): on répartit dans la largeur du courant, sédiment nécessaire (ISO, 1977b).
I.5-28 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Pour la méthode
_ IDE la concentration moyenne La détermination de la quantité de sédiments dans
pondérée cs en kg m–3 pour la section transversale l’eau est basée sur la réflectance dans les parties
entière est calculée comme: visibles et infrarouges du spectre (OMM, 1972). En
général la réflexion est une fonction non linéaire
∑ cq q p
cs = (5.16) de la concentration en matières en suspension,
∑ qp avec une réflectance maximale dépendant de la
longueur d’onde et de la concentration en matières
où qp est le débit partiel du secteur en m3 s–1 et cq en suspension. Comme la turbidité et les matières
est la concentration moyenne pondérée par le en suspension sont fortement liées dans la plupart
débit de la verticale au centre du secteur exprimée des masses d’eau, on peut faire aussi des estima-
en kg m–3 (ISO, 1977b). tions de la turbidité. La nécessité de collecter des
données sur le terrain pour étalonner la relation
Pour la méthode EVD, la concentration de l’échan- entre matières en suspension et réflectance impose
tillon composite est la concentration moyenne une limite à l’utilisation de cette technique.
pondérée de la section entière. Le débit des matières D’autre part des données de radiomètre à balayage
en suspension Qs se calcule comme: peuvent être utilisées sans étalonnage pour carto-
_ graphier les concentrations relatives en matières
Qs = cs Q (5.17) en suspension dans les panaches de rivières, et
tirer des conclusions sur le mode de déposition
où Qs est exprimé en kg s–1 et où Q est le débit dans les lacs et les estuaires. Dekker et al. (1995)
liquide du cours d’eau en m3 s–1. présentent un bon compte rendu des applications
de la télédétection à l’estimation des matières en
suspension.
5.5.3.5 Relevé en continu du débit des
matières en suspension
5.5.4 Mesure du débit de charriage
On peut calculer de tels débits à partir de l’enregis-
de fond
trement des débits liquides et par un échantillonnage
systématique pour déterminer la concentration des
5.5.4.1 Instruments de mesure [SHOFM C12]
matières en suspension. Les prélèvements devraient
être quotidiens en basses et moyennes eaux, et plus La mesure sur le terrain du charriage de fond est
fréquents en période de crue. La meilleure informa- difficile en raison du caractère aléatoire du mouve-
tion concernant la variation dans le temps de la ment de ces matériaux et parce que le phénomène
concentration et ses valeurs maximales est obtenue se produit sous forme de rides, dunes et bancs.
par l’enregistrement continu des signaux fournis Aucun appareil n’a prouvé sa capacité à piéger
par la sonde photoélectrique ou nucléaire pendant avec la même efficacité les plus grosses et les plus
les crues. En général, la concentration maximale petites particules transportées, tout en gardant
précède le débit maximum, et l’on peut observer, une position sur le fond stable et orientée dans le
sur les courbes de débit solide en fonction du débit sens du courant, et sans perturber pour autant
liquide, des boucles analogues à celles des courbes l’écoulement naturel ni le mouvement des maté-
de tarage pendant les crues. riaux. Les échantillonneurs disponibles se classent
en trois types: les nasses, les cuves et les dispositifs
Les échantillons ou les enregistrements sont à différence de pression (ISO, 1977c). Un autre
recueillis sur une seule verticale dans la section type d’échantillonneur est le modèle à fente ou à
transversale, de préférence au moyen de la méthode trappe que l’on peut principalement adapter aux
de prélèvement continu suivant la verticale. La rela- rivières relativement petites, et particulièrement
tion entre la concentration à cette verticale et la pour les études expérimentales ou l’étalonnage
concentration moyenne de la section doit être d’échantillonneurs (Emmett, 1981).
CHApitre 5. MESURAGE DE LA QUANTITé DES EAUX SUPERFICIELLES ET DES SéDIMENTS I.5-29
Les nasses sont en général en grillage avec une Pour les lits de graviers, où le mouvement partiel
ouverture face au courant, travers lequel le mélange des matériaux de fond est très caractéristique, diffé-
eau-matériau va circuler. Le grillage devrait laisser rents modèles de détecteurs acoustiques peuvent
passer les matières en suspension, mais retenir les contribuer à résoudre ce problème. Immergés au
transports de fond. voisinage du fond, ces détecteurs captent le bruit de
roulement des graviers en mouvement, indiquant
Les cuves sont en général de section longitudinale le mouvement des matériaux de fond à cet endroit
triangulaire et disposées de telle sorte que la pointe précis. En outre, il est possible de corréler l’intensité
du triangle fait face à l’amont. Elles sont munies de du son et l’intensité du débit de matériaux
chicanes et de rainures pour retenir les matériaux transportés.
en mouvement.
Les échantillonneurs sont descendus au fond et
Les échantillonneurs à différence de pression sont maintenus en place avec une perche ou un câble
conçus de façon à provoquer à la sortie une chute (voir, par exemple, la figure I.5.6). La durée de prélè-
de pression suffisante pour compenser la perte de vement est généralement de quelques minutes,
charge, et afin d’obtenir une vitesse d’entrée égale à selon les dimensions de l’appareil et l’intensité du
celle du courant non perturbé. Une membrane transport. Lorsque la vitesse du courant est faible
perforée à l’intérieur de l’appareil force le courant à près du fond, la force d’entraînement du courant
abandonner ses transports de fond dans la chambre l’est aussi, et l’échantillonneur a tendance à plon-
de dépôt et à s’écouler par l’orifice supérieur. ger dans le lit et à prélever des matériaux de fond
qui ne sont pas en mouvement. Cela peut aussi
Du fait de nombreuses incertitudes imputables à arriver au cours d’une remontée rapide ou sans
l’échantillonnage, il faut déterminer un coefficient précaution de l’appareil.
d’efficacité pour chaque type d’appareil.
L’étalonnage se fait généralement dans un canal de Il faudrait faire des mesures pour des débits variés
laboratoire où l’on peut mesurer directement le de telle sorte que l’on puisse préparer une estima-
transport de fond dans une fosse à l’extrémité du tion de la correspondance entre débit liquide et
canal, bien qu’il soit difficile de maintenir des débit de charriage de fond. Compte tenu de la
conditions de transport uniformes sur la largeur et grande complexité du phénomène de transport, de
la longueur du canal. Même dans des conditions sa nature aléatoire et des erreurs d’échantillonnage,
favorables, les facteurs d’efficacité ne se mesurent un seul prélèvement à un point de mesure peut
pas facilement, car ils dépendent, entre autres, de la fournir une estimation très imprécise du véritable
granulométrie des matériaux de fond et du niveau transport de fond. Par conséquent, il faudrait faire
de remplissage de l’échantillonneur. En tout cas, des prélèvements répétés à chaque point de mesure.
une efficacité de 60 à 70 % peut être considérée Le nombre de répétitions dépend des conditions
comme satisfaisante. locales. Toutefois, l’analyse statistique des résultats
provenant de cent répétitions a montré que le char-
riage de fond ne peut être mesuré qu’avec une
5.5.4.2 Méthode de mesure
exactitude limitée, à moins de prélever un nombre
Le charriage de fond est déterminé d’après la quan- irréaliste d’échantillons à chaque point.
tité de matériaux retenue par unité de temps dans
un échantillonneur en un ou plusieurs points du lit.
Il devrait y avoir en général 3 à 10 points de mesure
dans une section transversale, selon la largeur de la
section et la répartition de la concentration en sédi-
ments. Lorsqu’on répartit les points de prélèvement
dans la section, il faudrait remarquer que, sauf
durant les crues, le charriage de fond se limite à une
partie du lit seulement.
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I.5-32 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
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CHAPITRE 6
EAUX SOUTERRAINES
que les fractures ou les chenaux de dissolution, saturée ne fournissant que des quantités d’eau
constituent la porosité secondaire ou acquise négligeables et à travers laquelle l’écoulement de
(figure I.6.1). Les roches sédimentaires consolidées l’eau est également négligeable (Walton, 1970).
importantes du point de vue hydrogéologique
comprennent les calcaires, les dolomies, les schistes,
6.2.1.4 Aquifères captifs et libres
les grès et les conglomérats. Les roches ignées
comprennent les granits et les basaltes, alors que les L’eau ne remplit que partiellement la formation
roches métamorphiques comprennent les phyllites, d’un aquifère libre, et sa surface supérieure est
les micaschistes et les gneiss. libre de monter et de descendre. On appelle aqui-
fère à surface libre ou nappe phréatique, le dernier
aquifère libre selon l’échelle stratigraphique. Les
6.2.1.3 Aquifères et roches encaissantes
aquifères captifs sont totalement saturés et peuvent
Un aquifère est une formation rocheuse ou un recouvrir ou être recouverts par des roches encais-
gisement saturé qui peut fournir de l’eau en quantité santes. L’impédance de l’écoulement à travers une
suffisante pour être considérée comme une source formation de roches encaissante peut permettre au
d’approvisionnement. Une roche encaissante est niveau de l’eau dans un puits de s’élever au-dessus
une formation rocheuse ou un gisement qui limite du toit de l’aquifère, et même au-dessus du niveau
l’écoulement de l’eau et ne peut donc fournir de du sol. Dans ce cas on obtient des puits où l’eau
l’eau en quantités utilisables aux puits ou aux jaillit naturellement. On appelle aussi les aquifères
sources. Une roche encaissante peut parfois être captifs des aquifères artésiens.
considérée comme un aquitard ou un aquiclude.
Un aquitard est défini comme une formation
6.2.2 Mise en place d’un cadre
saturée ne fournissant que des quantités d’eau
hydrogéologique [SHOFM C67]
négligeables comparées à un aquifère, mais à travers
laquelle des quantités d’eau appréciables peuvent L’information relative aux aquifères et aux puits
être drainées. Un aquiclude est une formation doit être organisée et intégrée afin de déterminer
Porosité primaire
Porosité secondaire
Figure I.6.1. Exemples de roches sédimentaires aquifères avec une porosité primaire (ici intergranulaire)
et secondaire (ici fracturation et dissolution) (Heath, 1983)
CHAPITRE 6. EAUX SOUTERRAINES I.6-3
l’extension latérale et verticale des aquifères et des 6.2.2.2 Méthodes géophysiques appliquées
roches encaissantes. C’est sur cette base que l’on aux forages
pourra par exemple déterminer le sens de l’écoule-
ment souterrain ou les effets des frontières Les diagraphies géophysiques de forage sont souvent
hydrologiques. On appelle généralement cadre utilisées pour déterminer les caractéristiques du sous-
hydrogéologique l’ensemble des informations rela- sol. On descend une sonde dans un puits ou un
tives à l’extension latérale et verticale des aquifères et forage non tubé. Un capteur situé sur la sonde
des formations de roches encaissantes. Pour être mesure une ou plusieurs propriétés lorsqu’il est
utile, ce concept de cadre hydrogéologique doit, descendu ou remonté. Ces données sont transmises
dans la mesure du possible, s’appuyer sur des données par un câble sous forme d’un signal analogique ou
concrètes et quantitatives concernant l’existence, digital, qui est ensuite traité et enregistré par un
l’orientation et l’étendue de chaque formation, aqui- équipement situé à la surface. Les données sont
fère ou encaissante, là où cela est possible. Lorsqu’il généralement présentées sous forme d’un graphique
n’existe pas de données concrètes, on devra se appelé diagraphie. Ces enregistrements sont plus
contenter d’une connaissance conceptuelle des objectifs que ceux produits par un géologue décri-
conditions du milieu souterrain. vant les tailles et carottes de forage, et donnent plus
de cohérence à des données provenant de diverses
La mise en place d’un cadre hydrogéologique origines. Le tableau I.6.1 fournit une vue d’ensemble
demande, au sens propre, une vue précise de la des méthodes géophysiques appliqués aux forages
nature du milieu souterrain. Cela peut être réalisé de couramment utilisées dans les études hydrogéolo-
diverses façons, directes ou indirectes. Parmi les giques: diamétrage, résistivité y compris potentiel
méthodes directes, citons le recueil des matériaux spontané, radiations y compris la radiation gamma
provenant des formations aquifères et de roches naturelle, température et débit du forage (Keys et
encaissantes au cours des forages, sous la forme de MacCary, 1971).
tailles ou de carottes. La détection des caractéris-
tiques du sous-sol à partir des trous de forage ou des
6.2.2.3 Méthodes géophysiques de
propriétés géophysiques de la surface relèvent des
surface
méthodes indirectes. L’approche la plus robuste
consiste à utiliser toutes les méthodes disponibles, Les méthodes géophysiques de surface sont utilisées
pour finalement combiner les informations afin de pour recueillir des données concernant le sous-sol
produire une image détaillée de l’étendue, de l’épais- à partir de la surface le long de transects. Selon
seur, de l’orientation et des propriétés des formations l’instrument, différents types de sondes sont placées
aquifères et encaissantes. au contact ou à proximité du sol pour réaliser
les mesures. Il existe fondamentalement quatre
méthodes géophysiques de surface: sismique,
6.2.2.1 Diagraphies des foreurs et des
résistivité électrique, gravimétrie et magnétisme
géologues
(Zohdy et al., 1974). Elles sont récapitulées dans
Des informations relatives à la nature des matériaux le tableau I.6.2. Les échantillons de carottes et
souterrains peuvent se trouver dans les enregistre- la géophysique appliquée aux forages facilitent
ments réalisés lors de la construction de puits, de beaucoup une interprétation précise.
puits de mines, de tunnels et de tranchées et dans les
descriptions d’affleurements géologiques ou de
6.2.2.4 Corrélation hydrostratigraphique
grottes. L’enregistrement des conditions rencontrées
au cours du forage d’un puits est particulièrement L’intégration de l’information hydrogéologique
utile aux études hydrogéologiques. Cet enregistre- collectée à partir d’un réseau de puits isolés, de
ment peut être réalisé par le foreur ou par un géologue transects géophysiques superficiels et d’affleure-
surveillant le forage sur le site, en recueillant en ments géologiques, afin d’élaborer une
surface les tailles de forage et en examinant toutes les compréhension détaillée à grande échelle de l’ex-
carottes prélevées. Une diagraphie de foreur ou de tension latérale et de la nature des aquifères et des
géologue (selon celui qui formalise l’information) est couches encaissantes selon la verticale, qui consti-
une suite continue de descriptions narratives ou tue le cadre hydrogéologique, s’appuie sur la
d’enregistrements concernant le type de matériaux corrélation de ces données d’origines géogra-
rencontrés au cours du forage d’un puits. Ces diagra- phiques diverses. Dans ce sens la corrélation peut
phies peuvent de plus comporter des remarques être définie comme la démonstration de l’équiva-
concernant la relative facilité ou difficulté du forage, lence d’objets observés en différents lieux. Le
la vitesse d’avancement et les quantités d’eau nœud du problème pour le praticien est de déter-
rencontrées. miner si un aquifère identifié en un lieu est relié
I.6-4 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Tableau I.6.1. Résumé des méthodes géophysiques de forage utilisées fréquemment dans
les recherches sur les eaux souterraines
Diamétrage Diamètre du forage Dans un forage non tubé, qui montre la nature des Les diamètreurs
ou du puits; relation matériaux souterrains, le forage est habituellement sont limités à un
entre le diamètre et agrandi quand le matériau peu consolidé et peu cohérent diamètre maximum
la profondeur est pénétré. Dans les roches dures cela peut révéler la d’enregistrement.
localisation des zones fracturées. Peut indiquer les fractures
existantes si elles sont assez larges ou peut indiquer
indirectement la présence d’une zone fracturée par
l’accroissement du diamètre résultant de l’entraînement de
matériel friable.
Radiation transmise L’équipement pour une diagraphie par sonde à neutron, Le plus grand soin
à travers, depuis, comprend une source de rayonnement neutronique ainsi doit être apporté au
ou induite dans la qu’un compteur, et peut être utilisé pour détecter la transport, à l’utilisation
formation par une présence d’eau et d’une porosité saturée. et au stockage de la
source contenue sonde contenant la
dans la sonde, source radioactive.
comme une source Une autorisation
neutronique gouvernementale peut
être nécessaire.
écoulement Vitesse de Un débitmètre mécanique ou électronique mesure les Ne peut être pratiqué
l’écoulement, vitesse variations de la vitesse d’un fluide dans le forage. Lorsque que dans des forages
instantanée ou l’eau est pompée hors du puits pendant la diagraphie, ou puits remplis de
cumulée selon la on peut déterminer la variation des apports de débit avec liquide.
profondeur la profondeur. Cela peut indiquer les sources principales
(zones de fractures, lits de sable etc.) d’alimentation en
eau du puits. Les débitmètres basés sur les méthodes de
chaleur pulsée donnent les meilleurs résultats pour les
vitesses faibles.
ou similaire à un autre identifié ailleurs. Lorsqu’ils de ce même marqueur dans celles des puits voisins.
entreprennent cette tâche, les géologues s’intéres- En raison des variations géologiques et topogra-
sent particulièrement à la similarité des âges phiques, la profondeur à laquelle on trouve le
géologiques des formations et des roches. marqueur peut être différente. Si le marqueur est
L’hydrogéologue toutefois doit se préoccuper de la alors identifié, on peut supposer que l’aquifère ou
similarité d’un point de vue hydraulique, qui peut la formation de roches encaissantes situé dans la
dépasser le type de roches ou l’âge géologique. La même position relative que celui ou celle repéré
fiabilité et la précision du cadre hydrogéologique dans le premier puits sont corrélés, et cela peut
résultant sont directement fonction de la densité indiquer que l’aquifère ou la formation de roches
de l’information fournie par les puits et les encaissantes est continu entre les deux points
transects. Dans les zones dont la géologie et la d’observation. Si un marqueur particulier n’est pas
topographie sont complexes, la densité de données identifiable dans les points d’observation voisins,
requise est relativement plus importante que dans les données disponibles doivent être réexaminées
les zones de configuration plus simple. et de nouvelles tentatives de corrélation entre-
prises. L’impossibilité d’établir une corrélation et
L’approche consiste à identifier de préférence une de définir une continuité peut indiquer la présence
particularité lithologique ou hydraulique unique d’une faille, d’un plissement ou d’une quelconque
qui soit caractéristique en un site d’un aquifère ou terminaison stratigraphique de la formation. La
d’une formation encaissante. Cette particularité connaissance de la géologie de la région et de
peut être, par exemple, la présence d’un niveau comment elle est susceptible d’affecter la conti-
ayant une composition ou une couleur particulière nuité et la variabilité spatiale de l’aquifère ou des
à l’intérieur ou à proximité de l’aquifère ou de la roches encaissantes est essentielle. Pour l’acquérir,
formation de roches encaissantes étudiée. On parle il peut être nécessaire de consulter des géologues
alors de marqueur. Une signature particulière spécialistes de la région. On ne soulignera jamais
d’une certaine strate dans une diagraphie peut être assez que la complexité de la géologie et la non-
utilisée. Une fois identifié dans les données rela- unicité d’un marqueur peuvent conduire à des
tives à un certain puits, on recherche l’existence conclusions erronées.
I.6-6 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Tableau I.6.2. Résumé des méthodes de géophysique superficielles utilisées couramment dans
les recherches sur les eaux souterraines
Gravimétrie Les variations de la L’intensité de la gravité est mesurée à des stations L’équipement est léger et
gravité résultent des selon un transect ou aux nœuds d’un maillage. transportable, et le travail
différences de densité sur le terrain relativement
entre les différents rapide. Il faut faire des
types de matériaux corrections d’altitude. Les
souterrains. études gravimétriques sont
précieuses pour la recherche
de caractéristiques importantes
telles que la profondeur
jusqu’au substratum rocheux
ou les traces d’érosion ancienne
sur ce dernier, ou d’autres
caractéristiques telles que la
présence d’éléments intrusifs
enterrés. Cette méthode est
applicable à des zones de
toutes tailles, mais ses résultats
sont moins précis que ceux
des méthodes sismiques ou
électriques.
Magnétisme Les propriétés On mesure et trace l’intensité de la composante Les méthodes magnétiques sont
magnétiques des roches verticale du champ magnétique terrestre. L’analyse rapides et économiques pour
influencent le champ des résultats peut indiquer qualitativement la établir des informations limitées
magnétique terrestre. profondeur du substratum rocheux et la présence de sur le sous-sol. Les résultats
De nombreux basaltes digues, de filons et autres phénomènes similaires. de ces méthodes sont moins
par exemple sont plus précis que ceux des méthodes
magnétiques que les sismiques ou électriques.
roches sédimentaires ou Elles conviennent mieux à la
que les roches ignées détermination des grandes
acides. lignes de la structure d’un
bassin souterrain.
CHAPITRE 6. EAUX SOUTERRAINES I.6-7
1m
l’argile ou un mélange fluide de ciment et d’eau,
d’une consistance permettant de l’injecter sous
pression par des tubes de colmatage, là où c’est
0,50 0,50
Scellement de béton
200 m
Jointement d’argile
dans l’aquifère par la partie externe du tubage;
b) Isoler l’eau des formations aquifères situées
au-dessus de l’aquifère étudié;
c) Bien serrer le tubage dans un trou foré plus
Formation rocheuse
grand que le tubage utilisé.
Surface piézométrique
expulsant tous les débris hors du système par circu- Par contre, dans des alluvions non consolidées, il
lation du fluide de forage, et en forant à travers la faudra tuber. Les caractéristiques principales d’une
zone à échantillonner et en extrayant des débris telle installation sont données sur la figure I.6.3. Il
correspondants. Une surveillance attentive de la convient de noter que:
vitesse de progression et de l’efficacité du forage a) Le diamètre normal du tubage, dans les puits
exercée par un hydrogéologue ou un foreur expéri- d’observation, est de 50 mm;
menté peut fréquemment révéler des modifications b) Une longueur «morte» de tubage (bouchée à
des caractéristiques des formations rencontrées l’extrémité inférieure) est montée au fond du
et indiquer ainsi la nécessité de prélever des échan- trou. Ce tubage «mort» doit avoir au moins trois
tillons supplémentaires. mètres de longueur et sert à collecter les sédi-
ments provenant de la partie perforée du tubage.
La méthode par percussion est préférable lorsqu’il C’est ce qu’on appelle le puisard à sédiments;
s’agit de formations rocheuses fissurées ou de c) La crépine (ou filtre) constituée par la perfora-
matériaux à très haute perméabilité. Le diamètre tion du tubage sur une certaine longueur, par
normal d’un puits foré par percussion est compris des fentes ou des trous, doit être placée à l’abri
entre 100 et 200 mm pour permettre l’installation des débris; elle assure le libre échange de l’eau
d’un tubage de 50 à 150 mm de diamètre en vue entre l’aquifère et le puits d’observation. Elle
d’observations éventuelles. La méthode par percus- mesure environ deux mètres;
sion permet de recueillir des échantillons des d) Le tubage «mort» au-dessus de la crépine
matériaux extraits qui donneront une description doit être suffisamment long pour dépasser la
des formations géologiques rencontrées. surface du sol d’environ un mètre. L’extrémité
supérieure de ce tubage constitue un repère de
Dans de nombreux cas, l’aquifère étudié est un niveau pour l’observateur;
aquifère captif séparé d’autres aquifères par une e) Une armature centrale assure un positionne-
couche beaucoup moins perméable. Tous les aqui- ment correct de la colonne filtrante dans le trou
fères supérieurs traversés lors du forage doivent être de forage;
CHAPITRE 6. EAUX SOUTERRAINES I.6-9
1,00
Manchon de
50 mm
Scellement de béton
0,50 0,50
Scellement d’argile
Tuyau de 50 mm
Tubage de 50 mm
Manchon de 50 mm
Surface
Formation sableuse piézométrique
2,00 m
2,00 m
Tubage perforé
Crépine
(voir détail)
3,00 m
Tubage «mort»
Bouchon de bois
ou de fer
f) Dans les aquifères de sable fins ou limoneux, g) Au niveau du sol, une excavation doit être
le treillis et le tubage perforés doivent être aménagée autour du tubage. Les dimensions
protégés contre le colmatage dû aux éléments recommandées pour cette excavation, qui
fins. Du matériau brut calibré doit être placé doit avoir la forme d’un tronc de pyramide
autour du filtre afin de remplir l’espace annu- renversé, sont 800 x 800 mm au niveau du sol
laire entre celui-ci et le mur de forage. Dans le et environ 400 x 400 mm à 1 m de profon-
cas d’un trou de 150 mm de diamètre, équipé deur. De l’argile de colmatage doit être dispo-
d’un tube de 50 mm, l’épaisseur normale du sée autour du tubage jusqu’à une profondeur
filtre à gravier doit être approximativement d’au moins 2 m pour bien serrer le tubage et
de 45 mm, sans être inférieure à 30 mm. Le empêcher les infiltrations vers l’aquifère d’eau
matériau brut utilisé peut être du gravier polluée provenant des alentours du tubage.
avec des éléments de 1 à 4 mm de diamètre. L’excavation elle-même doit être comblée en
Le gravier devrait être placé à l’aide d’un partie par un joint d’argile et, dans sa partie
tube-guide de faible diamètre introduit dans supérieure, de béton. Ce béton doit être coulé
l’espace compris entre le tubage et le mur du autour du tubage de telle façon qu’il forme un
trou. La quantité de gravier employée doit cône à la surface du sol évacuant ainsi les eaux
être suffisante pour remplir l’espace annulaire de pluie et de drainage en dehors du puits;
et le fond du forage sur toute la longueur du h) La partie supérieure du tubage, sortant du sol
puisard à sédiments et de la crépine, et au au-dessus du cône en béton, doit être fermée
moins sur 500 mm du tubage au-dessus de la pour des raisons de sécurité. La figure I.6.3
perforation; montre des détails de l’installation du puits. Le
I.6-10 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Profondeur
en m 559 1 2 3 6 4 5
Sables
10
Argiles
Bouchon
20 Marnes imperméable
25,00
Grès
30 calcaire 31,00
Bouchon
Argiles
imperméable
40
39,05
Grès
50 calcaire
55,00
Argiles Bouchon
60 imperméable
70
Sables et
80 grès calcaire
90
96,00
Bouchon
100 Argiles imperméable
103,50
Sables et
110 grès calcaire
117,50
Argiles et Bouchon
120 limons imperméable
130 128,00
Sables et
grès calcaire
5 4
140
6 3
142,00
Bouchon 1 2
150 Argiles
imperméable
Calcaires
sableux et
160 limoneux
Silex et 152,00
coquilles Distance de la mer: 375 m
167,00
170
Figure I.6.4. Section transversale verticale schématique d’un puits d’observation dans
un système aquifère multicouche
CHAPITRE 6. EAUX SOUTERRAINES I.6-11
bouchon externe de 50 mm est vissé au tubage e) Les phases c) et d) seront répétées pour tous les
à l’aide d’un outil spécial, et le bouchon supplé- aquifères suivants qui seront traversés.
mentaire en fer, placé à l’intérieur du tubage,
peut en être extrait par l’observateur au moyen Dans le cas présent, le jointoiement de chacun des
d’un puissant aimant. aquifères doit être fait avec beaucoup de soin afin
d’éviter toute altération des formations aquifères
La partie du tubage située au-dessus du niveau du par mélange d’eaux aux propriétés chimiques
sol doit être peinte en couleur vive pour faciliter différentes ou perte de pression artésienne. Si la
son repérage à distance. La profondeur du niveau géologie de la zone d’étude est bien connue et que
piézométrique est mesurée depuis le rebord du la profondeur de chaque aquifère peut être évaluée
tubage après ouverture de celui-ci. Ce rebord tient avec précision, il est recommandé de forer et de
lieu de point de référence et doit être rattaché au construire un puits distinct pour chaque aquifère.
nivellement général de la zone d’étude.
Les différents forages sont alors séparés de quelques
Les puits d’observation doivent être entretenus par mètres seulement, et une telle procédure peut
l’agence responsable du suivi ou des recherches. La s’avérer être plus économique. Si des puits de
zone autour du puits doit rester libre de toute pompage privés sont incorporés dans le réseau
végétation ou détritus. Un disque en laiton peut d’observation, des accords doivent être établis
être encastré dans le joint de béton au niveau du pour que ces puits soient entretenus par les
sol, portant la mention «puits d’observation» et le propriétaires.
nom de l’agence ou de l’organisation. Ce disque
en laiton peut également servir de borne de
6.3.2 Essai des puits d’observation
nivellement pour des besoins topographiques.
La réaction d’un puits d’observation aux change-
Si, à la suite de dommages, la partie aérienne du ments du niveau de l’eau dans l’aquifère doit être
tubage doit être remplacée, le nouveau nivellement testée immédiatement après l’achèvement de la
est simplifié par la proximité de cette borne de construction du puits. On procède à un seul test,
nivellement. Les puits préexistants, mais qui servent pour les puits d’observation de petit diamètre, en
de puits d’observation doivent être entretenus étudiant la recharge correspondant à un volume
et identifiés de la même façon que ceux forés d’eau connu. Celui-ci est injecté dans le puits et
spécifiquement pour effectuer des mesures. l’on mesure la baisse consécutive du niveau de
l’eau. Pour les puits de production, l’élévation
Dans la zone d’études, plusieurs aquifères peuvent initiale de niveau doit avoir disparu dans les trois
exister à différentes profondeurs et être séparés par heures qui suivent, le niveau étant revenu à sa posi-
des couches imperméables d’épaisseur variable. On tion originale à cinq millimètres près. Si la baisse du
peut recommander, dans de tels cas, la procédure niveau de l’eau est trop lente, le puits doit être
suivante (figure I.6.4): conditionné pour décolmater le filtre et enlever le
a) Un puits de grand diamètre est foré en premier maximum de matériaux fins qui se trouvant dans le
lieu par la méthode de percussion jusqu’à terrain ou le filtre à gravier autour du puits. Ce
rencontrer l’aquifère le plus profond; conditionnement est facile à faire: il suffit de créer
b) On installe dans l’aquifère le plus profond un un mouvement de va-et-vient des eaux souterraines
tube d’observation de petit diamètre, muni vers l’intérieur et vers l’extérieur du puits.
d’un filtre;
c) On relève le tubage externe jusqu’à ce qu’il Après avoir nettoyé le puits, on mesure la distance
atteigne la base de la couche imperméable placée comprise entre le repère de nivellement et le fond
au-dessus de cet aquifère. Un filtre à gravier du puits. La comparaison entre cette mesure et la
est alors placé autour de la crépine du tube longueur totale de tubage donne la quantité de
d’observation, et la partie supérieure de l’aqui- sédiments dans le puisard. Ce test devra être répété
fère le plus profond est alors jointoyée et scellée occasionnellement dans les puits d’observation
avec du ciment ou tout autre mortier approprié; pour contrôler les performances du filtre. Si la
d) On enfonce ensuite un tube d’observation mesure du fond du puits montre que des sédiments
de petit diamètre muni d’un filtre jusqu’à remplissent toute la colonne du puisard et le filtre,
l’aquifère situé immédiatement au-dessus du le niveau d’eau dans le puits peut ne plus représen-
précédent. Cet aquifère est à son tour muni ter alors le niveau de la nappe dans l’aquifère. Si la
d’un filtre à gravier et isolé par obturation de fiabilité d’un puits d’observation doit est discutable,
l’aquifère moins profond qui est placé au-dessus il existe de nombreuses procédures permettant de
de lui; rétablir un fonctionnement normal.
I.6-12 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
6.3.3 Rebouchage et fermeture des manuellement, soit par des appareils automatiques
puits abandonnés enregistreurs. Les descriptions d’instruments qui
suivent sont relatives aux principes de mesure du
Les puits d’observation et de pompage peuvent être niveau des nappes souterraines. Les références
abandonnés pour les raisons suivantes: bibliographiques comportent la description de
a) Défectuosité du puits en ce qui concerne la certains types d’appareils.
quantité ou la qualité de l’eau;
b) Forage d’un nouveau puits plus profond pour 6.4.1.1 Appareils à fonctionnement manuel
remplacer le puits existant;
c) Le puits d’observation n’est plus nécessaire aux La méthode de mesure manuelle la plus courante
recherches ou études en cours. consiste à suspendre une ligne de mesure lestée (par
exemple, un ruban d’acier souple, un ruban plasti-
Dans tous les cas, ces puits doivent être fermés ou fié ou un câble) depuis un point bien défini à la
détruits afin qu’ils ne puissent pas servir de voie surface du sol, généralement la margelle du puits,
d’échange d’eau entre les différents aquifères, jusqu’à un point situé en dessous du niveau de la
lorsqu’un tel échange implique une détérioration nappe. Après avoir retiré la ligne, on définit le
significative de la qualité de l’eau des aquifères niveau de la nappe en enlevant la longueur de
concernés. ruban qui a été submergée de la longueur totale de
ruban que l’on a fait descendre dans le puits. Cette
Le remplissage et la fermeture des puits abandonnés partie du ruban qui a été trempée dans l’eau peut
peuvent être réalisés de la façon suivante: être plus nettement définie si l’extrémité inférieure
a) Mise en place de sable ou d’un autre matériau du ruban a été recouverte de craie avant chaque
non organique au niveau des terrains où un mesure. Certaines pâtes ayant la capacité de chan-
matériau d’obturation imperméable n’est pas ger de couleur ont été utilisées pour indiquer la
nécessaire; partie du câble submergée, bien qu’on devrait éviter
b) Mise en place d’un matériau non organique l’emploi de substances contenant des produits
imperméable au niveau des couches perméables chimiques toxiques. Plusieurs essais de mesure
afin d’éviter l’échange d’eau entre les différents peuvent être faits, à moins que l’on ne connaisse à
aquifères ou la perte de pression artésienne. Ce l’avance la profondeur approximative de l’eau. Si la
matériau imperméable doit couvrir une profon- profondeur augmente, la longueur de ruban métal-
deur d’au moins 3 m au-dessus et au-dessous de lique à utiliser doit aussi augmenter, et le poids et
la ligne de contact entre l’aquifère et l’aquiclude; l’encombrement de l’appareil peuvent devenir diffi-
c) Mise en place de couches alternées de matériau cilement gérables. Des profondeurs ne dépassant
perméable et imperméable dans le puits lorsque pas 50 m peuvent être mesurées facilement; jusqu’à
les limites des différentes formations ne sont pas 100 m ou au-delà, les difficultés deviennent plus
connues; grandes. Pour ces grandes profondeurs, des rubans
d) Ne pas utiliser de matériau à texture fine comme d’acier de faible largeur ou des rubans plastifiés de
matériau de remplissage de formations rocheuses faible poids peuvent être utilisés. Les profondeurs
crevassées ou fracturées. Du ciment ou du béton de la nappe peuvent être mesurées ainsi à quelques
devra être employé pour boucher un puits atte- millimètres près, mais l’exactitude de la mesure
nant à ces strates. Si ces formations ont une exten- suivant les différentes méthodes est généralement
sion considérable en profondeur, des couches fonction de la profondeur.
alternées de remplissage grossier et de béton
devront être utilisées pour combler le puits; Des appareils à inertie ont été réalisés comme suit:
e) Dans tous les cas, bouchage des cinq mètres un poids attaché à l’extrémité d’un câble tombe à
supérieurs du puits avec un matériau imper- une vitesse constante sous l’effet de la gravité depuis
méable non organique. un appareil portatif placé à la surface du sol. Dès qu’il
atteint la surface de l’eau, un mécanisme de freinage
arrête automatiquement la chute. La longueur de
6.4 MESURE DU NIVEAU DES EAUX câble déroulé, équivalente à la profondeur jusqu’à la
SOUTERRAINES ET RÉSEAUX DE PUITS nappe, est enregistrée sur un compte-tours. L’appareil
D’OBSERVATION [SHOFM C65, E65, G10] peut mesurer la profondeur avec une précision de
1 cm, bien que pour un opérateur expérimenté cet
écart puisse être réduit à 0,5 cm.
6.4.1 Instruments et méthodes d’observation
La mesure directe du niveau des eaux souterraines Le dispositif à deux électrodes utilise donc deux élec-
dans les puits d’observation peut être effectuée soit trodes placées l’une à côté de l’autre, incorporées
CHAPITRE 6. EAUX SOUTERRAINES I.6-13
généralement dans un seul élément de 10 à 20 cm câble a été gradué, mais on peut obtenir des
de long, fixé à l’extrémité du câble. Le système lectures à 5 mm près.
comporte une batterie et un ampèremètre. Le
courant passe à travers le système quand les élec- Un flotteur à l’extrémité d’un câble passant sur une
trodes sont immergées dans l’eau. Les câbles poulie, avec un contrepoids à l’autre extrémité,
électriques doivent avoir un étirement négligeable, peut être installé en permanence dans un puits
les câbles recouverts de matière plastique étant d’observation, les variations du niveau de l’eau
préférés aux câbles recouverts de caoutchouc. Le étant indiquées par le changement de niveau du
câble est gradué avec des rubans adhésifs ou des contrepoids, ou d’une marque fixée sur le câble.
marques spéciales à intervalles fixes, par exemple Une échelle à lecture directe peut être fixée à la
tous les 1 ou 2 m. La profondeur exacte de la nappe poulie. L’emploi de la méthode est généralement
est mesurée au moyen d’une règle d’acier depuis la limité aux cas où les variations de niveau s’avèrent
marque la plus proche sur le câble. Les mesures du faibles.
niveau de la nappe peuvent être effectuées sans
difficulté jusqu’à une profondeur de 150 m; elles Lorsque l’eau souterraine jaillit à la surface, on doit
sont encore possibles, avec quelques difficultés, boucher le sommet du puits avant d’entreprendre
jusqu’à 300 m et plus. Les limites à la profondeur de la mesure. La pression à la surface (ou la hauteur
mesure correspondent essentiellement à la longueur d’eau équivalente) peut être mesurée par un indica-
du câble électrique, à la conception du circuit élec- teur de pression (à simple observation visuelle ou
trique, au poids de l’équipement (spécialement appareil combiné à un dispositif d’enregistrement
celui du câble porteur) et à l’importance de l’effort continu) ou, lorsque c’est possible, en observant le
nécessaire pour enrouler et dérouler le câble. niveau de l’eau dans un tube de petit diamètre
L’exactitude de la mesure dépend de l’adresse de prolongeant le forage; ce tube en verre ou en matière
l’opérateur et du soin avec lequel les marques ont plastique passe à travers le bouchon au sommet du
été fixées sur le câble. Celles-ci devraient être véri- puits. S’il y a risque de gel, de l’huile ou une solu-
fiées et le circuit électrique contrôlé à intervalles tion antigel non miscible devra être versée à la
réguliers, de préférence avant et après chaque série surface de l’eau.
d’observations. Les dispositifs de mesure électrique
s’avèrent très utiles lorsque des mesures de profon- Tous les dispositifs de mesure nécessitent d’être mis
deur de la nappe doivent être effectuées à brefs en œuvre avec beaucoup de soin et entretenus à
intervalles, pendant les essais de pompage. intervalles fréquents, sinon leur efficacité peut être
sérieusement réduite. La mesure du niveau de
Dans les puits très profonds où la longueur de câble l’eau souterraine par des méthodes manuelles exige
nécessaire est de l’ordre de 500 m, la précision de la l’habileté d’un opérateur bien entraîné.
mesure est de l’ordre de ±15 cm. Toutefois, les
mesures de variations de niveau de l’eau avec un
6.4.1.2 Enregistreurs automatiques
câble laissé à demeure dans le puits et muni d’une
sonde, sont données au millimètre près. De nombreux types différents d’appareils à enre-
gistrement automatique continu du niveau de
Les effets électrochimiques d’un ensemble de deux l’eau sont actuellement en service. Bien qu’un
métaux différents plongés dans l’eau peuvent être enregistreur puisse être prévu pour être installé à
utilisés pour la mesure manuelle de la profondeur une station bien déterminée, on devrait insister
de l’eau, aucune batterie n’étant alors nécessaire sur l’intérêt de la souplesse quant à ce choix. Les
pour fournir le courant. Un courant d’intensité appareils devraient être transportables, facilement
mesurable peut être produit par immersion, dans mis en place et susceptibles d’enregistrer les
la plupart des eaux souterraines, soit de deux élec- niveaux pour des climats très différents, de fonc-
trodes (par exemple l’une en magnésium, l’autre tionner sans visite de contrôle pendant des
en laiton) groupées dans un seul ensemble, soit intervalles de temps variables et de permettre de
d’une seule électrode (en magnésium) avec, à la mesurer diverses amplitudes de variations de
surface, une aiguille d’acier de mise à la terre. Étant niveau à des vitesses d’enregistrement différentes,
donné la faible intensité du courant ainsi produit, au moyen de jeux de pignons interchangeables
un micro-ampèremètre est généralement néces- pour faire varier l’échelle des hauteurs. Ainsi, le
saire pour produire le signal. Le dispositif à même appareil de base peut être utilisé avec le
électrode unique peut être incorporé à un ruban minimum d’équipement auxiliaire pour diverses
d’acier gradué, ou à un ruban plastifié dans lequel périodes d’observation et avec une large gamme de
on a incorporé un câble à un seul conducteur. La marnage de la nappe à un bon nombre de puits
précision de la mesure dépend de la façon dont le d’observation.
I.6-14 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
L’expérience a montré que, parmi les appareils de l’eau dans le puits baisse, le flotteur reste dans la
enregistreurs analogiques en service actuellement, même position et l’augmentation du poids du câble
l’appareil à flotteur est le mieux adapté. induit un léger mouvement de la bobine, provo-
L’hydrogramme est enregistré sur un diagramme quant alors un contact électrique qui met en route
fixé sur un tambour à axe horizontal ou vertical, ou le petit moteur. La bobine actionnée par ce moteur
sur un diagramme sur bande à déroulement dévide du câble jusqu’à la nouvelle position d’équi-
continu. Pour obtenir les meilleurs résultats avec la libre qui coupera le moteur. Quand le niveau monte
sensibilité maximale le diamètre du flotteur doit dans le puits, le câble est réenroulé sur la bobine
être aussi grand que possible, avec un ensemble jusqu’à l’obtention d’un nouvel équilibre.
câble-contrepoids aussi léger que possible. En géné- L’enroulement ou le déroulement du câble fait
ral, le diamètre ne devrait pas être inférieur à 12 cm; bouger le stylet de l’enregistreur qui consigne ainsi
cependant, des modifications apportées à certains les variations de niveau.
types d’enregistreurs permettent l’emploi de flot-
teurs de plus faible diamètre. Le tambour Le servomoteur qui fait tourner la bobine du câble
enregistreur ou le stylet peuvent être entraînés par peut être activé par une sonde électrique au niveau
un ressort ou un mouvement d’horlogerie élec- de l’eau dans le puits. Cet appareillage consiste en
trique. L’enregistrement peut être effectué par une une sonde lestée suspendue dans le puits par un
plume ou un stylet lesté et s’appuyant sur un papier câble électrique s’enroulant sur la bobine de l’enre-
spécial. Au moyen de jeux de pignons interchan- gistreur. Les fluctuations du niveau d’eau dans le
geables, le rapport entre le déplacement du tambour puits se traduisent par un changement de pression
et la variation de niveau de l’eau correspondante qui est transmis par une membrane au manocon-
peut être modifié, et ce coefficient de réduction tact contenu dans la sonde. Ce dernier actionne le
varie en général entre 1:1 et 1:20. La vitesse d’enre- moteur de la bobine et la sonde est relevée ou abais-
gistrement varie suivant les différentes réalisations sée, selon le cas, jusqu’à ce qu’elle atteigne une
des appareils, mais les rapports de démultiplication position d’équilibre au nouveau niveau atteint par
sont choisis de telle façon que la largeur complète l’eau. Le frottement du flotteur et de son câble
du diagramme corresponde à des intervalles de 1, 2, contre le tubage du puits affecte sérieusement
4, 8, 16 ou 32 jours. Certains appareils à bandes l’exactitude des enregistreurs, spécialement dans les
déroulantes peuvent fonctionner sans recharge de puits profonds.
bande pendant plus de 6 mois.
L’erreur la plus importante est due au frottement du
Lorsque les enregistreurs à flotteurs comportent flotteur contre le tubage. Un flotteur de petit
une longueur de ruban étalonnée, une lecture diamètre peut être muni de galets de guidage fixés à
directe de la profondeur (ou de la profondeur rela- ses deux extrémités afin de réduire le frottement
tive) de la nappe devrait être faite et le résultat noté contre les parois. Des rondelles munies de petits
au commencement et à la fin de l’enregistrement à galets et attachées au câble tous les dix mètres main-
chaque changement de diagramme. La valeur indi- tiennent le câble loin de la paroi et réduisent le
quée sur l’enregistrement devrait être contrôlée par frottement de façon significative. La figure I.6.5
des observations manuelles à intervalles réguliers. montre des détails de ce dispositif. La sensibilité des
L’exactitude de la lecture des niveaux d’eau sur le enregistreurs à flotteur de petit diamètre peut être de
diagramme dépend essentiellement du rapport 6 mm de variation du niveau de l’eau, mais la sensi-
entre le mouvement du tambour et la variation du bilité du mécanisme d’interruption du mouvement
niveau des eaux souterraines, et donc des rapports du flotteur peut être moindre. L’exactitude du
de démultiplication. La mesure en continu de la système est affectée par des batteries trop faibles;
profondeur jusqu’à la nappe souterraine dans les afin d’éviter cet inconvénient, les batteries doivent
puits de petit diamètre est délicate, car plus le être changées au minimum après 60 à 90 jours
diamètre du flotteur décroît, plus la sensibilité du d’utilisation normale.
système diminue sévèrement. Des flotteurs minia-
tures ou des sondes électriques de petit diamètre Une approche alternative consiste en une électrode
ont été mis au point pour suivre les changements suspendue dans un puits d’observation à une
de niveau de l’eau. La force motrice est communé- distance fixe au-dessus du niveau de la nappe. À
ment fournie par un servomécanisme, un ressort ou intervalles de temps donnés, la sonde détecte élec-
une commande électrique situé dans l’appareillage triquement le niveau de l’eau, le mouvement étant
de surface. Le petit flotteur est suspendu dans le actionné par un servomécanisme en surface. La
puits au bout d’un câble enroulé sur une bobine profondeur jusqu’au niveau de l’eau est alors enre-
reliée à un enregistreur à poulie. En position d’équi- gistrée. Ce système peut être adapté à des modes
libre, le servomoteur est coupé. Lorsque le niveau d’enregistrement variés.
CHAPITRE 6. EAUX SOUTERRAINES I.6-15
Quoique ces appareils soient spécialement destinés humidité, ce qui rend essentielle une ventilation
aux puits de petit diamètre, ils peuvent être instal- suffisante et l’emploi de déshydratants peut s’avérer
lés dans des puits de n’importe quel diamètre souhaitable sous certaines conditions.
supérieur à celui de la sonde.
Dans certains projets de recherche, des appareils de
Les limnigraphes réalisant une conversion anolo- mesure des fluctuations du niveau des eaux souter-
gique-numérique utilisés pour les mesures de débit raines font appel à des techniques plus sophistiquées
de rivières peuvent facilement être adaptés à la que celles décrites ci-dessus: sondes à capacitance,
mesure du niveau des eaux souterraines. transducteurs de pression, jauges de contrainte,
techniques de réflexion des ondes sonores et à
Les enregistreurs automatiques nécessitent un entre- haute fréquence. Actuellement, ces appareils sont
tien approprié et des interventions rapides, sous coûteux comparés aux enregistreurs à flotteur, ils
peine de perdre les données. On peut faire sur place ont des applications limitées, particulièrement en
des réparations simples, mais, pour toute panne ce qui concerne l’amplitude des fluctuations du
sérieuse, on est obligé de remplacer les appareils et niveau des eaux souterraines, et ils demandent des
d’effectuer les réparations au laboratoire ou à l’ate- services d’entretien très perfectionnés. On consi-
lier. Ces appareils doivent être protégés des conditions dère que les systèmes à flotteur sont plus fiables et
climatiques extrêmes, des dommages accidentels et plus souples d’emploi que n’importe quelle autre
du vandalisme. Les mouvements d’horlogerie sont méthode, bien que les développements futurs des
particulièrement sensibles aux fortes teneurs en techniques instrumentales dans le domaine des
Puits d’observation
de 50 mm
Centreur à galets
Flotteur de petit
diamètre (45 mm)
Niveau
10,00 Câble
de l’eau
10,00
Niveau
de l’eau
Flotteur Galets de
guidage
Suspension du câble
Galets
Coupe horizontale
Centreurs
Figure I.6.5. Flotteur de petit diamètre à galets glissants dans un puits d’observation
I.6-16 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
capteurs, des transducteurs et des enregistreurs d’observation, il est intéressant de réaliser une carte
fourniront vraisemblablement d’autres appareils précise de la localisation des puits puis de tracer des
aux performances comparables ou meilleures, et à courbes d’égales valeurs des données disponibles
des coûts compétitifs. pour chaque puits. Deux types de cartes peuvent
être réalisés, en se basant soit sur la profondeur de
la surface de la nappe mesurée dans un puits à partir
6.4.1.3 Réseaux de puits d’observation
de la surface du sol, soit sur l’altitude de la surface
La compréhension de la situation des eaux souter- de l’eau dans un puits, mesurée par rapport à un
raines repose sur l’information hydrogéologique repère donné tel que le niveau de la mer.
disponible; Plus cette information sera importante, Généralement ces cartes sont réalisées pour un
mieux on comprendra les aquifères, à travers en aquifère particulier en utilisant, dans la mesure du
particulier les niveaux d’eau, les gradients hydrau- possible, les données synoptiques d’une période de
liques, la direction et la vitesse des écoulements, la temps donnée. Les fluctuations saisonnières des
qualité de l’eau. Les données sur le potentiel niveaux d’eau, l’évolution des niveaux d’eau à
hydraulique (piézométrie) et la qualité de l’eau sont l’échelle de quelques années résultant du pompage
obtenues par des mesures aux puits d’observation et et d’autres causes analogues peuvent être la source
par l’analyse d’échantillons d’eaux souterraines. La de variations disparates si l’on utilise un mélange
densité du réseau de puits d’observation est généra- de données hétérogènes.
lement planifiée selon le besoin de données, mais
sera en réalité fonction des ressources disponible
6.4.1.5.1 Cartes des isobathes
pour la construction des puits. Le forage des puits
d’observation est le plus important poste de La façon la plus simple de les réaliser se base sur la
dépenses des études sur les eaux souterraines. mesure de la profondeur du niveau de l’eau dans un
L’utilisation des puits existants constitue une possi- puits mesurée par rapport à la surface du sol. On
bilité efficace et économique. Lors de la mise en parle alors de cartes isobathes. Les cartes de ce type
place d’un réseau d’observation, il faudra donc fournissent une indication relative à la profondeur
soigneusement choisir des puits existants dans la de forage nécessaire pour atteindre l’eau, ce qui
zone d’étude et leur adjoindre de nouveaux puits peut être utile pour la planification de projets
spécialement forés pour les besoins de l’étude. d’aménagement des ressources. Une carte de la
différence de la profondeur de l’eau entre deux
campagnes de mesures pourrait être utilisée pour
6.4.1.4 Fluctuations du niveau de l’eau
montrer, par exemple, la variation dans l’espace des
Les fluctuations du niveau des eaux souterraines fluctuations saisonnières. Les cartes d’isobathes ne
reflètent les changements de volume des réserves peuvent cependant pas être utilisées pour établir les
en eau des formations aquifères. Deux groupes directions de l’écoulement en raison de l’indépen-
principaux de fluctuations peuvent être identifiés: dance des variations de la topographie.
les fluctuations à long terme, comme celles qui sont
dues au changement saisonnier de la recharge natu-
6.4.1.5.2 Cartes piézométriques – cartes de la
relle et au pompage permanent, et les fluctuations à
surface libre, sections transversales
court terme, comme celles qui sont dues à l’effet de
piézométriques
pompages intermittents sur de brèves périodes, à
l’effet de la marée ou aux variations de la pression On appelle carte piézométrique une carte des
atmosphérique. Du fait que le niveau des eaux niveaux de l’eau basée sur l’altitude du niveau de
souterraines réagit ordinairement de façon plutôt l’eau dans les puits mesurée par rapport à un repère
lente aux changements externes, des mesures conti- commun tel que le niveau de la mer (figure I.6.6).
nues ne sont en général pas nécessaires. Des Si elle est réalisée pour la surface de l’aquifère
observations systématiques à intervalles de temps phréatique on parle de carte de la surface libre. Ce
déterminés suffisent souvent, compte tenu des type de carte est plus difficile à réaliser qu’une
objectifs de la plupart des réseaux nationaux. Là où carte isobathe car il nécessite une donnée d’altitude
les fluctuations sont rapides, des relevés continus précise au point de mesure pour chaque puits
sont souhaitables, au moins jusqu’à ce que la nature d’observation. Pour produire les données recher-
de telles fluctuations ait bien été éclaircie. chées, chaque mesure de profondeur recueillie
doit être soustraite de l’altitude par rapport au
repère choisi du point de mesure. Le principal
6.4.1.5 Cartes du niveau des eaux
intérêt de ce type de carte est de pouvoir, dans de
Pour organiser et ordonner les mesures de niveau nombreux cas, être utilisé pour déterminer la
des eaux obtenues à partir d’un réseau de puits direction de l’écoulement souterrain.
CHAPITRE 6. EAUX SOUTERRAINES I.6-17
39°
15’
39°
07’
30”
0 1 2 3 4 Miles
0 1 2 3 4 Kilomètres
Légende
D’après une carte numérique de l’USGS au 1:100 000, 1983. Projection Mercator transverse, zone 18.
219
I.6-18 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
piézométriques dans toutes les directions. Avec les de cette évolution. Lorsqu’une pompe est mise en
surfaces piézométriques de plusieurs aquifères ou marche, le niveau de l’eau dans le puits descend en
les profondeurs de l’eau pour plusieurs ou chacun conséquence, causant ainsi une variation de débit.
des sites d’un réseau de puits d’observation, il est La stabilisation du débit est généralement atteinte
possible de réaliser des sections transversales piézo- au bout de quelques minutes ou quelques heures.
métriques (figure I.6.7). Les sections piézométriques Les variations de niveau de l’eau qui affectent le
sont des graphiques soigneusement mis à l’échelle débit de pompage peuvent aussi être causées par la
de la localisation des puits selon un transect donné recharge provenant des précipitations ou les modi-
où les profondeurs sont portées sur l’axe vertical et fications de prélèvement de puits voisins. Les
les distances latérales sur l’axe horizontal. Le niveau modifications de la configuration des canalisations,
de l’eau dans un puits donné est reporté sur l’axe la longueur ou le diamètre d’un tuyau d’évacuation
vertical. Habituellement, on reporte aussi l’exten- à l’air libre par exemple, peuvent aussi avoir une
sion des puits sur le diagramme. Ces sections influence et devraient être évitées. Les procédures
transversales permettent de repérer les différences de mesure peuvent aussi s’appliquer à la mesure du
de niveau entre les aquifères, et peuvent être très débit d’un puits jaillissant naturellement.
utiles pour déterminer la direction de l’écoulement
des eaux souterraines selon la verticale.
6.4.1.6.1 Volume étalonné
A A’
Nord Sud
Pieds
250 Surface piézométrique
Aquifère glaciaire supérieur
Argile
.7
s de G
ardin
.70 ers
80
–250
.65 .50
80
20
60
40
40
–500 60 .55
.63 Aquifère
Magothy
.60
–750 le R
arit
an
Su
bst
–1 000 rat
um
roc Aq
he 20
ux .62 uifère
Lloy
–1 250 d
Légende
–1 500 Zone d’eaux souterraines salées
h
10D 3D Orifice
Refoulement
de la pompe D D/2
ou bride d
de la vanne D/2
Robinet du
manomètre Supports du tuyau.
Doivent être solidement
dressés et maintenus
à niveau.
Surface du sol
Figure I.6.8. Diagramme du montage d’un orifice d’écoulement libre pour la mesure du débit
d’un puits pompé (Département de l’intérieur des États-Unis d’Amérique, 1977)
I.6-20 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Q Q
Cône de Rabattement
dépression Lignes de Cône de
courant dépression
Roches encaissantes
Figure I.6.9. Rabattement d’un puits pompé dans un aquifère libre (à gauche) et
dans un aquifère captif (à droite) (Heath, 1983)
CHAPITRE 6. EAUX SOUTERRAINES I.6-21
nomme conductivité hydraulique. Le coefficient de aquifères. La différence entre une couche encais-
perméabilité est défini comme le volume d’eau sante et un aquifère est relative. Dans une région
traversant en une unité de temps, sous l’effet d’une donnée, on considère que les aquifères ont un coef-
unité de gradient hydraulique, une unité de surface. ficient de perméabilité supérieur de plusieurs ordres
Il s’exprime en unités de vitesse (longueur par de grandeur à celui des couches encaissantes.
temps). On trouvera sur la figure I.6.10 les gammes
de valeurs courantes du coefficient de perméabilité
6.5.2 Vue d’ensemble sur les méthodes
pour les roches et sédiments courants. La transmissi-
de terrain courantes dans la
vité est une grandeur apparentée, définie comme le
détermination des paramètres
produit du coefficient de perméabilité par l’épaisseur
hydrauliques
de l’aquifère. La différence tient au fait que le coeffi-
cient de perméabilité est une propriété ponctuelle La détermination du coefficient de perméabilité et
alors que la transmissivité caractérise l’aquifère dans du coefficient d’emmagasinement d’un aquifère ou
son ensemble. d’une couche encaissante en particulier est généra-
lement réalisée grâce à des tests menés sur le terrain,
Le coefficient d’emmagasinement est défini comme désignés sous le nom d’essais de nappe ou de
le volume d’eau libéré ou emmagasiné par unité de pompages d’essai. Ces essais de nappe sont conçus
surface d’un aquifère pour une variation de charge pour mesurer le rabattement relatif à un pompage
hydraulique unitaire. Le coefficient d’emmagasi- ou à une contrainte hydrogéologique similaire et à
nement est sans dimension. Pour un aquifère libre, en déduire les paramètres hydrauliques. L’amplitude
l’emmagasinement est essentiellement lié à l’eau et l’évolution au cours du temps du rabattement
de drainage gravitaire d’une unité de volume de relatif à un essai particulier renseignent respective-
l’aquifère, et sa valeur se situe généralement entre ment sur le coefficient de perméabilité et sur le
0,1 et 0,3. Pour un aquifère captif demeurant coefficient d’emmagasinement.
saturé, l’emmagasinement est dû à la dilatation de
l’eau et à la compression de l’aquifère. Le coeffi-
6.5.2.1 Essai de nappe et pompages d’essai
cient d’emmagasinement d’un aquifère captif est
par conséquent habituellement inférieur à celui Le but d’un essai de nappe est de déterminer les
d’un aquifère libre de plusieurs ordres de grandeur, paramètres hydrauliques alors que l’on impose un
et sa valeur peut aller de 0,00001 à 0,001. pompage généralement maintenu constant et que
le niveau de l’eau dans le puits de pompage et
Le coefficient de perméabilité et le coefficient les puits voisins sont suivis. La figure I.6.11 montre
d’emmagasinement peuvent être déterminés aussi un diagramme schématique d’un essai typique
bien pour les couches encaissantes que pour les sur un aquifère captif d’épaisseur b. Trois puits
Sables limoneux
Sables propres
Fins Grossiers
Argiles à blocaux Graviers
10–8 10–7 10–6 10–5 10–4 10–3 10–2 10–1 1 101 102 103 104
md –1
Figure I.6.10. Coefficient de perméabilité des types de roches et sédiments courants (Heath, 1983)
I.6-22 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
d’observation A, B et C, sont situés à différentes fonction du temps s’applique à toutes les données
distances (r pour le puits B) du puits de pompage. Le collectées pour un puits. En général, les données de
pompage, de débit connu, provoque la formation l’essai sont analysées soit manuellement en utili-
d’un cône de dépression dans la surface piézomé- sant une méthode graphique, soit en utilisant un
trique, et un rabattement, s, est mesuré dans le puits logiciel l’analyse d’essai de nappe. La méthode
B, qui est la différence entre la charge initiale h0 et la d’analyse graphique manuelle s’appuie sur un ajus-
charge avec pompage h. La collecte des données de tement des points de mesure à des «courbes types»
niveau de l’eau dans chaque puits, y compris le puits pour calculer le coefficient de perméabilité et le
de pompage, débute dès avant le début du pompage coefficient d’emmagasinement. Les points multiples
pour connaître les niveaux statiques, puis est pour- sont analysés individuellement, et on détermine
suivie tout au long de l’essai. On surveille également pour le test une valeur moyenne ou de consensus.
le débit de pompage.
La description détaillée de la collecte et de l’analyse
Les essais de nappe sont généralement menés des données n’entre pas dans le cadre de ce Guide,
pendant des périodes allant de 8 heures à un mois car il en existe de nombreuses variantes. Ces
ou plus, selon le temps nécessaire pour atteindre un variantes sont dues aux nombreux facteurs qui
niveau d’eau stable. Lorsque la pompe est mise en peuvent significativement affecter le déroulement
marche, les niveaux d’eau baisseront. Le plus grand de l’essai et l’analyse des données, tels que la nature
rabattement sera observé dans le puits de pompage. transitoire ou permanente de l’essai, le nombre de
Il décroît non linéairement lorsqu’on s’éloigne du puits d’observation, la prise en compte d’éven-
puits de pompage et augmente non linéairement au tuelles drainances (fuites) à partir des aquifères ou
cours du temps. Les valeurs observées sont les rabat- des roches encaissantes voisines, de la nature libre
tements évoluant au cours du temps. On parle ou captive de l’aquifère. On conseillera au praticien
d’essai transitoire en raison de l’évolution du rabat- de se reporter à Walton (1996), Kruseman et al.
tement au cours du temps. Les données sont (1974, 1994) et Reed (1980) aussi bien pour une vue
généralement représentées sur un diagramme log- d’ensemble des nombreuses méthodes courantes
log ou semi logarithmique, et en portant soit que pour une description précise des techniques
distance et rabattement, soit temps et rabattement. d’analyse. L’Organisation internationale de norma-
Le diagramme du rabattement en fonction de la lisation et l’American Society for Testing and Materials
distance représente tous les puits à un instant International ont également établi des normes (ISO
donné, alors que le diagramme rabattement en 14686) pour la conduite et l’analyse des essais de
Puits d’observation
Puits de pompage
C B A
Niveau d’eau
en pompage
r Roches encaissantes
h
h0 Aquifère
captif b
Roches encaissantes
Niveau de référence
FigureI. 6.11. Schéma d’un essai de débit d’aquifère caractéristique montrant les différentes mesures
(Heath, 1983)
CHAPITRE 6. EAUX SOUTERRAINES I.6-23
nappe (OIN, 2003a; ASTM D4106-96, 2002). Halford le niveau du cours d’eau est inférieur à celui de la
et Kuniansky (2002) présentent un exemple surface libre de l’aquifère sous-jacent, un écoule-
d’analyse d’essai de nappe sous forme de tableur. ment aura lieu vers le cours d’eau et celui-ci sera
dit drainant (figure I.6.12, en haut). Dans le cas
contraire, lorsque le niveau du cours d’eau est
supérieur à celui de la surface libre de l’aquifère
6.6 RECHARGE ET DÉCHARGE, sous-jacent, un écoulement aura lieu vers l’aquifère
ALIMENTATIONS ET PERTES DANS et le cours d’eau sera dit infiltrant ou émissif
UN SYSTÈME HYDROGÉOLOGIQUE (figure I.6.12, au centre). Dans certains cas, particu-
lièrement dans des environnements arides, il peut
La recharge et la décharge sont les voies par ne plus y avoir de liaison hydraulique directe entre
lesquelles l’eau pénètre ou quitte un système hydro- l’aquifère et le cours d’eau. Il s’agit là encore d’un
géologique. La compréhension et la quantification cours d’eau infiltrant (figure I.6.12, en bas).
de ces phénomènes sont fondamentales pour
comprendre la nature de l’ensemble du système des
eaux souterraines et être en mesure de prévoir Cours d’eau drainant
d’éventuels changements. La recharge provient
essentiellement des précipitations et de l’infiltra- Sens de l’écoulement
tion des masses d’eaux superficielles, telles que
ruisseaux, rivières, étangs et lacs. Les principales
voies de décharge se trouvent dans le drainage par turée
Zone non sa
les masses d’eaux superficielles telles que ruisseaux,
rivières, étangs, lacs et océans, dans le pompage des Surface libre
puits et dans l’évapotranspiration.
Zone saturée
6.6.1 Recharge par les précipitations
Il existe plusieurs façons de quantifier la recharge niveau des eaux souterraines et sur le système hydro-
des eaux souterraines par un cours d’eau infiltrant, géologique en général. Il est courant que le rabattement
ou la décharge des eaux souterraines par un cours dû à un puits de pompage transforme un cours d’eau
d’eau drainant: drainant voisin en cours d’eau infiltrant, ce qui
a) Pour un cours d’eau drainant, l’étude de montre bien l’importance de surveiller les consé-
l’hydrogramme sur un longue période permet quences du pompage des puits et de localiser ceux le
de trouver l’écoulement de base. Il est probable pratiquant. En particulier, les puits pour l’alimenta-
que l’écoulement de base de l’hydrogramme tion domestique, les usages industriels et commerciaux
d’un cours d’eau comprenne la décharge des et pour l’irrigation, prélèvent les plus importantes
eaux souterraines (volume II, section 6.3.2.2.2). quantités d’eau. La quantification des quantités
D’autres écoulements constants provenant par pompées passe par une synthèse des rapports des
exemple de réservoirs ou de stations d’épuration propriétaires de puits ou, en l’absence de tels rapports,
peuvent aussi contribuer à l’écoulement de base; par un effort de mesure chez les principaux utilisa-
b) Pour un cours d’eau infiltrant ou un cours d’eau teurs. Les procédures exposées dans la section 6.4
drainant, la différence des débits mesurés à peuvent être utilisées pour réaliser ces mesures.
l’amont et à l’aval d’un bief mettra en évidence Comme le pompage peut évoluer avec la demande
la perte ou le gain aux incertitudes de mesure des utilisateurs des puits, suivre ces changements peut
près (chapitre 5). Le bief choisi ne devrait com- demander un gros travail. Il est possible d’établir une
porter d’autres apports ou pertes, tels qu’affluent, relation entre le débit de la pompe et sa consomma-
station d’épuration, prises d’eau ou colature; tion de carburant ou d’électricité. Si ces dernières
c) Une mesure directe du débit vers ou à partir d’un données sont disponibles, l’effort concernant la
cours d’eau peut être réalisée grâce à des perco- collecte des données de pompage de nombreux puits
lamètres. Il s’agit d’instruments placés dans le lit peut être sensiblement allégé.
des cours d’eau qui retiennent l’eau percolant
à travers le lit, eau dont le volume est mesuré
ultérieurement (Carr et Winter, 1980). Certains
de ces instruments ne fonctionnent que pour 6.7 UTILISATION DES DONNÉES DANS
les cours d’eau drainants. Il n’est pas possible LES MODÈLES HYDROGÉOLOGIQUES
d’utiliser ces instruments dans des cours d’eau à
écoulement relativement rapide, du fait de l’af- Un des rôles essentiels d’un modèle est d’intégrer
fouillement inhérent auxquels ils sont sensibles. l’information sur le cadre hydrogéologique (niveaux
d’eau, pompage, recharge, décharge) afin de
comprendre l’importance relative des différents
6.6.2.2 Sources et suintements
processus du système hydrogéologique, et d’appré-
L’écoulement des sources et des surfaces de suinte- cier la capacité ou l’aptitude d’un système
ment, qui constituent une décharge localisée des hydrogéologique à satisfaire des objectifs généraux
eaux souterraines, peut être mesuré en utilisant les ou particuliers (en général d’approvisionnement en
procédures classiques de mesure de débit des cours eau). Les modélisations généralement pratiquées
d’eau (chapitre 5). vont du simple établissement d’un bilan en eau à
l’élaboration d’un modèle numérique complexe de
l’écoulement souterrain. L’exposé détaillé du
6.6.2.3 Effets de l’évapotranspiration sur
contexte de l’établissement, du calage et de l’utilisa-
les systèmes hydrogéologiques
tion des modèles hydrogéologiques dépasse le cadre
Les plantes profondément enracinées, et toutes les de ce Guide, mais les méthodes et approches
plantes en général dans les régions où la nappe concernant la collecte des données abordées dans
phréatique est peu profonde, peuvent prélever de ce chapitre et dans le tableau I.6.3 fournissent les
l’eau dans les systèmes hydrogéologiques. Les bases nécessaires à l’élaboration des modèles. On
méthodes habituelles d’évaluation de l’évapotrans- trouvera dans le volume II, section 6.3.5.2, d’autres
piration potentielle peuvent être utilisées pour les développements relatifs à la modélisation hydro-
régions où les eaux souterraines sont susceptibles géologique ainsi que des références à ce sujet.
d’être impliquées dans le processus (chapitre 4).
Tableau I.6.3. Besoins en données des telles que les failles, les traces de fracture ou autres
modèles d’eaux souterraines traits linéaires peuvent suggérer la présence d’eaux
souterraines, comme peuvent le faire d’autres carac-
Cadre hydrogéologique Extension et épaisseur de téristiques telles que les couches sédimentaires ou
chaque aquifère certains affleurements rocheux. La présence d’aqui-
fères peu profonds peut être déduite de mesures de
Extension et épaisseur de
l’humidité des sols, de modifications des types et
chaque couche de roches
encaissantes
structures de la végétation ou de modifications de
température. Les zones de recharge et de décharge
Frontières et contraintes Quantités et localisations de la
dans un bassin peuvent être indiquées par des sols,
hydrologiques recharge (précipitations nettes,
de la végétation et des nappes peu profondes ou
pertes des cours d’eau)
perchées (Engman et Gurney, 1991).
Quantités et localisations
de la décharge (puits de L’exploration aéroportée des eaux souterraines a
pompage, pertes vers les
récemment été conduite en utilisant les capteurs
cours d’eau, débit des sources,
électromagnétiques de prospection conçus pour
évapotranspiration)
l’industrie minérale (Engman et Gurney, 1991). Ce
Distribution des Coefficients de perméabilité ou type d’équipement a été utilisé pour cartographier
paramètres hydrauliques de transmissivité des aquifères
des aquifères à des profondeurs supérieures à 200 m
Coefficients d’emmagasinement (Paterson et Bosschart, 1987).
des aquifères
Propriétés des roches Les photos aériennes fournies par les satellites
encaissantes Landsat ou SPOT sont abondamment utilisées pour
Données de calage Piézométrie et données l’inventaire des eaux souterraines, et tout d’abord
correspondantes sur les débits pour localiser leurs sources potentielles. Cette tech-
des cours d’eau, les pompages nique permet de déduire des informations reçues le
de puits, la recharge, etc. type des roches, la structure et la stratigraphie. Les
images infrarouges sont intéressantes pour cartogra-
phier les caractéristiques pédologiques et végétatives
souterraines. Une information indirecte peut utilisées pour l’exploration hydrogéologique. Des
cependant être obtenue à partir de la télédétection. sources peuvent être détectées au mieux en utilisant
l’imagerie infrarouge ou thermique. Des sources
Les techniques de télédétection utilisées pour carto- sous-marines peuvent être détectées ainsi
graphier les zones d’eaux souterraines comprennent (Guglielminetti et al., 1982). L’imagerie infrarouge,
l’imagerie aérienne et satellitaire dans les régions grâce à la mise en évidence de différences de tem-
visible, infrarouge, ultraviolette et hyperfréquence pératures, permet de collecter l’information sur
du SEM. L’imagerie satellitaire en particulier permet l’humidité du sous-sol et les nappes perchées peu
de visionner de très vastes étendues de territoire, et profondes (Heiman et Moore, 1981a et 1981b;
parvient à fournir un point de vue que ni les Salomonson, 1983; van de Griend et al., 1985).
campagnes au sol ni même la photo aérienne à
grande échelle ne peuvent atteindre. Quoique la La radiométrie en hyperfréquence passive peut être
télédétection ne soit que l’un des éléments d’une utilisée pour reconnaître la surface libre des aqui-
étude hydrogéologique, c’est une approche très fères peu profonds. Un radiomètre à double
économique pour la prospection et les études préli- fréquence aéroporté a permis de situer des surfaces
minaires. En raison de la présence de la zone non libres à 2 m de profondeur dans des régions humides
saturée, la plupart des données issues de la télédé- et à 4 m dans des régions arides (Shutko, 1982;
tection ne peuvent pas être utilisées directement 1985; 1987).
mais demandent une solide interprétation. C’est
ainsi que l’on déduit la localisation des aquifères à Le radar est capable de fonctionner par tout temps
partir de caractéristiques superficielles. Parmi celles- et peut être utilisé pour détecter de subtiles caracté-
ci on compte la topographie, la morphologie et le ristiques géomorphologiques, même sous couvert
couvert végétal. L’information hydrogéologique forestier (Parry et Piper, 1981). Il est également
peut être déduite des modelés, des réseaux hydro- capable de pénétrer à travers des couches de sable
graphiques, des caractéristiques de la végétation, sec pour révéler d’anciens réseaux hydrographi-
des types d’utilisation des sols, des caractéristiques ques abandonnés (McCauley et al., 1982; 1986) et
linéaires ou curvilignes, et de la couleur et de la peut aussi fournir des informations concernant
texture des images. Les caractéristiques structurales l’humidité des sols (Harris et al., 1984).
I.6-26 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
L’imagerie radar permet de détecter la présence El-Baz, F., 1993: «TM reveals Arabian Desert secrets». EOSAT
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5-50 m (Finkelstein et al., 1987). L’imagerie radar est Engman, E.T. et R.J. Gurney, 1991: Remote Sensing in
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information utilisable pour la cartographie géolo- Prentice-Hall Inc., New Jersey.
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utilisée avec succès pour révéler la présence de Soviet Radio Publishing House, Moscou, 174 p.
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CHAPITRE 7
La fréquence de l’échantillonnage dépend des objec- Les objectifs du programme d'étude définissent
tifs du réseau, de l’importance accordée à la station, souvent avec précision les meilleurs emplacements
du niveau des valeurs mesurées, de la variabilité pour le prélèvement d'échantillons dans un
spatiale des paramètres étudiés et, bien sûr, du finan- système de rivière ou de lac. Par exemple, pour
cement disponible. Sans information préalable, on déterminer les effets d'un effluent sur un cours
choisira une fréquence arbitrairement fondée sur la d'eau récepteur, les échantillons devront être
I.7-2 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
prélevés en amont et en aval du rejet. Dans d'autres poursuivi concerne l’impact des activités humaines
cas, les lois antipollution ou les exigences impo- sur la qualité des eaux dans un bassin de rivière
sées pour l'utilisation particulière d'une masse donné, celui-ci peut être subdivisé en régions
d’eau définiront la localisation et la fréquence de naturelles et en régions anthropisées. Ces dernières
l’échantillonnage. Par exemple, une autorisation peuvent être à leur tour subdivisées en zones
de déverser une eau polluée dans les eaux de agricoles, résidentielles ou industrielles. Lors
surface pourra préciser les modalités de contrôle d'études concernant les précipitations acides, la
de qualité, telles que l'emplacement du prélève- sensibilité du sol revêt un caractère primordial. Les
ment des échantillons, leur nombre, la fréquence figures I.7.2 et I.7.3 donnent quelques exemples
et les grandeurs à analyser. du choix d’emplacements de stations d'échan-
tillonnage dans des systèmes de rivières et de lacs,
Les stratégies d'échantillonnage ne seront pas les en fonction d'objectifs spécifiques.
mêmes selon le type de masse d’eau ou de medium,
par exemple selon que l'on s'intéresse à l'eau elle- La collecte d’informations pertinentes sur la région
même, aux sédiments ou aux biotopes. Si l’objectif à contrôler est une étape essentielle de l’évaluation
Collecte des
données de qualité
disponibles
Besoin en données
Information requise
Planification du contrôle
Sites possibles
Suivi intensif
Critique
Inspection de
la convenance des sites
Sites choisis
Échantillonnage et analyse
Figure I.7.1. Schéma du choix des sites d’échantillonnage de qualité des eaux
CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES I.7-3
12
Pour les stations lacustres, il est recommandé de
X
prélever des échantillons pendant cinq jours
consécutifs durant la période la plus chaude de
Station Critères l'année ainsi que pendant cinq jours consécutifs
chaque trimestre.
9 Affluent d’alimentation principal
10 Qualité générale de l’eau du lac
11 Alimentation en eau d’une grande ville Autrement on devrait prélever au moins six fois
12 Effluent du lac par année avec, en plus, des prélèvements occa-
sionnels aléatoires au cours des périodes comme la
Figure I.7.3. Site de surveillance sur lac stratification estivale, le moment du brassage des
I.7-4 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
eaux suivant cette stratification, sous la glace Les zones où se forment des tourbillons verti-
lorsque le plan d'eau est gelé et en période de fonte caux, les zones sous le vent d’un obstacle, les
des neiges et de ruissellement. crêtes balayées par le vent et les toits de bâti-
ments, devraient particulièrement être évités
De façon analogue des échantillons en rivière en raison des fortes turbulences;
devraient être pris, si cela est possible, après les d) Aucun objet d’une taille supérieure à celle de
averses et durant les épisodes de fonte des neiges et l’échantillonneur ne devrait se trouver à moins
de ruissellement. de 5 m du site;
e) Pour tout objet plus haut que l’échantil-
La représentation graphique de certaines grandeurs lonneur, la distance devrait être supérieure à
en fonction du temps peut faire apparaître des 2,5 fois la différence de hauteur entre les deux.
variations cycliques qui ne sont pas dues à des Il faudra faire tout particulièrement attention à
fluctuations aléatoires. la présence de fils métalliques aériens;
f) La prise du collecteur devrait se trouver au
Pour la détection de tels cycles, il faut que l'inter- moins un mètre au-dessus de la couverture
valle d'échantillonnage ne soit pas plus long que le végétale avoisinante afin d’éviter que des maté-
tiers de la durée du plus court de ces cycles, et que riaux indésirables n’y pénètrent, par transport
la prise d'échantillons s'étende sur une période au éolien ou par éclaboussement;
moins dix fois plus longue que la durée du plus g) Les clapets et détecteurs des échantillonneurs
long d'entre eux. Par conséquent, des cycles de automatiques ainsi que les éventuels systèmes de
longue période ne seront pas détectés lors des réfrigération pour l’été ou de chauffage antigel
études préliminaires, mais seront mis en évidence durant l’hiver doivent être alimentés en énergie.
lors de l’exploitation du réseau. Pour détecter ces Si celle-ci est fournie par des lignes électriques,
variations cycliques, il est recommandé de prélever elles ne devront pas être aériennes. Si on utilise
des échantillons aléatoires, par exemple à différents des générateurs, leur échappement devra être
jours de la semaine ou à différentes heures du jour. suffisamment éloigné de l’échantillonneur et
situé sous le vent;
h) Pour des études à l’échelle continentale, les sites
7.2.3 Qualité de l’eau des précipitations
devraient être de préférence isolés et situés en
Les aspects particuliers concernant la qualité des milieu rural, sans source de pollution continue
précipitations, en particulier l’appareillage pour à moins de 50 km dans la direction des vents
l’échantillonnage, sont traités dans la section 3.16. dominants et à moins de 30 km dans les autres
En général, les sites d’échantillonnage devraient directions.
être choisis de façon à donner une information
précise et représentative de la variation spatio- Ces conditions ne peuvent pas toujours être satis-
temporelle des teneurs en composants chimiques faites dans leur ensemble. La description des stations
intéressants. Il faut tenir compte de certains facteurs de mesure doit se référer à ces conditions et indiquer
importants tels que la direction des vents domi- les caractéristiques exactes de l'emplacement choisi.
nants, l’origine des composés analysés, la fréquence
des précipitations (pluie, neige ou grêle) ainsi que Sur les grands lacs, les précipitations peuvent être
des autres processus météorologiques susceptibles moins importantes au large que sur le littoral et la
de modifier la composition de l’eau. Les points proportion des particules solides grossières y être
suivants devraient être pris en considération: plus faible. La collecte d'échantillons au milieu d'un
a) Il ne devrait pas y avoir de source de pollution lac se fait en installant l'échantillonneur sur une
telle que du trafic aérien, du trafic routier ou du bouée, un rocher, un haut-fond ou une petite île.
trafic par voie navigable à moins d’1 km du site
d’échantillonnage; L’échantillonnage des précipitations peut être
b) Aucun dépôt en surface de produits agricoles, de réalisé pour chaque événement pluvieux ou pour
combustibles ou d’autres matériaux exogènes un mois complet. Dans ce dernier cas, la pluie doit
ne devrait se trouver à moins d’1 km du site; être conservée pendant cette période avant d’être
c) Les échantillonneurs devraient être installés analysée.
en terrain plat, non aménagé, de préférence
enherbé et être entourés d’arbres distants de L'analyse des échantillons provenant d'un épisode
plus de 5 m des appareils de prélèvement. de précipitation précis permet de déterminer les
Aucune source de pollution pouvant être trans- polluants qui sont associés à un orage particulier.
portée par le vent (champs labourés, routes non Complétée par une analyse des vents, elle permet
asphaltées) ne devrait se trouver à proximité. de définir des sources probables d'émissions
CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES I.7-5
polluantes. Cependant, ce système d'échantillon- aussi établir un inventaire des puits, des forages
nage est très sensible. On pourra appliquer ici les ainsi que des sources alimentées par l’aquifère, et
mêmes considérations statistiques concernant la une carte de l’utilisation du sol devra être levée.
fréquence d'échantillonnage que celles évoquées
pour le prélèvement d'eau de surface. L’utilisation de puits existants pour la collecte des
échantillons d’eau (et des niveaux de l’eau) est une
solution économique, même s’ils ne sont pas
7.2.4 Qualité des eaux souterraines
toujours situés au meilleur endroit ou construits
La qualité des eaux souterraines est susceptible avec des matériaux inertes. Il est préférable d’utili-
d’être influencée et détériorée par les activités ser des puits encore en activité et pompés
anthropiques. Les pollutions ponctuelles compren- occasionnellement plutôt que de choisir un puits
nent les fosses d’aisance et les fosses septiques, les inutilisé. Les puits abandonnés ou inexploités sont
fuites d’égouts municipaux et d’étangs à eaux souvent en mauvais état: tubage endommagé ou
usées, les lessivats des décharges et des champs percé, système de pompage corrodé. D’ordinaire, il
d’épandage, les déperditions des stabulations, les est difficile d’y mesurer les niveaux d’eau et ils
rejets industriels, les eaux de refroidissement des peuvent présenter un certain danger.
puits de recharge, et les fuites des réservoirs
d’hydrocarbures et des oléoducs. La qualité des Les variations de la qualité des eaux souterraines
eaux souterraines d’importantes zones géogra- peuvent être très lentes et des programmes de prélè-
phiques peut être dégradée du fait des colatures, de vements mensuels, saisonniers, voire même annuels
la recharge des aquifères par des effluents de suffisent généralement à les appréhender. Dans
stations d’épuration ou des effluents industriels, certains cas, comme par exemple les aquifères allu-
par des intrusions d’eaux provenant d’aquifères viaux abondamment alimentés par le réseau
fortement salés ou par l’intrusion d’eaux marines hydrographique superficiel, la variabilité temporelle
dans les aquifères côtiers. de la qualité de l’eau peut être très significative.
Des échantillons d’eau peuvent être collectés à 7.2.5 Qualité des sédiments
partir de puits artésiens ou de puits de pompage. Le
pompage doit durer assez longtemps pour que La plupart des critères utilisés pour choisir les
l’échantillon soit représentatif de l’aquifère et non emplacements de mesure, exposés dans les sections
du puits. Cela est particulièrement nécessaire pour précédentes, sont aussi applicables à l’échantillon-
les puits ouverts ou lorsqu’un puits comporte un nage des sédiments (se référer aux sections 5.5.3 et
revêtement sujet à la corrosion. Des pompes 5.5.4). Nous ne décrirons donc ci-dessous que des
portables sont nécessaires pour échantillonner des recommandations spécifiques supplémentaires.
puits qui n’en sont pas équipés. Pour échantillon-
ner à différentes profondeurs un équipement Pour la mesure de transport solide d’une rivière, il
mécanique ou pneumatique pour isoler une zone est nécessaire de placer les sites d’échantillonnage
donnée devrait être employé. Les échantillons près de stations de jaugeage, afin de pouvoir dispo-
concernant les nappes superficielles, les parties ser à tout moment de données débitmétriques
saturées au sein de couches peu perméables peuvent précises. Il faudrait éviter d’installer un échantillon-
souvent être obtenus en y faisant descendre un neur juste en amont d’un confluent, car les
piézomètre à la hauteur voulue. Les variables de prélèvements risquent d’être faussés par le phéno-
base définissant la qualité des eaux superficielles mène du remous. Dans les cours d’eau trop profonds
peuvent être utilisées pour la surveillance des eaux pour être traversés à gué, les échantillonneurs pour-
souterraines, à l’exception de la turbidité qui ne raient être placés sous un pont ou à proximité d’un
pose généralement pas de problème. téléphérique. Les prélèvements depuis des ponts se
feront de préférence en amont de l’ouvrage. Dans
Un grand nombre d’informations hydrogéolo- les zones à fortes turbulences, comme au voisinage
giques peuvent être nécessaires pour concevoir un de piliers de ponts, les échantillons sont rarement
programme d’échantillonnage des eaux souter- représentatifs. Il faudrait se méfier des accumula-
raines. Il faudrait connaître les niveaux d’eau, les tions de débris ou de déchets sur les piles, car ils
gradients hydrauliques, la vitesse et la direction des peuvent sérieusement influencer l’écoulement et
écoulements. La vitesse de l’écoulement souterrain donc la répartition des sédiments. Un échantillon
dans les aquifères est extrêmement variable. Elle intégré résultant de prélèvements provenant de
peut aller d’un mètre par an dans les régions plates plusieurs points répartis sur toute la hauteur d’eau
où la recharge est faible à plus d’un mètre par et mélangés proportionnellement à leur charge
seconde dans les aquifères karstiques. Il faudrait moyenne de sédiments peut être considéré comme
I.7-6 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
représentatif, pour autant que le brassage latéral approximation de la qualité des sédiments.
soit suffisant. Cependant, il sera probablement nécessaire d’aug-
menter la densité de ce réseau si l’on veut réaliser
Dans les rivières à écoulement rapide, les meilleurs des études statistiques valables.
endroits pour effectuer des prélèvements de sédi-
ments du fond sont les méandres, les coudes du La fréquence d’échantillonnage dans les lacs est
chenal et les bancs alluviaux au milieu du chenal conditionnée par la concentration généralement
ou, plus généralement, toute zone abritée où la faible des matières en suspension. Les pièges à sédi-
vitesse de l’eau est à son plus bas. ments devraient être utilisés durant les périodes de
productivité maximale et minimale d’algues, ainsi
Les sites d’échantillonnage devraient être acces- qu’au moment où les apports de sédiments par les
sibles lors des crues, car c’est durant ces périodes rivières sont les plus élevés. Lors d’échantillonnages
que le transport solide est le plus important. répétés de sédiments reposant au fond des lacs, il
faut tenir compte de la vitesse d’accumulation de
La détermination, en rivière, de la charge polluante nouveaux matériaux. Dans les bassins versants situés
maximale peut se présenter de deux façons sous des climats tempérés froids, on compte une
différentes: épaisseur moyenne de 0,1 à 0,2 mm par an. Une
a) Si la pollution est ponctuelle, les prélèvements période d’échantillonnage de cinq ans peut s’avérer
devraient être faits durant les périodes d’eaux trop courte pour fournir des informations nouvelles
basses, lorsque les apports de polluants sont le valables, à moins qu’il ne s’agisse de détecter la
plus concentrés; présence de substances polluantes récentes.
b) Si les polluants sont d’origine diffuse (ruisselle-
ment de nutriments ou de pesticides provenant
de terrains agricoles), les prélèvements devront
être effectués durant les périodes de crues, 7.3 Méthodes d’échantillonnage
lorsque les polluants sont lessivés du sol vers le [SHOFM E05]
cours d’eau.
L’échantillonnage est la procédure de prélèvement
Si l’un des objectifs poursuivi est de quantifier le d’une quantité représentative d’eau d’une rivière,
transport solide dans une rivière, il faudrait se d’un lac ou d’un puits. Les méthodes d’échantillon-
souvenir que le moment où la concentration des nage dépendent de nombreux facteurs, dont le type
sédiments est maximale ne correspond pas forcé- de matériau devant être échantillonné, le type
ment au moment où le débit est le plus fort. Par d’échantillon et le paramètre de qualité à analyser,
exemple, une succession de forts débits aboutira lesquels déterminent à leur tour l’équipement et les
progressivement à une diminution des concentra- procédures à utiliser.
tions de sédiments car la diminution des matériaux
mobilisables provoque un effet de tarissement. Sur Les méthodes d’échantillonnage devraient être
les lacs, le site d’échantillonnage de base devrait se adaptées à diverses caractéristiques telles que:
trouver au centre géographique du plan d’eau. Si a) La stabilité: les composants n’évoluent pas au
sa superficie est très importante (supérieure à cours du temps;
500 km2), l’installation de plusieurs stations de b) La quasi-stabilité: les composants évoluent au
base peut s’avérer nécessaire. Dans le cas où diffé- cours du temps mais peuvent être stabilisés
rents types de sédiments doivent être prélevés, on pour une période allant jusqu’à 24 heures par
peut utiliser les informations provenant de relevés un traitement approprié;
acoustiques (écho-sondeurs), qui permettent c) L’instabilité: les composants évoluent rapide-
d’identifier le type de matériaux couvrant le fond ment et ne peuvent pas être stabilisés.
(sable, gravier, vase) et indiquent la présence d’une
stratification sous la surface. Les groupes a) et b) regroupent des composants qui
seront analysés en laboratoire alors que ceux du
Des sites d’échantillonnage secondaires devraient groupe c) devront être mesurés in situ.
être placés entre la station de base et l’embouchure
des principaux affluents ou les sources de pollution.
7.3.1 Types d’échantillons d’eau
La stratégie habituelle consiste à placer des points
de prélèvement sur l’axe longitudinal du lac, en
7.3.1.1 Échantillon ponctuel
complétant au besoin par des points placés sur des
axes transversaux. En général, pour un lac de taille Des échantillons ponctuels simples sont utiles
moyenne, trois à cinq stations donnent une bonne lorsqu’on désire caractériser la qualité de l’eau en
CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES I.7-7
un point précis. Ils peuvent aussi être utilisés pour Une méthode couramment utilisée est celle dite des
établir un historique de la qualité de l’eau sur des sections égales dans laquelle les verticales sont
intervalles de temps relativement courts. Un échan- également espacées à travers le canal. La méthode
tillon discret instantané ou ponctuel est prélevé en des sections d’égal débit demande une connais-
un lieu et à une profondeur donnés. Un échantillon sance détaillée de la distribution des débits dans la
ponctuel cumulé selon la profondeur est obtenu section transversale pour diviser celle-ci par des
par prélèvement le long de la hauteur de la colonne verticales espacées de façon à ce que les sections
d’eau en un lieu et à un moment donnés. qu’elles délimitent soient proportionnelles à
l’accroissement du débit.
7.3.1.2 Échantillons composés
Un échantillon composé est obtenu par mélange 7.3.3 Prélèvement pour l’analyse des
de plusieurs échantillons afin d’obtenir une valeur isotopes stables de l’eau
moyenne de la qualité de l’eau pendant la période
d’échantillonnage. On peut pratiquer un échan- Afin de compléter l’étude de la qualité de l’eau, il
tillonnage discret ou continu et les proportions du est intéressant de prendre en considération les
mélange sont calculées sur la base du temps ou du isotopes stables de la molécule d’eau (oxygène-18 et
débit. Une partie de l’échantillon composé sera deutérium). Dans les zones côtières par exemple,
alors analysé. Un avantage évident de ce procédé l’analyse des isotopes stables en surface et dans les
est l’économie réalisée par la réduction du nombre eaux souterraines est utile pour déterminer si la
d’échantillons à analyser. Mais d’un autre côté des salinité des eaux continentales est due aux pollu-
échantillons composés ne peuvent pas détecter un tions anthropiques, aux activités agricoles ou à des
changement des paramètres observés qui se eaux salines en provenance de l’amont. Les isotopes
produirait pendant la période d’échantillonnage. permettent aussi la localisation des aquifères,
l’étude des relations entre les eaux superficielles et
Il y a deux principaux types d’échantillons souterraines ou la détection de phénomènes natu-
composés: séquentiel et proportionnel au débit. rels affectant les eaux tels que le mélange ou
l’évaporation. On trouvera dans (Mook 2000, 2008)
Un échantillon composé séquentiel est obtenu par une information détaillée sur ce type d’utilisation
pompage continu ou par mélange de volumes des isotopes stables.
égaux d’eau prélevés à intervalles réguliers.
Les analyses isotopiques sont réalisées dans des
Un échantillon composé proportionnel est obtenu, laboratoires spécialisés, mais les protocoles
en pompant proportionnellement au débit, en d’échantillonnage sont très simples. Les protocoles
mélangeant des volumes égaux d’eau prélevés à des d’échantillonnage particuliers au prélèvement et
intervalles de temps inversement proportionnels au au conditionnement des échantillons isotopiques
débit, ou en mélangeant des volumes d’eau propor- sont les suivants:
tionnels au débit collectés à intervalles réguliers. a) Utiliser des bouteilles de verre teinté ou de
plastique de haute densité (10 à 60 ml), géné-
ralement d’une contenance de 50 ml avec des
7.3.2 Prélèvement d’un échantillon
bouchons hermétiques (renforcés à l’intérieur
représentatif
par un tampon en plastique);
Pour l’échantillonnage d’une section uniforme et b) Rincer trois fois les récipients avec l’eau à
homogène d’un bief de courant, la collecte d’échan- échantillonner;
tillons cumulés le long d’une seule verticale peut c) Remplir la bouteille à ras bord; cela évite l’éva-
convenir. Pour des petits cours d’eau, un échan- poration qui pourrait enrichir l’eau et la vapeur
tillon ponctuel simple prélevé au centre du courant résiduelles. Si elles doivent être transportées
est en général suffisant. par avion, les bouteilles ne devraient pas être
totalement remplies et le bouchon devrait être
Dans d’autres cas, le nombre d’échantillons à préle- isolé par une couche de paraffine;
ver dépendra de la largeur, de la profondeur, du d) Les échantillons de neige devraient être
débit, de la quantité de sédiments en suspension recueillis dans des sacs de plastique propres (en
transportés et de la vie aquatique présente. utilisant des gants anticontamination), puis
progressivement fondus avant d’être placés
Trois à cinq verticales suffisent en général, un plus dans les récipients;
petit nombre étant suffisant pour des canaux étroits e) Les échantillons de glace sont conservés sous
ou peu profonds. forme solide jusqu’au laboratoire;
I.7-8 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
f) Les échantillons ne devraient pas être filtrés, isotopes radioactifs descendants peuvent avoir un
sauf s’ils ont été en contact avec une huile comportement géochimique très différent de ces
(utilisée pour protéger de l’évaporation l’eau de derniers. La Commission internationale de protec-
pluie collectée); tion radiologique recommande des valeurs
g) On peut conserver les échantillons longtemps maximales admissibles dans les eaux.
(plus d’un an) dans un environnement sombre
et frais.
7.3.4.2 Collecte et conservation des
échantillons pour les mesures
7.3.4 Mesure de la radioactivité de radioactivité
On trouvera, à la fin de ce chapitre dans la biblio- Les récipients utilisables (généralement des
graphie (USGS, 1984; AIEA, 2004) et les lectures bouteilles d’une contenance de 4 l) sont en poly-
complémentaires, des instructions détaillées pour propylène, polyéthylène ou en Téflon. Ils doivent
l’analyse des radio-isotopes liés à la qualité de l’eau, être prétraités en laboratoire en les remplissant
ainsi que les récipients conseillés et les méthodes de d’acide nitrique concentré pendant une journée, en
conservation. les rinçant d’abord avec un détergent; puis plusieurs
fois avec de l’eau hautement déminéralisée.
7.3.4.1 Sources de radioactivité de l’eau
Pour le tritium, les échantillons doivent être collec-
La radioactivité de l’eau peut être naturelle ou d’ori- tés dans des flacons en plastique de haute densité
gine anthropique. Les principales sources naturelles contenant de 0,5 à 1 l.
proviennent de l’érosion des roches contenant des
minéraux radioactifs et de la retombée des nucléides Pour le carbone-14, selon les exigences d’un labora-
issus du rayonnement cosmique. Les plus impor- toire spécialisé, on peut prélever un litre d’eau dans
tantes sources dues à l’activité humaine sont les des flacons de précision ou dissoudre 2,5 g de préci-
mines d’uranium, les industries nucléaires, les essais pité dans plus de 100 l d’eau en cas de faible contenu
d’armes atomiques et les applications pacifiques de en carbone.
matériel et engins nucléaires, en particulier la
production d’énergie. Le principal problème de la conservation de ces
échantillons est l’adsorption par les parois du
Les principaux radioéléments présents naturelle- conteneur ou par les matières en suspension. Pour
ment dans les eaux de surface et souterraines sont analyser les quantités totales de radioéléments et
l’uranium, le radium-226, le radium-228, le radon, minimiser l’adsorption, on ajoute 2 ml d’HCl
le potassium-40, le tritium et le carbone-14. Tous, concentré par litre, ou d’acide nitrique à 1 %.
excepté les deux derniers, proviennent de minéraux
radioactifs. Dans les régions où les minéraux Généralement, afin de réduire les coûts d’analyse, il
radioactifs sont abondants, l’uranium naturel est le est conseillé d’analyser un échantillon composé
plus important de ces éléments présents dans l’eau. annuel en mélangeant des parties égales entre elles
Le tritium et le carbone-14 sont produits par de chaque échantillon mensuel.
l’action du rayonnement cosmique sur l’azote de la
haute atmosphère. Le tritium (3H) retombe en Si le niveau de radioactivité est significativement
précipitation sous forme d’eau tritiée tandis que le supérieur à celui de l’environnement, les échan-
carbone radioactif s’incorpore au gaz carbonique de tillons mensuels sont analysés individuellement
l’atmosphère. pour identifier celui ou ceux qui ont un niveau de
radioactivité supérieur à la normale.
Le tritium comme le carbone radioactif sont égale-
ment produits par les essais d’armes thermonucléaires
7.3.5 Équipements et techniques
et sont à présent utilisés pour la datation des eaux
d’échantillonnage
souterraines (temps écoulé entre la recharge de
l’aquifère et l’échantillonnage). Depuis 1970 l’in-
7.3.5.1 Échantillonneurs ponctuels
dustrie nucléaire a probablement été la plus grande
source de tritium. En ce qui concerne l’eau les deux Les échantillonneurs ponctuels peuvent être classés
radio-isotopes artificiels les plus préoccupants sont en appareils convenant seulement pour des consti-
le strontium-90 et cesium-137. tuants volatils comme des gaz dissous et appareils
pouvant être utilisés pour des constituants non
Bien que leur occurrence, leur distribution et leur volatils. Il existe des échantillonneurs ponctuels
transport soient régis par ceux de leur parent, les instantanés (en surface ou à une profondeur
CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES I.7-9
Câble
Câble
Câble
Clapet de
Messager fermeture
Clapet de
Messager fermeture
Mécanisme de déclanchement
Clapet de Mécanisme
fermeture de déclanchement
Corps (PVC
ou acrylique)
Corps
(PVC, laiton
Robinet de vidange ou nickelé)
Robinet de
vidange
Configuration horizontale Configuration verticale
Clapet de
fermeture
Figure I.7.4. Bouteille de Van Dorn Figure I.7.5. Échantillonneur de Kemmerer
I.7-10 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Câble
Messager
Mécanisme de
déclanchement
Conduit de
remplissage
Corps
(nickelé)
Bouteille DBO
Coupe
Les prélèvements à partir de ponts sont souvent d’analyse et de la concentration prévue des éléments
préférables parce qu’ils offrent une facilité d’accès à analyser. Le personnel de laboratoire spécifiera les
et assurent des conditions de sécurité quels que volumes requis. Ceux-ci peuvent être déterminés en
soient le débit ou le temps. Cependant la circula- établissant une liste de tous les constituants pouvant
tion automobile sur le pont constitue un risque être sauvegardés dans les mêmes conditions, en
potentiel à considérer. totalisant les volumes nécessaires pour la prépara-
tion et l’analyse et ensuite en multipliant par deux
Le bateau procure une plus grande souplesse et réduit pour une double analyse et par trois pour une triple.
les temps de déplacement entre les points de prélève- Il faudrait garder à l’esprit les points suivants:
ment. Ces derniers doivent être repérés par a) Lorsque le contact avec l’air doit être évité, le
triangulation à partir de repères terrestres. Il faut là récipient contenant l’échantillon devrait être
aussi considérer les risques de la navigation, des rempli complètement;
crues et des tempêtes (section 8.5). L’utilisation d’aé- b) Lorsque l’échantillon doit être fortement agité
ronefs, dont les hélicoptères, est souple et rapide avant analyse, le récipient ne devrait pas être
mais coûteuse. Des essais ont montré que les pertur- rempli complètement;
bations de l’eau sous les hélicoptères n’avaient pas c) Lorsque les deux exigences précédentes doivent
d’effet significatif même sur les échantillons pour être satisfaites, il faudrait remplir complète-
l’oxygène dissous. Les prélèvements à partir des rives ment la bouteille et lui ajouter des morceaux
ne devraient être envisagés que si aucune alternative d’un solide propre, stérile et chimiquement
n’est possible. L’échantillon devrait être prélevé en inerte comme par exemple des billes de verre;
écoulement turbulent ou là où l’eau est profonde et d) Lorsque l’échantillon contient des particules
le courant rapide. Un échantillonneur métallique est discrètes comme des matériaux insolubles, des
souvent utilisé lorsque le prélèvement a lieu à partir bactéries ou des algues, un volume plus impor-
du rivage, des rives du chenal ou depuis un quai. tant que d’habitude peut être nécessaire afin de
minimiser les erreurs.
L’échantillonnage de la glace et de la neige en condi-
tions hivernales demande des techniques quelque
7.4.3 Liste de contrôle préalable à la
peu différentes. Les recommandations de sécurité
campagne sur le terrain
soulignées dans la section 8.9 doivent être suivies. La
neige devrait être dégagée de la surface de la glace a) Vérifier et étalonner les appareils de mesure
pour obtenir une aire de travail convenable. (pH, conductivité, oxygène dissous, turbidité)
et les thermomètres;
b) Refaire le plein de réactifs pour la détermi-
nation de l’oxygène dissous aussi bien que de
7.4 PRÉPARATION DES CAMPAGNES ceux nécessaires à la conservation chimique;
DE TERRAIN c) Obtenir des solutions tampons fraîches; les pH
de ces solutions devant être proches des valeurs
attendues sur le terrain;
7.4.1 Préparation générale
d) Se procurer une solution de KCl pour les sondes
a) Réunir les instructions précises sur les à pH;
procédures d’échantillonnage; e) Se procurer les cartes routières, les descriptions
b) Préparer un itinéraire à partir du planning des emplacements des stations, les borde-
d’échantillonnage (voir aussi la section 2.4.3); reaux pour les relevés de terrain, les bouteilles
c) Préparer les listes des équipements et matériels d’échantillonnage, les étiquettes, les échan-
nécessaires; tillonneurs, les conservateurs, les pipettes et les
d) S’assurer que toutes les bouteilles ont été équipements manuels;
nettoyées selon les procédures normalisées; f) Se procurer du matériel d’écriture, des métrages
e) S’assurer que le laboratoire a préparé les réactifs de corde supplémentaire et une boîte à outils
chimiques et les étalons nécessaires pour la complète;
campagne; g) Se procurer des câbles électriques si l’équipe-
f) Préparer une liste de contrôle (voir la section ment comprend un chargeur de campagne;
7.4.3 ci-après). h) Se procurer de l’eau distillée (résistivité de
18.2 MΩ) et des gobelets propres pour les
mesures de pH, les blancs et les tampons;
7.4.2 Choix du volume des échantillons
i) Si une filtration est nécessaire sur le terrain, se
Les volumes à prélever dépendent de la nature et du procurer un appareil de filtration et des filtres
nombre de grandeurs à mesurer, de la méthode parfaitement propres;
I.7-12 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
La conductivité, le pH, l’oxygène dissous, la Si les électrodes ont été stockées au sec pendant une
température, la couleur et la transparence peuvent longue période, la membrane de verre devrait être
évoluer au cours du stockage et devraient donc trempée dans une solution de KCl à 3 mol/l,
être mesurés sur le terrain aussitôt que possible pendant 12 à 24 h avant usage. Les pH-mètres
après le prélèvement. peuvent avoir un réservoir de stockage des sondes
qui devrait être rempli d’électrolyte. Les électrodes
La personne effectuant le prélèvement doit aussi de verre qui n’ont pas été conditionnées avant
observer toute caractéristique inhabituelle de la usage peuvent ne pas se stabiliser et nécessiter de
masse d’eau à échantillonner, et toute modification fréquents réétalonnages.
depuis la précédente campagne d’échantillonnage.
Ces observations qualitatives peuvent concerner Si le pH-mètre présente une dérive et que la sonde
une couleur inhabituelle, une odeur, une couche de a été stockée et conditionnée correctement, il
surface ou des objets flottants. Toute caractéristique peut être nécessaire que celle-ci soit elle-même
particulière de l’environnement telle que précipita- remise à niveau en rajoutant une solution de KCl
tions, vent violent, ruissellement d’orage, dégel, à 3 mol/l.
devrait être notée.
En cas de dérive persistante, il faudrait plonger
l’électrode dans de l’hydroxyde d’ammonium.
7.5.2.1 Mesure du pH
Comme toute pièce d’un équipement, la sonde doit
Le pH d’une eau naturelle non polluée dépend toujours être protégée de la boue, du gel et des
surtout de l’équilibre entre le gaz carbonique, les manipulations brutales.
bicarbonates et les carbonates. La concentration du
gaz carbonique peut être modifiée par les échanges
7.5.2.2 Mesure de la conductivité
à l’interface air-eau ainsi que par les processus de
photosynthèse et de décomposition. Les modifica- La conductivité est un indicateur de la concentration
tions de pH sont causées par les pluies acides, les en ions provenant de sels, acides et bases non-
rejets industriels, le drainage des mines et le lessi- organiques dissous dans l’eau. La relation entre la
vage des minéraux. Le pH est un important critère conductivité et la concentration en sels minéraux
de qualité de l’eau car il conditionne la possibilité dissous est linéaire pour la plupart des eaux
de vie aquatique et de bien des ses usages. Dépendant naturelles.
CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES I.7-13
Il est préférable de mesurer la conductivité in situ. Les concentrations présentant de grandes variations
La conductivité dépend de la température, le au cours de la journée, les mesures temporelles
conductimètre devrait fournir une valeur soit pour in situ sont recommandées.
une température de référence (en général 20 ou
25 °C) soit pour la température de l’échantillon. Pour la méthode chimique il faudrait prélever trois
Cela est important pour calculer et comparer la échantillons d’eau avec l’échantillonneur à oxygène
conductivité de l’échantillon à un moment de réfé- dissous (section 7.3.5.2). La concentration en
rence donné. oxygène dissous des échantillons peut être mesurée
avec un oxymètre ou par la méthode chimique de
Avant toute mesure, les récipients devant contenir Winkler. La valeur retenue devrait être la moyenne
les échantillons et les sondes devraient être rincés d’au moins deux lectures différentes l’une de l’autre
plusieurs fois avec l’eau à échantillonner. Il ne par moins de 0,5 mg l–1.
faudrait pas utiliser pour la mesure de la conducti-
vité le même échantillon que pour la détermination Dans les méthodes électrochimiques, la sonde
du pH, car le KCl diffuse à partir de l’électrode du réagit à l’activité de l’oxygène et non à la concen-
pH-mètre. tration. Ainsi, de l’eau douce saturée en oxygène
donne la même lecture qu’une eau salée saturée en
L’instrument devrait être réétalonné sur le terrain oxygène à la même pression et à la même tempéra-
avant chaque lecture. On devrait utiliser pour ture, bien que la solubilité de l’oxygène dans l’eau
cela une solution de KCl de conductivité la plus salée soit plus faible. Il faudrait donc tenir compte
proche possible des valeurs attendues sur le de la salinité, de la température et de la pression
terrain. L’appareillage de mesure de la conducti- atmosphérique au moment du prélèvement.
vité doit bénéficier de la même attention et de la
même maintenance que tous les équipements Dans la méthode de Winkler il existe des perturba-
fragiles. L’exactitude des mesures impose que le tions lorsque les échantillons sont très colorés ou
conductimètre soit protégé de la boue, des chocs turbides, contiennent des substances facilement
et du gel. oxydables ou d’autres substances perturbatrices.
Cette méthode est très utilisée en laboratoire en
L’exactitude de la mesure dépend du type d’instru- raison de sa précision de la mesure de l’oxygène
ment, de la façon dont il a été étalonné et de la dissous.
conductivité réelle de l’échantillon. Avec une
sélection judicieuse du type d’appareil et un étalon- La méthode utilisant la sonde peut être utilisée
nage soigneux, on peut atteindre une incertitude lorsque les résultats sont à ± 0,5 à 1,0 mg l–1 de la
de ± 5 % à pleine échelle sur une gamme de tempé- vraie valeur et sont suffisants pour les objectifs de
rature allant de 0 à 40 °C, avec une compensation l’étude. Si la concentration en oxygène dissous est
automatique de la température. relativement élevée, la précision est correcte mais la
concentration en oxygène peut parfois se révéler
très faible. Il est alors important d’utiliser une sonde
7.5.2.3 Mesure de l’oxygène dissous
neuve et soigneusement étalonnée.
La concentration en oxygène dissous est impor-
tante pour l’évaluation de la qualité des eaux de
7.5.2.4 Mesure de la température
surface et le contrôle du traitement des eaux
usées. La température peut être prise à l’aide d’une grande
variété de thermomètres, comprenant les thermo-
Il existe deux méthodes pour la mesure de l’oxy- mètres à alcool ou toluène, à mercure, bilames ou
gène dissous. La première s’effectue in situ et utilise électriques. Cette dernière catégorie comprend les
une sonde polarimétrique ou potentiométrique thermocouples et des modèles moins transportables
(oxymètre). La seconde se fait par l’analyse chimique tels que les thermistors ou les thermomètres à quartz
de Winkler. En suivant cette dernière, on procède à ou à résistance. Certains appareils utilisés pour la
l’addition de réactifs (solution de chlore de Mn++ et mesure de l’oxygène dissous, le pH, le Eh ou la
de iodure basique) dans l’échantillon au moment conductivité sont également susceptibles de mesurer
où il est prélevé ce qui permet la fixation de l’oxy- la température.
gène. L’analyse est réalisée ensuite au laboratoire,
sur un échantillon conservé à l’abri de la lumière. Avant d’utiliser le thermomètre il faut le rincer avec
Une autre méthode de terrain, basée sur le même une partie de l’eau de l’échantillon. Pour la mesure,
principe, la méthode de Hach, utilise des réactifs on immerge le thermomètre dans l’échantillon
prédosés. pendant approximativement 1 min ou jusqu’à ce
I.7-14 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
que la lecture se stabilise. Le thermomètre ne doit d’effectuer les mesures de turbidité en triple
être placé dans aucun des flacons destinés au exemplaire.
laboratoire. La valeur de la température en degrés
Celsius devrait être enregistrée sur le bordereau de La qualité des résultats obtenus avec un turbidi-
terrain. mètre donné dépend de la fréquence de l’étalonnage
à une solution étalon de formazine et de la façon
En général l’exactitude nécessaire pour des mesures d’utiliser l’appareil. D’une façon générale, les
de température de l’eau est de ± 0,1 °C. Cependant, néphélomètres utilisés en laboratoire doivent avoir
dans bien des cas, une incertitude de ± 0,5 °C est une précision de ± 1 FTU (Formazin Turbidity Unit)
tolérable et bien souvent les résultats statistiques dans la gamme de 0 à 10 FTU, et de ± 5 FTU dans la
de températures sont arrondis au degré Celsius le gamme de 0 à 100 FTU au niveau de confiance de
plus proche. Ainsi, il est important de préciser les 95 %. L’incertitude des absorptiomètres varie consi-
besoins de façon à choisir le thermomètre le plus dérablement mais devrait au moins donner ± 10 %
approprié. de l’échelle totale, pour n’importe quelle gamme de
turbidité.
7.5.2.5 Mesure de la turbidité
En pratique, les performances des turbidimètres
La turbidité est une mesure optique des particules dépendent largement de leur configuration optique.
en suspension tels qu’argile, limon, matière orga- Pour les enregistrements qui traitent des échan-
nique, plancton et micro-organismes. La turbidité tillons en flux permanent, donnant des mesures en
affecte en fait tous les usages de l’eau et en augmente continu, il faut que leurs surfaces optiques puissent
les coûts de traitement. Chaque fois que cela est résister à l’encrassement par la croissance des algues
possible la turbidité doit être mesurée in situ. Ceci ou l’accumulation des sédiments, afin d’éviter la
peut se faire par des méthodes optiques (en unités dérive de l’étalonnage et la perte de sensibilité.
de turbidité Jackson ou JTU) ou néphélométriques
(en unités de turbidité néphélométriques, ou NTU).
7.5.2.6 Mesure de la couleur
Avec le turbidimètre à bougie de Jackson, l’épais-
seur de suspension à partir de laquelle le contour de La véritable couleur est observée après filtration ou
la bougie d’usage devient indistinct est comparée centrifugation. La couleur résulte de la présence
avec des suspensions étalonnées. d’ions métalliques, d’humus et de tourbe, de
plancton et de rejets industriels. La couleur est
Les méthodes néphélométriques sont préférables importante pour l’alimentation en eau potable, les
car leur précision, leur sensibilité et leur applicabi- eaux de lavage et de traitement ou les utilisations
lité à une large gamme de valeurs de la turbidité récréatives.
sont meilleures. Elles mesurent la diffusion de la
lumière par les particules en suspension. Cependant Les teintes ordinairement présentes dans les eaux
des instruments de conceptions différentes peuvent naturelles peuvent être comparées à des mélanges
donner des résultats différents pour le même échan- d’acide chloroplatinique et d’hexahydrate de chlo-
tillon. La couleur de l’échantillon comme des rure cobalteux. Comme cette méthode ne convient
variations dans les sources lumineuses peuvent pas à une pratique sur le terrain, la détermination
causer des erreurs. Ces problèmes peuvent être de la couleur peut être obtenue par comparaison
minimisés en utilisant un instrument mesurant visuelle de tubes remplis de l’eau à étudier avec des
simultanément les rayons de lumière diffusés et disques de verre colorés standardisés.
transmis le long d’un même parcours.
Les eaux mélangées à certains effluents industriels
Pour utiliser un turbidimètre, il faudrait établir des peuvent avoir des teintes si différentes de celles des
courbes d’étalonnage pour chaque plage de turbidité mélanges de platine-cobalt que la comparaison est
en utilisant des solutions étalonnées appropriées. Il inappropriée sinon impossible. Dans ce cas, un
faudrait utiliser au moins un étalon pour chaque photomètre à filtre peut suffire, bien qu’un spectro-
plage en s’assurant que le turbidimètre donne des photomètre à double rayon soit préférable lorsque
indications stables pour tous les domaines de sensi- l’échantillon peut être amené au laboratoire.
bilité. Il faudrait agiter vigoureusement l’échantillon
avant analyse. Pour s’assurer de l’homogénéité des
7.5.2.7 Mesure de la transparence
résultats, les lectures devraient toujours être faites
dans le même laps de temps après homogénéisation La transparence de l’eau dépend de sa couleur et de
de l’échantillon (par exemple 10 secondes). Il est sa turbidité. Une mesure de la transparence peut
important de transvaser l’échantillon rapidement et être la profondeur, en mètres, à laquelle un disque
CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES I.7-15
défavorablement l’odeur et le goût de l’eau et microbien qui utilise les substances polluantes
peuvent être toxiques. D’autres espèces peuvent être comme source de carbone, tout en consommant
les vecteurs d’organismes responsables de maladies, l’oxygène dissous dans l’eau pour la respiration. La
tels les escargots porteurs de la larve du ver de Guinée vitesse d’épuration dépend de nombreux facteurs
ou de schistosomes. dont la température et la nature de la matière orga-
nique. La quantité d’oxygène dissous consommé
Les poissons peuvent être capturés de façon active par un échantillon d’eau d’un certain volume pour
avec des seines, des chaluts, par pêche électrique ou l’oxydation biochimique durant une période de
chimique, avec ligne et hameçon ou de façon cinq jours à 20 °C a été retenue comme mesure de
passive avec des filets maillants, des trémails, des la qualité de l’échantillon et est connue sous le nom
nasses et des pièges. Les macro-invertébrés peuvent de demande biochimique d’oxygène ou DBO.
être prélevés de plusieurs façons selon leur habitat L’oxydation n’est en aucune façon complète en
et d’autres caractéristiques. Outre les filets, il existe cinq jours, et pour certains objectifs on peut utiliser
des échantillonneurs à plateaux multiples ou à des périodes d’incubation plus longues. Cette
panier. Ils sont laissés suspendus en place par des période d’incubation peut être indiquée par un
flotteurs pour des périodes de quatre à huit semaines suffixe, par exemple DBO5 ou DBO20, les résultats
et remontés avec précaution à la surface avec un étant exprimés en milligrammes d’oxygène par
filet par en dessous pour récupérer les spécimens. litre.
Le plancton peut être prélevé avec l’échantillon- La DBO est définie comme la quantité totale d’oxy-
neur décrit ci-dessus dans la section 7.3. Il existe gène nécessaire aux micro-organismes pour oxyder
aussi des appareils spécialement conçus pour le la matière organique dégradable, le rythme de
plancton comme la trappe à plancton de Juday qui l’oxydation biochimique étant proportionnel à la
peut recueillir plus de 5 l d’eau à la profondeur dési- quantité restante de matière organique non
rée et filtre le plancton. Elle est plutôt coûteuse et oxydée. Ainsi le test de la DBO est utilisé pour esti-
difficile à utiliser à partir d’un bateau. L’étude du mer l’importance et la vitesse de la désoxygénation
zooplancton requiert de grands échantillons et on qui se produira dans un cours d’eau ou un lac où
peut utiliser un filet calibré en nylon. Le périphyton l’on rejette des matières organiques. Cependant la
peut être échantillonné en exposant, dans le site, prévision des effets d’un tel rejet est plus compli-
des barres flottantes ou ancrées pendant au moins quée, d’autres facteurs pouvant intervenir qui ne
deux semaines. sont pas pris en compte dans la mesure de la DBO.
Par exemple, il est possible que les matières orga-
Pour les macrophytes, on peut utiliser un râteau de niques en suspension se déposent sur le fond dans
jardin dans les eaux peu profondes ou une drague un cours d’eau à faible vitesse, juste en aval du
pour les plus grandes profondeurs. À partir d’un rejet, là où cela peut avoir un effet considérable sur
bateau, on peut utiliser un faucard ou un simple la teneur locale en oxygène dissous. La présence de
grappin. Dans certains cas un appareil respiratoire benthos, de végétaux enracinés et d’algues planc-
de plongée autonome s’est révélé utile. toniques, influence également la teneur en
oxygène dissous à l’échelle journalière.
Il est recommandé d’ajouter un colorant approprié
tel que le rose bengale avant toute fixation. De sérieuses difficultés dans la mesure de la DBO
Ultérieurement les spécimens conservés peuvent peuvent provenir de la présence de bactéries
être reconnus par un personnel moins qualifié en nitrifiantes qui oxyderont l’ammoniac et les
biologie grâce au fait que la couleur les fait ressortir composés organiques azotés en nitrites et nitrates.
par rapport à l’arrière plan. Des méthodes de conser-
vation des spécimens multicellulaires sont données Les fortes concentrations en polluants des
dans le tableau I.7.1. Certains praticiens préfèrent effluents industriels peuvent aussi poser quelques
utiliser le lugol plutôt que le formaldéhyde pour le problèmes, car elles peuvent supprimer l’oxyda-
périphyton et le plancton. tion biochimique dans le cours d’eau récepteur
dans des conditions naturelles. Dans ce cas, on
peut avoir à diluer l’échantillon avec de l’eau pure
7.6.3 Demande biochimique en
et l’ensemencer avec l’eau d’un effluent d’égout
oxygène
contenant les micro-organismes nécessaires au
Le rejet de matières organiques polluantes, dans démarrage du processus d’oxydation biochimi-
une masse d’eau conduit à un mécanisme naturel que. Des techniques spéciales de préparation
d’épuration par un processus d’oxydation biochi- peuvent devoir être mises au point pour traiter
mique. L’oxydation biochimique est un processus l’échantillon à tester.
I.7-18 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
1 2 3 4 5 6
Comptage et
détermination
Macro-invertébrés Plastique ou verre Addition d’éthanol Laboratoire 1 an
benthiques
Poisson Plastique ou verre Addition de 10 % (m/m) de Laboratoire 1 an De préférence cette
formaldehyde, 3 g de borate analyse devra être
de sodium décahydrate et 50 ml réalisée dès que
de glycérol par litre possible
Macrophyton Plastique ou verre Addition de 5 % (m/m) de Laboratoire
formaldéhyde
Périphyton Plastique ou verre Addition de 5 % (m/m) de Laboratoire 1 an
opaque formaldéhyde neutre et
stockage à l’obscurité
Phytoplancton Plastique ou verre Addition de 5 % (m/m) de Laboratoire 6 mois
opaque formaldéhyde ou de mentho-
late et stockage à l’obscurité
Zooplancton Plastique ou verre Addition de 5 % (m/m) de Laboratoire
formaldéhyde ou de solution
de lugol
Matière fraîche et
sèche Ne pas congeler
Macro-invertébrés à – 20 °C
benthiques
Macrophytes Plastique ou verre Refroidissement entre 2 et 5 °C Sur le terrain 24 hours L’analyse devra être
ou au réalisée dès que
laboratoire possible et dans les
24 heures
Périphyton
Phytoplancton
Zooplancton
Poisson Sur le terrain
Masse de cendres
Macro-invertébrés Filtration et refroidissement Laboratoire 6 mois
benthiques entre 2 et 5 °C
Macrophyton Plastique ou verre Congélation à – 20 °C Laboratoire 6 mois
Périphyton Congélation à – 20 °C Laboratoire 6 mois
Phytoplancton Filtration et congélation à Laboratoire 6 mois
–20 °C
Calorimétrie
Macro-invertébrés Plastique ou verre Refroidissement entre 2 et 5 °C Laboratoire 24 heures L’analyse devra être
benthiques puis filtration et stockage dans réalisée de préférence
un dessicateur dès que possible et
de toutes les façons
Phytoplancton dans les 24 heures
Zooplancton
7.6.3.1 Méthodes de mesure méthode par dilution afin d’obtenir une plus grande
précision. Il faudrait garder à l’esprit que les
Plusieurs méthodes ont été mises au point pour deux méthodes ne sont pas toujours directement
mesurer la DBO. La plus courante est la méthode de comparables (Montgomery, 1967). La méthode
dilution, mais les techniques manométriques, manométrique fournit une indication de l’oxyda-
quoique encore utilisées surtout pour la recherche, bilité biologique d’un échantillon en moins de
peuvent être parfois avantageuses, par exemple cinq jours.
pour le contrôle des eaux d’égout. Théoriquement,
on devrait analyser l’échantillon immédiatement
après son prélèvement dans l’effluent, le cours
d’eau ou le lac. Si cela n’est pas possible, l’échan- 7.7 FILTRATION SUR LE TERRAIN ET
tillon doit être conservé à une température de 3 à PROCÉDURES DE CONSERVATION
4 °C pour ralentir le processus d’oxydation biochi-
mique. Si l’on estime que la DBO d’un échantillon
7.7.1 Filtration
dépasse 7 mg l–1, alors une dilution convenable et/
ou un ensemencement de l’échantillon sont néces- Pour séparer les particules en suspension des
saires. Pour que le résultat soit valable, il faut qu’il éléments dissous il est recommandé de filtrer
reste un excès d’oxygène dissous à la fin de la l’échantillon. La centrifugation demande un équi-
mesure. pement plus lourd et la décantation beaucoup de
temps et ces deux méthodes présentent des difficul-
La DBO se calcule à partir de la dilution volumé- tés d’étalonnage et peuvent augmenter les risques
trique de l’échantillon et d’après la différence des de contamination. La filtration devrait être effec-
concentrations en oxygène dissous (section 7.5.2.3) tuée sur le terrain, pendant ou immédiatement
avant et après une période d’incubation de cinq après le prélèvement et doit être suivie de mesures
jours. Durant cette période, on devrait maintenir de conservation appropriées.
une température de 20 °C, protéger l’échantillon de
l’oxygène atmosphérique et le garder dans l’obscu- Les concentrations totales en métaux peuvent être
rité pour réduire l’effet de la photosynthèse des déterminées en utilisant un autre échantillon, non
plantes vertes. Cependant, l’oxygène consommé filtré, prélevé au même moment. Cet échantillon
par la respiration des algues est inclus dans la doit être soumis à une digestion acide complète en
mesure. Pour les échantillons où la nitrification laboratoire qui transforme les métaux en composés
peut se produire pendant la mesure, on ajoute de solubles dans l’eau.
l’allylthiourée (ATU) avant l’incubation. Dans ce
cas, le résultat apparent de la DBO correspond Les échantillons destinés à l’analyse des consti-
seulement aux matières polluantes carbonées. La tuants organiques sont filtrés immédiatement après
vitesse d’oxydation biochimique peut être estimé prélèvement à l’aide d’un filtre en fibre de verre ou
par l’incubation de cinq échantillons identiques en d’une membrane métallique. Les constituants orga-
dosant l’oxygène dissous dans le premier flacon le niques dissous sont analysés dans le filtrat et les
1er jour, dans le deuxième flacon le 2ème jour, dans particules non solubles dans le résidu.
le troisième flacon le 3ème jour, dans le quatrième
flacon le 4ème jour, et dans le cinquième flacon le L’absorption des substances dissoutes par la matière
5ème jour. Sur un graphique, les points représentatifs du filtre peut poser de sérieux problèmes.
du logarithme de la DBO en fonction du temps,
devraient être alignés. L’extrapolation à l’infini de Les meilleurs matériaux à utiliser pour la filtration
cette droite donne directement une estimation de des substances minérales sont des filtres organiques
la DBO carbonée finale, qui mesure la quantité (polycarbonate, acétate de cellulose ou Téflon) et
totale d’oxygène nécessaire pour oxyder les matières des filtres en fibre de verre pour les composés
organiques décomposables. organiques.
Un aspect important dans la conservation est de De plus on peut distinguer les images satellitaires
suivre une procédure rigoureuse de façon que selon quatre critères de base:
chaque échantillon nécessitant d’être sauvegardé a) Crénelage spatial correspondant à la taille du
soit traité immédiatement. Ceci est particulière- pixel. Il y a des crénelages de petite taille (pixel de
ment important lorsque des conservateurs 1 km ou plus, comme pour NOAA, ou les images
chimiques sont utilisés, car de tels additifs peuvent SPOT de végétation ou météorologiques), de
ne pas produire sur l’aspect de l’échantillon de taille moyenne (pixel de 20 m ou plus, comme
changement facilement détectable. Il peut être pour Landsat MSS et TM et les images SPOT
préférable de marquer chaque échantillon traité 1 à 4) et de très grande taille (pixel de 10 m ou
pour s’assurer qu’aucun n’est oublié ou traité plus moins comme pour SPOT 5 ou IKONOS);
d’une fois. b) Crénelage spectral correspondant à la longueur
d’onde dans laquelle l’image est prise;
La sécurité et la précision de l’utilisation de c) Fréquence de passage du satellite;
conservateurs sur le terrain requièrent aussi des d) Crénelage radiométrique correspondant à la
précautions spéciales. Des pipettes automatiques capacité du détecteur de capter l’émittance du
prédosées assurent l’exactitude de l’opération sur rayonnement reçu.
place ainsi que l’élimination du risque d’aspiration
d’acide par la bouche. Il est souvent commode Le choix d’une image satellitaire dépend de
d’ajouter le conservateur en laboratoire avant que nombreux facteurs. En premier lieu la taille de la
le conteneur ne soit envoyé sur le terrain. Une zone étudiée doit être prise en considération. Il ne
autre possibilité est d’utiliser des fioles scellées sera pas possible d’étudier un marécage de 20 km2
contenant des agents conservateurs prédosés iden- avec une image NOAA basée sur un faible crénelage
tifiés par des codes couleur ou par des étiquettes. spatial. On choisira le crénelage spectral selon les
objectifs du programme. On peut par exemple
Bien que plus coûteuse, cette méthode a l’avantage conseiller une image optique pour étudier la turbi-
de simplifier les procédures sur le terrain et de dité de l’eau. Il faut enfin qu’il y ait synchronisation
réduire les possibilités d’erreur et de contamination. entre la variabilité temporelle du phénomène
étudié et la fréquence de passage du satellite
au-dessus de la zone étudiée.
Certains facteurs, comme la salinité ou la turbidité, 7.8.2 Étude de la qualité de l’eau dans
la composition du sol ou la présence de végétation, le domaine des hyperfréquences
altèrent la réponse radiométrique de l’eau, qui peut (micro-ondes)
alors être utilisée pour caractériser en retour ces
facteurs. Le domaine des hyperfréquences permet une
certaine pénétration de l’eau. Il est possible de diffé-
La meilleure corrélation positive entre la réponse rencier l’état, rugueux ou lisse ou de la surface selon
radiométrique et la turbidité se trouve dans la la réponse respectivement lambertienne ou symé-
gamme du vert (Bonn, 1993). Cela fournira indirec- trique. Une image radar, par exemple peut être
tement des indications sur la salinité. De fait on utilisée si la rugosité est due à la présence de vagues.
observe généralement une corrélation négative Ces applications ont été également exploitées pour
entre turbidité et salinité. Lorsque la salinité détecter des anomalies superficielles telles que celles
augmente, elle provoque une floculation suivie dues à des rejets inconsidérés d’hydrocarbures. On
d’une sédimentation des matières en suspension et a pu démontrer, théoriquement et pratiquement,
donc la diminution de la turbidité. que la radiométrie hyperfréquence peut être utilisée
pour étudier la salinité et la minéralisation globale
La réponse radiométrique de l’eau dans le proche de l’eau (Shutko, 1985, 1986, 1987). En fait, l’émis-
infrarouge peut être perturbée par les matières en sivité dans le domaine des micro-ondes est sensible
suspension ainsi que par un lit peu profond aux variations de la conductivité de l’eau et donc à
(Chuvieco, 2000). Dans les eaux peu profondes, sa composition.
l’absorption est faible et la réflectance est impor-
tante (due à la forte réflectance du fond). Cet effet La télédétection dans le domaine de l’infrarouge
est toutefois complexe, car le comportement radio- thermique et des micro-ondes peut être utilisée
métrique des sols dépend de leur composition pour déterminer la température de surface de l’eau
chimique, de leur texture, de leur structure et de (exemples dans Engman et Gurney, 1991). Les
leur humidité. C’est ainsi qu’un sol argileux aura, radiations hyperfréquences ne sont pas très
par exemple, une réflectance beaucoup plus faible sensibles aux conditions atmosphériques et peuvent
qu’un sol sableux. La gamme de réflectance des sols donc être utilisées plus souvent, mais avec une
est très étendue, allant des sols légers (sableux, moindre résolution que les radiations infrarouges
calcaires et même gypseux), qui reflètent bien la (Shutko, 1985, 1986).
radiation solaire, aux sols sombres (argileux, riches
en matière organique) qui absorbent presque la
totalité de la radiation (Bonn et Rochon, 1993).
Bibliographie et lectures complémentaires
La réflectance de la végétation est faible dans la
partie visible du spectre, mais elle est très élevée Ackleson, S.G. et V. Klemas, 1987: Remote sensing of
dans le proche infrarouge. La faible réponse de la submerged aquatic vegetation in Lower Chesapeake
végétation dans le visible résulte de la forte absorp- Bay: A comparison of Landsat MSS to TM imagery.
tion de la chlorophylle, particulièrement dans le Remote Sensing of Environment, Volume 22,
rouge, alors la forte réponse dans le proche infra- p. 235-248.
rouge est due à la structure cellulaire des feuilles. Il Agence internationale de l’énergie atomique, 2004:
sera donc conseillé d’utiliser des images optiques Quantifying Uncertainty in Nuclear Analytical
pour étudier la présence de végétaux dans les eaux Measurements. TECDOC-1401, International Atomic
peu profondes (Shutko, 1986, 1990; Gross et al., Energy Agency, Vienne. http://www-pub.iaea.org/
1987). MTCD/publications/PDF/te_1401_web.pdf.
American Public Health Association and American
Différentes imageries, en particulier celles du Water Works Association, 1999: Standard Methods
Coastal Zone Colour Scanner (CZCS) ou d’AVHRR for the Examination of Water and Wastewater,
(OMM, 1993), ont été utilisées pour l’évaluation Vingtième édition, Washington D.C., CD-ROM.
des quantités de chlorophylle dans les océans et les Bonn F., 1993: Précis de télédétection, Volume 2:
estuaires. Cette évaluation est limitée aux cas où les Applications thématiques, Presses de l’Université
concentrations en matières en suspension est assez du Québec/AUPELF, Sainte-Foy, Québec.
basse pour ne pas masquer la réflectance de la Bonn F. et G. Rochon, 1993: Précis de télédétection,
chlorophylle (Ritchie et al., 1992). L’étude des Volume 1: Principes et méthodes, Presses de
macrophytes et de la végétation aquatique peut l’Université du Québec/AUPELF, Sainte-Foy, Québec.
généralement être abordée selon ces mêmes Chuvieco E., 2000: Fundamentos de la Teledetección
principes (Ackleson et Klemas, 1987). Espacial, Troisième édition, Ediciones RIALP, Madrid.
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d’Hydrologie opérationnelle N° 27, WMO-No. 680, ecotoxicology calls for a redefinition of terms».
Genève. Ecotoxicology, Volume 5, p. 217-225.
CHAPITRE 8
8.1 PRATIQUES GÉNÉRALES essentiels pour assurer la sécurité sur les rives escar-
pées. Ces éléments doivent être construits afin
Le système de transfert de technologie de l’OMM, le d’assurer un accès sans danger, par temps pluvieux
Système hydrologique opérationnel à fins multiples et, dans la mesure du possible, dans l’obscurité.
(SHOFM) fonctionne depuis 1981 et offre des moyens Lorsqu’on construit une station, l’installation des
simples mais efficaces de distribuer aux hydrologues accès devrait être terminée avant tout.
toute une gamme de techniques reconnues. On
fera une référence particulière à la section A00 du
8.2.2 Plateformes
Manuel de référence du SHOFM, qui traite des problèmes
de politique, de planification et d’organisation. Les plateformes hautes et les corniches devraient avoir
Ce chapitre sur les considérations de sécurité en une surface antidérapante de type grillage fin fixé
hydrométrie, complète les chapitres précédents qui sur des planches. Des rampes devraient être posées.
fournissent une vue générale des instruments hydro-
logiques et des méthodes d’observation, en proposant
8.2.3 Puits
des mesures de sécurité nécessaires au renforcement
des activités opérationnelles des hydrologues. Certaines stations d’enregistrement du niveau de
l’eau sont dotées de puits profonds qui doivent être
Les mesures hydrologiques sont entreprises dans des visités pour leur maintenance. Les risques sont dus
conditions extrêmement variées, dont beaucoup à la possibilité de chute et à la présence de gaz. Tous
présentent des risques pour qui les effectue. La les puits devraient être au moins équipés d’une
connaissance de ces risques et les moyens par lesquels corde, d’une poulie et d’un treuil de façon à ce
ils peuvent être diminués sont essentiels pour le qu’une personne au fond puisse en être secourue.
personnel hydrologique. De nombreux organismes
ont publié des manuels d’information détaillés sur la Les personnes descendant dans des puits profonds
sécurité. La lecture de ce type d’ouvrages est vivement ou dans toute galerie susceptible de contenir des gaz
recommandée à tous les hydrologues et techniciens. doivent porter un harnais de sécurité relié à un
système de secours avec plusieurs personnes
Chaque pays peut avoir des normes, des pratiques présentes au bord du puits. Elles devraient également
des lois et des règlements concernant la sécurité. De porter un casque de sécurité.
plus, sur certains sites, il peut y avoir des consignes
de sécurité particulières que le personnel hydrolo- De nombreux gaz, parmi lesquels le gaz carbonique
gique devrait respecter. Nombre d’entre elles seront et l’hydrogène sulfuré, peuvent être présents dans
abordées dans ce chapitre. les puits. Ils sont produits par la décomposition des
matières organiques et peuvent déplacer l’air ce qui
Tout membre d’une équipe de terrain a la responsa- provoque une déficience en oxygène ainsi qu’à une
bilité, vis-à-vis de lui-même et de ses compagnons, atmosphère toxique ou inflammable. Ces dangers
de travailler avec le plus de sécurité possible. Les apparaissent même à des concentrations relative-
organismes ont la responsabilité de promouvoir une ment faibles et la réaction aux gaz peut être rapide,
prise de conscience des risques ainsi que les procé- la personne perdant connaissance après seulement
dures permettant de les minimiser et de proposer des une ou deux inhalations toxiques.
équipements et des formations offrant un niveau
satisfaisant de sécurité. Les précautions comprennent la ventilation
correcte de tout puits de plus de 6 m de profondeur,
l’ouverture et l’aération des puits avant d’y péné-
8.2 SÉCURITÉ AUX STATIONS trer, l’interdiction de fumer ou de faire du feu,
D’ENREGISTREMENT l’utilisation d’un équipement de surveillance des
gaz et l’emploi des harnais de sécurité et des équi-
pements de secours. Tous les efforts devraient être
8.2.1 Accès
faits pour éviter ou éliminer la présence de matières
Des chemins piétonniers, des marches, des échelles organiques dans les puits. Les risques de glissade
et tout moyen analogue de construction sûre sont peuvent être diminués en construisant les échelles
I.8-2 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
correctement et en maintenant tous les équipe- plus simplement et plus directement que par
ments en bon état. d’autres moyens. Cependant, cela devient risqué
lorsque la profondeur et/ou la vitesse deviennent
excessives. Les membres du personnel ne doivent
8.3 PRÉCAUTIONS DE SÉCURITÉ pas être contraints de jauger les cours d’eaux
NÉCESSAIRES LORS DE TRAVAIL lorsqu’ils ne se sentent pas en sécurité. L’expérience
À PARTIR DES PONTS et la confiance sont importants mais doivent être
tempérés par une prudence raisonnable.
Les risques les plus importants lorsque l’on effectue
des mesures ou des prélèvements à partir d’un pont
8.4.2 Évaluation de la situation
sont d’être heurté par un véhicule ou de basculer
par-dessus bord du fait d’un poids ou d’une force Le personnel doit faire attention et être expérimenté
excessifs appliqués à l’équipement suspendu. pour décider si, dans une situation particulière, un
jaugeage à gué peut être effectué. La règle générale
est que cela ne peut se faire en sécurité si le produit
8.3.1 Risques dus à la circulation
de la profondeur exprimée en m par la vitesse expri-
Les ponts dotés d’une voie pour piétons peuvent mée en m s–1 est supérieur à 1. Cela dépend aussi de
fournir une bonne marge de sécurité. Dans les la carrure et de l’habillement de la personne. Les
autres configurations il est impératif d’avertir les cuissardes opposent plus de résistance que les
véhicules à l’aide d’une signalisation adéquate et, si jambes nues ou une combinaison de plongée.
possible, de feux clignotants. Le personnel devrait
porter des vêtements fluorescents ou de couleurs
8.4.3 Gilets de sauvetage
vives, et des balises doivent être mises en place pour
éloigner la circulation de la zone d’intervention. Si Des gilets de sauvetage de conception et de taille
la circulation est perturbée, une autorisation devrait appropriés devraient être portés attachés lorsque le
être demandée aux autorités locales. Dans les niveau du cours d’eau dépasse l’entrejambes, ou
régions où il existe des radios FM, il est important lorsque les conditions pourraient devenir risquées.
d’y annoncer les horaires des activités hydrolo-
giques afin d’en avertir le public.
8.4.4 Sécurité des câbles
Lorsqu’il est possible de traverser à gué, les Si quelqu’un est entraîné vers l’aval, il devrait suivre
mesures hydrologiques peuvent être effectuées le courant en direction de la rive en se propulsant
CHAPITRE 8. CONSIDÉRATIONS DE SÉCURITÉ EN HYDROMÉTRIE I.8-3
en tendant les bras et en poussant avec les pieds. Si correspondant et convenant aux conditions
le lit est rocheux, il faudrait éviter la réaction natu- qu’elle peut devoir affronter. Peuvent figurer dans
relle qui consiste à poser le pied car il risque d’être son ensemble ou partiellement sur cette liste:
coincé entre les rochers. Si cela arrivait le courant radeau de sauvetage, fusées de détresse, bouées de
pourrait entraîner la personne sous l’eau et l’issue sauvetage, écopes, pompes de cale, gilets, harnais
pourrait en être fatale. de sécurité et équipement de survie. Lorsque cela
est réalisable, des moyens de radiocommunication
Si l’eau est profonde et qu’il est nécessaire de nager devraient être installés. Chaque embarcation doit
sur une certaine distance, il peut être nécessaire de avoir un cordage fixé à la proue pour l’amarrage et
retirer les cuissardes. La meilleure façon est de les la manœuvre, ainsi qu’une ancre avec suffisam-
descendre jusqu’à la hanche et de retirer les pieds ment de corde pour faire face aux conditions de
l’un après l’autre. Il faudrait éviter de les retourner fond et de profondeur susceptibles d’être rencon-
et de faire cette opération là où l’eau est peu trées. Si cela est possible, on embarquera aussi un
profonde et où les cuissardes pourraient facilement moteur auxiliaire mobile et du carburant.
s’accrocher. Les attaches des cuissardes doivent être
nouées de façon à être facilement défaites.
8.5.3 Utilisation de câbles
Il est possible d’emprisonner de l’air dans les cuis- Des câbles gradués sont fréquemment utilisés pour
sardes pour qu’elles aident à flotter, ou bien en mesurer les distances en travers des rivières. Ils
portant une ceinture serrée à la taille ou en se doivent être d’un diamètre et d’un matériau appro-
mettant rapidement en position de flottaison sur le prié pour ne pas s’étirer et pouvoir porter des
dos avec les genoux serrés vers le haut. fanions de signalisation. Cependant plus le câble
est léger, moins il faut de tension pour le tendre et
plus sa manœuvre sera aisée et sûre.
8.5 PRÉCAUTIONS DE SÉCURITÉ D’autres câbles peuvent être tirés pour amarrer le
NÉCESSAIRES LORS DE TRAVAIL bateau au point de mesure désiré, avec les mêmes
À PARTIR DE BATEAUX exigences. Selon le courant ils peuvent devoir être
plus conséquents. Tous les câbles doivent être
signalés par de grandes marques de couleur vive au
8.5.1 Généralités
travers des voies navigables à intervalles rendant le
Plusieurs types de bateaux sont utilisés en hydro- câble bien visible pour les usagers du cours d’eau. Il
logie, chacun ayant ses propres exigences de ne faut pas se fier à la couleur elle même, car beau-
sécurité. Celles-ci doivent toujours être observées coup de gens ont une mauvaise vision des couleurs.
tant la navigation est en soi dangereuse. L’opérateur Quand cela est possible, un bateau travaillant dans
doit être familiarisé avec les procédures normales de telles conditions devrait être équipé d’un feu
comme d’urgence, et les règlements régissant les clignotant. Les autorités concernées ainsi que les
opérations projetées. Il peut s’agir de vérifier usagers potentiels devraient être avertis des risques
l’éclairage du bateau, de se préoccuper du temps et encourus.
se s’équiper de vêtements adaptés à diverses condi-
tions météorologiques, d’emporter une radio et De tels câbles ne doivent pas être laissés sans
des fournitures d’urgence. Ni alcool ni drogues ne surveillance et le personnel sur place devrait être
devraient jamais être consommés durant des équipé de cisailles, à utiliser si nécessaire pour
campagnes en bateau. L’embarcation doit être en prévenir un accident.
bon état, adaptée aux conditions qu’elle peut
rencontrer et ne doit pas être surchargée.
8.5.4 Utilisation de canots
pneumatiques sont relativement sûrs de par leur doivent être attachés pour ne pas se faire prendre
flottabilité. En cas de chavirement ils peuvent être par le mécanisme.
redressés en passant le cordage de proue dans l’un
des tolets et en le tirant très fort tout en se tenant Tous les câbles devraient être installés et utilisés en
debout sur le côté opposé pour le retourner. Les tenant compte de la sécurité du trafic fluvial et
canots en aluminium sont légers, et résistants. De aérien, tout particulièrement des hélicoptères. Là
par leur légèreté ils sont faciles à manier mais où cela est nécessaire ils doivent être signalés conve-
sensibles au vent et donc mal adaptés au gros nablement de façon permanente et visible pour les
temps. S’ils sont submergés deux personnes usagers et les pilotes.
peuvent évacuer la plus grande partie de l’eau en
baissant la poupe jusqu’à ce que la proue soit bien
au-dessus de l’eau et en relevant alors rapidement
la poupe; une personne se tenant le long du canot 8.7 PRÉCAUTIONS DE SÉCURITÉ
peut alors écoper. Lorsqu’une partie de l’eau a été NÉCESSAIRES LORS DE LA
évacuée l’embarquement peut se faire par l’arrière, MANIPULATION DES ÉQUIPEMENTS
une seconde personne tenant l’avant baissé. On
peut alors finir de vidanger l’eau. Les canots en
8.7.1 Signalisation
bois ou fibres de verre sont souvent trop lourds
pour cette technique mais flottent mieux en cas de Les câbles électriques aériens représentent un
submersion, permettant donc d’écoper. danger lorsqu’on utilise des mires topographiques,
en particulier si elles sont métalliques. L’envers des
mires devrait porter à hauteur du regard un signe
avertissant de ce danger.
8.6 PRÉCAUTIONS DE SÉCURITÉ
NÉCESSAIRES LORS D’UTILISATION
8.7.2 Tronçonneuses
DE TÉLÉPHÉRIQUES
Les opérateurs de tronçonneuses devraient porter
Avant toute utilisation du téléphérique le personnel des vêtements près du corps adaptés et l’équipe-
devrait effectuer une inspection en recherchant des ment de sécurité comprenant, casque, oreillettes,
signes de déplacement des ancrages, de modifica- lunettes de protection et chaussures de travail à
tion de la tension du câble ou tout autre dommage bout coqué en acier.
ou acte de vandalisme qu’il aurait pu subir, et
examiner l’état des bastaques, des appuis, des fixa- La scie devrait être mise en marche au sol et la
tions du câble et de la cabine. Les téléphériques coupe effectuée les jambes solidement campées,
transportant des personnes doivent normalement dans un espace dégagé de tout obstacle ou de toute
être régulièrement inspectés et obtenir un certificat autre personne, en se gardant des bois coupés et des
de conformité. Celui-ci devrait être à jour. Le branches qui roulent.
personnel ne devrait jamais embarquer à bord sans
la présence sur place d’un opérateur. Un recul peut se produire lorsque la chaîne heurte
un obstacle. La scie peut alors reculer beaucoup
Le personnel utilisant le téléphérique doit être plus vite que l’opérateur n’est capable de réagir et
averti de ne pas toucher le câble avec les mains, à lui faire ainsi lâcher prise. Une lacération de la
l’arrêt ou en marche, car il y a danger d’écrasement main gauche est alors fréquente. Pour réduire la
par les roulettes de la cabine. Il faut plutôt utiliser le probabilité d’un tel accident, l’opérateur devrait
système de traction approprié. La charge maximale garder une bonne prise de l’appareil, le poignet
de la cabine ne doit pas être dépassée et des cisailles ferme et les jambes bien campées, couper à la
devraient être prévues pour couper le câble de vitesse maximale et tenir le nez de la scie loin des
suspension s’il commence à se prendre dans le cours obstacles.
d’eau. Ce câble devrait être coupé près du dévidoir
et le personnel devrait se tenir fermement à la
8.7.3 Équipement électrique
cabine lors du ricochet.
Tout équipement électrique utilisé à l’extérieur ou
Les téléphériques sans passager sont généralement dans des conditions humides doit être alimenté à
commandés par des treuils manuels ou motorisés partir d’un transformateur isolé ou d’un disjoncteur
depuis la rive qui doivent être équipés de cliquets et relié à une prise de terre. Les fils conducteurs
de freins efficaces. Comme pour toute utilisation de devraient être gainés pour prévenir leur abrasion et
treuil les cheveux longs et les vêtements amples leur contact avec l’eau. Ils doivent être maintenus
CHAPITRE 8. CONSIDÉRATIONS DE SÉCURITÉ EN HYDROMÉTRIE I.8-5
en bon état et toute connexion usée ou endomma- Tous les règlements, instructions et procédures
gée devrait être réparée convenablement. doivent être scrupuleusement respectés et l’appa-
reillage devrait être manipulé avec une extrême
Les circuits ne devraient pas être surchargés et les attention en toutes circonstances.
réparations nécessitant l’intervention d’électriciens
qualifiés ne devraient pas être improvisées.
8.7.7 Sécurité de la surveillance des
eaux souterraines
8.7.4 Outils à moteur
Il faut en toutes circonstances obtenir les autorisa-
Les outils à moteur ne devraient être utilisés que tions nécessaires des propriétaires des puits. Les
pour les tâches pour lesquelles ils ont été conçus et pompes et les équipements pneumatiques d’échan-
dans le respect des spécifications du fabricant. Le tillonnage, d’essai et de développement des puits
personnel devrait être formé correctement à leur devraient êtres utilisés en respectant leurs propres
utilisation. L’usage de ce type de machines peut être procédures de sécurité. Les mesures de sécurité
soumis à l’autorisation des autorités gouvernemen- autour des appareils de forage sont essentielles, et
tales. Des lunettes de sécurité devraient toujours les manuels de forage devraient être consultés.
être portées pour l’usage de tout outil de coupe, de
broyage ou de forage. On devrait éviter de pénétrer dans un puits de
large diamètre pour un prélèvement, en raison de
la possibilité de présence de gaz, comme on l’a vu
8.7.5 Vêtements et équipements de
dans la section 8.2.3. Un harnais de sécurité devrait
sécurité
être porté pour travailler au-dessus d’un puits de
Tous les articles de protection ou de sécurité large diamètre.
doivent être mis à disposition du personnel en
fonction des conditions de travail et des équipe-
8.7.8 Problèmes dus à la poussière
ments utilisés.
La poussière se forme au cours d’une période sèche
à partir de sols dont les particules manquent de
8.7.6 Produits radioactifs
cohésion. La poussière peut user ou éroder les
Certains appareils, comme ceux mesurant l’humi- instruments, et en particulier les repères d’étalon-
dité du sol ou les instruments géophysiques, nage des instruments de jaugeage. Le personnel
contiennent des sources radioactives. Ces instru- devra s’assurer qu’aucune poussière ne demeure
ments seront identifiés correctement et manipulés dans les boîtes contenant ces instruments avant de
et stockés en tenant compte de la réglementation les y emballer après leur utilisation.
en vigueur. Les radiations émises par ces sources
peuvent être nocives pour la santé. Le matériau
radioactif est normalement scellé dans une pastille
d’acier inoxydable. Faisant partie de l’appareil cette 8.8 PRÉCAUTIONS DE SÉCURITÉ
pastille est normalement entourée d’une protection NÉCESSAIRES LORS DE
de plastique, d’acier ou de plomb qui absorbe les MANIPULATIONS DE PRODUITS
radiations. Il faut s’assurer que la source est remise CHIMIQUES
sous protection absorbante lorsque l’appareil n’est
pas utilisé. Il n’y a jamais aucune raison de manipu- Tous les produits chimiques tels ceux utilisés pour
ler la pastille. Si elle doit être déplacée, il faut utiliser la conservation des échantillons, les fluides de
des pinces à longues poignées ou tout autre outil nettoyage et les traceurs doivent être stockés et
équivalent. manipulés avec précaution. Il faudrait éviter l’inha-
lation de vapeurs ou le contact avec la peau, les
Se tenir à bonne distance constitue normalement yeux et les vêtements. Toute projection doit être
une protection suffisante. Pour certaines sources immédiatement nettoyée en la diluant dans un
une exposition significative n’a lieu qu’à moins de grand volume d’eau, en neutralisant ou absorbant
10 cm. Pour d’autres, la distance requise est beau- le produit avec une éponge dont on se débarrassera
coup plus grande. Il est impératif que le personnel par la suite. Des gants, des tabliers et des produits de
connaisse les caractéristiques de la source utilisée nettoyage devraient être disponibles à cette fin.
ainsi que les procédures et instructions correspon-
dantes. Si cela est possible, les employeurs devraient Aucune aspiration dans une pipette ne devrait être
fournir des vêtements protecteurs au personnel faite avec la bouche sauf s’il s’agit uniquement
manipulant des dispositifs radioactifs. d’eau potable. La peau mise en contact avec des
I.8-6 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Elles peuvent provoquer l’irritation des yeux ou de Le réchauffement doit être entrepris dès que les
la peau, des démangeaisons, des éruptions cutanées, symptômes sont évidents. Le corps de la victime ne
des nausées, des douleurs d’estomac, un manque sera probablement pas capable de générer une
d’appétit, des maux de tête, des fatigues, de la toux, chaleur suffisante, aussi le réchauffement devra-t-il
une respiration bruyante ou des essoufflements. être appliqué progressivement sur le torse, mais pas
aux membres et aux extrémités. Le réchauffement
Les précautions comprennent le port de gants, de des extrémités augmenterait la circulation du sang
combinaisons imperméables, de tabliers, de vers les parties les plus froides, provoquant un
chapeaux et de lunettes de protection. En présence refroidissement encore plus grand du corps.
suspectée de vapeurs toxiques il ne faudrait travailler
que dans les zones bien ventilées ou porter un Pour pouvoir réchauffer une victime d’hypother-
masque à gaz. Les aliments devraient être conservés mie il faut un abri, des vêtements secs, une isolation
à l’écart des échantillons et des lieux d’échantillon- thermique (comme un sac de couchage) et s’occu-
nage. Le personnel devrait toujours se laver les per d’appliquer de la chaleur sur les parties vitales
mains avec application avant de toucher à la nour- du corps. Ceci peut être fait en utilisant la chaleur
riture. Il devrait être interdit de fumer pendant les corporelle, en partageant par exemple à deux le
prélèvements ou près des échantillons. Si un on même sac de couchage. N’appliquer ni alcool, ni
suspecte la présence d’un composé inflammable, on friction, ni chaleur directe. Des boissons sucrées et
devrait éloigner les sources d’étincelles et de chaleur chaudes, mais jamais alcoolisées, sont indiquées
et conserver les échantillons dans un réfrigérateur pour une personne encore consciente.
anti-explosion en maintenant la température de
sécurité des produits chimiques. À l’abri et à la chaleur, le patient paraît souvent se
remettre rapidement, mais le retour à des condi-
Un spécialiste doit être consulté et des procédures tions de froid peut renouveler le malaise. La
particulières devront être observées lorsqu’il faut guérison complète peut demander jusqu’à deux
prélever ou étudier de l’eau ayant de fortes concen- jours.
trations en substances toxiques, comme provenant
de fuites de décharges, ou suspectée d’être L’hypothermie peut être prévenue par un abri
radioactive. adéquat et des vêtements isolants et coupe-vent. Il
CHAPITRE 8. CONSIDÉRATIONS DE SÉCURITÉ EN HYDROMÉTRIE I.8-7
faudrait éviter les conditions humides prolongées et devrait se faire qu’en dernier ressort. Si cela est
disposer de nourriture et d’un abri tel que tente ou nécessaire, il faudrait alors emporter une longue
bivouac. Les employeurs ou les entrepreneurs perche ou avancer en glissant sur le ventre. Si une
peuvent également mettre à disposition des abris corde est disponible il faudrait l’attacher à un objet
chauffés où les travailleurs peuvent s’abriter du sur la rive. Il faut sécher et réchauffer une personne
froid et prendre des boissons chaudes. Les boissons tombée à travers la glace le plus tôt possible pour
chaudes sucrées et les soupes sont préférables au éviter l’hypothermie.
café, car le café augmente les pertes de chaleur du
corps. Effectuer des mesures à travers la glace peut présen-
ter de grands dangers, y creuser ou forer un trou
Lorsque le travail implique de circuler dans un provoque une importante réduction de sa résis-
véhicule ouvert ou des activités exposées au vent, le tance. Les glaces d’une rivière peuvent présenter des
nombre de pauses devrait être augmenté en épaisseurs variables et leur résistance ne peut pas
conséquence. être estimée seulement à partir de l’épaisseur près
des berges. La glace des zones de courant rapide ou
turbulentes, comme les abords des piles de ponts,
8.9.2 Engelures
est souvent plus mince à cause du mouvement de
L’exposition au grand froid provoque des enge- l’eau. Lorsqu’on traverse un cours d’eau gelé il est
lures affectant les extrémités des parties exposées sage de tester, de temps en temps, la glace avec un
telles qu’orteils, doigts, oreilles et nez. Ces parties pic. Le son produit est net pour la glace dure et
s’engourdissent, blanchissent et prennent un sourd lorsqu’elle est molle. En cas de doute, une
aspect cireux. Une engelure superficielle peut être corde de sécurité devrait être utilisée, assurée par un
traitée par application de la main ou d’une autre collègue demeurant sur la rive et disposant d’un
partie du corps sans frotter. Il ne faudrait pas équipement de secours.
réchauffer directement, par frottement ou par de
l’alcool. Les engelures les plus sérieuses requièrent
8.9.4 Travail dans les zones
un traitement médical.
montagneuses
La prévention consiste à se protéger convenable- Dans les régions montagneuses le climat change
ment les pieds, les mains, les oreilles et le visage en très rapidement, causant des problèmes à l’impru-
évitant les vêtements et les chaussures serrées, en dent ou à celui qui est mal équipé. Plus le climat
gardant les mains et les pieds secs et en surveillant est froid plus les risques sont grands et plus les
constamment les signes d’engourdissement. Un vêtements adaptés ainsi que les provisions et un
mouvement constant d’agitation des doigts et des équipement de sécurité sont nécessaires.
orteils pour stimuler la circulation est un bon
remède à court terme qui devrait être suivi pour Le personnel doit être expérimenté ou accompa-
réduire son exposition au froid. gné de quelqu’un qui l’est, et le programme et les
trajets devraient être connus d’une personne qui
peut déclencher les secours si nécessaire. Il faut
8.9.3 Travail sur les rivières et lacs aux
porter sur soi et emporter en supplément des vête-
eaux glaciales ou gelées
ments imperméables, coupe-vent et chauds ainsi
Le déplacement et le travail sur la glace devraient qu’une nourriture suffisante et un équipement de
être accomplis avec de grandes précautions en survie pour des conditions extrêmes. Si l’équipe
réduisant le poids au minimum. Si l’on passe à est déposée par hélicoptère, il faut s’assurer que
travers la glace il faut s’accrocher à la glace solide, chacun de ses membres soit doté de ces équipe-
agiter les jambes pour maintenir le corps à flot, ments, même s’ils ne sont déposés que pour une
ramper sur le ventre jusqu’à ce que les hanches brève période, car des nuages ou d’autres condi-
sortent de la glace puis se rouler rapidement sur la tions peuvent empêcher le retour de l’hélicoptère.
glace et continuer de rouler sur soi-même jusqu’à
être sain et sauf. Si la glace est trop mince pour Ne pas s’aventurer sur de la neige dure sans piolet
supporter son propre poids on devrait se frayer un à glace, cordage, crampons et sans savoir les utili-
chemin jusqu’au bord en brisant la glace d’une ser. Il est important de se méfier des avalanches,
main et en s’appuyant sur l’autre. particulièrement lorsqu’il vient de neiger ou de
pleuvoir, d’être conscient des diverses causes d’ins-
Les secouristes devraient essayer d’atteindre la tabilité de la neige et de demander conseil à des
victime à l’aide d’une perche, d’une planche ou personnes expérimentées. Quelles que soient les
d’une corde. S’avancer jusqu’au bord de la glace ne conditions de neige, il faudrait éviter de passer sur
I.8-8 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
ou au-dessous des pentes raides. Si on est pris dans Le traitement consiste à rafraîchir immédiatement
une avalanche il faut faire tous les efforts possibles la victime en la plaçant à l’ombre, à la déshabiller et
pour rester en surface et ne pas être enseveli, se à l’asperger d’eau fraîche en l’éventant vigoureuse-
couvrir le nez et la bouche pour ne pas suffoquer, ment. Ne donner à boire que lorsque la victime a
et si on est recouvert essayer de ménager un espace tout à fait repris conscience.
d’air devant le visage et la poitrine.
Les précautions consistent à être en bonne forme
8.9.5 Survie dans l’eau glacée physique, à ne pas faire d’efforts excessifs, à boire
souvent et régulièrement par petites quantités, à
L’hypothermie survient très rapidement lors d’une éviter l’alcool et la caféine, à ne pas travailler
immersion dans l’eau glacée. Son déclenchement pendant les heures les plus chaudes de la journée, à
peut être retardé en restant calme et en étant suffi- porter des vêtements légers de couleurs claires en
samment couvert pour réduire le contact direct du tissu aéré, à porter un chapeau à larges bords et à
corps avec l’eau et la baisse de température qui saler davantage les aliments. Les employeurs
l’accompagne. Garder le maximum du corps hors peuvent aussi adopter les mesures suivantes lorsque
de l’eau aide à résister car, pour une même tempé- les sites de travail sont très chauds:
rature, la perte de chaleur est plus grande dans a) La mise en place de mesures technologiques,
l’eau que dans l’air. comme l’isolation, l’innovation ou la substitu-
tion technologique visant à retirer les sources
Il est préférable de garder la tête hors de l’eau et de de chaleur des lieux de travail, la climatisation
ramener les pieds sous le ventre pour réduire les des lieux de travail, dans leur ensemble ou
pertes de chaleur. Un gilet de sauvetage procure ainsi localisée sur les points chauds ou les postes de
une assistance très précieuse et isole les parties travail, la ventilation pour éliminer la chaleur
centrales et vitales du corps. Plusieurs personnes au niveau des postes de travail, l’automatisation
devraient se blottir ensemble en se tenant les unes des opérations se déroulant à haute tempéra-
aux autres, le visage tourné vers l’intérieur, poitrine ture, ainsi que la mise en place de programmes
contre poitrine pour lutter contre le refroidissement. de maintenance portant rapidement remède
Les enfants devraient être placés au centre du groupe. aux problèmes créant ou augmentant la forte
chaleur, comme les fuites de vapeur;
Le traitement consiste à réchauffer les organes b) L’utilisation de ventilateurs qui accélère la
vitaux, avant les membres et les extrémités comme circulation de l’air et de l’humidité. Améliorer
décrit dans la section 8.9.1. la circulation de l’air favorise l’effet rafraîchis-
sant de la transpiration. Toutefois, si la tempé-
rature est égale ou supérieure à celle du corps,
les ventilateurs ne feront qu’exposer le corps
8.10 PRÉCAUTIONS DE SÉCURITÉ à davantage d’air chaud, ce qui augmente la
PARTICULIÈRES PAR GRANDE charge calorique et le risque de syndromes de
CHALEUR stress dus à la chaleur;
c) L’adoption de mesures administratives ou autres
relatives aux situations d’expositions tempo-
8.10.1 Hyperthermie
raires à la chaleur, à l’intérieur ou en plein air,
Le coup de chaleur ou hyperthermie est causé par comme l’octroi de pauses régulières, la fourni-
l’exposition à de fortes températures entraînant ture de quantités suffisantes d’eau potable et
l’élévation de la température du corps au dessus de de nourritures correctement salées, la forma-
40 °C. La réaction aux températures élevées varie tion des travailleurs à reconnaître et à traiter les
suivant les individus en fonction de leur acclima- syndromes de stress liés à la chaleur, la dispense
tation, de leur forme physique et, le plus important, de travail dans les zones chaudes pour les
de l’hydratation de leur corps. Lors d’une hyper- employées enceintes, le déplacement du travail
thermie le corps perd de la chaleur du fait de à des heures plus fraiches de la journée et la
l’évaporation de l’eau par la transpiration et la fourniture de vêtements de coton légers et
respiration. Si ces pertes d’eau ne sont pas compen- aérés de couleur claire.
sées, le mécanisme de refroidissement est inhibé et
la température monte. Les symptômes sont le Note: On doit encourager les travailleurs à boire fréquemment
mal de tête, les frissons, les nausées, la tachycardie, de petites quantités d’eau ou d’autres boissons fraîches mais pas
les douleurs musculaires, la perte de la coordina- glacées. Un verre de liquide toutes les 15 ou 20 minutes remplace
tion et, plus graves, le délire et les convulsions. En l’eau perdue par la transpiration. Si les travailleurs ne boivent que
l’absence de traitement, l’issue est fatale. lorsqu’ils ont soif, ils peuvent facilement se déshydrater.
CHAPITRE 8. CONSIDÉRATIONS DE SÉCURITÉ EN HYDROMÉTRIE I.8-9
8.11 DÉPLACEMENTS ET TRANSPORTS L’excès de vitesse est la cause principale des accidents
et ceci reste vrai pour les routes d’arrière-pays,
souvent étroites, sinueuses et dégradées. Les meilleurs
8.11.1 Généralités
conducteurs accélèrent sans à-coups, virent avec
Les modes de déplacement et de transport pour le précaution et freinent doucement en prenant soin
travail hydrologique sont nombreux et variés de leur véhicule, de leurs passagers comme des autres
compte tenu de la grande diversité des terrains, des usagers de la route.
climats et des itinéraires rencontrés. Les considéra-
tions de sécurité, prenant en compte la diversité de L’entretien d’un véhicule permet de surmonter les
tous ces facteurs, constituent par elles-mêmes un mauvaises conditions de circulation. On trouvera
vaste sujet qui ne se limite pas aux seuls travaux dans le tableau I.8.1 une liste de contrôle de la main-
hydrologiques. Cette question ne sera donc abordée tenance à cet effet.
que brièvement ici et les hydrologues doivent abso-
lument consulter manuels et avis concernant les
conditions et les modes de déplacement locaux.
8.12 ÉQUIPEMENTS ET RATIONS DE SURVIE
8.11.2 Hélicoptères
Le personnel travaillant dans des zones éloignées
À terre, le bruit, le souffle et la précipitation associés devrait emporter des équipements de secours et
aux hélicoptères tendent à masquer le risque de survie. Le contenu de ces équipements varie
présenté par les pales du rotor principal et du rotor beaucoup en fonction du climat, du mode et
de queue, qui ont estropié ou tué de nombreuses des conditions de déplacement, mais devrait
personnes. Ne pas s’approcher ou quitter l’hélicop- comprendre: nourriture, eau, comprimés de purifi-
tère sans l’approbation du pilote et ceci devrait être cation de l’eau ou d’iode, équipement de cuisine et
fait dans son champ de vision. Il faudrait toujours de chauffage, abri tel que tente ou bivouac, sacs de
se rapprocher ou s’éloigner de l’appareil du côté de couchage, éclairage, trousse médicale, vêtements
la pente descendante pour être le plus éloigné adaptés aux plus mauvaises conditions envisa-
possible du rotor principal et ne jamais s’approcher geables, articles de toilette, et un équipement de
de la queue de l’appareil. signalisation et communication comprenant
miroir, fusées, poste émetteur-récepteur, téléphone
Le personnel devrait se tenir éloigné de l’aire mobile et radio bidirectionnelle. Une liste de
d’atterrissage qui doit être totalement libérée de contrôle des équipements de protection est fournie
tout attirail. Tous les équipements et objets légers dans le tableau I.8.2.
devraient être éloignés du souffle du rotor ou soli-
dement arrimés. Les objets longs, tels que les mires Une formation de secouriste devrait être dispensée
topographiques, devraient être transportés horizon- au personnel de terrain et chaque membre devrait
talement, au niveau de la taille, pour éviter le être pourvu d’un manuel et d’une trousse de
contact avec le rotor. L’aéronef doit être chargé sous premiers secours. Les points abordés devraient
I.8-10 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Examiner l’extérieur à Les pneus ne sont pas dégonflés, les bandes de roulement ne sont pas usées, les essuie-
chaque sortie du véhicule glaces fonctionnent et il y a suffisamment de liquide nettoyant dans le réservoir, il n’y a
pour vous assurer que: pas de traces de fuites sous le véhicule. Les rétroviseurs, les clignotants, les phares et les
feux stops sont propres et en bon état.
Examiner l’intérieur à Toutes les portes sont fermées et verrouillées, les sièges et les appuie-têtes sont
chaque sortie du véhicule confortablement réglés, et le chauffeur et les passagers ont bouclé correctement leur
pour vous assurer que: ceinture; les compteurs fonctionnent et traduisent bien le fonctionnement du moteur;
le chauffeur est mentalement et physiquement en état de conduire; les rétroviseurs,
l’aération et les vitres sont bien réglés.
Vérifier chaque semaine Le niveau d’huile est suffisant avant le démarrage. Le niveau du liquide de nettoyage
est correct.
Vérifier chaque mois Le niveau des fluides de la transmission et des freins est satisfaisant.
Vérifier tous les six mois Les balais des essuie-glaces, les pneus et le liquide de la direction assistée sont corrects.
comprendre la respiration artificielle, le massage Tableau I.8.2. Liste de contrôle pour l’équipement
cardiaque, les évanouissements, les hémorragies, les de protection personnela
fractures, les commotions, les blessures aux yeux,
les empoisonnements et les brûlures. Type Équipement
Protection Bottes
Le personnel de terrain devrait être familiarisé et
contre le climat Liquides (par exemple eau et boissons
toujours vigilant vis-à-vis de tout autre risque que et les UV énergisantes)
comporte son environnement de travail, comme, Chapeau, à larges bords
par exemple, les plantes vénéneuses, les morsures Anti-insectes répulsif (non parfumé)
ou les piqûres d’insectes, les animaux dangereux, Vêtements de pluie
les sables mouvants et la foudre. En outre, le Lunettes de soleil
contact direct ou l’ingestion de certaines eaux Crème solaire
Vêtements thermorégulants
peuvent présenter des risques pour la santé. Dans
certaines régions, il existe le risque d’être victime
d’attaques, par exemple de la part de personnes Équipement de Gilet de sauvetage et veste orange
menant des activités illégales. Les employeurs ont flottaison et
le devoir de s’assurer que leurs employés ne soient anti-reflet
jamais exposés inconsciemment à de tels risques.
Protection Harnais de sécurité
Lorsque l’on entreprend des activités dans une pour travailler Ceinture dorsale
région reculée, le personnel devrait voyager avec à proximité Casque
de machines Protections auditives
au moins une personne du cru, ayant une bonne
et d’objets Lunettes de sécurité
connaissance de la plupart des voies de communi- pesants Bottes de sécurité à bout coqué en acier
cations, de la population et des problèmes locaux Gants de travail
de sécurité. Les responsables locaux devraient être
informés des activités qui doivent être menées a L’équipement de protection personnel doit être choisi en
dans leur circonscription, ce qui favorisera la parti- fonction des dangers susceptibles d’être rencontrés.
cipation et la coopération des communautés Source: D’après le document original publié par l’USGS
locales. (http://water.usgs.gov/owq/FieldManual/Chap9/A9.11.html).
CHAPITRE 8. CONSIDÉRATIONS DE SÉCURITÉ EN HYDROMÉTRIE I.8-11
Bibliographie et lectures complémentaires Lane, S.L. et R.G. Fay, 1997: National Field Manual: Safety
in Field Activities. Tome 9, chapitre A9, United States
Brassington, R., 1998: Field Hydrogeology. Deuxième Geological Survey, Reston, Virginie (http://water.
édition, Wiley, Chichester. usgs.gov/owq/FieldManual/Chap9/A9.11.html).
Corbett, P., 1986: Hydrographers field safety manual (draft). United States Geological Survey, 1989: Environmental
Rapport No. T.S. 89.002, Department of Water Compliance and Protection Handbook. 445-1-H,
Resources, New South Wales Government. Reston, Virginie http://www.usgs.gov/usgs-manual/
Curry, R.J. et J.K. Fenwick, 1984: Hydrologists’ Safety handbook/hb/445-1-h/toc.html.
Manual. Water and Soil Miscellaneous Publication United States Geological Survey, 2001: Occupational
No. 64, National Water and Soil Conservation Safety and Health Program Requirements Handbook.
Organisation, Wellington. 445-2-H, Reston, Virginie http://www.usgs.gov/usgs-
Environnement Canada, 1983: Sampling for Water manual/handbook/hb/445-2-h.html.
Quality. Water Quality Branch, Inland Waters Yobbi, D.K., T.H. Yorke et R.T. Mycyk, 1995: A Guide to
Directorate, Environnement Canada, Ottawa. Safe Field Operations. United States Geological Survey
Herschy, R.W., 1998: Hydrometry: Principles and Practice. Open-File Report 95-777, Reston, Virginie
Deuxième édition, Wiley, Chichester. http://water.usgs.gov/pubs/of/of95-777/.
CHAPITRE 9
Spectromètre Caméra
GPS
de terrain numérique
Correction Conversion en
différentielle fichier ASCII
Moyennage des
Conversion en fichier
spectres
de forme Arc View
échantillonnés
Conversion du Conversion en
système de catalogue spectral
coordonnées ENVI
(depuis long/lat WGS84
vers UTM NAD27 N12)
Sortie réflectance
locale/catalogue
Conversion en spectral
fichier vectoriel
ENVI
Enregistrer vers
imagerie AVIRIS/
carte DRG
c) L’erreur d’un résultat est la différence entre la de la base de données, on pourra avoir besoin de
valeur mesurée et la véritable valeur de la gran- codes pour indiquer quelle grandeur représente une
deur mesurée. On distingue souvent les erreurs variable alors que dans d’autres cas cela pourra être
systématiques, aléatoires et fallacieuses; défini par le format du fichier.
d) L’incertitude est la plage à l’intérieur de laquelle
la véritable valeur d’une grandeur mesurée est Les systèmes de codage devraient être souples et
supposée se trouver à un niveau de probabilité détaillés et les collecteurs de données devraient être
donné (intervalle de confiance). L’incertitude et encouragés à en utiliser les nombreuses possibilités.
l’intervalle de confiance sont intimement liés. Outre l’utilisation des codes pour guider le traite-
Plus l’incertitude est importante, plus grande ment des données, il faudrait à ce stade ajouter des
est la probabilité que la vraie valeur se trouve commentaires. Ces commentaires fournissent une
à l’intérieur de la plage affichée. En hydrologie, description générale des données pour une période
on utilise souvent un intervalle de confiance bien précise, et devraient être automatiquement
de 95 %, ce qui correspond, pour une distri- joints aux données lorsqu’elles sont mises à disposi-
bution normale, à deux écarts type. Pour plus tion des utilisateurs.
d’informations voir le Guide to the Expression of
Uncertainty in Measurement (ISO/IEC, 1995).
9.3.2 Développement des codes
Le niveau de précision, réclamé par les utilisateurs Les étapes suivantes permettent de définir et
des données est normalement le point le plus d’utiliser des codes:
important. Une fois ce niveau établi, on devrait a) Choisir les données qui doivent être codées. Ce
considérer les incertitudes des méthodes, tech- sont normalement des catégories de données
niques et instruments. Souvent il faudra réaliser un descriptives fréquemment utilisées, par exemple
compromis entre l’incertitude désirée et la précision le nom des emplacements, les grandeurs mesu-
et la résolution des instruments en raison des coûts, rées, les méthodes d’analyse, les unités de
des capacités et des limitations techniques. mesure, les indicateurs de qualité des données;
b) Décider à quel moment le codage devrait être
L’utilité des données dépend dans une large mesure réalisé. L’objectif étant que les enregistrements
de leur exhaustivité, et il faudrait également fixer et les documents de saisie des données soient
des objectifs réalistes en matière par exemple de compatibles, le codage devrait être réalisé
pourcentage de données manquantes. Il serait au moment de l’acquisition des données par
souhaitable que les agences, plutôt que de déployer l’observateur ou par un technicien de laboratoire;
de grands efforts pour combler artificiellement les c) Envisager l’adoption de systèmes de codage
données manquantes par des estimations, allouent existants (nationaux ou internationaux) pour
les ressources nécessaires (y compris au niveau de la certaines catégories de données. De nombreux
formation) pour éviter d’avoir recours à ce procédé. pays ont développé des inventaires codés s’ap-
pliquant aux grandeurs, aux méthodes d’ana-
lyse de laboratoire et aux unités de mesure.
L’utilisation de tels systèmes de codage facilite
9.3 ENCODAGE l’échange de données et réduit la nécessité de
devoir consacrer des ressources supplémen-
taires au développement de nouvelles listes de
9.3.1 Généralités
codage;
Une base de données comporte nécessairement des d) Envisager les liens actuels ou futurs avec les
champs contenant différents codes de même que SIG (section 9.3.8) lors de la compilation des
des champs incluant les valeurs des données codes. Il peut par exemple être judicieux choisir
(section 2.3.2). C’est parce que l’on a besoin d’un la numérotation des stations et des rivières en
certain nombre de descripteurs permettant d’iden- fonction de localisation saisies par un SIG;
tifier les données, et l’utilisation de codes permet e) Obtenir ou préparer les listes de codage, joindre
aux fichiers d’être plus compacts et exempts d’am- les codes aux comptes rendus, aux formulaires
biguïtés. Une bonne illustration en est l’utilisation de saisie des données ainsi qu’aux systèmes
d’un code numérique pour chaque station de informatiques, et inclure des instructions pour
mesure. Certains codes, comme le numéro d’une le codage (et les listes de codes s’y rapportant)
station, seront une clé de la base de données, alors dans les feuilles d’instruction destinées aux
que d’autres caractériseront, entre autres, les techniciens;
méthodes normalisées, la qualité des données, les f) Dès l’introduction ou la modification du
unités et paramètres de mesure. Selon la structure système de codage, former les observateurs à
I.9-4 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
la base de données (habituellement dans une base relevés, des points distinctifs du bassin ou des carac-
associée de fichiers de textes). téristiques opérationnelles peuvent être utilisées
pour la planification à court comme à long terme.
Les traits essentiels de réseaux complexes peuvent
9.3.6 Codes des données manquantes
être très clairement illustrés.
Il est primordial de pouvoir faire la différence entre
les données manquantes et celles qui ont une valeur
nulle. Si le champ d’une valeur numérique
manquante est laissé en blanc, la plupart des ordi- 9.4 SAISIE DES DONNéES
nateurs l’interprètent comme un zéro qu’ils ajoutent
automatiquement, ce qui prête à confusion. Le terme de saisie des données fait référence au
Puisqu’il n’est pas possible d’utiliser un caractère processus d’acquisition des données à partir de
alphabétique dans un champ devant recevoir une supports écrits, graphiques ou perforés, d’enregis-
valeur numérique, le problème des données trements électroniques analogiques ou numériques
manquantes ne peut être résolu par l’insertion d’un vers un environnement à partir duquel ces données
(M) pour manquant. Il est possible d’introduire à pourront ultérieurement être traitées, stockées et
part un code M comme marqueur de statut de analysées. Depuis quelques années cet environne-
données, mais dans les systèmes où les marqueurs ment est presque toujours un ordinateur, parfois un
ne peuvent être utilisés, il faudra introduire une ordinateur central mais le plus souvent un ordina-
valeur physiquement impossible, par exemple teur personnel (PC) éventuellement connecté à un
(– 999), afin d’indiquer au système de traitement de réseau.
données la présence d’une valeur manquante. Si
nécessaire, cette valeur peut être transformée en
9.4.1 Saisie manuelle
espace blanc ( ) ou en un signe (–) sur un résultat de
sortie. Les données collectées sous forme écrite, sur des
carnets ou sur des formulaires conçus à cet effet,
doivent être entrées sur l’ordinateur manuellement.
9.3.7 Codes de transmission
S’il existe des procédures de scanographie avec
De nombreux systèmes de transmission de données reconnaissance optique des caractères, il est habi-
font appel à une certaine forme de codage, dont tuellement préférable de les éviter tant qu’il n’a pas
l’objectif est d’assurer le transfert rapide et sûr de été prouvé qu’elles étaient totalement exemptes
l’information. L’information doit donc nécessaire- d’erreurs.
ment être codée avant d’être transmise ou traitée.
Ces codages doivent être conçus de telle sorte qu’ils Lorsque les observateurs doivent inscrire la valeur
soient compatibles avec à la fois la transmission et des données sur du papier, il est recommandé que
le traitement. ce soit sur un formulaire normalisé (de préférence
dans un cahier) où les entrées requises seront
présentées selon une séquence claire et logique. De
9.3.8 Systèmes d’information
tels formulaires peuvent être produits par un logi-
géographique
ciel de traitement de texte, et leur édition et leur
Les Systèmes d’information géographique (SIG) utilisation devraient être contrôlées comme étant
trouvent de nombreuses applications dans les partie du processus de gestion des données. Parmi
domaines de l’hydrologie opérationnelle et de les données hydrométriques que l’on peut noter
l’évaluation des ressources en eau. Leur capacité à avant de les entrer manuellement, on peut compter
assimiler et à restituer des données dans un contexte les lectures manuelles de niveau d’eau, la pluie et
spatial est précieuse dans de nombreuses applica- autres observations météorologiques, de même que
tions, allant de la fourniture de cartes de base à les mesures des courantomètres. On peut inclure
l’exploitation de modèles d’un ou plusieurs bassins aussi dans cette catégorie des données secondaires,
versants afin de cartographier l’écoulement ou de comme des fragments d’enregistrements édités et
prévoir les crues ou les sécheresses. des courbes de hauteur-débit.
Lors de la planification et de la conception d’un Il est recommandé que la saisie manuelle des
réseau, l’aptitude à cartographier et à afficher rapi- données se fasse de façon décentralisée de telle sorte
dement les stations de mesure des eaux de surface et que le personnel responsable de la collecte des
les stations connexes permet une intégration plus données soit aussi responsable de leur saisie et des
efficace. Des cartes de réseaux montrant les bassins étapes préliminaires de leur validation. Les fichiers
ou les stations choisis en fonction de la qualité des de données seront donc créés sur un PC qui n’a pas
I.9-6 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
besoin d’être relié à un réseau (sauf pour faciliter les Les deux tracés seront réalisés à la même échelle, de
sauvegardes et le transfert). Comme la taille de ces telle sorte qu’ils puissent être superposés (sur un
fichiers sera relativement petite vis-à-vis de la capa- table lumineuse par exemple) afin d’identifier, puis
cité des unités de stockage telles que les disquettes, de corriger, toutes éventuelles erreurs.
les données seront facilement sauvegardées et
transférées pour l’archivage selon les processus de
9.4.3 Données sur bandes perforées
gestion et de vérification en vigueur.
Des instruments d’enregistrement électroméca-
Le processus de vérification minimal pour les niques ont été largement utilisés depuis les années
données saisies manuellement devrait consister à 60 jusqu’aux années 80, mais ont été remplacés
imprimer les données saisies, et à les faire vérifier, depuis. Ces machines perforaient généralement les
terme à terme, par une personne autre que celle qui valeurs en décimal codé binaire (BCD) à chaque
en a effectué la saisie. La vérification pourra être intervalle de temps sur une bande de papier en
améliorée si l’on peut sortir une représentation rouleau et ont été les premiers enregistreurs
graphique convenable des données. Un simple courants lisibles par des machines. Les bandes
graphique sur imprimante peut suffire. Lorsque cela peuvent être lues relativement rapidement par un
est possible, et particulièrement lorsqu’il faut saisir lecteur optique de bande et transférées sur un
d’importantes quantités de données, il peut s’avérer fichier informatique.
utile de mettre en place en incluant dans le
programme de saisie une vérification automatique Les opérations de traitement de données étaient
s’appuyant sur une plage plausible de variation ou similaires à celles conduites pour les enregistreurs
sur la comparaison entre valeurs adjacentes. électroniques de données ultérieurs, et les pro-
cédés de vérification qui ont été développés pour
ces premières machines constituent la base de
9.4.2 Saisie de données graphiques
ceux utilisés aujourd’hui pour les enregistreurs
Auparavant, on recueillait habituellement des électroniques.
enregistrements analogiques de grandeurs comme
les niveaux d’eau ou les précipitations et cette
9.4.4 Enregistreurs électroniques
pratique perdure car elle est simple, permet une
de données
interprétation rapide et évite les coûts d’un
renouvellement de matériel. L’utilisation de mémoires électroniques pour stoc-
ker les diverses formes de signaux électriques émis
Le transfert vers un ordinateur peut être réalisé par des capteurs est devenue courante depuis les
manuellement en lisant et tapant, ou en numérisant années 70 et s’est rapidement généralisée au cours
sur une table ou un scanneur. Pour une saisie des deux dernières décennies du vingtième siècle.
manuelle, une personne lit les valeurs à intervalles Comme leur coût a diminué au moins en termes
réguliers de la série qui sont conservées sur un réels, ces instruments sont devenus comparables
support quelconque jusqu’à leur saisie ultérieure au aux ordinateurs auxquels il est devenu plus facile
clavier comme indiqué dans la section 9.4.1. de les connecter.
La tablette ou la table à numériser sont les plus Comme la saisie des données sous forme de code
communément utilisées et font appel au talent de électrique est l’une des premières tâches assignées
l’opérateur pour ne pas introduire d’erreurs dans aux enregistreurs de données, cette première étape
l’enregistrement. L’utilisation d’un scanneur doté du traitement des données a été simplifiée.
d’un logiciel pour interpréter le tracé constitue une Parallèlement, avec ce procédé, il est devenu plus
innovation qui ne s’est pas répandue compte tenu facile de faire des erreurs plus graves et plus large-
du développement des enregistreurs électroniques ment répandues, ce qui nécessite un contrôle de
de données. qualité au moins aussi rigoureux qu’avec les autres
technologies.
Quelle que soit la méthode utilisée, les graphiques
devraient comporter la mention de la date, de À la différence des graphiques, des formulaires et
l’heure et du niveau de l’eau au début et à la fin du des bandes, les fichiers informatiques de données
tracé. Comme ces informations permettent de se n’existent pas sous forme tangible qui permettrait
caler sur les observations originales, l’intérêt d’avoir de les identifier facilement, de les tracer et de
à disposition des notes lisibles est évident. Le moyen montrer comment ils ont été modifiés. Les paquets
le plus efficace pour vérifier les données saisies est de données, qu’il s’agisse de séries temporelles, de
de comparer leur tracé avec le graphique original. données ponctuelles ou d’échantillons, doivent
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-7
être traçables et leur traitement géré à travers un préliminaire. Par exemple, en ce qui concerne les
registre établi pour chaque jeu de données. Pour données collectées manuellement et transférées
des raisons de simplicité, d’inaltérabilité et de faci- ensuite sur un fichier informatique (par saisie au
lité d’usage, ces registres sont généralement tenus clavier ou numérisation optique) on désignera sous
sur des fiches ou des formulaires en papier. Ils le terme de contrôle préliminaire l’ensemble des
peuvent cependant être tenus sur des fichiers élec- opérations réalisées avant la transcription des
troniques tels que des feuilles de calcul ou des données sous une forme autorisant le traitement
bases de données si les exigences citées plus haut informatique. Le contrôle préliminaire des données
peuvent être satisfaites. enregistrées directement sous forme numérique peut
ne consister qu’à s’assurer que leur support permet
une identification précise du paquet de données et
des informations associées (identification de la
9.5 TRAITEMENT PRIMAIRE DES station, date du début et de la fin de la séquence de
DONNÉES données, identification du type de données dont il
s’agit, objets et fréquence d’échantillonnage).
9.5.1 Généralités
Pour les données collectées manuellement, le con-
On définira ici le traitement primaire des données trôle préliminaire devrait comprendre généralement
comme les étapes du traitement nécessaire pour les étapes suivantes:
préparer le stockage des données dans un dépôt ou a) Enregistrer la date de réception du rapport;
une archive où elles seront disponibles pour être b) S’assurer du caractère complet et correct de
utilisées à moyen ou long terme (figure I.9.2). l’information, c’est-à-dire des dates, du nom
Certains contrôles de qualité et étapes de vérifica- et du numéro d’identification de la station, si
tion prendront place durant ce processus. Ils seront cela est requis pour le traitement informatique
décrits séparément dans des sections ultérieures. ultérieur;
c) S’assurer que les données sont complètes;
Selon le type des données, le traitement primaire d) Vérifier les opérations arithmétiques effectuées
comprendra plusieurs étapes et certains travaux par l’observateur, s’il y en a;
comme le traitement des graphiques ou un simple e) Comparer le rapport de l’observateur avec les
transfert, sans ou avec peu de mise au point, pour données enregistrées.
un enregistreur de données bien réglé.
Dans nombre de pays, cette dernière opération est
Les données peuvent parfois être utilisées avant ce réalisée en relation avec le tracé d’un graphique des
traitement comme par exemple les niveaux d’eau données.
obtenus par télétransmission. Cependant, les utili-
sateurs devraient alors être informés que les données Les corrections devraient être portées sur les
n’ont pas été vérifiées et qu’elles peuvent contenir formulaires de manière lisible et avec une encre de
des erreurs. couleur différente que celle utilisée pour remplir le
formulaire original, en s’assurant que la mention
On considérera ici le traitement secondaire comme originale ne soit ni effacée ni rendue illisible. Il est
l’ensemble des étapes nécessaire à produire des souhaitable que ces corrections soient datées et
données converties, synthétisées ou réduites, signées par la personne qui les a réalisées.
comme par exemple les pluies journalières calculées
à partir des données de chaque averse, ou le débit Certains contrôles préliminaires devraient aussi être
moyen journalier calculé à partir de niveaux d’eau effectués pour les données obtenues à partir d’appa-
et d’une courbe de tarage. Cela sera décrit plus bas reils à enregistrement graphique continu. Les
dans la section 9.7. heures enregistrées au début et à la fin du graphique
et lors de tout contrôle de temps intermédiaire
devraient être vérifiées en rapport avec l’échelle
9.5.2 Contrôle préliminaire des données
temporelle pour savoir s’il faut procéder à une
La différence que l’on établit entre le contrôle préli- correction et pour en déterminer l’importance. On
minaire et la détection des erreurs est plutôt arbitraire. devrait s’efforcer de déterminer si la correction de
Certains pays classent dans la catégorie du contrôle temps doit être faite en raison d’un arrêt du mouve-
préliminaire des procédures que d’autres incluent ment d’horlogerie ou si elle peut raisonnablement
dans la détection des erreurs. Pour le traitement des être étalée sur toute la période du graphique. Toute
données, le recours de plus en plus fréquent à l’ordi- lecture visuelle devrait être reportée sur le graphique
nateur peut faire évoluer la notion de contrôle de façon normalisée.
I.9-8 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Lot mensuel
de données Oui
Révisions
Entrée des
données Erreurs Questions des
corrigeables Non
observateurs
localement? de terrain
Fichiers des
lots de données Examen
brutes manuel
Traitement mensuel
Rapport de
1. Validation validation
Fichier des
caractéristiques
de station
2. Valeurs dérivées
Mois Mois
3. Résumés mensuels
Données et statistiques Données
précédent courant incomplètes
incomplètes
Jusqu’au
Fichier de mois
travail annuel
précédent 4. Mise à jour
Rapports
mensuels Aux utilisateurs
Incluant
le mois
Fichier de courant
travail annuel
Mensuel
Annuel
Traitement annuel
Non
Rapports
annuels Aux utilisateurs
3. Résumés annuels et FIN
statistiques
1. Annuaires
2. Catalogue de données
Nouveau fichier
d’archive
Notes: ligne (par exemple les deux dernières années en ligne) et de hors
1. Traitement mensuel en principe entrepris 10-15 jours après la fin ligne.
du mois. 4. Les petites corrections de données peuvent être effectuées par
2. Traitement annuel entrepris en principe 30 jours après la fin de unités d’affichage en ligne ou par des terminaux vidéo.
l’année. 5. La validation et les rapports mensuels peuvent constituer un
3. Les fichiers d’archive peuvent être conservés totalement hors document unique, en particulier pour les variables n’ayant pas
ligne (bande ou disquette) ou peuvent être un mélange de en besoin de transformation, comme les précipitations.
Figure I.9.2. Une procédure en deux étapes de traitement/mise à jour pour les données hydrologiques
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-9
Pour les données des enregistreurs, les contrôles Un système de traitement des données devrait
préliminaires concernant le temps et la comparai- permettre les actions suivantes:
son avec les lectures visuelles font normalement a) Enregistrer les données collectées pour pouvoir
partie de la routine de saisie sur le terrain. Selon le confirmer leur existence et contrôler leur
logiciel utilisé, le contrôle peut comporter un tracé traitement;
des données sur écran avant de quitter la station b) Sauvegarder les données dans leur forme
pour s’assurer que tout fonctionne correctement. originale;
Dès que cela est possible il faudrait inclure cette c) Identifier formellement les paquets de données
étape dans la procédure de routine. aux différentes étapes de leur traitement;
d) Identifier le statut des données en ce qui
De retour au bureau, les contrôles préliminaires concerne leur origine et vérifier qu’elles soient
comporteront l’enregistrement des données et des propres à l’usage;
informations associées, et la sauvegarde appropriée e) Fournir et conserver la trace de toute modifica-
des fichiers dans au moins trois endroits différents tion des données;
(par exemple le disque dur d’un PC, un disque f) Enregistrer toutes les observations de terrain,
amovible et une unité du réseau). registres, formulaires, etc., confirmant les
données;
Pour des données numériques obtenues par télé- g) Contrôler la quantité et le type des révisions
transmission, il n’y a que peu ou pas de contrôle réalisables et fournir les autorisations permettant
préliminaire avant leur mise à disposition d’un de les faire;
utilisateur. Dans ce cas, l’utilisateur devrait être h) Présenter les données de différentes manières
averti du fait que les données n’ont pas été contrô- pour le contrôle et l’audit par des personnes
lées et les utiliser en connaissance de cause. Même qualifiées mais non directement impliquées
s’il existe un contrôle automatique, il ne s’appli- dans le traitement.
quera qu’à certains aspects des données (par
exemple portée, pics, échelons ou valeurs
9.5.4 Registres de données et contrôle
manquantes) et l’utilisateur devrait être conscient
des limites de ces données. Dès que les données atteignent le bureau (que ce soit
par télémétrie, sous forme de fichier informatique,
Habituellement, et il s’agit là d’une procédure de graphique ou de formulaire manuscrit) elles
conseillée, les données obtenues par télétransmis- devraient être enregistrées en ordre chronologique
sion sont conservées à la station ou dans une partie dans un registre, classifié selon la station et le type de
sécurisée du système, et ne sont sauvegardées dans données.
les archives et/ou avec un statut vérifié, qu’après des
contrôles préliminaires complets (comme plus haut Les registres sont généralement des documents sur
pour la saisie des données des enregistreurs), détec- papiers dans un classeur (mais ils peuvent être élec-
tion des erreurs et validation. Les codes de qualité, troniques) conservés au service hydrologique et sont
s’ils sont utilisés, peuvent servir à informer les mis à jour quotidiennement au fur et à mesure de
utilisateurs de ces matières. l’arrivée des paquets de données. On note en premier
lieu les dates de début et de fin du paquet de données,
puis la confirmation de la révision, du contrôle et de
9.5.3 Traçabilité et traitement
la mise à jour de la base de données. La mention de
La valeur des données hydrologiques tient au fait chaque étape devrait être signée des initiales de l’em-
qu’elles sont irremplaçables et relativement ployé et datée, de telle sorte que l’employé marque
onéreuses à collecter, et qu’elles ont potentielle- sa contribution et prenne la responsabilité de son
ment une très grande importance à la suite de travail et de ses développements. Ainsi les registres
certains évènements. Pour concrétiser et mainte- contiendront un enregistrement chronologique
nir leur valeur, il est nécessaire de se donner les certifié du traitement des données du bureau de
moyens de vérifier leur précision et de pouvoir terrain.
assurer qu’elles sont pratiquement exemptes d’er-
reurs. C’est pourquoi la traçabilité des données et
9.5.5 Identification et conservation des
des méthodes de collecte et de traitement doit être
enregistrements originaux
assurée et aisément accessible. Les Agences hydro-
logiques devraient adopter des procédures Toutes les données doivent en permanence être
destinées à réaliser cette traçabilité, grâce à un identifiées avec le numéro de la station et les autres
traitement des données efficace permettant de codes requis. Les graphiques doivent avoir un
préserver et de vérifier leur intégrité. tampon ou une étiquette indiquant les dates et les
I.9-10 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
heures, les lectures visuelles, etc., et ce pour le début enregistrements électroniquement, et certains
et la fin de l’enregistrement. Les formulaires, cartes bureaux peuvent configurer leur base de données
et autres documents sur papier devraient comporter propriétaire en ce sens. Les systèmes utilisant des
des champs à remplir par le personnel. documents sur papier sont cependant générale-
ment plus simples, sans doute moins faillibles et
Ces documents devraient être conservés indé- plus faciles à comprendre et à utiliser.
finiment dans une unité de stockage convenable,
sèche et sécurisée, avec un système d’indexation
9.5.6 Correction des erreurs connues
permettant de retrouver et d’extraire des documents
particuliers en cas de besoin. Des protections sont Ce sont les erreurs signalées par l’observateur ou par
nécessaires pour prévenir toute détérioration les personnes responsables du contrôle manuel de
excessive due par exemple aux moisissures, aux qualité des données à leur arrivée. La correction de
insectes, à la vermine ou aux oiseaux. Certains ces erreurs doit précéder la phase de validation des
supports peuvent progressivement devenir illi- données. Les erreurs peuvent provenir d’une dérive
sibles pour d’autres raisons; par exemple les bandes graduelle de l’horloge, des capteurs ou du méca-
perforées doublées de papier d’aluminium ont nisme d’enregistrement, mais peuvent aussi résulter
tendance à se coller lorsqu’elles sont solidement d’événements ponctuels: arrêt de l’horloge ou
enroulées, et il devient difficile de les lire au fur et à anomalie électronique. Lorsqu’il s’agit d’un arrêt de
mesure que les lecteurs et leurs logiciels deviennent l’horloge, le système de traitement peut effectuer
obsolètes et incapables de fonctionner. Dans de automatiquement les ajustements requis par remise
tels cas il peur s’avérer judicieux d’utiliser les à l’échelle linéaire (ou plus complexe) des valeurs
possibilités de l’imagerie pour conserver cette enregistrées. Dans le second cas, on peut remplacer
information sous forme électronique. Une telle les valeurs manquantes par des valeurs estimées
décision devra être prise sur la base d’une analyse (section 9.4), si la période affectée n’est pas trop
coût-avantages. longue et si l’on dispose d’assez d’informations
contextuelles.
Les données électroniques devraient bénéficier d’un
système de nomenclature élaboré et une archive des On doit parfois aussi recourir à des ajustements
fichiers originaux de données inaltérées. Il est pour des phénomènes beaucoup plus complexes,
loisible et même conseillé de transformer ces comme la présence de glace aux stations de
fichiers sous un format lisible par ordinateur et jaugeage. Dans ce cas, il est à peu près certain que
durable, comportant la mention de la station et des les niveaux (ou les débits) corrigés devront être
autres paramètres d’identification, et qui ne doit calculés manuellement pour la période concernée.
pas dépendre de logiciels ou de supports pouvant Rappelons qu’une telle opération doit être stricte-
être frappés d’obsolescence. Il est souhaitable que ment limitée en fonction des hypothèses
les responsables du traitement de données et les acceptables. La communication des erreurs devra
gestionnaires de bases de données portent la plus être faite selon les procédures et sur les formulaires
grande attention à ces problèmes lors de la mise en normalisés. Les formulaires seront employés pour
place et de la mise à jour de leurs systèmes. noter les corrections apportées aux niveaux ou aux
débits. Qu’il soit effectué par des méthodes
Il est recommandé que les enregistrements origi- manuelles ou informatiques, le processus de correc-
naux des données électroniques soient conservés tion est caractérisé par le fait que toutes les données
sur des copies imprimées sous forme de graphiques modifiées devraient être signalées par un marqueur
à grande échelle ou même que les valeurs elles- et 7 ou par des commentaires indiquant toutes les
mêmes soient imprimées si le jeu de données est modifications qui leur ont été apportées.
petit. Cela est réalisé de façon préliminaire au
bureau de traitement, permettant à la fois la Lorsque des corrections portant soit sur le temps
sauvegarde des données et l’enregistrement du soit sur la valeur des variables d’un paquet de
traitement assurant que toutes les transformations, données, il est préalablement nécessaire de répondre
modifications et autres opérations ont été consi- aux interrogations suivantes:
gnées, signées et datées par l’opérateur. D’autres a) Existe-t-il de bonnes raisons pour effectuer les
documents, comme les graphiques après modi- corrections?
fications devraient être joints et, s’ils sont b) Les corrections sont elles cohérentes avec le
accompagnés de commentaires pertinents, paquet de données précédent?
peuvent constituer un enregistrement simple c) Est-il nécessaire de faire un retour sur le terrain,
mais complet du traitement. Les logiciels les plus et le personnel de terrain ou les observateurs
perfectionnés peuvent permettre de réaliser ces ont-ils été avertis?
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-11
Les réponses détaillées aux questions a) et b) doivent WATSTORE (Water Data Storage and Retrieval)
trouver place dans le rapport du traitement. (Hutchinson, 1975; Kilpatrick, 1981) garde en
mémoire les moyennes journalières des débits,
alors qu’en Nouvelle-Zélande le système TIDEDA
9.5.7 Agrégation et interpolation de
(Time Dependent Data) (Thompson et Wrigley,
données
1976) ne stocke que les niveaux d’eau, les débits et
Étant donné la rapidité de leurs variations, de autres variables dérivées étant calculées à la
nombreuses variables doivent être mesurées selon demande. La seule règle est que, quelles que soient
des pas de temps relativement courts, mais sont les valeurs dérivées, les séries de valeurs originales
uniquement utilisées sous forme de moyennes ou devraient être conservées sur un support indépen-
de totaux sur des périodes plus longues. Ainsi, pour dant et stable de stockage hors-ligne et à long
beaucoup d’applications hydrologiques, les terme.
variables climatologiques ne sont utilisées que sous
forme de valeurs journalières, mais doivent être Les possibilités des bases de données modernes
mesurées plus fréquemment afin d’obtenir des sont telles que recalculer un résultat n’est pas un
moyennes quotidiennes fiables. C’est le cas pour la problème. Alors que se répandent des enregistreurs
température et la vitesse du vent, parfois aussi pour de données dotés d’importantes capacités inté-
les données débitmétriques ou limnimétriques. grées de programmation et de traitement, un
Lorsque les coûts du stockage sur ordinateur étaient problème plus important est de savoir si les
importants, les niveaux d’agrégation pouvaient être variables dérivées devraient être calculées par l’en-
différents selon les objectifs des données de sortie registreur avant le traitement primaire des
ou des données stockées. Toutefois, les bases de données. On recommande de ne pas le faire, afin
données modernes de séries chronologiques ont de contrôler et de réussir à normaliser les méthodes:
maintenant un stockage performant et des capaci- il est en effet infiniment plus facile de vérifier une
tés d’extraction qui leur permettent l’archivage de méthodologie dans le cadre d’un système de traite-
l’ensemble des données. Les données fortement ment des données, plutôt qu’à l’intérieur des
agrégées comme par exemple les moyennes programmes de toute une série d’instruments qui
annuelles ou mensuelles, seront utilisées pour les divergeront nécessairement dans l’espace et au
rapports et publications, ou conservées en tant que cours du temps.
fichiers de données traitées afin de disposer de réfé-
rences générales.
9.5.9 Statut des données
Mis à part les précipitations, les variables clima- Plusieurs variables climatologiques doivent être
tologiques les plus importantes pour l’hydrologie ramenées aux conditions normales pour leur
sont, classées par ordre croissant de complexité de stockage et/ou pour leurs applications. Par exemple,
traitement, la température, l’évaporation et l’évapo- les vitesses du vent qui ne sont pas mesurées à la
transpiration. Avant de passer en revue les étapes du hauteur normalisée de 2 ou 10 m devront être
traitement, il est utile tout d’abord d’examiner la réduites à cette hauteur en utilisant la loi de puis-
façon dont la plupart des variables climatologiques sance de la vitesse du vent. De façon similaire, les
sont observées et enregistrées, car cela joue un rôle mesures de pression doivent être ramenées au niveau
déterminant dans les opérations ultérieures. Les moyen de la mer, si l’ajustement n’a pas été réalisé
fortes variations des paramètres climatologiques et avant la saisie des valeurs.
leur caractère dynamique font que la majorité des
données primaires proviennent soit de stations
9.6.1.1 Observation de l’évaporation et de
climatiques occupées en permanence soit de stations
l’évapotranspiration [SHOFM I45, I50]
climatiques (ou météorologiques) automatiques.
Aux stations du premier type, l’observateur est Lorsque des techniques de mesure directe sont
généralement bien formé et effectue sur place de employées, l’ordinateur peut être utilisé pour véri-
nombreuses tâches de traitement de base des fier les estimations d’évaporation en repérant les
données. Comme le traitement requis pour la majo- niveaux d’eau (ou les poids des lysimètres) ainsi que
rité des variables est très simple, le traitement sur le les apports et les pertes d’eau.
terrain est souvent suffisant. Même lorsque des
variables plus complexes doivent être calculées, les Pour calculer l’évaporation d’un lac à partir de
observateurs sont généralement formés pour ce faire valeurs mesurées par un bac d’évaporation, il faut
grâce à l’utilisation de monogrammes spécialement appliquer le coefficient de correction correspondant
établis pour ce type de traitement, ou éventuelle- au bac utilisé. Dans la plupart des cas, ce coefficient
ment grâce à des ordinateurs ou à des dispositifs n’est pas une constante, mais doit être calculé par
électroniques d’enregistrement et de transfert de des algorithmes faisant intervenir d’autres variables
données. Ainsi, si un traitement primaire automatisé climatologiques comme la vitesse du vent, les
est réalisé, il concerne surtout la vérification des températures de l’air et de l’eau, la pression de la
calculs manuels. vapeur. Ces variables peuvent être des valeurs
moyennes à long terme ou des valeurs mesurées
Les stations climatologiques automatiques simultanément à l’exploitation du bac. Les coeffi-
impliquent l’existence d’un système de logiciel et cients de bac ou leurs algorithmes doivent faire
de matériel informatique capables d’effectuer partie du fichier descriptif de la station (chapitre 2).
une partie du traitement des données. En effet, Si un algorithme utilise les valeurs moyennes à long
beaucoup de stations climatologiques sont spécifi- terme, elles aussi doivent être stockées dans le
quement conçues pour fournir des estimations même fichier descriptif.
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-13
On trouvera des détails concernant l’estimation de pluviomètres enregistreurs. Leur qualité sera
l’évaporation et de l’évapotranspiration sont débat- cependant inférieure, car elles s’appuient sur un
tus dans les chapitres 2 et 4. Des programmes nombre moins important de stations voisines et
d’ordinateur pour utiliser la formule de Penman parce que les précipitations brèves sont par nature
sont disponibles dans la composante SHOFM 150. plus dynamiques. Les précipitations peuvent aussi
être mesurées grâce à différents instruments et à
des hauteurs non normalisées. Les données doivent
9.6.1.2 Données pluviométriques
donc être ramenées à un instrument de mesure et
[SHOFM H26]
à une hauteur normalisés pour préserver la cohé-
Les données provenant des pluviomètres enregis- rence. On trouvera davantage de détails concernant
treurs sont fréquemment analysées pour pouvoir le traitement des données climatologiques dans le
caractériser les orages, alors que les données de Guide des pratiques climatologiques (OMM-N° 100)
pluviomètres totalisateurs servent surtout à quan- ainsi que dans le chapitre 3.
tifier les ressources en eau et leurs variations.
9.6.2 Données débitmétriques
Avant l’analyse des données provenant de pluvio-
[SHOFM H70, H71, H73, H76, H79]
mètres enregistreurs, il faut générer des séries
chronologiques à pas de temps régulier, à partir Plusieurs étapes sont nécessaires pour obtenir des
des séries irrégulières, puisque c’est ainsi que les données débitmétriques. La première concerne les
précipitations sont habituellement enregistrées. Si séries chronologiques de hauteurs d’eau, la seconde
les valeurs ont déjà été validées, la conversion du consiste à mesurer le débit par des jaugeages, la
format de cette série chronologique est peut-être troisième consiste à construire une courbe de
déjà réalisée. Le logiciel utilisé pour la conversion jaugeage à partir des débits jaugés, et la quatrième
devrait être suffisamment flexible pour permettre permet le calcul des débits à partir des courbes de
d’évaluer n’importe quelle série chronologique à jaugeage issues de données continues de niveaux
pas de temps constant qui soit compatible avec la d’eau. On trouvera une description détaillée des
résolution des données d’entrée. Pour produire des techniques de calcul des débits dans le Manual on
séries régulières, le programme devra interpoler et Stream Gauging (WMO-No. 519), mais il s’agit
réduire le volume de données. Le choix du pas de d’une simple routine dans de nombreuses bases de
temps approprié sera discuté plus loin. données de séries chronologiques.
Il faut noter que si de tels problèmes n’ont pas été En raison de leur influence sur les futures estimations
remarqués sur le terrain, ils doivent être traités dès de débit, il est recommandé que les données de
que possible. Si leur cause n’a pas été clairement mesure de débit soient convenablement vérifiées.
identifiée, le traitement des données devrait être Cela devrait comprendre le calcul de l’incertitude
reporté jusqu’à ce qu’ils soient élucidés in situ. statistique par des méthodes reconnues telle que
celle d’ISO 740 (ISO, 1995). Si la technique et le logi-
Après l’examen du tracé, la description des problèmes ciel le permettent, le processus de vérification devrait
rencontrés devrait trouver place dans le rapport de aussi comprendre l’examen des tracés des sections
traitement avec un document relatant toutes les transversales et celui des vitesses mesurées afin de
ajustements, corrections et autres modifications rechercher les erreurs grossières et les incohérences.
apportées. Outre tout commentaire pertinent on Si cela est justifié par l’expérience, il faudrait aussi
devrait également inclure: faire les corrections relatives à l’inclinaison des câbles
a) La date à laquelle le tracé a été réalisé; des instruments suspendus et à la non perpendicula-
b) La signature de l’opérateur; rité des vitesses à la section jaugée (Manual on Stream
c) La mention de toute correction apportée aux Gauging; WMO-No. 519).
données, ainsi que de toute action menée
en conséquence, lorsqu’elles modifient les
9.6.2.3 Courbes de tarage
données telles qu’elles ont été tracées (par
exemple suppression de pics, ou insertion de La courbe de tarage (ou d’étalonnage) définit la rela-
données manuelles suite à un engorgement). tion existant entre le niveau d’eau et le débit. Cette
En principe, si quelque correction que ce soit a relation est établie après une série de jaugeages en
été apportée, un nouveau tracé sera réalisé afin rivière couvrant une large gamme de débits. Les
d’en visualiser les effets, et tous les documents valeurs des niveaux et des débits sont alors repor-
seront joints au rapport. tées sur un graphique, de façon à définir une courbe
continue d’étalonnage. Même si les déversoirs
Les graphiques devraient être estampillés avec préfabriqués ont des courbes d’étalonnage standard
mention de la date, de l’heure et les lectures de théoriques, il est recommandé de les étalonner sur
l’échelle en début et fin de l’enregistrement. Comme le terrain.
ces mentions indiquent les ajustements apportés
aux observations originales, le besoin d’annotations Selon une habitude établie, les courbes de tarage
claires est évident. ont toujours été ajustées manuellement aux valeurs
mesurées, mais dans de nombreux cas, la courbe
peut être ajustée avec davantage de précision par un
9.6.2.2 Mesures de débits
programme informatique. Si nécessaire, un poids
Le calcul des débits à partir des données de jaugeage peut être attribué à chaque mesure de débit, reflé-
au moulinet se fait normalement au bureau ou tant le niveau de confiance subjectif ou statistique
même sur le terrain selon le matériel utilisé. Les qui lui est associé. Cependant, certaines sections
autres méthodes, de type volumétrique, par dilu- ayant plusieurs contrôles hydrauliques, de nom-
tion ou la méthode acoustique dite du bateau breux hydrologues préfèrent encore considérer
mobile, impliquent toute une série de calculs qui l’établissement des courbes d’étalonnage comme
seront aussi réalisés in situ ou au bureau de terrain. une procédure manuelle. La qualité de ces courbes
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-15
est influencée par plusieurs facteurs. Il est évidem- nécessaire pour aider l’ordinateur à sélectionner la
ment impératif que le système de traitement des courbe correcte.
mesures de débit soit capable d’identifier et d’em-
ployer la bonne courbe de tarage, et de tenir compte Quoique l’établissement d’une courbe de tarage soit
de ses limites d’applicabilité. Il est particulièrement théoriquement simple et qu’il s’agisse d’une procé-
important de préserver l’historique des anciennes dure normalisée, certaines interprétations et
courbes pour permettre de recalculer les débits. certains choix demeurent prescrits. Cela est dû au
fait qu’il est vraisemblable que le nombre et les
Les courbes de tarage peuvent être stockées dans dates des jaugeages ne seront pas satisfaisants en
l’ordinateur de deux manières: sous forme de fonc- raison des difficultés rencontrées. Il est possible que
tion mathématique ou sous forme de tableau. Les les connaissances et l’expérience de l’hydrologue
courbes tabulées sont encore les plus employées. soient mises à contribution pour faire face à des
Les tables sont générées par extraction manuelle problèmes tels que:
des points se trouvant sur la courbe d’étalonnage. a) Quelle crue, parmi celles survenues entre deux
L’extraction est réalisée de façon à ce que les points jaugeages successifs, a causé un changement ou
intermédiaires puissent être interpolés linéaire- une modification du tarage?
ment ou exponentiellement, sans que l’erreur b) Pendant quelle période, par exemple d’une
d’estimation du débit soit importante. La courbe, crue, faudrait-il passer progressivement d’un
sous forme de fonction mathématique, peut être tarage à un autre?
établie de trois façons: c) Faudrait-il accorder moins de crédit à un jau-
a) Une équation théorique (ou modifiée), pour un geage en hautes eaux, réalisé dans de mauvaises
déversoir ou un seuil de jaugeage; conditions ou avec une technique peu précise,
b) Une fonction obtenue par ajustement lorsque qu’il s’éloigne de la courbe davantage
mathématique des points jaugés, c’est-à-dire que ne le prévoit l’extrapolation de la méthode
par automatisation du processus d’ajustement de l’exploration du champ de vitesses?
manuel de la courbe;
c) Une fonction obtenue par ajustement des points De telles questions, et d’autres similaires, doivent
tirés du tableau établi par le procédé décrit conduire à examiner très rigoureusement les
dans le paragraphe précédent, c’est-à-dire par courbes de tarage et parfois à les réviser en fonc-
lissage de la courbe ajustée manuellement. C’est tions de nouveaux jaugeages, particulièrement en
généralement cette méthode qui sera utilisée hautes eaux.
avec base de données de séries chronologique
dotée de potentialités hydrologiques. Lorsque plusieurs courbes de tarage sont utilisées, il
arrive souvent que de brusques modifications de la
valeur du débit soient induites par le changement
9.6.2.4 Calcul du débit
de courbe. Si le système de traitement n’a pas la
Le logiciel des bases de données de séries chro- capacité de fusionner les courbes de tarage au cours
nologiques modernes comprend une routine du temps, il faudra mettre au point des moyens de
d’application de la courbe de tarage aux séries de corriger manuellement les débits pendant la période
niveau d’eau. Selon les caractéristiques du logiciel, transitoire. Si on modifie les niveaux d’eau plutôt
de petites modifications du niveau du lit seront que la courbe de tarage (ce qui est déconseillé), on
traitées comme une nouvelle courbe de tarage ou devra pour ce faire, varier la correction au cours du
comme une translation ou une correction des temps.
niveaux d’eau.
Modifier les niveaux d’eau plutôt que de construire
Quelle que soit la méthode, la courbe de tarage une nouvelle courbe de tarage est déconseillé car:
utilisée doit couvrir l’ensemble des niveaux d’eau a) En apportant aux données originales une
de la période considérée et, si nécessaire, devrait correction qui est finalement fausse, il faut faire
avoir été extrapolée selon un processus reconnu et très attention et consacrer beaucoup de travail
défendable, et être valable pour la période. Les pour s’assurer que les données véritables sont
niveaux devraient avoir été validés suite aux éven- bien sauvegardées et que les données modifiées
tuelles corrections de zéro, compensations de sont correctement utilisées;
capteurs et d’erreurs de chronométrage. Lorsque les b) La détermination, l’application et le contrôle
courbes de tarage se rapportent à une section sujette des modifications rend la méthode beaucoup
à de fréquentes modifications des contrôles artifi- plus complexe;
ciels tels que vannes et déversoirs mobiles, une série c) Le processus de contrôle de qualité (con-
chronologique des positions de réglage peut être sistant à tracer le niveau observé au moment
I.9-16 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
des jaugeages sur le limnigramme, ou à tracer Certains indices influencent directement la gestion
l’écart entre les jaugeages et les valeurs issues des eaux. Par exemple, une clé de répartition des
de la courbe de tarage) devient plus difficile à frais entraînés par le traitement des eaux usées peut
mettre en place et à faire fonctionner. être basée sur des relations empiriques entre les
valeurs de variables caractérisant l’eau d’un effluent.
Avec les logiciels modernes d’hydrométrie, il est Plus l’indice est élevé et plus les frais seront
devenu plus facile d’établir et d’utiliser des courbes importants.
de tarage modifiées, ce qui devrait éviter d’avoir
recours à des solutions de rechange comme la Les calculs du bilan de masse sont réalisés pour
correction des hauteurs. contrôler les charges polluantes et juger de la fiabi-
lité des données de la qualité des eaux. Les charges
sont obtenues en multipliant les concentrations par
9.6.3 Données de qualité des eaux
le débit (ou par le volume pour les masses d’eau
Le traitement primaire des données de qualité stagnantes). Le calcul des charges à différents
des eaux comprend quatre groupes principaux endroits le long d’un cours d’eau permet de détecter
d’activité: d’éventuelles sources de pollution qui, autrement,
a) Vérification des valeurs mesurées par le auraient pu être masquées par les variations du
laboratoire; débit. Il est évident qu’il faut d’abord déterminer le
b) Conversion des unités de mesure et ajuste- débit avant de calculer le bilan de masse. Il est très
ment des valeurs aux échelles de référence facile de calculer le bilan de masse pour les variables
normalisées; de qualité conservatives, c’est-à-dire pour celles qui
c) Calcul des indices de qualité des eaux; ne varient pas ou qui ne varient que très lentement
d) Calculs du bilan de masse. au cours du temps.
La vérification des résultats des analyses effectuées Le comportement des variables non conservatives,
en laboratoire peut englober la réévaluation des comme l’oxygène dissous ou la DBO, qui peuvent
valeurs calculées manuellement et/ou des contrôles varier extrêmement rapidement, ne peut être
d’homogénéité entre différents paramètres. Ces appréhendé qu’à l’aide de techniques de modélisa-
opérations constituent surtout une extension tion complexes. De plus amples informations se
spécifique des techniques de validation des trouvent dans Manual on Water Quality Monitoring –
données. Planning and Implementation of Sampling and Field
Testing» (WMO-No. 680) et dans le Programme du
La normalisation des unités de mesure est impor- Système mondial de surveillance continue de l’en-
tante, puisqu’elle permet aux valeurs stockées dans vironnement (GEMS), Guide pratique GEMS/Eau
la base de données d’être aussi cohérentes que (PNUE/OMS/UNESCO/OMM, 1992).
possible. Cette opération comprend obligatoire-
ment la conversion des unités de mesure utilisées
(par exemple, transformer la normalité, au sens
chimique du terme, en unités d’équivalents) ou la 9.7 TRAITEMENT SECONDAIRE
correction des valeurs pour les ramener à une
échelle de référence normalisée (transformer les Le traitement secondaire est entendu ici comme les
valeurs de conductivité électrique et de concentra- étapes de production de données sous forme
tion en oxygène dissous, mesurées à la température convertie, synthétisée ou réduite, comme par
réelle de l’eau, en les ramenant à la température de exemple les pluies journalières ou les débits moyens
référence de 20 °C). journalier, à partir des données de hauteurs et des
tarages. Il comprend aussi l’édition secondaire suite
Les indices de qualité des eaux sont généralement à des validations élaborées et à l’insertion de
basés sur des relations empiriques qui tentent de données synthétiques pour combler les lacunes
classifier les caractéristiques de la qualité des eaux d’enregistrement.
en vue d’un objectif bien spécifique. Ainsi, il existe
des indices dans les domaines de l’aptitude, comme Des fusions de données et des niveaux supplémen-
la potabilité, de la traitabilité, de la toxicité, ou de la taires de codage peuvent de plus être mis en place et
dureté. Il n’est habituellement pas utile de stocker les unités de mesure peuvent être converties en
ces indices sur support informatique, car ils sont unités normalisées utilisées dans la base de données.
issus d’un ensemble de données de base sur la La transformation de séries chronologiques irrégu-
qualité des eaux et peuvent être de ce fait aisément lières en séries régulières est également souvent
recalculés si nécessaire. nécessaire. Il existe de nombreuses manières de
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-17
compacter les données afin d’augmenter l’efficacité d) Les jaugeages dans leur forme originale, qu’il
du stockage, mais le matériel et les logiciels des s’agisse de documents écrits ou de fichiers
bases de données modèles réduisent le besoin de informatiques comme les données PCDA;
compaction. e) Les courbes de tarage, également dans leur
forme originale, qu’il s’agisse de graphiques sur
papier ou de fichiers d’éditeurs graphiques;
9.7.1 Travaux de routine après la phase
f) Toutes données relatives à des corrections de
de calcul
glissements;
Une tâche particulièrement importante en ce qui g) Les débits moyens journaliers si cela est perti-
concerne les débits consiste à faire le ménage dans nent;
les fichiers de données. Cette tâche consiste à choi- h) Les données concernant l’utilisation de l’eau
sir lesquels devraient être conservés et à éliminer dans le bassin utilisées pour obtenir les débits
ceux considérés superflus ou incorrects qui pour- naturels, si ceux-ci sont calculés.
raient être confondus avec les jeux de données
correctes. Il est conseillé de ne conserver que les En général, la plupart des autres jeux de données
données de base essentielles (ainsi que des copies de sont éphémères ou peuvent facilement être
sécurité) et éventuellement, selon les capacités du retrouvés à partir des données de base ci-dessus.
logiciel de la base de données, toutes les données
dérivées dont la création requiert beaucoup de Il est essentiel que tous les fichiers électroniques
temps. Par exemple, sur certains systèmes, il est de données soient préservés dans un centre de
long de calculer les débits moyens journaliers et les sauvegarde autonome et hors connexion. Il est
fichiers correspondants sont donc conservés en tant recommandé de conserver de multiples sauvegardes
que données de base. Par contre certaines agences à différentes fréquences, les sauvegardes les moins
utilisent des progiciels (comme TIDEDA en Nouvelle- fréquentes étant conservées dans une ville différente.
Zélande ou Time Studio en Australie) qui calculent Les enregistrements originaux sur papier devraient
ces données rapidement à partir des hauteurs archi- être conservés dans un local spécialement construit
vées et des courbes de tarage, et n’ont donc pas pour être à l’abri du feu et de l’eau dont l’accès sera
besoin de les conserver au delà de leur utilisation strictement réglementé ou, si cela est plus écono-
immédiate. Il serait d’ailleurs déraisonnable de le mique, être numérisés et stockés électroniquement.
faire, car ces systèmes permettent de mettre à jour
aisément les courbes de tarage en intégrant de
9.7.2 Insertion d’estimations des
nouvelles données, et les débits mis à jour sont
données manquantes
donc automatiquement disponibles. (On trouvera
des renseignements sur la composante TIDEDA du Plus les séries de données sont complètes, plus elles
SHOFM sur le site Internet de l’OMM à l’adresse: sont utiles. Le remplacement de données
http://www.wmo.int/pages/prog/hwrp/homs/ manquantes par des estimations peut cependant
Components/French/g06201.htm). sérieusement compromettre certaines utilisations,
et comme les utilisations futures peuvent ne pas
Selon le système utilisé, et à titre de conseil, on apparaître comme évidentes au moment où les
devrait généralement sauvegarder les données rela- données sont recueillies ou traitées, cet exercice
tives aux débits suivantes: devrait être entrepris avec beaucoup de précautions
a) Les données de hauteur dans leur forme origi- et certaines restrictions. Il faudrait aussi être en
nale non modifiée (les fichiers des enregistreurs mesure de tracer le processus, de telle sorte que la
de données devraient apparaître là où les infor- présence de données artificielles soit signalée aux
mations sur la station, les dates et les horaires utilisateurs et qu’elle puisse être réversible si désiré.
sont incluses ou jointes);
b) Les champs relatifs aux corrections de temps Comme il a été indiqué dans la section 9.2, l’hydro-
et de hauteur, et les corrections réalisées au logue se doit d’être prudent lorsqu’il effectue
cours du traitement primaire, avec le nom de la quelque correction de données que ce soit. Une
personne les ayant effectuées ainsi que la date agence devrait définir des critères stricts pour la
laquelle elles ont été faites; modification ou l’addition de valeurs de données,
c) Les hauteurs corrigées, c’est-à-dire les séries et ce travail doit toujours être entrepris en se basant
chronologiques de hauteurs d’eau corrigées sur des faits plutôt que sur une quelconque
pour le zéro, l’altitude de l’échelle et le temps. hypothèse.
Une copie de travail et au moins une copie de
sécurité devraient être conservées au bureau, On trouvera ci-dessous quelques propositions de
sous forme qui soit hors connexion; tels critères relatifs aux données de hauteurs d’eau
I.9-18 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
et de précipitations. Ce sont ceux qui sont utilisés vi) Il ne s’agit pas d’une station lacustre
par les archives nationales des ressources en eau de sujette aux seiches ou aux oscillations dues
Nouvelle-Zélande (National Institute of Water and au vent (elles ont été souvent étudiées, et
Atmospheric Research, 1999, Manuel non publié): un enregistrement synthétique ne pourra
a) Aucune modification ne devra être effectuée à pas reproduire le phénomène);
moins qu’il n’en existe une justification scien- e) Lorsque ces conditions ne sont pas satisfaites,
tifiquement défendable, et enregistrée comme mais qu’un personnel expérimenté se trouvait
indiqué ci-après; sur place durant la période en son entier (par
b) Les explications concernant de telles modifica- exemple pour débourber le puits d’observation)
tions doivent être enregistrées dans le rapport et a pu réaliser des observations manuelles,
de traitement, qui peut se présenter sous la la lacune peut être comblée et interpolée en
forme d’un graphique des données originales conséquence;
dans le registre de la station ou d’un commen- f) Il n’est pas autorisé de combler une lacune dans
taire dans la base de données; un enregistrement original avec des données
c) En règle générale, les lacunes dues aux données synthétisées par corrélation. Ces données
manquantes ne seront pas comblées par des peuvent toutefois être utilisées pour satisfaire
données synthétiques ou interpolées. Toute des demandes à condition que l’utilisateur
donnée estimée devra être disponible pour soit averti de l’incertitude qu’elles impliquent.
l’utilisateur par inclusion ou référence sous De telles données doivent être soigneusement
forme de commentaire dans la base de données. contrôlées pour s’assurer qu’elles ne soient pas
On trouvera en d) et e) les exceptions à cette introduites par erreur dans les archives locales
règle générale; ou centrales;
d) Une lacune dans un enregistrement de niveaux g) Une lacune dans une série pluviométrique ne
d’eau pourra être comblé par une ligne droite peut être interpolée que si l’on peut établir
ou une courbe appropriée si toutes les condi- qu’aucune précipitation n’est tombée pendant
tions suivantes sont remplies: la période considérée, ceci grâce à une corréla-
i) La rivière est en régime de tarissement, tion avec les pluviomètres situés à l’intérieur
la hauteur d’eau étant la plus faible (ou ou à l’extérieur du bassin où la corrélation
identique) en fin de période; est avérée, et d’un coefficient qui devra être
ii) Il a été prouvé qu’aucune précipitation supérieur ou égal à 0,99.
significative n’a été enregistrée sur le
bassin pendant une durée égale au temps Une méfiance affichée vis-à-vis de l’archivage de
de concentration qui correspondrait à la données ne satisfaisant pas strictement les normes
lacune; présente l’avantage d’inciter les organisations à
iii) On est sûr qu’il n’existe ni apports ni prendre des mesures visant à réduire le nombre de
prélèvements (dus par exemple à une données manquantes. Comme de nombreuses
usine hydroélectrique ou à un périmètre causes profondes aboutissant au problème des
irrigué) modifiant le régime naturel des données manquantes peuvent être évitées, cultiver
débits; l’amélioration des performances en cette matière
iv) Le graphique des données résultant est permet de marquer une différence significative dans
cohérent avec les données antérieures et la qualité d’ensemble des données.
postérieures;
v) Dans certaines configurations (usines Lorsqu’il est nécessaire de combler les lacunes lais-
hydroélectriques par exemple), une station sées par les données manquantes, ce qui est
voisine peut mesurer la même grandeur, indispensable pour certains types d’analyse, le
ou une grandeur presque identique. Dans temps passé à reconstituer des données manquantes
le premier cas, l’enregistrement peut être au cours de la phase de prétraitement peut rappor-
complété comme si les mesures réalisées ter d’importants dividendes au moment de l’analyse
étaient une sauvegarde. Dans le second et lorsqu’il s’agit d’utiliser ces données. Il est préfé-
cas, l’enregistrement peut être complété si rable que les premières estimations soient faites par
l’incertitude est inférieure à l’incertitude la personne chargée de collecter les données, qui a
habituelle, ou si on peut montrer que l’avantage de bénéficier d’une connaissance fraîche
le coefficient de corrélation entre les et locale. Cependant, il arrive souvent que des enre-
stations pour la grandeur mesurée est égal gistrements défectueux ne puissent être complétés
ou supérieur à 0,99. Il faudra alors rédiger qu’en y consacrant beaucoup de temps ou que pour
un commentaire précisant les détails de la ce faire l’accès aux données déjà traitées provenant
relation; d’un autre emplacement de mesure et couvrant la
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-19
même période d’observation soit indispensable. niveau possible avant leur mise à disposition des
Une décision doit alors être prise quant à l’opportu- utilisateurs.
nité de laisser le collecteur de données compléter
les séries au lieu de les synthétiser de façon plus
9.8.1 Procédures générales
efficace lors du processus de traitement tertiaire.
Il devrait être admis au départ que les techniques de
On tente souvent de combler les lacunes de données validation des données ne pourront jamais être
grâce à des corrélations croisées avec des stations de entièrement automatisées au point où l’hydrologue
jaugeage voisines, en particulier celles du même n’aurait plus à se préoccuper du marquage des
réseau hydrographique. En l’absence de corrélations données, même si les techniques informatisées de
fiables, on peut utiliser des modèles pluie-débit, y validation des données deviennent toujours plus
compris des modèles conceptuels de bassin. Toutes utiles et plus puissantes. En fait, et pour obtenir les
les données estimées devraient être convenable- meilleurs résultats, l’hydrologue peut avoir besoin
ment marquées et conservées dans une archive d’ajuster constamment les seuils de valeurs dans les
séparée. programmes et devra exercer son jugement de façon
avertie et réfléchie pour déterminer si on doit
De nombreuses réseaux hydrographiques sont accepter, rejeter ou modifier des valeurs marquées
influencés significativement par les activités par les programmes. Les valeurs les plus extrêmes
humaines et ces effets ont tendance à évoluer au peuvent s’avérer correctes et, si c’est le cas, être
cours du temps. Pour les études hydrologiques et de d’une importance primordiale pour toutes les
ressources en eau, il est fréquemment nécessaire de applications hydrologiques.
tenter d’isoler ces influences artificielles du compor-
tement naturel du bassin, en vue d’essayer d’obtenir Les techniques de validation devraient être conçues
une série chronologique stationnaire. Cet exercice pour détecter les erreurs pouvant survenir régulière-
requiert une information contextuelle exhaustive ment. Normalement les sorties de programmes
sur tous les détournements directs ou indirects, les devraient montrer les raisons pour lesquelles
rejets et les retenues du bassin. Les effets de l’utilisa- certaines valeurs ont été marquées. Il est nécessaire
tion de l’eau peuvent être agrégés en une unique de garder à l’esprit la précision attachée à l’observa-
série chronologique des modifications nettes du tion d’une variable et notre capacité à corriger une
débit. Quand ces modifications sont apportées aux erreur détectée lorsque l’on décide du niveau de
débits mesurés on obtient une série naturelle. complexité de la procédure de validation devant s’y
Ici encore, toute donnée modifiée devrait être appliquer.
convenablement marquée.
Habituellement, des groupes de données sont vali-
dés simultanément avec la mise à jour des fichiers
de base des données, à un rythme mensuel ou
9.8 VALIDATION ET CONTRÔLE DE trimestriel. Certaines organisations réalisent un
QUALITÉ examen annuel des données qui peuvent reprendre
la même procédure ou utiliser des procédés de
Dans ce chapitre, pour plus de clarté dans la présen- contrôle plus élaborés, afin de refaire une validation
tation, une distinction quelque peu artificielle a été après l’ajout de plusieurs paquets de données à
établie entre les procédures de validation et celles l’archive. Dans certains cas, ces validations seront
des traitements primaire et secondaire. Les procé- appliquées à l’ensemble des données d’une station.
dures de validation des données procèdent Un tel système réduit considérablement l’arrivée de
habituellement à comparer des valeurs particulières données erronées à l’archive centrale où sont habi-
aux données d’entrée et prennent souvent place à tuellement conduites d’autres validations. Un des
plusieurs niveaux au cours du traitement primaire principaux avantages de cette procédure est
des données, du contrôle des données et du contrôle peut-être le fait que la responsabilité de la majeure
de qualité. Il peut s’agir de contrôles simples, partie du processus de validation incombe aux
complexes et éventuellement automatiques, réali- observateurs eux-mêmes.
sés à différentes étapes du traitement de données et
de l’archivage. Certaines peuvent aussi être réalisées Il ne fait aucun doute que le contrôle visuel du tracé
sur des données de sorties et les analyses statistiques des séries chronologiques de données par un
par un utilisateur averti. personnel expérimenté est une technique très
rapide et très efficace permettant de détecter des
Dans le cadre du contrôle de qualité, l’objectif est anomalies. C’est pour cette raison que la plupart
que l’ensemble des données atteigne le meilleur des systèmes de validation de données offrent la
I.9-20 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
possibilité de dessiner les séries chronologiques systématiquement fausses, trop grandes ou trop
directement sur des écrans, des imprimantes ou des petites, des contrôles ultérieurs devront prendre en
tables traçantes. La superposition des graphiques de compte une période de mesure plus longue. Ainsi, à
stations de mesure voisines est un moyen très la fin de chaque mois, la moyenne des valeurs jour-
simple mais très efficace de contrôler l’homogénéité nalières du mois venant de s’achever devrait être
des données entre plusieurs stations. comparée avec la moyenne à long terme du mois
considéré. De façon analogue, à la fin de chaque
année hydrologique, la moyenne pour l’année
9.8.2 Techniques de validation
écoulée est à comparer avec la moyenne annuelle
automatique
d’une longue période de mesure. Cette technique
Pour la description du vaste éventail des techniques est applicable, en hydrologie, à toutes les séries de
permettant la validation automatique des données, données chronologiques.
il peut être utile de distinguer les erreurs absolues,
les erreurs relatives et les erreurs relevant de la La méthode consistant à comparer chaque nouvelle
physique des phénomènes hydrologiques. donnée avec le(s) observation(s) la précédant immé-
diatement – méthode b) – se rapporte plus
Le contrôle des erreurs absolues implique que les particulièrement aux variables présentant des coef-
données ou les valeurs de code soient comprises ficients d’autocorrélation significatifs, comme par
entre certaines limites n’ayant aucune chance d’être exemple la plupart des données de niveaux d’eau.
dépassées. Ainsi, les coordonnées géographiques Lorsque la corrélation temporelle est très forte (les
d’une station doivent se trouver à l’intérieur des niveaux piézométriques par exemple), des compa-
limites du pays, le quantième d’une date doit être raisons sur plusieurs périodes pourront être réalisées
compris entre 1 et 31 et, dans un système de codage comme pour la méthode a) ci-dessus. Pour les
purement numérique, la valeur 43A ne peut exister. observations journalières des eaux souterraines, on
Les données ne satisfaisant pas à ces conditions contrôlera d’abord leur évolution par rapport à
doivent être incorrectes, et il est habituellement l’évolution vraisemblable à l’échelle journalière,
facile d’identifier l’erreur et d’y remédier. puis leur évolution globale mensuelle par rapport
aux évolutions mensuelles escomptées.
Les contrôles relatifs comprennent:
a) Les domaines de variation vraisemblables des La méthode c) est une variante de la méthode b),
valeurs mesurées; mais elle s’appuie sur des critères de variations dans
b) La variation maximale vraisemblable d’une l’espace et non plus dans le temps. Ce type de
variable entre deux observations successives; contrôle est particulièrement efficace pour les
c) L’écart maximal vraisemblable entre des niveaux et les débits des rivières d’un même bassin
variables mesurées à des stations voisines. versant, bien qu’il soit nécessaire de procéder à un
décalage des données pour les grands bassins
Lors du développement initial de la base de données, versants avant de pouvoir y effectuer des comparai-
il conseillé de définir des limites de tolérance suffi- sons entre stations.
samment larges, mais pas au point où le nombre de
valeurs incorrectes détectées deviendrait ingérable. Pour les autres variables hydrologiques, l’utilité de
Ces limites pourront être précisées ultérieurement, cette technique dépend de la densité du réseau
lorsque de bonnes données statistiques sur les varia- d’observation par rapport à la variation spatiale de la
tions des variables individuelles seront disponibles. variable. Par exemple, la conversion d’un total de
précipitations en un nombre sans dimension, en
Le domaine de variation vraisemblable – méthode calculant le quotient de ce nombre par une moyenne
a) – devrait être calculé pour différents pas de temps, à long terme pour la station, a pour effet de réduire
y compris celui qui sépare deux mesures successives, les différences causées par les caractéristiques de la
ce qui demande l’analyse contextuelle d’un grand station.
nombre de séries historiques. Ceci est nécessaire car
la variance des données décroît lorsque le pas de Les contrôles physico-statistiques se basent sur l’uti-
temps augmente. Les niveaux quotidiens des lisation d’une corrélation entre variables, dans le
rivières seront d’abord comparés au domaine de but de prévoir les valeurs vraisemblables. La compa-
variation vraisemblable des valeurs journalières de raison entre les niveaux d’eau et le total des
la période de mesure en cours, par exemple le mois précipitations, ou entre les mesures faites à un bac
courant. Or, comme il est possible que toutes les d’évaporation et les températures sont des exemples
valeurs quotidiennes restent dans le domaine de de ce type de contrôles. De tels contrôles sont parti-
variation vraisemblable, mais que toutes soient culièrement pertinents pour des observations
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-21
provenant de réseaux peu denses, où le seul moyen les performances globales de l’instrumentation (et
de vérifier les données est la comparaison avec des de l’observateur local s’il y en a un). Pour les
valeurs interdépendantes provenant de réseaux stations hydrométriques et celles observant les
plus denses. eaux souterraines, cela devrait comprendre le
contrôle de la cote du zéro pour rechercher et
Une autre catégorie de contrôles physico-statis- noter tout changement éventuel des niveaux.
tiques consiste à vérifier la conformité des données
aux lois physiques et chimiques générales. Pour les stations de jaugeage, ces inspections
devraient examiner la stabilité de la courbe de
On utilise beaucoup ce type de contrôles pour les tarage, effectuer les opérations de contrôle énumé-
mesures de qualité des eaux. rées ci-dessous et vérifier la concordance entre
l’échelle limnimétrique et les points de repère
La plupart des contrôles relatifs et géostatistiques permanents, pour s’assurer que l’échelle n’a pas
décrits ci-dessus se basent sur l’utilisation de séries bougé. Ces inspections devraient aussi comprendre
chronologiques, de corrélations, de régressions une revue de la fréquence des jaugeages réalisés et
multiples et de techniques d’ajustement de surfaces. des modifications identifiées du tarage. À mesure
que la pression sur la charge de travail, les budgets et
les ressources augmentent, il n’est pas inhabituel
9.8.3 Contrôles de routine
que les travaux que l’on considère «discrétionnaires»
Les contrôles courants devraient être intégrés aux comme les jaugeages soient négligés. C’est une
procédures de traitement de données d’une organi- tendance malheureuse, mais compréhensible et
sation et appliqués en routine afin de tester les parfois inévitable. Il est fondamental, pour la qualité
données. Cela consiste habituellement à comparer des données, que des ressources soient affectées aux
les données à des lectures indépendantes pour jaugeages, des priorités étant établies sur la base
détecter les erreurs de datation et d’ordre de gran- d’une analyse rigoureuse et actualisée de la probabi-
deur. Les tests d’étalonnage des instruments sont lité et de la fréquence des modifications du tarage.
également examinés et évalués au plan de l’homo-
généité et de la dérive. On réalise un examen visuel Chaque visite d’une station de jaugeage devrait
de séquence de lectures ou, mieux, de tracés des comprendre le contrôle de l’instrumentation et du
données en gardant à l’esprit le type de comporte- tarage mentionné ci-dessus. Ces visites devraient
ment prévu ou la comparaison avec des variables absolument avoir lieu au moins deux fois par an, et
similaires déjà enregistrées. préférablement davantage pour éviter le risque de
perdre des données et/ou de récolter des données
Sur la base de ces évaluations, des codes de qualité, sévèrement affectées par des problèmes d’engorge-
s’ils sont utilisés, pourront être attachés aux données ment, de vandalisme ou d’envahissement saisonnier
pour indiquer leur fiabilité estimée. Ces codes indi- par la végétation.
queront si l’enregistrement est considéré comme de
bonne qualité et, éventuellement, son degré de Le programme d’inspection devrait aussi prévoir la
confiance exprimé en termes de précision (section visite d’un technicien qualifié ou d’un inspecteur
9.10, Incertitude). Une alternative à ce système est immédiatement après chaque crue importante,
de joindre des commentaires aux données si elles ne pour vérifier la stabilité de la station de mesure et
satisfont pas aux normes imposées. les échelles limnimétriques. S’il existe un observa-
teur local, il devrait être à même d’assurer ces tâches
À ce stade, tout commentaire relatif à l’évaluation et de rapporter au bureau local ou régional.
devrait être joint aux données (ou entré dans une
base de données de commentaires ou de codes de Le travail de l’inspecteur ou du responsable de
qualité) dans l’intérêt des futurs usagers. terrain devrait consister à:
a) Noter et enregistrer toute modification du site
d’observation (il est utile de faire un croquis et
9.8.4 Inspection des stations
de prendre des photographies);
Il est essentiel de procéder à une inspection pério- b) Prendre les mesures nécessaires sur place quant
dique des stations par une personne qualifiée, de à l’amélioration ou à la remise en état du site,
manière à assurer le bon fonctionnement des par exemple en abattant les arbres perturbant le
instruments de mesure et la qualité des observa- fonctionnement d’un pluviomètre;
tions. De plus une inspection formelle, sanctionnée c) Contrôler les instruments et effectuer toutes les
par un rapport écrit, devrait être faite régulière- réparations et réglages qui peuvent être faits sur
ment, de préférence chaque année, pour vérifier place;
I.9-22 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
d) Examiner le carnet de relevés de l’observateur; Pour les données collectées manuellement et tran-
e) Donner des instructions à l’observateur sur les scrites ensuite sous une forme adaptée au traitement
procédés d’observation et l’entretien normal informatique, les erreurs détectées lors du contrôle
des instruments de mesure; préliminaire ou par les procédures de détection
f) Insister auprès de l’observateur sur l’importance devraient être traitées de la façon suivante:
qu’il y a à classer rapidement des relevés a) Les corrections devraient être portées de
complets et précis; manière lisible sur l’original et paraphées par la
g) Donner des instructions à l’observateur sur personne qui les effectue;
toutes les observations particulières qui pour- b) Les tableaux ou graphiques contenant des
raient être nécessaires, par exemple des lectures données erronées devraient être corrigés, et la
plus fréquentes pendant les averses et les crues. correction reportée sur toutes les copies qu’on
pourrait en avoir faites ainsi que dans les
Pour s’acquitter de la mission – décrite à l’alinéa données qui ont été calculées à partir des obser-
e) – l’inspecteur doit être informé des erreurs vations erronées;
généralement commises par les observateurs, c) L’observateur devrait être informé de son
surtout si elles se répètent. Ces renseignements erreur. Si l’erreur est d’ordre systématique due
devraient être transmis régulièrement à l’inspecteur au mauvais fonctionnement des appareils ou
par les responsables du contrôle préliminaire et de au non-respect des méthodes d’observation,
la détection des erreurs. Les résultats des inspections l’inspecteur devrait se rendre à la station pour
devraient figurer sur les fiches descriptives des traiter le problème;
stations. d) L’erreur devrait faire l’objet d’une note dans
un registre. Cette façon de procéder permet
un contrôle permanent de la qualité des obser-
9.8.5 Contrôle des données collectées
vations de toutes les stations et permet aux
manuellement
inspecteurs de savoir quelles sont les stations
La base de la plupart des procédures de contrôle de où sont commises fréquemment des erreurs
qualité des données collectées manuellement est la d’observation.
sortie sur imprimante des données (habituellement)
journalières par station ou par région. Ces tableaux
9.8.6 Contrôle des données graphiques
permettent de détecter, par simple lecture, les postes
dont les données comportent de manière systéma- La meilleure façon de contrôler les données saisies
tique des erreurs de date, ou encore des erreurs en numérisant ou en scannant des graphiques
grossières. consiste à tracer une réplique du graphique initial
à partir du fichier de données juste avant son
On fera cependant preuve de prudence avant de archivage. Si on peut reproduire les axes et les
modifier une observation. La correction d’une échelles, les deux documents peuvent facilement
erreur apparente sera précédée par l’étude du être comparés visuellement, par exemple sur une
rapport original, par un contrôle des observations table lumineuse. Il faudrait noter que le tracé
enregistrées précédemment à cette station (contrôle obtenu peut différer de l’original à cause de n’im-
de la qualité des mesures) et par une estimation des porte quelle correction (une lecture visuelle de
facteurs à l’origine de l’événement (afin de s’assurer l’échelle par exemple) ou révision ayant pu se
que les données douteuses ne sont pas dues à une révéler nécessaire et pertinente.
anomalie naturelle). Il faudrait indiquer sous forme
codée ou par un commentaire, que les données S’il n’est pas possible de produire une réplique
brutes ont été corrigées et il faut rassembler toutes satisfaisante (ce qui peut arriver avec des
les informations indiquées ci-dessus. diagrammes circulaires), il est alors nécessaire de
comparer les tracés plus en détail, quelques points
L’utilisation de relations mathématiques (des poly- particuliers étant mesurés aux fins de comparai-
nômes, par exemple) est une autre méthode qu’il son, en utilisant si nécessaire une règle à échelle.
est possible d’utiliser pour contrôler les variations
relatives d’une variable observées sur une période
9.8.7 Contrôle des données
quelconque. La valeur calculée est comparée à la
d’enregistreurs
valeur observée. Si l’écart entre ces valeurs ne
dépasse pas une valeur tolérable préalablement fixée, Il y a peu de documents originaux auxquels pour-
la donnée mesurée est considérée comme correcte, raient être comparés les données saisies par des
mais si l’on sort des limites que l’on s’est fixées, on enregistreurs. Toutefois, comme les données origi-
doit entreprendre de nouvelles investigations. nales non révisées devraient avoir été tracées et
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-23
mises en fichier au cours du traitement à la station préétablie d’usage où la hauteur reste constante
(chapitre 2), ce document peut être utilisé de la (ce qui peut signaler une compression excessive
même façon qu’un graphique original. ou une interpolation erronée des lacunes);
h) Superposition de tracés de la même variable
Pour les erreurs détectées lors de ce processus, ou de variables corrélées (débit, hauteur, pluie,
comme pour le contrôle initial, les points représen- turbidité) de stations voisines. Il serait parti-
tatifs des données devraient être annotés sur le ou culièrement intéressant, si cela est possible,
les documents, qui devraient aussi être conservés. de superposer les tracés de stations du même
Ici encore, le fichier enregistré initialement devrait bassin;
être archivé, et une copie révisée et sauvegardée aux i) Évaluation qualitative par examen visuel
archives. des tracés de la forme des hydrogrammes et
comparaison au comportement normal eu
égard aux valeurs précédentes et à la place de la
séquence dans le régime de la rivière.
9.9 PROCÉDURES DE VALIDATION
PARTICULIÈRES La plupart des logiciels des bases de données hydro-
logiques intègrent plusieurs de ces techniques ou
Les techniques de contrôle de qualité ne sont pas permettent leur utilisation manuelle. Certains ont
toujours les mêmes. On trouvera ci-après des également la possibilité d’exécuter automatique-
exemples et discussions concernant des techniques ment ces procédures en tant que script (macros).
pour plusieurs variables.
9.9.2 Hauteur (niveau de l’eau)
9.9.1 Données de débit
Les techniques de tabulation et de représentation
Compte tenu du fait que les valeurs de l’écoulement graphique des données, des domaines de variation
varient d’une manière continue dans le temps et ainsi que du contrôle du taux de changement de
l’espace, il est possible de contrôler la fiabilité d’une valeurs décrites ci-dessus, sont aussi largement utili-
information par interpolation et en utilisant des sées pour les données relatives au niveau de l’eau.
méthodes statistiques. L’utilisation de certaines Plusieurs techniques graphiques peuvent être appli-
techniques qui seront présentées dans les exemples quées aux hauteurs comme aux débits. Toutefois
ci-après peut aussi permettre de réaliser des contrôles comme certaines erreurs sur les débits sont dues aux
quantitatifs: courbes de tarage, il est important de contrôler
a) Tracé des précipitations vis-à-vis du débit ou séparément, et normalement en premier, les
de la hauteur permet de détecter des crues sans données de hauteurs d’eau.
précipitations ou le phénomène inverse;
b) Tracé de la hauteur (hydrogramme) ou d’autres Les vérifications minimales conseillées pour les
variables, auquel on superpose les lectures (et hauteurs d’eau sont les suivantes:
les jaugeages) de la période; a) Contrôler les lectures visuelles enregistrées par
c) Tracé de l’hydrogramme des débits calculé à l’observateur au début et à la fin de chaque
partir de la série des hauteurs et de la courbe paquet, ainsi que toute autre lecture enregistrée
de tarage, auquel on superpose les mesures des effectuée lors de visites intermédiaires ou par
jaugeages (reportés à la même échelle); un observateur local (il s’agit habituellement
d) Tracés cumulatifs (cusums) de la pluie annuelle d’un contrôle préliminaire);
auquel on superpose les moyennes mensuelles b) Tracés des hauteurs avec superposition de
de l’enregistrement complet et autres tracés de toute autre valeur de hauteur pour la période
doubles cumuls; introduite dans la base de données, provenant
e) Détection dans les données de sauts supérieurs de jaugeages ou de données de qualité des eaux
à un seuil donné (qui peut varier selon la valeur (cela dépendra de la base de données);
de la hauteur). Cela doit également détecter les c) Contrôle qualitatif de la forme de l’hydro-
pics pour lesquels une anomalie physique ou gramme et des évènements, en recherchant des
électronique a produit une valeur anormale- caractéristiques suspectes, telles que segments
ment grande ou faible (il peut respectivement rectilignes, sauts, pics ou crues, crues et taris-
s’agir de la plus grande valeur possible ou de sements signalés dans des conditions où ils ne
zéro); devraient pas survenir.
f) Détection de valeurs manquantes (que le
logiciel interpolerait); Un certain nombre de contrôles qualitatifs, tels que
g) Détection de périodes dépassant une durée ceux décrits ci-dessus pour les débits devraient de
I.9-24 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
plus être réalisés. Toute anomalie devrait être les questions qu’elles soulèvent ne soient suivies
étudiée dans toute la mesure du possible: de recherches appropriées alliées à des actions
a) Tout d’abord des contrôles devraient être réa- correctives idoines, qui devraient être conservées,
lisés pour déterminer si des commentaires ont soit comme commentaires accompagnant les
déjà été enregistrés dans la base de données, données, soit par l’attribution de codes de qualité
ou dans le registre de la station, ou s’il existe informatifs.
une trace de traitement. L’observateur, le tech-
nicien de terrain ou l’opérateur peuvent déjà Des méthodes automatiques permettant d’appli-
avoir noté cet événement et/ou sa cause réelle quer nombre des techniques ci-dessus sont
ou apparente. disponibles en tant que modules des logiciels
b) Selon l’incohérence relevée, les points suivants hydrométriques, ou peuvent y être développés.
pourraient être contrôlés avec l’observateur Certains sont en mesure de traiter automatique-
ou en fonction des résultats du traitement de ment des données télétransmises en temps
données. Il peut être nécessaire de mener une quasi-réel. On trouvera sur la figure I.9.3 un écran
recherche particulière à la station et sur les extrait de l’un de ces progiciels.
paquets de données précédents et suivants:
i) Si un pic ou un tarissement «mou» Note: La figure I.9.3 montre une présentation
apparaît, un contrôle sur le terrain de intéressante de graphique qui, bien que représentant des
l’embourbage du puits de jaugeage et de débits, est également utilisable pour des hauteurs d’eau.
la prise d’eau pourrait être nécessaire; Le tracé couvre une période de 13 mois et est conçu pour
ii) Des sauts ou des pics dans l’enregistre- mettre en évidence toute discontinuité susceptible
ment pourraient indiquer que le capteur, d’apparaître d’une année à l’autre dans la base de données
le flotteur ou l’enregistreur ont mal principale.
fonctionné ou ont subi des influences
extérieures;
9.9.3 Précipitations
iii) Un paquet de données dont les valeurs
apparaissent plus élevées ou plus basses Comme les précipitations constituent un phé-
que celles des paquets voisins peut avoir nomène hydrologique très important et
été mal traité avec des corrections erro- particulièrement variable, il y a de nombreuses
nées à partir des mesures manuelles ou stations pluviométriques et donc de grandes quan-
des relevés des capteurs; tités de données. La plupart des pays ont
iv) Des segments rectilignes dans les enregis- maintenant des systèmes de contrôle de qualité et
trements peuvent indiquer des lacunes d’archivage des données pluviométriques établis
qui ont été mal interpolées, des problèmes de longue date.
d’instrumentation ou de capteurs, par
exemple de câble coincé ou de positions Un système de traitement des données de précipita-
extrêmes atteintes; tions journalières, utilisé par l’Office météorologique
v) L’augmentation des débits entre des crues du Royaume-Uni, est décrit dans le Guide des
(récessions amont) peut révéler des correc- pratiques climatologiques (OMM-N° 100). Les erreurs
tions de niveau erronées, ou l’obstruction apparaissant lors de la collecte et du traitement des
du lit par des débris ou des sédiments ce données pluviométriques sont pratiquement
qui devrait amener à corriger la courbe partout les mêmes, et c’est pourquoi ce système
hauteur-débit; devrait servir de modèle dans de nombreux autres
vi) Des fluctuations diurnes périodiques milieux.
(journalières) peuvent indiquer des
problèmes de capteur (s’il s’agit d’un La fiabilité d’un système utilisant des comparaisons
capteur de pression, il peut s’agir de la entre stations dépend de la densité du réseau. Dans
présence d’humidité dans le système), de les régions où la densité des pluviomètres est faible,
gel au niveau d’un déversoir (il faudra on a de plus en plus tendance à installer des radars
alors corriger le niveau avant de le pluviométriques (section 3.7). Les valeurs régio-
convertir en débit), ou d’un phénomène nales ainsi obtenues livrent d’excellentes données
réel, tel qu’une évaporation sur le chenal pour la validation comme pour les zones dépour-
ou une alternance gel/dégel quotidienne vues de pluviomètres. Le radar peut également se
sur le bassin. révéler très utile pour la validation des données
dans les régions sujettes à des orages intenses très
Il y a naturellement des limites aux possibilités des localisés, ce qui est le cas de la plupart des pays
meilleures techniques de vérification, à moins que tropicaux.
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-25
10 10 10 10
Figure I.9.3. Tracés de séries chronologiques pour le contrôle des données de débit.
Source: OMM/FAO, 1985: Guidelines for Computerized Data Processing in Operational Hydrology and
Land and Water Management (WMO-No. 634, Genève)
En raison de la nature évènementielle des précipi- e) Des graphiques peuvent aussi servir au contrôle
tations il existe plusieurs façons de représenter, y manuel de variation spatiale. Un moyen très
compris graphiquement, les données aux fins de simple consiste à dessiner la position des
vérification. On pourra totaliser les mesures selon stations, avec leur numéro d’identification et la
divers intervalles de temps et en donner une repré- valeur des données enregistrées. Une telle tech-
sentation graphique soit en tant qu’évènements nique est largement utilisée pour le contrôle
discrets soit en tant que totalisations. On peut mensuel ou annuel des précipitations ou des
utiliser les techniques suivantes: données sur les eaux souterraines à l’inté-
a) Tracer les données, par exemple, selon une rieur d’un périmètre donné. Des logiciels plus
base horaire et superposer les hauteurs d’eaux, complexes peuvent interpoler les données dans
ou, mieux, les débits d’une station de jaugeage l’espace et tracer des isolignes.
voisine. Plus le bassin sera petit, meilleure
devrait être la comparaison; Toute incohérence apparente dans les données
b) Outre la superposition précédente, superposer devrait faire l’objet d’une recherche aussi précise
aussi les précédents maximums; que possible:
c) Tracer le cumul des totaux journaliers (cusums) a) Tout d’abord, des contrôles devraient être effec-
pour une période de l’ordre de l’année, et tués pour voir si des commentaires ont déjà été
superposer avec un tracé analogue de stations enregistrés dans la base de données ou dans le
voisines, ainsi qu’avec un cumul du pluvio- registre de la station, ou s’il existe des traces
mètre de contrôle. La figure I.9.4. montre un de traitement. L’observateur, le technicien de
tracé typique de double cumul; terrain ou l’opérateur ont peut être déjà décelé
d) Superposer les cusums comme ci-dessus avec les des problèmes et noté leur cause réelle ou
cusums des moyennes annuelles des données apparente;
hebdomadaires ou mensuelles, et compa- b) Selon l’incohérence décelée les points suivants
rer ainsi la saison ou l’année actuelle avec les devront être vérifiés auprès de l’observateur de
moyennes à plus long terme. Tracer aussi le terrain ou par rapport au traitement appliqué.
maximum et le minimum pour comparaison; Certains requièrent une enquête particulière
I.9-26 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
15
14 1980
13
Cumul des précipitations annuelles – station A (unité 1000 mm)
12
1979
11
10 1978
9
1977
8
1976
7 1975
6
1974
4 1973
2
1972
1
1971
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Cumul de la moyenne des précipitations annuelles des stations B, C et D (unité 1000 mm)
Figure I.9.4. Graphique de double cumul. Courbe de double cumul montrant la relation de la
précipitation annuelle de la station A vis-à-vis de la moyenne correspondante de trois stations voisines.
On notera le changement brutal apparaissant en 1975.
sur le terrain de la station, et dans les paquets discutable dans bien des cas, à cause de l’importante
de données précédents et suivants: dispersion des stations climatologiques. De ce fait, les
i) Si les données indiquent des précipita- techniques de validation de base qui sont appliquées
tions plus basses que prévues, cela peut consistent en des contrôles du domaine de variation,
signifier que le capteur, l’enregistreur les contrôles du taux de variation et tout particulière-
ou la connexion ont mal fonctionné ou ment des contrôles de vraisemblance de variables
subi des influences. Il en est de même si interdépendantes observées à un même site.
le capteur semble ne pas avoir enregistré
certains épisodes pluvieux; Par exemple, toutes les données psychrométriques
ii) Si des précipitations semblent avoir été inscrites devraient être contrôlées ou recalculées,
minorées (ou étalées sur une longue afin de voir si la température sèche égale ou dépasse
période), cela peut indiquer des engorge- la température humide (ou de point de rosée) rappor-
ments dans le capteur, dus à des débris ou tée. De même, selon le type de données disponibles,
à d’autres influences, ou indiquer une accu- la température du point de rosée et/ou l’humidité
mulation de neige fondant graduellement; relative devraient être contrôlées et calculées par
iii) Un paquet de données qui apparaissent rapport aux valeurs rapportées.
plus importantes ou plus faibles que
les données précédentes ou suivantes De façon similaire, des relations empiriques entre les
peuvent avoir été mal traitées avec des données provenant d’un bac d’évaporation ou d’un
corrections erronées par rapport aux lysimètre et d’autres variables observées pourraient
lectures visuelles, aux unités ou à l’échelle. donner, au stade de la validation, quelques indi-
cations générales sur les données suspectes.
Normalement, des ajustements plus complexes sont
9.9.4 Données climatologiques
réalisés lors des étapes suivantes du traitement
La validation des valeurs climatologiques par primaire des données, pour l’évaluation de l’évapo-
des méthodes de comparaison entre stations est ration et de l’évapotranspiration.
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-27
Pour toutes les données climatologiques, les codes glace, de son épaisseur, ainsi que pour la prévision
de stations et de variables devraient être validés et, de la formation de glace et des dates de débâcles.
si nécessaire, les données suspectes devraient être
accompagnées des valeurs d’étalonnage des capteurs Les données concernant la neige et la glace, qu’elles
et des domaines de variation des paramètres soient quantitatives ou qualitatives, sont des données
mesurés. importantes de validation pour de nombreuses
autres variables hydrologiques. Par exemple, les
On trouvera davantage de détails concernant les anomalies des valeurs de niveaux d’eau durant les
procédures de contrôle de qualité des données clima- mois d’hiver peuvent être expliquées et parfois
tologiques dans le Guide des pratiques climatologiques même corrigées si l’on dispose de données contex-
(OMM-N° 100). tuelles sur la nature et l’étendue de l’englacement.
9.9.5 Données sur la neige et la glace 9.9.6 Données relatives aux jaugeages
Alors que les valeurs d’équivalents en eau de la Lors du traitement de chaque jaugeage, un certain
neige captée par les pluviomètres peuvent être vali- nombre de points doivent être contrôlés, y compris,
dées à l’aide d’autres données pluviométriques, comme il a été mentionné précédemment, la préci-
certaines autres données relatives à la neige ou à la sion de la saisie au clavier et la justesse des étalonnages
glace sont beaucoup plus difficiles à traiter. des instruments de mesure. De nombreuses tech-
niques de vérification peuvent être appliquées aux
Les données sur l’étendue de la couverture neigeuse jaugeages particuliers:
ne peuvent être validées que par une synthèse a) Certains programmes de calcul proposent la
manuelle des observations de terrain, de photos superposition du tracé des vitesses horizontales
aériennes et de l’imagerie satellitaire (sections 3.7.4, et des profondeurs mesurées. Quoique ces gran-
3.12 et 3.13) requérant énormément de temps. deurs ne soient pas complètement corrélées, il
Certaines méthodes permettant d’interpréter auto- existe néanmoins une relation les liant dans la
matiquement des images satellitaires quant à plupart des chenaux, et la personne réalisant
l’étendue de la couverture neigeuse (ainsi que de le jaugeage devrait être capable de vérifier que
son épaisseur et de son équivalent en eau) sont en les tracés sont vraisemblables et d’identifier
cours de développement. On fonde de grands les aberrations, ce qui montre combien il est
espoirs sur ces techniques, mais distinguer la souhaitable que les calculs soient réalisés dès
couverture neigeuse de la couverture nuageuse que possible après le jaugeage, et de préférence
demeure un problème, et la résolution des images sur place;
est souvent insuffisante. En outre, à moins d’utiliser b) La comparaison de la surface et de la forme de
un SIG, les données sur la couverture neigeuse ne la section transversale avec le niveau de l’eau
peuvent être stockées que sous forme de totaux par déduit de données antérieures de cette section
bassin calculés à la main. peut se révéler possible pour certaines stations;
c) L’incertitude théorique devrait être calculée
Des données sur l’épaisseur de la couche de neige et sur la base de la norme ISO 748 de manière à
son équivalent en eau requièrent un grand nombre vérifier que la technique utilisée est en mesure
de validations manuelles et de vérifications par d’atteindre le niveau d’incertitude requis. Cela
intégration des données provenant de parcours doit en principe être réalisé par le programme
d’enneigement, des nivomètres et des pluviomètres de calcul;
conventionnels. La variation spatiale considérable d) Reporter le jaugeage sur la courbe de tarage peut
de la couverture neigeuse rend la comparaison entre fournir un élément de vérification. Si le tracé
stations très difficile. Cependant, il existe des tech- est significativement éloigné de la courbe, il
niques permettant d’estimer la fiabilité statistique faudrait alors rechercher un indice de modifica-
des observations issues des parcours d’enneigement tion du tarage, comme une crue suffisamment
au moment de la fonte des neiges. Les facteurs de puissante pour modifier le lit, ou bien comme
degré-jour sont largement utilisés pour des corréla- la croissance saisonnière de la végétation ou la
tions et, si la fonte des neiges fournit une proportion présence de débris;
importante du débit fluvial, des relations éprouvées e) Lorsque l’on utilise une relation hauteur-débit
entre l’écoulement et l’équivalence en eau de la la justesse de la hauteur utilisée pour représenter
neige peuvent être utilisées. La température de l’air le jaugeage est aussi importante que la justesse
(et de l’eau) n’est pas seulement utilisée pour le du débit mesuré. Il faudrait donc vérifier la
calcul des facteurs de degré-jour, mais également hauteur par rapport aux valeurs enregistrées par
pour la validation des données de couverture de le limnigraphe (s’il en existe un);
I.9-28 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
f) Il faudrait vérifier que la localisation de la Comme les contrôles faisant intervenir des relations
section de jaugeage est appropriée aux données physico-chimiques sont très performants, leur utili-
recherchées compte tenu d’éventuels prélève- sation est très répandue pour les données de qualité
ments, affluents ou rejets, inféro-flux, fuites des des eaux.
déversoirs, etc.;
g) Pour les jaugeages utilisant le PCDA, il faut Des exemples de tests caractéristiques effectués sur
contrôler si la salinité et la masse volumique des types d’eaux très variés, aussi bien normaux que
de l’eau ont été mesurées, si la correction de spéciaux (provenant d’effluents) sont présentés
latéralité de l’instrument a été prise en compte, dans le tableau I.9.1.
si le domaine d’exploration de l’appareil est
compatible avec la profondeur de la rivière, Lorsque quelques variables ont été déterminées en
si les réglages de l’ambiguïté Doppler sont laboratoire, et que toutes les données qui leur sont
corrects, si on a contrôlé la nature, mobile ou associées sont disponibles sur ordinateur, elles
non, du lit, si les techniques d’extrapolation peuvent être recalculées pour vérification. Toutes
sont en accord avec celles qui sont imposées ou les données de qualité des eaux, le site de prélève-
recommandées, si le rapport du débit mesuré au ment et les codes d’analyses peuvent être contrôlés
débit non mesuré est convenable, si suffisam- quant à leur vraisemblance et, si possible, quant à la
ment de transects ont été mesurés et que des vraisemblance de leurs combinaisons.
coefficients de variation idoines ont été choisis.
Il faudrait également vérifier que les procédures
9.9.8 Données sédimentologiques
sont conformes aux procédures imposées ou
recommandées. Par analogie avec les données de qualité des eaux,
des calculs de bilan de masse peuvent être effectués
Pour toutes les mesures, le programme de vali- si les données existent en nombre suffisant. L’écart
dation devrait contrôler que la station utilisée est d’une valeur mesurée par rapport à la courbe de
valable, que les codes instrumentaux et de tarage sédimentométrique (lorsqu’elle existe) doit
méthodes d’analyse sont corrects et si possible s’ils être analysé du point de vue statistique et/ou tracé
sont compatibles. Il est également utile que ces pour examen visuel.
informations, de même que les coefficients d’éta-
lonnage pertinents, figurent sur tous les graphiques Les mesures sédimentologiques et la courbe sédi-
et documents imprimés. mentométrique devraient être examinées pour
déterminer s’il existe une modification du tarage
On trouvera davantage d’informations sur la selon les saisons et, si cela est le cas, le programme
mesure des débits dans le Manual on Stream Gauging de prélèvement devrait être modifié de telle sorte
(WMO-No. 519). qu’il y ait approximativement le même nombre de
données pour chaque saison. De façon analogue
les proportions de mesures effectuées sur les
9.9.7 Données de qualité des eaux
branches montantes et descendantes devraient
L’étendue très vaste du domaine de variation des être examinées et il faudra tenter de d’en équilibrer
grandeurs décrivant la qualité des eaux fait que les l’échantillonnage correspondant.
procédures utilisées pour les valider sont relative-
ment simples. Habituellement, on effectue un
contrôle absolu du code des analyses, un contrôle
comparé des mesures et des domaines de variation 9.10 ENREGISTREMENT DE L’INCERTITUDE
vraisemblables et on vérifie que certaines interrela-
tions physico-chimiques sont respectées. Si le L’utilisateur de données averti se préoccupera
contrôle du domaine de variation a été conçu en toujours de savoir quelle est la précision des données
l’absence de données historiques, il faudrait remar- qu’il utilise, et cela déterminera la confiance que le
quer qu’il existe souvent une relation entre le public peut avoir dans les données comme l’infor-
domaine de validité de nombreuses variables et le mation qui en découle. Il y a de nombreuses façons
but du prélèvement des échantillons, ainsi qu’avec d’exprimer la justesse, nombre d’entre elles étant
la localisation du point de prélèvement. Ainsi, par imprécises et parfois ambiguës. L’incertitude statis-
exemple, la quantité de sel dissous trouvée dans un tique fournit un moyen d’exprimer objectivement
échantillon d’eau destinée à la consommation la «précision» comme un domaine, en valeur ou en
humaine sera inférieure à celle d’une masse d’eau pourcentage, ayant une probabilité d’occurrence
usée, saumâtre ou marine. donnée.
chapitre 9. TRAITEMENT DES DONNÉES ET CONTRÔLE DE QUALITÉ I.9-29
Tableau I.9.1. Contrôle des données de qualité des eaux par rapport aux lois physico-chimiques
1. Solides dissous
Tous les résultats, exprimés en mg l–1 doivent vérifier:
0,1 x TDS > [TDS – (Na+K+Mg+Ca+Cl+SO4 + 4,42 NO3 + 0,61(Alk) + 3,29NO2 + S1O2 + F)]
NO2, S1O2 et F sont facultatifs, c’est-à-dire que la vérification peut être faite sans eux, mais ils devraient
être inclus s’ils sont disponibles
2. Balance ionique
a) Conditions normales (8 à 12 ions)
Les ions doivent être convertis en meq l–1 et soumis au contrôle:
[Cations – anions] x 100 < 3 %
[Cations + anions]
où cations = Na+K+Mg+Ca+NH4
et anions = Cl+SO4 +NO3 +HCO3 +NO3 +PO4 + F
PO4, NH4, NO2 et F sont facultatifs, c’est-à-dire que la balance peut être vérifiée sans eux;
b) Conditions minimales (6 ions)
Cette vérification grossière peut être effectuée lorsque seuls les ions majeurs ont été mesurés.
Les résultats doivent être convertis en meq l–1 et soumis au contrôle:
[Cations – anions] x 100 < 10 %
[Cations + anions]
où cations = Na + Mg + Ca
et anions = Cl + SO4 + HCO3
3. Conductivité
0,55 conductivité (µs cm–1) < TDS < 0,7 conductivité (µs cm–1) où SDT = solides dissous totaux.
4. Vérifications générales pour la qualité de l’eau
Solides totaux > solides dissous totaux
Solides totaux > solides décantables
Saturation en oxygène dissous < 200
Oxygène dissous < 20 mg l–1
DBO (total) > DBO5 (Filtré)
DBO5 (total) > DBO5 (Décanté)
DCO > DBO
Azote oxydé total > nitrate
Dureté totale > dureté temporaire (dureté alcaline)
Cyanure total > cyanure sans cyanure de fer
Phénols totaux > phénols monohydriques
Phénols totaux > phénols polyhydriques
Chrome dissous total > chromate
Hydrocarbures (totaux) > hydrocarbures (libres)
Hydrocarbures et graisses > hydrocarbures (libres)
Azote oxydé total = nitrate plus nitrite
Dureté totale = Ca + Mg
Phénols totaux = phénols monohydriques et polyhydriques
Source: OMM/FAO, 1985: Guidelines for Computerized Data Processing in Operational Hydrology and Land and
Water Management. WMO-No. 634, Genève.
I.9-30 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Plusieurs normes ISO relatives aux techniques Organisation internationale de normalisation, 2000:
hydrométriques s’intéressent en détail à l’applica- Systèmes de management de la qualité: Exigences.
tion de ce concept dans chaque cas particulier. On ISO 9001, Genève;
recommande en tant que guide général en la —, 2005: Systèmes de management de la qualité: Principes
matière le Guide to the expression of Uncertainty in essentiels et vocabulaire. ISO 9000, Genève.
Measurement (ISO, 1995). Les conseils relatifs à Organisation internationale de normalisation et
l’estimation de l’incertitude des mesures de débit Commission électrotechnique internationale, 1995:
sont fournis dans le Règlement technique (OMM- Guide to the Expression of Uncertainty in Measurement.
N° 49), Volume III, annexe, partie VIII. ISO/IEC Guide 98, Genève.
Organisation météorologique mondiale, 1980:
Manual on Stream Gauging, Volumes I et II, Rapport
Bibliographie et lectures complémentaires d’hydrologie opérationnelle N° 13, WMO-No. 519,
Genève.
Département de l’environnement du Royaume-Uni, —, 1983: Guide des pratiques climatologiques. Deuxième
1981: Hydrological Determinand Dictionary. Water édition, OMM-N° 100, Genève (http://www.wmo.
Archive Manual No. 5, Water Data Unit (http:// int/pages/prog/wcp/ccl/guide/guide_climat_
www.defra.gov.uk/). practices.html).
Environnement Canada, 1973: NAQUADAT Dictionary —, 1983 : Guide des pratiques climatologiques, Deuxième
of Parameter Codes. Inland Waters Directorate, édition, OMM-N° 100, Genève.
Environnement Canada, Ottawa. —, 1988: Manual on Water Quality Monitoring: Planning
Environnement Canada, 1985: NAQUADAT Dictionary and Implementation of Sampling and Field Testing.
of Parameter Codes. Data Systems Section, Water Rapport d’hydrologie opérationnelle N° 27,
Quality Branch, Environnement Canada, Ottawa. WMO-No. 680, Genève.
Hudson, H.R., D.A. McMillan et C.P. Pearson, 1999: —, 2006: Règlement technique, Volume III – Hydrologie,
«Quality assurance in hydrological measure- OMM-N° 49, Genève.
ment.», Hydrological Sciences – Journal des sciences OMM et FAO, 1985: Guidelines for Computerized
hydrologiques, Volume 44, N° 5 http:/iahs.info/ Data Processing in Operational Hydrology and
hsj/440/hysj_44_05_0825.pdf. Land and Water Management. WMO-No. 634,
Hutchinson, N.E., 1975: WATSTORE User’s Guide. Genève.
Volume 1, United States Geological Survey PNUE, OMS, UNESCO et OMM, 1992: Programme
Open-File Report 75-426 http://daac.ornl.gov/ du Système mondial de surveillance continue de
source_documents/watstore.html l’environnement (GEMS), Guide pratique GEMS/Eau.
Kilpatrick, Mary C., 1981: WATSTORE: A WATer Inland Waters Directorate, Burlington, Ontario.
Data STOrage and REtrieval System. United States Thompson, S.M. et G.R. Wrigley, 1976: «TIDEDA».
Government Printing Office publication, 52, United In: SEARCC 76, M. Joseph et F.C. Kohli (éds.),
States Department of the Interior, United States Amsterdam, p. 275–285 http://www.niwascience.
Geological Survey, Reston, Virginie, p. 341–618. co.nz/rc/instrumentsystems/tideda.
National Institute of Water and Atmospheric Research, WATSTORE: http://www-eosdis.ornl.gov/source_
1999: TIDEDA – Software for archiving and retrieving documents/watstore.html; http://www.osmre.gov/
time-dependent data. Wellington (http://www. h20dbs.htm; http://ak.water.usgs.gov/Publications/
niwascience.co.nz/rc/instrumentsystems/tideda). water-data/WY96/watstore.htm.
CHAPITRE 10
constitue l’entrée du système, puis par la validation originaux, il faudrait en faire des copies (en les
et enfin la diffusion et l’utilisation dans la prise de numérisant par exemple) ne requérant qu’une place
décision. Quelle que soit l’échelle de l’application et réduite par rapport à celle qu’occuperaient les
le niveau technologique de la gestion de données, ce documents sous leur forme originale, qui peuvent
cheminement est essentiellement le même, comme alors être éliminés. Quel que soit le médium sur
on peut le voir sur la figure I.10.1 ci-dessous. La liste lequel sont stockées les données, il faudra minimiser
du tableau I.10.1 résume quelques-uns des ensembles la détérioration des enregistrements par une
de données à diverses étapes du processus de gestion température excessive ou fluctuante, par une
des données. Il s’agit là d’un panorama de l’ensemble humidité élevée, la poussière, les insectes et autres
du processus de gestion des données. Certains ravageurs, les radiations et le feu.
aspects de ce processus sont discutés en détail dans le
chapitre 9. Ici on insistera sur le stockage, l’accès et la Si cela est possible, une copie des enregistrements
diffusion des données et sur leur insertion dans le devrait aussi être conservée au centre de collecte
processus de la gestion de données. principal et une autre, soit au centre régional, soit au
bureau de l’observateur.
On trouve dans le Guide des pratiques climatologiques
(OMM-N° 100) une description détaillée des procé- Les différents types de données d’entrée et les
dures préconisées pour le stockage et la classification procédures de traitement et de contrôle de qualité
des données climatologiques. La plupart de ces qui leur sont appliquées ont été décrits au chapitre 9.
considérations peuvent également s’appliquer aux Les données d’entrée peuvent provenir d’observa-
données hydrologiques, même si elles exigent un tion enregistrées de façon manuscrite, de
traitement quelque peu différent au niveau de graphiques d’enregistreurs, d’enregistreurs auto-
l’efficacité du stockage. matiques et de feuillets manuscrits ou de fichiers
informatiques contenant des mesures de débits
De nombreux pays rassemblent de grandes quantités instantanés (jaugeages), ainsi que la section de la
de données climatologiques et hydrologiques; il ne rivière, les profils de profondeur et de vitesse et
leur est pas possible de stocker toutes les valeurs souvent une information descriptive sous forme
originales. Cependant, avant de détruire les textuelle.
Employé chargé de
la saisie des données Traitement Données
Outils de traitement
primaire traitées
Base
de données
Traitement
Outils d’analyse
secondaire
Gestionnaire
de l’archive
Produits
Utilisateur de
de données
l’archive Outils de reportage Intégration
Archive
Diffusion de métadonnées
On trouvera dans le tableau 1.10.1 une synthèse des le cas échéant, reproduites. Les utilisateurs des
procédures participant à la gestion des données, données traitées devraient être en mesure de voir
depuis la saisie des données brutes jusqu’à la diffu- rapidement et aisément, quels traitements les
sion des données traitées, de même que les données données ont subi et d’en apprécier les limites poten-
impliquées dans ces processus. tielles. Cela n’implique pas que toutes les
modifications apportées soient retenues pour la
Il est clair qu’il existe potentiellement un grand postérité, mais plutôt que les données brutes
nombre de jeux de données à chaque étape du proces- devraient être conservées et que les modifications et
sus de traitement, et qu’il faut décider quelles données hypothèses faites au cours de la validation et du trai-
devraient être stockées, et comment cela devra être tement devraient être documentées et conservées. Il
réalisé dans une archive hydrologique efficace. On est aussi important que les utilisateurs puissent faire
trouvera plus bas une description du stockage des la distinction entre les données originales, celles qui
données, de leur analyse et de la production de l’infor- ont été ajoutées pour combler les lacunes, et celles
mation, ainsi que de l’accès à l’information et de sa qui ont été révisées.
diffusion à toute une gamme d’usagers.
Encore une fois, le niveau de détail du stockage sera
Après le traitement et le contrôle de qualité décrits au fonct ion de nombreux facteurs, comme
chapitre 9, les données seront archivées sous une l’espace de stockage disponible, le financement
forme à laquelle seront associés toute une gamme accordé au stockage et à la documentation, et le
d’outils d’analyse et de production d’information, de personnel disponible. Il faudra nécessairement
même que des outils de consultation et de diffusion. réaliser un compromis entre l’exhaustivité de
l’archive et les ressources y étant affectées. À
l’extrémité la plus complexe du spectre, un vaste et
10.2 STOCKAGE ET EXTRACTION DE complexe projet hydrologique pourra utiliser
DONNÉES un système de stockage de données permettant
un audit automatisé de toutes les modifications
réalisées, intégrant la date et l’heure où elles ont été
10.2.1 Stockage des données
faites et en identifiant l’opérateur. Il pourra aussi
Un des points les plus importants en ce qui concerne remonter la chaîne des révisions et reconstituer
la gestion des données hydrologiques est de savoir n’importe quelle version antérieure de l’ensemble
quelles données, parmi les nombreux ensembles de de données. Un système plus simple pourrait ne
données produits, devraient être conservées. Il y a de comprendre que les données brutes et l’ensemble
nombreuses étapes dans le processus de la gestion final de données, accompagné d’un fichier de notes
des données depuis leur enregistrement jusqu’à leur retraçant les décisions prises et les révisions réali-
diffusion et chacune de ces étapes manipule un ou sées. Le processus est cependant essentiellement le
plusieurs jeux de données distincts. S’il fallait même dans les deux cas:
stocker tous les ensembles de données intervenant a) Les fichiers des données brutes doivent être
au cours du processus, il en résulterait une archive conservés, que ce soit sous forme écrite (registres
déroutante et peu maniable. À l’opposé si l’archive de lectures de jauges, graphiques d’enregis-
hydrologique se réduit à un ensemble statique de trements) ou informatisée (fichiers bruts des
données traitées et validées, il n’existerait aucun enregistreurs, ou données télétransmises);
moyen de comprendre comment les données ont été b) Tous les fichiers de données traitées devraient
élaborées ou mesurées ni d’évaluer les limites du jeu être accompagnés d’enregistrements de
de données final. Un fichier traité de données de métadonnées détaillant l’origine des fichiers
débit, par exemple, ne fournit aucune information individuels et les reliant aux fichiers dont elles
sur le mode de mesure, le calcul des débits à partir sont issues;
des niveaux d’eau, sur les éventuelles révisions ni sur c) Les étapes importantes du traitement des
la façon dont elles ont été réalisées. Il est donc néces- données devraient être enregistrées, même si
saire de choisir un mécanisme de stockage réaliste les données traitées ne constituent qu’un stade
parvenant à un compromis entre ces extrêmes. intermédiaire entre les données brutes et les
données diffusées. La décision concernant l’im-
La considération fondamentale à prendre en compte portance doit être reliée à l’échelle du système
pour décider du niveau de détail du stockage de gestion des données. Par exemple, si une
concerne la reproductibilité. Dans un projet hydro- série brute de niveaux d’eau doit être seulement
logique, quelle qu’en soit l’ampleur, il est nécessaire convertie en série de débits moyens mensuels, il
que toutes les étapes allant des données brutes aux serait souhaitable de conserver au moins la série
données finales traitées, soient compréhensibles et, validée des niveaux d’eau et la série calculée des
CHAPITRE 10. STOCKAGE, CONSULTATION ET DIFFUSION DES DONNÉES I.10-5
débits journaliers en plus de la série brute et de certain nombre de critères important parmi
la série finale des débits moyens mensuels; lesquels:
d) Les modifications systématiques de parties de a) La sécurité – ceci comprenant les problèmes
chaque série devraient être documentées en d’accès et de droits administratifs pour les diffé-
regard de l’ensemble de données. Par exemple rents usagers;
l’utilisation d’une origine pour une période b) La facilité de maintenance;
d’enregistrements de hauteurs ou la conver- c) Les coûts, comprenant l’investissement initial
sion d’une période d’enregistrements de et les coûts récurrents, à savoir les licences de
hauteur par une courbe de tarage, qui doit elle- logiciels, la maintenance et le stockage;
même exister en tant qu’ensemble de données; d) La facilité d’interrogation;
e) Les modifications apportées à des valeurs e) La puissance des outils d’interrogation existants;
individuelles, par exemple l’interpolation de f) La facilité de développement d’outils d’interro-
données manquantes ou la révision séparée gation supplémentaires;
d’une valeur, devraient être documentées en g) La possibilité d’intégration ou de liaison avec
regard de chaque valeur modifiée, avec des d’autres sources d’information ou de logiciels
notes en regard de l’enregistrement pris dans d’affichage, comme les SIG;
son ensemble indiquant à l’utilisateur que la h) La faisabilité, compte tenu des infrastructures et
série a été modifiée; des exigences des technologies de l’information
f) Le jeu de données résultant aura alors un actuelles et des capacités du personnel;
catalogue complet de ce qui a été révisé et i) Un système de métadonnées, fournissant une
des causes motivant ces révisions. L’utilisa- information adéquate sur les données de la base;
teur pourra alors comprendre les raisons et j) La possibilité de fournir un accès distant ou par
les méthodes des révisions de valeurs brutes réseau – et la liaison avec des serveurs de réseaux
et, à partir des données brutes, reproduire ou sur la Toile.
l’ensemble de données.
Bien sûr, chaque instance d’une archive hydromé-
trique aura des importances différentes pour chacun
de ces aspects, et de nouveau il y aura des situations
10.2.2 Méthodes de stockage
très contrastées. Les exigences poussées d’un grand
L’une des considérations les plus importantes pour réseau national, telles que le chargement automa-
l’archivage informatisé concerne la base de données tique des données en temps réel, des liens avec des
qui sera utilisée. Le terme de base de données est outils d’analyse complexes et l’accès d’utilisateurs
parfois trompeur, désignant, dans les milieux hydro- multiples de nombreuses organisations demandent
logiques et ailleurs, à la fois le système de base de un soutien technique important et coûteux, la
données lui-même et le logiciel d’interrogation de la formation des utilisateurs et souvent le développe-
base de données, d’affichage et d’analyse des ment d’outils sur mesure. La base de données devra
données. fonctionner sur une machine à hautes performances
et des sauvegardes vers des bandes conservées en un
Chacun de ces aspects est important pour toute lieu à l’abri du feu devront être réalisées automati-
archive individuellement et quelle qu’elle soit, et quement. La base de données d’un modeste projet
sera traité séparément dans ce chapitre. peut par contre devoir être utilisée par un hydrologue
isolé. Dans ce cas le chargement, l’édition et l’analyse
Une base de données peut être simplement définie des données doivent être des opérations simples rapi-
comme un système de classement de données élec- dement maîtrisables. Il se peut que la base de données
troniques. Tout assemblage organisé de données doive être suffisamment petite pour être envoyée par
numériques est en effet une base de données. courriel à d’autres utilisateurs. L’archive hydromé-
Plusieurs aspects importants de ces assemblages trique d’un pays de petites dimensions peut se révéler
définissent la base de données la mieux appropriée essentielle pour son devenir social, environnemental
à un cas particulier, en fonction des préoccupations et économique, mais il se peut, par nécessité, qu’elle
principales des gestionnaires de données décrites ne dispose que d’un très modeste budget. La collecte
dans la section 10.2.1. de données est coûteuse et des sommes consacrées à
des systèmes trop avancés pourraient compromettre
10.2.2.1 Critères important pour les systèmes l’objectif de l’archive qui est de mesurer et de publier
de stockage de données des données hydrométriques de bonne qualité. Une
base de données doit cependant être durable: sécuri-
Lors du développement des systèmes de stockage de sée, facile à utiliser sur le matériel disponible tout en
données, on doit prendre en considération un fournissant les outils nécessaires.
I.10-6 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Les différents types de base de données (ici systèmes génériques) et le coût de maintenance des outils
de gestion de données électroniques) peuvent être développés alors que les plateformes et les systèmes
divisés selon les catégories suivantes. d’exploitation sur lesquels ils fonctionnent
évoluent. Il y a enfin le risque de ne compter que sur
un savoir maison, ce qui peut amener des difficultés
10.2.2.2 Simples fichiers ASCII
s’il n’existe pas de système de transfert de connais-
La base de données la plus simple peut être un sance, et si ce savoir vient à se perdre d’une façon ou
ensemble de fichiers ASCII contenant les données, d’une autre.
indexés sur un PC ou un périphérique. Un fichier
séparé peut être utilisé pour stocker les données
10.2.2.4 Systèmes de gestion de bases de
d’une série chronologique particulière, avec peut
données relationnelles
être un répertoire différent pour les données de
chaque station. Les avantages d’un tel système est Les Systèmes de gestion de bases de données rela-
qu’il ne coûte pas plus que l’ordinateur sur lequel il tionnelles (SGBDR) sont, comme leur nom l’indique,
est installé, qu’il est très simple à mettre en place plus que de simples bases de données. Il s’agit géné-
avec peu ou pas de connaissances informatiques, ralement d’un format spécifique de fichier pour le
que les fichiers sont faciles à retrouver, que le format stockage de données (la base elle-même) associé à
texte permet à n’importe quel utilisateur de lire des protocoles de gestion et des outils logiciels d’ac-
immédiatement les données et qu’il permet de cès. Les plus complexes de ces outils peuvent
stocker n’importe quelle sorte de données qui seront comprendre une requête complète, le reportage, des
ensuite lisibles. Les désavantages de procédé outils graphiques et de publication. Plusieurs SGBDR
tiennent à son manque évident de sécurité, à sa limi- bien connus sont disponibles dans le commerce. Ils
tation à un utilisateur unique, au manque d’outils sont très utilisés dans le monde entier et sont donc
graphiques et d’analyse et à la difficulté de dévelop- bien pratiqués et accueillis par les distributeurs et par
pement d’outils de travail sur les données. De les utilisateurs. Des techniques de développement
nombreuses organisations conservent néanmoins de nouveaux outils sont aisément disponibles. La
de tels systèmes, qui peuvent se révéler satisfaisants sécurité, le niveau d’aide à l’utilisation, la disponibi-
pour une petite structure stockant des copies de lité des outils d’interrogation, les prix et autres
données archivées ailleurs lorsqu’elles n’ont pas critères varient selon les systèmes.
besoin d’analyse. La sécurité n’est pas alors un
problème, mais la légèreté de la maintenance est
10.2.2.5 Systèmes de bases de données
d’importance primordiale.
hydrométriques spécialisés
utilisation plus aisée que la base de données elle- spécialisés disponibles, certains utilisateurs expéri-
même. De plus, beaucoup de ces outils de gestion des m e n t é s p e u ve n t avo i r d e s d e m a n d e s
données sont complétés par des outils d’analyse, supplémentaires qui seront mieux satisfaites par
capables par exemple de produire des courbes de une configuration sur mesure. Surtout, un système
débits classés à partir de données de débits, et des de base de données n’est qu’un moyen de stocker
statistiques pour l’ajustement de lois de distribution des données informatisées. Une bonne gestion de
aux pointes de crues. Parmi ces logiciels nous citerons l’archivage ne peut être obtenue que par une bonne
HYDATA, HYMOS, TIDEDA, HYSDSYS et WISKI. gestion des données.
Fonction Description
Employé chargé de Modestes connaissances requises en hydrologie et technologies de l’information, bien que des
la saisie des données données puissent devoir être téléchargées depuis des enregistreurs ou extraites de fichiers de
différents formats
Hydrologue Le travail de validation demande une connaissance experte de l’hydrologie et des régimes
hydrologiques locaux. Le travail d’analyse requiert une expertise en hydrologie
10.2.3.1 Métadonnées de l’archive d’accès, au niveau de référence ainsi que les adresses
du personnel d’exploitation local. La plupart des
Lorsqu’il consulte une archive hydrologique, les données du tableau I.10.4 s’appliquent en général
premières données à disposition de l’utilisateur aux stations météorologiques, aux stations de
devraient en concerner la description. Il s’agit en fait jaugeages et autres sites de mesure, bien que certains
de métadonnées – informations concernant l’ar- champs soient spécifiques aux stations de jaugeage
chive elle-même, qui devraient être mises à des rivières.
disposition par le gestionnaire de données comme
un moyen de distribution de l’information concer- Sur le site http://www.wmo.int/pages/prog/www/
nant l’archive. Ces données peuvent prendre la WDM/Metadata/documents.html, on trouvera des
forme décrite dans le tableau I.10.3. informations en anglais concernant le développement
de la norme sur les métadonnées de base de l’OMM.
Ces métadonnées archivées peuvent être fournies
par un système informatisé complexe, possiblement On trouvera dans Global Runoff Data Center,
interfacé à un SIG, pour permettre l’accès aux Rapport 31 (Maurer, 2004), un point du statut actuel
données et aux tables automatiquement mises à jour des métadonnées hydrologiques.
de la disponibilité des données à travers lesquelles
l’utilisateur peut naviguer. Il peut aussi s’agir d’une D’autres informations concernant les normes des
simple liasse de papiers, et cela relève de la responsa- bases de métadonnées pourront être trouvées sur les
bilité du gestionnaire de l’archive. Dans le second sites suivants:
cas, une mise à jour régulière devrait être effectuée, – USGS – Federal Geographic Data Committee’s
au fur et à mesure de la création de nouvelles stations Content Standard for Digital Geospatial Metadata:
ou de l’addition de nouvelles données. http:/www.fgdc.gov/metadata;
– Dublin Core Metadata Element Set, version 1.1
10.2.3.2 Métadonnées des stations http://dublincore.org/documents/dces/;
– ISO 8459-5 Information et documentation – Réper-
Quand les utilisateurs de l’archive sont familiarisés toire des éléments de données bibliographiques
avec la manipulation des données, ils réclament – Partie 5: Éléments de données pour l’échange de
davantage d’information. Les données décrivant les catalogues et de métadonnées http://www.iso.org/
stations sont importantes pour fournir le contexte iso/fr/iso_catalogue/catalogue_tc/catalogue_
dans lequel elles fonctionnent. Ces données four- detail.htm?csnumber=27176.
nissent également aux utilisateurs une ressource
partagée leur permettant de comprendre, par Un certain nombre d’exemples de métadonnées pour
exemple, l’importance de l’instrumentation de les systèmes hydrologiques sont disponibles, et
mesure pour les données, ou de la configuration de peuvent être consultés aux adresses suivantes:
la station. L’équipe gérant la station y stockera aussi – Niveau mondial: http://www.wsag.unh.edu/
l’information relative à sa localisation, au mode metadata/
Description de Texte bref décrivant le Nom et description du projet, date de début du projet et de
l’archive contexte et les buts du projet l’archivage, buts du projet, grandes lignes des modes de diffusion
de suivi des données
Cartes Cartes fournissant le contexte Limites du bassin versant, localisation des stations de jaugeage,
géographiques physique des données de des stations météorologiques et des autres sites de mesure, réseau
l’archive hydrographique, lacs et autres éléments importants
Sommaire des Liste des jeux de données et Sommaire, pour chaque type de données, des données conservées
données disponibilité dans la base de données, localisation référencée des mesures, et
d’autres données complémentaires également conservées telles
que données spatiales dérivées et données SIG d’autres origines,
plus un sommaire, pour chaque jeu de données, de la disponibilité
des données au cours du temps à une échelle appropriée
CHAPITRE 10. STOCKAGE, CONSULTATION ET DIFFUSION DES DONNÉES I.10-9
Les données collectées par télétransmission et Presque toutes les données dont nous avons parlé
destinées à une utilisation en temps réel, par plus haut sont soit des métadonnées descriptives
exemple pour la prévision de crues, la gestion de soit des séries chronologiques de valeurs mesurées.
réservoirs ou le suivi des étiages dans une perspec- Nous parlerons ici d’un autre type: les données
tive écologique, peuvent devoir être archivées et spatiales sont caractérisées par une substantielle
consultées dans un système différent de celui qui composante géographique. On peut citer en exemple
recueille les données du suivi régulier ou de l’éva- les cartes de stations de jaugeage, les modèles numé-
luation à long terme des ressources en eau. Ces riques de terrain et des cartes d’isohyètes de pluie.
données télétransmises subissent généralement Les données spatiales peuvent entrer dans un SIG, et
une étape simple de validation avant d’être archi- ceux-ci sont souvent utilisés pour intégrer les jeux de
vées pour leur utilisation comme entrées des données hydrologiques et spatiales.
modèles en temps réel. Cette validation peut être
réduite à vérifier que chaque valeur des données se Dans les couvertures SIG, les éléments géogra-
trouve à l’intérieur d’une fourchette prédéfinie phiques sont représentés sous différentes formes
pour la station considérée, et que la différence avec (figure I.10.2):
la valeur précédente n’est pas trop importante. Ainsi, a) Polygones – les données sont les formes de
une pluie de 15 minutes doit être un chiffre positif surfaces comme les pays ou les bassins;
mais inférieur à la plus forte pluie sur 15 minutes b) Lignes – les données sont des lignes avec des
jamais enregistrée dans la région considérée, avec attributs associés, les rivières par exemple;
peut être une tolérance de 10 %. Les données de c) Points – les données sont des points discrets, par
hauteur d’eau des rivières doivent aussi se situer exemple les stations de jaugeage des rivières ou
au-dessus du niveau du lit ou de celui de la crête du des pluviomètres;
déversoir, et on peut en général fixer également un d) Maillage – la région est divisée en mailles carrées
maximum convenable. De plus, à partir de l’analyse et l’attribut correspondant à ce carré (les préci-
d’épisodes antérieurs de crues importantes, on peut pitations par exemple) y est stocké avec d’autres
déterminer un taux vraisemblable de croissance sur attributs.
15 minutes. Lorsque les données dépassent ces
limites, elles devraient malgré tout être enregistrées On appelle attributs les caractéristiques de ces
dans le fichier des valeurs brutes, mais marquées éléments géographiques. Par exemple chaque poly-
comme suspectes, et un message d’alerte devrait gone d’une couverture géologique peut avoir pour
être affiché à l’intention des opérateurs du modèle. attribut la lithologie ou le type de l’aquifère.
Lorsque des données suspectes auront été Dans le cadre de cet exposé, les données spatiales
identifiées, il existe un certain nombre d’options pour pour l’hydrologie peuvent être divisées en deux
tout modèle de prévision ou d’aide à la décision: catégories:
a) On peut accepter la donnée suspecte et faire
tourner le modèle comme si de rien n’était, bien
Cartes physiques
qu’il s’agisse rarement d’une option raisonnable;
b) On peut faire tourner le modèle en traitant la Les cartes physiques constituent une ressource
donnée suspecte comme manquante, c’est-à-dire inestimable pour les études hydrologiques et
en supposant qu’il n’y a pas eu de pluie pendant la représentent encore la principale source de
période considérée, ou qu’il n’existe pas de niveau données spatiales dans de nombreux pays. Elles
d’eau ou de débit auquel comparer une prévision; peuvent comprendre des cartes spécialisées, telles
c) On peut remplacer une donnée manquante par que celles représentant la couverture des sols, la
une approximation quelconque. On peut ainsi géologie ou la pluviométrie, ou il peut s’agir de
extrapoler les niveaux des rivières à partir des cartes nationales représentant de nombreuses
valeurs précédentes, et les données de précipi- caractéristiques telles que villes, routes, courbes
tations peuvent être estimées à partir d’autres de niveau et rivières. On devrait considérer les
pluviomètres, ou on peut retenir les valeurs cartes physiques comme un élément central d’une
moyennes saisonnières. archive hydrologique, et elles constituent une
source préliminaire utile de référence, fournissant
Les données manquantes sont traitées au cas par un précieux contexte aux données météorolo-
cas selon les exigences de la modélisation. Le sujet giques ou issues des stations de jaugeage. Elles
de la modélisation est traité dans le chapitre 6 du devraient donc être conservées dans des coffres,
Volume II. des casiers ou dans des encadrements adéquats.
CHAPITRE 10. STOCKAGE, CONSULTATION ET DIFFUSION DES DONNÉES I.10-11
Champ Description
Nom Idéalement, le meilleur nom d’une série devrait renvoyer instantanément à son contenu,
par exemple débit moyen journalier, ou écoulement total mensuel, plutôt que séries de
débit 1 ou séries de débit 2
Type de série Variable mesurée, par exemple pluie, débit, niveau d’eau
chronologique
Statistiques de mesure Indique comment la donnée a été dérivée, ou la statistique stockée: moyenne, instantané,
total, maximum, etc.
Unités Indique l’unité dans laquelle les données sont stockées
Pas de mesure Fréquence selon laquelle la mesure est faite, ou période sur laquelle la statistique a
été calculée, par exemple journalière, mensuelle, toutes les 15 minutes. Les données
enregistrées irrégulièrement sont aussi prises en compte et dénommées séries
chronologiques instantanées
Période d’enregistrement Date du début (et parfois de la fin) de la série chronologique
Limites statistiques On recommande souvent d’estimer a priori, avant de débuter les prises de mesures, le
maximum et le minimum des valeurs de la donnée à titre de moyen de validation des
données. Cela est particulièrement utile si des méthodes de validation automatiques
peuvent extraire les valeurs sortant de la fourchette recommandée. Suite à la mesure
d’événements extrêmes, ces statistiques de limites peuvent être réinitialisées plus
précisément. Des seuils de croissance ou de décroissance internes peuvent également
être utiles, si les méthodes pratiquées de validation des données en font usage, comme ce
peut être le cas de statistiques dérivées plus complexes. Ces statistiques ne devraient être
qu’indicatives, car des valeurs hors de ces limites peuvent être parfaitement valables et ne
devraient pas être éliminées
Autres caractéristiques des D’autres informations s’appliquant à la série dans son ensemble peuvent aussi être
séries chronologiques de conservées à ce niveau, telles que la date des mesures (indiquant sur quelle période la
niveau moyenne et autres valeurs devraient être calculées) et le zéro de l’échelle, s’il est valable
pour la période entière
procédures à partir des données ponctuelles de leur procédé de fabrication. Tout ensemble significa-
pluviomètres. Les courbes de niveau, si elles sont tif et utile de données intermédiaires créé devrait être
précisément numérisées peuvent être extrapolées archivé comme il convient.
pour créer un modèle numérique de terrain. Utilisant
les courbes de niveau ou un modèle numérique de
10.2.3.6 Considérations de gestion
terrain, les frontières du bassin relatif à une station de
jaugeage, peuvent être ajoutées manuellement selon Lorsque l’on gère des données et informations
une nouvelle famille de lignes. Si de telles cartes déri- hydrologiques il est important de ne pas oublier:
vées sont stockées dans une archive hydrologique, il a) Les marqueurs de validation ou de contrôle de
faudrait prendre en matière de reproductibilité les qualité (sections 9.8 et 9.9);
mêmes précautions que celles signalées dans la b) Les commentaires textuels des opérateurs
section 10.2.1. À chaque carte dérivée devraient être et des utilisateurs de données (sections 9.7
associées dans l’archive des métadonnées décrivant et 9.8);
Figure I.10.2. Exemples de données maillées (pluie), curvilignes (rivières), ponctuelles (stations de
jaugeage) et polygonales (bassins), dans le sens des aiguilles d’une montre depuis en haut à gauche
CHAPITRE 10. STOCKAGE, CONSULTATION ET DIFFUSION DES DONNÉES I.10-13
Nous avons déjà mentionné l’importance d’un En hydrologie, la majeure partie des bases de données
contrôle adéquat des ensembles de données d’entrée. d’archive sont mises à jour en deux étapes au moins.
Il est également capital de connaître le statut de toutes Ces étapes sont représentées sur la figure I.9.2. La
les données durant les différentes étapes de leur vali- première étape consiste en une mise à jour mensuelle
dation et de leur mise à jour, tout particulièrement correspondant à la fréquence habituelle du repor-
lorsque des valeurs suspectes ont été repérées et tage de données. La répartition des quatre activités
qu’une réponse est attendue de la part des personnes entre différentes sessions d’ordinateur dépend de
chargées du contrôle de qualité. l’utilisateur et des ressources physiques du système.
Si la plupart des fichiers sont archivés sur bande, il
Initialement, tout le processus de contrôle des sera probablement impossible de traiter mensuelle-
données peut être effectué manuellement mais, en ment tous les lots de données avec un seul
fin de compte, quelques fonctions pourront être programme, car il faudrait de trop nombreux lecteurs
automatisées, dans le cadre des activités générales de bandes. Il peut être alors recommandé de ne pas
du traitement informatique des données. calculer de valeurs dérivées, comme les débits ou
l’évapotranspiration, avant d’avoir contrôlé manuel-
L’automatisation permet de procéder à des contrôles lement toutes les données de base.
de routine du statut d’un lot de valeurs, à des
résumés de validation, ou encore de repérer l’empla- Pour l’utilisateur final, le résultat de cette première
cement physique des données dans le système, par étape de mise à jour consiste en rapports mensuels.
exemple le numéro de la bande ou du volume sur le Pour la gestion de la base de données, le plus
disque et les noms des lots de données. Un tel important est d’obtenir des fichiers de travail
contrôle est essentiel lorsque de grandes quantités annuels mis à jour. Si cette première étape ne
de valeurs doivent être traitées. traite que des blocs de données mensuels, il peut
s’avérer nécessaire de conserver des fichiers
Le personnel chargé du contrôle des données devrait incomplets. Cela peut survenir lorsqu’on utilise
être responsable des tâches suivantes: des enregistreurs informatiques et que le support
a) Enregistrement des lots de données entrants et d’enregistrement est habituellement changé à
acheminement de ces lots vers les systèmes de intervalles de temps irréguliers. Ainsi, lorsqu’on
saisie appropriés; traite les données du mois 1, il peut y avoir sur le
b) Contrôle et enregistrement des statuts de saisie support quelques valeurs mesurées pendant le
des données et de l’introduction ultérieure des mois 2. Dans ce cas les données du mois 2 sont
données pour la première phase de validation et conservées dans un fichier temporaire jusqu’à ce
de traitement; que toutes les valeurs de ce mois soient dispo-
c) Acheminement des comptes rendus de valida- nibles au cours du mois 3. Cette opération se
tion au personnel de traitement des données répète et on complète le fichier pour le mois 2
hydrologiques et réception des données éditées; tandis qu’on obtient un nouveau fichier incom-
d) Répétition des étapes a) à c) jusqu’à ce que tous plet pour le mois 3. On rencontre rarement ce
les lots de données aient été acceptés pour la problème avec des rapports manuels ou des
phase de mise à jour; stations utilisant la télétransmismission. Si le
e) Transmission des résumés statistiques men- support informatique exige un prétraitement, il y
suels et annuels aux agences et au personnel a toujours la possibilité de fractionner les fichiers
concernés. et de reconstituer ensuite des fichiers mensuels
qui pourront être prétraités sur (micro) ordinateur
La nature exacte des travaux à réaliser dépend surtout avant d’être soumis à la machine principale de
de la possibilité qu’ont les utilisateurs individuels traitement.
d’accéder aux données pour les éditer. Dans les
systèmes en ligne, où les utilisateurs effectuent eux- Lorsque les données mensuelles on subi les contrôles
mêmes leur propre contrôle de qualité, les de validation – et ont été soumises au traitement
I.10-14 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
primaire indispensable (chapitre 9) – elles sont inté- constantes répétitives. Ainsi, il n’est pas néces-
grées aux fichiers de l’année en cours. Si elles n’ont saire de stocker une période de 10 jours sans
pas passé avec succès les contrôles de validation, pluie sous forme d’un ensemble de 10 zéros,
elles doivent être examinées manuellement avec mais d’un facteur de répétition 10 suivi par la
minutie et, lorsque des erreurs sont détectées, il valeur zéro;
faut leur appliquer le traitement décrit dans la d) L’utilisation d’une version améliorée de la
figure I.9.2. méthode c), qui supprime complètement les
données redondantes. Celles-ci proviennent de
Afin d’assurer un flux adéquat des données, il est l’enregistrement, souvent lui-même redondant,
généralement nécessaire de commencer le traite- de phénomènes hydrologiques par certains
ment des lots mensuels de données au plus tard du types d’instruments de terrain, en particulier
10 au 15 du mois suivant. Si on ne peut le faire à ce avec les enregistreurs à pas de temps constant.
moment, il est à craindre que la saisie et le traitement Par exemple, dans la séquence 40, 50, 60, il est
complet des données provoquent un retard dans les évident que la valeur centrale peut être déduite
mises à jour annuelles des fichiers. des deux autres par interpolation. Des logiciels
ont été développés pour analyser les données et
Le but du cycle annuel de mise à jour est d’intégrer éliminer toutes celles qui peuvent être interpo-
le fichier de travail annuel à la base de données lées linéairement avec une marge de tolérance
historiques. Ce transfert implique un changement définie à l’avance. Cette technique réduit
de statut qui transforme les données de travail en considérablement les besoins en espace de
références hydrologiques de qualité contrôlée. C’est stockage tout en conduisant à une diminution
pourquoi il faut s’assurer que, dans la mesure du négligeable de l’information. L’utilisation du
possible, le plus possible de questions portant sur système TIDEDA en Nouvelle-Zélande [SHOFM
des valeurs douteuses aient reçu une réponse avant G06.2.01] a abouti à diviser par un facteur allant
la mise à jour annuelle. Les données résultant de de deux à douze l’espace de stockage utilisé;
l’étape du traitement annuel peuvent être utilisées e) L’utilisation de valeurs relatives à la place des
pour l’élaboration des annuaires hydrologiques. valeurs absolues. Par exemple, le niveau d’eau
dans un puits de forage peut être noté par
rapport à son altitude absolue ou, plus écono-
10.2.3.9 Compactage et exactitude
miquement, par rapport à une quelconque
Lors de la mise à jour d’une base de données, le fait référence altimétrique locale ou au niveau
de compacter les données de manière à utiliser au d’eau moyen. Ne seront alors stockées que les
mieux l’espace mémoire est considéré comme différences aux valeurs précédentes. Les valeurs
étant une opération essentielle du processus. La à stocker, plus petites, demanderont moins
technique de compression est décrite dans Guidelines d’espace de stockage. Un certain équilibre
for Computerized Data Processing in Operational doit être trouvé entre le niveau de compac-
Hydrology and Land and Water Management (WMO- tage des données et les inconvénients qui en
No. 634). Cependant, les techniques tendent à être résultent. Un niveau élevé de compression rend
propres aux différentes machines, et les différents l’archivage plus efficace mais rend en effet aussi
systèmes de base de données hydrologiques peuvent nécessaire l’utilisation de routines complexes
en utiliser d’autres encore. Il s’agit de: de compactage et de décompactage chaque
a) L’utilisation de nombres entiers pour le stockage, fois que l’on introduit ou que l’on extrait des
lesquels sont ensuite remis à l’échelle correcte lors données. Le degré de compactage optimal
de la sortie des valeurs. Par exemple, les précipi- des données devrait tenir compte des limites
tations journalières, mesurées avec une précision relatives de l’espace mémoire et des capacités
de 0,1 mm peuvent être mémorisées en dixièmes de calcul propres à chaque installation. Il sera
de millimètre (nombre entier), puis être ensuite aussi fonction de la capacité du personnel à
divisées par dix pour la sortie. La mémoire néces- développer le logiciel. Quant à l’exactitude des
saire est ainsi réduite de moitié: un nombre entier valeurs stockées, elle est rarement supérieure
occupe deux octets de mémoire contre quatre à 1 pour 1 000 en ce qui concerne les données
octets pour un nombre réel (décimal); hydrologiques. C’est la raison pour laquelle la
b) L’utilisation de fichiers de données non formatés plupart des bases de données hydrologiques
(binaires) à la place des fichiers ASCII habituels. ne conservent que des valeurs à trois ou quatre
Non seulement les données binaires occupent chiffres significatifs. Ainsi, un débit calculé de
moins de place mais elles sont, de surcroît, plus 234,56 m3 s–1 peut être stocké sous forme de
rapidement stockées et extraites; 235 m3 s–1. Cette pratique permet également
c) L’utilisation d’un compteur pour des valeurs d’économiser de la mémoire.
CHAPITRE 10. STOCKAGE, CONSULTATION ET DIFFUSION DES DONNÉES I.10-15
10.2.3.10 Structure des fichiers physiques mémoire. Une telle technique est avantageuse pour
les données de qualité des eaux, car les variables
La structure séquentielle des fichiers est simple et observées diffèrent considérablement d’une station
peut être réalisée sur n’importe quel support de stoc- à l’autre, mais aussi pour une même station au cours
kage. Elle peut être adaptée aux séries chronologiques du temps.
qui sont introduites, et la plupart du temps consul-
tées, de façon séquentielle. Le stockage de la plupart Les données conservées sur bandes magnétiques,
des données hydrologiques sur des fichiers séquen- support le plus répandu pour l’archivage de base de
tiels indexés est très intéressant, parce qu’il permet données de grand volume, doivent nécessairement
de conserver la nature séquentielle des données sur l’être sous forme séquentielle. Cependant, lorsque
le support de stockage. Il existe cependant des possi- des fichiers sont transférés d’une bande à un disque,
bilités d’accéder directement à un seul ou à un on peut employer quelques-unes des méthodes
groupe d’enregistrements. d’accès direct décrites ci-dessus. Quelle que soit la
méthode utilisée, nous recommandons que tous les
La structure à accès direct, comme aussi celle des grands fichiers de la base de données soient de type
fichiers séquentiels indexés, s’applique seulement non formaté (binaire).
aux fichiers mémorisés sur disques ou disquettes,
mais soumet le système à des contraintes plus fortes Certains systèmes de base de données utilisent une
en termes de volume de stockage. On peut aussi combinaison de techniques de façon à maximiser
accéder directement et plus rapidement aux enregis- l’efficacité du stockage et de l’extraction des données.
trements individuels s’ils sont recherchés de manière On y parvient en stockant de grands groupes de
aléatoire. Par l’utilisation de doubles indices (poin- données séquentielles dans des enregistrements
teurs), les données se trouvant dans des fichiers à uniques à accès direct ou dans des fichiers séquen-
accès direct peuvent être associées de façons efficaces tiels indexés. Grâce à cette méthode, les données
et complexes. journalières et même horaires de chaque station et,
pour chaque année, peuvent être stockées sous forme
Si la base de données hydrologiques a été conçue de d’enregistrement physique unique dans un fichier à
façon à permettre une manipulation interactive en accès direct ou séquentiel indexé. Pour extraire les
ligne de données en ligne, les fichiers doivent être données d’un mois donné, on peut accéder sur le
disponibles sur disques, et il devrait être possible disque directement à l’enregistrement annuel de la
d’utiliser des fichiers séquentiels indexés ou à accès station en question. Cet enregistrement est ensuite
direct. À vrai dire, leur utilisation est primordiale transféré dans une mémoire tampon à partir de
afin d’obtenir des temps de réponse acceptables, laquelle les valeurs du mois recherché peuvent être
lorsqu’on manipule de grandes quantités de rapidement lues. L’utilisation de Systèmes de gestion
données. de bases de données (SGBD) devrait amener à faire
quelques remarques. Ces systèmes se fondent inva-
Lorsque l’accès en ligne aux données n’est pas une riablement sur l’utilisation de fichiers à accès direct.
priorité, il peut valoir la peine de conserver en Il faut les employer avec précaution, à moins que les
fichiers séquentiels des données chronologiques à formats d’entrée et d’extraction des données soient
une seule variable, telle que les niveaux d’eau ou les connus (et relativement similaires), et qu’il existe
précipitations, parce que ces fichiers sont habituelle- une maintenance suffisante des logiciels. Il est
ment utilisés pour l’extraction d’une séquence recommandé d’adopter une approche graduelle et
temporelle de données. Dans le cas de fichiers chro- évolutive dans l’usage des SGBD.
nologiques à variables multiples, une organisation
séquentielle indexée ou à accès direct peut être De nombreuses agences testent actuellement des
préférable. systèmes de bases de données relationnelles permet-
tant le stockage combiné des données et d’autres
Si une variable donnée n’a été mesurée qu’à informations. Les progrès dans ce domaine devraient
certaines stations, il faudra néanmoins passer en être suivis attentivement.
revue les fichiers séquentiels de toutes les stations
pour savoir si cette variable y a été mémorisée ou
10.2.3.11 Structure des fichiers logiques
non. Dans certains types de fichiers à accès direct, il
est possible d’associer un pointeur à chaque La structure logique des données comprend deux
variable. Ce pointeur signale l’emplacement du aspects: les groupements principaux qui déter-
prochain enregistrement provenant d’une station minent le nombre de fichiers et les ensembles de
ayant mémorisé une valeur de la même variable. On variables qui composent les enregistrements de
peut ensuite accéder directement à cet endroit de la chaque fichier.
I.10-16 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Une base de données hydrologiques complète La relation entre ces différents types de fichiers est
contiendra les groupes de fichiers suivants: représentée sur la figure I.10.3.
a) Les fichiers de référence du système, comprenant
les listes de codes (fichier répertoire) utilisés pour D’un point de vue organisationnel, il est possible de
le contrôle de la saisie des données, le codage grouper toutes les informations de type b) et c) dans
des données pour leur stockage et le décodage des fichiers uniques, ou de les répartir dans des
pour leur extraction. Si un quelconque système fichiers historiques ou d’usage courant. Cela permet
de codage des données spatiales est utilisé, il d’attribuer aux fichiers courants un format et une
faudra alors fournir les fichiers de références taille normalisés. Le type de structure à choisir est
géographiques et/ou hydrologiques; surtout dicté par la quantité de données descriptives
b) Les fichiers descriptifs des stations, allant des qui doivent être conservées dans les fichiers infor-
simples fichiers ne comprenant que le numéro, matiques par rapport à celles qui doivent l’être dans
le nom et le type de la station, avec son empla- les fichiers manuels.
cement et la liste des instruments dont elle
est équipée, aux fichiers détaillés, tels que Il est utile de passer en revue les possibilités exis-
ceux renfermant toutes les informations des tantes pour stocker des séries chronologiques de
diagraphies de puits ou de forages; différents types dans un même fichier physique.
c) Les fichiers d’étalonnage, contenant les infor-
mations de base détaillées permettant de calcu- Au niveau le plus rudimentaire, on affecte à chaque
ler les variables dérivées, habituellement station station son propre fichier dans lequel les données
par station. Citons comme exemple les courbes sont classées par ordre chronologique. Cette tech-
de tarage des stations débitmétriques et les coef- nique est surtout bien adaptée aux petits lots de
ficients de calage des capteurs climatologiques données ou pour la conservation de données sur
et de qualité des eaux. Certaines données sont bandes. Cependant, ce système élémentaire devient
indépendantes des stations, comme les coef- extrêmement difficile à gérer dans le cadre de réseaux
ficients de calage des moulinets, les tables de hydrologiques, car ceux-ci peuvent être composés de
référence pour les heures théoriques d’ensoleil- plusieurs centaines de stations de différents types, ce
lement ou de radiation incidente; qui implique un très grand nombre de fichiers.
d) Les fichiers chronologiques, contenant les séries
d’observations faites aux stations hydrologiques. À un niveau supérieur, celui appliqué dans la
Ces fichiers peuvent être composés de séries plupart des systèmes de base de données hydrolo-
à une ou à plusieurs variables pouvant être giques, on utilise des fichiers regroupant de
observées selon un pas de temps fixe ou variable. nombreuses stations et où chaque fichier contient
Fichier de référence
Fichier
hydrologique/
dictionnaire
Fichiers de traitement géographique
du système
Localisation de
Codage la station
Décodage
des données d’un type différent. Ces données 10.3 EXTRACTION DES DONNÉES
peuvent être de type hydrologique, comme les
valeurs journalières de débit, ou peuvent représen-
10.3.1 Outils d’analyse des données
ter une composition de séries chronologiques, par
exemple plusieurs variables enregistrées simultané- Les outils d’analyse de données peuvent être soit un
ment à pas de temps fixe. Dans le premier cas un système intégré travaillant sur la même base de
fichier journalier sera constitué par exemple de données, soit des outils indépendants manuels et
toutes les données débitmétriques quotidiennes informatisés destinés à accomplir les tâches de
enregistrées à toutes les stations du réseau hydrolo- création d’une archive (voir tableau I.10.6).
gique. Si le fichier est structuré de façon séquentielle,
il sera classé par station et, pour chaque station, Au cours du développement d’outils d’extraction, il
classé en fonction du temps. Dans le second cas, le sera nécessaire d’identifier les besoins et demandes
fichier contiendra toutes les mesures journalières, des utilisateurs, et de s’assurer que les outils dévelop-
sans tenir compte de leur type hydrologique, et il pés y répondent. Cela nécessitera de prendre en
sera classé par type et par numéro de station. Les compte les demandes pour:
deux cas précités sont utilisés dans le système a) Une série simple – par exemple les débits
WATSTORE (Archivage et extraction de données journaliers ou mensuels d’une période donnée;
hydrologiques) (Kilpatrick, 1981), qui comprend b) Une série multiple – par exemple les données
cinq grands fichiers: un pour les données d’en-tête de débit d’un ensemble de stations ou des
de la station (description) et trois pour les données données concomitantes de précipitations et
regroupées par type hydrologique (qualité des de débit;
eaux, débits de pointe, inventaire des sites de c) Une valeur singulière à l’intérieur d’une série
mesure des eaux souterraines). Quant au cinquième, (pour la modélisation ou l’affichage d’un
il est constitué des valeurs journalières classées par SIG) – par exemple, le pic annuel de débit d’une
ordre chronologique. Ce dernier fichier contient station ou la pluie moyenne annuelle d’un
des valeurs observées quotidiennement ou en ensemble de stations.
continu, mais numériquement réduites à des
valeurs journalières. On peut aussi stocker des Il faudrait que les données et l’information soient
valeurs instantanées mesurées à pas de temps extraites de la base selon différents formats, de façon
constant, des valeurs moyennes journalières et des une fois encore à satisfaire les besoins des utilisa-
données statistiques telles que les valeurs journa- teurs, tels que les suivants:
lières minimales et maximales. En 1981, ce fichier a) Fichier descriptif – une gamme d’informations
contenait 190 millions de données journalières se provenant de différentes sources décrivant les
rapportant aux débits, aux niveaux d’eau, aux données disponibles et leurs caractéristiques;
contenus de réservoirs, aux températures de l’eau, b) Fichiers ASCII (section 10.2.2.2);
aux conductivités électriques, aux concentrations c) Fichiers décimaux CSV (Valeurs séparées par
de sédiments, aux débits solides et aux niveaux des des virgules) – C’est un format délimité dont
eaux souterraines. les champs ou colonnes sont séparés par le
caractère «virgule» et dont les enregistrements
Au plus haut niveau d’intégration (autre que celui se ou lignes sont séparés par un caractère «retour
basant sur l’utilisation d’un SGBD), il existe des chariot». Les champs contenant un caractère
systèmes qui traitent tous les types de données chro- spécial (point, retour chariot ou guillemet)
nologiques sous un seul format de classement et les doivent être encadrés par des guillemets. Toute-
stockent dans un seul fichier physique. Une telle fois, si une ligne contient une entrée constituée
approche, utilisée par le système néo-zélandais de la chaîne vide, elle peut être encadrée par des
TIDEDA simplifie grandement la conception des guillemets;
logiciels développés pour la gestion et l’extraction d) Autres formats définis par l’utilisateur.
des données, parce qu’il se réfère à un format de stoc-
kage normalisé. Le système australien HYDSYS et le
système du Royaume-Uni HYDATA, disponibles en 10.3.2 Extraction de données à une seule
tant que composantes du SHOFM, sont des systèmes variable
similaires de traitement et de stockage des données.
De plus amples détails sur la manière dont les valeurs Le stockage de données sous forme de séries chrono-
sont traitées par ces systèmes se trouvent dans logiques multiples est parfois source de lacunes ou de
Guidelines for Computerized Data Processing in pertes d’efficacité, étant donné le grand nombre de
Operational Hydrology and Land and Water variables observées au même site de mesure et la
Management (WMO-No. 634). manière dont ces valeurs en sont extraites.
I.10-18 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Tableau I.10.6. Outils d’analyse des données cette technique est employée pour de nombreuses
variables, le temps de stockage de l’indicateur peut
Outil Description devenir considérable. Une solution à ce problème
consiste à écarter du système des variables impor-
Outils d’entrée des Entrée manuelle au clavier, tantes (celles pour lesquelles l’accès individuel est
données logiciels et matériel pour le fréquent) et à les stocker sous forme de séries chro-
téléchargement des enregistreurs, nologiques à une variable. Cette pratique est
logiciel de reformatage, feuille courante pour les données des précipitations obser-
de calcul habituelles pour le vées aux stations climatologiques. Le meilleur
formatage et le stockage de moment pour extraire ces variables importantes est
données, outils de gestion
automatisée des données en
lors de la mise à jour annuelle, quand les données
temps réel validées sont transférées dans les fichiers d’archives.
Outils de traitement Par exemple, logiciel et matériel
de traitement primaire pour
On devrait souligner que la décision d’extraire ainsi
numériser les enregistrements une variable dépend de l’anticipation faite de la
graphiques; ou outils logiciels de fréquence d’accès qui lui sera nécessaire: des extrac-
traitement secondaire pour, par tions fréquentes sont un argument en faveur de sa
exemple, la conversion en débits séparation d’un lot de variables multiples. Moins le
des hauteurs d’eau nombre de stations où l’on observe une telle variable
Outils de validation Logiciel pour l’affichage des est important, plus la recherche avec variables
graphiques et la correction des multiples est inefficace, et plus le format à une seule
données, logiciel de tracé des variable se justifie.
courbes de double cumul, calcul
des maximums et minimums des
hydrogrammes, etc.
Si, comme c’est habituellement le cas avec les
données de qualité des eaux, les extractions sont
Outils d’analyse Logiciel (y compris feuilles de
faites pour plusieurs variables se rapportant à la
calcul) pour la production de
statistiques comme les courbes de même heure d’observation, il est alors probablement
débits classés plus commode de conserver le format original des
variables multiples.
Outils d’interrogation Outils logiciels pour l’extraction
de valeurs de données spécifiques
ou de statistiques des données 10.3.3 Systèmes d’extraction de données
archivées
Outils de reportage Outils logiciels pour produire, L’extraction des données est discutée en détail dans
aux fins de diffusion, des rapports Guidelines to Computerized Data Processing in
et jeux de données à partir des Operational Hydrology and Land and Water
données archivées Management (WMO-No. 634). Un des principaux
avantages du traitement informatique des données
est la possibilité qu’il offre d’extraire rapidement des
ensembles choisis de données. Des systèmes perfor-
Ainsi, les données climatologiques, après leur utili- mants d’extraction permettent aux hydrologues ou
sation pour le calcul de l’évapotranspiration aux planificateurs des ressources en eau de se consa-
potentielle, servent à en extraire des variables indivi- crer à l’analyse des données plutôt que de passer du
duelles. De telles extractions sont nécessaires lors de temps à localiser, à collationner et à traiter manuelle-
l’interpolation spatiale et/ou la représentation ment des données. Un système complet d’extraction
cartographique de données, comme par exemple les devrait posséder les caractéristiques suivantes:
valeurs de température pour le calcul de la fonte des a) Un large choix de critères de sélection des
neiges ou les valeurs de radiation pour l’estimation données – en général, on devrait sélectionner
quantitative des futures récoltes. Le processus d’ex- par types de variable, par bassins versants, par
traction sera inefficace si toutes les stations doivent stations de mesure, par périodes d’enregistre-
être examinées, même si le paramètre n’a été observé ment ou encore, selon la valeur (ou l’amplitude
qu’à quelques-unes d’entre elles. de variation) d’une variable. De plus, il devrait
être possible de sélectionner des données sur la
Comme on l’a déjà vu (section 10.2.3.10), on peut base de n’importe quelle combinaison de ces
résoudre ce genre de problème en utilisant des poin- critères;
teurs de données, enregistrés avec chaque valeur. Ils b) La capacité d’interpoler et/ou d’agréger les
indiquent sur l’enregistrement l’emplacement de la données dans le temps et dans l’espace – il
prochaine valeur de la même variable. Cependant, si est en particulier très important de pouvoir
CHAPITRE 10. STOCKAGE, CONSULTATION ET DIFFUSION DES DONNÉES I.10-19
transformer des séries chronologiques à pas de L’extraction des données peut se faire de trois
temps variable en séries à intervalle constant manières différentes:
d’une part et, d’autre part, d’agréger des séries a) Extractions périodiques de données – ce sont des
à pas de temps rapprochés en séries de totaux résumés, pour chaque station, de données et de
ou de moyennes sur une base de temps plus valeurs statistiques produits mensuellement et
longue (par exemple, la conversion de données annuellement;
horaires en données journalières, ou de valeurs b) Extractions selon les besoins de l’utilisateur –
journalières en valeurs décadaire). Si l’on utilise après avoir consulté les annuaires hydrologiques
un système géographique/hydrologique géo- ou les catalogues de données, les utilisateurs
référencé, on doit aussi pouvoir procéder à des peuvent demander une extraction en utilisant
ajustements spatiaux des données; un formulaire ad hoc, et l’extraction sera alors
c) Calcul de statistiques élémentaires – il devrait traitée comme une tâche séquentielle normale.
être possible de calculer quelques valeurs statis- Ainsi, il faut pouvoir compter sur des opérateurs
tiques élémentaires pour la (les) période(s) ou d’autres techniciens en informatique, qui
d’enregistrement choisie(s), comme les totaux introduiront la demande dans le système à l’aide
(si nécessaire), les moyennes, les écarts-types et de logiciels d’extraction de données. Le formu-
les amplitudes de variation. Le système courant laire de demande d’extraction devrait tenir
d’extraction des données peut de plus offrir compte des nombreuses possibilités de sortie;
la possibilité de calculer des éléments plus c) Extraction en ligne (interactive) des données –
complexes, comme des corrélations croisées, des il existe différentes méthodes de spécification
régressions multiples, une analyse probabiliste, interactive d’extraction de données. Du fait de
etc. Il est aussi possible de soumettre les données leurs utilisations potentiellement très vastes,
sélectionnées à un progiciel statistique (ou elles sont développées ci-après.
programme utilisateur) tel que décrit ci-dessous;
d) Choix du format de sortie – cette caracté- Comme nous l’avons déjà vu dans ce chapitre et en
ristique devrait permettre la publication directe particulier dans la figure I.10.4, l’existence d’une
des données sous forme (spécifiée) de tableaux base de données principale en ligne permet une
ou de graphiques et aussi de créer des fichiers extraction interactive des données. Cependant, à
de données dont le format soit compatible avec l’exception des systèmes traitant de petites quanti-
un traitement informatique ultérieur. Dans ce tés de données ou de ceux dont la capacité de la
cas, l’ensemble de données extraites peut être mémoire à disque est très importante, la majeure
stocké en vue d’applications statistiques ou partie des bases de données doivent être stockées de
de programmes spécifiques à l’utilisateur. Un façon indépendante hors ligne. Ainsi, les méthodes
format de sortie bien choisi pourrait convenir interactives directes sont habituellement destinées
aux échanges de données hydrologiques, au à l’extraction de quantités limitées de valeurs (les
niveau national ou international; plus récentes). Certains systèmes offrent aux utili-
e) Sélection des organes de sortie – le choix des sateurs éloignés la possibilité d’adresser un message
dispositifs de sortie devrait être le plus étendu aux opérateurs, pour leur demander l’accès à un
possible. Il devrait comprendre au minimum volume particulier et hors ligne de la base de
une imprimante, une unité de visualisation données. Néanmoins, de telles demandes sont rare-
(UDV), un fichier disque et, si possible, une table ment satisfaites immédiatement et cette technique
traçante. Les données qui doivent être copiées peut même devenir très lourde en termes de taux
sur bande ou sur disquettes sont normalement d’occupation des terminaux et de coûts de
stockées au préalable sur le disque dur, avant transmission.
d’être transférées à l’aide d’un programme utili-
taire indépendant, faisant appel à différentes Le moyen probablement le plus efficace de spécifi-
variables spécifiques à l’utilisateur. cation interactive d’extraction des données est la
procédure de traitement à deux niveaux. Dans une
Les données extraites, particulièrement celles desti- première étape, un programme interactif permet à
nées à être imprimées sous forme de tableaux, l’utilisateur de préciser quelles valeurs il désire
doivent conserver leurs codes et les indicateurs extraire, et dans une seconde étape, sa demande est
relatifs à leur statut et à leur fiabilité (section 9.3). automatiquement traitée comme un travail séquen-
tiel et la réponse est livrée par la suite. L’interface
Les fichiers descriptifs des stations ou les catalogues machine/utilisateur est appelée «système à menus».
de données devraient renseigner l’utilisateur sur En raison de la faculté qu’a l’ordinateur de gérer lui-
la fiabilité générale des données et/ou leur non-fiabi- même l’affectation de ses ressources, il est beaucoup
lité durant des périodes bien précises. plus efficace d’extraire de grandes quantités de
I.10-20 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
3
Écran 1
1. Fichiers de Données d’entrée de base
travail (+ copies)
Corrections de
données en ligne
3
Écran 2 Fichiers de la base de
3. Catalogue 2. Fichiers de la
base de données données hydrologique
Extractions/ récente principale (+ copies)
requêtes
Écran
4. Jeux de données
utilisateurs
Applications
données en mode séquentiel, particulièrement s’il périodicités sur les précipitations dans certaines
s’agit d’extraire des données provenant de volumes parties du monde. De plus, compte tenu des preuves
indépendants. évidentes d’un réchauffement global et des modifica-
tions climatiques qui lui sont associées, les
La discussion ci-dessus se rapporte avant tout à scientifiques et les ingénieurs ont besoin de longs
l’extraction interactive de données, dans le cadre de enregistrements pour détecter et suivre les tendances
systèmes d’inventaires hydrologiques. Cependant, la des précipitations, du débit des rivières et de la
possibilité de réviser les données collectées et recharge des eaux souterraines pour permettre l’éla-
stockées dans un système d’exploitation en temps réel boration de plans contingents visant à faire face à une
constitue peut-être un besoin encore plus essentiel. modification des ressources en eau.
Des options d’extraction s’échelonnent depuis l’in-
terrogation par télétransmission d’une ou d’un Pour être utiles, les données de bonne qualité doivent
groupe de stations de terrain, jusqu’au traçage et à aussi être facilement accessibles pour toute une
l’affichage des données récemment collectées (et des gamme d’usagers. Les données sont souvent collec-
dernières prévisions) au centre de traitement. tées par des organismes qui en sont eux mêmes les
premiers utilisateurs, de telle sorte que la collecte des
données sous-tend les travaux de l’organisme, qu’il
s’agisse de la distribution d’eau potable, le fonction-
10.4 DIFFUSION DES DONNÉES nement des réseaux d’irrigation ou l’exploitation
des installations hydroélectriques. Ces organismes
sont souvent, mais pas nécessairement, des orga-
10.4.1 Généralités
nismes gouvernementaux, et dans ce cas, la diffusion
Les données ne prennent une valeur que lorsqu’elles interne des données est un sujet que nous n’aborde-
sont utilisées. Ce n’est que lorsque les données hydro- rons pas ici. Dans ce Guide nous considérerons
logiques sont analysées et utilisées dans le cadre de la comment des utilisateurs, qui ne font pas partie de
planification de la gestion de l’eau et du processus de l’organisme de collecte, peuvent accéder aux
prise de décision qu’elles deviennent réellement données hydrométéorologiques, en supposant que
précieuses. Des enregistrements de bonne qualité sur ces données ont été introduites dans un système de
de longues périodes sont nécessaires pour évaluer la base de données approprié, tel ceux décrits plus
moyenne et la variabilité, tant saisonnière qu’interan- haut.
nuelle de n’importe quelle variable hydrologique.
C’est ainsi que la période standard de 30 ans convenue Les utilisateurs externes éventuels des données
pour obtenir une estimation «fiable» de la précipita- hydrologiques peuvent comprendre le personnel
tion moyenne annuelle, n’est peut être même pas d’autres secteurs gouvernementaux, des sociétés
vraiment suffisante, compte tenu des très longues privées d’adduction d’eau ou de production
CHAPITRE 10. STOCKAGE, CONSULTATION ET DIFFUSION DES DONNÉES I.10-21
d’énergie, des bureaux d’études en ingénierie et s’attacher à décrire le jeu de données dont il est ques-
environnement, des universitaires et des chercheurs. tion avec suffisamment de précision pour qu’un
Il existe tout un éventail d’utilisateurs potentiels éventuel utilisateur puisse décider si les données
dont les besoins en données sont très divers, certains décrites peuvent lui être utiles. Le Manuel du Système
s’intéressant aux données d’une station ou d’une mondial intégré des systèmes d’observation de l’OMM
rivière particulière, alors que d’autres s’intéresseront (OMM-N° 1160) définit les métadonnées complé-
aux données de toute une région, de tout un pays mentaires relatives aux stations. Ces métadonnées
voire de plusieurs pays dans le cas de rivières (disponibles à l’adresse http://oscar.wmo.int/
transfrontalières. surface) décrivent les conditions dans lesquelles les
observations ont été effectuées et sont en accord
avec les conseils donnés dans la section 10.2.3.2.
L’accès aux données
L’accès international aux données, tant météorolo- N’importe quel utilisateur de données aura générale-
giques qu’hydrologiques, est un sujet qui a retenu ment d’abord besoin de cartes indiquant la
l’attention de l’OMM et de ses Membres depuis localisation des stations de tous types, de même que
longtemps. Il en a résulté en 1995 l’adoption par le de tableaux indiquant les données disponibles pour
Douzième Congrès météorologique mondial de la chaque site, avec la période d’enregistrement. Ces
résolution 40 (Cg-XII) – Politique et pratique adop- informations constituent la métabase de l’ensemble
tées par l’OMM pour l’échange de données et de des données et peuvent constituer un jeu distinct de
produits météorologiques et connexes et principes tableaux de données au sein d’une base de données
directeurs applicables aux relations entre parte- informatisée (voir plus haut), ou peuvent prendre la
naires en matière de commercialisation des services forme d’un document imprimé. Les utilisateurs
météorologiques. Lors de sa session suivante, en peuvent consulter ce type d’information soit élec-
1999, le Treizième Congrès de l’OMM a adopté la troniquement sur un portail Internet, soit dans les
résolution 25 (Cg-XIII) – Échange de données et de annuaires imprimés.
produits hydrologiques, établissant ainsi la poli-
tique et la pratique en ce qui concerne l’échange Ces informations étaient traditionnellement procu-
international de données et produits hydrolo- rées aux utilisateurs par les annuaires, souvent
giques. Cette résolution fournit un cadre pour imprimés chaque année, bien que quelquefois des
faciliter l’accès international aux données et catalogues récapitulatifs des données disponibles
produits hydrologiques (voir OMM-N° 925). Le étaient publiés tous les trois ou cinq ans, puisque les
texte intégral de la résolution 25 (Cg-XIII) est réseaux de mesure sont généralement assez stables
également disponible à l’adresse: http://www.wmo. au cours du temps. Cette approche est simple mais
int/pages/prog/hwrp/documents/francais/res25fra. peut se révéler onéreuse en termes de coûts d’impres-
html. sion, et les catalogues imprimés de sont pas
forcement facilement accessible à tous les utilisa-
teurs. Ils ont toutefois, et depuis longtemps, souvent
10.4.2 Catalogues de données à disposition
été le moyen le plus efficace de diffusion de l’infor-
En ce qui concerne l’utilisation des données, la mation sur les données à disposition, et le
première étape consiste à rechercher ce qui est dispo- demeureront dans les pays où l’accès à Internet est
nible et où se procurer davantage d’informations. Au peu commode ou peu fiable.
sujet des données que les Membres s’échangent, le
Manuel du Système d’information de l’OMM (OMM- Cependant, à l’avenir, la façon la plus courante de
N° 1060) mentionne les «métadonnées de recherche mettre ces catalogues à la disposition des utilisateurs
du Système d’information de l’OMM». Ces méta- sera vraisemblablement, et de plus en plus, un navi-
données sont publiées dans le Catalogue de gateur directement connecté aux métadonnées.
métadonnées de recherche du SIO que l’on peut se Cette configuration a l’avantage d’être disponible à
procurer auprès de tous les centres mondiaux du tous les utilisateurs possédant un accès à Internet, et
système d’information (http://wis.wmo.int/giscs). rend inutiles les annuaires. Il est également poten-
Elles décrivent les jeux de données auxquels il est tiellement plus facile de maintenir le système et de le
possible d’avoir accès. Les relevés de métadonnées conserver à jour.
peuvent être de portée limitée et décrire un simple
message de données tout comme ils peuvent être Pour chaque bassin versant jaugé, les informations
plus étendus et décrire l’ensemble complet des suivantes devraient être disponibles:
archives de toutes les observations appartenant à un a) Des informations détaillées sur le bassin versant
pays, le choix de leur contenu incombant au proprié- comme sa taille, sa géomorphologie, sa pédologie,
taire des données. Par ces métadonnées, il faut sa couverture végétale et l’utilisation de son sol;
I.10-22 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
b) L’appartenance du bassin versant à une zone météorologiques à l’intérieur d’un même bassin
climatique, avec la moyenne annuelle des préci- versant, il peut être très difficile d’inclure dans le
pitations et de l’évaporation; descriptif un résumé des données de chacune d’entre
c) L’emplacement, le type et la qualité de la station elles. Pour limiter la quantité d’informations, on se
de jaugeage; contentera d’indiquer, sur la carte décrite plus haut,
d) Des informations détaillées sur toutes les régu- l’emplacement des pluviographes et des principales
lations de débit pratiquées en amont ou sur les stations de mesure des précipitations journalières.
éléments pouvant compliquer l’utilisation des Les stations ayant de longues périodes d’enregistre-
enregistrements; ment peuvent remplir plusieurs pages si l’on veut
e) La période et qualité des enregistrements que les informations soient lisibles.
des débits et de qualité des eaux (y compris le
transport solide); Nous suggérons d’inclure dans le descriptif des
f) L’emplacement des stations météorologiques données disponibles toutes les informations
se trouvant à l’intérieur ou aux environs immé- figurant dans le tableau I.10.9.
diats du bassin versant, ainsi que leurs périodes
d’enregistrement.
10.4.3 Rapports récapitulatifs
Ces informations sont groupées et discutées dans De nombreuses organisations publient des récapitu-
trois rubriques distinctes: information descriptive, latifs de données, qui peuvent être: des moyennes
carte du bassin versant et données à disposition. climatiques, des statistiques sur les précipitations,
des enregistrements et/ou des statistiques sur les
Afin d’aider les utilisateurs à identifier les bassins débits, des études et/ou des enregistrements sur la
versants jaugés dont ils ont besoin pour leurs qualité des eaux.
travaux, il faudrait leur procurer une description des
caractéristiques de chaque bassin versant jaugé, des De telles publications contiennent habituellement
informations sur les principales particularités des des informations sur la station: numéro d’identifica-
installations de jaugeage, de même que sur la qualité tion, latitude et longitude, type de données
et la fiabilité des données débitmétriques. collectées, caractéristiques de l’emplacement (nom
local, nom du cours d’eau, références du maillage,
Le tableau I.10.7 présente des suggestions de surface du bassin versant, etc.), période de fonction-
rubriques et d’informations à transmettre. Même si, nement, périodes pour lesquelles les données ont été
en pratique, il n’est pas toujours possible d’obtenir traitées, résumés de valeurs instantanées, quoti-
toutes les informations décrites pour chaque bassin diennes, mensuelles et annuelles (y compris les
jaugé, nous suggérons d’utiliser invariablement le valeurs moyennes et extrêmes). Les données peuvent
même format. être présentées sous forme de texte, inscrites sur
microfiches ou mémorisées sur supports informa-
Un exemple en complément au tableau I.10.7 est tiques compatibles, tels que disquettes ou disques
donné à la figure I.10.5. Il s’est avéré utile de pouvoir compacts à mémoire morte (CD-ROM).
disposer d’une carte pour chaque bassin versant ou
groupe de bassins versants. Cette carte devrait être
10.4.4 Annuaires
publiée à une échelle permettant d’y faire figurer
convenablement les informations nécessaires. Un annuaire est un moyen très efficace de diffusion
L’utilisation de cartes à différentes échelles est justi- des données hydrologiques, bien que seuls certains
fiée si les tailles des bassins versants à représenter types de données puissent être publiés. Que l’on
sont très différentes. Dans un futur proche, l’intégra- pense en effet qu’avec les enregistreurs de données
tion dans des systèmes SIG informatisés de toutes les modernes et la télétransmission, les précipitations et
indications servant à l’établissement de cartes le niveau des rivières (et dont les débits)
permettra une représentation cartographique à sont maintenant observés toutes les 50, 30 voire
l’échelle désirée. Les informations que doit contenir 15 minutes, soit de 8760 à 35040 valeurs par an. Il
une carte sont décrites dans le tableau I.10.8, et un n’est ni possible, ni généralement nécessaire, de
exemple élémentaire se trouve à la figure I.10.6. publier les données à ce niveau de résolution tempo-
relle, et les annuaires ne publient d’habitude que les
Le descriptif des données disponibles devrait totaux pluviométriques journaliers ou mensuels et
comporter un résumé relativement concis et facile à les débits moyens journaliers.
mettre à jour des données mensuelles de débit et de
précipitations, ainsi que des données annuelles de Les données sur les eaux souterraines ne varient
qualité des eaux. Lorsqu’il existe plusieurs stations que lentement au cours du temps et ne sont parfois
CHAPITRE 10. STOCKAGE, CONSULTATION ET DIFFUSION DES DONNÉES I.10-23
Identification Description
Caractéristiques du bassin
Surface du bassin Surface du bassin en kilomètres carrés
Zones climatiques Expression du climat sur le bassin en termes de zones bioclimatiques reflétant la quantité et
l’occurrence des précipitations
Précipitation moyenne Évaluation des précipitations moyennes annuelles au centre de gravité du bassin et pour
les grands bassins, la gamme des précipitations annuelles sur le bassin. Les sources des
évaluations devraient être citées
Évaporation au bac Évaluation de l’évaporation moyenne annuelle sur bac au centre de gravité du bassin.
La source de l’évaluation devrait être citée
Géomorphologie Commentaires descriptifs du relief, du paysage et de la géologie du bassin jaugé
Modelé du paysage Estimation quantitative des proportions des différents modelés du bassin
Végétation naturelle Description de la végétation naturelle déduite de levés de végétation
Défrichement Proportion de végétation naturelle défrichée ou substantiellement altérée par l’activité
humaine. Les références et dates estimées de défrichement devraient être indiquées
Végétation actuelle Description de la couverture végétale actuelle du bassin avec références
Utilisation du sol Commentaires sur l’utilisation des sols. Les sources d’information devraient être citées,
qu’il s’agisse d’observations sur le terrain, de carte d’utilisation des sols en milieu rural ou
d’évaluations plus détaillées
Régularisation Commentaires sur les aménagements qui, à l’amont, pourraient modifier le régime de
l’écoulement. Les sources d’informations détaillées possibles devraient être énumérées
Commentaire général Si la station ne peut pas mesurer l’écoulement total du bassin, ou si l’enregistrement ne peut
être corrigé des régularisations à l’amont, on omettra les caractéristiques de la station
au profit de commentaires sur ses fonctions ou buts particuliers
Utilisation du sol La moitié du bassin est boisée, les surfaces défrichées sont utilisées pour l’élevage
ovin et la production céréalière à l’amont du bassin et l’élevage bovin à l’aval
Équipement de jaugeage Servomanomètre L&S et enregistrement graphique continu jusqu’à ce jour. Contrôle
hydraulique seuil rocheux pour les débits faibles à moyens; contrôle par le chenal
aval en hautes eaux
Courbe de tarage Étalonnage correct pour les débits faibles à moyens en raison de la nature du
contrôle, bon étalonnage pour les débits moyens à forts, mais valeurs théoriques
au-delà de la gamme mesurée. Nombreuses mesures de débits jusqu’à 97,04 m3 s–1,
ce qui représente 99 % du total des débits enregistrés
Identification Description
Frontières de bassin Échelle et références de la carte à partir de laquelle les frontières du bassin ont été tracées
Cours d’eau Le nombre de cours d’eau tracés devraient être fonction de la surface du bassin. Inclure les
références des données sur les cours d’eau
Stations pluviométriques Localisation et numéro des stations, période d’exploitation et type d’appareil, par exemple,
pluviomètre, à lecture quotidienne ou totalisateur
Isohyètes (facultatif) Isohyètes des précipitations moyennes annuelles pour le bassin avec références
Utilisation du sol (facultatif) Lorsque cela est pertinent, les limites des principaux usages du sol devraient être connus.
Par exemple limites des forêts, des terres agricoles et des zones urbaines
009595 (15-)
(74-) 509229 509230 (74-77)
509276 (76-77)
009770 (68-73)
509207 (76-)
509183 (73-)
509024 (74-)
509017 (74-77)
Station pluviométrique
Mt Lindesay 603136
Station de jaugeage
Figure I.10.6. Bassin de la rivière Denmark Figure I.10.7. Carte des stations de jaugeage du
Royaume-Uni gérées par la NFRA
I.10-26 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
Identification Description
Données sur le débit Enregistrements disponibles et qualité des enregistrements présentés clairement mois par
mois
Données de précipitations Enregistrements disponibles et qualité des enregistrements présentés clairement mois par
mois pour les principaux pluviographes et les pluviomètres à lecture manuelle. La période
d’enregistrement peut être réduite à celle couverte par la station de jaugeage pour des
raisons pratiques
Données sur la qualité de Nombre d’échantillons analysés chaque année pour des groupes d’analyses significatifs.
l’eau Les regroupements suivants sont suggérés:
a) Analyse de base seulement (conductivité partielle ou totale, pH, température de la
rivière, paramètres de couleur ou de turbidité)
b) Analyse des ions majeurs
c) Analyse des nutriments
d) Analyse des métaux lourds et autres éléments trace
Certains systèmes permettent aux utilisateurs de télé- Le site de l’United Kingdom National Water Archive
charger les données sélectionnées directement sur http://www.nwl.ac.uk/ih/nwa/index.htm, de même
leur propre ordinateur, alors que d’autres que le site des données hydrologiques de l’USGS
ne permettent que de consulter la base de données et http://waterdata.usgs.gov/nwis/, sont de bons
de formuler électroniquement une commande. Une exemples de systèmes d’extraction de données en
des raisons de ne pas permettre aux utilisateurs le ligne sur la Toile. Ou encore celui des données de
téléchargement de n’importe quelles données est que projets WHYCOS à http://medhycos.mpl.ird.fr/
le volume de ces données peut être important, et que ainsi qu’à http://aochycos.ird.ne/HTMLF/ETUDES/
leur transfert peut être beaucoup trop lent pour HYDRO/INDEX.HTM.
certains serveurs d’accès, en particulier lorsque l’on
utilise une connexion par modem lente. De façon
10.4.6 Formats d’échanges de données
analogue, il peut être problématique de livrer les
données aux utilisateurs sous forme de fichier attaché Des formats normalisés destinés à l’échange de
à un courrier électronique, compte tenu des limita- données hydrologiques ont été mis au point, mais
tions de tailles imposées par certains de ces services. n’ont pas été largement adoptés. Les plus courants
sont les normes de fait utlisées par la plupart des
Dans de nombreux cas, la meilleure solution est de enregistreurs de données et les logiciels de base de
faire parvenir un CD aux utilisateurs ayant passé données. Ils appartiennent généralement à l’une des
une commande sur le site Internet, ou éventuelle- catégories suivantes:
ment de placer les données sur un site FTP (Protocole
de transfert de fichiers). L’utilisateur pourra alors
Fichiers texte
télécharger les données depuis ce site.
Les fichiers de données en format texte ont l’avan-
Il se peut que les données soient en accès libre sur le tage d’être lisibles facilement par un utilisateur
site Internet, en particulier lorsque l’utilisateur peut possédant les logiciels les plus simples. Les données
les télécharger directement. Dans certains cas toute- des séries chronologiques sont souvent rangées par
fois, les utilisateurs peuvent avoir à payer des frais de colonnes de dates, heures et valeurs, chaque valeur
manutention pour couvrir les coûts associés à la étant séparée de la précédente par un délimiteur
préparation du CD. Quoique certains utilisateurs se pouvant être une virgule (c’est alors un fichier CSV),
plaignent de devoir payer pour l’obtention de ou un autre caractère, ou encore un nombre fixé
données, la facturation est souvent motivée car d’espaces.
l’agence fournissant les données doit justifier sa
permanence aux yeux de ceux qui la financent et la
Format propriétaire
gèrent. Le payement des usagers pour les données
peut fournir au moins une part des besoins finan- L’inconvénient des fichiers texte est la taille des
ciers de l’agence mais, et cela est probablement plus fichiers résultants. De nombreux logiciels utilisent
important, témoigne de la valeur attribuée à son un format propriétaire qui utilise la mémoire de façon
activité par les utilisateurs externes ou des clients. beaucoup plus efficace. Il en résulte de plus petits
CHAPITRE 10. STOCKAGE, CONSULTATION ET DIFFUSION DES DONNÉES I.10-27
1 56,600 25,800 42,600 24,800 20,400 11,000 5,380 3,970 3,730 4,120 3,520 10,000
2 57,500 24,200 40,400 21,800 23,200 8,850 5,490 3,710 3,050 3,960 4,020 9,970
3 60,600 24,200 39,100 21,100 19,300 9,250 5,320 3,640 2,770 3,550 4,060 11,100
4 56,300 22,600 38,600 20,800 13,100 9,160 5,140 3,630 2,700 2,860 7,280 12,600
5 54,700 22,400 37,700 21,100 13,900 9,130 5,170 3,430 3,120 3,090 6,880 15,400
6 54,900 24,000 33,800 20,800 15,500 8,860 6,050 3,200 3,100 3,060 8,280 13,500
7 63,400 24,000 33,700 20,500 15,500 10,100 5,640 3,060 3,060 3,040 5,620 11,200
8 77,900 23,600 33,500 20,100 16,400 14,600 5,040 2,750 2,980 3,300 5,350 9,310
9 101,000 30,700 35,000 20,100 15,500 11,800 5,270 2,760 2,970 4,110 6,450 9,320
10 109,000 53,600 35,900 21,500 14,200 11,200 5,410 3,720 2,880 3,250 5,810 8,870
11 97,600 57,200 33,300 22,500 14,100 9,190 3,870 4,850 2,990 2,980 3,210 8,810
12 84,100 81,600 34,600 22,500 14,200 8,880 5,500 4,320 3,220 3,520 4,470 8,840
13 77,800 99,800 36,000 48,400 14,100 8,410 4,730 4,220 3,250 3,430 5,480 8,340
14 69,400 90,200 35,200 40,600 13,800 7,440 3,870 3,790 3,020 3,130 4,590 8,140
15 59,300 64,100 32,000 31,500 13,900 5,880 3,940 3,680 2,940 3,170 4,340 8,500
16 54,800 53,900 31,100 26,400 13,300 6,240 3,810 3,380 2,840 3,220 5,240 8,020
17 50,400 48,400 30,600 24,700 13,200 6,020 3,820 3,340 3,180 3,420 6,390 8,430
18 46,500 48,400 25,500 21,100 13,200 5,980 3,700 2,850 2,500 4,2900 5,900 8,020
19 45,600 47,700 27,300 23,900 14,100 5,990 2,650 2,840 2,620 4,030 10,700 10,500
20 44,300 40,700 26,700 24,400 13,900 5,970 3,210 2,940 2,910 3,210 11,600 12,900
21 41,100 38,500 26,800 23,500 13,900 5,930 3,720 3,170 2,900 3,680 11,400 15,000
22 37,400 37,100 27,800 25,200 13,400 6,130 3,350 3,340 2,850 3,500 10,700 14,300
23 37,900 37,200 33,900 35,100 14,000 5,990 3,260 5,340 2,850 3,380 9,080 12,100
24 38,400 59,000 36,400 42,800 19,500 5,660 3,210 6,820 3,150 3,410 8,330 10,100
25 37,600 95,400 32,500 26,800 15,300 5,510 3,200 7,110 3,660 3,010 11,900 10,700
26 33,700 92,500 34,200 25,000 15,700 5,480 3,270 4,790 3,750 3,530 11,900 10,100
27 32,900 73,700 45,900 22,000 13,100 4,660 3,430 3,800 3,300 4,120 12,600 9,530
28 26,800 59,100 33,300 21,700 12,800 4,970 4,000 3,960 3,340 3,870 10,300 8,340
29 26,500 43,600 32,300 20,600 12,800 5,570 5,480 3,210 3,370 4,670 10,100 8,720
30 26,300 26,300 20,500 11,100 5,520 4,620 3,590 3,350 4,560 9,390 9,030
31 26,100 25,500 11,000 3,950 4,180 3,240 8,830
Moyenne 54,400 49,750 33,470 25,390 14,750 7,646 4,339 3,851 3,078 3,539 7,496 10,270
Minimum 26,100 22,400 25,500 20,100 11,000 4,660 2,650 2,750 2,500 2,860 3,210 8,020
Maximum 109,000 99,800 45,900 48,400 23,200 14,600 6,050 7,110 3,750 4,670 12,600 15,400
Total mensuel
(million m3) 145,70 124,70 89,64 65,82 39,52 19,82 11,62 10,32 7,98 9,48 19,43 27,52
Débit (mm) 42 36 26 19 11 6 3 3 2 3 6 8
Précipit. (mm) 42 63 36 49 36 21 34 53 22 50 79 29
Statistiques des données mensuelles d’enregistrements passés (octobre 1938 à décembre 1995)
Module Moy. 56,450 56,680 44,600 30,650 20,140 14,260 8,397 7,073 8,666 14,960 30,750 45,570
Bas 6,252 5,548 5,619 4,255 2,854 1,504 0,401 0,290 1,740 2,782 3,751 5,308
(an)
1976 1976 1976 1976 1976 1976 1976 1976 1959 1959 1990 1975
Haut 133,600 120,800 163,200 85,060 61,140 41,560 48,810 18,690 38,640 74,570 128,100 128,700
(an)
1939 1977 1947 1951 1983 1955 1968 1977 1946 1960 1960 1960
Débit Moy.. 44 40 35 23 16 11 7 5 7 12 23 35
Bas 5 4 4 3 2 1 0 0 1 2 3 4
Haut 104 85 127 64 48 31 38 15 29 58 96 100
Précip. Moy. 68 47 53 47 58 54 53 64 62 64 70 73
Bas 13 3 5 4 7 5 5 3 5 6 8 16
Haut 132 135 152 99 131 124 117 149 129 163 178 316
I.10-28 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES
10
20
10 5
m3 s–1
5
m2 s–1
2 2
1
1
0,5
0,5
0,2 1 5 10 20 30 40 50 60 70 80 90 95 99
Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sep. Oct. Nov. Déc. Pourcentage du temps où le débit est dépassé
Figure I.10.10. Exemple d’hydrogramme de Figure I.10.11. Courbe des débits classés pour
jaugeages de débits journaliers des débits journaliers jaugés
CHAPITRE 10. STOCKAGE, CONSULTATION ET DIFFUSION DES DONNÉES I.10-29
• Écoulement réduit par des prélèvements destinés à Le contenu du fichier de données est écrit entre des
l’alimentation domestique balises, qui décrivent ce qu’il en est des données. Le
• Écoulement augmenté par le rejet des effluents
• Écoulement diminué par des prélèvements destinés tableau I.10.10 présente, par exemple, le nom et les
à l’industrie et l’agriculture coordonnées d’une station de jaugeage en XML.
djm
djn
dmn
pmb
Débits journaliers mesurés (djm) 1938–2003 Débits mensuels naturalisés (dmn) 1938–2002
Débits journaliers naturalisés (djn) 1938–2002 Précipitations mensuelles de bassin (pmb) 1938–2001
Tableau I.10.10. Nom et coordonnées constitue la norme ISO 19136-2 (Cox et al., 2004).
d’une station en XML GML sert de langage de modélisation pour les
systèmes géographiques, mais aussi de format ouvert
<gaugingstation> pour les échanges géographiques sur Internet.
Observations et Mesures (O&M) est une norme
<name>River Thames at Wallingford
</name>
internationale de l’OGC1 et de l’ISO2 qui définit un
schéma conceptuel pour l’observation et pour les
<coordinates>
entités relatives à l’échantillonnage des données
<easting unit=metres>461300 dans le cadre des observations. Cette norme peut
</easting> être utilisée pour la description de faits observés et
<northing unit=metres>189900 leurs résultats, aussi bien entre les différentes
</northing> communautés scientifiques et techniques qu’en leur
</coordinates> sein.
</gaugingstation>
L’Organisation météorologique mondiale et l’Open
Geospatial Consortium ont mis au point conjointe-
ment des formes de représentation pour les séries
Avantages: Aptitude à séparer la forme du contenu, chronologiques de données hydrologiques
et donc application rapide de règles d’affichage (WaterML2.0 partie 1) et pour les étalonnages, les
différentes à toute une gamme de fichiers de même jaugeages et les sections (WaterML2.0 partie 2). Ces
format. Les données stockées dans un fichier, de normes incluent des références à des normes plus
même que les règles applicables à ces données, classiques de l’OGC et de l’ISO, notamment relatives
peuvent être explicitement identifiées, ce qui peut au GML et aux observations et mesures (O&M),
être utilisé par un logiciel pour la validation d’un visant l’harmonisation du codage des données et
fichier de données en cours de lecture. Les fichiers l’interopérabilité. Les modèles de référence FM-231
peuvent également être consultés efficacement. et FM-232 de ces représentations figurent dans le
Volume I.3 du Manuel des codes (OMM-N° 306).
Inconvénients: Les fichiers texte non compactés
auront une taille importante. XML n’a pas été
inventé pour décrire des données de séries chronolo-
giques dont la taille en XML pourra être 10 fois plus Bibliographie et lectures complémentaires
importante que le fichier texte même non compacté
correspondant. Cox, Simon, Paul Daisey, Ron Lake, Clemens Portele et
Arliss Whiteside (éds.), 2004: OpenGIS Geography
Un avantage important de XML est qu’il peut être Markup Language (GML) Implementation Specification
adapté à des sujets particuliers. Les bibliothèques Version 3.1.0. Recommendation Paper, février 2004,
ont, par exemple, défini en XML un format interna- Open GIS Consortium, Inc. et ISO réference N° OGC
tional définissant des balises et règles concernant le 03-105r1. http://xml.coverpages.org/GMLv310-
stockage d’informations relatives aux livres. Ces 20040207-d20040326.pdf.
normes permettent à toutes les bibliothèques de Kilpatrick, Mary C., 1981: WATSTORE: A WATer
fournir des données qui pourront être lues et Data STOrage and REtrieval System. United States
comprises par toutes les autres bibliothèques. Government Printing Office publication, 52, United
Quelque chose d’analogue se met progressivement States Department of the Interior, USGS, Reston,
en place dans le champ plus complexe des sciences Virginie, p. 341–618.
de l’environnement. Il existe déjà des formats XML Maurer, T., 2004: Globally Agreed Standards for Metadata
émergents pour toute une gamme d’applications, and Data on Variables describing Geophysical Processes:
allant de la description des molécules à un langage A Fundamental Prerequisite for an Integrated Global Data
de modélisation climatique. Les données des SIG and Information Infrastructure and Thus
ont maintenant une norme fondée sur XML appelée Improved Management of the Earth System for Our All
langage de balisage géographique (GML), qui permet Future. Global Runoff Data Centre, Report 31, October
de combiner des cartes numériques de toutes 2004. http://www.bafg.de/cln_015/nn_298486/
origines et peut être utilisé pour la diffusion de
données spatiales. GML est une grammaire de XML
destinée à l’expression des caractéristiques géogra- 1 Observations et Mesures. http://www.opengeospatial.org/
ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES
HDPE Polyéthylène haute densité PNUE Programme des Nations Unies pour
l’environnement
HTML Langage de balisage hypertexte
PQR (Program Quality Review) Programme
ICWE Conférence internationale sur l’eau de révision de qualité
et l’environnement
PS Potentiel spontané
IDE Incréments de débits égaux
PVC Polychlorure de vinyle
IEC Commission électrotechnique inter-
nationale PVR Profil vertical de réflectivité
IGBP Programme international géosphère- RAS Radar à ouverture synthétique
biosphère
SEM Spectre électromagnétique
IR Infrarouge
SGBD Système de gestion de base de
ISO Organisation internationale de données
normalisation
SGBDR Système de gestion de base de
JTU Unités de turbidité Jackson données relationnelle
LANDSAT (Land Remote Sensing Satellite) Satellite SHOFM Système hydrologique opérationnel
de télédétection des ressources terrestres à fins multiples
LDPE Polyéthylène basse densité SIG Système d’information géographique
MODIS Spectroradiomètre imageur à SMB Scanneur multibande
moyenne résolution
SPOT Satellite pour l’observation de la
MSG (Meteosat Second Generation) Satellite Terre
Meteosat deuxième génération
SSM/I Imageur en hyperfréquence spécialisé
NAQUADAT (Canadian National Water Quality
Data Bank) Banque nationale cana- TDR (Time domain reflectometry) Réflecto-
dienne de données sur la qualité des métrie de domaine temporel
eaux TI Technologie de l’information
NASA Administration américaine pour TIDEDA (Time Dependent Data Analysis)
l’aéronautique et l’espace (États- Logiciel d’analyse de données chrono-
Unis d’Amérique) dépendantes, Nouvelle-Zélande
NOAA Administration américaine pour les TIRO Satellite d’observation télévisuelle à
océans et l’atmosphère (États-Unis infrarouge
d’Amérique)
TRMM Mission pour la mesure des pluies
NRFA (National River Flow Archive) Archive tropicales
nationale des débits fluviaux,
Royaume-Uni de Grande-Bretagne TUC Temps universel coordonné
et d’Irlande du Nord
UDV Unité de visualisation
NTU Unité de turbidité néphélométrique
UNESCO Organisation des Nations Unies
OGC (Open Geospatial Consortium) pour l’éducation, la science et la
Consortium géospatial ouvert culture
public.wmo.int