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Economie Monétaire - Polycopie - Chapitre I - PR Kehel Mohammed
Economie Monétaire - Polycopie - Chapitre I - PR Kehel Mohammed
Chapitre I
La monnaie : Définitions, fonctions, formes et acteurs
Année universitaire
2022/2023
Économie monétaire et techniques bancaires | Pr. KEHEL Mohammed
Chapitre I
La monnaie : Définitions, fonctions, formes et acteurs
À travers le temps, la scène mondiale surtout la scène économique a connu plusieurs mutations
et transformations concernant les aspects monétaires et financiers. Ces changements évolutifs
ont touché : les systèmes financiers, l’évolution de l’activité des banques, l’évolution
concernant les moyens de paiement et les produits financiers, la mise en place d’une monnaie
unique …etc.
Donc, toutes les transformations réalisées sont concentrées autour de la notion de « Monnaie ».
Pour cette raison, il est très intéressant d’étudier cette notion dans l’objectif de mieux
comprendre les réalités monétaires et financières et leurs évolutions dans le temps.
On peut conclure que la monnaie est une partie intégrante du patrimoine d’un agent et donc
plus restreinte du patrimoine ou la fortune, mais elle est différente du revenu.
Définition 3 : la monnaie au sens étroit et au sens large
La monnaie est définie comme un instrument de paiement facilitant les échanges de biens et
services.
Au sens étroit, la monnaie désigne l’ensemble des moyens de paiement (Billets de banque,
pièces monétaires en circulation et les dépôts bancaires à vue).
Au sens large, la monnaie recense également les actifs qui ne peuvent servir directement à
payer des achats ou à rembourser les dettes, mais ils sont convertibles rapidement en
moyens de paiement.
À travers cette définition, il faut bien faire un trait de différence entre les actifs à caractère
monétaire et les actifs à caractère financier. Toutefois, il faut bien noter que s’il est facile de
délimiter la définition de la monnaie au sens strict, il ne l’est pas de même pour la monnaie au
sens large à cause surtout du développement des marchés financiers et des innovations
financières.
Définition 4 :
Selon le célèbre économiste français François Perroux (1903-1987) : La monnaie est définie
comme un instrument de paiement indéterminé, général et immédiat.
Indéterminé, car la monnaie doit permettre de payer n’importe quelle dette ou
d’acquérir n’importe quel bien ou service.
Général parce qu’elle doit être admise en tout lieu, à tout moment et par tout le monde.
Immédiat, car son transfert doit permettre de régler instantanément et de manière
définitive les achats et les dettes.
Pour résumer, on peut identifier le rôle de la monnaie dans l’économie comme suit :
Un instrument de paiement facilitant les échanges de biens et services.
Un moyen qui augmente l’efficacité économique.
Un lubrifiant qui diminue les coûts de transaction (temps passé à la recherche de biens
et services) et facilite la spécialisation et la division du travail.
2. La naissance de la monnaie
À l’origine des temps, l’homme se procure directement ce dont il a besoin par la chasse, la
pêche et la cueillette. En se spécialisant, chaque individu qui se consacre à une seule activité
(élevage, culture, objets artisanaux, pêche, chasse...) ne peut plus satisfaire la totalité de ses
besoins qui deviennent de plus en plus diversifiés au fur et à mesure que la civilisation humaine
évolue. Il est ainsi contraint d’échanger le surplus des biens qu’il produit contre d’autres biens
fabriqués par ses semblables. C’est la naissance du Troc, la première économie d’échange ou
« économie de troc ».
2.1. Un peu d’histoire… le troc
Avant l’apparition de la monnaie, le Troc était le premier moyen d’échange entre les agents
économiques. Son principe était très simple et consistait à l’échange d’un produit contre un
autre produit d’une valeur équivalente. À son début, l’économie du troc s’est caractérisée
surtout par :
des coûts de transaction très élevés : coûts liés au temps consacré aux déplacements
pour chercher le produit désiré, au temps d’attente et au stockage des marchandises.
Un coût lié au temps de négociation des conditions de l’échange afin d’établir un contrat
d’échange.
Toutefois, l’utilisation du troc comme un moyen d’échange a suscité le respect de certaines
conditions :
La double coïncidence des désirs : Dans un système de troc, l’échange ne peut avoir
lieu que s’il y a une double coïncidence des besoins. Tout agent doit trouver non
seulement quelqu’un qui est prêt à lui vendre les biens qu’il cherche, mais aussi qui
accepte en échange les biens dont l’agent dispose ou offre.
Le risque de changement de valeur : la valeur du bien troqué peut être
catégoriquement différente de la valeur du bien obtenu.
La multiplicité des prix : on peut trouver une multitude de prix pour un même bien.
En fait, même avec les avantages acquis à travers l’utilisation du système du troc comme
facilitateur des échanges, ce système a présenté également de nombreuses contraintes telles que
le blocage du développement des échanges et la présence d’une multiplicité des prix.
Par ailleurs, pour pallier aux limites du système du troc, la rationalité de l’homme a cherché
d’une part, à minimiser la périodicité des échanges et d’autre part, à mettre en place de
nouveaux modes d’organisation des échanges.
La solution qui a été proposée était la création d’une « économie de foires », définie comme
étant un regroupement des échangeurs dans un lieu précis et à une période précise (un marché
qui centralise l’offre et la demande de biens & services). Mais, on assistera toujours à la
persistance du problème de multiplicité des prix !!!
Pour bien mettre en évidence ce problème de multiplicité des prix dans une économie du troc,
on considère l’exemple suivant :
Exemple :
Supposons une économie où il y a une absence de la monnaie, on vous demande de calculer le
nombre des prix relatifs dans les cas suivants :
Cas d’une économie avec 2 biens ;
Cas d’une économie avec 3 biens ;
• Réserve de valeur : sa propre valeur doit être suffisamment élevée pour que le stockage
de pouvoir d’achat qu’il assure se forme sous un faible volume.
Application :
1. Dans une économie de troc où 250 biens s’échangent les uns contre les autres, combien
y a-t-il de prix relatifs ?
2. Si on suppose que dans une économie monétaire comportant 250 biens, un bien joue le
rôle d’une monnaie marchandise, alors combien de prix en résultent ?
3. S’il existe une unité de compte abstraite indépendante des 250 biens, combien de prix
en résultent ?
Étape 1 :
Bilan de l’orfèvre avec une couverture intégrale
Actif Passif
Encaisse métallique 10 000£ Certificats émis 10 000£
Constat :
Les orfèvres banquiers vont remarquer que le stock de métaux précieux ne descend jamais en
dessous d’un certain seuil pour deux raisons :
À un moment donné, les dépôts et les retraits se compensent largement « les nouveaux
dépôts tendent à équilibrer les retraits ».
Les détenteurs des certificats accordent une grande confiance aux orfèvres de sorte
qu’ils en demandent rarement la conversion de leurs certificats en métaux précieux.
Tous les certificats ne seront jamais présentés à la fois pour être convertis.
Étape 2 :
Les orfèvres vont alors commencer à émettre des certificats en échange d’un titre de dette et
non pas d’un dépôt d’or ou d’argent.
Bilan de l’orfèvre avec une couverture partielle
Actif Passif
Encaisse métallique 10 000£ Certificats émis 30 000£
(Espèce immédiatement disponible)
monnaie en circulation par rapport au stock de métaux précieux disponible, ce qui a créé un
problème de déséquilibre.
En effet, cette situation a impliqué par conséquent, la perte de la valeur de la monnaie papier
qui a entraîné la perte de confiance en la monnaie papier, ce qui a poussé vers l’intervention
étatique en monopolisant l’émission de la monnaie fiduciaire.
Les conséquences de l’usage de la monnaie fiduciaire (papier) peuvent être présentées comme
suit :
Ce système a duré jusqu’à la fin du XVIIe siècle.
Les billets vont devenir inconvertibles (Cours forcé) c.-à-d. les banques sont dispensées
de convertir ou d’échanger les billets en métaux précieux. Ce cours a commencé vers le
XIXe siècle et surtout le XXe à partir de 1914. On force les agents à ne plus demander
la convertibilité de leurs billets en métaux précieux.
La création monétaire n’a ainsi plus besoin d’une couverture en or. Elle est devenue
majoritairement scripturale.
En termes d’inconvénients de la monnaie papier et des pièces, on peut citer : vol, difficulté
et coûts du transport des grandes quantités… etc. Ceci a entraîné l’évolution du système de
paiement vers une nouvelle forme de monnaie qui va faire son apparition qui est « la monnaie
scripturale ».
3.3. Apparition de la monnaie hiérarchisée : « Monnaie scripturale »
Afin d’organiser le système monétaire, les pays d’Europe ont créé chacun une banque centrale
qui émet des billets dont la valeur en métaux précieux était garantie par l’Etat.
Exemples :
Banque de Suède (1668)
La création des banques centrales a décrédibilisé la monnaie émise par les banques ordinaires
ou « banques de second rang » ou « banques commerciales » qui ont laissé tomber la monnaie
fiduciaire pour développer une nouvelle forme de monnaie : la monnaie scripturale. Ces
banques n’avaient donc plus la fonction de la conversion des billets en métaux précieux (rôle
des banques centrales « monopole »), mais simplement la collecte des dépôts des pièces ou
billets utilisables par chèques ou virement.
Au milieu du XIXe siècle, les billets de banque reçoivent le statut de cours légal. L’étape ultime
de la monnaie hiérarchisée est le cours forcé, établi après la Première Guerre mondiale (1914-
1918), en France (1936) : les billets ne sont plus convertibles en métaux précieux. La confiance
en cette monnaie ne repose que sur son pouvoir d’achat.
Sommes inscrites sur les comptes des créditeurs à vue mobilisable à travers divers
supports : chèque, virement, carte bancaire, avis de prélèvement…
Les principaux instruments de mobilisation de la monnaie scripturale sont :
Chèque
Le chèque est un ordre de paiement écrit et adressé à sa banque « Tiré » que le payeur
« Tireur » remet à un tiers « Bénéficiaire ».
Le bénéficiaire peut se faire payer directement auprès de la banque du tireur ou le
remettre à sa propre banque pour créditer son compte. Un simple jeu d’écriture dans les
comptes des banques.
Deux types : Chèque pré-barré et non endossable (encaissement à travers une banque)
et chèque non barré et endossable.
Virement
Un ordre écrit donné à la banque de payer, par un débit du compte du client (titulaire du
compte), une certaine somme d’argent au profit du compte du bénéficiaire dans la même
banque ou dans une autre banque.
Le virement nécessite la connaissance des coordonnées bancaires du bénéficiaire au
contraire du chèque. (RIB : Relevé d’identité bancaire)
Carte bancaire
Au Maroc, l’introduction des cartes bancaires date des années quatre-vingt.
C’est un moyen de paiement remis par une banque à un client titulaire d’un compte, qui
lui permet d’effectuer des retraits de billets d’argent auprès de distributeurs
automatiques, des paiements auprès de commerçants affiliés.
Avis de prélèvement
Cet instrument permet à un titulaire du compte (débiteur) de donner un ordre permanent
(une autorisation) à sa banque d’effectuer des règlements pour son compte au profit d’un
bénéficiaire (créancier).
Le montant à régler est prélevé directement sur le compte du débiteur.
L’avis de prélèvement est à l’initiative du créancier.
Exemple : paiement des factures de téléphone, eau et électricité, impôts, cotisation
d’assurance…
• Permet le règlement des transactions sans déplacement physique des personnes grâce au
virement bancaire.
• Entraîne des écritures dans la comptabilité bancaire qui sont source de preuve en cas de
litige.
II – La masse monétaire
Dans toute économie, il y a une offre et une demande de monnaie par les agents économiques.
1. Définition
La masse monétaire représente « l’ensemble des moyens de paiement immédiats ou différés et
d’actifs financiers, dont leurs conversions en monnaie n’impliquent pas un risque important
de perte en capital, détenus par les agents non financiers résidents à un moment donné ».
La masse monétaire en circulation dans une économie est évaluée grâce à des indicateurs
appelés agrégats monétaires qui reflètent la capacité de dépense des agents non financiers
résidents.
2. Pourquoi mesurer la quantité de la monnaie ?
Dans toute économie, pourquoi les autorités monétaires cherchent-elles à mesurer la quantité
de monnaie ?
La connaissance de la quantité de monnaie en circulation va permettre aux autorités
monétaires (la Banque centrale = Bank AL Maghreb) de mettre la quantité de monnaie
suffisante à disposition des agents économiques, c.-à-d. la quantité de monnaie nécessaire
pour financer l’ensemble des transactions de l’économie nationale. Autrement, il faut
assurer une équivalence entre la quantité de monnaie en circulation et le volume de la
production.
Critère de liquidité : il permet de classer les moyens de paiement différés selon un degré
décroissant de liquidité « du plus liquide au moins liquide ». (Plus un actif est liquide plus
il est possible de l’assimiler à la monnaie).
Critère institutionnel (Institution) : il permet de ne retenir parmi les actifs liquides que
ceux qui sont émis par une institution financière monétaire.
Cohérence : les actifs monétaires homogènes doivent être regroupés en sous ensemble.
Remarque importante :
La frontière entre actifs monétaires et non monétaires n’est pas définitivement tracée, car au fur
et à mesure du développement des innovations financières cette limite est appelée à être
recalculée et déplacée. L’objectif principal recherché est de saisir au mieux la capacité de
dépense potentielle des agents non financiers.
6. Les contreparties de la masse monétaire
Les agrégats monétaires mesurent la masse monétaire en fonction du critère de liquidité, mais
ils ne permettent pas de montrer l’origine de la création de monnaie. C’est pourquoi l’analyse
des contreparties de la masse monétaire est importante, car elle permet aux autorités d’asseoir
leur politique monétaire.
Les contreparties de la masse monétaire sont les sources de création monétaire par le système
financier. On distingue une contrepartie d’origine externe et une contrepartie d’origine
interne.
La contrepartie d’origine externe : les créances nettes sur l’extérieur
Elle traduit l’influence des relations internationales sur la masse monétaire.
Elle est affectée par le solde de la balance des paiements et les mouvements des
capitaux.
Augmentation de la
Exportation Entrée de devises masse monétaire interne
Contraction de la masse
Importation Sortie de devises monétaire interne
La variation de la masse monétaire interne se traduira par une variation de même montant des
avoirs en Or et devises de la banque centrale.
- Les créances nettes sur l’Etat : cette contrepartie représente une part faible.
L’Etat (ANF) peut bénéficier d’un financement monétaire auprès :
de la banque centrale (Avances directes, bons de trésor en portefeuille) ;
des avoirs des agents non financiers au trésor (pièces de monnaie, comptes courants
postaux et les titres auprès du public)
Exercice :
À partir des informations contenues dans le tableau ci-dessous, calculez les valeurs des agrégats
monétaires M1, M2 et M3 et commentez vos résultats.
Terminologie
Économie monétaire
Économie financière
Système monétaire
Système financier
Virement bancaire
Autorisation de prélèvement bancaire
Crypto-monnaie
Bien meuble ou mobilier
Bien immeuble ou immobilier
Actif monétaire
Actif financier
Compte à vue ou compte courant
Compte d’épargne (Compte livret ou compte sur carnet)
Compte à terme
Découvert bancaire
Facilité de caisse
Compte bancaire créditeur
Compte bancaire débiteur
Bon de caisse
Billet de trésorerie
Bon de financement